Royaumes burgondes
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- Conventionnellement et afin d'éviter les amalgames, on parlera d'implantation avant 443, puis de royaume ensuite (légitimation du foedus), quoique des rex aient pu conduire les Burgondes auparavant.
Les royaumes burgondes, légitimés en 443, sont décentralisés et y règnent des rois burgondes simultanément dans les grandes villes qui en font partie. Il est vraisemblable qu'une alliance avec le royaume alaman, que corrobore une proximité dans l'organisation du pouvoir et le syncrétisme culturel[1], ait permis leur expansion conjointe sur le domaine gallo-romain après la chute de l'Empire. Deux régions originelles se détachent, la Sapaudia et la Burgondie. Leur passage a marqué ces régions d'un point de vue identitaire pour la suite, le rattachement aux Mérovingiens ayant lieu par le biais d'une conquête armée. Après 524, plus aucune autonomie du pouvoir n'est sensible.
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[modifier] Périple en Germanie
Des cultures archéologiques révélées en Allemagne au cours des cinquante dernières années ont révélé deux emplacements en Germanie avant le contact avec l'Empire romain.
- Il est possible que les chroniqueurs romains des campagnes militaires ne les distinguent pas des Alamans lors de l'écriture de leurs annales.
- Autre hypothèse : ce contact n'a pas lieu puisque les Burgondes se séparent de la ligue des Alamans au moment où l'Empire est en plein délitement pour prendre des territoires dans les zones actuelles de la Suisse, l'Autriche, la Franche comté et des Alpes.
443 est l'année de leur établissement en tant que fédérés, traité établi par Aetius (leurs terres ne feront donc pas partie du futur domaine gallo-romain).
Une fois installés, ils opèrent sur le sillon rhodanien et le remontent jusqu'atteindre un acmé lors de leurs contact avec les royaumes francs unifiés par Clovis.
[modifier] Établissement en Sapaudia
- Contexte historique : Haut Moyen Âge
Lorsque l'Empire romain s'affaiblit, il autorise des peuples germaniques à s'installer sur son territoire comme « fédérés » (fœderati). Ces peuples reçoivent des terres et une partie du revenu de l'impôt, en échange ils doivent assurer la sécurité du territoire. Parmi eux, les Burgondes, peuple germanique de confession arienne, reçoivent en 443 une région appelée Sapaudia (le pays des sapins), qui correspond à la Savoie actuelle et à une grande partie du Plateau suisse. Les territoires contrôlant les cols alpins, comme le Valais (qui connut alors l'immigration d'une partie de l'élite romaine de la Sapaudia), restent quant à eux sous la coupe des Romains.
[modifier] Établissement en Burgondie
Une autre colonne obtient un foedus de la part de Rome dans certains parties de la région (vallée de la Saône notamment, Dijon, Autun, etc.) à partir de l'an 443.
C'est la zone géographique de la "Burgundia" (Burgondie), très distincte de la géographie de la Bourgogne actuelle compte tenu des mouvements de troupes qui vont suivre.
[modifier] Unité des royaumes burgondes
Quoique l'unification des royaumes burgondes ne se soit pas réalisée à l'époque où les royaumes francs issus des Saliens l'effectuent, ils préservent une certaine unité.
La puissance romaine s'effondrant, les Burgondes transforment bientôt la Sapaudia en un véritable royaume (en 476, peu après que le chef hérule Odoacre dépose le dernier empereur Romulus Augustule). Dans les années qui suivent, ils agrandissent considérablement leur royaume, notamment dans la vallée du Rhône (Lyon) et gagnent le contrôle du Valais et des cols alpins.
Leur expansion concerne donc la Bourgogne actuelle et sur toute la vallée du Rhône , les Alpes jusqu'en Italie et en Provence actuelle et sur toute la Suisse et la Sapaudia à des dates variables.
L'unification n'est pas évidente, les Burgondes ayant adopté un mode de fonctionnement semblable au royaume alaman avec des co-règnes portant sur les cités principales conquises sur les Gallo-romains : ces centres d'exercice du pouvoir sont Colonia Julia Vienna (Vienne) , Vesontio (éventuellement partégée avec les Alamans), Ginebra, puis (par conquête), Lugdunum.
En revanche, l'unité est manifeste pour l'armée burgonde en campagne, qui est solidaire pour les conquêtes : par le Sud, la Sapaudia atteint la provence par des luttes contre le royaume wisigoth, lui aussi en pleine constitution. La séparation montagneuse de la chaîne des Alpes l'isole du règne d'Odoacre en Italie, puis le royaume ostrogoth qui lui succède. L'extension de la Burgondie vers le nord à la fin du Ve siècle les fait voisins du domaine gallo-romain alors infiltré par les fédérés francs, amené à pactiser avec eux pour sa survie puisqu'il est encerclé par les envahisseurs (Saxons par le nord de par le passé, Alamans par l'Est, Burgondes par le Sud-Ouest, et Wisigoths par l'Aquitaine le long de la Loire.
Les Francs reprendront la problématique stratégique et traiteront chacune de ces menaces une par une au début du VIe siècle.
[modifier] Un royaume arien
Les Burgondes demeurent adeptes du christianisme arien jusqu'au règne de Sigismond. En 515, ce dernier, fils du roi Gondebaud, fonde l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune, fortifiant ainsi sa conversion, et celle de son peuple, à la confession du christianisme issue du concile de Nicée.
[modifier] Chronologie
- 436 : Des Huns auxiliaires dans les armées romaines mettent fin à Worms à l'implantation burgonde du Rhin.
- 443 : Aetius fait des Burgondes un peuple fédéré, fondation du royaume dans les provinces de l'espace gallo-romain.
- 457 : le royaume burgonde prend Lugdunum avec une prise par les troupes auxiliaires, au grand dam d'Ægidius qui fait sécession d'avec l'Empire dans le domaine gallo-romain.
- 515 : inauguration du monachisme en Europe occidentale par Sigismond.
[modifier] Postérité
Une fois devenu mérovingien, le royaume de Bourgogne inféodé en duché de Bourgogne récupère un conflit territorial avec ce qui devient le royaume alaman, à savoir le duché d'Alémanie. Cette dispute emmène jusque après l'an mil, illustrant l'empreinte identitaire laissée par l'arrivée des Burgondes dans ces régions.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Notes et références
- ↑ Les fouilles archéologiques ne permettent pas de distinguer les traces des Alamans et des Burgondes le long du Rhin.
[modifier] Bibliographie
- Jean-Pierre Leguay, L'Europe et les États barbares, Ve-VIIIe siècles, Saint-Étienne, France, 2002 (ISBN 2-7011-3254-1)
- P. Périn & G. Duchet-Suchaux, Clovis et les Mérovingiens, P. Périn & G. Duchet-Suchaux, Paris, France, 2002 (ISBN 2-235-02321-5)
- Justin Favrod, Les Burgondes. Un royaume oublié au cœur de l'Europe, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, 2002 (ISBN 2-88074-596-9)
- Michel Rouche, Clovis, éd. Fayard, 1996 (ISBN 2-213-59632-8)
[modifier] Liens internes
- Burgondes (Grandes invasions) | Roi des Burgondes
- Géographie : Sapaudia | Burgondie
- royaumes burgondes : Guerre de Burgondie (523-524) - Bataille de Vézeronce (524)
Articles génériques :
Postérité :
- (régionalement) Royaume de Bourgogne, puis Duché de Bourgogne
- Généalogie des Mérovingiens
- Liste des rois de Bourgogne