Guerre sino-vietnamienne
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La guerre sino-vietnamienne est une courte guerre qui opposa la République populaire de Chine au Viêt Nam du 17 février au 16 mars 1979. Inquiétée par la progression du régime pro-soviétique de Hanoï, la Chine envoie son armée qui pénètre dans le nord du Viêt Nam, puis se retire au bout d’un mois, sans vainqueur.
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[modifier] Introduction
Cette troisième des Guerres d'Indochine, d’une durée de quelques semaines, est d'abord une « guerre de proximité de basse intensité » dans le jargon militaire. L'origine de ce conflit est la volonté chinoise de vider la querelle sino-russes à travers le Viêt Nam. Cette guerre est aussi connue sous le nom de « Guerre pédagogique » : en termes confucéens, le « grand frère » chinois voulait donner une leçon au « petit frère » vietnamien qui se serait mis à déraisonner après son succès dans la Guerre du Viêt Nam.
Dans les relations houleuses depuis des millénaires entre la Chine et le Viêt Nam, cette guerre peut se résumer de la façon suivante :
- Depuis les Accords de Genève de 1954 avec Phạm Văn Đồng. la Chine de Zhou Enlai voulait faire la guerre avec les États Unis par les Vietnamiens, pour régler le "match nul"de la Guerre de Corée.
- En 1979, la Chine réglait ses anciennes querelles avec les Russes par les Vietnamiens.
- Le grand dragon chinois craint le petit dragon vietnamien indépendant et uni qui devient un rival dangereux.
- Cette guerre servait aussi aux Chinois à mettre à l'épreuve les promesses soviétiques d'aide au Viêt-Nam. Ce fut un échec aussi pour les Chinois, puisque les Vietnamiens n'en ont pas eu besoin. Leurs miliciens des forces locales d'autodéfense suffisaient à la tâche pour mettre les Chinois en déroute.[1]
Ce fut une guerre de basse intensité par procuration, pour éviter une guerre plus intense et plus coûteuse, comme les guerres périphériques "classiques" ont fait l’économie d’une troisième guerre mondiale "nucléaire".
[modifier] Préambule
On peut faire remonter l’origine de cette guerre à l’été 1954, lors de la Conférence de Genève sur la Corée qui s’est tournée vers l’Indochine.
Suivant une version, Zhou Enlai a invité à un dîner officiel Phạm Văn Đồng ainsi que Ngô Đình Diệm, un catholique fervent anti-communiste, qui allait devenir le chef de l’État vietnamien de Saïgon en faisant abdiquer l’empereur Bao Daï. Zhou Enlai a placé Ngô Đình Nhu, le frère de Diệm, à sa gauche, à la place d’honneur, ce qui a rendu Đồng furieux et écoutant tranquillement leur conversation de salon sur leur passion pour la porcelaine de Chine. Mais le sujet réel de leur conversation entendue par Đồng était l’accord de la Chine à la division du Việt Nam qui a volé le Việt Nam de sa victoire et la promesse de la Chine de reconnaître le nouveau gouvernement vietnamien de Saïgon.
Ce fut le départ d’une nouvelle hostilité sino-vietnamienne où les Chinois ont fait faire leur guerre par les américains, ce que Washington a reconnu bien plus tard. Zhou a voulu faire croire aux États-Unis de s’engager au Việt Nam pour se défendre contre le communisme.
[modifier] Contexte géopolitique
Les relations sino-russe puis sino-soviétique ont longtemps été houleuses autant d'un point de vue idéologique que politique. Ces relations furent rythmées par des cassures et des réconciliations successives et ce, jusqu'à la rupture définitive invoquée par l'incompatibilité des politiques menées par les deux états après 1950. Chine et URSS se devaient d'avancer ensemble pour le bien du communisme et de sa progression, mais le fossé idéologique fut plus fort que tout.
Le XXIe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique a apposé sa signature en bas de l'acte de divorce, lorsque Nikita Khrouchtchev énonce les trois principes de la nouvelle politique soviétique, avec laquelle la Chine se trouve en total désaccord. Il s'agit, tout d'abord de la "coexistence pacifique" qui devient un principe essentiel de la politique extérieure soviétique alors que la Chine prône la guerre contre le capitalisme et l'impérialisme.
Il s'agit, ensuite, du passage du socialisme au communisme. Nikita Khrouchtchev reste persuadé que cette transition peut s'effectuer en douceur au sein même de la société, alors que Mao veut bouleverser les structures politiques et sociales pour arriver au communisme le plus vite possible.
Le dernier différend porte sur la stratégie mondiale à adopter pour implanter le communisme. Khrouchtchev se démarque clairement de son voisin chinois en annonçant les débuts de la déstalinisation et la condamnation du culte de la personnalité, culte dans lequel s'est enfermé le Président Mao.
Cette rupture sino-soviétique idéologique porte un coup définitif à la bonne marche des relations sino-soviétique pendant près d'un quart de siècle.
Le conflit sino-soviétique a souvent été présenté comme le prolongement contemporain de l'ancienne rivalité sino-russe de l'Asie centrale à la Sibérie méridionale. La Chine impériale et l'empire Russe puis la République populaire de Chine et l'URSS ont eu une frontière commune de 7 240 kilomètres seulement interrompue par la frontière sino-mongole. Cette frontière est si vague (elle n'a jamais été clairement définie sauf sur quelques parties très limitées) qu'elle fut source de conflits pendant plusieurs siècles, notamment sur le confluent de l'Amour et de l'Oussouri ou encore dans la province du Xin Jiang. Même si cette source de conflits a été mise entre parenthèses pendant les périodes de collaboration, le problème des frontières n'a jamais été réglé et peut ressurgir à n'importe quel moment, entravant ainsi les relations entre les deux pays.
D'autant plus que des traités concernant certaines parties de la frontière, avaient été signés entre Pékin et Moscou. Or, depuis l'éclatement de l'URSS, Pékin n'a plus un interlocuteur mais cinq pour régler le même problème et les gouvernements des ex-républiques soviétiques n'ont pas forcément des avis identiques sur ce sujet.
À ces querelles des frontières du Nord s’ajoute la rivalité d’influences sur les marches méridionales de la Chine avec le Viêt Nam soutenu par les Russes qui y ont eu une base navale à partir de 1975. Dans cette perspective géopolitique, la Chine s’est retrouvée avec les Russes directement au Nord et par Vietnamiens interposés au Sud.
Le jeu Sino-Russe se jouait à deux, depuis des siècles, même avec des escarmouches dans les années 1960 sur le fleuve Amour qui n’a jamais autant démérité son nom. À partir de 1975, ce jeu s’est joué à quatre avec le Cambodge pour occuper les Vietnamiens sur leurs frontières méridionales, laissant ouvertes les voies classiques des invasions chinoise depuis au moins deux millénaires. Pour une compréhension complète et profonde, on peut aborder le Contentieux sino-vietnamien beaucoup plus lourd que ce contentieux Sino-Russe léger de juste quelques siècles.
En 1955-1975, le gouvernement de la République démocratique du Viêt Nam a fait preuve d'une navigation délicate entre l'Union soviétique et la République populaire de Chine pour leur soutien diplomatique et matériel dans la guerre de réunification, tout comme la ligue Việt Minh entre nationalisme et communisme en 1945-1955 dans la guerre d'indépendance.
[modifier] Origines
C’était une guerre de proximité sur deux fronts, au Sud avec le Cambodge soutenu par la Chine qui a directement envahi le Viêt Nam au Nord. Ces “guerres pédagogiques” de proximité étaient moins coûteuses qu’un affrontement direct sino-russe pour vider de vieilles querelles. Les vieilles rivalités sino-russes ont ressurgi avec le Viêt Nam (ancien royaume d’Annam, vassal de la Chine), comme seul allié de l’URSS dans la région, pendant que la Chine eût soutenu les Khmers rouges dans la situation classique de l’encerclement sur deux fronts. Au nord, la petite incursion de l’Armée populaire de libération chinoise du Yunnan sur le chemin classique des invasions chinoises a été vite repoussée en quelques jours par l’Armée populaire vietnamienne qui a imposé une cuisante défaite militaire. Au Sud, le passage au Cambodge de l’Armée populaire vietnamienne a duré plus longtemps.
Dans la querelle sino-soviétique, la Chine se trouvait encerclée avec l’URSS au Nord et le Viêt Nam, soutenu par l’Union soviétique, au sud. Pour éviter une confrontation directe, la Chine s’est tournée vers le Viêt Nam, son ancien royaume vassal. Le 15 février 1979, la Chine a annoncé publiquement son intention d’envahir le Viêt Nam. Peu d’observateurs ont relevé l’importance symbolique de cette date qui marquait l’expiration du traité sino-soviétique de 1950 et ainsi la Chine pouvait envahir légalement un allié de l’Union soviétique sans bafouer le traité.
Les raisons invoquées pour cette invasion étaient le mauvais traitement subi par la minorité chinoise au Viêt Nam et l’occupation vietnamienne des Îles Spratley revendiquées par la Chine. Deux jours plus tard, le 17 février, environ 120 000 soldats de l’Armée populaire de libération chinoise ont passé la frontière par les routes traditionnelles des invasions chinoises depuis des siècles dans la région de Cao Bang, Lang Song dont les Français ont gardé le mauvais souvenir de douloureux revers, des armées de Jules Ferry jusqu’au « désastre de Cao Bang » de 1949.
L’armée régulière vietnamienne étant occupée par la campagne militaire au Cambodge des Khmers rouges au Sud, seulement les 100 000 miliciens locaux vietnamiens ont combattu les troupes chinoises qui ont évacué le territoire vietnamien le 16 mars en laissant derrière eux les débris de la guerre devenus monuments de commémoration de la dernière invasion chinoise du Viêt Nam.
[modifier] Triangle pervers
Dans la perspective écopolitique de la Théorie des contextes qui résume une approche écosystémique, cette guerre était une partie qui se jouait à trois. Le Viêt Nam était au centre avec le Cambodge à sa frontière méridionale et la Chine à sa frontière septentrionale. C’était une situation militaire classique d’encerclement sur deux fronts, tout comme la Chine avec l’URSS au Nord et le Viêt Nam allié des soviétiques au Sud. Le Viêt Nam avait la Chine au Nord et le Cambodge, soutenu par la Chine, au Sud.
Dans la perspective psychologique d’une approche écosystémique, il y avait le désir mimétique du modèle-obstacle dans la violence et le sacré. Ancienne colonie vietnamienne jusqu’à l’arrivée des Français au XIXe siècle et protectorat français jusqu’aux années 40, le Cambodge a eu son émancipation avec la Première Guerre d’Indochine faite par les Vietnamiens sur tout le territoire de l’Indochine française.
La Chine, qui a aidé le Viêt Nam, diplomatiquement et matériellement pendant ses guerres d’indépendance et de réunification, a perçu ce dernier comme un rival potentiel dans la région, après son succès total d’avril 1975.
Alors, le disciple devint maître pour la Chine et le modèle devint rival pour le Viêt Nam. De fait, c’était une partie à deux entre la Chine et le Viêt Nam dont le Cambodge ne fut que le troisième Larron occasionnel pour la Chine qui voulait occuper les Vietnamiens sur leur frontière méridionale, ce qui a été fait puisque les Vietnamiens se battaient au Nord seulement avec leurs forces locales d’autodéfense (Tu Vê). En polémologie, le "tiers inclus" déstabilise et déclenche une crise, tandis que le "tiers exclu" transforme cette crise en conflit, dans la relation entre crise et conflit. Les médias occidentaux ont donné à cette guerre le nom de "guerre pédagogique" ("Give-a-lesson War").
[modifier] Déroulement
[modifier] Pèlerinage d'Occident au Sud
Tout le Sud du Viêt Nam du delta du Mékong a été un territoire conquis sur le royaume khmer depuis des siècles. Saïgon était un village khmer au nom de Prey Kor et le royaume khmer (le Cambodge actuel) était vassal du royaume d’Annam (le Viêt Nam actuel). En janvier 1979, le Viêt Nam mit fin à ce régime qui refusait de coopérer économiquement après avoir perdu sa confiance en son voisin et grand frère. Les incidents de frontières s'étaient multipliés, en partie en raison de la pénurie qui y régnait. Sans doute le Viêt Nam avait-il perçu, par le biais de défections de cadres et de ses propres incursions en territoire cambodgien, que les fruits de la révolution tant célébrés étaient définitivement "moisis" et que le régime du Kampuchéa démocratique tomberait quasiment de lui-même après un petit coup de pouce.
L'invasion ou la libération commence en décembre 1978 et Phnom Penh tombe le 7 janvier 1979. Contre toute attente (la peur de la domination vietnamienne étant traditionnellement ancrée dans les esprits cambodgiens), l'armée vietnamienne est aidée par de nombreuses défections d'activistes Khmers rouges. Le pouvoir central doit se replier le long de la frontière Thaï (officieusement protégé par des éléments de l'armée thaïlandaise).
[modifier] Cao Bang et Lang Son au Nord
Des 20 siècles de conflits sino-vietnamiennes, l’incursion militaire chinoise a été désastreuse pour l’Armée Populaire Chinoise. Le 17 février 1979, les Chinois ont attaqué sur 26 points le long des 750 km de frontière défendue par la milice des forces locales vietnamiennes, les troupes régulières étant occupées au Cambodge. En 17 jours de combat, les Chinois ont réussi à pénétrer 30-40 km et capturer les deux capitales provinciales au prix de lourdes pertes.
Dans cette “guerre pédagogique”, les Chinois ont pensé donner une leçon, ce fut eux qui ont reçu une sévère leçon de conduite.
L’armée chinoise a eu 7 000 tués et 13-15 000 blessés dans un combat entre 250 000 troupiers chinois contre une milice vietnamienne de 100 000 des forces locales d’autodéfense (Tu Vê).
La stratégie chinoise :
- Les services de renseignements vietnamiens s’attendaient au schéma coréen d’infiltration suivie d’un enveloppement d’attaques massives qui fait aussi partie de la stratégie vietnamienne. Alors, curieusement, les Chinois ont utilisé une approche frontale directe en lançant l’offensive sur les cols avec un barrage d’artillerie intense suivi de l’infanterie appuyée par des chars utilisés comme appui feu dans une tactique divergente sur un large front avant de se concentrer sur les objectifs choisis en un mouvement de pince à branches multiples qui se divise en 3 phases:
- Bataille des cols pour le passage
- Bataille des objectifs divisionnaires pour la pénétration à 16 km.
- Percée et prise des capitales provinciales.
La stratégie vietnamienne :
- Aguerris, les Vietnamiens ne se sont laissés piéger, sachant que les Chinois ne seraient pas allés plus loin et ont gardé en réserve leur forces principales (Chu Luc) pour défendre Hanoi, dans le cas où les Chinois, dans un pari désespéré, se seraient tournés vers Hanoi dans un schéma en forme de triangle où la base est formée par la frontière de Chine et Hanoi se trouve au sommet.
Le dispositif défensif en profondeur a permis un déploiement rapide souple des unités de réserve en fonction de l’observation des lignes d’attaque aux frontières. Giap a toujours joué la prudence à travers les coups d’audace d’une longue préparation pour une exécution rapide et complète.
Alors, comme à la bataille des Thermopyles ( Grèce, 480, av. J.-C.) la milice locale d’auto-défense suffisait pour bloquer les cols et effectuer la contre-offensive en terrain montagneux où elle est chez elle.
[modifier] Le préambule cambodgien sur le front Sud
Durant les dernières périodes de la Guerre du Viêt Nam, la guerre a débordé chez le voisin cambodgien avec les débouchés de la piste Hô Chi Minh à travers le Laos, d’une part, et et, d’autre part, le passage au Cambodge des troupes américano-vietnamiennes après l’Offensive du Tết pour détruire les sanctuaires des combattants du Front national pour la libération du Viêt Nam FN L connus sous le vocable populaire de "Viêtcong" (littéralement communiste vietnamien) suivi plus tard des bombardements aériens autorisés par Washington (District de Columbia). De plus, la CIA a inspiré le coup d’état par Lon Nol contre le Prince Norodom Sihanouk qui a su maintenir son pays dans la neutralité et qui s’est exilé à Pékin. D’autre part, dans l’histoire, La Chine a été souverain du Viêt Nam qui l’était du Cambodge. Cette colonisation du Cambodge a cessé jusqu’à l’arrivée des Français. Le régime pro-américain de Lon Nol a collaboré pendant un certain temps avec les Américains avant d’être renversé par l’organisation d’extrême-gauche communiste des Khmers Rouges aidés par les Vietnamiens au moment où les Américains se sont retirés avant la chute de Saïgon. C’était le régime sous la conduite de Pol Pot, Khieu Samphân et Iang Seary qui entrait dans Phnom Penh au printemps de 1975.
Le gouvernement de Pol Pot commençait à nettoyer les villes de leurs habitants et le Cambodge des résidents vietnamiens établis depuis plusieurs générations dans cet auto-génocide suivant l’idéologie maoïste de rédemption par des travaux forcés dans les champs. Ce gouvernement a été soutenu par Pékin. Pour divertir l’attention populaire de cet immense Pogrom qui a fait environ 3 000 000 morts, ce gouvernement a créé des incidents de frontière avec le Viêt Nam qui dégénérèrent en escarmouches frontalières auxquelles le Viêt Nam a répondu par une invasion en règle, devant cette situation à la fin de 1978.
- Le régime féroce de Pol Pot expulsait les citoyens, d'origine vietnamienne, survivants des massacres .
- Il a lancé une série d’attaques frontalières, encouragé par la Chine.
- Le nouveau gouvernement n’était pas assuré de l’adhésion de toute la population du Sud soumise à 30 ans de propagande anticommuniste forcenée de la République vietnamienne de Saigon peu différente de l’État français de Vichy créé par les Nazis dans les années 40.
- Il y avait depuis longtemps une importante et prospère minorité "Hoa" sino-vietnamienne au Viêt Nam qui aurait pu devenir une "cinquième colonne".
- Il y avait d’importantes concentrations de troupes chinoises au Yunnan, à la frontière de Chine avec le Viêt Nam.
Cette situation était évidente pour le haut commandement vietnamien qui redoutait une guerre sur deux fronts éloignés de plus de 1 000 km avec l’antique chemin de fer trans-indochinois détruit depuis une trentaine d’années. Le Général Võ Nguyên Giáp se devait d’agir rapidement en signant un traité de 25 ans d’amitié et de coopération avec l’Union soviétique en novembre 1978, par nécessité, comme il était nationaliste et devenu communiste, bien longtemps avant, dans les jeunesses patriotiques des années 1930.
- Préparations d’une offensive majeure au Cambodge en saison sèche après la mousson.
- Soutien massif à la guérilla cambodgienne de Heng Samrin qui tentait de renverser le régime de Pol Pot, Heng Samrin a été le commandant de la 4e division cambodgienne dans l’Est, à la frontière vietnamienne. il commandait maintenant l’armée du "Front Uni de Libération du Kamputcha". Autour de Noël 1978, les Vietnamiens avaient aligné aux frontières du Cambodge environ 14 divisions d’infanterie d’environ 130 000 "Bô Dôi" ou troupiers aguerris depuis au moins 2 générations pour une guerre éclair, comme Israël sait le faire et terminer avant d’être condamné par la communauté internationale
[modifier] L'offensive au Cambodge
Le 2 janvier 1979, l’offensive se portait sur 3 voies, conduite par des blindés sur les autoroutes principales. C’était plutôt dans le style russe du rouleau compresseur en terrain ouvert que l’avance prudente vietnamienne au pas de jungle. L’offensive terrestre a été couverte par les forces aériennes des MiG-19 soviétique et des F-5 et A-37 américains capturés, et appuyée d’opérations amphibies en parfaite coordination apprise en 30 ans de guerre mobile faite de concentrations et de dispersions. L’affaire fut réglée en 2 temps et 3 mouvements, le temps de la guerre psychologique et celui de la force des armes. Cette guerre psychologique consistait simplement à distribuer marmites et casseroles pour signifier à la population la fin des cuisines communautaires tant haïes. Le régime de Pol Pot a férocement aliéné sa population en cassant brutalement les unités familiales dans une collectivisation absurde. Dans les zones "libérées" par l’Armée populaire vietnamienne, la population commençait à revenir chez elle. Sans affiches et sans tracts, la rumeur volait de villages en villages et plus personne ne voulait se battre pour le régime de Pol Pot, sans encore oser se révolter contre. Les 3 mouvements étaient les grands classiques de 'Armée Populaire depuis sa naissance dans la jungle sous la forme de "Brigade Armée de Popagande" créée par Võ Nguyên Giáp : une longue préparation minutieuse, une exécution rapide et complète et l'estocade finale.
[modifier] Les effets de la victoire
La Chine a perdu la face en montrant son incapacité à protéger son client, le régime de Pol Pot, et a perdu aussi 10 000 "conseillers" chinois faits prisonniers. Environ 1 000 se sont enfuis vers l’Est, en Thaïlande, devant la ruée des blindés vietnamiens. À ce spectacle, la Chine craignait d’être encerclée, avec un régime pro-soviétique au Sud et l’union soviétique au Nord. Malgré les atrocités de Pol Pot maintenant connues, la plupart des pays de l’alliance ASEAN étaient alarmées de cette offensive en douceur et le Viêt Nam se fit punir économiquement et politiquement. Le problème fondamental était de savoir si un pays pouvait attaquer un autre impunément, sous le prétexte de le sauver d’un régime impopulaire et criminel aux regards des lois internationales et de se protéger lui-même contre les agressions armée de ce régime.
La Chine ne pouvait pas se permettre de laisser le Viêt Nam impuni pour cet affront manifeste et devait restaurer sa crédibilité de puissance militaire dominante dans la région et devait avoir quelques prisonnier vietnamiens pour échanger contre des prisonniers chinois capturés au Cambodge. Ainsi, la scène était prète pour les combats au Nord du Viêt Nam.
[modifier] Les combats sur le front Nord
La défiance grandissante chinoise vis-à-vis l’URSS était inconnue des soviétiques et la Chine savait qu’elle ne pouvait pas les affronter directement. Elle savait aussi que la distance était très grande, à travers son territoire et celui des Occidentaux, pour acheminer l’aide matérielle et le renforcement à un allié lointain. La seule option réaliste et possible était d’attaquer l’allié lointain dans le Sud plutôt que reprendre les anciennes hostilités des années 1960 sur le fleuve Amour qui fait frontière avec l’Union soviétique.
Comme au Cambodge, l’Armée Populaire Vietnamienne a expédié l’affaire en 2 temps et 3 mouvements, seulement avec les forces locales de miliciens d’autodéfense Tu Vê. Le temps d’observer les lignes directrices de offensive et celui de positionner pour détruire les colonnes blindées sur les voies traditionnelles des invasions chinoises depuis des siècles. Les forces principales étaient occupées au Cambodge. Les 3 mouvements étaient le positionnement, le feu et l’estocade, comme à la Bataille de Điện Biên Phủ.
Dans les guerres sino-vietnamiennes depuis des millénaires, les invasions terrestres chinoises des Han ont toujours été arrêtées aux cols avant leur déploiement en Hautes Régions montagneuses de la frontière et de Chine et leur éparpillement en basses terres du delta à l'avantage du plus grand nombre. Les invasions maritimes, elles, étaient arrêtées à l'embouchre des cours d'eau ou près de la ligne côtière, avant le débarquement des troupes. Le Viêt Nam ancien n'avait pas une marine hauturière assez forte pour s'offrir un combat naval en mer.
Comme en Israël, les carcasses des chars d’assaut servent toujours de monuments commémoratifs pour le devoir de mémoire. Les personnes qui font une randonnée pédestre, aujourd’hui, les verront et seules des pancartes marquées, en vietnamien, du mot "Han" indiquent la frontière politiquement fermée et par où passent tous les trafiquants et brigands.
[modifier] Deuxième guerre sino-vietnamienne de 1984
Elle est certainement exotique et moins connue du monde occidental, mais elle est tout aussi certainement emblématique et illustrative de ces millénaires d’histoire commune sino-vietnamienne de ce contentieux sino-vietnamien de plusieurs millénaires.
Cette deuxième sino-vietnamienne de 1984 s’est résumée juste en la seule bataille du Mont Laoshan.
Comme la Bataille du mont Cassin, cette bataille du Mont Laoshan avait pour but de s’approprier la position privilégiée d’un observatoire. À une altitude de 1422 mètres en teritoire vietnamien, proche de la frontière chinoise, “Laoshan” signifie simplement et seulement Vieille” (Lao) Montagne” (Shan) en chinois et en vietnamien à la fois. Après la guerre sino-vietnamienne de 1979, le Mont Laoshan a été utilisé par les forces vietnamiennes comme observatoire pour diriger des coups de main (raids) de grande envergure en Chine. En février-avril 1984, des incidents frontaliers ont conduit à cette bataille en règle avec préparations d’artillerie et charges d’infanterie. La milice locale des paysans et montagnards vietnamiens se sont chargés de mettre en œuvre les positions défensives. Les Chinois ont occupé cette position et se sont retirés quelques heures après.
À la manière chinoise classique d’une famille confucéenne, intelligible pour les Chinois et les Vietnamiens à la fois, cette seule bataille - d’une guerre qui ne l’a pas été - était une “gronderie” du “grand frère” (Tai Lu) au petit frère” (Xiu Lu) pour le calmer et pour le faire se tenir tranquille. [1]