Projet
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Un projet est une aventure temporaire entreprise dans le but de créer quelque chose d'unique. Temporaire car un projet se termine à une date déterminée et unique car le résultat final est propre au projet entrepris. Dans un contexte professionnel, il s'agit de la réalisation d'un produit ou un service. Dans le domaine législatif on parle de Projet de loi.
Sommaire
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[modifier] Étymologie
Le mot projet provient du mot latin projectum de projicere, « jeter quelque chose vers l'avant » dont le préfixe pro- signifie « qui précède dans le temps » (par analogie avec le grec πρό) et le radical jacere signifie « jeter ». Ainsi, le mot «projet» voulait initialement dire « quelque chose qui vient avant que le reste ne soit fait ». Quand le mot a été initialement adopté, il se rapportait au plan de quelque chose, non à l'exécution proprement dite de ce plan. Quelque chose accompli selon un projet était appelé « objet ». Cette utilisation du mot « projet » changea dans les années 1950, quand plusieurs techniques de gestion de projet ont été élaborées : avec cette avancée, le mot a légèrement dévié de sens pour couvrir à la fois les projets et les objets.
[modifier] Gestion de projet
Un projet peut être régulé par un plan de développement ou planifié, ce qui cloisonne sa progression par des contraintes, en le limitant à des objectifs et des paramètres déterminés. La planification, l'exécution et le contrôle de projets de grande envergure demandent parfois la mise en place d'une organisation temporaire, qui consiste en une équipe de projet et une ou plusieurs équipes de travail. Un projet nécessite le plus souvent des ressources humaines (ex: spécialiste aérodynamique), matérielles (ex: machine-outil), logicielles (ex: progiciel de modélisation géométrique) et financières.
On peut aussi penser en termes platoniciens, où les idées du monde sensible sont projetées sur le monde intelligible.
« La science des projets consiste à prévenir les difficultés d'exécution. » (Vauvenargues). Cette science est parfois appelée management projet.
Mais il y aurait un risque à réduire le projet à la seule dimension de sa réalisation technique. Quelle signification revêt-il pour les hommes qui s'en emparent, le vivent, le subissent ou le font subir ? Dans l'analyse anthropologique qu'il a réalisée sur le sujet, Jean Pierre Boutinet[1] a repéré quatre types de projets:
- le projet sur l'autre selon le modèle de la commande sociale,
- le projet pour l'autre selon le modèle paternaliste,
- le projet avec l'autre selon le modèle participatif,
- le projet de l'autre selon le modèle de l'autonomie.
[modifier] Le contenu
En principe un projet n'est pas une simple idée jetée en l'air, mais suppose d'être décrit et planifié, par exemple selon la méthode QQOQCCP
- Quoi (les actions)
- Qui (les gens concernés)
- Où (les domaines touchés par le projet, voire les lieux)
- Quand (programmation dans le temps)
- Comment (moyens, méthodes...)
- Combien (le budget)
- Pourquoi (les motifs et les objectifs)
[modifier] Le projet dans une entreprise
Dans le livre Ce que manager par projet veut dire, les auteurs écrivent :
- « Nos sociétés modernes sont devenues des "sociétés à projets". Les projets concernent autant les institutions (projet scolaire, projet d'établissement hospitalier, projet de loi, projet politique, projet de société...) que les individus, à tous les stades de la vie (du projet éducatif au projet de retraite, en passant par les projets professionnels, familiaux, existentiels...). Cette omniprésence du mode projet dans tous les aspects de l'activité humaine renvoie à une vision idéalisée de ce mode d'action. Le projet semble alors devenu un instrument qui donne l'espoir à l'homme de ne plus seulement subir les évènements, mais de pouvoir maîtriser le cours de l'histoire et forger le futur à sa façon. De quoi parle-t-on exactement ? Que se cache-t-il réellement derrière ce mot magique, supposé constituer un remède miracle pour les hommes et les organisations de ce début de siècle ? »
[modifier] Pourquoi les projets existent-ils ?
D’après Boutinet, “tenter l‘élaboration d’une anthropologie du projet, c’est chercher à comprendre comment fonctionne le projet dans différents ensembles culturels [...]”(263) Or, Boutinet se limite tout au long de son ouvrage à la façon occidentale de concevoir et de conduire des projets. La conclusion esquisse par conséquent un vaste domaine pour des explorations futures. Elle donne néanmoins déjà quelques aspects à prendre en compte lors de cette exploration. Il y aurait quatre “dimensions constitutives de la figure du projet” relevant de quatre approches scientifiques distinctes (279):
- la nécessité vitale (biologie),
- l’enjeu existentiel (phénoménologie),
- la perspective pragmatique (praxéologie),
- l’opportunité culturelle (ethnologie).
Bien que l’ambiance du projet soit fondamentalement positive (on veut changer quelque chose et on croit que c’est possible) Boutinet évoque également le caractère éphémère, aléatoire, périssable de tout projet. L’espérance est bien souvent teintée de doute, la satisfaction devant les résultats mitigée de déception, car la réalité correspond rarement à l’image rêvée lors de la conception du projet. L’angoisse existentielle, occultée durant le temps du rêve et de l’action, se pointe dès que le moment de l’accomplissement est venu. Dans une incessante fuite en avant, nous empilons projet sur projet au cours de notre existence pourtant limitée par l’horizon de la mort ... [2]
[modifier] Projet et processus
Pour bien saisir la différence de nature entre les activités de type projet, on les compare souvent aux activités dites de "processus"
Opérations |
Projets |
Univers répétitif, stable |
Univers inconnu, Innovant |
Processus récurrent, décisions réversibles |
Processus historique, décisions irréversible |
Incertitude faible : variables endogènes |
Incertitude forte : variables exogènes, non contrôlables |
Cash-flow positif, le fonctionnement dégage un bénéfice |
Cash-flow négatif, il faut investir avant d’avoir un retour |
Difficulté : intervenir rapidement en cas de blocage |
Difficulté : gérer un “saut dans l’inconnu” complexe |
[modifier] L'apparition de la structure de projet
Pendant plusieurs décennies, les entreprises ont cherché à augmenter leur profit en diminuant leurs coûts (amélioration des processus, fusions pour économies d'échelle,...).
Mais aujourd'hui cette bataille est perdue d'avance pour les entreprises implantées dans les pays développés en raison de la concurrence irrésistible des pays en voie de développement aux coûts de main d'œuvre imbattables.
Une solution possible est donc de créer de la valeur en innovant constamment. La structure la mieux adaptée pour cet objectif d'innovation est celle du projet. En effet elle permet de gérer un environnement qui ne durera pas (à l'inverse de la production de série) et où les décisions seront donc irréversibles.
Plus tard, la structure de projet se révèlera aussi utile pour la résolution rapide de problèmes apparus après le démarrage de la production.
[modifier] L'intérêt de l'organisation en mode projet
L'organisation professionnelle en « mode projet » est complémentaire à celle classiquement pratiquée par les entreprises depuis le début du XXe siècle, à savoir celle en « mode métier ». Le croisement des 2 concepts donne d'ailleurs naissance à l'organisation matricielle Métier/Projet pratiquée depuis les années 1980 dans les grandes organisations industrielles.
L'organisation métier était la plus appropriée lorsque la pression du temps sur les entreprises était bien moins grande qu'aujourd'hui, notamment du fait de marchés tirés par la demande. C'est une structuration adaptée à la capitalisation des savoirs et savoir-faire par les spécialistes métier. Malheureusement, cette structure « métier » n'est pas adaptée à la tenue des délais et des budgets.
Le principal avantage de l'organisation en « mode projet » est donc la tenue des délais dans la conception et la livraison des objets du projet et par conséquent des budgets (selon de vieil adage « Time is Money »).
Par ailleurs, l'organisation projet est également dotée d'instruments de mesure des coûts « à tous les étages » de telle sorte que chaque décideur peut toujours savoir, à tout instant, ce que coûte un projet et quelles sont les ressources financières déjà engagées. Cette caractéristique propre à l'organisation en « mode projet » permet alors d'appliquer des politiques de management relevant du « pilotage de projet » (ex: planification prévisionnelle, mesure des dérives, plan d'actions correctives, ...).
[modifier] La place des projets dans l'entreprise
Les projets sont généralement réalisés par des entreprises. Le but du projet étant d’apporter de l’innovation pour augmenter la valeur du produit et donc avoir des produits compétitifs. Seulement, les projets n’ont pas tous la même ampleur et toutes les entreprises sont différentes. Ainsi, on voit apparaître différent type d’entreprise à projet :
L’entreprise qui réalise des projets en coopération est une entreprise qui n’a pas les capacités ou les ressources pour créer un projet par ses propres moyens. Elle fait donc appel à des entreprises extérieures pour réaliser certaines parties du projet. La sous-traitance peut concerner plusieurs parties du projet et non pas uniquement la production comme on le pense souvent. En effet, une entreprise peut faire appel à une autre entreprise pour la production, mais aussi la conception, l’aspect mercatique … L’industrie de l’automobile est un bon exemple des entreprises qui effectuent des projets en coopération.
Les projets qui sont réalisés par plusieurs entreprises sont des projets qui font appel à des domaines complètement différents et qui sont donc gérés par plusieurs entreprises à niveau d’investissement équivalent. L’organisation est centrée sur le projet et non sur les entreprises. Ainsi, ces types de projets ont la nécessité d’un coordinateur de projet pour gérer les différentes ressources humaines. Le domaine du BTP est régi par ce type d’organisation où chacune des entreprises apportent une compétence particulière (électricité, toiture, maçonnerie,…).
La dernière forme d’entreprises concerne celles qui ont la capacité d’effectuer des petits projets au sein même de l’entreprise et qui pour de plus grands projets font appel à d’autres entreprises pour une coentreprise. Ces entreprises ont une multitude de ressources, elles sont donc généralement de grandes tailles. Ainsi, elles effectuent dans l’entreprise une multitude de petits projets internes. Concernant les grands projets, pour des raisons de ressource ou de prise de risque, ces entreprises font appel à d’autres entreprises pour effectuer des projets en collaboration autrement appelés des JV. L’industrie des nouvelles technologies utilise ce type d’organisation pour avoir une meilleur compétitivité dans un marché difficile.
[modifier] Les typologies de projet dans les entités structurelles
[modifier] Les acteurs du projet
Ces acteurs sont liés par :
[modifier] Leurs différentes manières de s'organiser
structure fonctionnelle
Chaque spécialiste métier reste dans sa division et communiquera directement avec ses homologues pour faire les choix relatifs au projet. Dans ce cas il n'y a pas de chef commun. L'implication dans le projet ne se fait que si les acteurs s'y attachent et que leur direction métier peut leur laisser suffisamment de temps.
structure de coordination de projet
Le coordinateur n'est qu'un gestionnaire du projet : il ne dirige pas tous les acteurs mais il est en relation étroite avec les chefs de projet métier. Les acteurs sont donc déchargés de la tâche de gestion de projet, qui est en plus effectuée de façon plus efficace puisque centralisée. Mais il n'y a toujours pas de direction du projet qui pourrait « concurrencer » les directions métier.
Structure de direction de projet :
Le directeur de projet gagne en pouvoir puisqu'il a un poids hiérarchique sur les autres participants au projet. Cela lui permettra d'y apporter encore plus de cohérence en donnant des priorités dans la réalisation des différentes tâches du projet plutôt que des conseils qui pouvaient être plus ou moins suivis. Cependant apparaît le problème du conflit de direction puisque les intervenants métiers ont maintenant deux chefs : un pour leur métier et un pour le projet. Leur comportement risque d'être encore plus imprévisible.
La structure de projet sorti :
Tous les acteurs du projet quittent la structure dans laquelle ils étaient (y compris physiquement : le travail sur le projet se fait souvent en plateau (open-space) pour une meilleure circulation de l'information). La hiérarchie est maintenant claire et l'efficacité grandement améliorée (plusieurs années de développement gagnées pour le développement d'une voiture par exemple). Le problème se pose cependant de la reconversion des différents acteurs à la fin du projet puisqu'ils auront perdu leur compétence métier en ayant passé plusieurs années sur des actions variées. De plus, si l'entreprise n'a pas de projet à proposer directement à la suite, ces acteurs risquent d'être débauchés par des concurrents qui lancent leur projet.
[modifier] L’évolution des montages de projets
Les projets peuvent être organisés suivant des schémas complexes (provoquant coûts et délais) du fait qu'ils doivent s'insérer dans l'organisation pré existante de l'entreprise, elle même complexe. Pour améliorer leur rendement, les ingénieurs en management de projet au cours des années ont créé des types de montage visant à simplifier ces schémas. Les projets sont passés d’un schéma traditionnel à celui de l'ingénierie intégrée.
Avant les années 1980, au début de l’apparition des projets, les projets étaient régis par le développement séquentiel traditionnel. Ce type de montage est le plus simple mais le moins efficace. Les tâches passent d’un service à l’autre selon le principe « over the wall ». Un service effectue une action complètement puis la passe au service suivant. Ce mode de tâches successive n’est pas efficace à cause du temps total du projet qui est la somme du temps de chaque tâche.
Dans les années 1980, les projets dont le développement se fait en ingénierie simultanée et AV font leur apparition. Contrairement au développement séquentiel traditionnel, les tâches sont effectuées le plus possible en même temps. La durée du projet est ainsi très largement réduite. Cependant ce type d’organisation de projet demande une organisation lourde pour gérer tous les services en même temps. Pour éviter ce problème, on fait appel à un coordinateur de projet qui permet de gérer l’ensemble du projet et notamment les relations inter-services. Ainsi, on obtient des projets rapides avec des coûts réduits.
Dans les années 1990, les projets sont complètement restructurés avec l’apparition de l’ingénierie intégrée. Tout le projet est centré géographiquement sur un plateau où tous les services sont représentés. On obtient ainsi une équipe pluridisciplinaire. L’absence de corps de métier et la centralisation géographique du projet permet d’améliorer nettement la communication au sein du projet. Ainsi, les projets sont encore plus rapides et moins coûteux. Par contre, des problèmes apparaissent à la fin du projet. Que faire des acteurs du projet ? En effet, l’entreprise peut les placer sur un autre projet mais tous les projets ne demandent pas les mêmes ressources humaines. Dans ce type d’organisation du projet, il faut faire appel à un service des ressources humaines efficace pour gérer ce problème.
Les projets n’ont donc pas d’organisation type même si en général, ils se rapprochent de certains modèle qui ont fait leurs preuves. Chacun des modèles ont des avantages et des inconvénients et chaque entreprise souhaitant créer un projet doit examiner avec précision ces ressources et ses exigences pour choisir le type de projet le mieux adapté.
[modifier] Notes et références de l'article
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographies
- (fr) Roger AÏM,La Gestion de Projet Introduction historique - Concept de projet - Méthodes de gestion - Structure organisationnelle - Communication, . Éditions Gualino, 2007. ISBN 978-2-297-00353-7
- (fr) Alain AMGHAR, Management de Projets, J.C.I inc.
- (fr) Alain Asquin, Christophe Falcoz, Thierry Picq, Ce que manager par projet veut dire. Éditions d'Organisation, 2005. ISBN 2-7081-3261-X
- (fr)Anthropologie du projet, Jean Pierre Boutinet, PUF, 2005,
- (fr)Psychologie des conduites à projet, Jean Pierre Boutinet, PUF, 1993
[modifier] Articles connexes
- Gestion de projet
- Financement de projet
- Programme
- Projet Manhattan : développer la première arme atomique