Guerre d'Indochine
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Guerre d'Indochine | |
Informations générales | |
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Date | 1946-1954 |
Lieu | Indochine Française |
Issue | Indépendance du Vietnam, fin de l'Union Française |
Belligérants | |
Union Française | Viêt Minh Chine |
Commandants | |
Batailles et sièges | |
Namdinh - Papillon - Léa - Valentine - Onoine - Pégase - Lorraine - Mouette - Castor - Dien Bien Phu |
La Guerre d’Indochine s'est déroulée de 1946 à 1954 en Indochine française, et a opposé les forces du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) français, soutenu par les États-Unis, aux forces du Viêt Minh (Front de l'indépendance du Vietnam) nationaliste et communiste, soutenu par la Chine et l'Union soviétique. Elle s'est conclue par la victoire du Viêt Minh, sous la conduite d'Hồ Chí Minh. Celle-ci coincide sensiblement avec le début de la guerre d'Algérie, qui durera huit ans elle aussi, et qui a peut-être été encouragée par cette première défaite coloniale de la France.
Elle est la première d'une suite de trois guerres qui se sont déroulées sur les territoires de l'ancienne Indochine française : elle a été suivie par la Guerre du Viêt Nam, puis par la Guerre sino-vietnamienne. Ces deux derniers conflits sont parfois appelés, respectivement, 2e et 3e guerres d’Indochine.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la République démocratique du Viêt Nam est créée et son indépendance proclamée par Hô Chi Minh le 2 septembre 1945 à Hanoi en présence de Bao Dai, ancien et dernier Empereur du Viêt Nam, mais la France, récemment libérée, tente de rétablir son autorité sur l'Indochine française pour reconstituer l'ancien Empire sous la nouvelle appellation d'Union française. Les négociations entre le gouvernement du Viêt Nam, que la France ne reconnaît pas en tant que tel, et celui de la France traînent en longueur, celle-ci étant réticente - en dépit des recommandations du Général Leclerc - à reconnaître au Viêt Nam son indépendance dans le cadre de L'Union française, pour des raisons de politique intérieure. Des incidents de plus en plus sérieux opposent les forces vietnamiennes aux forces militaires françaises. À la suite du bombardement du port de Haiphong le 23 novembre 1946 par la Marine française, qui marque un revirement complet de la politique de la France à l'égard de la République démocratique du Viêt Nam, une insurrection contrôlée par le Viêt Minh éclate le 19 décembre 1946. Celle-ci se transforme en une guérilla menée contre l'armée française, puis en un véritable conflit, opposant deux armées, lorsque le Viêt Minh reçoit le soutien logistique et matériel de la Chine en 1949 et la France celui des États-Unis. Alors que cette "sale guerre" est de plus en plus impopulaire en métropole, comme l'atteste les manifestations et actes de sabotage dont l'Affaire Henri Martin est la plus emblématique, c'est en 1954 que la Bataille de Diên Biên Phu scelle la défaite de la France et l'oblige à se retirer de l'Indochine, en laissant sa place aux États-Unis.
Sommaire |
[modifier] Origines
[modifier] Situation historique
En 1884, la France réunit la Cochinchine, l'Annam, le Tonkin, le Laos, et le Cambodge au sein de l'Indochine française.
Lors de la Première Guerre mondiale, sur la ligne de front et dans les usines françaises, les Annamites, du nom donné aux Vietnamiens par les métropolitains jusqu’en 1945, aidèrent à l'effort de guerre. Prononcer le mot Viêt Nam était alors passible de la guillotine sur la place publique. Dans les années 1920, avec la révolte de Vinh et la mutinerie de Yen Bay évoquées dans le film français Indochine, les bagnes, comme le Bagne de Poulo Condor, ont contribué à développer des nationalismes de tendances très diverses :
- Les royalistes de la Cour de Huê, comme la famille de Ngo Dinh Diem dont le père fonda l’École Nationale "Quoc Hoc" de Huê fréquentée par Ngo Dinh Diem et le jeune Nguyen Tat Thanh, futur Nguyen Ai Quoc, et le Président Hô Chi Minh. Le premier d'entre tous est certainement le Prince Vinh San (1899-1945) intrônisé sous le nom dynastique de "Empereur Duy Tân" en 1907, détrôné en 1916, exilé à la Réunion par les autorités coloniales et mort mystérieusement en 1945 dans un accident d'avion opportun en Afrique Centrale, au moment de la déclaration d'indépendance du Viêt Nam le 2 septembre 1945.
- Les pro-Japonais qui fondèrent le Parti "Dai Viêt" à la suite de l’intellectuel nationaliste Phan Boi Chau, pionnier du nationalisme vietnamien du XXe siècle, exilé au Japon par l’administration coloniale française.
- Les pro-Chinois du Parti nationaliste VNQDD (Viêt Nam Quoc Dan Dang) qui lancèrent la révolte ratée de Vinh et la mutinerie de Yen Bay dans les années 1920, évoquées dans le film "Indochine", et qui a été proche du KMT (Kuo Ming Tang) ou Guomindang de Sun Yat-sen et Tchang Kaï-chek.
- Les pacifistes de Phan Châu Trinh, le grand père de Nguyên Thi Binh.
- Les communistes du PCI (Parti Communiste Indochinois) fondé par Nguyen Ai Quoc (futur Hô Chi Minh) en Chine et qui fut aussi l'un des fondateurs du PCF (Parti Communiste Français). Au Viêt Nam, le PCI était le plus important de tous les groupes nationalistes.
[modifier] Conséquences de la Seconde Guerre mondiale
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'occupation japonaise montra aux Vietnamiens les faiblesses de leur colonisateur : l'administration française, maintenue pendant un temps, "collabora", sur ordre du Gouvernement de l'État vichyiste, avec le Japon nationaliste, comme elle le faisait avec l'Allemagne nazie en Europe. Cela contribua au développement du nationalisme vietnamien, qui luttait à cette époque contre les japonais aux côtés des Alliés (Hô Chi Minh était alors un agent travaillant avec États-Unis), et à la déclaration d'indépendance en 1945, après la Révolution d'août et la capitulation japonaise.
Avec l’Armistice de 1940 et la création de l’État français de Vichy, l’Indochine française fut administrée par l’Amiral vichyste Jean Decoux, et les armées japonaises furent autorisées à circuler librement de la frontière de Chine jusqu’au Siam (renommé Thaïlande en 1939).
Le 9 mars 1945, l'administration vichyiste, qui était toujours en place, et l'armée française d'Indochine furent internés par les Japonais. Ces derniers proclamèrent l'indépendance du Viêt Nam le 10 mars 1945, en maintenant l'autorité de l’empereur Bao Dai et en maintenant Pham Quynh à la tête du gouvernement, puis en le remplaçant quelques jours plus tard par Tran Trong Kim. L'Empereur Bao Dai refusa cette position, en déclarant préférer être "citoyen d'un pays libre" plutôt que d'être souverain d'un État assujetti.
Par ailleurs, pendant la 2e guerre mondiale, l'état major allié (US) en Asie avait décidé en 1942 de séparer l'Indochine en deux zones géographiques de combat, étant entendu que le Nord serait occupé par les Chinois nationalistes de Tchang Kaï-Chek et le Sud par les Britanniques. Cette séparation, approuvée ensuite par l'URSS, fut entérinée par les accords de Potsdam.
[modifier] Retour des forces françaises
Le 24 mars 1945, le Gouvernement provisoire de la République française déclara vouloir créer une Fédération indochinoise au sein de l'Union française. Il envoya dès le début de 1945 trois émissaires (Pierre Messmer, Jean Sainteny et Paul Mus) en Indochine, encore sous le contrôle de l'administration pétainiste. Largués en parachute par les Britanniques de Colombo, seul Paul Mus réussit s'échapper au Yunnan, les deux autres étant faits prisonniers par les Japonais.
Août 1945: le Japon capitule. La Conférence de Potsdam a confié en Indochine le désarmement japonais à la Chine pour la partie Nord et à la Grande-Bretagne pour la partie Sud. La France doit agir vite pour réaffirmer sa présence. Le général de Gaulle, chef du Gouvernement¨Provisoire, nomme l'amiral Thierry d'Argenlieu, Haut Commissaire de France et commandant en chef et le général Leclerc, Commandant supérieur des troupes, avec pour mission de rétablir la souveraineté française sur l'Indochine libérée mais en faisant "du neuf", c'est-à-dire en construisant une Fédération indochinoise autonome au sein de la nouvelle Union française.
Le 2 septembre 1945, à Hanoï, sur la place Ba Dinh, en une cérémonie au rituel confucéen avec tous les corps constitués, Hô Chi Minh lut la déclaration d'indépendance, dont le préambule est copié sur la Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.[1] L’Empereur Bao Dai choisit de s'associer en tant que "conseiller spécial" du premier gouvernement de la République démocratique du Viêt Nam, assurant ainsi la continuité du pouvoir vietnamien et la légitimité de ce gouvernement. Ce geste vaudra à Bao Dai d'être exilé à Hong Kong par les autorités françaises, avant que ces mêmes autorités ne le ramène de cet exil, peu de temps après, pour lui confier, à Saïgon, la création de l'État du Viêt Nam "indépendant"...
Lors de la capitulation japonaise, il avait été prévu la séparation de l'Indochine française en deux zones de désarmement des troupes japonaises, par les Chinois nationalistes de Tchang Kaï-chek au Nord et par les Britanniques au Sud, la division indienne du Général Gracey ayant débarqué à Saïgon en août 1945, avec un détachement français.
La reconquête française commença vers la fin de l'été 1945, qui fut marqué par une terrible famine. Traditionnellement, le riz du Sud venait faire la soudure entre deux récoltes au Nord. Les destructions et le pillage des Japonais d'une part, et la pénurie des moyens de transport d'autre part, n'ont pas permis de faire venir le riz en provenance du Sud en quantité suffisante.
Octobre 1945: Leclerc et D'Argenlieu sont à Saïgon.
Quatre mois plus tard l'autorité française est rétablie au Cambodge, au Laos et dans la partie du Viêt Nam appelée "Cochinchine" du temps de l'ancien Empire colonial français. Pour établir les bases de la Fédération indochinoise voulue par la France, il reste principalement ce que les français appelaient "l'Annam" et surtout le "Tonkin", où Hô Chi Minh a proclamé à Hanoï le 6 septembre la République démocratique du Viêt Nam. L'amiral Thierry d'Argenlieu a pesé lui-même chaque mot de la convention signée le 6 mars 1946, à sa demande, par Jean Sainteny avec Hô Chi Minh, en plein accord avec le général Leclerc.
Les troupes françaises débarquèrent au port de Haïphong et entrèrent dans Hanoï sous la conduite du général Leclerc sans tirer un seul coup de feu, grâce aux négociations avec Hô Chi Minh qui avait été préconisées par Leclerc, qui alla jusqu’à recommander à la France d'utiliser le mot "indépendance" (Doc Lap).
Après le bombardement du port de Haiphong le 23 novembre 1946 par la Marine française, qui marque un revirement total de la politique menée jusqu'alors par le gouvernement français vis-à-vis de la République démocratique du Viêt Nam, il apparaît clairement qu'Hô Chi Minh ne jouera plus l'option de la Fédération indochinoise. Le 19 décembre 1946, l'insurrection de Hanoï marque le début de la guerre : le gouvernement de la République démocratique du Viêt Nam déclenche des hostilités dans tout le nord du Viêt Nam, et entre dans la clandestinité.
« Les forces françaises sur place en Indochine, en 1946, étaient trop fortes pour que la France puisse résister à la tentation de s’en servir ; et cependant, elles ne l’étaient pas suffisamment pour empêcher le Viêt Minh d’essayer de résoudre définitivement l’impasse politique en rejetant les Français à la mer. Le déchaînement de la guerre d’Indochine remonte probablement à cette seule estimation erronée des deux côtés. »
— (Thanh H. Vuong, "Théorie des contextes et relations internationales", p. 580, 1986)
[modifier] La guerre
[modifier] La guérilla
Le 19 décembre 1946 marque le début de la guerre d'Indochine : après le bombardement du port de Haiphong le 23 novembre 1946 par la Marine française, le Viet Minh, dirigé par Hô Chi Minh (Président de la République démocratique du Viêt Nam, dont l'indépendance a été procclamée à Hanoi le 2 septembre 1945), décide de lancer une offensive ayant pour but la libération de la ville de Hanoi. À 20 heures, une explosion dans la centrale électrique de la ville annonce le début de l'insurrection. Des ressortissants français sont massacrés et des maisons pillées. Ho Chi Minh appelle tout le peuple vietnamien à se soulever contre la présence française :
« […] Que celui qui a un fusil se serve de son fusil, que celui qui a une épée se serve de son épée… Que chacun combatte le colonialisme. »
Hô Chi Minh chercha alors le soutien des États-Unis par un télégramme à Harry S. Truman, mais celui-ci tournait le dos à la politique de décolonisation de Roosevelt. L'Union soviétique ne disposait pas encore de l'arme nucléaire, et la Chine restait sous la férule de Tchang Kaï-chek. L’Indochine française de 1946 s'est néanmoins ainsi très vite retrouvée au sein des prémisses de ce qui allait devenir plus tard la guerre froide, et c’est dans ce cadre que les États-Unis ont été, d'une certaine façon, impliqués très tôt en Indochine.
Aguerrie dans la guerre du peuple, l’armée populaire vietnamienne se fondait sur la mobilité des dispersions d’évitement et concentrations de frappe pour compenser sa faiblesse matérielle. C’était "le combat du tigre et de l’éléphant" annoncé par Hô Chi Minh : le tigre tapi dans la jungle allait harceler l’éléphant figé qui, peu à peu, se viderait de son sang et mourrait d’épuisement.
Cette fluidité permettait à la jeune armée populaire l’initiative du refus ou de l’acceptation des combats, de fixer ici et déplacer là les troupes françaises qui n’occupaient que les villes, les axes routiers, les voies d’eau et la ligne du chemin de fer trans-indochinois. Les pertes françaises devenaient de plus en plus grandes dans les attaques de convois de ravitaillement, de postes isolés et d’épuisantes patrouilles à la recherche d’un ennemi qui apparaîssait et disparaîssait comme des fantômes. Souvent, l’attaque d’un poste avait pour but la sortie d’une colonne de secours à détruire.
L’armée populaire vietnamienne était à la base constituée des troupes locales d’autodéfense des hameaux et villages. Ces troupes locales étaient à la fois l’académie militaire et l’école de guerre, dont les membres méritants rejoignaient les troupes régionales qui opéraient dans des districts plus vastes. Une concentration de troupes locales pouvait prêter main forte à un élément des troupes régionales, qui pouvait également se disperser en troupes locales.
[modifier] Le tournant de 1949
En 1949, la France, voulant créer un contre poids politique à la République démocratique du Viêt Nam proclamée à Hanoi en 1945 et au Viêt Minh, crée à Saigon un État du Viêt Nam "indépendant" sous la direction de l'Empereur Bao Dai ramené à cet effet de son exil de Hong Kong, afin de tenter de transformer une guerre de reconquête coloniale en une guerre civile. Cette mascarade n'a toutefois trompé personne, à commencer par l’Empereur Bao Dai lui-même qui, avec grandeur et finesse, a signé les accords franco-vietnamiens avec son nom civique « Vinh Thuy » n’engageant que lui-même en tant que citoyen, et non avec son nom dynastique « Bao Dai » qui pouvait engager tout le pays dont il était le souverain. Du point de vue strictement juridique, l’État du Viêt Nam « indépendant » semble ne jamais avoir existé.
Lorsque le Parti communiste chinois de Mao Zedong prend le contrôle de la Chine continentale, le Kuomintang de Tchang Kaï-chek se réfugiant à Taïwan, la Chine devient un allié de la République démocratique du Viêt Nam et du Viêt Minh, et lui envoit du matériel militaire pour lutter contre l'armée française. L’arrivée de Mao Zedong à Pekin fournit une "base arrière" au Viêt Nam, jusqu’alors isolé sur les plans diplomatique et militaire, et amplifie la menace communiste ressentie par les États-Unis. La France concède théoriquement à l'État du Viêt Nam une souveraineté en matière de diplomatie, et crée une “armée nationale” sous commandement français et agissant comme force supplétive des forces françaises d'Indochine.
Le conflit au Viêt Nam prend alors une telle ampleur, alors que la France accorde leur indépendance aux royaumes du Laos et du Cambodge, de la même façon qu'elle l'a accordé au Viêt Nam.
Avec l'expertise acquise au combat et la disponibilité d'un équipement lourd en artillerie et en camions pour ses divisions lourdes en appui aux troupes régionales et locales, l'armée populaire vietnamienne a infligé une série de revers aux troupes françaises dans la haute région de Cao Bang et Lang Son. Le projet initial de « reconquête coloniale » s'est épuisé dans un interminable enlisement, a entraîné une grande lassitude dans l'armée française d'Indochine et dans le gouvernement français, ainsi qu'une opposition croissante de l'opinion publique française à une guerre dont les enjeux étaient de moins en moins clairs, dès lors que le Viêt Nam, le Laos et le Cambodge étaient, au moins en théorie, devenus indépendants, et que la « reconquète coloniale » n'était donc plus à l'ordre du jour.
La “Bataille des Routes Coloniales” (cette dénomination, à une époque où les pays formant l'indochnine n'étaient déjà plus des "colonies", en dit d'ailleurs long sur l'état de confusion mentale de certains au moment des faits...) a semé la panique dans l’état-major français en Indochine et au sein du gouvernement français à Paris. Le général Jean de Lattre de Tassigny est envoyé en Indochine pour redresser la situation mais doit immediatement faire face à des offensives vietminh. Il parvient a vaincre trois fois ses ennemis, notamment à Vinh yen et Mao khé, ecartant definitivement toute menace sur Hanoi, mais ne peut les anéantir. Ayant assuré la construction d'une ligne de défense, De Lattre commenca à chasser les vietnamiens du Delta du mékong et décida de lancer une contre-offensive qu'il pensait pouvoir être décisive, mais malade, il dut repartir pour la France. Son l'egide de son successeur Raoul Salan, cette offensive, concluante au debut, s'épuisa d'elle-meme et dut etre arreté sans résultat décisif. De plus, au meme moment, de Lattre en France, qui devait defendre son projet d'envoyer des renforts en Extreme-orient, vit sa santé se degrader et mourut en Janvier 1952.
Avec la guerre de Corée qui a focalisé l’anti-communisme vers l’Extrême-Orient, la France tente alors de transformer une guerre de reconquète coloniale dont elle a elle-même reconnu l'échec en proclamant l'indépendance du Viêt Nam, du Laos et du Cambodge, en croisade anticommuniste, cette fois-ci pour la “Défense de l’Occident sur le Rhin et le Mékong”. Dès lors, la France fait en Indochine une guerre avec les dollars américains et le sang des troupes françaises et coloniales. Le Président Harry Truman a signé avec État du Viêt Nam des accords d’aide militaire, que la France s'est chargée de mettre en œuvre. Ainsi, les États-Unis, pourtant profondement anti-colonialistes mais agissant maintenant dans le cadre de la guerre froide, ont mis le doigt dans un engrenage qui s'avèrera fatal, et ont en particulier continué cette aide militaire après le départ des Français de l’Indochine en 1955. Avec l’afflux de matériels militaires des deux côtés, les combats se sont évidemment intensifiés.
Avec l'argent et le matériel américains et le sang des légionnaires et des troupes d'Afrique, la France continuait à mener une guerre s'inscrivant maintenant dans le cadre de la guerre froide, dans une suite de "scandales" et d'"affaires", comme l'"Affaire des piastres".
« En revanche, l’économie française tirait profit indirectement de la guerre. Grâce aux apports en devises américaines, non seulement elle n’était plus obérée par les charges militaires, mais encore elle pouvait poursuivre son effort d’investissement et ses achats à l’étranger. La plus grande partie des dollars donnés pour l’Indochine était affectée à l’équilibre des comptes. C’est ce qui faisait dire à un expert qu’on “avait transformé l’armée en une industrie d’expansion”. C’est une des raisons pour laquelle le gouvernement français s’opposait fermement à ce que l’aide financière américaine fût versée directement aux États associés, comme les Américains le souhaitaient…” (Yves Gras, “Histoire de la Guerre d’Indochine »
— p. 489, Plon, Paris, 1979)
En 1952, l’armée populaire vietnamienne lançait des attaques contre les fortins de la “Ligne de Lattre” derrière laquelle s'étaient retranchées les troupes françaises. Tout en continuant les coups de main et les embuscades, l’armée populaire s'est retirée pour se préparer à des opérations sur une plus grande échelle. Le général Dwight Eisenhower devint Président des États-Unis en 1953 ; il fut le premier à avancer la “Théorie des dominos”, et continua à soutenir la défense de l'Indochine contre le communisme.
De son coté, la menace sur les centres importants etant ecartée, le general Salan entreprit de prendre l'initiative. Il lanca une serie d'offensives, et ne connut guere de defaites tactiques, mais le CEF devait systematiquement se replier faute de moyens et d'avoir pu porter un coup decisif.
Le général Navarre rapportait au gouvernement français qu’il n’y avait pas de possibilité d’une victoire militaire etant donné la faiblesse des moyens du CEF, mais promit une grande offensive avec l’opération “Castor”, qui consistait à occuper l’ancienne piste d’aviation japonaise de Dien Bien Phu pour verrouiller le passage au Laos de l’armée populaire, opération militaire qui avait pour but politique de permettre à la France de négocier à Genève la fin de la guerre en position de force. En dépit de l'héroisme dont fit preuve le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (et l’armée populaire vietnamienne), la Bataille de Dien Bien Phu devint le tombeau de l’armée française d’Indochine en 57 jours. La France fut forcée de négocier en position de faiblesse les Accords de Genève, mettant fin à la Première Guerre d’Indochine d’indépendance.
[modifier] La guerre vue de la métropole
- Manifestations et blocage de trains de munitions en partance pour l'Indochine par des communistes, sabotage de munitions et propagande pacifiste.
- Affaire des Généraux (Rapport Revers) de 1949-1950
- "La sale guerre"
- Affaire Henri Martin (Sartre) de 1950-1953
Le manque d'enthousiasme pour cette guerre était evident. L'opinion publique acceptait mal son cout en argent et en homme pour une terre aussi lointaine au moment ou le rationnement etait encore de rigueur (du moins avant 1949) en metropole.
Ceci eut des consequences importantes: - La population ne se mobilisa pas pour la guerre. -les volontaires etaient relativement peu nombreux. -L'etat-major et le gouvernement ne purent jamais engager le contingent comme ils le firent plus tard en Algerie.
Ceci fut un facteur decisif dans la decision de l'Etat-major de créer une armée vietnamienne et celle du gouvernement d'entamer des negociations.
[modifier] La sortie de guerre
Les Accords de Genève reconnaissent l'indépendance du Laos, du Cambodge et le partage temporaire du Viêt Nam en deux zones de regroupement militaire (l'Armée populaire vietnamienne au Nord du 17e parallèle, et le Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient au Sud de cette Zone de Démarcation Militaire), pour une évacuation totale et complète de toute l'Indochine en 1955. La souveraineté de la République démocratique du Viêt Nam était reconnue par ces Accords au nord du 17e parallèle, celle de l'État du Viêt Nam au sud de ce parallèle, et la réunification entre les deux zones était envisagée pour 1956, après référendum. Une Commission Internationale de Contrôle (CIC) avait été créée pour surveiller l'application des accords d'armistice. La CIC (Commission Internationale de Contrôle) était constituée par le Canada, la Pologne et l'Inde.
Les accords de Genève prévoyaient des élections en 1956, afin de former un gouvernement unifié pour tout le Viêt Nam. Toutefois, en parallèle de la conférence de Genève en juin 1954, l’Empereur Bao Dai, chef de l'État du Viêt Nam a rappelé des États-Unis Ngô Dinh Diêm pour en faire son Premier ministre. À la suite des accords de Genève, dont l'État du Viêt Nam et les États-Unis n'avaient pas signé la déclaration finale, et ainsi libéré des obligations de respecter ces accords, Ngô Dinh Diêm organisa avec l'aval des États-Unis un référendum manifestement truqué, avec plus de voix favorables que d’électeurs, et créa la République du Viêt Nam le 26 octobre 1955, avec lui comme chef d’État. C'est contre cette dictature du régime de Diêm que s'est formé le Front national pour la libération du Viêt Nam en 1956. Des éléments du Viêt Minh résidents au Sud ont alors repris le combat contre ce gouvernement, menant alors à la deuxième Guerre d'Indochine de réunification, plus communément appelée Guerre du Viêt Nam.
[modifier] Crimes de guerre et camps de rééducation
- assaut des convois d'évacuations sanitaires.
- affaire Georges Boudarel[2]
[modifier] Opération "Passage to Freedom" (août 1954-mai 1955)
- Suite aux persécutions des vietnamiens catholiques et loyalistes par le Viet Minh s'en suivie la plus importante opération d'évacution de l'Histoire.[3]
[modifier] Forces françaises en Indochine
Le CEFEO (Corps Expéditionnaire Français en Extrême Orient) a été constitué d'unités provenant de l'ensemble de l'Union française, aidé par les forces des états associés d'Indochine. Il passa de 80 000 hommes plus 35 000 Indochinois entre 1946 et 1949 à 235 000 hommes plus 260 000 indochinois en 1954 (environ 30 000 Africains servirent dans ce conflit [4].
Commandants en chef de la CEFEO | |
général Philippe Leclerc | août 1945 - 19 juillet 1946 |
général Jean-Étienne Valluy | 19 juillet 1946 - février 1948 |
général Raoul Salan | 10 février 1948 - avril 1948 (intérim) |
général Blaizot | avril 1948 - septembre 1949 |
général Marcel-Maurice Carpentier | septembre 1949 - décembre 1950 |
général Jean de Lattre de Tassigny | décembre 1950 - janvier 1952 |
général Raoul Salan | 9 avril 1952 - 28 mai 1953 |
général Henri Navarre | mai 1953 - juin 1954 |
général Paul Ely | juin 1954 - |
Perte du corps expéditionnaire français | |||
Total (officiers) | Tués | Blessés | Disparus |
Corps expéditionnaire | 40 000 (1 600) | 70 000 | 9 000 (314) |
dont Légion étrangère | 10 068 (340) | 1 000 |
Effectifs du corps expéditionnaire français 1946-1949 | ||
Origine | effectifs | Pourcentage |
Métropolitains | 43 700 | 38% |
Nord-Africains | 13 800 | 12% |
Africains | 8 050 | 7% |
Indochinois | 35 650 | 31% |
Légionnaires | 13 800 | 12% |
TOTAL | 115 000 | 100% |
Effectifs du corps expédionnaire français 1954 | ||
Origine | effectifs | Pourcentage |
Métropolitains, Africains | 217 011 | 92,1% |
Légionnaires | 13 800 | 5,8% |
TOTAL | 235 721 | 100% |
États associés (Viêt Nam, Cambodge, Laos) | 261 729 |
La nécropole des guerres en Indochine se trouve à Fréjus; environ 34 000 noms y sont inscrits.
[modifier] Sources
[modifier] Références bibliographiques
- Amiral Thierry d'Argenlieu "Chronique d'Indochine" (1985 Albin Michel)
- Bernard B. Fall.
- The Vietminh Regime (1954), Le Vietminh (1960, traduction française, Colin)
- The Two Vietnams (1963), Les deux Viêt Nam (1962, traduction française, Payot)
- Indochine 1946-1962 (1962, Laffont)
- Viêt Nam Witness, 1953-66 (1966)
- "Les Soldats Blancs d'Hô Chî Minh" de Jacques Doyon, 1973 chez fayard
- Hell in a Very Small Place: The Siege of Dien Bien Phu (1966), Dien Bien Phu, un coin d’enfer (1968, traduction française posthume, Laffont)
- Anatomy of a Crisis: The Laotian Crisis of 1960-1961 (publié 1969)
- Albane Berg, Parti pour l'enfer, 1956
- Lucien Bodard, L'Enlisement La guerre d'Indochine I, Gallimard, 1963
- Lucien Bodard, L'Illusion La guerre d'Indochine II, Gallimard, 1965
- Lucien Bodard, L'Humiliation La guerre d'Indochine III, Gallimard, 1965
- Lucien Bodard, L'Aventure La guerre d'Indochine IV, Gallimard, 1967
- Lucien Bodard, L'Épuisement La guerre d'Indochine V, Gallimard, 1967
- Michel Bodin, Dictionnaire de la Guerre d'Indohine 1945-1954, Paris, Economica, Hautes Études Militaires, ISC, 2004.
- Michel Bodin, Les combattants français face à la Guerre d'Indochine, Paris, L'Harmattan, 1998.
- Michel Bodin, Les africains dans la Guerre d'Indochine 1947-1954, Paris, L'Harmattan, 2000.
- Michel Bodin, La France et ses soldats, Indochine 1945-1954, Paris, L'Harmattan, 2000.
- Michel Bodin, Soldats d'Indochine, Paris, L'Harmattan, 1996.
- Robert Bonnafous, Les Prisonniers de guerre du Corps expéditionnaire français dans les camps du Viêt Minh, 1945-1954, 1991, CNRS-ESID
- Jean Lacouture, Hô Chi Minh, Seuil, col. Politique, Paris, 1967
- Paul Mus, Viêt Nam. Sociologie d’une guerre, Seuil, Paris, 1952.
- Jules Roy, La bataille de Dien Bien Phu: Julliard, 1963 ; Albin Michel, 1989.
- Thanh H. Vuong, Théorie des contextes et relations internationales: départ de la première Guerre d’Indochine, dans Études Internationales, Vol. XVII, No. 3, pp, 571-597, septembre 1986
- Thanh H. Vuong, colonisations du Viêt Nam et colonialisme vietnamien, dans Études Internationales, Vol. XVIII, No. 3 pp. 546-571, septembre 1987.
- Général Yves Gras, Histoire de la guerre d'Indochine, Plon, 1979.
- Jacques Valette, La guerre d'Indochine, 1945-1954, Armand Colin, 1994.
- Aldo Bragagnolo, Transports de troupes vers l'Indochine, 1999.
- Alain Gandy, La légion en Indochine 1885-1955, Presses de la cité, 1988.
- Erwan Bergot, Indochine 1951, l'année de Lattre, Presses de la cité, 1987.
- Erwan Bergot, Indochine 52-53, Presses de la cité, 1990.
- René Bail et Jean Pierre Bernier, Indochine 1945-1954, 4°partie: Le tournant, éditions Heimdal, 1989.
- René Bail et Jean Pierre Bernier, Indochine 1945-1954, 3°partie: La guerre, éditions Heimdal, 1988.
- René Bail et Jean Pierre Bernier, Indochine 1945-1954, 2°partie: Haiphong-Hanoi..., éditions Heimdal, 1988.
- René Bail et Jean Pierre Bernier, Indochine 1945-1954, 1°partie: La reconquête, éditions Heimdal.
- Christophe Dutrone, Indochine 1945-1946 le rendez-vous raté, Batailles hors série n°1, Histoire & Collections, 2004.
- Christophe Dutrone, Indochine 1947 la guerre coloniale, Batailles hors série n°7, Histoire & Collections, 2005.
- Les troupes aéroportées françaises en Indochine 1945-1956, Gazette des uniformes hors série n°17, 2004.
- Alain Crosnier et Jean Michel Guhl, L'armée de l'air en Indochine, volume 1: Transport et bombardement 1945-1954, Sup Air, 1981.
- Vital Ferry, Les ailes du dragons tome 1: dix ans d'aviation civile en Indochine (1946-1955), Le trait d'union n°162, 1995.
- Hommes de guerre n°14 spécial Indochine, Histoire & collections, 1988.
- Revue historique des armées n°177, guerre d'Indochine, SHAT, 1989.
- Alain Crosnier et Jean Pierre Dubois, Douglas SBD-5 Dauntless et Curtiss SB2C-5 Helldiver, DTU, 1998.
- Bernard Chenel, Les chasseurs Grumman de l'armée de l'air, Avions hors série n°6, éditions Lela Presse, 1997.
- Jean Claude Soumille, L'aviation militaire française en Indochine 1946-1954, tomes 1 et 2, Association Airdoc, 1994-1996.
- Bigeard, Ma guerre d'Indochine, Hachette, 1994.
- Eric Roussel "Pierre Mendès France", Gallimard, 2007
- Paul Bonnecarrere "Par le Sang Versé", éditions Fayard, 2000
- P.A.J. Meulendijks, Verschuivende beelden van de Dien Bien Phoe-crisis van 1954 (Des images changeantes de la crise de Dien Bien Phu de 1954), Nimègue 2000, (thèse de doctorat)
- P.A.J. Meulendijks, Shifting Images of the Dien Bien Phu crisis of 1954, The Newsletter of the Society for Historians of American Foreign Relations (2001)
[modifier] Liens internes
- Guerre Froide
- Décolonisation
- Parti communiste français
- Georges Boudarel
- Affaire Henri Martin
- Cinquième colonne
- Guerre du Viêt Nam
- Michel Bodin
- Mémorial de la guerre d'Indochine
[modifier] Liens externes
- Reportages et 90 000 clichés sur la guerre d'Indochine (Médiathèque de la Défense) (ECPAD)
- (fr) La guerre d'Indochine Ina Archives Télés
- Chronologie
- Accord de Genève sur Hérodote.net
- (en) La première guerre d'Indochine
- (en) Dien Bien Phu
- (fr) La secte Hoa Hao contre le nationalisme ou l'équivoque Hoa Hao (1958) par Denis Bogros (1927-2005).
- (fr) site officiel de l'ANAPI (Association Nationale des Anciens Prisonniers d'Indochine)
- (en) Indo 1945-1954: From Haiphong to Dien Bien Phu
- (fr) Premiers attentats nationalistes des années 30 et invasion Japonaise de 1940 (archives de la Défense)
- (fr) Situation en Indochine durant la guerre du Pacifique (archives de la Défense)
- Vidéo
- (fr)(en) Indochine 1946-1954 (Actualités françaises et étasuniennes)
- Documentaire: VIÊTNAM: La première Guerre 1945-1954 (1)
- Documentaire: VIÊTNAM: La première Guerre 1945-1954 (2)
- (en) Rencontre entre Marius Moutet et Jacques Leclerc suite aux évènements survenus en Indochine (Actualités étasuniennes, 16 janvier 1947)
- Opération Mouette dans le delta (05/11/1953)