Antimoine
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
L'antimoine est un élément chimique de la famille des pnictogènes, de symbole Sb et de numéro atomique 51.
C'est un métalloïde de couleur métallique. Il ne ternit pas à l'air à température ambiante et conduit mal la chaleur et l'électricité. L'antimoine est présent dans de nombreux minéraux, souvent allié au plomb, sous forme d'oxyde ou de sulfure.
Sommaire |
[modifier] Histoire
L'antimoine est un élément natif ; il est connu depuis le IVe millénaire av. J.-C., notamment des Babyloniens.
Ce nom vient du grec anti + monos : « pas seul » (cet élément a toujours été trouvé avec d'autres métaux). On retrouve ensuite au Moyen Âge le nom latin antimonium, cet élément étant bien connu des alchimistes de l'époque. Une légende explique l'origine de ce nom par une succession de décès survenus au Moyen Âge parmi les moines effectuant des travaux de recherche sur ce corps ou auxquels l'alchimiste Basile Valentin l'administrait.
À noter l'utilisation du mot grec stimmi qui désignait, dans l'Antiquité, un sulfure d'antimoine noir connu maintenant sous le nom de stibine. Les femmes utilisaient alors ce minerai comme fard à cils. C'est Pline l'Ancien qui aurait ainsi baptisé ce minerai du nom latin de stibium (à l'origine du symbole Sb).
[modifier] Minerais
L’antimoine se trouve le plus facilement sous forme de sulfure combiné ou non avec d’autres métaux. Bien que plus rarement, on le trouve également sous forme d’oxyde.
[modifier] Sulfures
- La stibine (Sb2S3) est la forme la plus fréquente. Son nom provient du grec stibi qui signifie noir d’antimoine. Elle est de couleur gris acier, d’une densité d = 4,6.
- La berthiérite (FeSb2S4). Son nom lui a été donné en hommage à Pierre Berthier qui en fut le découvreur en 1827 à Chazelles dans le Puy-de-Dôme en France. Sa densité est également d = 4,6.
La berthiérite se confond assez facilement avec la stibine. Pour les distinguer, il faut faire une attaque à l'hydroxyde de potassium (KOH). La stibine réagit plus facilement que la berthiérite en produisant un enduit jaune.
Il existe une nombreuse famille de sulfosels d’antimoine contenant divers éléments métalliques comme le plomb, l’argent, le zinc, le cuivre, etc. C’est le plomb qui est le plus fréquemment représenté. On peut citer par exemple :
- avec des cations plomb
-
- jamesonite (Pb4Sb6S17)
- semseite (Pb9Sb8S14)
- boulangerite (Pb5Sb4S21)
- plagionite (Pb5Sb8S11)Oxyde
- avec des cations cuivre
-
- bournonite (CuPbSbS3)
- tétraédrite ( (Cu, Fe,Ag, Zn) 12Sb4S13.
[modifier] Oxydes
Les oxydes sont généralement colorés.
- De couleur blanche ou grise :
-
- sénarmontite (Sb2O3 cubique)
- valentinite (Sb2O3) orthorhombique).
- de couleur jaune :
-
- stibiconite(Sb3O6(OH) )
- de couleur rouge :
-
- kermésite (Sb2S2O). Son nom provient du persan « qurmizq » qui signifie rouge foncé.
[modifier] Utilisation (et histoire)
Dans l'Antiquité, l'antimoine était utilisé comme médicament et composant des premiers cosmétiques (le mascara).
Le 30 juin 1658, Louis XIV est victime d'une grave intoxication alimentaire lors de la prise de Bergues dans le Nord. Le lundi 8 juillet, on lui donne les derniers sacrements et on commence à préparer la succession mais Guénaut, le médecin d'Anne d'Autriche, lui donne un émétique à base d'antimoine et de vin qui guérit « miraculeusement » le roi.
Ses composés ont été utilisés pour guérir des maladies cutanées et parasitaires.
- Composant d'alliages de plomb (dont il augmente la dureté) servant à la fabrication :
- de caractères d'imprimerie ;
- de plaques d'accumulateurs plomb-acide (5%) ;
- des alliages pour soudure plomb-antimoine-étain (environ 80 %, 15 % et 5 %) ;
- des « plombs » des cartouches de chasse.
- Composant d'alliages antifriction à base de plomb ou d'étain (voir Matériaux utilisables pour le frottement).
- sous forme d'oxyde Sb2O3, il diminue la propagation des flammes dans les matières plastiques.
- Des semi-conducteurs : InSb, GaSb utilisés
- pour la détection dans l'infrarouge
- pour les sondes à effet Hall (détection de champ magnétique)
- Les oxydes d'antimoine permettent de produire un verre blanc opaque.
[modifier] Production
Pays | Tonnes | % du total |
---|---|---|
République populaire de Chine | 126 000 | 81,5 |
Russie | 12 000 | 7,8 |
Afrique du Sud | 5 023 | 3,3 |
Tadjikistan | 3 480 | 2,3 |
Bolivie | 2 430 | 1,6 |
Total 5 pays | 148 933 | 96,4 |
Total monde | 154 538 | 100,0 |
Chiffres de 2003, métal contenu dans les minerais et concentrés, source : L'état du monde 2005
[modifier] Précautions
L'antimoine et la plupart de ses composés sont toxiques.Vu la grande toxicité de l’antimoine, Santé Canada a émis une norme provisoire pour la concentration maximale acceptable pour l’eau potable qui est de 6 µg/L.[1]
Il existe deux fiches toxicologiques sur le site de l'INRS[2]:
[modifier] Dosage
La quantité d’antimoine dans différents milieux est quantifiable par différentes méthodes analytiques. Pour dissocier l’antimoine de la matrice de son milieu, il faut, la plupart du temps, effectuer une digestion à l’aide d’un acide. Vue la grande toxicité de l’antimoine, l’INRS offre deux services de détection pour les composés d’antimoine dans le sang et l’urine soient l’ICP-MS ou la SAA-four de graphite.[5]
[modifier] Bibliographie
- Hubert Brill, Jean-Jacques Perichaud, « Les gisements d'antimoine » dans Les richesses du sous-sol en Auvergne et Limousin, 1986, édité par la ville d'Aurillac, p. 165 à 178.
- Pierre-Christian Guiollard, La mine d'or et d'antimoine de la Lucette, auteur-éditeur, 1996.
[modifier] Notes et références
Chimie | Éléments chimiques |
---|
Listes par symbole ~ par nom ~ Tableau périodique |
Dimitri Mendeleïev ~ Ernest Rutherford |