Panturquisme
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Le panturquisme est une idéologie cherchant à réunir tous les peuples turcs dans un même État-nation, le « Touran ».
Ce concept a été popularisé par les Jeunes-Turcs et en particulier par Enver Pacha. Il fut ensuite rejeté et combattu sous la Turquie kémaliste même si elle s'est beaucoup appuyé sur le nationalisme pour la formation du jeune État-nation turc - au nom du fameux principe kémaliste : "Paix dans le pays, paix dans le monde".
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[modifier] Historique
Le génocide arménien de 1915-1916 est dû au régime des Jeunes-Turcs qui voulaient créer cet état-nation du Touran, car les Arméniens, implantés en Anatolie de l'Est, demeuraient le principal obstacle à cette unification. Mais avec le démembrement de l'Empire ottoman, la naissance de la Turquie moderne et l'intégration des républiques d'Asie centrale Turcophones dans l'URSS, cette entreprise se trouva bien compromise.
Dès la dissolution de l'URSS, la Turquie a immédiatement reconnu l'indépendance des républiques turcophones. Elle a apporté son concours à l'insertion rapide de ces républiques aux organisations internationales et régionales. Elle a aussi apporté une aide multiforme non négligeable pour l'ouverture des représentations des républiques turcophones dans différents pays dans le monde. Le 24 janvier 1992, elle a instauré la TIKA (Agence Turque de Coopération Internationale) rattachée au Ministère des Affaires étrangères, afin de réguler et de coordonner l'ensemble des actions politiques, économiques, culturels avec les républiques turcophones.
La Turquie a signé avec celles-ci plusieurs centaines de protocoles et d'accords à la fois bilatéraux et multilatéraux dont les premiers étaient relatifs au domaine culturel afin de ménager la Russie inquiète du rapprochement des États turcophones. La Russie a d'ailleurs accueilli avec froideur la réunion historique des chefs d'État des pays turcophones d'Asie centrale (Azerbaïdjan, Turkménistan, Ouzbékistan, Kirghizstan et Kazakhstan), à Ankara, le 31 octobre 1992. Par la suite, ces accords, traités et protocoles ont été élargi progressivement aux autres domaines en particulier au domaine économique.
L'unification et la latinisation des alphabets turcs ont été une des premières préoccupations des autorités turques dès le lendemains de la défédéralisation de l'URSS. Ce processus s'est accompagné également par la diffusion des émissions des chaînes turques via TURK-SAT sur un espace géographique allant de l'Europe occidentale jusqu'au Turkestan. Avec la création du TURKSOY (Administration Commune des Cultures et des Arts Turcs ou TURCITE) en juin 1993, l'objectif de la Turquie est de réaliser en priorité à moyen terme l'unification culturelle et surtout linguistique par des coopération multiformes entre les républiques et les communautés turcophones de l'ex-URSS et la Turquie. L'institution du TÜRKSOY équivaut à celle du Haut Conseil de la Francophonie institué le 12 mars 1984 en France.
Pour la réalisation de l'unification économique, Ankara a ouvert des lignes de crédits par le biais de l'Eximbank turc afin de favoriser les investissements et les échanges économiques. Des centaines de joints - ventures sont ainsi entrées en activité. L'ensemble des relations économiques, commerciales, techniques, éducatives, scientifiques, sociales et culturelles entre la Turquie et les Républiques et Communautés Turcophones (RCT) sont administrées et coordonnées par la TIKA. Ses activités visent le développement économico-politique des pays turcophones ainsi que des pays limitrophes. La Turquie ambitionne d'exporter son modèle de développement économique et politique vers les républiques turcophones face au modèle iranien rejeté par l'Occident globalement hostile à l'Islamisme depuis le retrait de l'idéologie communiste de la scène internationale. Elle forme les cadres dirigeants (entrepreneurs, diplomates, officiers, enseignants etc) des RCT.
La question de l'acheminement des hydrocarbures des républiques turcophones vers la Turquie, la Méditerranée et l'Europe a été et demeure un enjeu géopolitique majeur entre les puissances régionales : Russie, la Turquie et l'Iran. Si sur le plan culturel et économique, les républiques turcophones sont d'accord pour envisager la construction d'un " marché commun turc " mutuellement profitable pour le partage des richesses, sur le plan politique, il n'est guère envisageable de réunir en l'état actuel des relations internationales, les RCT en une seule entité politique. Tous les chefs d'État des républiques turcophones sont ouvertement contre toute unification politique basée sur le panturquisme considéré comme un rêve dépassé.
Les républiques turcophones vivent actuellement ce qu'ont vécu les État-nations arabes après la dissolution de l'Empire ottoman. Elles sont à la recherche de leur identité nationale et les intérêts de chaque pays ne coïncident pas forcément avec ceux de la Turquie. En outre, il existe des divergences fondamentales entre les républiques turcophones en raison d'un siècle de séparation. Ces républiques et communautés ont des relations économiques déterminantes avec la Russie qui demeure leur partenaire économique privilégié. La Russie est également le premier partenaire commercial de la Turquie dans la région.
[modifier] Le Panturquisme dans la politique turque actuelle
En Turquie contemporaine, le panturquisme turc représenté par le Parti d'Action Nationaliste (MHP) dirigé depuis plusieurs décennies par Alpaslan Türkeş, un ancien colonel, s'oppose globalement sur le plan idéologique au panturquisme sultangaliévien : le MHP est considéré comme un parti ultra-nationaliste de droite qui a toujours eu sa place dans un système politique (République parlementaire) dans lequel la formation du gouvernement passe par des coalitions. En outre, il est fortement implanté dans l'armée qui est et demeure le garant suprême de la république Une et Indivisible et qui a toujours eu son mot à dire sur la gestion du pays. Depuis l'effondrement de l'URSS, le MHP n'a pas obtenu le succès qu'il escomptait, notamment lors des dernières élections législatives. Ceci est dû en partie à l'encouragement direct (par le régime) et indirect du défunt parti islamiste (disparition du communisme), le Parti de la Prospérité (Refah Partisi) dirigé par Necmettin Erbakan. Incapable d'endiguer la guérilla PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) depuis 1984, le régime turc, en privilégiant un parti islamiste tente de lutter à la fois contre l'idéologie marxiste léniniste du PKK (scénario afghan) et tente de rassembler la population autour de la religion, un très fort vecteur de cohésion afin d'assurer l'unité et la stabilité interne du pays tout en isolant le PKK des masses populaires.