Organisation des pays exportateurs de pétrole
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Organisation des pays exportateurs de pétrole | |
|
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ou en anglais Organization of Petroleum Exporting Countries (OPEC) est une organisation intergouvernementale (un cartel) de pays visant à négocier avec les sociétés pétrolières pour tout ce qui touche à la production de pétrole, son prix et les futurs droits de concessions.
Durant toute l'année 2008, le président de l'OPEP est le ministre algérien de l'Énergie et des Mines Chakib Khelil [1].
Sommaire |
[modifier] Historique
L'OPEP est créée le 14 septembre 1960, lors de la Conférence de Bagdad, principalement à l'initiative du Shah d'Iran Mohammad Reza Pahlavi et du Venezuela pour pallier la baisse du prix du baril (moins de 5 dollars américains à l'époque). À l'origine, seuls cinq pays en étaient membres : l'Arabie saoudite, l'Iran, l'Irak, le Koweït et le Venezuela [2].
Ils furent rejoints par la suite par d'autres pays producteurs [2] :
- le Qatar en 1961
- l'Indonésie en 1962, qui se retire en 2008
- la Libye en 1962
- Abou Dabi en 1967 - qui avec six de ses voisins formera les Émirats arabes unis en 1971
- l'Algérie en 1969
- le Nigeria en 1971
- l'Équateur en 1973, qui se retire en 1992 et y revient en 2007
- le Gabon en 1975, qui se retire en 1996
Pendant les cinq premières années de son existence, son siège est situé à Genève, en Suisse. Il est déplacé le 1er septembre 1965 à Vienne en Autriche.
Le 12 mai 2006, lors d'un sommet Union européenne-Amérique latine, le président de la Bolivie Evo Morales a déclaré à des journalistes vouloir que la Bolivie fasse partie de l'OPEP. Néanmoins, le pays n'est qu'un producteur mineur de pétrole. Le jour précédent, l'OPEP s'est engagé à prêter à un taux d'intérêt réduit 10 millions de dollars américains sur 20 ans à la Bolivie, pour aider ses universités publiques [3].
Fin novembre 2006, il a été annoncé, qu'au terme de longues négociations deux nouveaux pays ont accepté de joindre l'OPEP. L'Angola (deuxième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne après le Nigeria avec 1,4 million de barils par jour, et 2 millions de barils à la fin de 2007) est devenu le douzième membre de l'OPEP au 1er janvier 2007 [4]. Il sera suivi par l'Équateur, qui revient dans l'organisation. Ensemble, ils contribueront à la production de l'OPEP à hauteur d'environ 2,5 millions de barils par jour[5].
[modifier] Objectifs
La création de l'OPEP résulte du fait que jusque dans les années 1950-1970, les compagnies pétrolières avaient les pleins pouvoirs sur le cours du pétrole et imposaient leurs prix aux pays producteurs. C'est ainsi que les principaux pays producteurs décidèrent de se regrouper de manière à pouvoir influer sur le cours du pétrole. La prise de contrôle de la production de pétrole se fit par une politique de nationalisation.
Étant maîtres de leur production, les pays producteurs peuvent de cette manière influencer le cours du baril de pétrole et ainsi augmenter leurs revenus.
[modifier] Fonctionnement
L'OPEP cherche à réguler la production et le prix par un effort coordonné de ses pays membres, notamment en instaurant un système de quotas de production. Les membres constituent donc un cartel de producteurs. Ils se mettent d'accord sur la quantité de pétrole exporté, ce qui influence le prix du marché. En 2005, ses États membres possèdent 78,4% des réserves estimées de pétrole [6] et fournissent 43% de la production mondiale de pétrole brut [7].
Les transactions de pétrole se faisant en dollars américains, le changement de la valeur du dollar par rapport aux monnaies des pays producteurs affecte les décisions de l'OPEP quant à la quantité à produire. Par exemple, lorsque le dollar baisse par rapport aux autres monnaies, les États de l'OPEP voient leurs revenus diminués pour les achats effectués dans d'autres monnaies, ce qui réduit leur pouvoir d'achat puisqu'ils continuent à vendre leur pétrole en dollars.
Les décisions de l'OPEP ont une importante influence sur le cours mondial du pétrole. Un exemple est la Crise pétrolière de 1973 lors de la Guerre du Kippour : l'embargo de l'OPEP envers les pays occidentaux qui soutiennent Israël provoque une multiplication par quatre du cours pendant cinq mois (17 octobre 1973 - 18 mars 1974). Par la suite, le 7 janvier 1975, les pays de l'OPEP s'entendent pour augmenter le prix du pétrole brut de 10%.
À l'inverse d'autres cartels, l'OPEP a réussi à relever le prix du pétrole pendant de longues périodes. Le succès de l'organisation vient de la volonté de l'Arabie saoudite d'accepter les triches des autres membres et de baisser sa production lorsque les autres dépassent leurs quotas. Ainsi la plupart des membres produisent au maximum de leur capacité et l'Arabie saoudite est le seul à avoir une capacité de réserve et la possibilité d'augmenter la production si nécessaire.
La règle a très bien réussi dans le passé, amenant le cours du brut à rejoindre des niveaux qui n'avaient été atteints que par des produits raffinés. Toutefois, la capacité de l'OPEP à monter les prix a des limites. L'augmentation amène une baisse de la consommation et pourrait causer une diminution des revenus. De plus, des augmentations systématiques pourraient encourager l'utilisation d'énergies alternatives. Enfin, une part croissante des producteurs ne fait pas partie de l'OPEP.
Par ailleurs, les marchés à terme de Londres (ICE) et de New York (NYMEX) jouent un rôle croissant dans la détermination des cours, retirant ainsi du pouvoir à l'OPEP. L'Iran a établi un contre-pouvoir à ces marchés en ouvrant en février 2008 sa Bourse internationale iranienne du pétrole, où s'échange dans un premier temps des dérivés du pétrole. Ces transactions ne s'effectuent plus en dollars mais en diverses autres monnaies (le rial iranien principalement).
Jusqu'à la Guerre du Golfe de 1990-1991, le président irakien Saddam Hussein demandait à l'OPEP de monter les cours du pétrole afin d'aider l'Irak et d'autres pays membres à résorber leur dette.
[modifier] Pays membres
Les 13 pays membres (2 nouveaux depuis le 1er janvier 2007) sont :
- Premier pays à avoir réussi à nationaliser son industrie d'hydrocarbures le 24 février 1971, l'Algérie reste un membre important et stratégique de l'OPEP.
- L'un des plus grands terrains d'explorations pétrolière des dix dernières années, le pays affiche une croissance de production à deux chiffres. Néanmoins la structure de son industrie pétrolière n'est pas celle des membres de l'OPEP : le secteur est presque entièrement aux mains des multinationales, et le taux de déplétions de ses gisements est élevé.
- La production de ce pays devrait fortement repartir à la hausse dans les années qui viennent, la levée des sanctions occidentales permettant de nouveaux investissements. Le pays offre un bon potentiel d'exploration, sa place dans l'OPEP devrait donc progresser.
- Le Nigeria est un membre assez remuant de l'organisation. Sa production augmente fortement grâce à des développement en offshore profond, et le pays dépasse assez souvent son quota. Il a plusieurs fois exigé l'augmentation de son quota sous la menace de quitter l'OPEP. La raison est peut être que l'industrie pétrolière du pays est la moins nationalisée de l'OPEP : elle est presque entièrement aux mains des multinationales.
- Le leader historique de l'OPEP s'appuie sur les plus vastes réserves de pétrole conventionnel du Monde, son statut de plus grand producteur et exportateur, et le fait qu'il concentre presque toute la capacité de réserve. Le pays a besoin d'investissements énormes en permanence pour remplacer la production perdue par l'épuisement des gisements (semble-t-il quelques 800 000 bbls/j chaque année, et sa production comprend une part croissante de pétrole de qualité basse à moyenne.
- Seul Abou Dabi est réellement membre de l'OPEP. Les Émirats sont une confédération crée en 1972, seule Abou Dabi était déjà membre de l'OPEP et les autres émirats ne se considèrent pas liés par les quotas - mais leur production est de toute façon faible et en déclin. Abou Dabi est un grand producteur, mais tous ses gisements significatifs sont exploités depuis plus de 30 ans.
- Le statut de l'Irak est en quelque sorte en suspens depuis le conflit récent. Le pays est encore nominalement membre de l'OPEP, mais n'est plus inclus dans les quotas. Le pays pourrait avoir des réserves parmi les plus vastes de l'OPEP, mais le nouveau régime n'a pas encore clarifié ses intentions.
- L'Iran est un pilier historique de l'OPEP, et démontre à nouveau aujourd'hui sa détermination à utiliser l'arme pétrolière comme moyen de pression contre les Etats-Unis d'Amérique. Ses grands gisements connaissent une grave déplétion, le pays parvenant à peine à produire autant que les quotas de production l'y autorisent.
- Ce pays a la particularité d'avoir des réserves concentrées en grande partie dans un seul gisement. Ce gisement semble avoir atteint le pic de production, et les réserves officielles sont largement contestés, y compris à l'intérieur du pays, dans un contexte de grands changements politiques.
- Les réserves de brut conventionnelles de ce pays sont relativement modestes, et la production devrait décliner dans un avenir proche. Elle sera largement remplacée par le gaz naturel, les condensats et le brut de synthèse fournit par le North dome, plus grand gisement gazier du monde, mais ces produits échappent aux quotas de l'OPEP.
- Ce pays revient dans l'OPEP après l'avoir quitté en 1992. C'est un petit producteur de pétrole par rapport aux autres membres, mais ses réserves sont relativement importantes (environ 5 milliards de barils).
- Sous la présidence d'Hugo Chavez, ce pays a pris un rôle bien plus actif dans l'OPEP, contribuant à redonner à celle-ci son statut d'arme géopolitique. Le pays tente actuellement de classer en "réserves prouvées" ses vastes réserves de sables bitumineux. Celà fait sans doute partie d'une manœuvre plus vaste visant à contester le leadership saoudien dans l'organisation.
- La production de pétrole indonésienne est en déclin depuis 1997, et le pays est devenu importateur net. Son appartenance à l'OPEP n'a donc plus de sens, et en mai 2008 le gouvernement a officiellement annoncé son retrait de l'organisation[8].
Certains importants pays producteurs de pétrole, dont certains sont exportateurs nets, ne sont pas membres de l'OPEP. C'est le cas du Canada, du Soudan, du Mexique, du Royaume-Uni, de la Norvège, des États-Unis, de la Russie et d'Oman.
[modifier] Références
- ↑ (fr) Chakib Khelil président de l'OPEP sur Algerie-dz.com, 2 janvier 2008. Mis en ligne le 2 janvier 2008, consulté le 11 juin 2008
- ↑ a b (fr) L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), La Documentation française. Consulté le 7 janvier 2008
- ↑ (fr) La nationalisation des hydrocarbures, outil ou écueil pour le développement de la Bolivie ?
- ↑ (en) Who are OPEC Member Countries?
- ↑ (fr) L'OPEP baissera sa production de 500 000 barils par jour à partir de février, dans le quotidien Le Monde du 14 décembre 2006
- ↑ (en) OPEC FAQ - What are OPEC's proven oil reserves?
- ↑ (en) OPEC FAQ - Does OPEC control the oil market?
- ↑ L'Indonésie s'apprête à quitter l'Opep, Reuters, 28/05/2008
[modifier] Voir aussi
- La section économie l'article Pétrole
- Pic pétrolier
- Régions pétrolifères
- Crise pétrolière de 1973
- Crise pétrolière de 1979
- Maladie hollandaise
- Géopolitique du pétrole
[modifier] Liens externes
- (en) Site officiel
- (fr) Que reste-t-il du pouvoir de l'OPEP aujourd'hui? sur le site de La Documentation Française
Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) | |
Algérie | Indonésie | Iran | Irak | Koweit | Libye | Nigeria | Qatar | Arabie saoudite | Émirats arabes unis | Venezuela |