Côte d'Ivoire
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Devise nationale : Union - Discipline - Travail | |||||
Langue officielle | Français | ||||
Capitale | Yamoussoukro (politique) Abidjan (économique) 6°51′N, 5°18′W |
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Plus grande ville | Abidjan | ||||
Forme de l’État - Président - Premier ministre |
République Laurent Gbagbo Guillaume Soro |
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Superficie - Totale - Eau (%) |
Classé 68e 322 462 km² 1,4 |
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Population - Totale (1998) - Densité |
Classé 56e 15 366 672 hab. 48 hab./km² |
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Indépendance - Date |
de la France 7 août 1960 |
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Pays limitrophes | Mali Burkina Guinée Ghana Libéria | ||||
Gentilé | Ivoirien, Ivoirienne | ||||
Monnaie | Franc CFA (XOF ) |
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Fuseau horaire | UTC +0 | ||||
Hymne national | L'Abidjanaise | ||||
Domaine internet | .ci | ||||
Indicatif téléphonique |
+225 |
La Côte d’Ivoire, ou officiellement la République de Côte d’Ivoire, est un pays d’Afrique occidentale, membre de l’Union africaine. D’une superficie de 322 462 km2, elle est limitée au nord par le Mali et le Burkina Faso, à l’ouest par le Libéria et la Guinée, à l’est par le Ghana et au sud par l’océan Atlantique. La population, dénombrée à 15 366 672 habitants en 1998[1], est estimée à 18 373 060 habitants en 2008[2]. La Côte d’Ivoire a pour capitale politique et administrative Yamoussoukro (Abidjan demeurant capitale économique), pour langue officielle le francais et pour monnaie, le franc CFA.
D’abord protectorat français en 1843 et devenue colonie française en 1893, le pays acquiert son indépendance le 7 août 1960, sous la houlette de Félix Houphouët-Boigny, premier président.
L’économie, essentiellement axée sur la production de café et de cacao, connaît au cours des deux premières décennies un essor exceptionnel, faisant de la Côte d’Ivoire un pays phare dans la sous-région ouest-africaine. En 1990, le pays traverse, outre la crise économique survenue à la fin des années 1970 et qui perdure, des périodes de turbulence aux plans social et politique. Ces problèmes connaissent une exacerbation à la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1993. L’adoption d’une nouvelle constitution[3] et l’organisation de l’élection présidentielle qui, en 2000, porte au pouvoir Laurent Gbagbo, actuel Président de la République, n’apaisent pas les tensions sociales et politiques, qui conduisent au déclenchement d’une crise politico-militaire le 19 septembre 2002. Après plusieurs accords de paix, le pays s’engage le 4 mars 2007, dans un nouveau processus de sortie de crise fondé sur un accord politique conclu à Ouagadougou (Burkina Faso)[4].
Sommaire
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[modifier] Histoire
[modifier] Une terre de migrations
La date de la première présence humaine en Côte d'Ivoire est difficile à évaluer car les ossements ne se conservent pas dans le climat humide du pays. Cependant, la découverte de fragments d'armes et d'outillages très anciens (haches polies taillées dans des schistes, débris de cuisine et de pêche) sont interprétés comme la possibilité de la présence d’hommes, en assez grand nombre, au paléolithique supérieur (-15 000 à -10 000 ans)[5] ou au minimum, l’existence sur ce terroir, d’une culture néolithique[6]. Les plus anciens habitants connus de la Côte d'Ivoire ont, cependant, laissé des traces disséminées à travers tout le territoire. Ces populations arrivées avant le XVIe siècle sont aujourd'hui des groupes minoritaires ayant plus ou moins bien conservé l'essentiel de leurs civilisations. Ce sont les Agoua et Ehotilé (Aboisso), Kotrowou (Fresco), Zéhiri (Grand-Lahou) et Ega ou Diès (Divo)[7]. Mais le pays est surtout une terre de refuge et de migration qui reçoit, en provenance de la zone du Sahel, entre le XIe siècle et le XVIe siècle, les Mandé forestiers (Dan, Gban et Kwéni) mais également aux XIVe siècle et XVe siècle, d'autres groupes venus du nord (Ligbi, Numu et quelques clans Malinké), ce qui provoque quelques déplacements limités de populations plus anciennement établies (Krou sur la côte avant le XVe siècle et Sénoufo). Les XVIe siècle et XVIIe siècle consacrent l'arrivée au nord de plusieurs clans Malinkés (Kamagaté, Diomandé) et Sénoufo et au sud-est, des peuples en provenance de la basse vallée de la Volta (Efié, Essouma, Abouré, Alladian et Avikam). L'un de ces groupes akan (Abron) s'installe dans la région de Bondoukou à l'est du pays[8].
Le XVIIIe siècle consacre les grandes migrations akan (Agni, Baoulé, Atié, Abbey, Ebrié, M'Batto, Abidji) dans le sud-est et le centre du pays ainsi que celle d'autres groupes malinkés (en provenance des rives de la Volta noire) et du sud des territoires actuels du Mali et du Burkina Faso[9] Ces migrations sont causes de conflits entre les populations mais permettent surtout de tisser de nombreuses alliances politiques et matrimoniales ainsi que des parentés à plaisanterie[10].
[modifier] Au contact de l’Europe
À l'initiative du prince Henri le Navigateur, les portugais João de Santarém et Pedro Escobar découvrent le littoral ivoirien en 1470-1471 et jusqu’à la fin du XVIe siècle, les seuls Européens présents sur le littoral ivoirien sont portugais[11]. Ils seront rejoints à la fin du XVIe siècle par les hollandais puis au XVIIe siècle par les français et les anglais[12],[13]. Ces européens entretiennent des relations religieuses, parfois politiques mais surtout commerciales avec les populations du littoral ivoirien. L’abondance de l’ivoire donne à cette partie du territoire africain le nom de Côte de l’ivoire[14] également appelée, à cause des relations difficiles avec les habitants, Côte des mal gens[15] , [16]. Le commerce concerne divers produits tropicaux mais il est surtout dominé par la traite négrière. L’esclave est le produit des guerres tribales, le fruit d’une mise en gage ou le résultat d’une décision judiciaire. Certaines personnes sont esclaves de naissance, héritant ainsi du statut de leurs ascendants[17]. La traite négrière constitue au XVIIIe siècle l’essentiel des échanges entre les populations côtières et les marchands européens. La Côte d'Ivoire qui reste jusqu'au XIXe siècle, un réel espace de traite mais d'importance relativement moindre comparativement au Bénin[18] ou au Nigéria, subit également les conséquences négatives du phénomène[19] dans les différentes sociétés. L'on enregistre de nombreux morts, une diminution de la natalité, la rapide diffusion d'épidémies et des famines qui n’épargnent ni les sociétés lignagères, ni les empires ou royaumes établis sur le territoire. La zone forestière, est le siège par excellence de sociétés où l’autorité du chef de lignage s’exerce généralement au niveau d’une tribu. Elle connaît une mutation sociale significative caractérisée par la multiplication et le développement de diverses alliances d’où naissent des confédérations tribales, claniques ou régionales. Une telle évolution diffère du cheminement constaté au nord, dans les différentes branches du groupe sénoufo. Conçu à l’origine sur un schéma proche des sociétés lignagères, le groupe sénoufo se constitue par la suite, peu à peu, en chefferies sur le modèle du « Kafu »[20] malinké et se consolide pour faire face notamment à l’expansionnisme de l’empire de Kong.Les autres sociétés vivant au nord mais également celles du centre et de l’est, se présentent de manière encore plus hiérarchisée avec une organisation confortée par le renforcement de pouvoirs monarchiques ou l’apparition de nouvelle structures traditionnelles de type étatique.
C’est le cas du royaume Abron de Gyaman dont l’autorité s’étend sur de nombreux peuples de l’est du territoire (Koulango de Nassian, Goro, Gbin, Ligbi, Huela, Agni et Dioula de Bondoukou) et qui s’affranchit du pouvoir Ashanti en 1875. Après une période d’expansion, ce royaume est cependant affaibli par des dissensions internes qui le fragilisent face aux conquêtes de Samory Touré et à l’impérialisme européen. Le royaume du Sanwi tire le meilleur parti de ses relations avec l’extérieur et consolide son pouvoir sur les peuples du littoral du sud-est. La monarchie Baoulé est dominée par les Warébo et les Faafoué jusqu’à la dislocation de son unité après 1850 lorsque plusieurs groupes se constituent en entités indépendantes ou en nouvelles confédérations militaires aux contours plus ou moins précis. Dans le nord, les conquérants se multiplient mais sont tour à tour vaincus par Samory Touré qui soumet également tous les royaumes (Kong, Bouna, Koulango, Gyaman...) [21]. Ces conquêtes et guerres tribales sont fortement exarcerbées par la traite négrière qui accentue la déstructuration des systèmes politiques et sociaux traditionnels en raison notamment de l'apparition de nouvelles hiérarchies sociales constituées par des personnes qu'elle enrichie[22].
Le XIXe siècle apporte ainsi de profondes mutations au niveau des organisations sociales traditionnelles et la création de nouvelles valeurs fondées sur la richesse, qui s'estime à la quantité de produits détenus (produits vivriers, cheptel, vêtements, poudre d'or, armes à feu) et au nombre d'individus sur lesquels l'autorité est exercée. Dans cette perspective, les femmes, les enfants et les esclaves qui dépendent d'une même personne, constituent pour celle-ci, non seulement des ouvriers agricoles et des défenseurs du lignage, mais également une possibilité d'accroissement des alliances avec les autres familles, par le mariage[23].
L'abolition de l'esclavage en 1815 au Congrès de vienne[24], réaffirmée en 1885 au Congrès de Berlin[25] , [26], ouvre la voie au développement de nouvelles relations commerciales entre les populations ivoiriennes et les nouveaux acteurs européens qui font leur apparition sur leurs sols. En dépit d'une concurrence anglaise tenace et parfois l'hostilité des populations locales, des comptoirs français sont installés à Assinie et Grand-Bassam (Côte du Sud-Est) en 1843 et, en 1857, le fort de Dabou est édifié[27].
[modifier] Naissance d’une colonie de la France
La France qui à l’ambition d’établir et de conforter sa puissance économique se lance dans la conquête de l'Afrique avec la campagne d'Algérie (1830-1847) mais aussi en réalisant la colonisation d’une majeure partie de l’Afrique occidentale et équatoriale, de l'Indochine, ainsi que de nombreuses îles d'Océanie. En Côte d’Ivoire l’installation de l’autorité française est préparée par la signature de divers traités de protectorat, l’installation de comptoirs mais surtout par les missions d’exploration. La méconnaissance de l'hinterland ivoirien et la nécessité de contrer l'expansion du conquérant africain Samory Touré amènent les Français Bouet-Willaumez (1837-1839), Paul Fleuriot de Langle, Marcel Treich-Laplène, Louis-Gustave Binger (1887-1889) et dans une moindre mesure, les Anglais Lonsdale (1882), Freeman (1888) et Lang (1892) à initier de nombreuses missions d'exploration[28] , [29]. Le 10 mars 1893, un décret érige la Côte d'Ivoire en une colonie autonome[30] et la France qui y est déjà représentée par Arthur Verdier (1878) puis Treich-Laplène (1886) en qualité de Résidents, désigne Louis-Gustave Binger comme Gouverneur avec résidence à Grand-Bassam[31]. L'autorité française commence à s'instaurer dans l'ensemble du pays au moyen d'un système de quadrillage hiérarchisé qui comprend les villages, les cantons, les subdivisions et les cercles. Elle établit des liens de subordination caractérisés par l'instauration de l'impôt de capitation, la prestation gratuite de travail (travail forcé), le service militaire obligatoire, l'application d'un code de l'indigénat, et l'exercice d'une justice indigène[32]. En retour, l'Administration française doit procéder à la mise en valeur du territoire, à la mise en place de services sociaux de base et garantir la libre circulation des personnes et des biens[33] , [34]. La résistance locale s'exprime dès la phase d'exploration[35] (guerre de Jacqueville et de Lahou en 1890[36], guerre de Bonoua en 1894 et 1895[37] , [36], guerre en pays adioukrou en 1897 et 1898[37] , [36]. Samory est par ailleurs contré et vaincu à Guéouleu (Guélémou) en 1898[38] et quelques années plus tard, pour asseoir rapidement et définitivement l'autorité de la France sur le territoire, le gouverneur Gabriel Louis Angoulvant opte pour l'accélération forcée de la colonisation :
« Je désire qu'il n'y ait désormais aucune hésitation sur la ligne politique à suivre. Cette ligne de conduite doit être uniforme pour toute la Colonie. Nous avons deux moyens de les mettre en pratique : ou attendre que notre influence et notre exemple agissent sur les populations qui nous sont confiées ; ou vouloir que la civilisation marche à grands pas, au prix d'une action... J'ai choisi le second procédé[39]. »
De nouvelles résistances apparaissent notamment dans l'ouest forestier (siège de Daloa en 1906[36], siège de Man en 1908[36], siège de Sémien en 1911)[36] ou chez les Akan du Sud (attaques des postes d'Agboville et d'Adzopé en 1910)[36]. Elles sont longues en pays Baoulé (1893-1912)[40] , [36], en pays Gouro (1907-1914)[40] , [36] et en pays Lobi (1898-1920)[36]. En dépit de quelques défaites françaises, toutes les résistances sont définitivement vaincues en 1920. Les chefs de la résistance sont tués ou déportés et les pertes en vie humaines sont importantes pour les populations locales[36]. Une nouvelle économie s'installe progressivement. De 1905 à 1930, des maisons de commerce dont le siège est en Europe (SCOA, CFAO, CCAF, Peyrissac)[41] s'installent et réalisent la collecte des produits locaux et l'écoulement des produits importés. De même, les européens encouragés par la politique française et aidés par le recrutement pour des travaux forcés dans les plantations[42], développent des exploitations agricoles privées et notamment des plantations de café et de cacao à partir de 1930. Ces cultures d'exportation supplantent très rapidement les produits de cueillette (Kola, graines de palmes, bois, caoutchouc). Parallèlement, des infrastructures et des équipements sont réalisés pour soutenir l'exploitation économique. Le réseau routier se met en place et un chemin de fer est construit grâce au recrutement obligatoire des jeunes. Des écoles et des postes médicaux sont également ouverts. Cependant, cette option de mise en valeur de la colonie est freinée de 1930 à 1935 par la crise économique. Malgré de réels efforts du gouverneur Reste pour redresser l'économie, les séquelles de la crise restent toujours présentes[43]. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, accroît les difficultés économiques et financières locales. Outre l’impôt de capitation, les prestations obligatoires se multiplient et les populations versent des « dons pour la défense de la Côte d’Ivoire et de la France ». Mais l’effort de guerre est surtout militaire avec des milliers de recrues mobilisées et envoyées sur les champs de bataille en Europe et en Afrique du Nord. Toutefois, après la défaite de juin 1940, ce sont de nombreux volontaires ivoiriens qui s’engagent aux côtés du général De Gaulle dans la résistance.
[modifier] En quête d’émancipation
Avant la fin de la guerre 1939-1945, les populations encore inorganisées commencent assez timidement une lutte pour l'émancipation politique, sociale et économique[44]. Mais à partir de 1945, en Côte d'Ivoire comme dans toutes les colonies françaises d'Afrique, la vie politique s'organise en prenant appui sur la Conférence de Brazzaville. Les ivoiriens participent à leurs premières élections municipales (Abidjan et Grand-Bassam) et législatives. car il est décidé que les territoires d'outre-mer auraient des représentants à l'Assemblée nationale constituante française. En dépit de l'opposition de l'administration locale, Félix Houphouët-Boigny pose sa candidature en Côte d'Ivoire devant le collège des non-citoyens. Il devance son adversaire de plus de mille voix et, au deuxième tour le 4 novembre 1945, est élu député avec 12 980 voix sur 31 081 suffrages exprimés. A la seconde Assemblée nationale Constituante, il est réélu plus facilement au Parlement français avec 21 099 voix sur 37 888 suffrages exprimés[45].,[46]. Plusieurs partis politiques (souvent soutenus par des syndicats) sont créés à partir de 1946. Ils sont de simples prolongements des grandes formations politiques de France ou la concrétisation d'initiatives d'origine plus locale : Parti démocratique de Côte d'Ivoire (1946), Parti progressiste de Côte d'Ivoire (1947), Bloc démocratique éburnéen (1949), section ivoirienne de l'Internationale Ouvrière (1946), section ivoirienne du Rassemblement du peuple français[47]. La Constitution de la quatrième République (France) et les lois anti coloniales (suppression du travail forcé, suppression du Code de l'indigénat ou extension de la citoyenneté française) sans changer véritablement le système colonial local, provoquent à la fois la colère des colons et la déception des populations colonisées qui durcissent leur lutte pour l'émancipation à travers des actions de plus en plus violentes conduites par les partis politiques[48].
La loi-cadre ouvre de nouvelles perspectives en Côte d'Ivoire par l'introduction de la décentralisation administrative, l'autonomie interne des colonies et l'extension des pouvoirs des Assemblées territoriales. Elle instaure également un collège unique d'électeurs et le suffrage universel. La voie s'ouvre ainsi pour l'instauration, de prime abord, de la Communauté franco-africaine après le référendum du 28 mars 1958 puis, par la suite, pour l'accession de la Côte d'Ivoire à la souveraineté internationale le 7 août 1960[49].
[modifier] Des années Houphouët Boigny à la difficile succession
Dès l'indépendance, les institutions de l’État ivoirien sont définies et organisées par une Constitution[50],[51]. Celle-ci prévoit le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire[50].Entre 1 960 et 1980, les transformations de l’économie ivoirienne sont spectaculaires dans tous les domaines : agriculture, industrie, commerce et finances. Elles sont le résultat d’une politique qui fait jouer un rôle éminent à l’État, à l’investissement privé et aux capitaux étrangers. Cependant, depuis le milieu des années 1980, il est constaté une stagnation de cette économie consécutivement à la dégradation des termes de l'échange extérieur, au niveau très élevé des dettes de l’État et aux conséquences d'erreurs de gestion. La société ivoirienne connaît cependant dans les vingt premières années de l’indépendance, non seulement une profonde mutation sociale (relèvement du niveau de vie des habitants, équipement dans les domaines sanitaire, éducatif et social) mais également une augmentation de la population avec un taux de croissance annuel moyen de 3,8 % la faisant varier de 3,7 millions d’habitants en 1960 à 12,2 millions en 1988. En octobre 1995, Henri Konan Bédié remporte à une écrasante majorité (95,25 % contre 3,75 % ou 4,75 % pour le candidat Francis Wodié)[52] les élections contre une opposition fragmentée et désorganisée qui appelle au boycott actif[53]. Il resserre son emprise sur la vie politique, obtient assez rapidement une amélioration des perspectives économiques, une diminution de l'inflation et effectue une tentative d'éliminer la dette extérieure.
Contrairement à Félix Houphouët-Boigny, qui a su avec prudence éviter tout conflit ethnique et a même permis l'accès aux postes de l'Administration publique à certains immigrants venus de pays voisins, Henri Konan Bédié met en exergue le concept de l'ivoirité[54]. Ce concept est défini d'abord comme l'affirmation de la souveraineté et de l'autorité du peuple ivoirien face aux menaces de dépossession et d'assujettissement notamment dans les domaines de l'immigration ou des pouvoirs économique et politique[55]. Par la suite, le concept de l'ivoirité a la réputation d'être destiné à exclure Alassane Dramane Ouattara des élections présidentielles[56] , [57]. La nationalité de ce leader fait l'objet de vives polémiques et de nombreuses controverses tant dans la classe politique que dans la société ivoirienne où une frange de la population considère celui-ci comme national tandis que l'autre lui dénie la nationalité ivoirienne[58]. Même la Cour suprême de Côte d'Ivoire n'a pu trancher sur le sujet[59].
L’exacerbation des tensions politiques et sociales par la presse, les actes de défiance à l'autorité de l'État de la part des opposants mais également l'emprisonnement de plusieurs leaders de l'opposition politique, instaurent un climat fortement tendu qui conduit en décembre 1999 au renversement de Henri Konan Bédié par des soldats mécontents. Ceux-ci placent à la tête de leur groupe, le général Robert Guéï devenu par ce fait, chef de l'État de Côte d'Ivoire. Bédié s'exile en France[60].
[modifier] La lente sortie de crise
Le régime issu du putsch[61] est marqué durant son éphémère pouvoir par des troubles militaires et civils. Le pouvoir militaire réduit néanmoins la criminalité et la corruption en usant parfois de méthodes expéditives. Il appelle les partis politiques et la société civile à la rédaction d'une nouvelle constitution et fait organiser en octobre 2000, l'élection présidentielle. De nombreuses candidatures à la présidence de la République dont celles de Henri Konan Bédié et de Alassane Dramane Ouattara sont éliminées par la Cour suprême. Le général Robert Guéï qui se proclame vainqueur du scrutin est chassé par des manifestations de rue. De violents affrontements opposent également durant quelques jours des militants du FPI à ceux du RDR. Ces différentes manifestations de rue se soldent par plusieurs morts. La Cour suprême proclame les résultats et déclare vainqueur, Laurent Gbagbo. Celui-ci initie un forum de réconciliation nationale puis nomme un gouvernement d'union nationale. Mais le 19 septembre 2002, des soldats rebelles venus du Burkina Faso tentent de prendre le contrôle des villes d'Abidjan, Bouaké et Korhogo. Ils échouent dans leur tentative de prendre Abidjan mais sont victorieux dans les deux autres villes, respectivement dans le centre et le nord du pays. Robert Guéï, est assassiné dans des circonstances non encore élucidées. La rébellion qui se présente sous le nom MPCI crée plus tard le MJP et le MPIGO et forme avec ces dernières composantes le mouvement des Forces nouvelles (FN). Il occupe progressivement plus de la moitié nord du pays (estimé à 60% du territoire), le coupant ainsi en deux zones géographiques distinctes : le sud tenu par les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) et le nord tenu par les Forces armées des forces nouvelles (FAFN). Les pourparlers entamés à Lomé permettent d'obtenir le 17 octobre 2003, un accord de cessez-le-feu qui ouvre la voie à des négociations sur un accord politique entre le Gouvernement et le MPCI sous l'égide du président du Togo, Gnassingbé Eyadéma.
Ces négociations échouent cependant sur les mesures politiques à prendre en dépit de réunions entre les dirigeants de la CEDEAO à Kara (Togo), puis à Abidjan et à Dakar. 10 000 casques bleus de l'ONUCI[62] dont 4 600 soldats français de Licorne sont placés entre les belligérants. Dans une nouvelle initiative, la France abrite à Linas-Marcoussis du 15 au 23 janvier 2003, sous la présidence de Pierre Mazeaud, Président du Conseil constitutionnel français, secondé par le juge sénégalais Keba Mbaye, une table ronde de forces politiques ivoiriennes[63] et obtient la signature de l'accord de Linas-Marcoussis. Cet accord prévoit la création d'un gouvernement de réconciliation nationale[64] dirigé par un premier ministre nommé par le Président, après consultation des autres partis politiques, l'établissement d'un calendrier pour des élections nationales crédibles et transparentes, la restructuration des forces de défense et de sécurité, l'organisation du regroupement et du désarmement de tous les groupes armés, le règlement des questions relatives à l'éligibilité à la présidence du pays et à la condition des étrangers vivant en Côte d'Ivoire. Un comité de suivi de l'application de l'Accord, présidé par l'ONU, est institué.
Appliqué avec beaucoup de difficultés, l'Accord de Linas-Marcoussis est suivi par plusieurs autres, conclus en Afrique et mis en oeuvre par les gouvernements successifs de Seydou Diarra, Charles Konan Banny et Guillaume Soro nommé 1er ministre à l'issue de la signature de l'accord politique de Ouagadougou conclu entre celui-ci et Laurent Gbagbo, sous l'égide de Blaise Compaoré, facilitateur[65] , [4]. Dans le Gouvernement de Guillaume Soro composé de 33 membres, sa formation militaro-politique, les Forces nouvelles et la formation politique soutenant le président Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI) disposent chacun de huit portefeuilles (le Premier ministre y compris). Les autres portefeuilles sont répartis entre divers autres partis politiques. Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) : 5 ministres ; le Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire (RDR) : 5 ministres ; le Mouvement des forces d'Avenir (MFA) : une ministre ; le Parti ivoirien des travailleurs (PIT) : un ministre ; l'Union démocratique de Côte d'Ivoire (UDCI) : un ministre ; l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI) : un ministre ; ainsi que deux ministres réputés proches du Président de la République et un ministre issu de la société civile.
Concrètement, outre la gestion des affaires relevant de ses compétences traditionnelles, le gouvernement coordonne la mise en oeuvre du processus de sortie de crise au moyen de programmes spécifiques. Il s'agit d'un dispositif technique comprenant notamment, le Centre de commandement intégré (désarmement des combattants), le Programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire, le Comité national de pilotage du redéploiement de l'Administration (restauration de l'autorité de l'État sur l'ensemble du territoire et reprise du fonctionnement des servives publics), l'Office national d'identification (identification des populations et des électeurs) et la Commission électorale indépendante (organisation des élections).
[modifier] Géographie
[modifier] Géographie physique
[modifier] Relief et climat
Le territoire de la Côte d'Ivoire présente l'aspect d'un quadrilatère, dont le sud offre une façade de 520 km sur l'océan Atlantique, dans la partie occidentale du golfe de Guinée. Le pays est caractérisé par un relief plat et un climat généralement chaud et humide, qui constitue une transition entre l'équatorial et le tropical.[66]
Les terres sont constituées en majeure partie de plateaux et plaines. L'ouest du pays, région montagneuse, présente toutefois quelques reliefs au-delà de mille mètres (le mont Nimba culmine à 1752 m).[67] Les eaux, qui couvrent environ 4 462 km², soit 1,38% de la superficie totale du pays, sont constituées au sud, sur l'océan (Atlantique), de lagunes dont les plus célèbres sont les complexes Aby-Tendo-Ehy, Ebrié, Grand-Lahou-Tadio-Makey-Tagba, ainsi que d'eaux mortes. De nombreux cours d'eau avec souvent des débits extrêmes, drainent tout le territoire. Au nombre de ceux-ci figurent quatre grands fleuves[68] qui sont le Cavally (700 km), le Sassandra (650 km), le Bandama (1050 km) et la Comoé (1160 km). D'autres cours d'eau importants sont tributaires de ces fleuves ou sont constitués par des rivières côtières comme le Tabou, le Néro, le San-Pedro, le Bolo, le Niouniourou, le Boubo, l'Agnéby, la Mé, la Bia. À cet ensemble s'ajoutent des ruisseaux et plusieurs étendues marécageuses.[69]
Compris entre 4° et 10° de latitude nord, le territoire de la Côte d'ivoire est distant de l'équateur d'environ 400 km sur ses marges méridionales, et du Tropique du Cancer d'environ 1 400 km sur ses frontières septentrionales. Tropical le long des côtes, le climat est semi-aride à l'extrême nord. Le pays connaît en général des variations de température entre le nord et le sud, mais également en fonction des saisons. Les températures oscillent autour de 28° en moyenne. Trois grandes zones climatiques se côtoient : le climat subéquatorial, le climat tropical humide et le climat soudanais.[70],[71]
Relevé météorologique de Côte d'Ivoire (Abidjan) | |||||||||||||
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Mois | Jan | Fév | Mar | Avr | Mai | Jui | Jul | Aou | Sep | Oct | Nov | Déc | |
Température moyenne (°C) | 27 | 27 | 28 | 28 | 27 | 26 | 25 | 24 | 24 | 26 | 27 | 27 | |
Hauteur de pluie (mm) | 1 | 1 | 4 | 6 | 9 | 10 | 8 | 7 | 5 | 7 | 7 | 3 | |
Source: GeographyIQ |
[modifier] Flore et faune
Le couvert végétal s'est considérablement modifié au cours des années. Le paysage de base, constitué par les forêts denses, globalement subdivisées en forêts hygrophiles et forêts mésophiles, occupe à l'origine un tiers du territoire au sud et à l'ouest[72]. Il est complété par les forêts claires ou savanes arborées ou boisées, qui couvrent le reste du territoire ivoirien, du centre au nord, à l'exception de nombreux points de forêt dense sèche. Depuis la période coloniale, les surfaces de forêts denses ont connu, par le fait de l'homme (plantations arbustives, exploitations forestières) une importante réduction. Le patrimoine forestier ivoirien est estimé en 2007 à 6 000 000 d'hectares[73] , [74].
Ce couvert végétal abrite de nombreuses espèces animales (vertébrés, invertébrés, animaux aquatiques et parasites). Ils comprennent des mammifères parmi lesquels se distingue l’éléphant, animal le plus célèbre, parce qu'à l'origne du nom du pays. Espèce autrefois abondante en forêt comme en savane, l'éléphant a été intensément chassé et braconné. Aussi ne subsiste-t'il que dans les réserves et parcs et en quelques points des forêts où il est côtoyé par l’hippopotame, plus lié aux zones de savanes, l’hylochère ou sanglier géant, l’antilope et d'autres céphalophes, les buffles, les singes (chimpanzé, colobe, singe rouge, singe vert), les rongeurs (porc-épic, rat, écureuil), les carnivores, parmi lesquels le lion, la panthère et la mangouste, les insectivores (musaraignes, certaines espèces de chauve-souris, en nombre important dans tout le pays, pangolins). Certains de ces animaux sont en voie de disparition[75].
Les oiseaux dont plusieurs centaines d'espèces ont été identifiées, constituent également un élément du paysage. Calaos, pigeons et tourterelles, pintades, rapaces (aigles, chouettes, vautours ), tisserins, hirondelles et passereaux en sont quelques-unes. Le pays abrite aussi un nombre important de reptiles, dont les plus connus sont les crocodiles, les varans et autres lézards, les serpents (pythons, vipères, najas, couleuvres), les tortues. Les amphibiens sont abondants et sont représentés par de nombreuses espèces estimées à une soixantaine environ, au nombre desquelles les crapauds et grenouilles. Divers invertébrés constitués par les insectes, les arachnides (araignées, scorpions, acariens), les myriapodes ou mille-pattes, les mollusques (escargots), les vers de terre ainsi que des espèces aquatiques vivant en eau douce, tels des crabes, diverses espèces de crevettes, plus d'une centaine d'espèces de poissons dont les silures, perches du Nil ou capitaines et ceux vivant en eaux marines ou saumâtres tels des thons, quelques requins, des sardinelles, des anchois, des raies, des brochets, des mérous, des carpes blanches, des ceintures, de fausses soles, des mulets, des machoirans, ont été également identifiés dans le pays[76].
Les parasites de l'homme et leurs vecteurs sont constitués par des protozoaires, des vers ou helminthes, des arthropodes (plus rarement), certains moustiques dont les anophèles, des cyclops, des simulies, des glossines ou mouches tsé-tsé, certains autres types de mouches, des puces, chiques, poux, tiques et punaises des lits. Ils provoquent des maladies parfois très graves comme le paludisme, la dysenterie amibienne, les abcès dus au ver de Guinée, l’éléphantiasis, l’onchocercose, la maladie du sommeil (trypanosomiase), ou la bilharziose vésicale[77].
[modifier] Géographie humaine : migration continue et pression démographique
Composition culturelle en Côte d'Ivoire |
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Composition ethnique - Akan - Peuples Voltaïques et Gur - Mandé du Nord - Krous - Mandé du Sud - Autres |
31,1 % 13 % 12,2 % 9,4 % 7,4 % 26,9 % |
Religions - Islam - Croyances africaines - Christianisme |
35-40 % 25-40 % 20-30 % |
Composition linguistique - Français (officiel) - 60 ethnies locales |
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Sources: The World Factbook, CIA ; La Côte d'Ivoire en chiffres, Ministère ivoirien de l'Économie et des Finances |
La population ivoirienne, comme dans la quasi-totalité des pays en développement, connaît une croissance rapide. Au cours des derniers recensements effectués en 1975, 1988 et 1998, elle est chiffrée à 6 709 600, 10 815 694 puis 15 366 672 habitants. Elle est estimée à 19 800 000 habitants en 2005[78]. Cet accroissement rapide est en partie imputable à l’immigration continue de populations étrangères. Le recensement général effectué en 1998 révèle en effet un taux d’étrangers de 26%, soit plus du quart de la population totale[78]. Ces immigrés, en quête de mieux-être, sont attirés par le développement économique rapide et la stabilité sociale et politique que connaissait le pays avant le début des crises sociopolitiques et militaires. Ils proviennent majoritairement des pays voisins membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Malgré la crise politico-militaire de 2002, le pays compte encore en 2008, de nombreux étrangers originaires de la CEDEAO dont des Burkinabés, de loin les plus nombreux (environ 2 millions), des Maliens, des Guinéens, des Sénégalais, des Libériens, des Ghanéens. À ceux-ci s’ajoutent les Libano-Syriens essentiellement commerçants, quelquefois industriels, des Asiatiques et des Européens. Le pourcentage d'étrangers naturalisés est de 0,6%.
La population ivoirienne est en outre multiethnique. Cinq grands groupes ethniques, comprenant environ une soixantaine d'ethnies, constituent les nationaux d'origine[78] et sont localisés dans les régions suivantes :
- au nord, le groupe voltaïque (Gur) ou sénoufo, 13 % de la population ;
- au nord-ouest, le groupes mandé du Nord ou malinké, 12,2 % de la population ;
- à l’ouest, le groupe mandé du Sud, 7,4% ;
- au sud-ouest et au centre-ouest, le groupe krou, 9,4% de la population ;
- au centre et à l'est, le groupe akan, 31,1% de la population.
Composée d'une forte proportion de jeunes (en 1998, les jeunes de moins de 15 ans représentent un pourcentage de 43% de la population totale, contre 4% pour les personnes âgées), la population ivoirienne est inégalement répartie sur le territoire national. Les variations s'observent d'une région à l'autre, mais également entre zones rurales et zones urbaines[79]. Au détriment de la zone du nord, le sud, l’ouest et l’est sont en effet, en plus des étrangers, fortement peuplés d’allogènes dont le déplacement est dicté par la recherche de terres arables ou propices au développement des cultures de rente comme le café et le cacao. Le taux de peuplement est également élevé dans les zones urbanisées, compte tenu de l’exode des populations rurales constituées en majorité de jeunes en quête d’emploi. La crise déclenchée en septembre 2002 a pour sa part accéléré le clivage entre les zones nord et sud. Sur l'ensemble du territoire en 1998, la densité moyenne est de 48 habitants au km². En zone sud, zone forestière, elle varie de 53,3 (région du Bas-Sassandra) à 272,7 habitants (région des Lagunes) au km². 57% de la population vit en milieu rural, les zones urbaines en abritent quant à elles 43%. Le taux de croissance de la population urbaine est évalué à 4,2% entre 1988 et 1998[79].
Sont considérées comme villes, les localités semi-urbaines de 3000 habitants au moins, agglomérées, dotées d'une fonction politique et administrative et au sein desquelles la population active non agricole est supérieure ou égale à 50%. 129 villes sont dénombrées par le dernier recensement général de la population (1998). Abidjan reste le principal centre urbain et économique du pays, avec 2 877 948 habitants en 1998. Yamoussoukro (155 803 habitants), Bouaké (464 618 habitants), Daloa (173 103 habitants), Korhogo (142 039 habitants), Gagnoa (107 124 habitants), Man (116 657 habitants) et San-Pédro (131 800 habitants), sont également de grandes villes[78] , [79].
[modifier] Institutions et vie politique
Dès son accession à l’indépendance, la Côte d’Ivoire, État unitaire, opte pour un régime présidentiel[50]. Reconduit par la deuxième république, le régime présidentiel est caractérisé par la séparation des pouvoirs au sein de l’État : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Le paysage institutionnel ivoirien se compose des organes exerçant ces trois pouvoirs et d’autres institutions comme le conseil économique et social et le médiateur de la république[80]. Les partis politiques marquent également la vie politique dans le pays.
[modifier] Un pouvoir exécutif prédominant
L’organe chargé de l’exercice du pouvoir exécutif, originairement monocéphale, est depuis 1990 [81] caractérisé par un bicéphalisme apparent : il a à sa tête le président de la république, chef de l’État, et un premier ministre, chef du gouvernement. Cette caractéristique, empruntée au régime parlementaire, n’entame en rien le caractère présidentiel du régime.
Le président de la République est élu au suffrage universel direct, au scrutin majoritaire à deux tours pour un mandat de 5 ans et est rééligible une fois[80]. Il est le chef de l’exécutif et est détenteur exclusif du pouvoir exécutif. Il est garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire, du respect des traités et accords internationaux. Il est chef suprême des armées, veille au respect de la Constitution, assure la continuité de l'État. En sa qualité de chef de l'Administration, il nomme aux emplois civils et militaires. Le président de la république détient également, en période de crise, des pouvoirs exceptionnels. En cas de décès, de démission ou d’empêchement absolu, l’intérim du président de la république est assuré par le président de l’assemblée nationale pour une durée ne pouvant excéder 90 jours[80].
Le premier ministre est nommé par le président de la République devant lequel il est responsable, et qui met fin à ses fonctions[80]. Le premier ministre ne détient, au regard de la constitution, aucun pouvoir exécutif propre. Il supplée le président de la République lorsque celui-ci est absent du territoire. Contrairement à la pratique prévalant en régime parlementaire, le premier ministre ivoirien n’est pas issu de la majorité parlementaire. Les membres du gouvernement, placés sous son autorité, sont nommés sur sa proposition par le président de la République. Il dirige et coordonne l'action du gouvernement, et peut déléguer certaines de ses attributions aux ministres[80]. Le gouvernement actuel, nommé le 7 avril 2007 et composé de 32 membres[82], est dirigé par le premier ministre Guillaume Soro, nommé en cette qualité depuis le 29 mars 2007[83].
Depuis la dernière élection présidentielle tenue le 26 octobre 2000 et remportée par Laurent Gbagbo[84], actuel chef d’État, aucune autre consultation électorale n’a eu lieu en vue de la désignation du président de la république. L’exercice du pouvoir exécutif est, dans le contexte actuel, influencé par les accords politiques conclus depuis le déclenchement de la crise politico-militaire en septembre 2002. Dans le cadre de l’exécution du programme de sortie de crise, des missions spéciales liées à la réunification du pays et de l’armée, à l’identification des populations et à l’organisation des élections sont assignées au premier ministre[85].
[modifier] Le pouvoir législatif
L’organe parlementaire investi du pouvoir législatif est monocaméral ; c’est l’Assemblée nationale[80]. L'assemblée nationale compte aujourd’hui 225 membres et comprend un bureau, des commissions techniques et des groupes parlementaires. Les députés qui la composent sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans[80]. L’Assemblée nationale vote la loi et consent l’impôt. Elle a également, de par la Constitution, un pouvoir de contrôle sur les actions de l’exécutif[80]. Pour assurer l'indépendance de l'Assemblée nationale à l'égard des autres pouvoirs et renforcer la liberté du député, celui-ci bénéficie de certains privilèges juridiques que sont les immunités. Ces immunités protègent le député dans l'exercice de son mandat parlementaire en le mettant à l'abri des poursuites civiles ou pénales à l'occasion de votes ou opinions émises par lui dans l'exercice de ses fonctions. En dehors même de l'exercice de ses fonctions, les poursuites pénales engagées contre le député pour des faits qualifiés crimes ou délits, doivent être autorisées par l'assemblée nationale ou le bureau de celle-ci[80]. Les dernières élections législatives se sont tenues le 10 décembre 2000[86] pour les élections générales, et le 14 janvier 2001[87] pour les partielles. L’Assemblée nationale ivoirienne est aujourd’hui dirigée par Mamadou Koulibaly[88].
Le Parlement ivoirien a joué un rôle particulier dans la gestion de la crise politico-militaire en Côte d'Ivoire. En dépit de la désapprobation affichée par le Président Mamadou Koulibaly vis-à-vis de l’Accord de Marcoussis, l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a examiné, durant ses sessions ordinaires et parfois lors de sessions extraordinaires convoquées à cet effet, une série de domaines visés par l’Accord. Au total plus d’une douzaine de projets de lois ont été examinés et votés par le Parlement ivoirien dans ce cadre. Mais la poursuite de son mandat après l'expiration de celui-ci s'est avéré problématique car aux termes de la Constitution ivoirienne, « les pouvoirs de l'Assemblée nationale expirent à la fin de la deuxième session ordinaire de la dernière année de son mandat. Les élections ont lieu vingt jours au moins et cinquante jours au plus avant l'expiration des pouvoirs de l'Assemblée nationale ». Aussi bien la Constitution ivoirienne que le code électoral n’ayant pas prévu le cas où les élections des députés ne se tiendraient pas dans les délais prescrits, le pays a dû faire face à un vide juridique qui a suscité une polémique et des opinions controversées des acteurs locaux et non nationaux. Le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) dans sa Résolution 1633 sur la Côte d'Ivoire note que le mandat de l’Assemblée nationale prend fin le 16 décembre 2005 et le Groupe de travail international, tire la conclusion que ce mandat n’a pas à être prolongé. En se prononçant contre la prolongation des mandats parlementaires échus le 16 décembre 2005, le Groupe de travail international (GTI) a « mis le feu aux poudres » et ouvert un « bras de fer international », selon les observateurs[89]. Le président de la République de Côte d’Ivoire, après avoir sollicité l’avis du Conseil constitutionnel (Côte d'Ivoire) sur le point de savoir si le défaut d’élections, dû à la situation de crise que connaît son pays, entraînait la dissolution et la fin des pouvoirs de l’Assemblée nationale, a obtenu l’avis de cette institution selon lequel l’Assemblée nationale demeurait en fonction et conservait ses pouvoirs[90]. En définitive, l'Assemblée nationale a continué ses activités.
[modifier] Le pouvoir judiciaire
Avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire, deux ordres de juridictions cohabitent : des juridictions françaises appliquant le droit français et une organisation judiciaire de droit coutumier ou local. Cette dualité est la résultante de la dualité de législation, qui elle-même repose sur une distinction des statuts régissant les différentes couches de la population. En effet, la France « offre » aux ressortissants ivoiriens la possibilité de conserver un statut personnel particulier, par opposition au statut de droit commun reconnu aux français et assimilés[91].
Au lendemain de l’indépendance, il est procédé à une refonte de l’appareil judiciaire hérité de l’époque coloniale. L’objectif est de mettre en place une organisation judiciaire moderne et adaptée aux besoins du pays. La réorganisation concerne le recrutement, la formation de magistrats et auxiliaires de justice (juges, greffiers, officiers ministériels, avocats, huissiers de justice, notaires, etc.), mais également les structures. Trois principes gouvernent cette opération de modernisation : la justice est rendue au nom du peuple ; les juges ne sont soumis dans l’exercice de leurs fonctions qu’à l’autorité de la loi, leur indépendance étant garantie par le président de la République ; l’autorité judiciaire est gardienne des libertés individuelles[92].
Les juridictions, ainsi que l’administration pénitentiaire, connaissent alors plusieurs évolutions, à partir de 1960. Toutefois, comme dans bien des domaines, l’organisation judiciaire ivoirienne reste encore influencée par le droit français[93] , [94] . Le pouvoir judiciaire est exercé présentement par des juridictions de premier et de second degré, sous le contrôle de la Cour suprême. Le Conseil constitutionnel forme, avec la Haute cour de justice, des juridictions spéciales[80].
[modifier] Le conseil économique et social
Le conseil économique et social est un organe consultatif prévu par la Constitution ivoirienne[80]. Il assure la représentation des principales activités économiques et sociales, favorise la collaboration des différentes catégories professionnelles entre elles et contribue à l’élaboration de la politique économique et sociale du Gouvernement. Les projets de loi de programme à caractère économique et social lui sont soumis pour avis[95]. Le président de la République peut consulter cette institution pour tout problème à caractère économique et social[80]. Le droit de saisine du Conseil économique et social appartient au président de la république et au président de l’Assemblée nationale[95].
Les membres de l’institution sont nommés pour cinq ans par décret parmi les personnalités qui, par leurs compétences ou leurs activités, concourent au développement économique et social de la République. Le Conseil économique et social comprend 125 membres. Il est aujourd’hui présidé par Laurent Dona Fologo[95].
[modifier] Le médiateur de la république
Le médiateur de la république est un organe de médiation créé par la Constitution[80]. À l’image du médiateur français, le médiateur de la République de Côte d’Ivoire est une autorité administrative indépendante, chargée d’une mission de service public, plus précisément d’assurer la médiation entre l’administration et les administrés, mais également entre les administrés eux-mêmes, en vue d’harmoniser les rapports de ceux-ci. Il ne reçoit d’instruction d’aucune autorité[96]. Le médiateur de la république est nommé par le président de la république, après avis du président de l’assemblée nationale, pour un mandat de six ans non renouvelable. Il ne peut être mis fin à ses fonctions, avant l'expiration de ce délai, qu’en cas d'empêchement constaté par le Conseil constitutionnel saisi par le président de la république. Le médiateur de la République ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l'occasion des opinions ou des actes émis par lui dans l'exercice de ses fonctions.
Les fonctions de médiateur de la république sont incompatibles avec l’exercice de toute fonction politique, de tout autre emploi public ou de toute activité professionnelle[80]. Mais en pratique, depuis la création de cette institution, Mathieu Ekra est l’actuel médiateur de la république. Son intérim est actuellement assuré par Lamine Ouattara, médiateur de la région du Zanzan[97].
[modifier] Les partis politiques
Bien que reconnu par la constitution de 1960, le multipartisme n’est effectif en Côte d’Ivoire qu’en 1990[98], année au cours de laquelle plusieurs partis politiques sont créés[99]. Les principaux partis qui participent à la vie politique sont : le Front populaire ivoirien ou FPI, dirigé par Pascal Affi N'Guessan ; le Parti démocratique de Côte d'Ivoire - Rassemblement démocratique africain ou PDCI-RDA, dirigé par Aimé Henri Konan Bédié; le Rassemblement des républicains ou RDR, dirigé par Alassane Dramane Ouattara ; l' Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire ou UDPCI, dirigé par Albert Mabri Toikeusse ; le Parti ivoirien des travailleurs ou PIT, dirigé par Francis Wodié[100]. Des groupes de pression politique animent également la vie politique.
[modifier] Organisation territoriale
[modifier] D’une centralisation forte à une décentralisation poussée
L'organisation administrative territoriale de la Côte d'Ivoire est tributaire de celle mise en place par le gouvernement français pendant la colonisation. Fortement centralisée et de simple gestion, elle s'articule, en fin de période coloniale, autour de 19 circonscriptions primaires appelées Cercles et administrées par un commandant de cercle, 48 circonscriptions secondaires ou subdivisions dirigées par un chef de subdivision, auprès duquel est placé un Conseil des Notables, organe quelque peu représentatif des intérêts des populations locales. L'administration municipale reste également rudimentaire avec, en 1959, 17 communes de plein ou moyen exercice.
Pour se rapprocher davantage des populations et ainsi assurer un encadrement efficace de celles-ci, l'administration territoriale de la Côte d'Ivoire, qui repose sur les principes de la déconcentration et de la décentralisation[101] , [102], connaît, au niveau du découpage territorial, une évolution constante [103] , [104] , [105].
Les départements, au nombre de quatre en 1959 [106], passent progressivement à six, 24, 25, 26, 34, 49, 50 et 55 au cours des années 1963, 1969, 1974, 1975, 1979, 1985, 1987 et 1996, avec un total de 187 sous-préfectures.
En avril 2008, l'on dénombre 19 régions, 80 départements, 386 sous-préfectures, plus de 8 000 villages, deux districts et environ 1 000 communes.
[modifier] L’administration territoriale déconcentrée
L'administration territoriale déconcentrée se réalise autour des circonscriptions administratives que sont la région, le département, la sous-préfecture et le village[101] , [107].
Entité administrative de base, le village est composé de quartiers, constitués eux-mêmes par la réunion des membres d'une ou plusieurs familles et, éventuellement, de campements qui lui sont rattachés. Il est dirigé par un chef qui, pour être reconnu par l'État, doit être librement désigné par les populations villageoises selon des règles coutumières, par consensus ou par tout autre moyen. Le chef du village est l'auxiliaire de l'Administration préfectorale[108]. Il est assisté dans sa mission par un conseil de village[101].
La sous-préfecture, administrée par un sous-préfet, est la circonscription administrative intermédiaire entre le département et le village. Elle est constituée par plusieurs villages. Tout comme le Préfet sous l'autorité duquel il est placé, le sous-Préfet représente l'État dans sa circonscription, coordonne et contrôle les activités des agents des services administratifs et techniques placés sur son ressort territorial ; il supervise en outre l'action des chefs de village[101].
Le département, échelon de relais entre la région et la sous-préfecture, comprend en général plusieurs sous-préfectures. Il est administré par un Préfet chargé du suivi des actions de développement, de l'exécution des lois et règlements, du maintien de l'ordre, de la sécurité, de la tranquillité et de la salubrité publics dans sa circonscription[101].
La région qui regroupe généralement plusieurs départements, constitue l'échelon de conception, de programmation, d'harmonisation, de soutien, de coordination et de contrôle des actions et opérations de développement économique, social et culturel réalisées par l'ensemble des administrations civiles de l’État. Par délégation du ministre chargé de l'Intérieur, le préfet de région, comme le Préfet de département, exercent un pouvoir de tutelle et de contrôle à l'égard des collectivités décentralisées[101].
[modifier] L’administration territoriale décentralisée
Les collectivités territoriales, entités administratives dotées de la personnalité morale et de l'autonomie financière, sont constituées par la région, le département, le district, la ville et la commune[109]. Elles ont pour missions, dans la limite des compétences qui leur sont expressément dévolues, d'organiser la vie collective et la participation des populations à la gestion des affaires locales, de promouvoir et réaliser le développement local, de moderniser le monde rural, d'améliorer le cadre de vie, de gérer les terroirs et l'environnement[101]. La décentralisation se réalise aujourd'hui avec le district, le département et la commune ; la région et la ville ne sont pas, dans le cadre du découpage actuel, fonctionnelles.
Le département, collectivité territoriale, se déploie sur le même ressort territorial que l'entité déconcentrée du même nom. Il est animé par le Président du conseil général. Le conseil général participe, avec le bureau du conseil général et le comité économique et social départemental, à la gestion des affaires du département[101].
Le district regroupe un ensemble de communes et de sous-préfectures. De création relativement récente, les deux districts que comptent la Côte d'Ivoire (Abidjan et Yamoussoukro) sont animés par des gouverneurs nommés par le Président de la République, nonobstant le principe de la libre administration des collectivités territoriales. Pour l'exécution de sa mission, le gouverneur du district est assisté par le conseil du district, le bureau du conseil du district et le comité consultatif du district. La commune est un regroupement de quartiers ou de villages. Ses organes sont constitués par le conseil municipal, le maire et la municipalité[101].
[modifier] Économie
[modifier] De la performance économique à l'ajustement structurel
Jusqu'à la fin des années 70, la situation économique de la Côte d'Ivoire est d'une performance enviable[110], [111]. Le taux de croissance de sa production intérieure brute est de 10,2% entre 1960 et 1965 et de 7,2% entre 1965 et 1975. Entre 1970 et 1975, alors que ceux de l'Afrique noire et des pays riches occidentaux sont respectivement de 4% et 6% en moyenne, le taux de croissance du PIB en Côte d'Ivoire est de de 6,8% par an[110]. Cette performance particulière s'explique en partie par la stabilité politique qui la caractérise, contrairement à bon nombre d'Etats africains. L'économie présente toutefois des symptômes révélateurs d'une faiblesse structurelle : elle est en effet caractérisée par une forte dépendance extérieure et présente des inégalités de productivité dans ses différents secteurs[110].
La chute des cours des produits agricoles de base constituées par le café et le cacao, principaux produits d'exportation qui dominent l'économie du pays, entraîne une récession économique à la fin des années 70[112]. La crise économique perdure encore au cours des années 90, produisant des conséquences sociales néfastes. En janvier 1994, la dévaluation de 50% du franc CFA ramène un taux de croissance positif de 6% pendant deux années consécutives, grâce notamment aux mesures d'accompagnement adoptées par la communauté financière internationale[113]. Les programmes d'ajustement structurels mis en place par les partenaires extérieurs que sont le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, conduisent à l'adoption de mesures drastiques de restriction budgétaire et de redressement économique par le gouvernement, sans grand succès. Les arriérés de paiement des dettes contractées auprès de ces institutions, ainsi que des problèmes de gouvernance liés à l'exécution de projets financés par l'Union européenne, conduisent, à la fin des années 90, à une rupture du partenariat avec lesdites institutions. L'impact négatif de cette situation sur l'économie est aggravé par le coup de force militaire de décembre 1999 et l'instabilité politique qui en résulte. Le taux de croissance en 2000 est négatif : -2,3%[113].
Depuis 2004, la Côte d’Ivoire enregistre des taux de croissance réelle positifs (+1,6% en 2004, +1,8% en 2005 et 1,2% en 2006) qui restent toutefois en dessous du taux de croissance de la population, estimé à 3,3%. Le taux d’inflation oscille entre 1.4% à 4,4%. Le service de la dette réglée qui représente 10,68% des exportations en 2000, est réduit à 5% des exportations en 2003, 3,3% en 2004 et 1,45% en 2005, traduisant ainsi les difficultés de l’Etat à tenir ses engagements extérieurs. Ces difficultés persistent malgré la hausse du niveau des exportations, passées à 37,9% en 2000 et à 47,8% du PIB en 2005[113].
[modifier] Une économie toujours dominée par l’agriculture
L'agriculture vivrière, l’élevage, l’extraction minière, l’exploitation pétrolière et la compétitivité des exportations connaissent certes une embellie, mais les performances du secteur productif sont contrariées par l’accroissement de la dette intérieure[113].
Après avoir été classée troisième producteur mondial de café pendant près de trente ans, la Côte d’Ivoire connaît une baisse de production, passant de 250 000 tonnes en 1990 à 145 000 tonnes en 1994, pour ensuite remonter à une production de 250 866 tonnes en 2003-2004[114]. Elle en est aujourd’hui le septième producteur mondial. La Côte d’Ivoire est, avec 40% de la production de cacao, le premier producteur mondial devant le Ghana[115]. La production nationale atteint 1,335 millions de tonnes en 2003-2004, la part des exportations étant de 1,060 millions de tonnes pour la même période[115].
Producteur de palmier à huile et de cocotier, la Côte d’Ivoire est classée parmi les trois premiers producteurs de coton dans la sous-région[116] avec 105 423 tonnes de coton fibre exportées en 2004 principalement vers la Chine, l'Indonésie, la Thaïlande et le Taïwan. Le pays produit également de l'hévéa et a également la particularité d’être le premier producteur mondial de noix de cola avec une production totale de 65 216 tonnes[117].
La canne à sucre, l’ananas et la banane, jouent un rôle important dans les exportations en Côte d'Ivoire, malgré la remise en cause des quotas par l'Organisation mondiale du commerce. Ils sont exportés en grande partie vers l’Europe comme le sont les productions fruitières (mangue, papaye, avocat et agrumes de bouche). La pomme de cajou essentiellement localisée dans le nord du pays s’étend depuis quelques années au centre et au centre-ouest du pays. En 2006, les productions de noix de cajou sont de 235 000 tonnes et les exportations de 210 000 tonnes[117].
Les cultures vivrières restent un appoint économique important pour le pays qui produit notamment dans ce domaine du maïs (608 032 tonnes sur 278 679 hectares), du riz (673 006 tonnes sur 340 856 hectares), de l’igname (4 970 949 tonnes sur 563 432 hectares), du manioc (2 047 064 tonnes sur 269 429 hectares), de la banane plantain (1 519 716 tonnes sur 433 513 hectares)[118]. Des productions de citron, de bergamote et de bigarade sont également notées, mais en quantité plus faible[119].
Le développement de l'élevage reste un objectif pour le Gouvernement[120], mais des importations sont encore nécessaires à la satisfaction de la consommation nationale en produits animaliers[121]. Malgré la fermeture de la chasse, décidée en 1974 pour permettre la reconstitution du potentiel faunique, le gibier occupe toujours une part importante de cette consommation[122]. Pour combler le déficit en produits halieutiques, L'État encourage la création de piscines aquacoles, mais doit procéder à des importations de poissons, dont la quantité s'élève en 2000 à 204 757 tonnes[123].
L'industrie ivoirienne qui en 2005 constitue seulement 23,1% de la production intérieure brute (contre 24,5% en 2000)[124], affiche un déséquilibre structurel : elle est caractérisée par la domination numérique des petites et moyennes entreprises et compte très peu de grandes entreprises. Toutefois, en dépit des difficultés auxquelles elle se trouve confrontée, elle reste la plus diversifiée dans la sous-région ouest-africaine et représente 40 % du potentiel industriel de l’UEMOA[125].
[modifier] Éducation
[modifier] Des disparités à corriger
Le système éducatif ivoirien fondé sur le modèle hérité de la France[126] institue dès les lendemains des indépendances, une école gratuite et obligatoire, afin d’encourager la scolarisation des enfants en âge d'aller à l'école. Ce système intègre aux cycles habituels du primaire, du secondaire et du supérieur, un niveau préscolaire couvrant trois sections (petite section, moyenne section et grande section). En 2001-2002, avant la crise politico-militaire, 391 écoles maternelles, aussi bien privées que publiques fonctionnent sur toute l’étendue du territoire[127]. En 2005, sur la seule zone contrôlée par les forces républicaines, il est enregistré 600 écoles maternelles animées par 2 109 enseignants qui encadrent 41 556 élèves[127].
Le cycle primaire comprend six niveaux (cours préparatoires 1re et 2e année, Cours élémentaire 1re année, Cours élémentaire 2e année, cours moyen 1re année, cours moyen 2e année) ; il est sanctionné par le Certificat d’études primaires élémentaires et un concours d’entrée en classe de 6ème des lycées et collèges. En 2001, le ministère de l’Éducation nationale compte 8 050 écoles primaires publiques tenues par 43 562 enseignants pour 1 872 856 élèves et, 925 écoles privés qui emploient 7 406 enseignants pour la formation de 240 980 élèves[127].
En 2005, l'on dénombre 6 519 écoles primaires dont 86,8 % sont publiques, avec 38 116 enseignants et 1 661 901 élèves[127]. En Côte d’Ivoire, 55% de la population de 6 à 17 ans et 61% des filles de ce groupe d’âge sont en dehors de l’école[128]. Le faible taux de scolarisation des filles conduit l’État à développer, dans les années 1990, une politique spécifique pour la scolarisation de la jeune fille. En mars 1993, en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale, la Banque africaine de développement met en place un projet dit « Projet BAD éducation IV » pour améliorer la qualité de l’enseignement, accroître le taux de scolarisation en général et celui des filles en particulier [128].
En ce qui concerne l’enseignement secondaire subdivisé en deux cycles, il comprend quatre classes pour le premier cycle et trois pour le second. Ce niveau d'enseignement est « caractérisé par une nette domination du privé ». En 2005 en effet, sur un nombre global de 522 établissements secondaires que compte le pays, 370 appartiennent au secteur privé[127]. Le ministère ivoirien de l’Éducation nationale enregistre au total un effectif de 660 152 élèves pour 19 892 enseignants en 2005, secteurs privé et public confondus, contre 682 461 élèves pour 22 536 enseignants en 2001-2002, avant le déclenchement de la guerre[127]. Le taux de scolarisation au secondaire ivoirien est de 20%[129]. Les études secondaires sont sanctionnées pour le premier cycle par le Brevet d’études du premier cycle (BEPC) et pour le second par le baccalauréat.
[modifier] Adapter les programmes au marché de l’emploi
Avant 1992, l’enseignement supérieur est presqu'entièrement l'affaire de l’État, avec 24% de taux de scolarisation. Depuis quelques années, plusieurs universités et grandes écoles de formation technique privées ont vu le jour. En 1997-1998, l’enseignement supérieur compte trois universités publiques[130], quatre grandes écoles publiques, 7 Universités privées, 47 établissements privés, et 31 établissements supérieurs de formation post baccalauréat rattachés à des ministères techniques autres que celui de l’enseignement supérieur[131].
Au cours des années 60, l’État ivoirien créé plusieurs établissement d'enseignement secondaire et supérieur technique, pour assurer la formation de cadres spécialisés. En 1970, l’ouverture de l’Institut national supérieur de l'enseignement technique (INSET) et plus tard de l’École nationale supérieure des travaux publics (ENSTP) à Yamoussoukro permet de former sur place, des techniciens de niveau supérieur[132] , [133]. Aujourd’hui, ces écoles sont regroupées et forment l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (INPHB). Un grand nombre d'établissements d’enseignement technique et professionnel privés sont implantés sur l'ensemble du territoire. La question de la compétence et du niveau de qualification des enseignants chargés de la formation et de l'encadrement des élèves fréquentant ces écoles privées s'est maintes fois posée. Il y a lieu toutefois de relever qu'elles apportent un soutien indispensable à l’Etat, les équipements publics en matière d'éducation étant à l'heure actuelle insuffisants et parfois inadaptés pour la couverture totale des besoins. Une loi votée en 1995[134] réglemente le secteur de l'enseignement supérieur privé et institue des mesures en vue de renforcer les établissements concernés. Les réformes touchent certaines structures existantes comme l’Institut pédagogique national de l’enseignement technique et professionnel (IPNETP), l’Ecole normale supérieure (ENS), l’Agence nationale de la formation professionnelle (Agefop) et le Fonds de développement de la formation professionnelle (FDFP).
En 2004-2005, le nombre d’établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique est de 149 avec 146 490 étudiants, dont 35 % de filles[135]. Ces établissements, dont les installations sont devenues vétustes, ont toutefois une capacité d'accueil limitée, eu égard au nombre d'étudiants.
L’école ivoirienne connaît des remous récurrents depuis 1990. Les tentatives d'explications des crises qui affectent l'enseignement se réfèrent à la vétusté des infrastructures et équipements, à l'insuffisance de l'effectif des enseignants, mais également à la formation jugée inadaptée au marché de l’emploi. Le nombre de diplômés sans emploi avoisine selon le Bureau international du travail (BIT) 800 000[136]. Pour résoudre ce problème crucial de l'emploi des jeunes, plusieurs pistes de solutions sont explorées par les pouvoirs publics : la création d'emplois, ou l'exhortation à la libre entreprise. Adapter le système éducatif aux contraintes du marché de l’emploi, mais également former des formateurs capables d’assurer la relève du corps enseignant, constituent des objectifs à court terme pour la politique de l'éducation en Côte d'Ivoire[133].
[modifier] Santé
[modifier] Difficile accès aux soins de santé
La Côte d’Ivoire dispose au plan infrastructurel d’une couverture sanitaire relativement importante en comparaison aux pays de la sous-région de l'Afrique de l'Ouest[137]. Toutefois, seules deux régions administratives (sur les dix-neuf que compte le pays) possèdent des Centres hospitaliers universitaires (CHU). Il s'agit des CHU de Cocody, Treichville et de Yopougon à Abidjan (Région des Lagunes) et du CHU de Bouaké (Région de la Vallée du Bandama). Les autres régions sont dotées de Centre hospitalier régional (CHR) tandis que, dans les autres agglomérations, sont installés des centres de santé soit urbains ou, pour les communautés villageoises, des centres de santé ruraux[138].
À ceux-ci s'ajoutent des formations spécifiques dont les plus connues sont les hôpitaux militaires de Bouaké et d’Abidjan, l’Hôpital des fonctionnaires au cœur du plateau, les léproseries de Manikro (Bouaké), de Daloa et Man et l’hôpital psychiatrique de Bingerville. Ces formations sanitaires publiques qui sont appuyées par un faisceau assez diversifié d'hopitaux et de cliniques privées, sont cependant confrontées à de sérieux problèmes s'agissant du matériel médical mais également des effectifs qui restent encore faibles : 1 médecin pour 9 908 habitants, 1 infirmier pour 2 416 habitants, 1 sage-femme pour 2 118 femmes en âge de procréation[139].
Chaque année de nouveaux cadres supérieurs de la santé formés dans les universités de Bouaké et d’Abidjan, et de nouveaux agents de santé issus des Instituts de Formation des Agents de la Santé (INFAS) sont mis à la disposition des formations sanitaires du pays. Pourtant, la situation sanitaire du pays est jugée préoccupante et l’accès aux soins de santé difficile[140].
[modifier] De fausses alternatives
La pauvreté s’est aggravée depuis 1999 avec le début des crises politico-militaires. L'indice de pauvreté humaine en Côte d'Ivoire (proportions de personnes en dessous du seuil de développement humain admis) atteint 40,3% en 2004, classant ainsi le pays au 92è rang sur 108 pays en développement[141]. Cette situation a un impact négatif sur la santé des populations : le nombre de malades s’est accru, passant de 17 242 en 2001 à 19 944 en 2005. La situation épidémiologique est caractérisée par une prépondérance des maladies infectieuses, à l'origine d’un taux de morbidité de plus de 50 à 60% et d’un taux élevé de mortalité estimé à 14,2 pour 1000 ; ce sont essentiellement l’infection à VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme. La première cause de consultation chez les adultes et de décès chez les enfants de moins de 5 ans demeure le paludisme[142].
Les efforts engagés par l’Etat depuis 1996 dans le cadre du programme national sanitaire, visant à améliorer la santé des populations pour l’adéquation entre l’offre et la demande des services de santé, ont été annulés par la guerre ; et, du fait de la guerre, les ressources de l’Etat ont diminué, limitant celles allouées à la santé à seulement 7% du budget national. La couverture vaccinale reste cependant bonne et a permis l’éradication de plusieurs maladies endémiques[142].
La situation reste par contre assez alarmante s'agissant des IST et MST pour lesquelles la frange de la population la plus touchée est féminine. Il a été observé que 7% de la population ivoirienne est infectée en 2003, soit 570 000 personnes vivant avec le VIH, pour 47 000 décès par an[143] , [144]. Ces chiffres sont en hausse et demeurent une préoccupation pour le Ministère de la lutte contre le SIDA[145], spécialement créé pour faire face au fléau.
Le coût des soins de santé et des médicaments, l'absence ou la vétusté du matériel médical et parfois le déficit en personnels soignants, conduisent les populations pauvres vers les thérapies naturelles et la médecine traditionnelle axée sur les plantes. Ces mêmes raisons expliquent le phénomène de plus en plus inquiétant des « pharmacies de rue », constituées par des vendeurs ambulants de médicaments souvent prohibés[146] , [147].
Le taux de croissance de la population est estimé en 2008 à 1.96%, celui des naissances à 34,26 pour 1000, le taux de décès à 14,65 pour 1000 et l'espérance de vie à 49,18 ans, dont 46,63 ans pour les hommes et 51,82 ans pour les femmes[143].
[modifier] Société
La forte poussée démographique enregistrée dans les zones urbaines, l’exode des populations allogènes et étrangères vers des terres propices aux cultures de rente notamment, ainsi que la jeunesse de la population ivoirienne, contribuent à l’émergence ou à l’exacerbation des problèmes liés à l’emploi, aux conflits fonciers, à l’habitat et à l’environnement. Constituées en vue d’apporter un appui aux pouvoirs publics pour la conduite d’actions de développement en faveur des populations, les organisations non gouvernementales peinent à remplir leurs missions[140].
[modifier] L’emploi, un problème crucial
En 2000, la population active en Côte d'Ivoire est globalement estimée à 6 006 190 personnes. Au cours de cette même année, il est dénombré 105 000 fonctionnaires après les mesures de dégraissage de la fonction publique mises en œuvre une decennie plus tôt, en exécution de la politique d’ajustement structurel prescrite par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale et ce, pour réduire l’impact des salaires sur le budget de l’État. Cet effectif qui a très peu varié au cours des dernières années laisse une place plus importante au secteur privé qui emploie quant à lui 498 906 salariés en 2002, contre 556 678 en 1998[148], la baisse enregistrée étant la conséquence des crises à répétition que connaît le pays depuis 1999. De nombreuses entreprises ont fermé ou délocalisé leurs activités, notamment dans le domaine de l’industrie touristique, du transit et de la banque.
Les structures publiques ou privées, pourvoyeuses d’emplois salariés, ne peuvent toutefois absorber qu’une proportion relativement faible de la population en âge de travailler[149]. Or, celle-ci connaît une augmentation en rapport avec la croissance démographique et la structure de la population ivoirienne, constituée d’un fort pourcentage de jeunes. Le nombre de sans emplois (population en quête d’un premier emploi) et de chômeurs générés par la crise économique reste donc important et la question de l’emploi demeure en Côte d'Ivoire, un problème crucial de développement[150].
L'une des solutions envisagées pour remédier au problème du chômage réside dans la diversification des emplois, par la création d’activités indépendantes génératrices de revenus, en complément des emplois salariés[150]. Il est noté une multiplication des petits métiers et emplois précaires. Le secteur agricole, animé par 3 893 893 personnes avec 7,5% de salariés, comprend 52% de travailleurs indépendants, 40,2 % de travailleurs familiaux ; 0,3 % sont constitués par d’autres intervenants. La population agricole représente 2/3 de la population ivoirienne active, avec 45 % de femmes plus actives dans le domaine maraîcher, pour 55 % d’hommes plus présents dans l’agriculture d’exploitation[148]. Le secteur informel présente également un certain dynamisme et concerne tant l’agriculture, les services que l'industrie. Il occupe 4 107 595 personnes en 2002, contre 1 698 300 personnes en 1995, soit une augmentation de 142 % en 7 ans. Cette forte croissance est due à la politique d’auto-emploi prônée par le gouvernement ivoirien depuis le début de la crise économique, mais également à la saturation du marché du travail salarié. En dépit de ces évolutions jugées positives, le taux de chômage reste élevé. En 2002, il représente 6,2 % de la population active, soit 402 274 chômeurs sur une population active de 6 502 115[148].
[modifier] Conflits fonciers, habitat et environnement
La forte poussée démographique dans les zones forestières, propices au développement des cultures d’exportation que constituent le café et le cacao n’est pas sans conséquence sur l’évolution des zones d’accueil. Le couvert forestier et les terres arables connaissent une réduction rapide et importante, due à l’exploitation massive. La pression s’accroît inévitablement autour des terres disponibles, entraînant des conflits entre autochtones et allogènes issus d’autres régions du pays, mais également entre autochtones et étrangers[151]. Plusieurs régions du pays sont concernées par ces conflits, qui mettent souvent à mal la cohésion sociale. Ils font, dans la quasi-totalité des cas, l’objet de résolution pacifique, grâce à l’implication des autorités administratives, politiques et coutumières[152].
Dans ces mêmes zones, la forêt est l’une des principales victimes de la croissance démographique du pays. Elle subit des agressions multiples dues à la mutation du mode de production agricole évoluant d'une agriculture de subsistance vers des cultures commerciales ou pérennes, dévoreuses de terres et d’arbres mais également défavorables à la biodiversité[151]. Le surpeuplement des zones urbaines dû aux migrations de populations, affecte également l’environnement dans les villes. Les actions des autorités décentralisées se révèlent inefficaces face aux problèmes liés à l’hygiène et la salubrité publiques en zone urbaine. Abidjan, capitale économique du pays, croule sous le poids des ordures ménagères et doit faire face à une pollution de l’air et des eaux lagunaires. Un Ministère chargé de la salubrité et de la ville a été spécialement créé en avril 2007, pour aider à la résolution de ce problème qui se pose dans un contexte de déficit de logements. Dans les grandes agglomérations urbaines, l’offre d’habitats à loyers modérés démeure nettement en deçà des besoins exprimés. La situation précaire de nombreux immigrés, la guerre et l’exode des populations fuyant les zones de conflits ont conduit à la prolifération des bidonvilles, caractérisés par des habitats insalubres notamment à Abidjan et sa banlieue[150].
[modifier] Problèmes sociaux et ONG : une réponse citoyenne parfois dévoyée
Le mouvement associatif, marqué au début des années 90 par un accroissement rapide du nombre des Organisations non gouvernementales (ONG) connaît à nouveau une recrudescence depuis le déclenchement de la crise armée en septembre 2002. L'action des ONG couvre des domaines variés de la vie sociale tels la sensibilisation et le soutien aux personnes vivant avec le VIH-SIDA, l’aide aux victimes de la guerre, l'encadrement des orphelins ou des enfants de la rue, l'aide aux femmes battues. Certaines associations mènent plutôt des actions à caractère politique, orientant leurs opérations vers le soutien aux formations politiques, la défense des droits de l'homme ou l'animation d'espaces de discussion de rue. Considérées par les citoyens comme des recours fiables contre les dysfonctionnements des programmes sociaux et politiques mis en œuvre par le gouvernement, ces organisations essaiment l'ensemble du territoire national et semblent traduire une certaine vitalité de la société civile ivoirienne. Toutefois, une observation de la vie des associations révèle, pour certaines d'entre elles, que la perspective de financements et d'appuis matériels intérieurs ou extérieurs, constitue la principale motivation. Des cas d’extorsion de fonds et d’escroquerie ont pu être enregistrés.
[modifier] Vie sociale : culture, spiritualité, sports et loisirs, médias
[modifier] Littérature, arts traditionnel et graphique, monuments
La Côte d'Ivoire présente une littérature abondante, riche de sa diversité de style et de ses proverbes, soutenue par des infrastructures éditioriales relativement solides et des auteurs de différentes notoriétés. Les plus célèbres de ces auteurs sont Bernard Dadié, journaliste, conteur, dramaturge, romancier et poète qui domine la littérature ivoirienne dès les années trente, Aké Loba (L'Étudiant noir, 1960) et Ahmadou Kourouma (les Soleils des indépendances, 1968) qui a obtenu le prix « Livre Inter » en 1998 pour son ouvrage devenu un grand classique du continent africain En attendant le vote des bêtes sauvages[153]. À ceux-ci s'ajoute une nouvelle génération d'auteurs de plus en plus lus dont Isaie Biton Koulibaly, Camara Nangala.
L'art ivoirien se caractérise par de nombreux objets usuels ou culturels (ustensiles, statues, masques…) réalisés dans diverses matières et dans diverses parties du pays par chacun des groupes culturels qui témoigne de son art de vivre par ses réalisations. Ainsi, des matériaux tels le bois ou le bronze, le raphia ou le rotin ou encore le bambou permettent la réalisation de vanneries, sculptures, meubles d’art, statues et masques. Les masques Dan, Baoulé, Gouro, Guéré et Bété sont les plus connus. L’art du tissage est également partagé par les Baoulé et les Sénoufo qui sont également reconnus pour leur peinture sur tissu. Des figurines de cuivre servant autrefois à peser l’or sont aujourd'hui utilisées comme ornementation particulièrement dans l'aire culturelle Akan. Mais la danse, soutenue par une variété d'instruments de musique (tam-tams, Balafons), reste une pratique largement partagée par tous les peuples ivoiriens traditionnels. Certaines danses ont acquis une célébrité nationale : le temate de Facobly, la danse des échassiers de Gouessesso et Danané, le boloye du pays sénoufo, le Zaouli du pays gouro. Il convient également de citer les poteries artistiques fabriquées notamment par des femmes, et entièrement réalisées à la main. Les poteries de Katiola sont les plus célèbres du pays.
Ce patrimoine culturel est abondant et disponible ; et de nombreuses oeuvres traditionnelles (surtout les sculptures) sont vendues aux touristes de passage dans les villes balnéaires comme Grand-Bassam ou Assinie. D'autres encore sont exposées dans des galeries d'art ou au musée des civilisations d'Abidjan.
Des peintres tels Gilbert G. Groud ou Michel Kodjo exposent assez fréquemment des oeuvres de notoriété, alors que la bande dessinée est dominée par Zohoré Lassane, caricaturiste et fondateur du journal d'humour et de satire Gbich !.
La Côte d'Ivoire possède une grande diversité de monuments historiques, culturels ou cultuels. Grand-Bassam, première capitale de la Côte d'Ivoire, abrite le Palais du Gouverneur, siège du premier gouvernement de la colonie française de Côte d'Ivoire, entièrement préfabriqué en France avant d'être reconstitué en Côte d'Ivoire en 1893. La ville compte également au nombre de ses bâtiments pittoresques de style colonial, la maison Varlet et la maison Ganamet appartenant à l'époque à de riches commerçants et dont l'architecture intègre des matéraux locaux de construction.
A Abidjan, la cathédrale Saint-Paul présente une architecture très spéciale et contient deux pans entiers de vitraux représentant l'arrivée des missionaires en Afrique. À Yamoussoukro, la Basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro inaugurée et consacrée par le Pape Jean Paul II en 1990, est une réplique de la Basilique Saint-Pierre de Rome et a déjà accueilli plus d'un million de visiteurs [154]. Elle est d'autre part considerée comme l'un des édifices réligieux les plus grands et les plus vastes au monde,respectivement en terme de hauteur et de superficie, et a nécessité environ 300 millions de dollars pour sa construction. Mais la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix est également remarquable.
Dans le nord du pays, des édifices religieux musulmans de style soudanais caractérisés par un style d'architecture introduit dans l'Empire du Mali au 14e siècle sont égalemement remarquables. Les plus significatifs sont la mosquée de Kaouara (département de Ouangolodougou), la mosquée de Tengréla, la mosquée de Kouto, la mosquée de Nambira (sous-préfecture de M'Bengué), les deux mosquées de Kong ayant, selon les spécialistes, une triple valeur architecturale, historique et patrimoniale[155].
[modifier] Spiritualité
Le pays est caractérisé par une diversité religieuse. Les religions les plus pratiquées par les populations vivant en Côte d'Ivoire sont l'islam (38 %), le christianisme et en particulier catholicisme (22 %) et le protestantisme (5,5 %). Les autres habitants sont attachés aux religions traditionnelles (17 %), qui, au demeurant, influencent plus ou moins fortement les autres croyances. Il convient de noter que 17 % des habitants du pays pratiquent d'autres religions. [156]
L'islam et le christianisme sont pratiqués dans une variété de formes dans tout le pays. La religion musulmane est connue et pratiquée dans l'extrême nord du pays depuis environ sept siècles. Les missionnaires chrétiens sont, pour leur part, arrivés sur le littoral ivoirien au XVIIe siècle. Les fêtes chrétiennes et les célébrations musulmanes sont librement organisées par les adeptes de ces religions et reconnues par tous. La tolérance est l'attitude générale envers la pratique de la religion et les communautés religieuses coexistent en général pacifiquement. Cette tolérance religieuse fait également partie de la pratique des pouvoirs publics. La Côte d'Ivoire est certes un État laïc, mais des fonctionnaires sont souvent désignés pour représenter l'État à des cérémonies religieuses et certaines écoles confessionnelles reçoivent encore des aides financières de l'État[157].
[modifier] Sports, médias, loisirs et arts du spectacle
De nombreuses disciplines sportives sont pratiquées dans le pays. Des possibilités diverses de pratique de golf existent avec les terrains de golf d’Abidjan, de Yamoussoukro et de San-Pédro qui constituent quatre parcours de 9 à 18 trous. Chaque année, un open international doté du prix Félix Houphouët Boigny est organisé et enregistre des participants de notoriété.
Les plans d’eaux lagunaires et la mer offrent aussi de véritables possibilités sportives dont notamment la pêche sportive, la plongée et la chasse sous-marine, le surf, la voile, la planche à voile, le canoë-kayak ou encore le beach-volley. L’équitation ainsi que les sports mécaniques (rallye du Bandama, moto-cross) sont également pratiqués dans le pays. Le hand-ball, le basket-ball, le volley-ball, le rugby, l'athlétisme et le tennis, sont entre autres des disciplines sportives également pratiquées en Côte d'Ivoire.
Cependant, le football, reste le sport roi en Côte d’Ivoire. Il attire de nombreuses foules et déchaine des passions. Ce sport populaire jusque dans les contrées les plus profondes du pays est largement pratiqué. Chaque ville et même chaque quartier organise ses propres tournois de « maracana ».
La Fédération ivoirienne de football organise et encadre la discipline dominée à l'échelon national par les équipes de l'Africa Sports National et l'Asec d'Abidjan. De nombreux footballeurs évoluent hors du pays dans des formations sportives prestigieuses. Ils sont pour la plupart, sélectionnés dans l'équipe nationale, 'les Éléphants', lors des compétitions sportives internationales. Autrefois emmenée par des joueurs comme Ben Badi, Gadji Celi et Alain Gouaméné, les Éléphants connaissent également un franc succès avec la génération Didier Drogba qui a notamment été la première à avoir été qualifiée pour la Coupe du Monde de Football de la FIFA en 2006.
Le paysage médiatique est animé par les organes audiovisuels, la presse écrite et les organes de régulation de la profession, en l'occurence la Commission nationale de la presse et le Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA).
Depuis 1991, les médias en Côte d'Ivoire sont régis par la loi[158],[159],[160]. La Radiodiffusion-Télévision ivoirienne (RTI) est l'organisme de diffusion radiophonique et audiovisuel de l'État ivoirien. Elle est financée par la redevance, la publicité et des subventions. Elle comporte 4 chaines de télévision et 2 stations de radio : La Première, généraliste ; TV2 ; RTI Music TV ; RTI Sport TV ; Radio Côte d'Ivoire, généraliste ; Fréquence 2, chaîne de divertissement ; Radio Jam, 1re radio privée du pays ; Africahit Music TV.
Des journaux de diverses audiences paraissent également principalement à Abidjan. Hormis les journaux du Groupe Fraternité Matin (Presse d'État, 25 000 exemplaires, quotidien), la quinzaine d'autres titres est détenue par des entreprises privées.
La musique ivoirienne comporte plusieurs courants qui peuvent se répartir entre les précurseurs (Ziglibithy, Gbégbé, Lékiné...), les moins traditionnalistes (zouglou, zoblazo, mapouka, ambiance facile...) et les courants modernes (N'dombolo, Coupé-décalé, Gouanou-bienou...). Elle intègre également de nombreuses danses. Les animateurs des courants précurseurs sont, pour les plus connus : Amédée Pierre, roi du Dopé (nom bété du rossignol), Allah Thérèse, Tima Gbahi, Guéi Jean, Zakry Noël. Les moins traditionalistes sont Anouman Brou Félix, Mamadou Doumbia, François Lougah (décédé), Ernesto Djédjé (décédé) et Justin Stanislas. Une vague d’artistes modernes peut être citée. Il s’agit pour le reggae, de Alpha Blondy, Tiken Jah, Ismaël Isaac, Serges Kassi ; pour le zouglou : Serges Bilé, Yodé et l’enfant siro, Magic System, Soum Bill, Espoir 2000, Aboutou Roots ; pour la musique mandingue, de Aïcha Koné, Mawa Traoré, Kandet Kantet, Affou Kéïta ; pour le groupe des Disc-Jockeys, de Douk Saga (décédé), Mareshal Dj, DJ Caloudji, Don Mike le Gourou, DJ Jacob ; pour les variétés, de Meiway, Bailly Spinto, Johnny La Fleur, Luckson Padaud, Betika, Affo Love, Mathey, Tiane, Niki Saff K-Dance, Sotéka, Alain de Marie, Joêlle-C (décédée) ; pour la musique religieuse, de Schékina, O’Nel Mala, Pasteur Adjéi, Constance, les frères Coulibaly et pour la musique sentimentale, de Daouda, Frost. RTI Music Awards récompense les meilleurs artistes ivoiriens et africains de l'année. Ce trophée est décerné par la RTI.
Le genre théâtral est dominé par de nombreux humoristes dont Adama Dahico, Digbeu Cravate, Zoumana, Adjé Daniel, Bamba Bakary, Gbi de Fer, Jimmy Danger, Doh Kanon et le duo Zongo et Tao qui, tous, se produisent à la fois dans les salles de spectacles, à la télévision et dans des films.
Le cinéma ivoirien, depuis l'avènement du numérique, a connu, dès 2004, de nouvelles sorties de films comme Coupé-décalé de Fidiga Milano, Le Bijou du sergent Digbeu[161] de Alex Kouassi, Signature de Alain Guikou ou Un homme pour deux sœurs de Marie-Louise Asseu. Il est noté, actuellement et en moyenne, la sortie d'un film tous les trois mois. Ces films connaissent souvent des défauts techniques (image ou son) mais leur rythme de production représente, grâce au numérique, un nouveau départ pour le cinéma ivoirien.
Le Marché des arts du spectacle africain (MASA) créé en 1993 par l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie, est devenu depuis mars 1998 un programme international de développement des arts vivants africains. C'est un projet artistique panafricain comprenant un marché de spectacles, un forum de professionnels et un festival qui se déroule à Abidjan tous les deux ans[162].
[modifier] Relations internationales
[modifier] La dénomination du pays
Le gouvernement ivoirien a décidé que le nom du pays serait Côte d'Ivoire (sans trait d'union) et s'oppose à toute autre graphie notamment à Côte-d'Ivoire (avec un trait d'union). Il s'oppose également aux traductions du nom en diverses langues en dépit de la persistance de l'usage (Ivory Coast en anglais, Costa d'Avorio en italien, Costa de Marfil en espagnol,"ساحل العاج" en arabe, Costa do Marfim en portugais, Elfenbeinküste en allemand, etc.). La graphie Côte d'Ivoire[163],[164],[165],[166],[167] est la plus courante, cependant on trouve aussi Côte-d'Ivoire[168],[169],[170] suivant une règle de la toponymie française qui veut que les noms français ou francisés d'unités administratives aient leurs composants liés par des traits d'union.
[modifier] Codes internationaux utilisés pour la Côte d'Ivoire
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[modifier] Représentations diplomatiques
La Côte d'Ivoire, entretient des relations diplomatiques avec de nombreux pays d'Afrique et du monde. Ses représentations diplomatiques à l'étranger sont installées sur tous les continents et ce pays qui entretient des rapports plus ou moins étroits avec plusieurs nations. La Côte d'Ivoire est également membre de diverses organisations régionales africaines, et de plusieurs organisations internationales. Elle abrite de nombreuses représentations de ces organisations. L'État ivoirien est notamment membre de l'ONU, de l'UA, de la CEDEAO, de l'UEMOA et du Conseil de l'Entente.
Afrique du Sud | Algérie | Allemagne | Angola | Arabie saoudite | Autriche |
Belgique | Brésil | Burkina | Cameroun | Canada | Chine |
Congo | Corée du Sud | Danemark | Égypte | Espagne | Éthiopie |
France | Gabon | Ghana | Angleterre | Guinée | Inde |
Iran | Israël | Italie | Japon | Libéria | Libye |
Mexique | Nigeria | Russie | Saint-Siège | Sénégal | Suisse |
Tchad | Tunisie | États-Unis | Nations unies |
[modifier] Notes et références
- ↑ (fr) Institut national de la statistique (Côte d’Ivoire), résultats du recensement général de la population et de l’habitation de 1998 (RGPH-98), résultats définitifs, Abidjan, 2002
- ↑ (en) Central intelligence agency, the world factbook, Côte d’Ivoire, [people (page consultée le 20 avril 2008)]
- ↑ (fr) Loi n° 2000-513 du 1er août 2000 portant Constitution de la République de Côte d’Ivoire, Journal Officiel de la République de Côte d’Ivoire, n° 30, Abidjan, jeudi 3 août 2000, p. 529-538
- ↑ a b (fr) Accord politique de Ouagadougou [lire en ligne (page consultée le 24 avril 2008)]
- ↑ (fr) François Yiodé Guédé, Contribution à l'étude du paléolithique de la Côte d'Ivoire : État des connaissances, Journal des africanistes, tome 65, fascicule 2, 1995, p. 88 [Conclusion (page consultée le 18 avril 2008)]
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- ↑ (fr) loi n°91-1001 du 27 décembre 1991 fixant le régime de la communication audiovisuelle, Journal Officiel de la République de Côte d'Ivoire, n° 2 du 9 janvier 1992
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- ↑ (fr) Code de rédaction interinstitutionnel,Annexe A5, Liste des États, État au 15.3.2008 sur Europa, le portail de l'Union européenne, 2008. Consulté le 27 avril 2008
- ↑ (en) (fr) (es) Official Relations Branch, « Alphabetical list of ILO member countries (181 countries), Liste alphabétique des pays membres de l'OIT (181 pays), Lista por orden alfabético de los Estados Miembros de la OIT (181 estados) » sur International Labour Organization. Consulté le 27 avril 2008
- ↑ (fr) Institut National de la Statistique et des Études Économiques, « Nomenclatures, Code officiel géographique 2007, Pays et territoires étrangers, Afrique » sur Site de INSEE, 2007. Consulté le 27 avril 2008
- ↑ (fr) Petit Larousse 1906 (réédition), Petit Larousse 2005, Dictionnaire Hachette 2004, Petit Robert des noms propres 2006
- ↑ (fr) Petit Larousse illustré 1982, (ISBN 2-03-301381-2)
- ↑ (fr) Petit Robert des noms propres, édition mise à jour en mai 2002, (ISBN 2-85036-820-2)
- ↑ (fr) Petit Robert des noms propres, édition mise à jour en mai 2004, (ISBN 2-85036-823-7)
- ↑ (fr) Représentations diplomatiques de la Côte d’Ivoire à l’étranger sur Ahibo.com, actualités diplomatiques et internationales. Consulté le 27 avril 2008
- ↑ (fr) Représentations diplomatiques en Côte d’Ivoire sur Ahibo.com, actualités diplomatiques et internationales. Consulté le 27 avril 2008
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Assemblée nationale (Côte d'Ivoire)
- Politique de la Côte d'Ivoire
- Histoire de la Côte d'Ivoire
- Géographie de la Côte d'Ivoire
- Organisation juridictionnelle (Côte d’Ivoire)
- Conseil économique et social (Côte d'Ivoire)
- Médiateur de la République (Côte d'Ivoire)
- Économie de la Côte d'Ivoire
- Régions ivoiriennes
- Départements ivoiriens
- RTI Music Awards
[modifier] Bibliographie
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[modifier] Liens et documents externes
- (fr) Catégorie Côte d'Ivoire de l’annuaire dmoz.
- (fr) Site officiel du tourisme (TourismeCI.org)
- (en) Côte d'Ivoire sur BBC
- (fr) Chronologie évènementielle 1960-2006
- (en) Background Note: Côte d'Ivoire