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Bao Daï - Wikipédia

Bao Daï

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Bao Daï (du vietnamien : 保大帝 en caractères anciens) est le nom d'intronisation du prince Nguyễn Phúc Vĩnh Thụy, fils unique de l'empereur Khải Định (啟定帝). Il naquit le 22 octobre 1913 au palais Doan Trang Vien de Huế et mourut le 31 juillet 1997 à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. Il fut le 13e et dernier souverain de la dynastie des Nguyễn et le dernier empereur du Việt Nam. Il semblerait que l'empereur Duy Tân détrôné et exilé en 1916 soit le dernier empereur, puisqu'il n'a jamais abdiqué.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Enfance et jeunesse

Une rumeur persistante veut qu'il ait été en fait le fils d'un oncle et ami de Khải Định, lequel souffre d'impuissance. Il est cependant désigné comme héritier du trône le 10 mars 1922 puis investi à ce titre le 15 mai de la même année au palais Cần Chánh de Huế. L'empereur Khải Định meurt le 6 novembre 1925. Le prince Vĩnh Thụy lui succède. Il est intronisé sous le nom de Bảo Đại le 8 janvier 1926, à l'âge de 12 ans.

Il n'assume cependant pas tout de suite le pouvoir qui est confié à un régent, Tôn Thất Hân, favorisé par l'administration française. Il part à Paris pour faire ses études : il fréquente le Cours Hattemer, le lycée Condorcet puis l'École libre des sciences politiques – le tout sous la direction de l'ancien résident supérieur à Huế. Il habite son propre hôtel particulier avenue de Lamballe, dans le XVIe arrondissement. Fait inédit pour un empereur vietnamien, il pratique de nombreux sports : tennis, golf, ski. Devenu adulte, il mène une vie de riche oisif.

[modifier] L'arrivée au pouvoir 1932-1940

Peu enclin à abandonner son train de vie pour des responsabilités politiques, il ne revient au Việt Nam qu'en septembre 1932, pressé par le gouvernement français. Animé d'un esprit réformateur, il montre sa volonté de changement dès le 10 septembre, lors de la cérémonie d'hommage des hauts fonctionnaires, en parlant français. En outre, il supprime la prosternation traditionnelle, front contre sol. Il pense même à transférer la capitale de Huế à Hanoï. Il annonce son intention de gouverner seul. Toutes ces mesures sont encouragées par le gouvernement français, qui voit en Bảo Đại un rempart contre les aspirations nationalistes et qui se réserve un droit de veto sur toute décision impériale. Dans un premier temps, Bảo Đại se montre actif : il fait promulguer de nouveaux codes pénal et civil, réforme l'enseignement et s'attaque même au système du mandarinaten l'allégeant. Le pouvoir colonial français juge alors prudent de lui adjoindre un ministre conservateur, Ngô Đình Diệm. Cependant, il se retrouve de nouveau seul car Ngô Dinh Diêm se révèlant nationaliste perd son poste sous la pression française.[1]

En 1934, Bảo Đại annonce son intention d'épouser Marie-Thérèse Nguyễn Hữu Thị Lan, une jeune catholique du Sud, élevée elle aussi en France, qui prend le nom dynastique de Nam Phương. Cette union est mal vue de l'aristocratie vietnamienne comme du peuple, qui reprochent au monarque son choix d'une épouse catholique et la monogamie que cette religion impose, le mariage polygame restant un puissant instrument de faveur impériale. En outre, le pape Pie XII refuse à la famille de la fiancée une dispense canonique pour le mariage, exigeant un engagement écrit à ce que les futurs enfants soient élevés dans la foi catholique. La presse se hâte d'étouffer le refus pontifical mais l’Osservatore Romano est formel. Finalement, le mariage a lieu presque en secret. Bảo Đại s'engage à ne pas avoir d'autre épouse officielle et à ne pas donner naissance à des héritiers potentiels hors mariage. Quand le prince Bảo Long naît deux ans plus tard, il reçoit un enseignement officiel bouddhiste, mais aussi, en secret, catholique. Le 7 mars 1939, le prince est officiellement intronisé héritier de Bảo Đại. Cette même année, Bảo Đại effectue un grand voyage en France.

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

En septembre 1940, le Japon fit passer ses forces armées à travers toute l'Indochine française, suivant l'accord passé avec l'État français de Vichy. La France n'a alors pas les moyens de résister et l'amiral Decoux, nommé gouverneur général par le gouvernement de Vichy, doit accepter la présence du Japon en Annam. Bảo Đại soutient le maréchal Pétain et délaisse de plus en plus ses responsabilités politiques, se réfugiant dans la chasse. Le 9 mars 1945, le Japon fait un coup de force dans toute l'Indochine française prend le pouvoir des mains de l'administration coloniale française. La fin du protectorat et l'état de siège sont proclamés. Le 11 mars, Bảo Đại donne lecture d'un acte d'indépendance de l'Annam et du Tonkin. Le 14 août, il annonce l'annexion de la Cochinchine, colonie française, à son royaume, réunifiant ainsi le Việt Nam.

Dès le 15, cependant, le Japon, touché par les bombes nucléaires d'Hiroshima et Nagasaki, annonce son intention de capituler. Bảo Đại n'est plus protégé par les Japonais : le 17, le Việt Minh jette à bas les couleurs impériales et le 19, le gouvernement révolutionnaire est proclamé dans le palais du résident général. Le 25 août 1945, Bảo Đại est contraint d'abdiquer. Dans l'acte d'abdication, il indique : « mieux vaut être citoyen d'un pays indépendant que d'être roi d'un pays esclave. »

Dans un premier temps, le gouvernement dirigé par Hồ Chí Minh lui demande de s'installer à Hanoï comme « conseiller suprême », sous le simple nom de « citoyen Vĩnh Thụy », nomination entérinée le 10 novembre. Craignant pour sa vie, Bảo Đại dort souvent dans des résidences réquisitionnées. Privé des ressources de l'empire d'Annam par son abdication, il découvre également la pauvreté. Au mois de décembre, les Français débarquent pour rétablir leur pouvoir colonial. Bảo Đại, devenu leur ennemi, doit être caché par le Việt Minh. En janvier 1946, il est même élu député Việt Minh de la circonscription de Thanh Hoá.

[modifier] La guerre d'Indochine

Progressivement, le nom de Bảo Đại se retrouve sur le devant de la scène : les partis d'opposition au Việt Minh le voient volontiers comme chef d'un gouvernement d'union nationale. Pour l'éloigner, Hồ Chí Minh l'envoie en Chine dans une « délégation amicale ». Son influence sur la vie vietnamienne décroît alors rapidement. En avril 1946, Bảo Đại gagne Hong-Kong. Cependant, la France renoue le contact avec lui et paie ses dépenses, dans l'espoir de le voir remonter sur le trône. Bảo Đại ne s'engage pas avant septembre 1947, date à laquelle il se déclare prêt à remonter sur le trône face aux exactions communistes. Cependant, il ne rentre pas immédiatement au Việt Nam, préférant voyager d'abord en Grande-Bretagne puis en France et enfin en Suisse, où le gouvernement négocie avec lui son retour au pouvoir.

Parallèlement, le « citoyen Vĩnh Thụy » est considéré depuis 1948 comme un traître à son pays par les communistes. En mars 1949, le tribunal militaire de la 3e interzone militire communiste met en scène son procès, un acteur étant chargé d'incarner l'ex-empereur. Bảo Đại est acccusé de haute trahison et condamné à mort.

En 1949, Bảo Đại atterrit à Đà Lạt pour proclamer l' État du Việt Nam , anti-communiste. Il est seul, la famille impériale ayant quitté le Việt Nam pour Cannes depuis de nombreux mois. Aussitôt au pouvoir, il s'efforce de faire respecter à la lettre les accords Auriol, prévoyant des transferts de souveraineté de la France vers le Việt Nam unifié. En 1951, il instaure la fête des « terres mélangées », censée exhalter toutes les composantes ethniques du Việt Nam. Appuyé par De Lattre de Tassigny Cdt en chef français en Extrême Orient, il arrache à la France l'acceptation d'une armée nationale comprenant marine et aviation, et négocie avec la Thaïlande ou encore Formose. Cependant, l'armée restera sous commandement français. [2]

[modifier] L'exil en France

En 1954, Bảo Đại en voyage à Paris est surpris par l'annonce de la chute de Ðiện Biên Phủ. Lors des négociations de Genève qui s'ensuivent, il n'a aucun poids. Le Việt Nam est coupé en deux le long du 17e parallèle. La zone Sud reçoit pour premier ministre Ngô Đình Diệm. Bảo Đại le destitue au motif qu'il est trop proche des Américains. Il met également en avant la nécessité de se réconcilier avec le Việt Minh. Diệm refuse et propose un référendum pour permettre au peuple de choisir entre eux. Lors d'un référendum truqué, 98,1 % des voix reconnaissent Diệm comme chef de l'État du Việt Nam et demandent la déposition de Bảo Đại. Les biens de ce dernier sont saisis.

Resté à Cannes, Bảo Đại réduit son train de vie avant de déménager en Alsace. Il se lie d'amitié avec le comte Louis de Maigret et Jean de Beaumont, ancien député de la Cochinchine et lui aussi grand amateur de chasse. Surveillé par le fisc, ayant perdu les subsides français, il doit vendre peu à peu ses biens. En 1963, sa femme Nam Phương, qui s'était installée en Corrèze avec ses enfants, trouve la mort.

En février 1972, il épouse Monique Baudot, une jeune Lorraine, qui prend le titre de « princesse Monique ». Il effectue quelques voyages à l'étranger où il s'exprime devant la diaspora vietnamienne. En 1988, il reçoit le baptême sous le prénom chrétien de Jean-Robert. Le 31 juillet 1997, il meurt d'une tumeur au cerveau à l'hôpital du Val-de-Grâce. A ses funérailles, le Viet Nam communiste envoie une couronne de fleurs. Il est enterré au cimetière de Passy.

Il est significatif de l'attitude personnelle de l'ex-empereur qu'il n'eut jamais aucun mot contre ceux qui ont été ses adversaires: Hô Chi Minh et Ngô Dinh Diêm.

Il laisse un héritier pour la maison Nguyễn, le prince Nguyễn Phúc Bảo Long.

[modifier] Œuvre

Bảo Đại a raconté sa vie dans des mémoires intitulés Le Dragon d'Annam (1989). Il a également collaboré à la rédaction d'un livre sur Huế, Huê, la cité interdite.

[modifier] Notes

  1. http://www.emediawire.com/prfiles/2004/07/07/139622/EmperorBaoDai_1933ceremony.JPG.
  2. http://www.italia-vietnam.it/immagini/Bao_Dai_1954.jpg.

[modifier] Voir aussi

Articles connexes
Bibliographie
  • Daniel Grandclément, Bao Daï ou les derniers jours de l'Empire d'Annam, J.-C. Lattès, 1997 (ISBN 2-7096-1821-4)


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