Massif central
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Massif central | |
Continent | Europe |
---|---|
Pays | France |
Point culminant | Puy de Sancy (1 885 m) |
Longueur | |
Largeur | |
Superficie | 85 000 km2 |
Chaîne principale | |
Âge du massif | Paléozoïque (500 millions d'années) |
Type de roches | Roche métamorphique, roche sédimentaire, roche volcanique |
Le Massif central est un massif hercynien qui occupe le centre-sud de la France. Avec une surface de 85 000 km2, c'est le massif le plus vaste du territoire. C'est aussi un massif âgé (globalement formé il y a 500 millions d'années), d'altitude moyenne, aux reliefs arrondis. Il culmine à 1 886 mètres au sommet volcanique du puy de Sancy (Puy-de-Dôme). Le Massif central abrite en effet l'essentiel des volcans français.
Sommaire |
[modifier] Toponymie
Quatre départements sont situés entièrement dans le massif : l'Aveyron, la Lozère, le Cantal et la Haute-Loire. Le terme actuel de Massif central est récent. La notion apparaît dès 1841 sur les cartes géologiques de Pierre-Armand Dufrénoy et Elie de Beaumont. C'est le géographe et auteur de cartes murales scolaires Paul Vidal de La Blache qui baptise en 1903 Massif central ce « groupe de hautes terres ».[1]
Cette appellation savante et celle de Plateau central ne correspondent donc ni à une vieille province comme l’Auvergne, les Cévennes ou le Limousin, ni à des dénominations réellement populaires. Les géographes du début du XXe siècle, pétris d’histoire et de « sciences naturelles », ont fini par les imposer, multipliant les images à destination du public (le « château d’eau de la France », sa « tête chauve » fortement déboisée, son « pôle répulsif » éparpillant ses émigrants vers les plaines riches). Même si ce territoire n’offre guère d’unité humaine et demeure tiraillé entre influences diverses, parfois opposées, ces divers vocables ont été repris par des entreprises, des banques, des coopératives agricoles ou des administrations. Parallèlement, dès la fin du XIXe siècle, des associations ou amicales originaires du massif se sont constituées, d’abord à Paris, puis en province ; en se réclamant des hautes terres, elles ont renforcé leur identité. Pour autant, le massif n’a jamais constitué un tout politique, d’où les précautions des historiens tardant à lui accorder une attention spécifique, malgré les vieilles tentatives de la confédération arverne et la puissance évocatrice de cette image d’une « forteresse » stratégique au cœur de l’unité nationale. Unité administrative et unité économique lui ont toujours fait défaut. Tout au plus la littérature touristique a tenté de populariser ces moyennes montagnes[2].
[modifier] Géographie
[modifier] Situation
Géographiquement, le Massif central est inclus dans dix-huit départements : l'Allier, l'Ardèche, l'Aude, l'Aveyron, le Cantal, la Corrèze, la Creuse, le Gard, l'Hérault, la Loire, la Haute-Loire, le Lot, la Lozère, le Puy-de-Dôme, le Rhône, le Tarn, le Tarn-et-Garonne et enfin la Haute-Vienne. Dans chacun d'entre eux, l'altitude dépasse au moins une fois les 500 m.
Géologiquement, le massif déborde de ces limites sur les départements de la Charente, de la Vienne, de l'Indre, du Cher, de la Saône-et-Loire, de la Haute-Garonne, du Lot-et-Garonne et de la Dordogne.
Enfin, administrativement, le Massif central regroupe, selon un décret de 2004 pris pour application de la loi montagne de 1985, vingt-deux départements :
- la région Auvergne en totalité avec l'Allier, le Cantal, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme ;
- la région Bourgogne avec, pour partie, ses quatre départements, soit la Saône-et-Loire, la Côte d'Or, l'Yonne et la Nièvre, l'ensemble constituant le Morvan ;
- la région Languedoc-Roussillon avec la Lozère en totalité, le Gard et l'Hérault pour leur partie montagneuse, et le nord de l'Aude ;
- la région Limousin en totalité avec la Corrèze, la Creuse, et la Haute-Vienne ;
- la région Midi-Pyrénées avec l'Aveyron, le Lot et le Tarn en totalité, et le Tarn-et-Garonne pour partie ;
- la région Rhône-Alpes avec la Loire en totalité, la partie montagneuse de l'Ardèche et les monts du Lyonnais du Rhône.
Même si elle exclut encore le Charolais à l’est et s’élargit sur la bordure aquitaine (Quercy) qui est extérieure à la stricte limite géologique, cette définition administrative est intéressante car elle englobe non seulement les zones de moyenne montagne, mais également tous les espaces qui leurs sont contiguës et dont les activités sont fortement interdépendantes. Cette approche politique relève à la fois d’une volonté de prise en charge des problèmes économiques de la montagne française, et d’une reconnaissance des spécificités de ces espaces, qui demeuraient jusque là à la marge des grands projets de développement. Ce texte juridique est également l’émanation d’une volonté des pouvoirs publics, de transférer une partie de leurs compétences et de financement aux responsables locaux[2].
[modifier] Topographie
Constitué au Paléozoïque,le Massif central est le quatrième massif le plus élevé de France métropolitaine, après les Alpes, les Pyrénées et la Corse, et devant le Jura, les Vosges, le Morvan et le Massif ardennais.
Le Massif central résume bien à lui seul la plupart des formes topographiques. En effet, ce vaste plateau de moyenne altitude est à la fois incliné du sud-est (plus de 1 500 mètres) vers le nord-ouest (300 à 400 mètres dans le Bas-Limousin), dénivelé par des failles, aéré par des bassins d’effondrement, entaillé par des gorges étroites et couvert de volcans[2].
Les plateaux où dominent les roches du socle, celles de la profondeur de l’édifice hercynien (granites, gneiss, schistes), sont les plus vastes. Ils ont été érodés, donnant des arènes sablonneuses et quelques chaos de blocs ébouleux (Sidobre, Margeride et mont Lozère), certains ayant même été englacés au Quaternaire comme la petite Artense à l’ouest des monts Dore ou les hautes chaumes du Forez. Mais alors que dans le Limousin et le Morvan, ils sont peu bousculés avec des hautes terres vallonnées (la « Montagne » ou plateau de Millevaches vers 900 mètres d'altitude) entourées par des gradins inférieurs (500 mètres), creusés de vallées et excavés d’alvéoles, au contraire, dans le sud et vers l’est, ce « socle » se relève sensiblement avec d’admirables paysages (1 200 mètres dans la Montagne Noire ou dans les monts de Lacaune, 1 699 mètres au mont Lozère, 1 567 mètres au mont Aigoual, 1 636 mètres à Pierre-sur-Haute). Il domine les bassins et gorges de l’Allier, de la Truyère, de la Dore ou de la Loire par des hautes terres (monts du Forez, Livradois, Devès, Margeride), tandis qu’il se termine brutalement au-dessus des plaines du Languedoc et du Rhône par des puissants talus, ravinés par les torrents méditerranéens dans les « serres » cévenoles. De nombreuses failles fragmentent alors le relief en un puzzle complexe de blocs surélevés (les « horsts » des morphologues) et de bassins étroits (sillons du Thoré et du Jaur au sud ; fossé de Saint-Étienne et du Creusot à l’est). Du Beaujolais aux approches de Valence, une banquette cristalline vient même ménager, vers 300 mètres d’altitude, une transition entre la montagne et la plaine du Rhône[2].
Plus originaux, les plateaux des Grands Causses constituent une sorte de « golfe » au sud du massif, entre Rouergue et Cévennes, et témoignent des puissantes couches de calcaires déposées au Mésozoïque, très perméables et très solubles, qui ont recouvert le socle[2].
Les vastes surfaces pierreuses accidentées de creux (ou « sotchs ») tapissés d’argile rouge, les rochers ruiniformes, les grottes et les « avens » composent un paysage insolite. Mais comme ailleurs, et plus encore, l’impression « insulaire » du plateau soulevé à plus de 1 000 mètres est saisissante ; au-dessous des corniches blanchâtres, les canyons des rares rivières (Jonte, Tarn, Dourbie) sont entaillés sur 500 mètres de profondeur. D’autres placages calcaires bordent les monts du Lyonnais, du Charolais ou du Mâconnais (roche de Solutré), tandis que les plateaux karstiques du Quercy à l’ouest ont bien des points communs avec les Grands Causses (surfaces pierreuses karsttiques criblées de dépressions fermées et de gouffres), mais, moins élevés, ils appartiennent déjà à l’Aquitaine[2].
Les volcans sont liés aux grandes dislocations qui se prolongent jusqu’au Languedoc, et ont été mis en place depuis le milieu de l’ère Tertiaire et jusqu’au Quaternaire récent. Ils sont de types divers même si la morphologie de plateaux domine. Dans l’alignement méridien des Dômes (avec son célèbre puy culminant à 1 465 mètres), les accumulations de projections l’emportent avec des formes simples (cônes de scories terminés par des cratères simples ou emboîtés, dômes d’extrusion, coulées ou « cheires » rugueuses et incultes) dont l’âge récent et la perméabilité des matériaux expliquent qu’elles aient été à peine remaniées par l’érosion. Un autre type renvoie aux empilements de coulées comme dans l’Aubrac (1 471 mètres d'altitude au signal de Mailhebiau), dans le Cézallier (1 554 mètres) ou le Devès (1 423 mètres). Ils donnent des plateaux monotones, démantelés par l’érosion mais peu accidentés en dehors des quelques édifices quaternaires du Cézallier, des cônes de scories (les « gardes ») ou des cratères d’explosion du Devès. Au nord, des coulées ont cascadé vers les limagnes du sud, le long des vallées pliocènes. Au sud, les coulées de l’Escandorgue sont plus récentes. Dans le Velay oriental, les pics du Mont Mézenc (1 754 mètres) et du Meygal (1 438 mètres) sont aussi armés par des coulées ; mais, plus anciennes, celles-ci ont été démantelées tandis que des venues de laves visqueuses, les phonolites, ont contribué à de multiples excroissances (les « sucs ») restées en saillie, aux flancs tapissés de coulées de blocaille (comme le mont Gerbier de Jonc à 1 551 mètres) ; l’ensemble se prolonge en Vivarais avec les coulées des Coirons qui se terminent en belvédère noirâtre au-dessus du Rhône. Enfin, le Cantal (1 858 mètres au Plomb, 1 787 mètres au puy Mary) et les monts Dore correspondent à de très grands organismes ou stratovolcans, constitués par des empilements de coulées, des intrusions, des projections, le tout malmené par l’érosion. Par exemple, à son apogée, le volcan du Cantal a dépasse les 3 000 mètres d'altitude. Le centre, dominé par des pitons de roches plus résistantes, présente un relief presque alpestre, tandis que le réseau hydrographique rayonnant à partir des hauts sommets, découpe les bandeaux basaltiques en « planèzes », plateaux triangulaires au front abrupt vers l’intérieur et dont la surface s’abaisse vers la périphérie. Il faut dire que, lors des anciennes périodes froides, des glaciers ont installé leurs calottes sur les plus hauts édifices, burinant des cirques vers l’amont et de larges vallées en auge, comme celle du Mont-Dore ou le système divergeant du Cantal (Jordanne, Cère, Alagnon, etc.). Le Cézallier et l’Aubrac ont surtout connu des glaciations de plateau dont des langues dévalaient vers les vallées de l’Allier ou du Lot et de la Truyère. Dans les plaines, le volcanisme a créé des formes mineures, dégagées par le déblaiement des sédiments (buttes isolées, anciennes coulées « inversées » en plateaux tabulaires tel Gergovie ou la montagne de la Serre), mais celles-ci ont parfois servi de site aux villes comme à Clermont-Ferrand ou au Puy[2].
Justement, ces plaines constituent un dernier type de paysage. Souvent étroites (« vallons » et « rougiers » autour des Causses, petits bassins de périphérie comme à Brive ou enchâssés à l’intérieur des terres comme à Aurillac, Ambert ou Montluçon, couloirs dégagés dans les dépôts houillers entre les pays de la Loire et les pays de la Saône ou du Rhône), elles prennent plus d’ampleur le long de la Loire (bassin du Puy, de l’Emblavès, du Forez, de Roanne) et de l’Allier (les « limagnes ») avant de se rejoindre dans les bocages de l’Allier, dans cette Sologne bourbonnaise formée d’épandages argilo-sableux. La Grande Limagne de Clermont est un « bon pays » traditionnel, tantôt argileux et plus humide, tantôt montueux avec les buttes calcaires ou volcaniques, tantôt marneux et couvert d’une terre noire qui lui vaut de riches cultures. Ces plaines, où se concentre une grande partie de la vie urbaine et industrielle, évoquent les autres bassins de l’Europe hercynienne (fossé du Rhin moyen, fossé de l’Ohre en Bohême) et ouvrent le massif vers le nord, en direction de la région parisienne[2].
[modifier] Principaux sommets
- Puy de Sancy (1 886 m), point culminant du massif et des monts Dore ;
- Plomb du Cantal (1 855 m), point culminant du département du Cantal et des monts du Cantal ;
- Puy Mary (1 787 m), dans le Cantal ;
- Mont Mézenc (1 754 m), édifice volcanique complexe, point culminant du département de la Haute-Loire et de l'Ardèche ;
- Pic de Finiels (1 699 m), le plus haut sommet non volcanique ;
- Pierre-sur-Haute (1 634 m), qui domine le Forez ;
- Mont Aigoual (1 567 m) ;
- Truc de Fortunio (1 552 m), sommet du massif de la Margeride en Lozère
- Signal du Luguet (1 551 m), point culminant du Cézallier ;
- Mont Gerbier de Jonc (1 551 m), en Ardèche. La Loire y prend sa source ;
- Signal de Mailhebiau (1 469 m), qui domine l'Aubrac entre l'Aveyron et la Lozère ;
- Puy de Dôme (1 464 m), qui domine Clermont-Ferrand et la chaîne des Puys ;
- Crêt de la Perdrix à (1 432 m), qui domine Saint-Étienne et constitue le sommet du massif du Pilat ;
- Bois Noirs (1 287 m), sommet des monts du Livradois ;
- Montgrand (1 264 m), au sud de Lacaune ;
- Pic de Nore (1 211 m), à la frontière des départements de l'Aude et du Tarn ;
- Sommet de l'Espinouse (1 124 m), dans l'Hérault ;
- Merdelou (1 100 m), dans l'Aveyron ;
- Mont Caroux (1 091 m), dans l'Hérault ;
- Pic du Pal (Puèg del Pal) (1 155 m), dominant le plateau du Lévézou dans l'Aveyron ;
- Crête de Blandine (1 017 m), où culmine le plateau du Coiron en Ardèche ;
- Mont Saint Rigaud (1 012 m), dans le Rhône ;
- Mont Bessou (977 m) ;
- Crêt Malherbe (946 m), dans la Loire.
[modifier] Sous-ensembles topographiques
Auvergne | Limousin | Midi-Pyrénées | Languedoc-Roussillon | Rhône-Alpes et Bourgogne |
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[modifier] Hydrographie
Sur le plan national, la place de château d’eau du Massif central est bien connue. Mais cette ressource est inégale et vulnérable. Certes, le régime des eaux renvoie à la variété des climats et à l’influence du relief qui se retrouve dans la pente assez forte des rivières, dans la violence paradoxale des crues, dans l’importance des charges solides des rivières. Mais les précipitations globales restent modestes, et ce d’autant plus que les bassins intérieurs, notamment le val d’Allier, sont peu arrosés avec des pluies d’été rapidement évaporées[2].
L’écoulement se fait surtout vers l’ouest et le nord, avec des régimes de caractère océanique, remarquables par les crues de saison froide et des basses eaux prononcées en été. Cette mauvaise tenue – tout comme les risques d’inondations –, ont fait multiplier les barrages qui peuvent soutenir les débits pour l’alimentation des nappes, l’irrigation des plaines ou la production électrique avant même de se soucier des besoins des touristes. En outre, les réserves profondes sont rares et peu importantes. Les lacs sont nombreux, mais de petite taille, mises à part les retenues artificielles. Certes, il faut également tabler sur l’altitude et les apports de l’enneigement qui assurent une certaine rétention hivernale des eaux de pluie et, à l’opposé, des hautes eaux printanières. Mais ce manteau nival est irrégulier et la fonte des neiges ne joue qu’un rôle occasionnel dans des débits globalement médiocres, les modules spécifiques dépassant rarement 10 l/sec/km2[2].
Sur l’Allier, le rapport entre la moyenne du mois le moins bien alimenté et la moyenne du mois des hautes eaux est de un à six, contre un à cinq pour la Seine et un à deux pour le Rhône. De même, sur la bordure méditerranéenne, les régimes deviennent plus irréguliers encore, signalés par un écoulement modeste mais surtout par des ondes de crues d’automne et de printemps (comme sur les Gardons, l’Ardèche, l’Orb, l’Hérault). Ces dernières sont redoutées par leur violence et la rapidité de leur propagation, pas seulement en milieu méditerranéen. Il arrive que des crues océaniques et méditerranéennes se conjuguent, accompagnées parfois de la fonte des neiges, comme sur le haut Tarn, le Lot supérieur, le haut Allier ou la haute Loire, mais des accidents marquent aussi les plateaux limousins, y compris en été, à l’occasion de gros orages[2].
Il n’en reste pas moins que l’eau constitue une richesse et un des potentiels du Massif central, intervenant de plus en plus, à la fois comme ressource pour de nombreuses activités et comme milieu à protéger. Il joue un rôle clef pour les filières des eaux minérales (le massif compte environ le tiers des sources et produit la moitié des eaux minérales en France) et thermales (une vingtaine de stations auxquelles s’ajoutent les produits et services dérivés comme le « thermoludisme » ou l’industrie des cosmétiques), sans oublier l’agriculture irriguée des plaines, l’industrie, la production d’énergie (centrales hydroélectriques implantées tardivement sur le bassin de la Dordogne avec les grosses usines de Bort-les-Orgues, Marèges, l’Aigle, Chastang et Argentat, bassin de la Truyère très productif avec Sarrans ou Grandval, bassins de la Sioule, du Tarn et de l’Agout avec les sites du Lévézou), les loisirs (pêche) et le tourisme[2].
L’embouteillage a donné naissance à un secteur en pleine expansion (Volvic, Vichy, La Salvetat, Quézac). Des progrès ont été accomplis sur le plan de la gestion comme de la caractérisation quantitative de la ressource (localisation, débits, interrelations entre les rivières, nappes, lacs, retenues ou zones humides, relations entre ressources en eau et forêt) et de la genèse de sa qualité (processus physiques, chimiques, biologiques ou morphologiques). À ces connaissances s’ajoutent celles sur l’impact des activités humaines sur les milieux aquatiques et, peu à peu, s’affirme dans le massif un véritable pôle d’excellence scientifique[2].
[modifier] Climat
Le Massif central est trop peu étendu pour avoir des caractères climatiques propres. Il participe plus ou moins fortement aux influences bordières océaniques ou méditerranéennes, même si son inclinaison vers le nord-ouest lui inflige les perturbations venues de l’ouest ; les caractères méditerranéens étant limités à une frange méridionale étroite, déjà élevée et froide, mais soumise aux averses brutales, surtout en automne. Cela dit, la masse et le relief interviennent pour modifier certains aspects soit par l’effet de l’altitude (refroidissement, précipitations abondantes), soit par l’orientation des massifs, multipliant les contrastes, accentuant la pseudo-continentalité des bassins[2].
L’opposition entre les versants ouest et est l’emporte sur les nuances adret-ubac bien connues dans les Alpes. À cet égard, le grand alignement volcanique de la chaîne des Puys à l’Aubrac joue le rôle de limite climatique : dès que l’on passe cette ligne de crêtes fortement arrosée, vers l’est apparaît un milieu plus sec que l’on peut qualifier d’intramontagnard (Velay, Margeride), traditionnellement plus favorable aux céréales[2].
Partout, la rigueur des longs hivers est le trait le plus caractéristique, les bassins pouvant être encore plus froids que les sommets lors des journées de brouillard et « d’inversion de température ». Il gèle plus de cent jours par an au-dessus de 600 mètres d’altitude dans le Morvan et en Limousin, mais seulement à 750 mètres dans le Velay et au-dessus de 1 000 mètres dans les Cévennes. De novembre à mai, l’enneigement n’est pas négligeable, mais il est rarement persistant du fait des « redoux » liés aux vents d’ouest. Accompagné de vents violents (« l’écir », la « burle »), il est responsable des congères qui bloquent la circulation sur les plateaux[2].
En « moyenne montagne », la neige manque pour les sports d’hiver mais trouble les transports plus vigoureusement que dans les grandes vallées alpestres. Dans l’ensemble, les étés sont frais en altitude et il peut geler en toute saison au-dessus de 700 mètres ; seules les plaines ont des étés lourds et orageux, tandis que le sud connaît une sécheresse qui est plus le reflet de la latitude que du voisinage de la Méditerranée. Par-delà ces caractères communs, le climat de « moyenne montagne » présente donc bien des nuances[2] :
- La façade ouest (département du Tarn, Rouergue, Lévezou, Aubrac, Limousin, volcans d'Auvergne) est sous influence océanique : bocages et hauts pâturages verdoyants à la belle saison grâce aux précipitations régulières, abondantes en altitude avec un pic de novembre à février (record pluviométrique français dans les monts du Cantal : 226 cm/an au Lioran et probablement 250 cm près du puy Mary). Les cumuls moyens sont généralement compris entre 100 et 150 cm/an.L'enneigement, quoique très variable, est généralement tenace de décembre à mars au-dessus de 1 000 à 1 200 mètres. Les versants nordiques et orientaux des plus hauts sommets, Cantal et Sancy, sont enneigés environ 6 mois/an et abritent des névés jusqu'en juillet. La lisière haute de la forêt (hêtres, sapins) se situe vers 1 500 mètres, elle est plus basse que dans les Alpes ou les Pyrénées, signe d'un climat plus rude pour la végétation à altitude égale.
- La façade nord-est (vallées de l'Allier et de la Loire, monts du Forez, du Livradois, de la Margeride, du Velay, du Nord-Vivarais et du Beaujolais) emprunte déjà quelques traits climatiques continentaux ou plutôt « intramontagnards », comprenant des bassins rendus fertiles par l'irrigation, mais faiblement arrosés (parmi les records d'aridité français : 53 cm/an à Meilhaud dans le Puy-de-Dôme) et des plateaux et hautes croupes à dominante forestière, modérément mais régulièrement arrosés avec de nombreux orages de mai à septembre (cumuls annuels de 115 cm à Chalmazel dans la Loire, 110 cm aux Estables en Haute-Loire, 85 cm à Châteauneuf de Randon en Lozère). Bien que les hivers soient plus froids que sur la façade ouest, l'enneigement est moins abondant en raison du déficit de précipitations (les perturbations océaniques se déchargent sur les premiers reliefs). Mais la neige tombe souvent plus bas, notamment par flux de nord qui induit aussi un vent glacial en montagne : la burle. Les névés s'attardent sur le Haut-Forez et le Mézenc jusqu'en mai/juin. La forêt spontanément peut atteindre les sommets (pins).
- La façade sud-est (Sud-Vivarais, Cévennes, Larzac, Haut-Languedoc) est méditerranéenne, caractérisée par la sécheresse estivale et des précipitations occasionnellement diluviennes en automne (pic d'octobre) et encore soutenues en hiver et début de printemps. Les cumuls sont globalement aussi importants voire un peu supérieurs à ceux de la la façade ouest (Villefort 184 cm/an, mont Aigoual 228 cm), mais l'ensoleillement est bien meilleur : les perturbations sont plus intenses et plus espacées. L'enneigement est fort irrégulier d'une année à l'autre, mais c'est dans cette région qu'ont été pour la moyenne montagne française relevés les cumuls records durant les dernières décennies (hiver 1980-81). La forêt (hêtres, sapins, pins) peut atteindre les plus hauts sommets. Dans les vallées s'installe une végétation typiquement méditerranéenne de garrigue et maquis (chênes verts, châtaigniers et même quelques cèdres).
Cette diversité de climat se retrouve dans la végétation et les paysages : des verdoyants volcans d'Auvergne aux causses arides, du maquis cévenol à l'austère Forez, se décline une multitude de variations et micro-climats[2].
[modifier] Faune et flore
[modifier] Végétation
Sur les versants exposés à l’ouest, l’étagement classique passe par une chênaie à basse altitude, souvent mêlée de châtaigniers à l’ouest et au sud-ouest. Puis, à mi-pente la hêtraie, d’abord mélangée de chênes, puis exclusive ou assortie de résineux (sapins, épicéas) et de bouleaux, compose le paysage normal de la couverture forestière, largement remaniée par l’homme[2].
Sur les versants est, les sapins et hêtres sont limités aux ubacs et c’est le pin sylvestre qui s’impose en Margeride, dans le Velay, sur les Causses ou dans les bassins intérieurs, tandis que les plantes à affinités méridionales garnissent les secteurs abrités, la « vraie » flore méditerranéenne (chênes verts, oliviers) colonisant l’étroit liseré cévenol dominé par une châtaigneraie bien dégradée. Historiquement, les landes à genêts, fougères et bruyères étaient étendues, enserrant partout les terroirs cultivés. Elles subsistent, mêlées à des ligneux bas, dans une grande diagonale qui court du mont Lozère à la Montagne limousine. Mais, depuis la fin du XIXe siècle, ce sont surtout les boisements spontanés ou l’enrésinement (épicéas, mélèzes, sapins de Douglas, pins noirs) qui l’emportent (mont Aigoual, Margeride, monts Dôme, Livradois-Forez, plateau de Millevaches)[2].
[modifier] Faune
[modifier] Orogenèse
Le Massif central est un massif ancien de l'époque hercynienne essentiellement composé de roches granitiques et métamorphiques. Cet ensemble a été puissamment soulevé et rajeuni à l'est par la surrection des Alpes (Paléogène) et au sud par la surrection des Pyrénées. Le massif présente donc un profil fortement dissymétrique avec d'une part, de hautes terres au sud et à l'est dominant brutalement la vallée du Rhône et les plaines du Languedoc (hautes terres que l'on peut regrouper pour simplifier sous le vocable de Cévennes) et, d'autre part, la région du Limousin au nord-ouest, d'altitude beaucoup plus faible car ayant été moins soulevée, les Alpes et les Pyrénées étant plus éloignés. Toutefois, cette approche est assez schématique car le socle peut se retrouver localement à des altitudes élevées par le jeu des failles même en dehors des Cévennes et du Vivarais. C'est le cas en Margeride (1 550 m), au sud de l'Aubrac (1 400 m) ou dans les monts du Forez (1 640 m).
En effet, ce soulèvement du socle cristallin ne s'est pas fait sans heurt. De nombreuses cassures se sont produites ainsi que des effondrements le long de failles (graben). C'est ainsi par exemple qu'est née la plaine de Limagne. Ces fossés d'effondrement s'opposent aux blocs qui sont restés en hauteur (horst) comme par exemple les monts du Forez. Ces cassures ont également engendré de très nombreux phénomènes volcaniques qui se sont prolongés jusqu'à nos jours (en effet, les volcans de la chaîne des Puys n'ont que quelques milliers d'années, à commencer par le plus grand d'entre eux, le puy de Dôme). Tous les types de volcans sont représentés dans le Massif central (hawaïen, péléen, strombolien). Ils peuvent s'étendre sur de grandes surfaces et être géologiquement complexes (stratovolcan des monts du Cantal ou des monts Dore) ou au contraire former des reliefs isolés, posés sur le socle cristallin (volcans de la chaîne des Puys, du Velay). On peut aussi trouver de grands plateaux basaltiques (Aubrac, Cézallier, Devès), conséquences d'un volcanisme plutôt de type hawaïen (lave fluide s'étendant sur de grandes surfaces). Le volcanisme dans le Massif central peut donc prendre des formes très variées. Une autre singularité du massif tient en la présence au sud de grands plateaux calcaires, les Causses, formés pour l'essentiel au Jurassique et exondés à l'ère tertiaire par un jeu de failles, entrecoupés de gorges très profondes, qu'on peut qualifier de canyons (gorges du Tarn).
Ainsi, la complexité de l'histoire géologique du Massif central et la grande variété de roches que l'on y trouve expliquent la grande variété des paysages que l'on y rencontre.
[modifier] Histoire
[modifier] Aménagement du territoire
[modifier] Ruralité et urbanisme
Le Massif central est une région désormais plutôt urbaine (60% de sa population se concentre sur une trentaine d'aires urbaines qui couvrent un quart de son territoire), au sein de laquelle se trouvent quelques grandes villes comme Clermont-Ferrand, Saint-Étienne et Limoges.
Cette région, de moins en moins isolée grâce notamment à l'A75 « la méridienne », comporte de nombreux départements au secteur agricole et agro-alimentaire riches et dynamiques. De nouvelles grandes agglomérations se dessinent, notamment Rodez (plus de 49 000 habitants), Brive-la-Gaillarde (58 000 habitants) ou encore Le Puy-en-Velay.
[modifier] Transports et communications
[modifier] Réseau routier
Si le chemin de fer a permis le désenclavement de la région au cours du XIXe siècle avec la construction de plus d'un millier de kilomètres de voies, la route a fini par s'imposer.
Dès l’entre-deux-guerres, les autobus ont rendu de grands services dans les campagnes et autour des villes. Aujourd’hui ces services publics ont largement disparus et il a fallu attendre longtemps avant que les petites routes sinueuses ne soient améliorées, qu’un réseau cohérent apparaisse et que les premières autoroutes voient le jour : de Saint-Étienne vers Lyon dès les années 1970, mais surtout, grâce au « plan poutier Massif central » (1975), entre Clermont-Ferrand et Saint-Étienne au début des années 1980, de Clermont-Ferrand à Bourges et Paris vers 1989, de Clermont à Béziers ou à Périgueux tout récemment[2].
Ainsi, deux axes autoroutiers majeurs traversent désormais le Massif central : l'A75 Paris-Clermont-Ferrand-Montpellier (qui suit d'ailleurs en grande partie le tracé de la ligne des Causses, en déclin) favorise les échanges entre Paris et la mer Méditerranée, tandis que l'A89 Bordeaux-Clermont-Ferrand-Lyon se pose comme le chaînon manquant de la traversée est-ouest de l'Europe. D'autres autoroutes, telles l'A20 ou l'A72 contribuent au désenclavement.
Des travaux sont en cours sur la Route Centre-Europe Atlantique (RCEA) et sur la RN 88 Lyon-Toulouse. Mais il manque une ouverture vers le Nord-Est via la Bourgogne et les flux restent modestes au cœur du massif, même pour le transit. Il n’empêche que le Massif central profite désormais d’un réseau routier de très bon niveau avec un maillage serré équivalent à celui des autres régions, fait remarquable si on le rapporte au faible peuplement des régions traversées. Il n’en reste pas moins que les flux, malgré leur progression, sont bien inférieurs à ceux des grands couloirs de circulation français[2].
[modifier] Réseau ferré
Dans le Massif central la desserte a longtemps été médiocre, malgré le chemin de fer dont l’implantation fut difficile (rampes à fort pourcentage, construction de tunnels ou viaducs fort coûteux comme ceux des Fades, de Garabit ou de Tanus), alimentant le mythe de « l’enclavement » d’un massif contourné plus que traversé ; la concurrence entre les compagnies ferroviaires désireuses de canaliser le trafic du vin a certes été bénéfique, mais les tracés ont alors obéi plus aux besoins de la compagnie des Chemins de fer du Midi qu’aux nécessités locales[2].
Le réseau est donc incomplet, décevant par les carences, la dégradation de certaines lignes locales et la lenteur des services collectifs offerts. Malgré la mise en service de quelques matériels rajeunis, il tarde à se moderniser à l’exception des périphéries urbaines (Lyon-Saint-Étienne, Clermont-Ferrand-Issoire) ou de quelques liaisons interurbaines (Albi-Rodez) ; seuls l’axe de la Limagne jusqu’au sud de Clermont-Ferrand et les grandes périphéries urbaines procurent au massif un regain de trafic (Ouest lyonnais et stéphanois, étoile toulousaine)[2].
Globalement, depuis 2002, le trafic voyageurs croît dans le Massif central en incluant les lignes de banlieue comme celles des hautes terres ; cette progression est due à un contexte favorable au chemin de fer du fait entre autres de la hausse du prix du pétrole, des engorgements urbains qui font se reporter de nombreuses personnes vers le rail. Elle est aussi le fruit des politiques régionales pour la plupart de plus en plus favorables au rail. En revanche, le fret ferroviaire recule avec la désaffection de certaines lignes et le réseau TGV tarde à s’implanter à l’exception de Lyon-Saint-Étienne[2].
[modifier] Aéroports
C’est en marge du Massif central que se trouvent les grandes infrastructures aéroportuaires (Toulouse, Lyon, Montpellier), captant une partie de la population des hautes terres. Ces plates-formes présentent des dynamiques globalement positives, le nombre de lignes tendant à croître. Au centre-nord du massif, Clermont-Ferrand Auvergne est l’aéroport le plus important. Il est caractérisé par un réseau de niveau régional avec des lignes vers les principales métropoles françaises ou de la proche Europe. Mais, il reste fragile en lien avec le transfert d’une partie de son hub au profit de Lyon-Saint-Exupéry. Les autres aéroports sont d’un niveau plus modeste (Limoges-Bellegarde, Rodez-Marcillac, Aurillac, Le Puy-Loudes, Saint-Étienne - Bouthéon, Brive). Tous possèdent au moins une liaison vers Paris. Les habitants sont souvent dépendants des décisions des compagnies à bas prix (notamment à destination du Royaume-Uni) tandis que les liaisons entre les métropoles et surtout avec Paris ont des coûts très élevés et n’offrent pas une clientèle suffisante[2].
[modifier] Réseau fluvial
[modifier] Nouvelles technologies
Malgré les insuffisances dénoncées par les usagers de base comme par les entrepreneurs, la couverture en nouvelles technologies de communication s’est nettement amendée dans le Massif central. Non seulement, l’irrigation en fibres optiques progresse le long des axes de transports, mais surtout la téléphonie mobile et le haut débit se diffusent, laissant de moins en moins de vides en dehors de quelques territoires de confins. Il s’agit donc d’un incontestable progrès, réalisé sur le court terme, avec de réels efforts des collectivités territoriales et le soutien des chambres consulaires dans le cadre du programme « Cybermassif » qui déploie des centres de services destinés aux PME dans une douzaine de bassins d’emplois (Montluçon, Moulins, Vichy, Mende, Le Puy-en-Velay, etc.)[2].
Au total, loin des clichés de l’enclavement, le Massif central est de plus en plus traversé, assurant un trait d’union entre l’Atlantique et l’Europe rhénane, entre le Nord et la Méditerranée. Dans le domaine des transports, l’ouverture des grandes transversales Nord-Sud (A 75, A 89 et A 20) ainsi que l’amélioration de la Route Centre-Europe Atlantique, peut-être doublée dans le futur par le projet de liaison ferroviaire transversale Alpes Auvergne Atlantique (TAA), contribuent à repositionner le Massif central comme un espace d’échanges de personnes et de marchandises, d’idées et de culture entre l’Europe, y compris orientale, et les Sud. D’ores et déjà, des partenariats se développent avec le Sud-Ouest européen et d’autres régions aux enjeux similaires[2].
[modifier] Économie
Sur le plan économique, les hautes terres du Massif central sont toujours un bastion agricole à l’échelle nationale française, avec des produits agroalimentaires de qualité et la part des actifs agricoles dans la population active totale y est souvent plus élevée qu’ailleurs. Mais 8 % d’actifs agricoles à l’échelle du massif, cela signifie aussi que la quasi totalité des emplois restants relève des secteurs secondaire et tertiaire, de l’industrie (21,6 %), du bâtiment et des travaux publics (6,4 %), du commerce (12 %) et surtout des services (52 %)[2].
La part des actifs relevant du secteur secondaire est supérieure à la moyenne nationale et si le Massif central ne peut être qualifié de « région industrielle », notamment parce que cette branche reste diffuse, concentrée sur quelques espaces privilégiés, on doit relever que l’ensemble s’appuie, selon l’INSEE, sur un tissu de pas moins de 23 274 établissements. La majorité est constituée de petites affaires, mais 966 ont plus de cinquante salariés, dont 178 plus de deux cents ; ces dernières regroupant le tiers de l’emploi industriel montagnard[2].
L'examen de l'évolution en valeur absolue de la population active est aussi riche d'enseignements. Si dans la majeure partie du Massif central, elle régresse, les cartes montrent que les cantons les plus frappés sont non seulement de rares foyers industriels mais aussi des secteurs souvent agricoles qui n'arrivent pas à maintenir un potentiel secondaire et tertiaire déjà très faible. Seules les agglomérations et leurs auréoles périurbaines se distinguent, avec de rares cantons touristiques et, une fois encore, les bordures orientales du massif (Loire, Rhône, Haute-Loire principalement)[2].
La situation a beaucoup évolué depuis une génération. L’exode rural appartient de plus en plus au passé et l’heure est souvent à l’accueil de « nouveaux habitants » (Cévennes, Limousin). Les transports, même s’il reste beaucoup à faire, se sont nettement améliorés, surtout dans le domaine autoroutier et l’on découvre que le Massif central possède de nombreux atoûts jusque-là ignorés : les faibles densités et donc les « grands espaces », un patrimoine de savoir-faire et de produits locaux, un environnement préservé sont autant d’aménités que les habitants du massif ont tout loisir de valoriser auprès d’une société et de consommateurs largement demandeurs. Par ailleurs, les acteurs de la vie économique sont devenus très divers : entreprises et entrepreneurs locaux, depuis la micro-entreprise (y compris agricole ou artisanale) jusqu’aux grandes structures, entreprises multinationales dont la présence fonctionne comme un signal positif pour d’autres investisseurs, État encore bien représenté parfois en association avec des collectivités territoriales. Le monde des petites entreprises, associées quelquefois en réseaux, participe également à l’émergence de nouveaux systèmes productifs, souvent dynamiques, multipliant les initiatives et stimulant l’inventivité des uns ou des autres. Déconsidérés au temps de la grande entreprise et du fordisme triomphant, ces systèmes productifs locaux sont redécouverts et révèlent que le développement peut s’inscrire dans une culture, une histoire, un territoire. Ces nouvelles forces s’observent tant dans l’agriculture que dans l’industrie ou dans d’autres activités tertiaires, par exemple dans le domaine du tourisme rural[2].
[modifier] Agriculture
L’agriculture pèse toujours un poids considérable mais avec guère plus de 100 000 exploitations. En fait, les fermes traditionnelles, trop petites et peu spécialisées, ont souvent fermé leurs portes et le mouvement est loin de se ralentir dans le haut-Limousin ou les massifs de l’est. Le parcellaire est encore trop morcelé, avec un retard du remembrement en altitude. Sur les exploitations restantes – une ou deux par hameau - la spécialisation et l'intensification sont parfois vigoureuses. C’est là un premier atout dans la compétition actuelle entre les régions[2].
L'orientation vers l'élevage est nette : les deux tiers des exploitants en dépendent et neuf hectares sur dix sont consacrés aux fourrages (cultures temporaires, prairies naturelles). Dans tous les cas, techniques modernes et races sélectionnées ont fait beaucoup progresser les rendements. L'orientation laitière (à peine 20% des fermes) s'impose lorsque la taille des exploitations apparaît mesurée et quand l'encadrement agroalimentaire est solide ; des bassins laitiers cohérents se dessinent sur les hautes terres de l'est (Velay, monts du Lyonnais), dans la montagne volcanique auvergnate, dans la Châtaigneraie, sur la planèze de Saint-Flour ou dans les Ségalas aveyronnais. L’original « rayon de Roquefort » au sud-ouest du massif, s’intensifie également mais avec de moins en moins d’éleveurs de brebis laitières. Sur les moyens plateaux, la polyculture céréalière peut se maintenir tout en étant subordonnée à la production animale (maïs ensilé par exemple). L'élevage pour la viande (vaches allaitantes, ovins et systèmes mixtes) s'impose avec l'agrandissement des fermes. On discerne de solides bassins de production qu'il soit anciens (aire charolaise du Bourbonnais ou de la plaine de Roanne, aire limousine, foyer ovin des bocages du nord et de l’ouest ou des moyennes montagnes méridionales) ou plus récents (monts du Cantal et Aubrac, Margeride, Livradois-Forez). Enfin, on rappellera que la spécialisation céréalière s'est surtout concentrée dans le bas pays, en particulier sur les bonnes terres de Limagne (blé, maïs de semence, oléagineux, betterave à sucre, tabac). Dans les vallées abrités ou sur les coteaux, parfois envahies par la friche, quelques terroirs viticoles résistent : Saint-Pourçain et coteaux de Limagne, côte roannaise, Beaujolais, pays de Brive, région d’Entraygues, bassins de Marcillac, de Millau ou surtout de Cahors, bas-Vivarais[2].
Cependant, le bilan reste déconcertant de complexité du fait d'une part de résultats économiques décevants et, d'autre part, d'une absence d'unité. Les résultats sont donc loin des espérances nées des années 1970 : qu'il s'agisse des revenus, des coûts de production ou des rendements ; la part des aides publiques et européennes dans le budget des exploitations révèle cette impuissance de hautes terres largement assistées. Le tableau remet en cause les choix opérés jusqu'ici (modèle productiviste) et légitime quelques inquiétudes face aux évolutions de la PAC. Déjà, les quotas laitiers ont entraîné une âpre sélection et la voie de l'extensification peut avoir des conséquences fâcheuses sur les sociétés locales et les paysages. Seul, le choix des productions de qualité offre d'excellentes opportunités mais le Massif central tarde à suivre cette direction, surtout si on le compare aux montagnes de l'Est du pays[2].
Le tableau actuel doit pourtant tenir compte de nombreuses AOC , notamment treize appellations fromagères dont certaines sont très réputées (roquefort, cantal, saint-nectaire) sans négliger les productions végétales (lentille verte du Puy, oignon doux des Cévennes, appellations viticoles du Forez, de Cahors ou de Marcillac…) et les produits bénéficiant de la protection d’une IGP (agneau fermier du Quercy, veau de l’Aveyron et du Ségala, boeuf charolais du Bourbonnais, veau du Limousin, porc du Limousin, etc.)[2].
En fait, malgré une image favorable née d’une certaine préservation de l’environnement, le devenir de l’agriculture du Massif central est plein d’incertitudes et de contrastes, notamment entre des bastions agricoles solides (centre-ouest du Massif central) ou en voie de réorganisation (Cantal, Aubrac, plateaux limousins, Combrailles auvergnates, Margeride...), et des espaces à la dérive, en voie de désagrégation et sans orientations agricoles clairement définies (Livradois, Forez, Montagne limousine, Cévennes). C'est là que la crise et le dépeuplement sont les plus avancés sauf quand des activités non agricoles sont engendrées par des influences urbaines venues de l'extérieur, des plaines rhodaniennes ou méditerranéennes. Dans le cadre d’une activité en proie au doute (incertitudes sur la pérennité des financements européens, crainte d’une libéralisation plus franche des échanges internationaux, crises sanitaires successives, etc.), le Massif central retrouve aujourd’hui de réels atouts dans le cadre d’une « agriculture de territoire » et de qualité, génératrice de valeur ajoutée. Tout l’enjeu des prochaines années est de valoriser au mieux ces avantages comparatifs après d’une clientèle de plus en plus réceptive[2].
[modifier] Industrie
Sur l'ensemble du Massif central, l'emploi industriel, sauf en quelques foyers, demeure modeste et n'a pas connu de croissance significative. La fonction secondaire (bâtiment compris) ne fournit en général qu'une part médiocre de l'emploi : de 1/10 à 1/4 sur l'ensemble des cantons du Massif central, parfois moins. Toutefois, à condition de comptabiliser les entreprises de 1 à 10 salariés, les chiffres atteignent des valeurs plus notables, ce qui témoigne de structures souvent émiettées. Il n'en reste pas moins que ce tissu des PME apparaît encore incertain dans le milieu rural : la moyenne montagne compte peu de ces « districts industriels », souples et innovants, qui assurent - ailleurs - la prospérité des campagnes[2].
Certes, des industries très anciennes existent (travail de la laine dans le haut-pays castrais ou en Gévaudan annexé par le négoce languedocien, fabrication de la dentelle en Velay, soierie dans le Pilat, l’Yssingelais et l’arrière-pays lyonnais, cotonnades du Roannais, papeterie des régions d’Ambert et d’Annonay, coutellerie thiernoise ou encore tapisserie d’Aubusson). Mais elles étaient disséminées en petits ateliers, comprenant plus d’artisans travaillant à domicile que d’ouvriers, et elles ont souvent périclité, parfois jusqu’à disparaître victimes de crises précoces ou de la concurrence des foyers du bas-pays. Impulsées par des initiatives et des capitaux extérieurs, quelques « affaires » se sont surtout développées au XIXe siècle : petite industrie diffuse (textile, mégisserie, métallurgie surtout) principalement dans les campagnes de l'est du Massif central ou sur quelques sites isolés (Millau et Saint-Junien pour la ganterie, faïencerie et porcelaine à Limoges, agro-alimentaire comme à Roquefort ), mais surtout « pays noirs » périphériques fondés sur les mines de charbon (Saint-Étienne, Blanzy, Messeix et Brassac, Saint-Eloy et l’Aumance, Carmaux et Decazeville, Alès) et la sidérurgie. Jusqu’à la fin du Second Empire, le Massif central est même le premier fournisseur de charbon et de produits métallurgiques en France. L’association de la mine – très éparpillée - et de l’usine restait toutefois inégale : de véritables bassins s’affirment seulement à Saint-Étienne, foyer le plus puissant avec la métallurgie et l’armement, comme à Decazeville, Alès ou Montluçon-Commentry. Spécialisations et générations industrielles marquent également des villes de Limoges ou Clermont-Ferrand. En revanche, l’implantation des centrales hydroélectriques n’a guère suscité de créations industrielles et le modèle des Alpes du Nord n'est pas applicable au Massif central en dehors de quelques usines d’électrométallurgie comme celles de Saint-Chély-d'Apcher, des Ancizes ou d’Issoire[2].
De fait, le tableau actuel de l'industrie rurale est assez facile à résumer avec sa localisation plutôt montagnarde, ses PME, ses branches « classiques » (travail du bois, industrie agroalimentaire, textile, cuir) ou plus renouvelées (métallurgie, pharmacie, plastique). Dans les bas pays ou dans les vallées, l'activité manufacturière se concentre surtout dans les villes. En fait, à la suite d'une histoire commune, certaines cités ou bassins houillers ont bénéficié d'un réel développement mais les crises et les licenciements n’ont pas manqué. Plusieurs ensembles d'importance sont ainsi classés comme pôles de reconversion : bassin de Montluçon, d'Issoire-Brassac, de Saint-Étienne, de Figeac-Decazeville ou de Roanne. La plupart des foyers s’est pourtant maintenue : Val d'Allier - qui court depuis Issoire et Brioude jusqu'à Vichy et reste dominé par l'agglomération clermontoise, bassins de Saint-Étienne et de Roanne, Yssingelais, sillon du Thoré, sites de Thiers, vallée de la Dore, Montluçon-Commentry, Limoges, Rodez, Tulle-Brive. En dehors des régions orientales, la répartition inégale de l'industrialisation répond assez bien à celle de l'urbanisation, mais les structures n'offrent guère d'unité et la géographie reste contrastée[2].
À l’échelle du massif, quatre grands secteurs d’activité regroupent la moitié des effectifs salariés. Il s’agit des industries agroalimentaires (IAA), avec une dynamique positive dans la période récente, de la métallurgie et de la transformation des métaux grâce à de nombreuses petites unités dispersées et à quelques grosses unités déterminantes pour le massif, tant par le volume d’emplois proposés que par la valeur ajoutée créée. S’ajoute le secteur de la chimie, du caoutchouc et du plastique symbolisé par la firme Michelin, qui procure environ 18 % de l’emploi industriel total du massif. Le textile, cuir, habillement, représente, sur le papier, le quatrième secteur du massif par l’emploi proposé, mais avec une très forte déperdition de main-d’œuvre. Le Massif central offre aujourd’hui un panel de productions diversifié et finalement assez compétitif comme en témoignent la multiplication des pôles de compétitivité labellisés par l’État[2].
[modifier] Tourisme
La fonction touristique suscite de nombreux espoirs à l'image des Alpes ou des Pyrénées. Mais son impact en terme d'emplois est limité, en dehors de quelques espaces spécialisés. La carte du taux de fonction touristique montre ces inégalités : des cantons sont peu concernés (bocages de l'Allier, Limagne, Combrailles et plateaux limousins, ouest aveyronnais et nord lozérien) alors que de rares foyers s'imposent, parfois méconnus (montagne volcanique en Auvergne, lac de Vassivière en Limousin, haut Allier et haute Ardèche, vallées du Lot et gorges du Tarn, Cévennes et Grands Causses). Il faudrait ajouter des espaces de loisirs et de résidences secondaires, en particulier à l'est (Lyonnais, Forez, Velay et Vivarais) profitant du voisinage lyonnais. Enfin, les traditions thermales sont incontestables : l’Auvergne détient le cinquième rang national bien que les stations (Vichy, Le Mont-Dore, La Bourboule, Châtelguyon, Royat) s’adaptent très inégalement à la nouvelle donne médicale et ludique. Globalement, la moyenne montagne souffre d'une faible clientèle potentielle (accès, éloignement) et surtout du manque de moyens ou d'initiatives des ruraux, indifférents ou réticents face à cette activité. Il en résulte encore globalement de faibles capacités d'accueil et des équipements ou hébergements marchands trop peu rénovés en dehors des rares stations de sports d'hiver (Le Mont-Dore, Besse, Le Lioran) souvent peu rentables, la pratique du ski de fond restant décevante par rapport à celle du Jura. La fréquentation est donc diffuse et marquée par la dispersion des lieux, des acteurs et des équipements[2].
La clientèle extérieure au massif est modeste : quelques parisiens, des vacanciers de l'Ouest ou du Midi et beaucoup d'« originaires » émigrés revenant au « pays » à la belle saison ; l'aspect ponctuel se retrouve dans la multiplication des résidences secondaires, en particulier autour des grandes agglomérations, dans les « suds » ou dans les secteurs où l'exode a libéré des habitats de caractère[2].
Les évolutions sont pourtant évidentes, probablement moins du fait des politiques touristiques en elle mêmes que d’un ensemble d’éléments dynamiques « extérieurs ». Parmi ceux-ci, le désenclavement du massif stimule ainsi l’activité touristique tout en proposant des équipements et ouvrages d’art qui constituent en eux mêmes de véritables attractions (phénomène du viaduc de Millau). Il s’agit aussi de nouvelles pratiques et de nouveaux besoins liées à l’arrivée de nouvelles populations. De même, la présence de parcs à thèmes et d’espaces de scénovision concourt aujourd’hui à offrir une vision plus moderne du territoire. Le Massif central a également une carte à jouer sur le court séjour ou les loisirs, car la région suscite une découverte active ou contemplative d’un patrimoine, de savoir-faire et de paysages devenus rares. Le tourisme dans le Massif central revêt des visages et des caractères très variés, dépassant largement le stade des clichés habituels du tourisme rural. Territoires de l’arrière-pays méditerranéen, territoires convoités par les étrangers, territoires de grands sites culturels, territoires qui s’ouvrent et dont les moyens de transports – anciens comme nouveaux – constituent en eux-mêmes des facteurs d’attrait touristique, bien loin de la simple image des volcans auvergnats et de la « France profonde »[2].
[modifier] Autres activités tertiaires
Partout ou presque, les statistiques soulignent que les actifs relevant du commerce et des services sont les plus nombreux, les valeurs les plus faibles s’observant dans les vieilles terres agricoles du cœur du massif (monts d’Auvergne, Margeride) ou dans le bastion industriel de l’Yssingelais[2].
Les emplois tertiaires sont majoritairement urbains, mais les campagnes se sont également « tertiarisées », notamment par le biais du développement des services, avec au passage une part non négligeable d’emplois relevant du secteur touristique. Autre constat statistique : l’INSEE nous apprend qu’en 1999, si 109 550 emplois relèvent de l’agriculture dans l’entité Massif central, 102 147 sont fournis par l’éducation, 122 225 par l’administration publique et 186 804 par le secteur de la santé et de l’action sociale. Le secteur financier, avec quelques solides héritages, joue également un rôle, tandis que le commerce mobilise un nombre important d’actifs malgré de profondes restructurations liées à l’installation de la grande distribution dont certaines origines sont parfois locales (groupe Casino de Saint-Étienne)[2].
La nébuleuse tertiaire est donc relativement complexe, avec des limites difficiles à tracer, mais dont les chiffres montrent qu’elle occupe plus de la moitié de la population active. La palette des emplois d'ancienne villes industrielles, quasi mono-fonctionnelles, a donc été profondément modifiée par cette montée du tertiaire. Certes, la fonction commerciale héritée des petites villes-marchés reste partout fondamentale : c'est un trait commun pour les organismes urbains sans grande envergure de la moyenne montagne[2].
Mais les services jouent désormais un rôle majeur : administrations et équipements scolaires caractérisent bon nombre de villes moyennes, chefs-lieux départementaux en particulier. Enfin, au niveau supérieur de la hiérarchie, à Clermont-Ferrand comme à Limoges ou à Saint-Étienne, l'essor des activités tertiaires a été spectaculaire, s’accompagnant souvent d’importantes opérations d’urbanisme. Direction d'administration, commerce anomal et de gros , banques, assurances, services sanitaires et hospitalier, services éducatifs et de recherche (université, grandes écoles) renforcent aujourd’hui les « métropoles régionales ». Dans les campagnes, les évolutions sont contrastées : l’effacement du commerce traditionnel côtoie l'ouverture de supermarchés. De la même façon, les services enregistrent des évolutions variables : beaucoup se maintiennent, parfois grâce à la mise en place de « maisons des services » soutenues par les collectivités, sans oublier l'essor des services médicaux et paramédicaux : le vieillissement de la population associé à un meilleur encadrement médical que par le passé en sont à l'origine. Il s'agit là d'un des principaux gisements d'emplois[2].
[modifier] Notes et références
- ↑ Le Massif central, itinéraires de découvertes, Odile Faure, Éd. Ouest-France, 2005
- ↑ a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj ak al am an ao ap aq ar as at au av (fr) Laurent Rieutort, collectif CERAMAC, Massif central, hautes terres d'initiatives, Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2006 (ISBN 2-84516-333-9)
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