Congère
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Une congère[1] est un amas de neige qui se forme du fait de l'action du vent. Lorsque celui-ci souffle en rafales, de grandes quantités de neige sont déplacées, et peuvent s'accumuler en un seul endroit. Au Québec, on parle plutôt de banc de neige[2] mais ce terme peut également signifier un amas de neige qui a été formé mécaniquement lors de l'enlèvement de cette dernière par un chasse-neige.
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[modifier] Formation
[modifier] Transport
La formation de congères dépend non seulement de la neige au sol, de celle qui tombe et du vent mais également de la température et du type de flocons. En effet, une neige très dense ou très compacte sera très difficile à soulever. Lorsque la température est près du point de congélation on assiste à du givrage des flocons qui en augmente la masse. Lorsque la température atteint ou dépasse zéro Celsius, la neige fond partiellement rendant impossible son soulèvement.
On note trois types de déplacement de la neige[3][4] :
- La reptation: le vent déplace de proche en proche les grains les plus gros en un mouvement graduel restant en contact avec la surface sous-jacente.
- La saltation : les particules moyennes, soulevés par le vent à une certaine hauteur, retombent par leur poids. En entrant en contact avec la surface, elles rebondissent sur en éjectant d'autres particules par impact. Ce soulèvement est de l'ordre de quelques centimètres à quelques dizaines de centimètres.
- La diffusion/suspension turbulente : les flocons très légers peuvent être pris dans une turbulence mécano-thermique par les vents ce qui les transporte à une grande distance de leur point d'origine sans toucher le sol. Le soulèvement est de l'ordre de plusieurs dizaines de mètres.
Le transport de la neige est généralement nul si la vitesse est inférieure à un certain seuil qui dépend de densité et la cohésion de celle-ci. En général, il faut au moins 10 km/h, même avec les neiges les plus poudreuses. Dès que le seuil est dépassé, le transport de masse varie de façon exponentielle avec l'accroissement de vitesse, surtout par reptation[4].
[modifier] Déposition
Les variations de relief modifient le profil vertical des vitesses du vent. Lorsque la couche de surface doit monter un obstacle, comme une colline, une automobile ou un édifice, les vents augmentent au sommet de l'obstacle par effet Venturi (région au vent). Au contraire, de l'autre côté de l'obstacle, le vent diminue rapidement sous le niveau de l'obstacle (région sous le vent). De la même manière, le vent passe de chaque côté d'un obstacle et il se forme des zones d'accélération de chaque côté de ceux-ci ainsi que de décélération juste derrière[4]. Le vent diminue également au pied de la pente au vent par friction.
La neige sera mise en mouvement dans les zones en accélération (zone d'ablation) et déposée dans les zones en décélération (zone de déposition). Les congères se forment donc dans les zones où le déplacement de l'air passe sous la vitesse seuil de transport. La reptation est responsable de structures créées à la surface de la neige. La saltation et la diffusion sont à l'origine des congères eux-mêmes[4].
[modifier] Formes
Dans le cas d'obstacles isolés, des congères souvent considérables, se forment donc sur les côtés sous le vent, tandis que la neige s'amoncelle en quantité moindre sur ceux qui sont exposés au vent. L'érosion engendre ordinairement une concavité caractéristique ou une zone exempte de neige à l'avant et sur les côtés. Avec le temps, les congères tendent à encercler les obstacles à l'intérieur d'une enceinte de neige profilée en demi-lune. Une fois cette forme atteinte, elles n'en changeront plus tant que la direction du vent ne subira de changement ou que la surface générale de la neige ne dépassera en hauteur les côtés de l'obstacle[5].
Dans le cas d'obstacles multiples ou de vents tourbillonnants, elles prendront des formes diverses similaires à ceux des dunes : étoiles, lignes, en parabole, etc.
[modifier] Impacts
Les congères deviennent des obstacles à contourner ou à franchir lors de déplacement dans une région couverte de neige tant pour les humains que pour les animaux. Elles représentent un inconvénient certain lorsqu'elles se forment sur ou en travers des routes et des voies ferroviaires qu'il faut alors déneiger. Les vents peuvent former des corniches à leur sommet et leurs pentes sont instables. Dans le cas de très gros congères, des avalanches sur leur pentes peuvent ensevelir les personnes les traversant.
Autour des bâtiments, les amoncellements de neige entraînent des inconvénients variés lorsqu'ils interdisent l'accès aux bâtiments. Ceci est particulièrement dangereux en cas d'urgence, comme un incendie. Les congères peuvent mener à l'effondrement des toits d’habitations ou de serres sous l’effet du poids de la neige en cas de fortes précipitations, surtout la neige dense qui tombe à une température près de zéro Celsius. Finalement, la fonte lente des amas de neige importants au printemps laisse le sol humide et boueux pendant longtemps.
D'un autre côté, la protection isolante de la neige permet à la végétation d'affronter les rigueurs de l'hiver et la fonte du banc de neige au printemps fournit l'eau nécessaire à la repousse. Ils sont également un terrain de jeu par excellence pour les enfants en hiver.
[modifier] Contrôle
Il est en général possible, en tenant compte de l'arrangement des immeubles et des caractéristiques topographiques des lieux, d'orienter les édifices ou de mettre des barrières de façon à limiter l'importance des congères. Le principe est de se souvenir des caractéristiques du transport de la neige et de la déposition en cherchant à créer des zones au déblaiement naturel.
[modifier] Placement
Les congères les plus petites se rencontrent d'ordinaire au sommet des collines exposées au vent qui sont surtout des zones d'ablation. On devra donc si possible, situer les immeubles et passer les routes sur des points élevés. Il n'est pas nécessaire de les mettre sur le haut du relief mais une surélévation par rapport au terrain environnant créera l'accélération des vents nécessaire à l'enlèvement désiré de la neige[5]. On doit éviter de placer tous obstacles tels que des haies, des groupes d'arbres ou des bâtiments trop près des aires de circulation, afin de minimiser les congères qui vont les entourer et qui peuvent atteindre des longueurs de six à neuf fois la hauteur de ceux-ci[5]. Il est également préférable de placer l'axe long des bâtiments dans la direction du vent dominant car les congères qui se forment seront derrière le mur le plus court et donc moins importants[5].
[modifier] Barrières
Quand il n'est impossible d'éviter la formation de congères, il existe différents types de barrières qui permettent de prévoir l'endroit où elles se trouveront. Par exemple, le long d'une route très exposée au vent sans obstacle naturel, on placera des clôtures à neige afin de ralentir le transport de la neige et la forcer à se déposer avant ou après la route, l'édifice, etc.[5] On peut parler de :
- Barrière collectrice : ce sont des clôtures pleines, ou à claire-voie, placées perpendiculairement au vent dominant. Elles permettent à la neige de s'accumuler de chaque côté d'elles, mais surtout du côté sous le vent, limitant la formation de congères plus loin derrière. Les clôtures pleines produisent des congères plus hautes mais s'étendant moins loin derrière la clôture que ceux à claire-voie. Le choix dépend donc du coût et de la distance à laquelle se trouve la zone à protéger.
- Barrière souffleuse : il s'agit d'une table à angle montée sur des poteaux de façon à former un goulot pour la neige qui s'y engouffre. Par effet de Venturi, l'air est accéléré et la neige ne s'accumule pas avant une certaine distance derrière de la barrière. Elle est utilisée en général au sommet d'une dépression de terrain, comme un vallon, pour que les congères s'accumulent de l'autre côté de celle-ci.
- Barrière déflectrice : il s'agit de barrière en chicanes ou des murs verticaux à angle avec le vent qui le dévient dans une direction horizontale désirée. Elles créent une accélération qui produit une érosion de la neige ce qui élimine les congères qui pourraient se former à l'endroit à protéger.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Notes
- ↑ Le grand dictionnaire, Office québécois de la langue française. Consulté le 2007-04-17
- ↑ Dictionnaire québécois - français, Fredak
- ↑ Modéliser le transport de la neige par le vent, le Cemagref. Consulté le 2007-04-17
- ↑ a b c d Formation des congères, Ministère des transport, de l'équipement, du tourisme et de la mer de France. Consulté le 2007-04-17
- ↑ a b c d e Prévention des congères aux alentours des bâtiments, 1973-04-01, Conseil national de recherche du Canada. Consulté le 2007-04-18