Strabon
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Strabon (en grec ancien Στράϐων / Strábôn, « qui louche », en latin Strabo), né à Amasée en Cappadoce (actuelle Amasya en Turquie) vers 57 av. J.-C., mort entre 21 et 25 ap. J.-C., est un géographe grec.
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[modifier] Biographie
Peu de choses de sa vie sont connues. Sa famille habitait à Amasée, une ville dans la région du Pont-Euxin. Strabon lui-même dit qu'il a étudié auprès d'Aristodeme de Nysa, précepteur des enfants de Pompée, en Carie. Ensuite, il s'installa à Rome et étudia auprès d'un certain Tyrannion, géographe de son état. En 25 ou 24 av. J.-C., il voyagea en Égypte, accompagnant le préfet romain Ælius Gallus le long du Nil.
Après de nombreux voyages, il retourna à Amasée, où il entreprit de rédiger une Histoire (Ἱστορικὰ Ὑπομνήματα / Historika Upomnếmata) en 43 volumes, qu'il voulait la continuation de l'œuvre de Polybe. Aucun de ces volumes n'est parvenu aux lecteurs d'aujourd'hui. Ensuite, il commença une Géographie (Γεωγραφικά / Geôgraphiká), conçue comme complémentaire de l’Histoire, en 17 volumes, qui, elle, ne fut pas perdue, sauf quelques parties manquantes du livre VII. Son but était d'offrir à un lectorat aussi large que possible un livre agréable et instructif, qui pût être lu d'affilée.
[modifier] La Géographie
La Géographie est divisée comme suit :
- les livres I et II constituent une longue introduction à l'ouvrage, où Strabon entend prouver que le géographe Ératosthène a eu tort de rejeter l'œuvre d'Homère d'un point de vue géographique ;
- les livres III à X décrivent l'Europe, et plus particulièrement la Grèce (livres VIII-X) ;
- les livres XI à XIV décrivent l'Asie mineure ;
- les livres XV à XVI décrivent l'Orient ;
- le livre XVII décrit l'Afrique (Égypte et Libye).
Strabon pensait que la fortune de la Grèce était partiellement due à sa situation maritime, et esquissait une corrélation intéressante entre l'avancement d'un peuple en matière de civilisation et son contact avec la mer. En même temps, il insistait sur le fait que la géographie ne pouvait à elle seule expliquer la grandeur d'un peuple, et affirmait que la civilisation grecque reposait sur l'intérêt de ses citoyens pour les arts et la politique.
Si son œuvre reprend parfois des textes antérieurs de plusieurs siècles à la période où il a vécu, néanmoins sa connaissance du droit romain des différentes cités en fait aussi une source essentielle pour décrire les débuts de la romanisation en Gaule et dans la Péninsule ibérique. Il montre ainsi, dans les livres III et IV notamment, le développement d'une nouvelle culture dans ces régions, suite à l'acculturation partielle des populations.
L'œuvre de Strabon resta dans l'ombre sous l'Empire romain, malgré le vœu de son auteur. Ce ne fut qu'à partir du Ve siècle qu'elle commença à être citée, et que Strabon devint l'archétype du géographe. Au XVe siècle l'érudit italien Guarino Veronese traduisit la totalité de l'œuvre de Strabon, contribuant ainsi à sa redécouverte. Les historiens classiques comme Wilamowitz ont reconnu l'intérêt de son œuvre, ainsi que ses talents littéraires, qui lui permettaient de décrire un lieu où il n'était pas allé mieux que Pausanias, qui y était allé.
Strabon, grâce à ses nombreux voyages, participe également à l'élaboration de la liste des sept Merveilles du monde. Il affirme notamment :
« Babylone est située [...] dans une plaine. Ses remparts ont 365 stades de circuit, 32 pieds d'épaisseur et 50 coudées de hauteur dans l'intervalle des tours, qui elles-mêmes sont hautes de 60 coudées. Au haut de ce rempart on a ménagé un passage assez large pour que deux quadriges puissent s'y croiser. On comprend qu'un pareil ouvrage ait été rangé au nombre des Sept Merveilles du monde.[1] »
[modifier] Notes
- ↑ Strabon, Géographie, XVI, L'Assyrie, l'Adiabène et la Mésopotamie, 5.
[modifier] Liens externes
- Géographie de Strabon
- Germaine Aujac, « Strabon et son temps », dans Wolfgang Hübner, Geographie und verwandte Wissenschaften, Franz Steiner Verlag, Stuttgart, 2000, p. 103-139.