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Utopia (livre) - Wikipédia

Utopia (livre)

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Pour les articles homonymes, voir Utopia.

Utopia est l'un des ouvrages de Thomas More, qui a eu un succès particulier en France au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle.

Bien que Thomas More ne fût pas économiste, mais juriste, historien, théologien et homme politique, utopia, qui n'était pas un traité d'économie, mais plutôt une satire de la société de son temps, fut repris au XIXe siècle, sans doute par un effet de biais, pour construire des théories économiques (voir Histoire de la pensée économique).

Sommaire

Gravure de Ambrosius Holbein pour une édition de 1518. Le coin en bas à gauche montre le voyageur Raphael Hythlodaeus décrivant l'île.
Gravure de Ambrosius Holbein pour une édition de 1518. Le coin en bas à gauche montre le voyageur Raphael Hythlodaeus décrivant l'île.

[modifier] Contexte historique

En 1516, paraît en latin chez l’éditeur Thierry Martens de Louvain en Flandre, un livre étrange dont l’auteur Thomas More (Morus en latin), avocat des bourgeois de Londres et depuis peu passé au service de la diplomatie du nouveau roi d’Angleterre Henri VIII, était réputé l’ami d’Érasme.

Ce livre portait un titre construit d’après une double racine grecque signifiant « lieu qui n’est nulle part » (ou-topos en grec), mais aussi « lieu de bonheur » (eu-topos en grec), il connut un succès immédiat. D’autres éditeurs entreprirent d’éditer le livre :

On traduisit Utopia en italien, à Venise en 1548, en français, à Paris en 1550, mais ce n’est qu’en 1551, soit seize ans après la mort de Thomas More, que parut à Londres chez Ralph Robinson la traduction anglaise d’un ouvrage qui avait déjà fait le tour du monde.

Les humanistes, ces savants qui ouvraient la nouvelle page de la modernité en se consacrant à la redécouverte de l’Antiquité et de ses savoirs, les clercs qui s’interrogeaient sur le présent et l’avenir de l’Eglise romaine, les magistrats au service du droit et des États, les bourgeois instruits des villes marchandes, assurèrent la réputation de Utopia. Du coup, l’éditeur flamand qui en avait eu la primeur en tira huit éditions entre 1516 et 1520 ; le célèbre Frober de Bâle — pour lequel travaillait Érasme — en publia deux éditions.

L’Utopie de Thomas More a eu en France un retentissement particulier au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle : en 1643, en 1715, en 1730, en 1741, en 1780 : éditions, traductions nouvelles, rééditions, n’ont cessé de se succéder, faisant ainsi de cette œuvre l’un des livres les plus lus de la littérature européenne moderne pendant les Lumières.

L'originalité comme le succès de ce roman ont conduit à des imitations et cette œuvre se trouve ainsi à l'origine d'un nouveau genre littéraire auquel on donne précisément le nom d'utopie.

Au XIXe siècle, le mot utopie a servi à la construction de systèmes socialistes, avec d'autres sources plus idéologiques que l'intention initiale de Thomas More :

[modifier] Récit

Utopus s'est emparé d'Abraxa une terre qui tenait au continent et lui a donné son nom. Il "humanisa une population grossière et sauvage, et pour former un peuple qui surpasse aujourd'hui tous les autres en civilisation". Ensuite, il a fait couper un isthme et "la terre d'Abraxa devint ainsi l'île d'Utopie". La genèse de l'île est symbolique : Utopus a voulu rendre le territoire difficile d'accès pour en faire un lieu réservé ; réclamant du voyageur quelque effort pour s'y rendre. De telles barrières naturelles garantissent la protection des influences extérieures. Plus tard, Voltaire imaginera l'Eldorado (autre utopie célèbre) dans Candide. Quant au terme d'Abraxa, il n'est pas insignifiant : il désigne la ville des fous dans l'Éloge de la Folie de son ami Érasme. Ainsi, l'Utopie est régie par les mathématiques, pure manifestation de l'intelligible. Dans l'île, tout est mesurable parce que le nombre seul garantit l'égalité. Par exemple, toutes les rues de la ville d'Amaurote mesurent 6,5 m de largeur. Sur l'île, la propriété privée est inconnue, les Utopistes travaillent 6 heures par jour et prennent leur repas en commun. Le temps libre est consacré aux loisirs comme les échecs ou l'apprentissage des belles lettres.

[modifier] Commentaires

Une telle société rappelle celles créées respectivement par Aldous Huxley et George Orwell dans Le meilleur des mondes et 1984. Le prix à payer pour vivre dans la paix et l'égalité dans l'île d'Utopie ne serait-il pas un total anéantissement de l'être ?

More a imaginé une île où la vie des habitants serait à ce point réglée par l'État qu'il lui serait possible d'échapper aux injustices et violences inévitables même dans la société la mieux développée. Ainsi, le fait de qualifier le marxisme ou le libéralisme et surtout l'anarchisme d'utopique peut sembler être un abus de langage dans la mesure où More a inventé une société caractérisée par une emprise totale de l'État.

Sans doute ne faut-il pas exagérer ou déformer l'intention initiale de Thomas More, qui était de critiquer les abus de la société de son temps. More était conscient du caractère imaginaire de l'Utopie.

[modifier] Personnages

Utopus, mort depuis des années, reste le concepteur génial de tout ce qui se trouve sur l'ile. Les rues, les égouts, les remparts, les habitations, les lois, les règles sociales ... Toutes ces choses sont le résultat de son œuvre en Utopie.

[modifier] Extraits

« L’île d’Utopie a deux cent mille pas dans sa plus grande largeur, située à la partie moyenne. Cette largeur se rétrécit graduellement et symétriquement du centre aux deux extrémités, en sorte que l’île entière s’arrondit en un demi-cercle de cinq cents miles de tour, et présente la forme d’un croissant, dont les cornes sont éloignées de onze mille pas environ.

La mer comble cet immense bassin ; les terres adjacentes qui se développent en amphithéâtre y brisent la fureur des vents, y maintiennent le flot calme et paisible et donnent à cette grande masse d’eau l’apparence d’un lac tranquille. Cette partie concave de l’île est comme un seul et vaste port accessible aux navires sur tous les points.

L’entrée du golfe est dangereuse, à cause des bancs de sable d’un côté, et des écueils de l’autre. Au milieu s’élève un rocher visible de très loin, et qui pour cela n’offre aucun danger. Les Utopiens y ont bâti un fort, défendu par une bonne garnison. D’autres rochers, cachés sous l’eau, tendent des pièges inévitables aux navigateurs. Les habitants seuls connaissent les passages navigables, et c’est avec raison qu’on ne peut pénétrer dans ce détroit, sans avoir un pilote utopien à son bord. Encore cette précaution serait-elle insuffisante, si des phares échelonnés sur la côte n’indiquaient la route à suivre. La simple transposition de ces phares suffirait pour détruire la flotte la plus nombreuse, en lui donnant une fausse direction.

A la partie opposée de l’île, on trouve des ports fréquents, et l’art et la nature ont tellement fortifié les côtes, qu’une poignée d’hommes pourrait empêcher le débarquement d’une grande armée.

S’il faut en croire des traditions, pleinement confirmées, du reste, par la configuration du pays, cette terre ne fut pas toujours une île. Elle s’appelait autrefois Abraxa, et tenait au continent ; Utopus s’en empara et lui donna son nom.

Ce conquérant eut assez de génie pour humaniser une population grossière et sauvage, et pour en former un peuple qui surpasse aujourd’hui tous les autres en civilisation. Dès que la victoire l’eut rendu maître de ce pays, il fit couper un isthme de quinze mille pas, qui le joignait au continent ; et la terre d’Abraxa devint ainsi l’île d’Utopie. Utopus employa à l’achèvement de cette œuvre gigantesque les soldats de son armée aussi bien que les indigènes, afin que ceux-ci ne regardassent pas le travail imposé par le vainqueur comme une humiliation et un outrage. Des milliers de bras furent donc mis en mouvement, et le succès couronna bientôt l’entreprise. Les peuples voisins en furent frappés d’étonnement et de terreur, eux qui au commencement avaient traité cet ouvrage de vanité et de folie.

L’île d’Utopie contient cinquante-quatre villes spacieuses et magnifiques. Le langage, les mœurs, les institutions, les lois y sont parfaitement identiques. Les cinquante-quatre villes sont bâties sur le même plan, et possèdent les mêmes établissements, les mêmes édifices publics, modifiés suivant les exigences des localités. La plus courte distance entre ces villes est de vingt-quatre miles, la plus longue est une journée de marche à pied.

Tous les ans, trois vieillards expérimentés et capables sont nommés députés par chaque ville, et se rassemblent à Amaurote, afin d’y traiter les affaires du pays. Amaurote est la capitale de l’île ; sa position centrale en fait le point de réunion le plus convenable pour tous les députés.

Un minimum de vingt mille pas de terrain est assigné à chaque ville pour la consommation et la culture. En génèral l’étendue du territoire est proportionnelle à l’éloignement des villes. Ces heureuses cités ne cherchent pas à reculer les limites fixées par la loi. Les habitants se regardent comme les fermiers, plutôt que comme les propriétaires du sol.

Il y a, au milieu des champs, des maisons commodément construites, garnies de toute espèce d’instruments d’agriculture, et qui servent d’habitations aux armées de travailleurs que la ville envoie périodiquement à la campagne.

La famille agricole se compose au moins de quarante individus, hommes et femmes, et de deux esclaves. Elle est sous la direction d’un père et d’une mère de famille, gens graves et prudents.»

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

Il existe une fiche de références pour cette œuvre :
Utopia (More).
s:

L'Utopie est disponible sur Wikisource.

[modifier] Bibliographie

  • Petite vie de Thomas More, Philippe Godong, Desclée de Brouwer


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