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Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord - Wikipédia

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord

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Talleyrand, par Pierre-Paul Prud'hon (détail)« Son regard est tout ce qu'il y a de plus insondable. Son regard repose dans et sur lui »
Talleyrand, par Pierre-Paul Prud'hon (détail)
« Son regard est tout ce qu'il y a de plus insondable. Son regard repose dans et sur lui »[1]

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, communément nommé Talleyrand, est un homme politique et diplomate français, né le 2 février 1754 à Paris, mort dans cette même ville le 17 mai 1838.

Aîné d'une famille de la haute noblesse, boiteux, il est orienté vers la carrière ecclésiastique à la suite de son oncle, l'archevêque de Reims. Il devient prêtre puis évêque d'Autun. Abandonnant le clergé pendant la Révolution, il mène une vie laïque ; il ira jusqu'à se marier. Occupant des postes de pouvoir politique durant la majeure partie de sa vie, il est agent général du clergé sous l'Ancien Régime, député et ambassadeur pendant la Révolution française, ministre des Relations extérieures sous le Directoire, ministre des Affaires étrangères sous le Consulat puis sous le Premier Empire, ambassadeur et président du Conseil des ministres sous la Restauration, ambassadeur sous la Monarchie de Juillet, et assiste à quatre couronnements[2].

Agissant la plupart du temps comme un homme d'influence, diplomate ou conseiller, il est réputé pour son esprit et son intelligence, menant une vie entre l'Ancien Régime et le XIXe siècle. Décrit comme le « diable boiteux », un traître plein de vices et de corruption, ou comme un homme des Lumières fidèle à la France, soucieux d'harmonie et de raison, admiré ou détesté par ses contemporains, il suscite de nombreux portraits et commentaires posthumes.

Sommaire

[modifier] Origine et jeunesse

Les sources d'informations les plus exploitées sur son enfance sont les mémoires de Talleyrand ; la version donnée par celui-ci est cependant contestée par une partie des historiens.

Blason de Périgord (« De gueules aux trois lionceaux d'or armés, lampassés et couronnés d'azur. »)
Blason de Périgord (« De gueules aux trois lionceaux d'or armés, lampassés et couronnés d'azur. »)

Sa famille, les Talleyrand-Périgord, affirme descendre de Vulgrin Ier, nommé comte de Périgord et d'Angoulême au IXe siècle par Charles le Chauve, et d'Adalbert, comte de Périgord, partisan et vassal d'Hugues Capet en 990[3], par l'alliance avec la famille des Grignols, même si le titre de Périgord utilisé par celle-ci est contesté[4]. Dans tous les cas, il est issu d'une famille de la haute noblesse, ce qui est attesté par lettres patentes royales de 1475, 1613, 1688 et 1735[3]. Ses parents, Charles-Daniel, comte de Talleyrand-Périgord, et Alexandrine de Damas d'Autigny, occupent des charges importantes durant le règne de Louis XV, mais sont membres de la branche cadette de la famille, et sont peu argentés au vu de leur rang[5]. Il est le neveu d'Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord (1736-1821), archevêque de Reims, cardinal et archevêque de Paris.

Icône de détail Article connexe : Famille de Talleyrand-Périgord.

Né le 2 février 1754 au numéro 4 de la rue Garancière à Paris, il est baptisé le même jour, ayant son oncle Alexandre pour parrain[6].

Selon la version donnée par les mémoires, il est immédiatement remis à une nourrice qui le garde quatre ans chez elle dans le faubourg Saint-Jacques, ce qui n'est pas le cas de ses frères. Toujours selon l'intéressé, il aurait été victime d'une chute à l'âge de quatre ans  : cette infirmité lui vaut de ne pas pouvoir accéder aux fonctions militaires et d'être destitué de son droit d'aînesse par ses parents qui le destinent alors à une carrière ecclésiastique. Son frère cadet Archambaut prend sa place (l'aîné des fils étant mort en bas âge).

Dans ses mémoires, Talleyrand « évoque ses parents avec une surprenante antipathie », selon Franz Blei[7] :

« Cet accident a influé sur tout le reste de ma vie ; c'est lui qui, ayant persuadé à mes parents que je ne pouvais être militaire, ou du moins l'être sans désavantage, les a portés à me diriger vers une autre profession. Cela leur parut plus favorable à l'avancement de la famille. Car dans les grandes maisons, c'était la famille que l'on aimait, bien plus que les individus, et surtout que les jeunes individus que l'on ne connaissait pas encore. Je n'aime point m'arrêter sur cette idée… je la quitte. »
    — Mémoires de Talleyrand[8]

La plupart des biographes, comme Jean Orieux, donnent raison à Talleyrand, qui laisse entendre que ses parents ne l'aimaient pas, ne tolérant pas qu'il fût « simultanément pied bot et Talleyrand »[9].

Sa relégation au profit de son frère — qui effectue un splendide mariage avec une riche héritière issue de la noblesse de robe[10] — peut expliquer pourquoi, lors d'un hommage en l'honneur de Mirabeau le jour de sa mort, rendu à la tribune de l'Assemblée, Talleyrand choisit de discourir sur l'égalité de répartition des patrimoines et donc la suppression du droit d'aînesse.

Après avoir séjourné de 1758 à 1761 chez sa bisaïeule et « femme délicieuse » Marie-Françoise de Rochechouart, au château de Chalais — séjour dont il garde un souvenir ému, il est envoyé au collège d'Harcourt (futur Lycée Saint-Louis) de 1762 à 1769 puis chez son oncle archevêque, où on l'incite à embrasser la carrière ecclésiastique ; il obtempère.

Cette version de son enfance est contestée par plusieurs biographes. Si Michel Poniatowski parle d'un pied bot de naissance, Emmanuel de Waresquiel va plus loin et affirme que Talleyrand souffre d'une maladie congénitale (un de ses oncles en étant affecté) et du syndrome de Marfan[11]. Toujours selon Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand est devenu prêtre non pas à cause d'un manque d'affection de ses parents mais de la volonté de le placer dans la succession du richissime et puissant archevêché de Reims détenu par son oncle (perspective susceptible de vaincre ses réticences), son âge le plaçant comme le seul en mesure de le faire entre les frères[12]. Ainsi, Talleyrand n'aurait blâmé ses parents que dans le contexte de la rédaction de ses mémoires où il devait faire apparaître sa prêtrise comme ayant été contrainte[13].

Ainsi, pour Franz Blei (comme pour Emmanuel de Waresquiel), s'il est exact qu'il « n'a pas eu de maison paternelle pleine de sécurité et d'affection », il se montre injuste envers sa mère, qui n'a fait que suivre les usages d'éducation de l'époque, avant la mode de l’Émile de Jean-Jacques Rousseau[14] ; ses parents avaient aussi des charges très prenantes à la cour.

[modifier] Carrière ecclésiastique

Talleyrand, gravure d'après le portrait de François Gérard
Talleyrand, gravure d'après le portrait de François Gérard

En 1769, âgé de quinze ans, il entre au séminaire Saint-Sulpice, où, selon ses mémoires, il fait preuve de mauvaise humeur et se retranche dans la solitude.

Le 28 mai 1774, il reçoit les ordres mineurs. Le 22 septembre 1774, il obtient un baccalauréat en théologie à la Sorbonne, acquis grâce à sa naissance plutôt qu'à son travail : son directeur de thèse de la Sorbonne, Charles Mannay, rédige sa thèse[15], au moins en partie ; il obtient une dispense d'âge qui lui permet de la présenter à 20 ans au lieu des 22 requis. À 21 ans, le 1er avril 1775, il reçoit les premiers ordres, en dépit de ses avertissements. « On me force à être ecclésiastique, on s'en repentira[16] », fait-il savoir. Peu après, le 3 mai, il devient chanoine de la cathédrale de Reims, puis le 3 octobre abbé commendataire de Saint-Denis de Reims, ce qui lui assure un revenu confortable[17].

Le 11 juin 1775, il assiste au sacre de Louis XVI, auquel participe son parrain comme coadjuteur de l'évêque consécrateur. Au printemps 1778, il rend visite à Voltaire, qui le bénit devant l'assistance[18]. Le 18 décembre 1779, au matin de son ordination, son ami Auguste de Choiseul-Gouffier raconte (l'anecdote est une invention, d'après Emmanuel de Waresquiel[19]) l'avoir découvert prostré et en pleurs. Ce dernier insiste pour qu'il renonce mais Talleyrand lui répond : « Non, il est trop tard, il n'y a plus à reculer. »[20] Aucun membre de sa famille n'est présent pour l'ordination, mais ses parents assistent à sa première messe. Il a 26 ans.

L'année suivante, au printemps 1780, il devient, grâce à son oncle, agent général du clergé de France ; il est chargé de défendre les biens de l'Église face aux besoins d'argent de Louis XVI. Grâce à cette fonction, il s'initie aux affaires et à la diplomatie, prend connaissance de l'étendue de la richesse du clergé et noue de nombreuses relations parmi les hommes d'influence de l'époque. Ayant géré la colère du bas-clergé en maniant la carotte et le bâton et étant intervenu durant la crise de la Caisse d'escompte de 1783[21], il est félicité par ses pairs à l'occasion de son rapport final à l'assemblée générale de septembre 1785, alors qu'il leur a fait accepter en 1782 un « don gratuit » au roi de plus de 15 millions de livres pour couper court aux menaces de confiscation venant de la couronne[22].

Il fréquente et anime les salons libéraux proches des Orléans et noue de nombreuses relations. Installé rue de Bellechasse, il a pour voisin Mirabeau : les deux hommes se lient d'amitié, de politique et d'affaires. Il est alors proche de Charles Alexandre de Calonne, ministre impopulaire de Louis XVI[23] ; il participe à la négociation du traité de commerce avec la Grande-Bretagne conclu en 1786[24] et fait partie des rédacteurs du plan de Calonne pour réformer complètement les finances du royaume et qui reste à l'état de projet en raison de la crise financière et du départ du ministre[25].

À cause de sa vie dissolue (son goût pour le jeu et le luxe, ses maîtresses) qui choque le roi (Emmanuel de Waresquiel conteste ce point[26]) ou à cause de ses amitiés orléanistes hostiles au clan de la reine et la perte d'influence de sa famille[27], il est déçu dans ses espoirs d'obtenir un évêché alors que croissent ses besoins d'argent[28] et que son ancien poste d'Agent général aurait dû le propulser rapidement à cette position[29].

Le 2 novembre 1788, il est nommé évêque d'Autun, grâce à la requête que son père mourant a adressée à Louis XVI. « Cela le corrigera », aurait déclaré le roi en signant la nomination. Il est sacré le 14 janvier 1789 par Mgr de Grimaldi, évêque de Noyon[30]. Ernest Renan raconte, parlant d’un des ses professeurs à Saint-Sulpice :

« M. Hugon avait servi d'acolyte au sacre de M. de Talleyrand à la chapelle d'Issy, en 1788. Il paraît que, pendant la cérémonie, la tenue de l'abbé de Périgord fut des plus inconvenantes. M. Hugon racontait qu'il s'accusa, le samedi suivant, en confession, “d'avoir formé des jugements téméraires sur la piété d'un saint évêque.” »
    — Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse

Trois semaines plus tard, élu député du clergé aux états généraux de 1789, Talleyrand quitte définitivement la ville d'Autun.

[modifier] Révolution

[modifier] Constituante

Durant les états généraux, il se rallie au tiers état ; le 14 juillet 1789 (renouvelé le 15 septembre), Talleyrand est le premier membre nommé au comité de constitution de l'Assemblée nationale, où il joue un rôle très important. Il est d'ailleurs signataire de la Constitution présentée au roi et acceptée par celui-ci le 14 septembre 1791 ; il est l'auteur de l'article VI de la déclaration des droits de l'Homme, qui lui sert de préambule :

« La loi est l'expression de la volonté générale. […] Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse.  »
    — Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789[31]

Le 10 octobre 1789, il propose à l'Assemblée constituante d'utiliser « les grands moyens » pour renflouer les caisses de l'État : la confiscation des biens de l'Église. Selon lui :

« Le clergé n'est pas propriétaire à l'instar des autres propriétaires puisque les biens dont il jouit et dont il ne peut disposer ont été donnés non pour l'intérêt des personnes mais pour le service des fonctions.[32] »

Défendu par Mirabeau, le projet est voté le 2 novembre. Talleyrand devient pour une partie du clergé celui qui a trahi son ordre, d'autant que son ancien poste d'Agent général brillant le rend d'autant plus détestable à ceux pour qui il est « l'apostat »[33]. Le 4 décembre 1789, il propose d'accorder le statut de citoyen aux juifs. Le 16 février 1790, il est élu président de l'Assemblée avec 373 voix contre 125 à Siéyès. Alors que la Constitution va être adoptée, Talleyrand et les royalistes constitutionnels sont alors à l'apogée de leur influence sur la Révolution[34].

Talleyrand propose à l'Assemblée constituante le 7 juin 1790 le principe d'une fête célébrant l'unanimité des Français. Le roi le nomme, et, le 14 juillet 1790, il célèbre la messe qui a lieu sur le Champ de Mars lors de la fête de la Fédération. Comme il n'a eu l'occasion de célébrer la messe qu'une poignée de fois (dont sa première en tant que prêtre et sa première en tant qu'évêque), Mirabeau, qui a suivi la messe du temps où il était en prison, le guide dans ses répétitions[35]. La cérémonie a lieu devant 300 000 personnes. C'est en cette occasion que Talleyrand aurait dit à La Fayette : « Par pitié, ne me faîtes pas rire », mot probablement apocryphe[réf. nécessaire].

Le 12 décembre 1790, il propose l'adoption du système d'unification des mesures.

Le 28 décembre 1790, il prête serment à la constitution civile du clergé puis démissionne de sa charge épiscopale. Il est chargé de sacrer les deux premiers évêques constitutionnels (Expilly, évêque du Finistère, et Marolles, évêque de l'Aisne[36]) puis quatorze autres[37], aussi appelés « talleyrandistes ». Le 10 mars, dans le bref Quod aliquantum du 10 mars 1791, puis Caritas du 13 avril 1791, le pape Pie VI exprime sa douleur devant cet acte schismatique et prend en compte la démission de Talleyrand de sa charge[38].

Durant l'année 1791, aidé de Pierre-Simon Laplace, Gaspard Monge, Nicolas de Condorcet, Antoine Lavoisier, Félix Vicq d'Azyr, Jean-François de La Harpe, etc.[39], il rédige un important rapport sur l'instruction publique, « avec la plus entière gratuité parce qu'elle est nécessaire à tous »[40]. L'une des conséquence de ce rapport est la création de l'Institut de France, à la tête d'un système éducatif destiné à toutes les couches de la société, embryon de l'Éducation nationale.

Au début de l'année 1792, Talleyrand est envoyé en mission diplomatique à Londres. Il y retourne avec François Bernard Chauvelin afin de rassurer la monarchie britannique sur la politique française. En dépit de l'atmosphère hostile, ils obtiennent la neutralité des Britanniques le 25 mai[41]. Il rentre à Paris le 5 juillet.

[modifier] Exil

Anticipant la Terreur, il repart rapidement pour Londres muni d'un ordre de mission arraché le 7 septembre à Danton (après un mois de demandes[42]), sous le prétexte de travailler à l'extension du système de poids et de mesures, ce qui lui permet de prétendre qu'il n'a pas émigré : « Mon véritable but était de sortir de France, où il me paraissait inutile et même dangereux pour moi de rester, mais d'où je ne voulais sortir qu'avec un passeport régulier, de manière à ne m'en pas fermer les portes pour toujours »[43].

Le 5 décembre, un décret d'accusation est porté contre le « ci-devant évêque d'Autun » après l'ouverture de l'armoire de fer qui révèle les liens entre lui, Mirabeau et la famille royale[44] ; se gardant bien de revenir en France, Talleyrand est porté sur la liste des émigrés.

Expulsé de Grande-Bretagne en 1794 (l’alien bill ou « loi sur les étrangers », lui est appliquée en janvier de cette année), où il souffrait à la fois du manque d'argent et de la haine des émigrés, il se réfugie aux États-Unis, où il exerce les métiers de prospecteur immobilier dans les forêts du Massachusetts, puis de courtier en marchandises.

Il rentre en septembre de l'an IV (1796) à la suite de la levée du décret d'accusation de la Convention à son encontre, Marie-Joseph Chénier[45] ayant fait un discours en ce sens (avec l'appui de Germaine de Staël avec qui Talleyrand correspond[46] et son amant Benjamin Constant). Il est rayé de la liste des émigrés et retrouve la France du tout jeune Directoire.

[modifier] Directoire

Peu après son arrivée, Talleyrand entre à l'Institut de France (il avait été élu à l'Académie des Sciences morales et politiques avant même son départ des États-Unis, le 14 décembre 1795) et publie deux essais sur la nouvelle situation internationale, fondés sur ses voyages hors de France. Il entre au Cercle constitutionnel, républicain, en dépit de ses amitiés orléanistes et de l'hostilité des conventionnels, qui voient en lui un contre-révolutionnaire[47].

Le 17 juillet 1797, Mme de Staël — dont il est l'amant[48] — intercède en sa faveur auprès du plus influent des cinq directeurs, Barras. Ce dernier, séduit par Talleyrand (Talleyrand affirme l'avoir rencontré alors qu'il est bouleversé par la mort de son aide de camp[49],[50]), lui obtient, en dépit de l'hostilité d'une partie des directeurs, le ministère des Relations extérieures, en remplacement de Charles Delacroix, nommé ambassadeur auprès de la République batave.

Lors de sa nomination, Talleyrand aurait dit à Benjamin Constant : « Nous tenons la place, il faut y faire une fortune immense, une immense fortune »[51],[52]. De fait, et dès cet instant, il prend l'habitude de recevoir d'importantes sommes d'argent de l'ensemble des États étrangers avec lesquels il traite.

« M. de Talleyrand évaluait lui-même à soixante millions ce qu'il pouvait avoir reçu en tout des puissances grandes ou petites dans sa carrière diplomatique. »
    — Charles Augustin Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis[53]

Dès sa nomination, Talleyrand écrit à Napoléon Bonaparte :

« J'ai l'honneur de vous annoncer, général, que le Directoire exécutif m'a nommé ministre des Relations extérieures. Justement effrayé des fonctions dont je sens la périlleuse importance, j'ai besoin de me rassurer par le sentiment de ce que votre gloire doit apporter de moyens et de facilité dans les négociations. Le nom seul de Bonaparte est un auxiliaire qui doit tout aplanir. Je m'empresserai de vous faire parvenir toutes les vues que le Directoire me chargera de vous transmettre, et la renommée, qui est votre organe ordinaire, me ravira souvent le bonheur de lui apprendre la manière dont vous les aurez remplies. »
    — Lettre de Talleyrand à Napoléon Bonaparte[54]

Séduit par le personnage, Bonaparte écrit au Directoire pour lui signifier que le choix de Talleyrand « fait honneur à son discernement »[55]. Une importante correspondance suit. En réalité, Bonaparte n'en fait qu'à sa tête en Italie : le traité de Campo-Formio est signé le 17 octobre 1797 et Talleyrand le félicite. Les deux hommes se rencontrent alors que Bonaparte revient couvert de gloire de la campagne d'Italie. Le 3 janvier 1798, Talleyrand donne une fête somptueuse en son honneur, en l'hôtel de Galliffet, où est installé le ministère. Il soutient l'expédition d'Égypte, tout en refusant de s'y impliquer activement, ne se rendant pas comme convenu avec Bonaparte à Constantinople, provoquant la colère de ce dernier[56].

Le Directoire, qui se méfie de Talleyrand, traite lui-même les affaires importantes et l'utilise comme un exécutant. La politique de Talleyrand, qui parfois va à l'encontre même de celle des directeurs, a pour but de rassurer les États européens et d'obtenir l'équilibre et la paix ; il fait part de ses réserves sur la politique de « libération » des pays conquis[57]. Il prend possession de l'administration des Affaires étrangères, qu'il garnit d'hommes travailleurs, discrets et fidèles, même si c'est le Directoire qui choisit les ambassadeurs.

Il prend des contacts avec Emmanuel-Joseph Sieyès et divers généraux (Joubert, lequel meurt à ce moment, Brune, puis Bonaparte lorsqu'il s'échappe d'Égypte) dans l'optique du renversement du Directoire[58]. Le 13 juillet 1799, suite à plusieurs scandales, il démissionne du ministère. Il se consacre à la préparation du coup d'État du 18 brumaire (9 novembre 1799) en conspirant contre le Directoire avec Napoléon Bonaparte et Emmanuel-Joseph Sieyès.

[modifier] Période napoléonienne

[modifier] Consulat

« La destruction des canonnières françaises » ou « le petit Boney et son ami Talley dans une grande joie », caricature britannique montrant Napoléon, assis sur l'épaule de « Talley », scrutant joyeusement (à travers un grand document roulé en longue-vue nommé « le plan de Talleyrand pour envahir la Grande-Bretagne ») la Manche, où la flotte française se fait détruire par les obus des navires britanniques.
« La destruction des canonnières françaises » ou « le petit Boney et son ami Talley dans une grande joie », caricature britannique montrant Napoléon, assis sur l'épaule de « Talley », scrutant joyeusement (à travers un grand document roulé en longue-vue nommé « le plan de Talleyrand pour envahir la Grande-Bretagne ») la Manche, où la flotte française se fait détruire par les obus des navires britanniques.

Après le coup d'État, il retrouve son rôle de ministre face aux cours d'Europe, peu mécontentes de la fin du Directoire. Bonaparte et Talleyrand s'accordent sur le fait que les affaires étrangères relèvent du domaine exclusif du Premier Consul : le ministre ne rend compte qu'à Bonaparte. Ce dernier accède aux vues de Talleyrand et écrit amicalement au roi de Grande-Bretagne, puis à l'empereur d'Autriche, qui refusent de façon prévisible les propositions de réconciliation, sans même accuser réception des lettres[59]. Le tsar de Russie Paul Ier se montre plus favorable (un traité est négocié et signé) mais il est assassiné en 1801, remplacé par Alexandre Ier.

Les traités de Mortefontaine (pacification des relations avec les États-Unis) et de Lunéville (paix avec l'Autriche vaincue à Marengo) ainsi que la paix d'Amiens (paix avec le Royaume-Uni et l'Espagne) sont négociés principalement par Napoléon et Joseph Bonaparte : « Le Premier Consul a tout fait, tout rédigé »[60]. Même s'il désapprouve la méthode brutale de négociation, Talleyrand approuve la paix générale. Il manœuvre les Italiens afin qu'ils élisent Bonaparte président de la République italienne[61]. Les espoirs du ministre sont cependant déçus :

« La paix d'Amiens était à peine conclue, que la modération commença à abandonner Bonaparte ; cette paix n'avait pas encore reçu sa complète exécution, qu'il jetait déjà les semences de nouvelles guerres qui devaient après avoir accablé l'Europe et la France, le conduire lui-même à sa ruine. »
    — Mémoires de Talleyrand[62]

Le Sacre de Napoléon, de Jacques-Louis David. Talleyrand est au numéro 11
Le Sacre de Napoléon, de Jacques-Louis David. Talleyrand est au numéro 11
Talleyrand, détail du Sacre de Napoléon
Talleyrand, détail du Sacre de Napoléon

La même année, il achète le château de Valençay, encore sur injonction de Bonaparte, et avec son aide financière[63]. Le domaine s'étend sur environ 120 km2, ce qui en fait l'une des plus grandes propriétés privées de l'époque. Talleyrand y séjourne régulièrement, en particulier avant et après ses cures thermales à Bourbon-l'Archambault.

En 1804, face à l'augmentation du nombre d'attentats perpétrés par des royalistes contre Bonaparte, Talleyrand joue un rôle dans l'exécution du duc d'Enghien, dont l'importance suscitera un débat durant la Restauration suite à des accusations de Savary : pour Chateaubriand, Talleyrand « inspira le crime »[64]. Le 21 mars, alors que l'arrestation du duc est inconnue, Talleyrand déclare à l'assistance, à deux heures du matin : « Le dernier Condé a cessé d'exister »[65]. Dans ses mémoires, Bonaparte indique que « c'est Talleyrand qui [l]'a décidé à arrêter le duc d'Enghien ». Bonaparte revendique cependant l'exécution comme sa décision personnelle. À la Restauration, en 1814, Talleyrand fait disparaître tous les documents se rapportant à cette affaire[66] ; il niera par la suite avoir pris part à cette exécution, dans une annexe de ses mémoires[67].

[modifier] Empire

Nommé grand chambellan le 11 juillet 1804, il assiste le 2 décembre 1804 au sacre de Napoléon Bonaparte. Il est également nommé grand cordon de la Légion d'honneur au début de 1805, dans la première promotion[68].

En 1805, commence la campagne d'Autriche. Talleyrand suit l'empereur dans ses trajets à travers l'Europe. À son arrivée à Strasbourg, il assiste à une violente crise de ce dernier[69], qui pour Jean Orieux s'apparente à une crise d'épilepsie[70]. Au lendemain de la victoire d'Ulm, il envoie de Strasbourg un rapport à l'empereur sur la nécessaire modération à observer vis-à-vis de l'Autriche afin d'instaurer un équilibre entre les quatre (France, Royaume-Uni, Autriche, Russie - auxquelles il ajoute la Prusse)[71],[72]. Après l'éclatante victoire d'Austerlitz et l'écrasante défaite de Trafalgar, Talleyrand signe à contrecœur (Selon Metternich, il commence à envisager sa démission[73]) le traité de Presbourg le 26 décembre 1805, annonçant la création de la Confédération du Rhin, qu'il rédige sur ordre de l'empereur mais où il essaie d'adoucir les conditions imposées à l'Autriche. En accordant dix pour cent de rabais et des délais sur les sanctions financières[74], il mécontente Napoléon, qui le suspecte d'avoir été corrompu :

« L'Autriche, dans l'état de détresse où elle était réduite, ne pouvait que subir les conditions imposées par le vainqueur. Elles étaient dures, et le traité fait avec M. d'Haugwitz rendait pour moi impossible de les adoucir sur d'autres articles que celui des contributions. […] [Napoléon] m'écrivit à quelque temps de là : "Vous m'avez fait à Presbourg un traité qui me gêne beaucoup." »
    — Mémoires de Talleyrand[75]

En 1806, il reçoit le titre de « prince de Bénévent », petite principauté confisquée au pape. Le 12 juillet de la même année, il signe le traité créant la Confédération du Rhin, toujours sur ordre de Napoléon. Amorçant la critique de la politique guerrière de ce dernier sans oser le défier, toujours déçu dans ses conseils de modération et étant en contact permanent avec l'Autriche dans l'espoir d'un rapprochement[76], il commence à communiquer des informations au tsar Alexandre Ier via son ami Dalberg[77]. En 1807, après une série de victoires de Napoléon (Eylau, Dantzig, Heilsberg, Gutstadt, Friedland), il rédige (se « content[ant] de tenir la plume »[73]) et signe le traité de Tilsit, « indigné »[78] par le traitement réservé aux vaincus, en particulier la reine de Prusse, et mécontent d'être un « ministre des Relations extérieures sans emploi »[79], il prend certainement à cette occasion la décision de démissionner de son poste de ministre à son retour de Varsovie, voire l'annonce dès cet instant à Napoléon[80]. Cela ne l'empêche pas de favoriser le rapprochement entre ce dernier et Marie Walewska[81],[82]. Sa démission est effective le 10 août 1807.

Talleyrand en habit de grand chambellan, Pierre-Paul Prud'hon, 1807
Talleyrand en habit de grand chambellan, Pierre-Paul Prud'hon, 1807

Talleyrand se détache peu à peu de l'empereur mais reste cependant son conseiller : il travaille à son divorce et à son remariage, en lui suggérant le « mariage autrichien »[83] . Il lui déconseille fortement d'entamer la guerre en Espagne, « en exposant l'immoralité et les dangers d'une pareille entreprise »[84]. L'empereur ne tient pas compte de l'avertissement et capture par la ruse les infants d'Espagne ; il confie leur garde à Talleyrand, qui les loge somptueusement à Valençay durant sept ans.

En septembre 1808, à Erfurt, où Napoléon l'envoie préparer le terrain en vue d'une alliance avec la Russie, il va jusqu'à déconseiller au tsar de s'allier avec l'empereur, en lui déclarant : « Le peuple français est civilisé, son souverain ne l'est pas ; le souverain de la Russie est civilisé, son peuple ne l'est pas »[85]. C'est la « trahison d'Erfurt », qu'il détaille longuement dans ses mémoires, affirmant avoir manœuvré l'un et l'autre empereurs pour préserver l'équilibre européen[86] (« à Erfurt, j'ai sauvé l'Europe »[87]) et qui lui vaudra plus tard l'inimitié des bonapartistes. Si Napoléon ne parvient pas à séduire le tsar, Talleyrand obtient de ce dernier le mariage de son neveu Edmond de Périgord avec Dorothée de Courlande, « un des meilleurs partis d'Europe »[88].

Alors que l'on reste sans nouvelles de l'empereur depuis l'Espagne, où la guérilla fait rage, et que la rumeur de sa mort se répand, Talleyrand intrigue au grand jour avec Joseph Fouché pour offrir la régence à l'impératrice, en cherchant le soutien de Joachim Murat[89]. D'Espagne, Napoléon apprend la conjuration et accourt à Paris, arrivant le 23 janvier 1809[89]. Le 28 janvier 1809, durant trente minutes[90], il abreuve Talleyrand d'injures à l'issue d'un conseil restreint de circonstance (la phrase célèbre « vous êtes de la merde dans un bas de soie » n'est peut-être pas prononcée en cette circonstance[91]), l'accuse de trahison et lui retire son poste de grand chambellan. Talleyrand est persuadé d'être arrêté, mais reste impassible : il aurait dit à la sortie dudit conseil : « Quel dommage, messieurs, qu'un si grand homme soit si mal élevé »[11]. Au contraire de Fouché qui joue profil bas, il se présente toujours à la cour, mais ne dissimule pas son opposition :

« Napoléon avait eu la maladresse (et on en verra plus tard la conséquence) d'abreuver de dégoût ce personnage si délié, d'un esprit si brillant, d'un goût si exercé et si délicat, qui, d'ailleurs, en politique lui avait rendu autant de services pour le moins que j'avais pu lui en rendre moi-même dans les hautes affaires de l'État qui intéressaient la sûreté de sa personne. Mais Napoléon ne pouvait pardonner à Talleyrand d'avoir toujours parlé de la guerre d'Espagne avec une liberté désapprobatrice. Bientôt, les salons et les boudoirs de Paris devinrent le théâtre d'une guerre sourde entre les adhérents de Napoléon d'une part, Talleyrand et ses amis de l'autre, guerre dont l'épigramme et les bons mots étaient l'artillerie, et dans laquelle le dominateur de l'Europe était presque toujours battu. »
    — Mémoires de Joseph Fouché[92]

Menacé d'exil avec son comparse, voire menacé dans sa vie, il n'est finalement pas inquiété, conserve ses autres postes et l'empereur le consulte toujours. Pour Jean Orieux, il est pour Napoléon « insupportable, indispensable et irremplaçable »[93]. En 1813, après la retraite de Russie, il incite sans succès Napoléon à négocier et à accorder d'importantes concessions[94] ; il refuse le poste de ministre des Relations extérieures que lui propose à nouveau l'empereur.

En 1814. durant la chute de l'Empire, membre du Conseil de régence, il fait en sorte que l'impératrice, régente, quitte la capitale tout en ne la suivant pas[95] : en communication avec Louis XVIII et les Alliés, il attend l'arrivée de ces derniers, qui a lieu le 31 mars 1814. Ce soir-là, le roi de Prusse et le tsar arrivent à son hôtel particulier, et ce dernier y loge[96].

[modifier] Restauration

[modifier] Première Restauration

Dorothée de Courlande, duchesse de Dino, par François Gérard, 1816
Dorothée de Courlande, duchesse de Dino, par François Gérard, 1816

Le 1er avril 1814, il est élu par le Sénat « président du gouvernement provisoire » ; le lendemain, le Sénat déchoit Napoléon Bonaparte de son trône, et, le 23 avril, Talleyrand signe la convention d'armistice avec les Alliés, qu'il juge « humiliante », mais sans alternative, dans une France « épuisée d'hommes, d'argent et de ressources »[97]. Il ne reste à son poste que quelques jours : le 1er mai, il rejoint Louis XVIII à Compiègne, où celui-ci lui fait faire antichambre plusieurs heures[98] puis lui déclare : « Je suis bien aise de vous voir ; nos maisons datent de la même époque. Mes ancêtres ont été les plus habiles ; si les vôtres l'avaient été plus que les miens, vous me diriez aujourd'hui : prenez une chaise, approchez-vous de moi, parlons de nos affaires ; aujourd'hui, c'est moi qui vous dis : asseyez-vous et causons. »[99] Dans la même conversation, Louis XVIII lui demande comment il a pu voir la fin de tant de régimes, ce à quoi Talleyrand répond :

« Mon Dieu, Sire, je n'ai vraiment rien fait pour cela, c'est quelque chose d'inexplicable que j'ai en moi et qui porte malheur aux gouvernements qui me négligent. »
    — Charles-Maxime Villemarest, M. de Talleyrand[100].

Talleyrand suggère le principe de la Charte constitutionnelle mais ne participe pas à sa rédaction. Le 13 mai, il est nommé président du Conseil des ministres et secrétaire aux Affaires étrangères. Le 30 mai il signe le traité de Paris, qu'il a négocié : la paix entre la France et les Alliés, et l'annonce du congrès de Vienne. La principauté de Bénévent est rendue au pape : le roi le fait « prince de Talleyrand » et pair de France.

[modifier] Congrès de Vienne

Le congrès de Vienne, par Jean-Baptiste Isabey (Talleyrand est le deuxième homme assis en partant de la droite)
Le congrès de Vienne, par Jean-Baptiste Isabey (Talleyrand est le deuxième homme assis en partant de la droite)

Louis XVIII le charge logiquement de représenter la France au congrès de Vienne, et lui donne quatre objectifs :

  1. prévenir les vues de l'Autriche sur la Sardaigne ;
  2. faire en sorte que Naples revienne à Ferdinand IV de Bourbon ;
  3. défendre la Pologne face à la Russie ;
  4. empêcher la Prusse de mettre la main sur la Saxe et la Rhénanie[101].

Le 16 septembre 1814 débute le congrès de Vienne. Talleyrand y arrive le 23 septembre[102]. Tenu à l'écart des principales réunions qui ont lieu entre les quatre (Royaume-Uni, Autriche, Prusse, Russie), il est cependant invité à une discussion où Metternich et Hardenberg emploient les mots « puissances alliées ». Il réagit alors :

« Alliées…, dis-je, et contre qui ? Ce n'est plus contre Napoléon : il est à l'île d'Elbe… ; ce ne n'est plus contre la France : la paix est faite… ; ce n'est sûrement pas contre le roi de France : il est garant de la durée de cette paix. Messieurs, parlons franchement, s'il y a encore des puissances alliées, je suis de trop ici. […] Et cependant, si je n'étais pas ici, je vous manquerais essentiellement. Messieurs, je suis peut-être le seul qui ne demande rien. De grands égards, c'est là tout ce que je veux pour la France. Elle est assez grande par ses ressources, par son étendue, par le nombre et l'esprit de ses habitants, par la contiguïté de ses provinces, par l'unité de son administration, par les défenses dont la nature et l'art ont garanti ses frontières. Je ne veux rien, je vous le répète ; et je vous apporte immensément. La présence d'un ministre de Louis XVIII consacre ici le principe sur lequel repose tout l'ordre social. […] Si, comme déjà on le répond, quelques puissances privilégiées voulaient exercer sur le congrès un pouvoir dictatorial, je dois dire que, me renfermant dans les termes du traité de Paris, je ne pourrais consentir à reconnaître dans cette réunion aucun pouvoir suprême dans les questions qui sont de la compétence du congrès, et que je ne m'occuperais d'une proposition qui viendrait de sa part. »
    — Mémoires de Talleyrand[103]

Appuyé par le Royaume-Uni et l'Espagne, Talleyrand obtient ainsi que les procès-verbaux des précédentes réunions soient annulés[104], se posant en défenseur des petites nations[105], qui assistent à partir de ce moment aux délibérations. Pour Jean Orieux, aucun sujet important n'est alors abordé dans les réunions et les petites nations se lassent et finissent par ne plus y assister. Talleyrand reste alors que les véritables délibérations commencent : « C'est ainsi que le comité des Quatre devint le comité des Cinq »[106].

Allié à l'Autriche et au Royaume-Uni (un traité secret est signé le 3 janvier 1815), il s'oppose à la Prusse et à la Russie : la première n'obtient pas la Saxe et les vues de la seconde sur la Pologne sont contrecarrées. En revanche, Talleyrand ne peut éviter que la Prusse obtienne une frontière avec la France[107] : seul le quatrième objectif n'est pas atteint, mais des biographes voient cet échec comme la cause des guerres franco-allemandes futures. Talleyrand signe l'acte final du congrès le 9 juin 1815.

[modifier] Seconde Restauration

Talleyrand en 1828, par Ary Scheffer
Talleyrand en 1828, par Ary Scheffer

Au terme du congrès, la France conserve ses conquêtes de 1792, mais Napoléon Bonaparte revient de l'île d'Elbe, porté en triomphe par les Français, ce qui ruine l'opinion des Alliés à leur sujet. Talleyrand suit Louis XVIII en exil durant les Cent-Jours, déclarant : « C'est une question de semaines, [Napoléon Bonaparte] sera vite usé »[108]. Vient la bataille de Waterloo ; Fouché, président du gouvernement provisoire, tient Paris, appuyé par les républicains, tandis que Louis XVIII ne veut pas entendre parler de transiger avec celui qui pour lui n'est qu'un régicide. Talleyrand convainc le premier d'ouvrir Paris au roi et le second de nommer Fouché ministre de la Police[109] (ce qu'il nie dans ses mémoires[110]), et de le rencontrer. Chateaubriand raconte la scène :

« Ensuite, je me rendis chez Sa Majesté : introduit dans une des chambres qui précédaient celle du roi, je ne trouvai personne ; je m'assis dans un coin et j'attendis. Tout à coup une porte s'ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché ; la vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du roi et disparaît. Fouché venait jurer foi et hommage à son seigneur ; le féal régicide, à genoux, mit les mains qui firent tomber la tête de Louis XVI entre les mains du frère du roi martyr ; l'évêque apostat fut caution du serment. »
    — François-René de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-tombe

Talleyrand conserve son poste, et, le 9 juillet 1815, il est nommé de surcroît président du Conseil des ministres, malgré l'opposition des ultras[111]. Fouché (qui a besoin de donner des gages aux royalistes) et lui entrent en conflit sur les débuts de la Terreur blanche dans le Midi, le ministre de la Police payant de son poste cette divergence de vues. Le gouvernement tente aussi en vain d'empêcher les armées alliées, qui occupent toujours le pays, de reprendre les œuvres d'art pillées dans toute l'Europe par Napoléon. Il essaie également de renvoyer ces armées hors du royaume ; les souverains européens exigent des conditions exorbitantes pour signer la paix, que Talleyrand parvient à diminuer en abaissant par exemple les réparations de 100 à 8 millions[112] ; la France perd cependant ses conquêtes de 1792. Il met en place la pairie héréditaire ainsi que la liberté de la presse[113].

Après les élections qui amènent la Chambre introuvable, composée d'ultras, Louis XVIII incite Talleyrand à démissionner et le nomme grand chambellan de France le 24 septembre 1815. Pour la première fois depuis son retour des États-Unis, il n'est pas au pouvoir. Il est officiellement en disgrâce (après une sortie contre le ministère du duc de Richelieu, il est interdit de se présenter à la cour[114]) et se sépare de sa femme[115].

Son activité politique se borne à l'écriture de ses mémoires et à quelques discours à la Chambre : il en prononce un défendant la liberté de la presse et s'oppose à l'expédition d'Espagne, voulue par François-René de Chateaubriand. Il se rapproche des libéraux et orléanistes, et reste la bête noire des ultras (son rôle dans l'assassinat du duc d'Enghien est révélé). C'est à cette époque qu'Adolphe Thiers s'introduit auprès de lui en faisant l'éloge du jeune Eugène Delacroix.

L'avènement de Charles X, chef du parti ultra, lui enlève ses derniers espoirs de retour au pouvoir ; il poursuit ses relations avec les orléanistes et les libéraux.

[modifier] Monarchie de Juillet

En juillet 1830, alors que l'incertitude règne[116], Talleyrand expédie des messages à Madame Adélaïde et à Louis-Philippe d'Orléans, lui conseillant de se rendre à Paris, ce que fait ce dernier, l'aidant par l'entremise d'Adolphe Thiers[117]. Louis-Philippe, une fois roi, nomme rapidement Talleyrand ambassadeur à Londres, afin de garantir la neutralité du Royaume-Uni vis-à-vis du nouveau régime[118] ; sa nomination rassure les cours d'Europe, effrayées par cette nouvelle révolution[119]. Il se rend au Royaume-Uni le 22 septembre (la duchesse de Dino le rejoint le 30), alors qu'éclate la révolution belge.

Dès son arrivée dans la capitale britannique, Wellington reçoit Talleyrand à un dîner[120] où il évoque « la malheureuse révolution de juillet ». Aussitôt, l'ambassadeur relève la formule et déclare au Premier ministre que cette révolution n'est un malheur ni pour la France, ni pour les autres États, avec lesquels le nouveau régime veut avoir les meilleures relations. Un peu plus tard, il remet en place la princesse de Lieven, femme de l'ambassadeur de Russie, qui s'indigne d'une « flagrante usurpation » : « Vous avez bien raison, madame. Seulement, ce qui est à regretter, c'est qu'elle n'ait pas eu lieu quinze ans plus tôt, comme le désirait et le voulait l'empereur Alexandre votre maître ! »[121],[122]

Talleyrand s'oppose au ministre Louis-Mathieu Molé : les deux hommes essayent de mener une politique sans tenir compte l'un de l'autre, le ministre menaçant de démissionner. Talleyrand prône par exemple contre Molé l'évacuation de l'Algérie, que souhaitent les Britanniques ; Louis-Philippe choisit de s'y maintenir.

Talleyrand argumente auprès des Britanniques pour la non-intervention en Belgique alors que l'armée hollandaise est repoussée ; il signe les protocoles de juin 1831, puis le traité du 15 novembre 1831, qui officialisent l'indépendance de la Belgique. Il va jusqu'à passer sur ses instructions en acceptant, et même en négociant, la préservation des frontières du pays (et non un partage, comme le souhaite Paris) et le choix de Léopold de Saxe-Cobourg comme souverain du nouveau pays neutre[123]. Il approuve la décision du nouveau Premier ministre, Casimir Perier, de soutenir militairement cette neutralité, menacée par les Pays-Bas. Le nouveau pays fait démanteler les forteresses à la frontière française.

Talleyrand travaille sur le projet qui lui tient à cœur depuis longtemps : le rapprochement du Royaume-Uni et de la France, base de l'Entente cordiale. Il reçoit régulièrement Alphonse de Lamartine, et entretient de bons rapports avec son ami Wellington et l'ensemble du cabinet. Son nom est applaudi au Parlement britannique, son raffinement et son habileté deviennent fameux à Londres. Pendant ce temps, sa réputation est au plus bas en France : « Le prince a évité à la France le démembrement, on lui doit des couronnes, on lui jette de la boue »[124].

C'est en effet à cette époque que débute la haine généralisée des partis à son encontre. Il devient le « diable boiteux », celui qui a trahi tout le monde :

« On l'appelait "Protée au pied boiteux", "Satan des Tuileries", "République, empereur, roi : il a tout vendu", lisait-on dans ce poème à la mode du jour, écrit avec une plume arrachée à l'aigle de l'ange exterminateur, intitulé "Némésis" ("la Vengeance"). Son seul mérite fut de provoquer une admirable réponse de Lamartine […] [qui] se contenta pour toute réponse de ce rapide commentaire, petit chef-d'œuvre de concision et de mépris : "La corruption engendre les vers." »
    — Jean Orieux, Talleyrand ou le sphinx incompris[125]

Talleyrand reste en poste jusqu'en août 1834, date à laquelle il quitte la scène publique et se retire dans son château de Valençay. Il reçoit Honoré de Balzac et met la dernière main à ses mémoires. En 1837, il quitte Valençay et retourne s'installer dans son hôtel de Saint-Florentin à Paris.

À l'approche de la mort, il effectue un retour à la religion et ses proches confient à l'abbé Dupanloup le soin de le convaincre de signer sa rétractation, qu'il ne signera que quatre heures avant sa mort, afin qu'il puisse recevoir l'extrême-onction. Au moment où le prêtre doit, conformément au rite, oindre ses mains avec le saint-chrême, il déclare : « N'oubliez pas que je suis évêque »[126] (car on devait en pareil cas l'oindre sur le revers des mains et non sur les paumes), reconnaissant ainsi sa réintégration dans l'Église. L'événement, suivi par le tout-Paris, fait dire à Ernest Renan qu'il a réussi « à tromper le monde et le Ciel »[127].

Lorsqu'il apprend que Talleyrand est à l'agonie, le roi Louis-Philippe décide, contrairement à l'étiquette, de lui rendre visite. « Sire, murmure le mourant, c'est un grand honneur que le roi fait à ma maison. »[128] Il meurt le 17 mai 1838, à 15h50[129].

Des funérailles officielles et religieuses sont célébrées le 22 mai. Il est enterré dans une chapelle proche du château de Valençay, où son corps est ramené le 5 septembre puis enseveli dans la crypte familiale. La plaque de marbre qui recouvre le cercueil porte l'inscription suivante : « Ici repose le corps de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, prince duc de Talleyrand, duc de Dino, né à Paris le 2 février 1754, mort dans la même ville le 17 mai 1838. »

[modifier] Regards contemporains et postérité

« Talleyrand (Prince de) : s'indigner contre. »
    — Gustave Flaubert, Dictionnaire des idées reçues[130]

Talleyrand était surnommé le « diable boiteux » en raison de son infirmité et de la haine que lui vouaient certains de ses ennemis, en particulier au sein des factions : « ultras » (pour qui il était un révolutionnaire), Église catholique (qui se souvenait de la confiscation des biens de l'Église), jacobins (pour qui il était un traître à la Révolution), bonapartistes (qui lui reprochaient la « trahison d'Erfurt »), etc.

François-René de Chateaubriand, qui a souvent côtoyé Talleyrand durant sa carrière diplomatique et politique, politiquement opposé au prince (Chateaubriand est un chef ultra, tandis que Talleyrand est libéral, et ce dernier s'était opposé à « sa » guerre d'Espagne), exprime à chaque occasion dans ses mémoires tout le mal qu'il pense de Talleyrand :

« Ces faits historiques, les plus curieux du monde, ont été généralement ignorés, c'est encore de même qu'on s'est formé une opinion confuse des traités de Vienne, relativement à la France : on les a crus l'œuvre inique d'une troupe de souverains victorieux acharnés à notre perte ; malheureusement, s'ils sont durs, ils ont été envenimés par une main française : quand M. de Talleyrand ne conspire pas, il trafique. »
    — François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe[131]

De la même façon, Victor Hugo, dont le parcours politique est un chemin du légitimisme au républicanisme, écrit à l'occasion de sa mort :

« C’était un personnage étrange, redouté et considérable ; il s’appelait Charles-Maurice de Périgord ; il était noble comme Machiavel, prêtre comme Gondi, défroqué comme Fouché, spirituel comme Voltaire et boiteux comme le diable. On pourrait dire que tout en lui boitait comme lui ; la noblesse qu’il avait faite servante de la république, la prêtrise qu’il avait traînée au Champ de Mars, puis jetée au ruisseau, le mariage qu’il avait rompu par vingt scandales et une séparation volontaire, l’esprit qu’il déshonorait par la bassesse.

[…]

Il avait fait tout cela dans son palais et, dans ce palais, comme une araignée dans sa toile, il avait successivement attiré et pris héros, penseurs, grands hommes, conquérants, rois, princes, empereurs, Bonaparte, Sieyès, Mme de Staël, Chateaubriand, Benjamin Constant, Alexandre de Russie, Guillaume de Prusse, François d’Autriche, Louis XVIII, Louis-Philippe, toutes les mouches dorées et rayonnantes qui bourdonnent dans l’histoire de ces quarante dernières années. Tout cet étincelant essaim, fasciné par l’œil profond de cet homme, avait successivement passé sous cette porte sombre qui porte écrit sur son architecture : Hôtel Talleyrand.

Eh bien, avant-hier 17 mai 1838, cet homme est mort. Des médecins sont venus et ont embaumé le cadavre. Pour cela, à la manière des Égyptiens, ils ont retiré les entrailles du ventre et le cerveau du crâne. La chose faite, après avoir transformé le prince de Talleyrand en momie et cloué cette momie dans une bière tapissée de satin blanc, ils se sont retirés, laissant sur une table la cervelle, cette cervelle qui avait pensé tant de choses, inspiré tant d’hommes, construit tant d’édifices, conduit deux révolutions, trompé vingt rois, contenu le monde. Les médecins partis, un valet est entré, il a vu ce qu’ils avaient laissé : Tiens ! Ils ont oublié cela. Qu’en faire ? Il s’est souvenu qu'il y avait un égout dans la rue, il y est allé, et a jeté le cerveau dans cet égout. »
    — Victor Hugo, Choses vues

Ainsi, une anecdote circule à l'époque selon laquelle, Louis-Philippe étant venu le voir sur son lit de mort, Talleyrand lui aurait dit : « Sire, je souffre comme un damné. » « Déjà ! » aurait murmuré le roi. L’anecdote est invraisemblable mais elle a couru très tôt ; elle rappelle ce mot par lequel le Diable aurait accueilli Talleyrand en enfer : « Prince, vous avez dépassé mes instructions. »[132],[133]

De son vivant, Talleyrand se défendait rarement lui-même des attaques, mais il arrivait que ses amis le fassent pour lui, comme Alphonse de Lamartine (voir plus haut) ou Honoré de Balzac :

« Certain prince qui n'est manchot que du pied, que je regarde comme un politique de génie et dont le nom grandira dans l'histoire. »
    — Honoré de Balzac, Le Père Goriot[134]

En dehors des opinions tranchées, très tôt, cependant, la complexité du personnage intrigue :

« Le problème moral que soulève le personnage de Talleyrand, en ce qu'il a d'extraordinaire et d'original, consiste tout entier dans l'assemblage, assurément singulier et unique à ce degré, d'un esprit supérieur, d'un bon sens net, d'un goût exquis et d'une corruption consommée, recouverte de dédain, de laisser-aller et de nonchalance. »
    — Charles Augustin Sainte-Beuve[53]

Le XXe siècle a vu, dans l'ensemble, une nouvelle analyse de Talleyrand, qui lui fait quitter l'habit du traître parjure et du « diable boiteux »[135], en particulier par ses nombreux biographes, qui, en général, ont vu une continuité politique dans sa vie.

Portrait
Portrait

[modifier] Doctrine

[modifier] Talleyrand et les femmes

à organiser

Dorothée de Courlande, duchesse de Dino
Dorothée de Courlande, duchesse de Dino

Être étudiant au séminaire n'empêche Talleyrand pas de fréquenter ostensiblement une actrice de la Comédie-Française, Dorothée Dorinville, avec qui il se promène sous les fenêtres du séminaire[136] :

« Ses parents l'avaient fait entrer malgré elle à la comédie ; j'étais malgré moi au séminaire. […] Grâce à elle, je devins, même pour le séminaire, plus aimable, ou du moins plus supportable. Les supérieurs avaient bien dû avoir quelque soupçon […] mais l'abbé Couturier leur avait enseigné l'art de fermer les yeux. »
    — Mémoires de Talleyrand[8]

Manque : rencontre au sacre de Louis XVI, le petit cercle

Manque : Madame de Stael

De 1783 à 1792, Talleyrand a, entre autres, pour maîtresse (et vit quasi maritalement avec) la comtesse Adélaïde de Flahaut, qui, au grand jour, lui donne un enfant en 1785, le fameux Charles de Flahaut[137].

Manque : Amérique

Quelques historiens, comme Jean Orieux, affirment qu'Eugène Delacroix est le fils de Talleyrand[138],[139]. Cependant, les biographes du peintre[140] et une partie de ceux de Talleyrand[141],[142] contestent cette théorie[143], ce qui fait dire à Emmanuel de Waresquiel : « Tous ceux qui ont aimé à forcer le trait de leur personnage, à commencer par Jean Orieux, se sont laissé tenter, sans se soucier du reste, ni surtout des sources ou plutôt de l'absence de sources. Une fois pour toutes, Talleyrand n'est pas le père d'Eugène Delacroix. On ne prête qu'aux riches... En juillet 1797, il est ministre de la République, ce qui n'est pas si mal. »[144]

A faire : transition avec Catherine Worlee

Lors de la signature du concordat, Bonaparte souhaite que la situation de son ministre se normalise et qu'il quitte ou épouse sa maîtresse[145], l'ex-Mme Grand ; elle-même, qui ne demande que cela, se plaint de sa situation auprès de Joséphine[146]. Or l'Église s'y oppose. Lors des négociations du concordat, après de vifs désaccords, le pape, dans un bref, permet à Talleyrand de « porter l'habit des séculiers » mais rappelle qu'« aucun évêque jamais n'a été dispensé pour se marier »[147]. Les consuls, dans un acte gouvernemental, interprètent ce bref papal et rendent Talleyrand à la vie séculière.

Le 10 septembre 1802, il se marie donc à l'hospice des Incurables, rue de Verneuil à Paris, avec Catherine Noël Worlee, qu'il connaît depuis trois ans. Le témoin est Pierre-Louis Roederer. De Catherine Noël Worlee, Talleyrand a peut-être eu une fille, Charlotte, née en 1799 et déclarée de père inconnu, qu'il adopte en 1803 et marie vers 1815 au baron Alexandre-Daniel de Talleyrand, son cousin germain[148].

Icône de détail Article connexe : Catherine Noël Worlee.

Durant le règne de Charles X, Talleyrand passe une grande partie de son temps à Valençay avec Dorothée de Courlande, mariée par lui des années auparavant à son neveu Edmond (il fait en sorte à cette époque que les deux époux soient séparés de biens), qui est peut-être sa maîtresse et dont la fille Pauline serait alors de Talleyrand[149].

[modifier] Ouvrages

  • Essai sur les avantages à retirer des colonies nouvelles
  • Mémoire sur les relations commerciales des États-Unis avec l'Angleterre
  • Mémoires ou opinion sur les affaires de mon temps (4 tomes) (ISBN 2743301708) (Imprimerie nationale française) :

Est parue début 2007 une compilation d'écrits de Talleyrand, présentée par Emmanuel de Waresquiel (voir bibliographie), contenant les mémoires, mais aussi les lettres de Talleyrand à la duchesse de Bauffremont :

  • Mémoires et correspondances du prince de Talleyrand, Éditions Robert Laffont, collection Bouquins (ISBN 2221105087)

[modifier] Cinéma et théâtre

Une adaptation de Sacha Guitry le met en scène dans Le Diable boiteux.

La pièce de théâtre Le Souper (relatant un souper — imaginaire ? — entre Joseph Fouché et Talleyrand, la veille du retour de Louis XVIII sur le trône, le 6 juillet 1815) de Jean-Claude Brisville. Cette pièce a été adaptée au cinéma en 1992 par Édouard Molinaro, avec Claude Rich dans le rôle de Talleyrand, rôle pour lequel il obtint le César du meilleur acteur (palmarès 1993).

[modifier] Cinéma

Sacha Guitry met plusieurs fois en scène Talleyrand dans ses films, le jouant même deux fois, confiant aussi le rôle à Jean Périer, qui récidive dans le même rôle deux ans plus tard. Parmi les acteurs ayant joué son personnage, on trouve aussi Anthony Perkins, Stéphane Freiss, Claude Rich ou John Malkovich.

[modifier] Théâtre

  • Jean Claude Brisville - Le Souper (1989)
  • Sacha Guitry - Le Diable boiteux (1948)
  • Robert Hossein - C'était Bonaparte (2002)
  • Sacha Guitry - Théâtre : Beaumarchais, Talleyrand, monsieur Prudhomme a-t-il vécu ? (1962)

[modifier] Chronologies

Précédé par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord Suivi par
Aucun
Premier ministre
1815
Duc de Richelieu
Charles Joseph Mathieu Lambrechts
Ministre de la Marine (par intérim)
7 mars 1799 - 2 juillet 1799
Marc Antoine Bourdon de Vatry

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

  • Achille de Vaulabelle, Chute de l'Empire - Histoire des deux Restaurations jusqu'à la chute de Charles X, 2 tomes, Perrotin à Paris, 1867.
  • Charles Augustin Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, « M. de Talleyrand », 1870.
  • Georges Lacour-Gayet, Talleyrand (préface de François Mauriac), 4 volumes, Payot, 1930, (ISBN 2228882968).
  • Duff Cooper, Talleyrand. Un seul maître : la France (Talleyrand, traduit par Daniel B. Roche), Harpers, 1932 (en), Alvik Éditions, 2002, (ISBN 2914833016).
  • Franz Blei, Talleyrand, homme d'État, (Talleyrand oder der Zynismus, traduit par René Lobstein), 1932 (de), Payot, 1936.
  • Paul Lesourd, L'âme de Talleyrand, Paris, Flammarion, 1942
  • Jean Orieux, Talleyrand ou le sphinx incompris, Flammarion, 1970, (ISBN 2080676741).
  • André Beau, Talleyrand. Chronique indiscrète de la vie d'un prince, Royer, 1992.
  • André Castelot, Talleyrand ou le cynisme, Perrin, 1997, (ISBN 2262022909).
  • André Beau, Talleyrand. L'Apogée du sphinx, Royer, 1998.
  • Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand. Le Prince immobile, Fayard, 2003, (ISBN 2213613265).
  • Olivier de Brabois, Talleyrand à Autun, A Contrario, 2004, (ISBN 2-7534-0016-4).

[modifier] Articles connexes

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[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. E.de Waresquiel, Talleyrand, le prince immobile, Fayard, 2003 - référence à préciser, est-ce bien à propos de cette toile ?
  2. Celui de Louis XVI, où son père a le premier rôle, celui de Napoléon Ier (où il occupe la fonction de grand chambellan, comme on le voit sur le tableau du sacre, de David), celui de Charles X où il est grand chambellan et enfin celui de Louis-Philippe Ier. Louis XVIII n'ayant jamais été couronné.
  3. ab Jean Orieux, Flammarion, p. 68
  4. Emmanuel de Waresquiel, p. 26
  5. Emmanuel de Waresquiel, p. 31
  6. Jean Orieux, Flammarion, p. 75
  7. Franz Blei, HP, p. 7
  8. ab Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 123
  9. Jean Orieux, Flammarion, p. 79
  10. Emmanuel de Waresquiel, p. 34
  11. ab Emmanuel de Waresquiel, p. 40
  12. Emmanuel de Waresquiel, pp. 46/47
  13. Emmanuel de Waresquiel, p. 44
  14. F. Blei, p. 8
  15. Quaenam est scientia quam custodient labea sacerdotis : « Quelle est la science que doivent garder les lèvres du prêtre », cité par Jean Orieux, p. 97. Jean Orieux raconte que ce M. Mannay sera hébergé plus tard, sur la fin de ses jours, à Valençay
  16. Jean Orieux, Flammarion, p. 99
  17. Emmanuel de Waresquiel pp. 56-57
  18. Franz Blei, Histoire Payot, p. 15
  19. Emmanuel de Waresquiel, p. 66
  20. Jean Orieux, Flammarion, p. 110
  21. Emmanuel de Waresquiel, chapitre 15
  22. Emmanuel de Waresquiel, chapitre 10 : « Monsieur l'Agent général du Clergé de France »
  23. Jean Orieux, Flammarion, p. 121/124
  24. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 141-143
  25. Jean Orieux, Flammarion, pp. 102-103
  26. Emmanuel de Waresquiel, p. 111
  27. Emmanuel de Waresquiel, pp. 85-87
  28. Jean Orieux, Flammarion, p. 137
  29. Emmanuel de Waresquiel, p. 84
  30. Succession apostilique de Mgr Charles Maurice de Talleyrand sur Catholic Hierarchy.org
  31. Jean Orieux, Flammarion, p. 153
  32. cité par Jean Orieux, Talleyrand ou le sphynx incompris, 1970 p. 155, source non précisée
  33. Emmanuel de Waresquiel, p. 134
  34. Emmanuel de Waresquiel
  35. Jean Orieux, p. 174
  36. Les évêchés avaient été redessinés en suivant les départements ; la plupart des évêques ayant refusé la constitution civile, leur poste était réputé vacant
  37. Emmanuel de Waresquiel, p. 143
  38. Succession apostolique de Mgr de Talleyrand sur Catholic Hierarchy.org
  39. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 198
  40. Jean Orieux, p. 170
  41. Emmanuel de Waresquiel, p. 161
  42. Jean Orieux, p. 195-196
  43. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 203
  44. Emmanuel de Waresquiel, p. 151
  45. Emmanuel de Waresquiel, p. 197
  46. La correspondance entre Mme de Staël et Talleyrand a été publiée par M. de Broglie en même temps que les mémoires de Talleyrand
  47. Jean Orieux, p. 255
  48. ils sont amants depuis les années 1780, et sont ensuite au moins amis très proches, jusqu'à l'éloignement en 1798 - Jean Orieux, p. 113, p. 326-327
  49. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 219
  50. Jean Orieux, p. 261-262
  51. Franz Blei p. 63
  52. Jean Orieux p. 264
  53. ab Charles Augustin Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, « M. de Talleyrand » (1870) Encyclopédie de l'Agora
  54. Correspondance inédite et officielle de Napoléon Bonaparte avec le Directoire, les ministres, etc., 1819, 7 volumes, in 8°, cité par le Duc de Broglie, éditeur des mémoires de Talleyrand
  55. Jean Orieux, p. 285
  56. Emmanuel de Waresquiel, p. 243
  57. Jean Orieux, p. 294
  58. Emmanuel de Warequiel, p. 257
  59. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 234
  60. Mme Grand, citée par Jean Orieux, p. 385
  61. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 241
  62. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 234
  63. Jean Orieux, p. 415
  64. Mémoires d'Outre-tombe, livre 16, chapitre 7 (voir aussi les précédents) [1]
  65. Franz Blei, chaptire XVII, « déportations et exécutions »
  66. Jean Orieux, p. 417 et suivantes : « Le boiteux met un pied dans le sang - et ne glisse pas »
  67. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, pp. 1334-1349
  68. Jean Orieux, p. 425
  69. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 245-245
  70. Jean Orieux, p. 433.
  71. Franz Blei, p. 129-130
  72. Jean Orieux, p. 434
  73. ab Emmanuel de Waresquiel, p. 373
  74. Jean Orieux, p. 435-440
  75. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 249
  76. Emmanuel de Waresquiel, p. 350
  77. Jean Orieux, p. 451
  78. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 257
  79. Emmanuel de Waresquiel, p. 375
  80. Emmanuel de Waresquiel, p. 373
  81. Franz Blei, p. 140
  82. Jean Orieux, p. 459
  83. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 340
  84. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 263
  85. cité par Lacour-Gayet
  86. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, quatrième partie
  87. Jean Orieux, p. 483
  88. Emmanuel de Waresquiel, pp. 392-395
  89. ab Emmanuel de Waresquiel, p. 398
  90. Emmanuel de Waresquiel, p.
  91. Le lieu, la date et l'identité de celui qui la prononce sont incertains, cf. Emmanuel de Waresquiel, note 5 p. 400
  92. Éd. Jean de Bonnot, p. 276
  93. Jean Orieux, p. 467
  94. Jean Orieux, p. 551
  95. Jean Orieux, p. 565-566
  96. Franz Blei, p. 200
  97. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 435
  98. Franz Blei p. 214-215
  99. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 432
  100. cité par George Lacour-Gayet, Jean Orieux, p. 589, Franz Blei, p. 215
  101. « Instructions pour les ambassadeurs du roi au congrès » Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 455-475, résumé par Jean Orieux, p. 599
  102. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 476
  103. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 479
  104. Franz Blei, p. 227-228
  105. Jean Orieux, p. 600
  106. Jean Orieux, p. 601
  107. Dans ses mémoires, Talleyrand joint de nombreuses lettres entre Louis XVIII et lui, qui donnent de nombreux détails sur les négociations
  108. Jean Orieux, p. 622
  109. Franz Blei, p. 247
  110. Mémoires et correspondance du prince de Talleyrand, Bouquins, p. 733 et suivantes
  111. Jean Orieux, p. 633
  112. Franz Blei, p. 250
  113. Franz Blei, p. 251
  114. Jean Orieux, p. 662
  115. Jean Orieux, p. 658-659
  116. Talleyrand le 28 juillet : « Écoutez le tocsin ! Nous triomphons." - "Nous ? lui demanda quelqu'un, qui, nous ? - Chut ! Pas un mot, je vous le dirai demain. », cité par Jean Orieux (source non indiquée), p. 738
  117. Jean Orieux, p. 738
  118. Prononcée par le Conseil des ministres du 3 septembre 1830, cette nomination suscite la polémique. Le jeune duc d'Orléans, qui professe des opinions libérales avancées, s'y oppose et Victor Hugo déplore qu'on n'ait pas choisi La Fayette car, selon lui, on aurait « dételé [sa] voiture de Douvres à Londres avec douze cent mille Anglais en cortège » et « Wellington eût été paralysé devant La Fayette. Qu'avons-nous fait ? Nous avons envoyé Talleyrand. Le vice et l'impopularité en personne, avec cocarde tricolore. Comme si la cocarde couvrait le front […] À toutes les cicatrices que nos divers régimes ont laissées à la France, on trouve sur Talleyrand une tache correspondante. »
  119. Jean Orieux, p. 743
  120. Franz Blei, p. 284
  121. Jean Orieux, p. 747-748
  122. En 1815, Alexandre Ier de Russie avait envisagé d'écarter les Bourbons de la branche aînée et d'appeler le duc d'Orléans sur le trône de France. Talleyrand oublie de rappeler que lui-même s'y était alors opposé.
  123. Franz Blei, p. 288-289
  124. Honoré de Balzac, le père Goriot, cité par Jean Orieux
  125. Jean Orieux, p. 761
  126. Jean Orieux, p. 816
  127. Ernest Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse
  128. cité par Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Fayard, 2002, p. 792
  129. Le Figaro, 18 mai 1838 voir sur Gallica
  130. voir sur Wikisource
  131. les Mémoires d'outre-tombe, 2 L23 Chapitre 11 voir sur Gallica
  132. Jean Orieux, p. 817
  133. Franz Blei, p. 305
  134. Le Père Goriot, cité par Jean Orieux
  135. On trouve ainsi des « rue Talleyrand » à Reims et Périgueux, mais aussi à Paris, à proximité de l'hôtel des Invalides où se trouve le tombeau de Napoléon Bonaparte ; c'est dans cette rue que se trouve l'ambassade de Pologne
  136. Jean Orieux, Flammarion, p. 94/95
  137. Un site consacré à Charles de Flahaut qui recense 45 biographes sur 50 consultées estimant que Talleyrand est son père
  138. arguant principalement que Talleyrand est l'amant de Victoire Delacroix, que Charles Delacroix (ministre dont il prend la place en 1797) souffre, jusque six ou sept mois avant la naissance, d'une tumeur aux testicules, qu'Eugène Delacroix offre une certaine ressemblance physique avec Talleyrand et que ce dernier le protège durant sa carrière
  139. Jean Orieux, p. 270 et suivantes : « naissance d'un étoile »
  140. P. Loppin, Eugène Delacroix, l'enigme est déchiffrée, cité par Emmanuel de Waresquiel
  141. Léon Noël, Talleyrand, cité par Emmanuel de Waresquiel
  142. Casimir Carrère, Talleyrand amoureux, cité par Emmanuel de Waresquiel
  143. affirmant que la relation n'a jamais eu lieu et la naissance étant prématurée, la seule source sur cette paternité étant les Mémoires de Madame Jaubert
  144. Emmanuel de Waresquiel, p. 209
  145. Jean Orieux, p. 405
  146. Franz Blei, p. 110
  147. Bref du 29 juin 1802, voir les mémoires p. 238, Jean Orieux p. 401
  148. Jean Orieux, p. 414
  149. Jean Orieux, p. 689
Bon article La version du 28 août 2007 de cet article a été reconnue comme « bon article » (comparer avec la version actuelle).
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