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Carouge - Wikipédia

Carouge

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Carouge (homonymie).
Pour les articles homophones, voir Carrouge et Carrouges.
Carouge
Administration
Pays Suisse Suisse
Canton Genève
Dénomination officielle Carouge (GE)
Langue(s) français
Maire Jeannine de Haller (2008-2009)
Localité(s) Les Acacias, Pinchat
Code postal 1227 Carouge
1227 Les Acacias
N° OFS 6608
Site Web www.carouge.ch
Géographie
Coordonnées 46°11′0″N 6°8′0″E / 46.18333, 6.1333346°11′0″N 6°8′0″E / 46.18333, 6.13333 
Altitude 386 m
Superficie 2,66 km²
Communes limitrophes Genève, Veyrier, Lancy
Démographie
Population 19 344 hab. (1er janvier 2007[1])
Densité 7 272,2 hab,/km²
Gentilé Les Carougeois
Localisation
Localisation de Carouge

Carouge est une commune suisse du canton de Genève.

Sommaire

[modifier] Géographie

Elle jouxte la ville de Genève dont elle en est séparée par la rivière l'Arve. Elle fait partie de la République et Canton de Genève depuis 1816. Elle est réputée pour son vieux Carouge, un quartier qui garde un certain charme et où les terrasses des bistrots sont très courues lorsque les beaux jours reviennent. La commune de Carouge est également surnommée la « cité sarde » du fait de son passé.

[modifier] Histoire

[modifier] La naissance de Carouge

C'est par le Traité de Turin, signé le 3 juin 1754 entre la République de Genève et le Royaume de Sardaigne, que la naissance de Carouge se matérialise. Cet accord met fin à d'incessantes querelles entre la maison de Savoie et la cité de Calvin au sujet de terrains, morcelés telle une mosaïque, le long de l'Arve, dont il est bien difficile d'y faire respecter la légitimité des juridictions respectives. Après de longues négociations, les deux parties s'orientent vers un échange de terrains. Genève cède 6973 poses de terres, verse 50.000 écus au Royaume et obtient en échange 5357 poses, ce qui constitue un accord plutôt favorable à la maison de Savoie. En effet, si Carouge n'est alors qu'un petit hameau formé de quelques maisons et auberges, il se trouve néanmoins dans une situation idéale, de l'autre côté de la rivière, à peine à quelques encablures de la grande cité[2].

[modifier] Le développement de Carouge

Profitant des ressources que lui apporte sa puissante voisine, Carouge se développe rapidement. En 1766, elle compte déjà 36 établissements de vin, industrie florissante, mais aussi contrebandière, qui n'est guère affaiblie par les royales gabelles[3]. Ce n'est toutefois que vers 1770 qu'un véritable projet politique et économique se met en place sous la houlette de Pierre-Claude de la Fléchère, Comte de Veyrier, qui est le représentant local de la noblesse savoyarde. Cet homme qui avait fort bien compris la situation géo-stratégique assez exceptionnelle du territoire, ne tarde pas à solliciter de Victor-Amédée III des privilèges permettant à Carouge de se développer, notamment en faisant appel à des étrangers[4]. En 1777, Carouge obtient deux foires annuelles et un marché hebdomadaire. Le nombre d'habitants dépasse le millier d'âmes.

[modifier] Carouge, capitale de province

Le bourg de Carouge devient par l'Édit du 2 mai 1780 la capitale de la province du même nom qui comptabilise environ 37 000 habitants. Le bourg progresse rapidement pour devenir une cité royale et, le 31 janvier 1786, elle reçoit son blason (un lion au pied d'un arbre) pour être érigée en "Ville" par lettres patentes du roi. Sa population dépasse les 3000 habitants[5].

[modifier] Carouge et le concept de Tolérance

La singularité de Carouge réside essentiellement par la mise en place par les magistrats locaux d'une politique libérale qui est largement appuyée par le pouvoir turinois. Non seulement ce dernier accorde des privilèges particuliers à la cité carougeoise - uniques dans le royaume - mais accepte aussi la venue d'étrangers, en nombre, quelles que soient leurs origines ou leur appartenance religieuse, et ce, afin de favoriser l'essor économique de la province. C'est ainsi que les Francs-maçons font leur apparition à Carouge en 1777[6], suivis des protestants en 1779 qui obtiennent la tolérance civile et religieuse en 1783[7]. Enfin les Juifs, provenant essentiellement d'Alsace, arrivent également en 1779[8]. Il faut souligner à cet effet le rôle important joué par Pierre-Claude de la Fléchère, ainsi que par l'Intendant général Giovanni-Battista Foassa-Friot, qui auront largement contribué à la mise en place de cette politique, plutôt novatrice pour l'époque. Le 27 août 1787, Victor-Amédée III proclame l'Edit de Tolérance, permettant notamment aux Juifs de bénéficier de l'application du droit commun et de jouir d'une totale liberté de l'exercice de leur culte, cas rarissime dans l'histoire de l'Europe[9]. Les Francs-maçons auront leur Loge, les protestants leur Temple, et les Juifs leur Synagogue, ainsi qu'un cimetière confessionnel situé le long de l'actuelle rue des Tireurs de Sable. A noter qu'en 1789, Pierre-Claude de la Fléchère, peu avant sa mort, suggère au pouvoir turinois d'accepter la venue à Carouge des Musulmans et de leur autoriser la création d'une Mosquée[10]. Cette ultime vision du Comte de Veyrier ne verra jamais le jour. Carouge, bientôt française, doit abandonner les caractéristiques particulières d'une politique libérale qui avaient fait de cette ville une "exception".

[modifier] Carouge française

En 1789, les frissons de la Révolution française se font nettement sentir. Pour prévenir toute agitation, la garnison de la ville passe de 144 à 650 hommes. Si cette mesure rassure quelque temps, les jours de Carouge la "Sarde" sont désormais comptés[11]. Le 2 octobre 1792 les troupes françaises, en marche pour leur Campagne d'Italie, pénétrent sans heurts dans la province de Carouge et l'annexent au département du Mont-Blanc ayant Chambéry pour chef-lieu, puis au tout nouveau département du Léman en 1798 dont Genève, elle aussi annexée, en devient la préfecture[12]. Carouge restera ainsi française jusqu'en septembre 1814.

[modifier] Carouge suisse

Après une période plutôt mouvementée où Carouge redevient sarde (traité de paix du 30 mai 1814), puis française (durant le retour de Napoléon), et à nouveau sarde (après la défaite de Waterloo), Carouge est offerte au canton de Genève par le traité de Turin du 16 mars 1816, ainsi que 31 autres communes savoyardes et françaises[13]. Le canton avait rejoint la Confédération suisse à l'occasion des traités de Paris et de Vienne en 1815. Cette cession est accompagnée d'une petite zone exempte de douanes sardes. Une des places de Carouge s'appelle d'ailleurs « place de Sardaigne ».

[modifier] Carouge contemporaine

Le premier tramway (qu'on nommait alors « chemin de fer américain ») de Suisse est mis sur pied sur la ligne Carouge-Place Neuve, qui est aujourd'hui la plus ancien tronçon d'Europe encore en service. Ainsi, après Paris, Birkenhead (banlieue de Liverpool) et Londres, Carouge et Genève possèdent des voitures sur rail, tirées par des chevaux. La traction hippomobile fut ensuite remplacée par la vapeur dès 1878 puis électrifiée dès 1894. La ligne « 12 » est créée dans les années 1900 et est internationale: elle relie Saint-Julien-en-Genevois et Annemasse, deux villes françaises, en traversant le canton de Genève. Depuis 1995, le tram 13 traverse également la commune, et depuis 2007, le tram 14 relie Carouge au quartier des Avanchets.

[modifier] Notes et références

  1. [xls] Population résidante moyenne selon les communes, 2007, Office fédéral de la statistique. Consulté le 1er mars 2008
  2. Raymond Zanone, Cap sur l’histoire de Carouge, Dumaret et Golay, Carouge, 1983, pp. 48-49.
  3. Claudius Fontaine, Recherches historiques sur Carouge, H. Mehling, Genève, 1857, pp. 144-150 ; Raymond Zanone, op. cit., p. 49 et suivantes.
  4. Eusèbe-Henri Gaullieur, Annales de Carouge, éditions Slatkine, Genève, 1982, p. 33, (réimpression de l’édition de Joel Cherbuliez, Genève, 1857).
  5. Corboz André, Invention de Carouge, Payot, Lausanne, 1968, p. 359
  6. Les Trois temples, Loge des trois temples à l’Orient de Carouge, 1788-1988, plaquette commémorative – 200ème anniversaire de la création de la Loge, Carouge, 1988, pp. 15-20.
  7. Eusèbe-Henri Gaullieur, op. cit. p. 67 et suivantes
  8. Laurence Leitenberg, Population juive de Carouge de 1780 à 1843, Mémoire de licence d’histoire économique et sociale, Université de Genève, 1992, Annexes I et II, Recensement de la population juive.
  9. Archives Départementales de Haute Savoie (ADHS), période Sarde, série C, ICI-16, correspondance n° 122, lettre du 15 août 1787 du Ministre Giuseppe Corté au Gouverneur général à Chambéry.
  10. René-Louis Piachaud, Œuvres complètes, tome II, Slatkine, Genève, 1982, lettre de M. de la Fléchère adressée à son frère M. le Comte de Châtillon le 13 mars 1789, p. 296.
  11. Raymond Zanone, op. cit. pp. 76-77
  12. Raymond Zanone, op. cit. p. 83
  13. Raymond Zanone, op. cit. pp. 90-91

[modifier] Bibliographie

  • Paul Maerky, Souvenirs d'un gamin de Carouge, 1937 (ISBN 2-05-101478-7)
  • Raymond Zanone, Les nouveaux souvenirs d'un gamin de Carouge, 1996 (ISBN 2-05-101470-1)
  • Raymond Zanone, Cap sur l'histoire de Carouge, 1983, chez Dumaret et Golay.
  • Eusèbe-Henri Gaullieur, Annales de Carouge, 1982, chez Slatkine.
  • Claudius Fontaine, Recherches historiques sur Carouge, 1857, chez Mehling.
  • André Corboz, Invention de Carouge, 1968, chez Payot.
  • Pierre Baertschi et Isabelle Schmid, Carouge, ville nouvelle du XVIIIe siècle, 1989 (ISBN 2-8257-0167-X)
  • Bâtir une ville au siècle des Lumières: Carouge, modèles et réalités, Archivio di Stato di Torino et Mairie de Carouge, 1986, 672 p.
    Catalogue de l'exposition du bicentenaire de création de la ville

[modifier] Liens externes


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