Suisse au Haut Moyen Âge

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La Suisse au Haut Moyen Âge couvre l'histoire des différentes cultures peuplant le territoire suisse pendant la période allant du repli des troupes romaines sur le territoire italien jusqu'à la création de la confédération des III cantons^[1].

Durant cette période, la Suisse n'est pas une entité politique unie, mais se trouve au contraire divisée et morcelée entre les différents royaumes successivement burgondes et alamans, puis francs, puis enfin carolingiens, qui découpèrent la future Suisse au gré des héritages patrimoniaux.

Sommaire 1 Les invasions barbares 1.1 Les Burgondes 1.2 Les Alamans 1.3 La naissance du Röstigraben 2 Le développement du christianisme 2.1 Les Francs 2.2 Les différents diocèses du pays 2.3 Souabe et Bourgogne 3 Bibliographie 4 Notes et références

[modifier] Les invasions barbares

À partir de l'abandon du limes par l'Empire romain de 260, la situation des Romains et Gallo-Romains sur le territoire helvétique devient rapidement précaire, en particulier par peur des invasions des Alamans. Les trois-quarts des domaines ruraux situés sur le plateau suisse sont abandonnés, leurs occupants se réfugiant soit en Rhétie, soit dans la région de la vallée du Pô^[2].

Les populations restantes vont progressivement se réfugier dans les castra évacués par la légion romaine ou, le cas échéant, sur les hauteurs du Jura ou des Alpes. Dans leur majorité, ces populations continuent à vivre selon les formes et coutumes romaines, tout en subissant la crise économique du Bas-Empire.

[modifier] Les Burgondes

Contrairement aux craintes de la population, ce ne sont pas les Alamans mais les Burgondes qui vont, en premier, s'établir en Suisse. Les Burgondes correspondent plus à une réalité militaire que véritablement ethnique. En effet, ils composent, comme beaucoup de barbares, les troupes auxiliaires qui défendent l'empire et sont fortement romanisés. Il s'agit d'une armée de combattants hétérogènes. L'étude de leurs sépultures qui sont très difficiles à distinguer de celles des populations locales, retrouve un matériel funéraire divers provenant aussi bien du monde gallo-romain que germanique. L'inhumation en couple, la pratique de la déformation crânienne , ainsi que la présence de caractères vraisemblablement mongoloïdes dans la dentition des squelettes burgondes, font évoquer une forte présence de populations d'origine hunnique au sein de cette armée^[3].

En 411, l'empereur Justin établi un premier royaume burgonde, dans la région de Worms sur la rive gauche du Rhin afin de sécuriser la frontière menacée par les invasions de 406^[3].

En 435, les Burgondes se révoltent et pillent la Belgique. Battus par le général romain Aetius allié aux Huns en 435 et 436, ils vont conserver la mémoire de leur défaite dans ce qui deviendra par la suite la La Chanson des Nibelungen^[4].

En 443, selon la Chronica Gallica de 452^[5], Aetius leur accorde son pardon et déplace les reliquiis Burgundionum (les débris du peuple Burgonde en latin) dans les civitates de Genève, Nyon et Avenches, couvant ainsi une zone, appelée Sapaudia (le pays des sapins qui donnera plus tard le nom de Savoie, bien que le territoire ne soit pas le même) allant du bassin de l'Aar au Jura, au lac Léman et au département de l'Ain^[6] dans le but de maintenir la Via Francigena qui relie Rome à Cantorbéry en passant par le col du Grand-Saint-Bernard, Saint-Maurice, le long du lac Léman jusqu'à Lausanne et de repousser une éventuelle invasion des Alamans contre qui ils s'étaient déjà battus^[7]. En 451, les Burgondes combattent dans l'armée romaine, qui bat Attila aux Champs Catalauniques.

Protecteurs d'un des axes commerciaux principaux entre Rome et le nord de l'Europe, mais aussi de l'empire contre les Alamands et les Bagaudes, les Burgondes qui sont très romanisés sont bien accueillis par la population locale et particulièrement l'aristocratie et l'Eglise^[3]. En effet, se méfiant des contingents venus d'Italie et écrasée par la fiscalité impériale l'aristocratie gallo-romaine ne voit plus dans l'Etat impérial qu'un obstacle au développement de son hégémonie sociale et est favorable au cantonnement régional d'une armée burgonde. Très circonspecte envers la Cour de Ravenne, l'aristocratie gallo-romaine espère que le cantonnement d'une armée Burgonde lui apporte une protection efficace qu'elle parviendrait à contrôler, lui permettant de s'affranchir de la tutelle impériale^[3]. De son coté la cour de Ravenne favorise les Burgondes dans lesquelle elle voit un contrepoids à la montée en puissance des Wisigoths. L'Empire rennonce aux impôts qu'il tirait de la région : ceux-ci sont répartis pour deux tiers de l'impôt foncier et d'un tiers de la capitation au peuple Burgonde, le reste étant versé à la curie de Genève^[8]. En échange, une garnison de soldats est entretenue par les habitants de la région de Genève, autour de laquelle sont concentrés la plupart des habitations.

Après la chute du dernier empereur d'Occident, en 476, les empereurs de Constantinople, sous l'autorité desquels l'empire se trouve réunifié, s'appuyent sur les Burgondes pour mieux lutter contre le royaume ostrogothique qui s'édifie en Italie^[3].

Le royaume qui se met en place a partir du V^e siècle après la chute du dernier empereur romain, bien que dirigé par un roi burgonde depuis 451, compte de nombreux romans parmi ses notables. De fait, dans toutes les couches de la société, on assiste à une assimilation romane, que cela soit au niveau linguistique, ou le latin devient la langue unique^[9], culturel, législatif ou religieux avec la conversion des Burgondes au catholicisme^[10]. Progressivement, le royaume Burgonde va s'étendre vers le sud, pour atteindre Lyon, puis la Durance en 470, et vers l'est avec le Valais et des cols alpins avant de se déclarer son indépendance par rapport à Rome en 476. Le roi Gondebaud, instigateur de la loi Gombette, seul code civil et pénal germanique qui nous soit parvenu^[11], établit alors sa capitale à Lyon, avec Genève et Vienne comme capitales secondaires^[12]; il est le premier à utiliser le terme de Burgundia (qui deviendra par la suite Bourgogne) pour désigner son royaume. Sa femme Carétène, pieuse catholique qui rassure par sa foi la population gauloise locale, fait construire une église à Lyon qu'elle dédie à Saint-Michel^[13]. Son fils Sigismond est couronné roi à Carouge^[12] et s'établit à Genève en 505-506^[14] avant de fonder l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune en 515, fortifiant ainsi sa conversion et celle de son peuple originellement arien^[15], au catholicisme. En 493, Gondebaud signe un pacte de non-agression avec le roi Clovis Ier, qui épouse l’héritière burgonde, Clotilde. Mais, plus que la conversion de Clovis au catholicisme, les ambitions du frère de Gondebaud, qui fait appel aux Francs, plongent l’État dans la guerre. En 500, Clovis vainc Gondebaud à Dijon et accepte de lever le siège d’Avignon contre le versement un tribut annuel^[16].

Marius d'Avenches, dans sa chronique, indique que Sigismond est exécuté en 523 avec sa femme et ses enfants près d'Orléans et que son frère, Godomar, est proclamé roi à son tour l'année suivante. Son règne sera cependant de courte durée, le royaume burgonde étant capturé par les Francs, qui l'annexent et le partagent, dès 534^[17].

[modifier] Les Alamans

Les Alamans (ou Alemans) sont, à l'origine, un conglomérat hétérogène de populations nordiques selon l'historien grec Agathias, ce qui semble être corroboré par les recherches archéologiques modernes qui décrivent les Alamans comeme un agrégat formé au II^e siècle par différents peuplades migrantes d'Allemagne^[18], d'où leur nom d' Alamannia qui se traduit littéralement en tous les hommes et plus prosaïquement en gens de toutes sortes^[19]. Déjà lors des III^e et IV^e siècles, ils avaient forcé le limes des Romains et pillé la plupart des villes du plateau, dont Augusta Raurica et Aventicum^[20]. Après le retrait des troupes romaines, les Alamans occupent la rive droite du Rhin puis, à partir du milieu du V^e siècle, l'Alsace. D'autres tentatives d'expansion vont se heurter aux Bavarois à l'est et aux Burgondes à l'ouest en 480.

En 496 et 497, dans plusieurs batailles successives, les Alamans sont battus par les Francs, en particulier lors de la bataille de Tolbiac, près de Cologne, où selon la légende, le roi des Francs Clovis promet de se convertir au christianisme en cas de victoire. Après cette défaite, les survivants se réfugient auprès des Ostrogoths sous la protection du roi Théodoric, qui règne alors en Italie^[21]. Au début du VI^e siècle, les Alamans sont placés sur le plateau suisse et dans les hautes vallées rhétique en tant qu'immigrants, jusqu'à la région du lac de Bienne où ils se heurtent à leurs anciens ennemis, les Burgondes avec qui ils s'affrontent tout au long des VI^e et VII^e siècles. Cette région passe sous le contrôle des Francs en 536 par don des Ostrogoths, incluant ainsi le peuple Alaman et son territoire dans le royaume : en 561, le duché d'Alémanie fait partie de l'Austrasie, dont la capitale est Metz^[22].

L'hostilité entre Burgondes et Alamans se traduite par une nouvelle destruction de l'ancienne capitale de l'Helvétie romaine Avenches en 610-611, après la bataille de Wangen (dans l'actuel canton de Soleure), selon la chronique mérovingienne de Frédégaire^[23]. À partir du VII^e siècle, la ville est conquise par les Alamans qui la renomment Wyflisburg, qui est encore aujourd'hui son nom en allemand et qui donnera par la suite naissance au mythe nordique de la destruction de la ville de Vifilsbord dans la saga de Ragnar du XIII^e siècle^[24].

Outre les invasions et les ravages dus à la guerre, le territoire de la Suisse est également la proie des éléments naturels : en 563, l'évêque d'Avenches Marius décrit dans sa Chronique l'écroulement en Valais de la montagne du Tauredunum qui n'a jamais pu être localisé avec précision. Dans sa chute, cette montagne détruit un bourg et plusieurs villages avant de provoquer un raz-de-marée dans le lac Léman qui détruisit tout sur son passage, y compris une bonne partie de la ville de Genève dont le pont qui traverse le Rhône^[25].

Le duché d'Alamanie disparaît en 746, lorsque Carloman I^er, un maire de palais carolingien, fait assassiner la majorité des chefs de guerre alamans pendant une assemblée qu'il avait convoquée à Cannstatt pour les punir de leur participation à un soulèvement organisé par le duc Odilon de Bavière contre Pépin le Bref. Suite à cette affaire, l'Alémanie est réunie au royaume franc carolingien en 751, tout comme le sera le royaume lombard en 773^[26]

[modifier] La naissance du Röstigraben

La poussée des Alamans sur le plateau suisse s'arrêtera finalement lorsque la présence romane se fera trop forte : sur les bords de l'Aar. Alors que les Burgondes avaient assimilé la langue et la culture latine, les Alamans garderont leur culture, leurs lois et leur langue qui est à l'origine des dialectes alémaniques^[27], établissant ainsi une frontière culturelle et linguistique qui persiste encore de nos jours sous le nom informel de Röstigraben (en allemand la barrière de röstis).

À ce titre, l'étude des noms de localités permet de retracer les différentes zones soumises à l'influence plus ou moins avancées des différents langages. Ainsi, si les noms de villages se terminant en -ens ou -ence, curieusement fréquents dans les cantons de Fribourg et Vaud jusqu'au bord du lac Léman, sont d'origine alamande et montrent ainsi des percées larges dans le territoire burgonde, les préfixes Wal- et Walen- (ce qui signifie Welch, soit Roman) se trouvent en nombre dans la zone comprise entre l'Aar et la Sarine, qui fixe la frontière linguistique à partir du VIII^e siècle.

Dans le sud et l'est du pays, le processus ne sera pas aussi rapide et la frontière linguistique changera pendant une bien plus longue période. Si le romanche est resté pendant longtemps dominant dans les vallées rhétiques, il s'étend, selon certaines sources, encore jusqu'à Einsiedeln au X^e siècle et Glaris est encore bilingue au XI^e siècle, à la période où le dialecte germanique commence à se répandre à partir de la vallée de Conches jusque dans tout le Haut-Valais par la migration des Walser qui vont ensuite rejoindre, au XIII^e siècle, les vallées grisonnes. De fait au XIV^e siècle, la majorité des vallées et la totalite du Vorarlberg sont devenus germanophone, langue utilisée par la classe dominante. Les seules enclaves de romanche restent dans les lieux qui sont géographiquement reliés par des cols à l'Italie^[28].

[modifier] Le développement du christianisme

[modifier] Les Francs

Entre le VI^e siècle et le VII^e siècle, le territoire Suisse passe en main des Francs qui annexent le royaume Burgonde et favorisent l'installation des Alamans dans le nouveau « duché d'Alémanie » dont le centre se situe dans la région de Zurich et de Winterthour tout en forçant les Ostrogoths à leur céder la Provence dans le but de gagner un accès à la mer Méditerranée. Les dissensions internes des Mérovingiens forceront la fin de cette phase d'expansion au milieu du VII^e siècle^[29].

Les Francs appliquant le droit germanique de l'héritage à leurs royaumes, impliquant la division du patrimoine entre les héritiers mâles, le territoire de la Suisse n'échappe pas à cette coutume et change de mains durant trois cents ans au gré des successions dans la noblesse franque. Par ailleurs, aucune entité politique ne réunit l'ensemble du territoire durant cette période, les différentes régions étant rattachés à des ensembles différents. Elle reste toutefois une possession franque à l'époque carolingienne qui débute peu après le milieu du VIII^e siècle et qui marque une seconde vague d'expansion en direction du sud et de l'est, amenant à la conquête du royaume lombard en 773-774.

Cette conquête vise principalement les cols réthiques, tels que le Splügen, le Septimer et la Maloja, qui deviennent ainsi des voies de communication permettant de relier les parties nord et sud du royaume en empruntant l'ancienne voie romaine qui, passant par Coire, rejoint le lac de Zurich pour continuer vers Strasbourg et Mayence. De fait, en 807, la Réthie perd son statut de contrée romane autonome datant de la période romaine pour devenir un comes carolingien^[30]. Les passages occidentaux des Alpes, et plus particulièrement le Grand Saint-Bernard et le Simplon, sont alors au main du royaume de Neustrie, qui contrôle également la portion locale de l'ancienne voie romaine la Via Francigena qui relie Rome à Cantorbéry^[31].

[modifier] Les différents diocèses du pays

Si certaines villes du territoire ont un évêque depuis la fin de la période romaine déjà, leur rayonnement dans les campagnes est alors minime. Ce n'est qu'avec la stabilité apportée par les Francs que la christianisation va effectivement s'étendre dans les campagnes, fixant ainsi progressivement les frontières entre les diocèses.

Si les diocèses de Coire, qui couvre le territoire de l'ancienne Rhétie ainsi que la Suisse centrale et de Genève, qui s'étend de l'Aubonne jusqu'à la Haute-Savoie actuelle, vont connaitre une grande stabilité au cours du temps, il n'en vas pas de même pour les autres évêchés du qui ont été plus ou moins profondément restructurés pendant la seconde moitié du VI^e siècle^[33]. Ainsi, en Valais, l'ancien siège épiscopal de Martigny est déplacé à Sion en 585, suite notamment aux incursions des Lombards en 574^[34]. Le siège de l'évêché du territoire des Helvètes va passer pendant quelques temps d'Avenches à Windisch, avant de revenir à Avenches puis d'être transféré à Lausanne sur le mont de la cité ^[35], alors qu'Augst est délaissé pour Bâle en 561.

Dans la partie orientale du pays, la christianisation tardive des Alamans provoque la création vers l'an 600 du nouvel évêché de Constance, premier du genre à ne pas être fondé sur les restes d'une institution romaine antérieure^[36]. La délimitation entre cet évêché et ses voisins de Bâle et Coire ne sera toutefois finalisée qu'au milieu du VIII^e siècle^[37].

Parallèlement à l'établissement ou au renforcement des cités épiscopales, les missionnaires venus de Gaule créent plusieurs abbayes telles que de Reichenau, fondée sur une île du lac de Constance en 724 et qui deviendra l'un des grands centres culturels de l'époque carolingienne^[38] ou de Pfäfers en 731 puis, plus tardivement, Einsiedeln au X^e siècle. C'est cependant l'abbaye de Saint-Gall, fondée par le moine irlandais Gall qui connaîtra le rayonnement le plus important, particulièrement avec le développement, au XI^e siècle, des arts de la calligraphie et de la fabrication des livres^[39].

Dans le même temps, la région du Jura voit la création ou la restauration de plusieurs couvents abritant des communautés religieuses, tel que Saint-Ursanne, fondée au VII^e siècle sur le tombeau d'Ursicinus^[40], Romainmôtier, fondée selon la légende par saint Romain et saint Lupicin au V^e siècle^[41] ou Saint-Imier vers l'an 600^[42]. Dans les Grisons, le couvent de Disentis/Mustér sera, dès l'an 700, le premier établissement bénédictin sur le sol du pays^[43].

[modifier] Souabe et Bourgogne

À la mort de Charlemagne, le traité de Verdun de 843 partage son empire en trois royaumes pour ses trois successeurs Charles II le Chauve, Lothaire et Louis le Germanique. Le territoire helvétique se trouve alors partagé en deux parties d'une taille à peu près égale, délimitées du nord au sud par une ligne Aar-col du Saint-Gothard où la partie occidentale est incluse dans la Francie occidentale de Charles II, alors que la partie orientale est incluse dans la Francie orientale de Louis le Germanique. En 870, le traité de Meerssen modifie la ligne de partage jusqu'au delà du Jura, incluant ainsi l'ensemble du territoire Suisse actuel au royaume franc oriental, à l'exception des vallées du Sud des Alpes, du bassin lémanique et du Valais^[44]. Seul le passage du Saint-Gothard ne changeait pas de mains, assurant ainsi qu'aucun des royaume issu de ces partage ne puisse contrôler seul l'ensemble des cols alpins.

Ces différents traités ne seront toutefois jamais véritablement mis en œuvre, principalement à cause de débuts d'insurrections de la part des nobles alemans contre qui le roi Louis le Germanique doit intervenir à partir de 840, en établissant notamment un palais royal et l'abbaye de Fraumünster à Zurich, ainsi qu'en rattachant fermement l'ensemble ecclésiastique formé par les abbayes de Saint-Gall et Reichenau, lui permettant ainsi de mieux maintenir son autorité sur la région. Ce n'est qu'après la mort du roi, en 917, que les nobles locaux vont pouvoir s'affranchir de la domination carolingienne en fondant le duché de Souabe, dirigé par Bouchard I^er et centré autour de Zurich^[45].

De la même manière, à l'est, Rodolphe I^er se fait élire roi de la Bourgogne transjurane, qui regroupe l'ensemble de la Suisse romande actuelle, Bâle, Soleure, Berne, la Franche-Comté et la Savoie avec le val d'Aoste et d'importants passages alpins^[46], en janvier 888 par un groupe de laïques et d'ecclésiastiques dans la basilique de Saint-Maurice^[47]. Son fils et successeur, Rodolphe II acquiert en 934 le royaume de Provence pour fonder la royaume d'Arles, également appelé deuxième royaume de Bourgogne-Provence.

Les puissances bourguignonnes et souabes, après une confrontation en 919 à Winterthour, signent une paix qui sera scellée par le mariage du roi Rodolphe avec la reine Berthe, fondatrice du monastère de Payerne et qui sera, par la suite, assimilée à une sainte dans le pays de Vaud. Cette paix marque le début d'une période faste pour le royaume de Bourgogne qui va connaitre une rapide évolution démographique, économique et architecturale^[48], alors que le pouvoir royal s'effrite progressivement, les évêchés de Lausanne, Sion et Bâle recevant à la fois les territoires et les droits régaliens du roi Rodolphe III de Bourgogne. Sans héritier direct, il prête hommage et désigne comme héritier l'empereur germanique Conrad II le Salique, déjà en possession de la Souabe grâce à son mariage, faisant ainsi passer l'entier du territoire helvète dans le Saint-Empire romain germanique^[49] d'où viendra, quelques 200 ans plus tard une alliance entre trois vallées qui sera plus tard connue sous le nom de Confédération des III cantons.

[modifier] Bibliographie

• Jean-Pierre Felber, De l'Helvétie romaine à la Suisse romande, Slatkine, 2006 (ISBN 9782832102727)
• Jean-Jacques Bouquet, Histoire de la Suisse, PUF, coll. « Que sais-je ? », Paris, 2005 (ISBN 2130545009)
• Grégoire Nappey et Mix & Remix, Histoire suisse, LEP, 2007 (ISBN 9782606012007)
• Collectif, Nouvelle Histoire de la Suisse et des Suisses, Payot, Lausanne, 1982 (ISBN 2601030178)
• Georges Andrey, Histoire de la Suisse pour les nuls, First, 2007 (ISBN 978-2-7540-0489-3)

[modifier] Notes et références

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