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Kurdistan - Wikipédia

Kurdistan

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Pour les articles homonymes, voir Kurdistan (homonymie).
Les zones majoritairement kurdes (en clair).
Les zones majoritairement kurdes (en clair).

Le Kurdistan (signifiant littéralement « Pays des Kurdes[1] » ; en kurde : Kurdewarî, anciennement transcrit Koordistan, Curdistan, Kurdie) est une région géographique et culturelle d'Asie occidentale, majoritairement peuplée par les Kurdes. Cette région s'étend actuellement aux confins montagneux au sud-est de la Turquie, au nord-est de l'Irak, au nord-ouest de l'Iran et sur deux petites régions au nord-est et au nord-ouest de la Syrie.

Sommaire

[modifier] Étymologie

La région du Kurdistan est connue par plusieurs termes apparentés au mot Kurde au cours de l'Antiquité. Les Sumériens l'appelaient Kur-a, Gutium ou encore le pays de Karda, les Élamites Kurdasu, les Akkadiens Kurtei, les Assyriens Kurti, les Babyloniens Qardu, les Grecs Carduchoi et les Romains Corduene.

La terminaison en -stan dans le mot Kurdistan est un suffixe utilisé par les langues iraniennes signifiant « pays de ». L'équivalent en kurde pour désigner la région est le terme Kurdewarî.

Une des premières apparitions du terme Kurdistan dans l'histoire est due au Sultan Sanjar. Ce roi seldjoukide crée en 1150 une province appelée Kurdistan[2]. Cette province était située entre l'Azerbaïdjan et le Lorestan; elle comprenait les régions de Hamedan, Dinavar, Kermanshah et Sinneh sur le flanc est des Zagros et s'étendait jusqu'à Kirkouk et à Khuftiyan, sur le Petit Zab[3].

Collines entourant le village de Kilaneh, à l'ouest de Sinne, capitale de la province iranienne du Kordestan.
Collines entourant le village de Kilaneh, à l'ouest de Sinne, capitale de la province iranienne du Kordestan.

[modifier] Géographie

Le Kurdistan est une région montagneuse et de hauts plateaux d'Asie centrale. Les estimations de la superficie du Kurdistan sont variées : l’Encyclopædia Britannica cite 191 660 km²[4], Jacques Leclerc parle de 350 000 km²[5] et l'observatoire franco-kurde de 500 000 km²[6]. Le territoire du Kurdistan s'étend de la Turquie à l'ouest jusqu'en Iran (golfe Persique) en passant par l'Irak et la Syrie, avec quelques îlots de peuplements kurdes en Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan, Turkménistan, Kirghizistan et Kazakhstan[5].

Les régions principales du Kurdistan se situent dans le nord de l'Irak (Kurdistan irakien), dans les monts Zagros à l'ouest de l'Iran (Kurdistan iranien), au sud-est de la Turquie ainsi qu'au nord-ouest et au nord-est de la Syrie. Les superficies des différentes parties du Kurdistan sont données par le tableau suivant :

Zones géographiques Superficie en km² Pourcentage du Kurdistan Pourcentage du pays de rattachement
Kurdistan du Nord (turc) 210 000 41,75 % 26,90 %
Kurdistan oriental (iranien) 195 000 38,77 % 11,83 %
Kurdistan du Sud (irakien) 83 000 16,5 % 18,86 %
Kurdistan occidental (syrien) 15 000 2,98 % 8,10 %
Total Kurdistan 503 000 100 %
Source : Office franco-kurde, 2001 [6]

[modifier] Topographie

Les chaînes des monts Taurus et des monts Zagros forment une sorte de colonne vertébrale du Kurdistan. Certains des sommets du Kurdistan sont très élevés : le mont Ararat culmine à 5 165 m, le Sipan atteint 3 500 m, le Nemroud Dagh 3 200 m et le mont Judi 2 000 m. Les neiges éternelles couvrent les sommets une bonne partie de l'année. La place des montagnes est telle au Kurdistan que des proverbes y font allusion.

C'est dans le Kurdistan que deux fleuves d'importance majeure au moyen-orient prennent leur source : le Tigre et l'Euphrate. De plus la région est parcourue de rivières qui sont des affluents de l'un ou l'autre de ces grands fleuves : le Petit Zab, le Grand Zab, le Diyala, etc. Ces rivières arrosent un certain nombre de vallées très fertiles.

Les forêts, malgré la destruction progressive dont elles sont l'objet, représentent toujours une superficie d'environ 160 000 km². Les essences principales sont : le chêne, le sapin et d'autres conifères en altitude, et les platanes, peupliers et saules dans le bas des vallées et au bord des rivières.

[modifier] Climat

Les températures annuelles moyennes au Kurdistan dépendent beaucoup de l'altitude. L'été peut être relativement chaud et humide dans les régions basses du sud, alors qu'il est frais dans les régions montagneuses. Ce contraste a été augmenté par la destruction progressive des forêts et la sur-exploitation des terres d'altitude[7]. Le climat dominant au Kurdistan est le climat continental, avec des influences méditerranéennes.

Les régions les plus froides sont situées au nord du Kurdistan, en Anatolie. Ces régions où la température annuelle moyenne est inférieure à 0°C constituent environ 5 % du territoire du Kurdistan. Les régions dont la température annuelle moyenne est entre 0 et 5°C sont situées dans le nord et le nord-ouest du Kurdistan, en Turquie, en Irak et en Iran. Ces régions représentent 15 % du territoire du Kurdistan. Le reste du Kurdistan du nord, ainsi que l'est du territoire, a des températures annuelles moyennes entre 5 et 10°C, et représente environ 20 % du Kurdistan. La zone où les températures annuelles moyennes sont comprises entre 10 et 15°C représente environ 40 % du Kurdistan, dans le sud et l'ouest du Kurdistan. La zone la plus chaude, où les températures annuelles moyennes sont comprises entre 15 et 20°C, est située à l'ouest du Kurdistan (Syrie et centre-ouest du Kurdistan irakien)[7].

Les précipitations ont lieu de novembre à avril. Les chutes de neige sont importantes sur les massifs montagneux (la neige est présente pendant sept mois de l'année dans les régions les plus froides). Dans les régions chaudes au sud et à l'ouest, ces précipitations ont lieu sous forme de pluie.

[modifier] Géographie humaine

La géographie humaine du Kurdistan est liée à l'histoire de la région. En effet, l'opposition entre l'empire Byzantin et les territoires musulmans a partagé le Kurdistan en deux parties au Moyen-âge : l'une sous influence byzantine, et l'autre sous influence musulmane. Par la suite, les frontières tracées par les Ottomans et les Persans au XVIe siècle divisent elles aussi le Kurdistan. Ces divisions sont encore existantes aujourd'hui[8]. On peut subdiviser le Kurdistan en 5 régions, divisions faites sur des bases historiques, socio-économiques, culturelles et politiques[8] :

  • le Kurdistan méridional, historiquement centré autour de Kermanshah
  • le Kurdistan central, centré sur Arbil
  • le Kurdistan oriental, centré sur Mahabad
  • le Kurdistan septentrional, centré sur Bayazid
  • le Kurdistan occidental, centré sur Diyarbakir.

Le Kurdistan méridional est aujourd'hui la dernière région où est parlé le dialecte Gurani. Le Kurmanci n'est parlé que par une petite minorité. C'est aussi un centre majeur pour la religion appelée Yârsânisme. Cette région est urbanisée, et ses habitants sont cosmopolites ; en effet, la région a fortement été en contact avec les Persans depuis 5 siècles.

Le Kurdistan oriental était lié au Kurdistan du sud jusqu'à récemment. Le Kurmanci du sud est maintenant la seule langue parlée dans cette région, et l'islam sunnite est la religion dominante. Une opposition assez forte existe entre la population urbaine (Sanandaj, Bijar, Marivan), assez ouverte, et la population des campagnes, encore fortement marquée par le nomadisme et le pastoralisme, qui est plutôt conservatrice[8].

Le Kurdistan central a historiquement toujours été tourné vers la Mésopotamie. Son territoire est le moins montagneux et le plus chaud de tout le Kurdistan. Cette région est elle-aussi plutôt urbaine et très liée à celle du Kurdistan méridional, puisque les deux régions ne faisaient qu'une seule avant la division opérée entre les Ottomans et les Persans. Même si l'islam sunnite est minoritaire, l'islam chiite, le Yârsânisme, l'Alévisme, le Yézidisme, le christianisme et le Judaïsme sont présents dans la région[9]. Tous les dialectes du Kurde sont parlés dans cette région, créant ainsi des liens entre cette région centrale et toutes les autres régions du Kurdistan.

Le Kurdistan occidental est physiquement isolé du reste du Kurdistan par les montagnes et le territoire peu hospitalier qui sépare le kurdistan occidental du Kurdistan du nord. Cette région est historiquement tournée vers le monde méditerranéen. Les locuteurs des dialectes Kurmanci du nord et Dimili sont également répartis[9], et les pratiques religieuses se divisent également entre les sunnites et les alévis.

Le Kurdistan septentrional est la région la plus inhospitalière du Kurdistan, autour du Lac de Van qui recouvre une grande partie de l'Arménie historique. En effet, cette région n'a été habitée par des kurdes que depuis la Première Guerre mondiale[9]. Les habitants de cette région sont centrés sur eux-mêmes et ont un fort sentiment tribal. La région, qui était au Moyen-âge une région importante par son agriculture et ses centres urbains à vocation commerciale, a été dévastée par cinq siècles de combats. Elle est aujourd'hui la moins développée en matière économique et technologique de tout le Kurdistan[9].

Les Kurdes sont aussi présents en nombre au Khorasan, dans l'est de l'Iran, à la suite de déportations menées par les souverains Safavides entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle. Cette enclave kurde s'étend jusqu'au Turkménistan, à proximité de sa capitale Achgabat.

[modifier] Géographie politique

Icône de détail Article détaillé : Kurdistan irakien.
Le président américain George W. Bush reçoit Massoud Barzani, le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien, dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche.
Le président américain George W. Bush reçoit Massoud Barzani, le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien, dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche.

Le Kurdistan iranien regroupe les provinces du Kordestan, et la plus grande partie du territoire des provinces d'Azerbaïdjan occidental, de Kermanshah et d'Ilam.

Le Kurdistan irakien est la seule entité au sein du Kurdistan qui a réussi à atteindre une certaine autonomie. Le Kurdistan irakien est divisé en 6 gouvernorats, dont plus de la moitié est sous contrôle du Gouvernement régional kurde[10]. Le Kurdistan syrien est situé au nord et au nord-est du pays, couvrant une partie de la province d'Al Hasakah ; les régions kurdes étant groupées autour des villes d'Al-Qamishli (ou Qamişlû en kurde) et d'Al Hasakah (ou Hesakah en kurde). Les régions kurdes en Syrie sont appelées Kurdistana Binxetê en kurde[11].


[modifier] Histoire

[modifier] Antiquité

Carte où apparaissent la Corduène et la Sophène vers 60 av. J.-C.
Carte où apparaissent la Corduène et la Sophène vers 60 av. J.-C.

La région montagneuse au sud et au sud-est du lac de Van, entre Perse et Mésopotamie, était en possession des Kurdes avant l'époque de Xénophon, et était connue sous le nom de « pays des Carduchi » par les Grecs (en grec Καρδούχοι), Cardyène ou Cordyène[12].

Au maximum de leur avancée au Proche-Orient, les Romains dominèrent des régions habitées par des Kurdes, particulièrement à l'ouest et au nord de ce qui deviendra le Kurdistan. Le royaume de Corduène était par exemple vassal de l'Empire romain entre 66 av. J.-C. et 384.

Certains des anciens territoires correspondant au Kurdistan actuel et leurs noms modernes sont donnés ci-après[13] :

  • Corduène ou Gordyène (Siirt, Bitlis et Şırnak)
  • Sophène (Amed ou Diyarbakır)
  • Zabdicène ou Bezabde (Gozarto d'Qardu ou Jazirat Ibn Umar ou Cizre)
  • Basenia (Bayazid)
  • Moxoène (Muş)
  • Nephercerta (Miyafarkin)
  • Artemita (Van)

[modifier] Période moderne

Territoires européens et méditerranéens aux environs de 1097
Territoires européens et méditerranéens aux environs de 1097

Dans la seconde moitié du Xe siècle, le Kurdistan était divisé en quatre grandes principautés kurdes. Dans le nord, les Chaddadites, (951-1174), à l'est, les Hasanwayhides (959-1015) et les Banû Annaz (990-1116) et à l'ouest les Marwanides (990-1096) de Diyarbakir. Ces principautés sont annexées par les peuples d'Asie centrale au cours de leurs conquêtes, et intégrées aux territoires contrôlés par les seldjoukides. Le sultan Sandjar, dernier grand souverain seldjoukide, crée en 1150 une province appelée Kurdistan, dont la capitale est Bahār, près de Hamadan. Cette province est située plutôt au sud du Kurdistan puisqu'elle englobe les territoires de Sindjar et Chehrizor à l'ouest des Zagros et d'Hamadan, Dinavar et Kermanshah à l'est de cette chaîne montagneuse.

Quelques années après la fondation de cette province, en 1171, Saladin, issu de la dynastie des Ayyoubides, d'origine kurde, renverse les califes fatimides et prend le pouvoir avec le titre de Sultan. Le Kurdistan perd alors toute particularité et est intégré au califat, englobant l'Égypte, la Syrie, le Kurdistan et le Yémen.

Après les invasions turco-mongoles, le Kurdistan retrouve une partie de son autonomie, mais n'est cependant pas un territoire uni. Le territoire habité par les kurdes est morcelé en une série de petits états appelés émirats. Une histoire de ces états, de leurs relations entre eux et avec leurs voisins persans et turcs est donnée dans le Sharafnāma du prince Charaf ad-Din Bitlisi, qui est considéré comme un travail historique de référence sur les kurdes.[14]

Les émirats étaient les suivants (liste non-exhaustive) : Baban, Soran, Badinan et Garmiyan dans ce qui est maintenant l'Iraq ; Bakran, Botan (ou Bokhtan) et Badlis en Turquie, et Mukriyan et Ardalan en Iran.

[modifier] Histoire contemporaine

En 1920, le traité de Sèvres prévoyait la création d'un État kurde sur les restes de l'Empire ottoman détruit, comme pour les autres peuples de la région. Mais par le traité de Lausanne de 1923, le Moyen-Orient est divisé en plusieurs pays qui ne prennent pas en compte le droit des Kurdes à disposer de leurs terres. Le Royaume-Uni et la France se voient confier des mandats sur les nouveaux États : sur l'Irak pour la première, la Syrie et le Liban pour la seconde. Les populations, notamment kurdes, ne tarderont pas à se révolter contre la nouvelle domination européenne.

Churchill, secrétaire à la Guerre au Royaume-Uni, fait raser par la Royal Air Force différents villes et villages kurdes. En 1925, une arme chimique, l'ypérite, est utilisée sur la ville kurde de Souleimaniye. Les deux tiers de la population sont atteints par les effets du gaz.

Juste après la seconde guerre mondiale, les kurdes d'Iran proclament une république kurde indépendante à Mahabad entre 1946 et 1947.

Cinquante ans plus tard, le 11 mars 1974, Saddam Hussein accorde une autonomie relative au Kurdistan, avec la « Loi pour l'autonomie dans l'aire du Kurdistan » qui stipule notamment que « la langue kurde doit être la langue officielle pour l'éducation des Kurdes ». Cette loi permet aussi l'élection d'un conseil législatif autonome qui contrôle son propre budget. Cependant 72 des 80 membres élus de ce conseil de la première session d'octobre 1974 ont été sélectionnés par Bagdad. En octobre 1977, la totalité du conseil est choisie par le régime.

Les relations avec les Kurdes d'Irak se dégradent considérablement par la suite. Le 16 avril 1987, Saddam Hussein lance un raid à l'arme chimique sur la vallée du Balisan. Au cours de l'opération « Anfal », 182 000 personnes périssent dans des bombardements chimiques[15]. En décembre 2005, une cour de La Haye a qualifié cette campagne de « génocide ». Le 24 juin 2007, le Tribunal pénal irakien a condamné Ali Hassan al Madjid, surnommé « Ali le chimique », et deux autres anciens hauts dignitaires du régime de Saddam Hussein, à la peine de mort par pendaison pour le génocide commis contre les Kurdes au cours de cette opération Anfal.

Au printemps 1991, à l'issue de la première guerre du Golfe, Saddam Hussein réprime séverement les populations kurdes (ainsi que les chiites).

Le Kurdistan est devenu depuis le début du siècle une zone de conflit intense impliquant les différents pays limitrophes, mais aussi les États-Unis depuis le début du conflit avec l'Irak en 1991. Cette situation a entraîné un accroissement de l'émigration kurde vers les pays de la région ou vers l'Europe. D'avril à juillet 1991, la France met en place l'opération « Libage », une mission humanitaire de l'armée française destinée à porter secours aux populations kurdes irakiennes qui se dirigeaient vers la Turquie.

[modifier] Démographie

La partie irakienne est peuplée par 4 ou 5 millions de Kurdes du Kurdistan d'Irak. La partie syrienne du Kurdistan est peuplée par environ 3 millions de Kurdes. La partie turque du Kurdistan serait peuplée par 12 à 25 millions de Kurdes selon les sources. En Iran, les Kurdes représentent 7 % de la population, et sont principalement concentrés au nord-ouest du pays.

Autres communautés en dehors du Kurdistan :

  • L'exode rural et un nomadisme saisonnier touchent les populations kurdes du Kurdistan à cause des conflits dans leur région.
  • Des Kurdes sont également présents en Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan, et au nord-est de l'Iran.
  • Trois millions de Kurdes auraient émigré en Europe.
  • D'autres communautés kurdes sont également présentes aux États-Unis, au Canada et en Australie.

[modifier] Le nationalisme kurde

Drapeau du Kurdistan
Drapeau du Kurdistan

Le nationalisme kurde existe et reste vivace. Les revendications à l'autonomie des Kurdes ont été modelées par l'histoire du Kurdistan et des Kurdes. C'est seulement après la première guerre mondiale que prend forme l'idée d'un grand Kurdistan indépendant, et les moyens pour atteindre cet objectif oscilleront par la suite entre la diplomatie et l'insurrection[16].


[modifier] En Turquie

À la création de la République turque en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, les autorités interdisent la langue et les noms de famille kurdes. Parler la langue kurde est un crime qui est puni d'une peine de prison [réf. nécessaire]. Le mot « kurde » lui-même est interdit et les Kurdes sont désignés par l'expression « Turcs des montagnes » par des politiciens[17]. Face à cette négation du fait kurde et de l'identité kurde, les Kurdes se sont soulevés à plusieurs reprises. Les soulèvements ont été violemment réprimés par l'armée turque[réf. nécessaire].

Le dernier soulèvement en date contre la Turquie est le fait du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ce soulèvement qui prend la forme d'une guérilla débute en 1984. Depuis l'arrestation et la condamnation de prison à perpétuité du chef du PKK, Abdullah Öcalan, surnommé Apo par les kurdes signifiant oncle, en 1999 au Kenya, les affrontements ont diminué d'intensité, avec notamment le repli des troupes du PKK vers le Kurdistan de l'Est (ou Kurdistan iranien) et le Kurdistan du Sud (Kurdistan irakien). Au total, la guerre a fait plus de 37 000 morts dans la région[18].

La transformation du PKK en Congrès pour la liberté et la démocratie au Kurdistan et l'arrêt de la lutte armée sont parallèles au processus de démocratisation enclenché en Turquie dans le but d'adhérer à l'Union européenne[réf. nécessaire]. Bien que l'état d'urgence ait été levé au Kurdistan, la situation des Kurdes n'a pas beaucoup évolué[réf. nécessaire]. Des dizaines de milliers de militants kurdes sont en prison[réf. nécessaire]. Les milliers de déplacés lors de la répression des années 1990 ne sont pas autorisés à regagner leurs villages. Les assassinats politiques et les exécutions sommaires de militants ou de civils kurdes se poursuivent[réf. nécessaire]. L'existence du peuple kurde n'est toujours pas reconnue par la Constitution turque[réf. nécessaire]. En effet, la loi turque prévoit simplement l'enseignement des « dialectes » turcs en cours privé du soir pour adultes[réf. nécessaire].

Selon les autorités turques, il y aurait environ 15 millions de kurdes au sud-est de la Turquie. Selon d'autres sources, les Kurdes de Turquie constituent la moitié des Kurdes du moyen-orient, soit 25 à 30 millions d'individus.

[modifier] En Irak

Icône de détail Article détaillé : Kurdistan irakien.

Les Kurdes ont connu des massacres et des crimes de masse (par exemple la répression après le traité d'Alger et Halabja 5 000 morts en seulement quelques minutes)[réf. nécessaire]. Mais c'est aussi dans ce même Irak de Hussein que la langue kurde est officialisée et la région du Kurdistan irakien accéde à l'autonomie[10], en d'autres termes la survie de la nation kurde et l'augmentation croissante d'une manière générale d'une conscience nationale chez les Kurdes (de Turquie, d'Iran et de Syrie) sont dues en partie au Kurdistan du Sud[réf. nécessaire].

  • Le régime de Saddam Hussein a commis de nombreux massacres parmi les Kurdes d'Irak (certaines estimations avancent le chiffre d'un million de morts sur les 5 millions de kurdes[réf. nécessaire]), essentiellement dans le nord du pays. La coalition américano-britannique a trouvé 259 charniers contenant quelque 300 000 corps de personnes exécutées par le régime baasiste[réf. nécessaire]. Le 13 décembre 2004 a été découverte une fosse contenant près de 500 cadavres, dont ceux de femmes et d'enfants, dans les environs de Souleimaniye[réf. nécessaire].
  • En 1988, Hussein utilise des armes chimiques contre la ville d'Halabja dont beaucoup de victimes étaient des femmes et des enfants[réf. nécessaire].
  • Après avoir été victimes de répressions par le régime baassiste, les Kurdes obtiennent une autonomie de fait lors de la Guerre du Golfe de 1991 sur une faible partie de leurs terres originelles. En mars 1991, une insurrection renverse le régime baasiste. Durant trois semaines, la région est dirigée par des conseils ouvriers (chouras) de districts et d'usine, dans lesquels les communistes jouent un rôle important. À l'annonce du retour des troupes irakiennes, la population des villes s'enfuit dans les montagnes, facilitant la reprise du pouvoir par les peshmergas (PDK et UPK). Les conseils ouvriers sont progressivement repris en main, puis dissous.

Deux régions autonomes se constituent alors en un état fédéré en août 1992 grâce à la protection aérienne des États-Unis et du Royaume-Uni :

Suite au renversement du régime de Saddam Hussein par une coalition d'États conduite par les États-Unis d'Amérique, des élections ont lieu sur l'ensemble du territoire irakien. Les votes dans le nord de l'Irak vont à plus de 95 % à la coalition formée par les deux grands partis kurdes en Irak. Le kurde Jalal Talabani est devenu le premier président de l'Irak post-Hussein. Un accord d'unification entre les deux administrations est signé le 16 janvier 2006. Ensuite, le 7 mai 2006 un Gouvernement régional du Kurdistan est inauguré. Il a pour Premier ministre Nechirvan Idris Barzani. En vertu de la constitution iraquienne, ce gouvernement a une autonomie législative sur son territoire au niveau de certaines compétences qui lui sont accordées au sein d'un Irak fédéral.

Les deux plus grandes villes du Kurdistan irakien de Mossoul et Kirkouk, à forte population kurde, sont cependant laissées en dehors de cet « État fédéré », jusqu'à ce qu'un recensement et des élections soient organisés par le gouvernement Irakien[réf. nécessaire]. Les populations des tribus arabes sunnites implantées par Saddam Hussein s'inquiètent depuis 2003 d'être obligées de rendre les terres aux Kurdes et de voir leurs villes incluses dans un Kurdistan autonome[réf. nécessaire].

Les autorités turques sont très réticentes à voir le Kurdistan irakien trop indépendant car elles craignent les réactions des indépendantistes kurdes de Turquie. Ainsi, elles entretienent un contre-feu en soutenant la minorité turcomane du nord de l'Irak[réf. nécessaire].

Depuis 2005, la région du Kurdistan irakien est devenu une terre d'accueil pour des irakiens fuyant la violence. Actuellement, l'Irak est le seul pays dans lequel une autonomie a été acquise par les Kurdes.

[modifier] En Iran

En Iran, les régions kurdes de l'Ouest et du Nord-est sont surveillées par l'armée et des Kurdes sont en prison pour des raisons politiques[réf. nécessaire]. Cependant, la langue kurde est officiellement reconnue et au Parlement siègent des députés kurdes. Contrairement à la Turquie, il n'existe pas de phobie à l'égard des mots kurdes et du Kurdistan. Pour exemple, les journaux peuvent publier en langue Kurde, écrite avec l'alphabet arabo-persan. Il existe une région iranienne portant le nom de Kurdistan (Kordestan en persan). La ville de Mahabad fut la capitale de la République de Mahabad en 1946.

[modifier] En Syrie

La partie syrienne du Kurdistan est sous contrôle de l'armée et il est à signaler que pour la première fois des soulèvements très importants se sont produits en 2004 et 2005 qui ont donné lieu à de lourds affrontements, avec la police et les forces armées syriennes, durement réprimés[réf. nécessaire]. La situation des Kurdes du Kurdistan syrien est sans aucun doute la pire par rapport aux autres parties du Kurdistan, puisque même la nationalité syrienne est encore refusée à près de 200 000 Kurdes syriens, ceci étant une politique délibérée de ségrégation à l'égard des Kurdes par le régime syrien[réf. nécessaire].

[modifier] En exil

Depuis 1995 un parlement en exil a été mis en place. Yasar Kaya a été élu président du parlement kurde en exil le 12 avril 1995.

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. (en) Article « Kurdistan », Encyclopaedia Britannica
  2. (fr) Kendal Nezan, « La genèse du nationalisme kurde », Institut Kurde de Paris, 2000
  3. (en) Kurdistan, Encyclopaedia of Islam.
  4. (en) « Kurdistan » in Encyclopaedia Britannica
  5. ab (fr) Jacques Leclerc, « Kurdistan » sur le site de l'aménagement linguistique dans le Monde, Université Laval
  6. ab (fr) « Étude économique du Kurdistan iraquien » , Observatoire franco-kurde, 2001
  7. ab Izady, p. 16
  8. abc Izady, p.8
  9. abcd Izady, p.11
  10. ab Constitution irakienne, article 113, alinéa 1
  11. (en) Syria, World Factbook, CIA
  12. (en) George Rawlinson, The seven great monarchs of the ancient world, ch. 6 lire en ligne
  13. (en) J. Bell, A System of Geography. Popular and Scientific (A Physical, Political, and Statistical Account of the World and Its Various Divisions), pp.133-134, Vol.IV, Fullarton & Co., Glasgow, 1832.
  14. (en) Sharafnamah, Sharaf al-Din Bitlisi, a parallel english-persian text, Tr. Mehrdad R. Izady, 250 p. (ISBN 1-56859-074-1)
  15. « La justice irakienne rend son verdict sur le massacre des Kurdes en 1988 », dans Le Monde du 24-06-2007, [lire en ligne]
  16. Bois, p. 145
  17. Turquie: question kurde
  18. « Le Kurdistan turc secoué par de violentes émeutes », Le Monde, 31 mars 2006.

[modifier] Sources

[modifier] Pour aller plus loin

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Les kurdes et leur Histoire, Sabri CIGERLI, edition l'Harmattan, 1999.
  • Les Réfugiés Kurdes d'Irak en Turquie (Gaz, Exode, Camps), Sabri CIGERLI, l'Harmattan, 1998
  • Öcalan et le PKK, Les mutations de la question Kurde, Sabri CIGERLI et Didier Le Saout, edition Maisonneuve et Larose, 2005.
  • (en) La géographie politique du Kurdistan, Carl Dahlman, 2002
  • Les Kurdes, Basile Nikitine, Introuvable, 1975.
  • Les Kurdes aujourd'hui : mouvement national et partis politiques, L'Harmattan, 1984
  • Génocide en Irak : la campagne d'Anfal contre les Kurdes, Middle-East Watch (HRW), Karthala, 2003.
  • Le Livre noir de Saddam Hussein, Kutschera Chris( dir.), OH éditions, 2005.
  • François Balsan, Les surprises du Kurdistan, Coll. Voyages et Aventures, Paris, J. Susse, 1944.

[modifier] Liens externes


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