Coton
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Le coton est une fibre végétale qui entoure les graines des cotonniers « véritables » (Gossypium sp.), un arbuste de la famille des Malvacées. Cette fibre est généralement transformée en fil qui est tissé pour fabriquer des tissus. Le coton est la plus importante des fibres naturelles produites dans le monde. Depuis le XIXe siècle, il constitue, grâce aux progrès de l'industrialisation et de l'agronomie, la première fibre textile du monde (près de la moitié de la consommation mondiale de fibres textiles).
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[modifier] La plante
Le cotonnier peut mesurer jusqu'à dix mètres à l'état naturel. Lorsqu'il est cultivé, on limite sa taille à un ou deux mètres de façon à en faciliter le ramassage. Herbacé ou ligneux, le cotonnier pousse dans les régions tropicales et subtropicales arides. Il peut vivre une dizaine d'années à l'état sauvage ("coton pérenne"), alors qu'il est généralement exploité sous la forme de plante annuelle lorsqu'il est cultivé. À la floraison apparaissent de grandes fleurs blanches ou jaunes à cinq pétales. Ensuite des capsules aux parois épaisses et rigides se développent. Lorsqu'elles s'ouvrent, elles laissent s'échapper des graines et des bourres de coton recouvertes d'une houppe de fibres blanchâtres et soyeuses pouvant mesurer entre 2cm et 5cm de long selon les variétés.Il est utilisé comme étoffe.
Les variétés de coton les plus connues sont le Gossypium arboreum et le Gossypium herbaceum. Ces deux formes de coton à fibres courtes ont donné naissance à de nombreuses variétés, mais ne sont presque plus exploitées en tant que telles, car leurs fibres sont trop courtes.
Le Gossypium barbadense, coton d'origine péruvienne, compte pour environ 6 % de la production mondiale de fibres. Sa culture a été notamment introduite en Égypte et constitue, aujourd'hui au travers de la qualité "Jumel", l'un des meilleurs cotons du monde en terme de qualité et de longueur de fibres.
Le Gossypium hirsutum qui représente environ 81.5 % de la production mondiale de fibres est également originaire d'Amérique du Sud.
[modifier] Histoire
Le coton est utilisé pour fabriquer des vêtements légers depuis des millénaires dans les régions au climat tropical. Certains chercheurs affirment qu'il est probable que les Égyptiens connaissaient le coton il y a plus de 12 000 ans av. J.-C. et l'on a trouvé des fragments de coton datant d'il y a environ 7 000 ans dans des grottes de la vallée du Tehuacán, au Mexique. Des preuves archéologiques ont permis de savoir que les hommes ont domestiqué des espèces différentes de cotonnier en Inde et en Amérique du Sud il y a des milliers d'années. Du coton naturellement coloré datant de plus de 5000 ans a été découvert sur la côte nord du Pérou. La plus ancienne trace écrite que l'on connaisse parle du coton indien. Le coton est en effet cultivé en Inde depuis plus de 3 000 ans et le Rig-Veda, écrit en 1 500 av. J.-C. le mentionne. Mille ans plus tard, le Grec Hérodote mentionne le coton indien : « Là-bas il y a des arbres qui poussent à l'état sauvage, dont le fruit est une laine bien plus belle et douce que celle des moutons. Les Indiens en font des vêtements. » À la fin du XVIe siècle av. J.-C., le coton, dont le nom vient de l'arabe (el kutun) via le castillan ("el algodón" - Cf. métanalyse), s'est répandu dans les régions plus chaudes en Amérique, Afrique et Eurasie. Le coton fut l'une des premières cultures des colons européens en Amérique, dont la première plantation dans la colonie de Jamestown date de 1607. L'industrie cotonnière qui s'était bien développée en Inde a été affectée par la révolution industrielle britannique et ses inventions qui ont permis une production de masse à bon marché au Royaume-Uni. En 1764, l’Anglais James Hargreaves construit la première machine à filer industrielle à plusieurs fuseaux baptisée «Spinning Jenny». Quelques années plus tard, l’Anglais Richard Arkwright inventa la machine à peigner et à filer, et c’est finalement Samuel Crompton qui fit la synthèse de ces deux métiers en 1799 en créant le « Mule » (mulet) qui avait une productivité environ 40 fois plus élevée que le rouet utilisé auparavant. En 1805, Jacquard mit au point l'un des premiers métiers à tisser automatiques fonctionnant avec de grandes cartes perforées qui permettaient la réalisation de motifs variés.
Les pays européens parvenus à copier la richesse des étoffes indiennes cessèrent presque complètement leur commerce avec elle. Seule l'Angleterre, par le biais de la Compagnie anglaise des Indes orientales, continua ce commerce, tout en le limitant à l'importation du produit de base brut et non plus d'étoffes ; tout particulièrement lorsque l'administration de l'Inde lui échoira en 1858. Le second débouché du coton indien était essentiellement chinois. Le tissage de cette fibre végétale reprendra sous l'influence du Mahatma Gandhi. Par la suite, la colonisation du continent américain amena avec elle une vague d'émigrants venus d'Europe qui connaissaient la culture du coton et installèrent sur ce nouveau territoire d'importantes plantations.
Actuellement, le coton reste la fibre textile la plus largement utilisée dans le monde malgré l'apparition des fibres synthétiques.
[modifier] Culture du coton
La culture du coton nécessite une saison végétative longue, beaucoup de soleil et un total de 120 jours arrosés pour assurer la croissance puis un temps sec en fin de cycle végétatif pour permettre la déhiscence des capsules et éviter le pourrissement de la fibre. Ces conditions climatiques se rencontrent généralement sous les latitudes tropicales et subtropicales. Le coton supporte les climats tempérés à condition qu'il ne gèle pas.
La culture du cotonnier est majoritairement pluviale (Afrique subsaharienne, une grande partie des cultures des États-Unis, de l'Inde, de la République populaire de Chine). La culture pluviale est théoriquement possible dès 400 mm de précipitations annuelles. Pourtant, dans les faits, le coton ne peut être cultivé sans irrigation qu'avec une pluviométrie supérieure à 700 mm/an, afin de pallier la variabilité interannuelle des pluies et les irrégularités de leur distribution. Ainsi, 40 % des surfaces cultivées en coton (Égypte, Ouzbékistan, Pakistan, Syrie) sont irriguées.
Pour lutter contre les parasites du coton, les cultivateurs des États-Unis ont longtemps utilisé des produits contenant de l'arsenic, ce qui a contribué à la pollution des sols.
Les variétés de cotonniers asiatiques sont Gossipium arboreum et Gossipium herbaceum, les cotonniers américains sont Gossipium hirsutum et Gossipium barbadense.
[modifier] Données économiques
Production | Stocks | Exportations | Importations | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Chiffres FAO 1995, en milliers de tonnes
[modifier] Coton indien
Le coton se cultive dans le sous-continent indien depuis plus de cinq mille ans. Le climat chaud et humide s'y prête, cette culture exigeant des températures supérieures à 15°C durant la plus grande partie de son cycle. C'est dans les États du centre de la République de l'Inde (Maharashtra, Gujerat et Tamil Nadu) qu'elle est particulièrement développée, le pays produisant en 1992 un total de 1 617 000 tonnes de fibres de coton par an. La variété la plus courante est celle du coton herbacé. Après floraison, l'ovaire de la plante se transforme en une capsule contenant 20 à 50 graines, chacune entourée de 10 000 fibres de coton. Ces fibres sont isolées, pressées en balles et enfin cardées, filées ou peignées. Réservées à la fabrication des bougies, les premières mèches de coton apparaissent en Angleterre en 1298. Mais l'utilisation industrielle du coton indien ne démarre qu'au XIXe siècle, après l'invention des métiers à tisser automatiques. Les premières filatures s'installent à Bombay. Tout d'abord prospère, cette industrie est freinée par les colons britanniques qui préfèrent envoyer du coton brut en Angleterre et le faire transformer dans les ateliers de tissage du Lancashire. Le boycott des produits manufacturés anglais et un appel en faveur du tissage local font partie du "programme de non-coopération" que lance Gandhi en 1920. Depuis son indépendance en 1947, la République de l'Inde a relancé son industrie textile. Aux colorants naturels se substituent les bains chimiques, sources de pollution. Aujourd'hui, l'Inde produit 12 mètres de coton tissé par habitant et compte au nombre des pays exportateurs derrière, notamment, les États-Unis et la Chine.
[modifier] Coton africain
En raison d'une demande chinoise exceptionnelle et des conditions climatiques défavorables dans les régions productrices (États-Unis), le prix du coton est remonté en 2007. Un ballon d'oxygène pour l'Afrique, qui semble enfin avoir des perspectives d'avenir pour sa production. Le prix de la livre de coton, qui a subi une baisse continue entre 1997 et 2001 passant de 80 à 35 cents, est remonté à plus de 60 cents.
[modifier] Coton génétiquement modifié
Le coton génétiquement modifié représentait en 2006 le quart des surfaces cultivées dans le monde et vraisemblablement le tiers de la production mondiale. Les cotons OGM sont aujourd’hui produits par la plupart des grands pays producteurs : Chine, États-Unis, Australie et Inde. Le Brésil l'a autorisé en 2006. En Afrique, à l’exception de la République Sud-africaine, aucun pays ne produit aujourd'hui (2006) de coton à partir de variétés génétiquement modifiées. Seul le Burkina Faso dispose aujourd’hui d’une législation autorisant la mise en place d’essais de coton génétiquement modifié en milieu contrôlé. Pour la troisième année consécutive, l’INRA, Institut national de recherche agronomique burkinabé, va conduire des essais avec les principales firmes détentrices des techniques de transgénèse (Syngenta, Dow Elanco et Monsanto). D’autres pays, notamment le Mali, sont en voie de finaliser les textes permettant la mise en place d’essais.[1]
Monsanto, fournisseur de semences génétiquement modifiées a fait miroiter aux cultivateurs de coton indiens des récoltes plus importantes et de meilleure qualité et nécessitant une quantité moindre de pecticides, puisque le coton BT ainsi présenté devait produire son propre insecticide. De nombreux paysans, enchantés par ces promesses, se sont laissé convaincre d'acheter ces semences génétiquement modifiées, malgré leur prix quatre fois plus élevé que celui des semences traditionnelles. A leur grand désespoir, puisque le miracle ne s'est pas réalisé, bien au contraire. Contrairement aux promesses de Monsanto, les fibres du coton BT sont plus courtes que celles des variétés locales, les rendements sont plus faibles, et de nouvelles maladies et des parasites se sont développés, nécessitant des quantités de produits chimiques de plus en plus importantes. Les paysans se sont endettés, certains ont été acculés au suicide. L'autre alternative pour nombre d'entre eux : vendre leurs terres pour rembourser leurs dettes, contractées auprès des marchands de semences et des banques, qui ne veulent désormais plus leur prêter d'argent. Autre conséquence catastrophique : la diminution de la biodiversité.
Source : Documentaire Un monde à vendre – OGM, la mainmise sur l’agriculture, de Bertram Verhaag et Gabriele Kröber, Arte, 2002
[modifier] Commerce équitable
En avril 2005, l'association Max Havelaar France lance le premier coton équitable : des producteurs de coton d'Afrique de l'Ouest (Mali, Sénégal, Cameroun, Burkina Faso) entrent dans une démarche de commerce équitable et sont certifiés par Max Havelaar (cf. [2]). Le sens de cette nouvelle labellisation doit être précisé :
- Il existait déjà des vêtements de coton produits selon les règles du commerce équitable, et distribués en France (notamment dans le réseau Artisans du Monde). Dans ce cas, c'est la transformation du coton et son importation qui répondent aux critères du commerce équitable : la filature du coton et la confection des vêtements sont faites par des petits producteurs engagés dans une démarche à long terme avec des organisations de commerce équitable du Nord ; l'importation des vêtements est faite par une centrale d'importation de commerce équitable. La production du coton lui-même échappe largement aux critères du commerce équitable.
- Le label de Max Havelaar concerne lui la production du coton, pas des vêtements. C'est donc le premier stade de la filière qui est labellisé. Les stades suivants de la filière ne sont pas soumis aux mêmes critères : les acteurs du reste de la filière (filature, tissage, confection, importation) textile sont « agréés » par Max Havelaar. Cet agrément, contrôlé par des déclarations trimestrielles et des audits physiques ponctuels pour assurer la traçabilité, engage le fournisseur à respecter les normes de l’OIT. Les distributeurs de ces vêtements en coton équitable sont les super et hyper marchés, les boutiques et la vente par correspondance ; soit : Armor Lux, Célio, Cora, Eider, Hacot et Colombier, Hydra, Kindy, La Redoute. Ils ont un simple contrat de licence avec Max Havelaar. Ils gardent le même système de distribution que pour leurs autres produits non labellisés.
Il faut noter que ce label de Max Havelaar a fait l’objet d’une controverse dans le milieu du commerce équitable, car il s'est accompagné d'un accord avec la société française Dagris, accusée par ses détracteurs d'encourager la culture de coton transgénique en Afrique de l'Ouest (où le coton OGM est actuellement peu présent). L'usage d'OGM est en contradiction avec les principes du commerce équitable, à cause de la dépendance économique qu'il entraîne pour les petits producteurs et des conséquences sur l'environnement. Ceci dit, Dagris, Max Havelaar et les groupements des producteurs ont décidé, conjointement, d'exclure toutes variétés d'OGM des productions bénéficiant du label "coton équitable".
Indépendamment de cela, certaines sociétés de mode récentes (telles qu'Ideo, Veja, Seyes,...) développent actuellement des filières où les critères sociaux et environnementaux (coton cultivé suivant les normes de l'agriculture biologique) concernent à la fois la production du coton et les différentes étapes de sa transformation.
[modifier] Symbolique
- Les noces de coton symbolisent la première année de mariage dans le folklore français.
- Le coton est le 1er niveau dans la progression de la sarbacane sportive.
[modifier] Bibliographie
- Hauchart V., 2005. Culture du coton et dégradation des sols dans le Mouhoun (Burkina Faso), Thèse de géographie, GEGENA (EA3795), Université de Reims-Champagne-Ardenne, 428 p.
- Sément G., 1986. Le cotonnier en Afrique tropicale, Edition Maisonneuve-Larose, Paris, Coll. Le technicien de l'agriculture, 133 p.
- Anton Zischka, La guerre secrète pour le coton, Paris, 1934
- Erik Orsenna, Voyage aux pays du coton, Edition Fayard, 2006
[modifier] Notes et références
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens externes
- Le coton sur le site de la Division des produits et du commerce international de la FAO
- Un dossier très complet sur le coton publié sur le site de la CNUCED
- Petit historique sur le coton par un musée de la ville de Genève
- Le coton : historique, culture et traitement des fibres - site de l'Université Pierre et Marie Curie, Paris
- Le coton en Afrique de l'Ouest sur le site du Club du Sahel
- Informations sur le coton sur le site de la société française Dagris
- Informations sur la filature de coton par le site historique de la société française THIRIEZ & CARTIER-BRESSON