Marché
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Le marché est un lieu où des vendeurs se réunissent pour proposer leurs produits aux consommateurs. Par extension, le terme désigne tout système d'échanges réunissant un nombre d'acteurs économiques important.
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[modifier] Économie
Pour les économistes, le marché est un système d’échange de biens, de services, d'actifs financiers ou immobiliers, etc. La liste des choses qui font l'objet d'un marché est potentiellement infinie et l’on a vu, suite au protocole de Kyōto, se développer le marché du « droit de polluer » dans le cadre de la bourse du carbone. Le marché repose sur un ensemble de règle juridiques ou informelles[1] par lesquelles ce type d'opération économique peut se réaliser. Il est activé par les interactions entre acheteurs et vendeurs, la confrontation de l’offre et de la demande, confrontation qui débouche sur un prix de marché.
Le marché n'est pas aussi naturel et spontané qu'on l'imagine, « si le système de marché est une danse, c’est l’État qui fournit la piste et l’orchestre »[2] et les marchés sont d’autant plus fluides et efficaces que le cadre de la relation contractuelle n'est pas bilatéral, c’est à dire soumis au bon vouloir de deux parties dont l’une pourrait se soustraire à tout moment à ses engagements, mais soumis à la surveillance et la garantie d'un arbitre. L’État, en tant que législateur et justicier, est le meilleur garant de l’efficience de marché[3].
Cependant, de même que des gens peuvent disputer un match sans arbitre, il est possible de conclure des marchés sur la base de la confiance réciproque que les clauses en seront respectées, et de la menace directe en cas de violation : ainsi fonctionne le marché noir, non garanti par les procédures légales.
On parle aussi par extension du marché du travail pour l'échange de la force de travail contre rémunération.
Les tenants du libre-échange estiment que lorsque des contraintes étatiques portent sur les échanges, au niveau des quantités pouvant être offertes ou achetées, ou du niveau des prix, on s'éloigne en partie ou totalement du concept de marché. Dans cette vision, on considère que l’efficience du marché est atteinte quand le juste prix et une allocation des ressources sont optimums.
[modifier] Marketing
Le marketing propose trois visions du marché. La vision « produit » segmente le marché en quatre avec un marché principal qui est l’ensemble des produits semblables entrant directement en concurrence les uns par rapport aux autres (par exemple, le marché des consoles), le marché environnant qui est l’ensemble des produits différents mais concourant à la satisfaction d'un même besoin (par exemple le marché des collants et celui des bas), le marché support est constitué des produits dont la présence est nécessaire à la consommation des produits du marché principal (les pantalons, les jupes, par exemple) et le marché générique est celui de l’ensemble des produits issus du marché principal et environnant (celui de l'habillement pour reprendre nos exemple précédents).
La vision du marché centrée sur la demande étudie tous les clients capables et désireux d'effectuer un échange marchand en vue de satisfaire un besoin ou un désir.
Dans une optique centrée sur l’échange, enfin, le marché correspond au volume d'affaires total d'une activité.
[modifier] Prise de décision
Le marché est un système de prise de décision : il suffit que chacun y vienne avec une ou plusieurs options, et pour chacune le prix qu'il est prêt à payer pour la voir adoptée ou, au contraire, le prix qu'il demande si elle est adoptée (sachant qu'il préfère donc son rejet). Par défaut, on reste dans la situation antérieure.
On retient, si elle existe, l'option qui produit la plus grande valeur ajoutée apparente (i.e. différence entre les offres d'adoption et les demande de rejet), on paye les demandeurs du rejet à proportion de leur exigence, et on fait ce qu'on veut de la valeur ajoutée (partage égal entre tous, versement au trésor public, etc.)
Il n'y a pas de perdants, chacun repartant soit dans la même situation qu'au départ, soit avec une compensation supérieure à ce que lui coûte l'option retenue. Cependant, ce système ne permet pas de se soustraire au Théorème d'impossibilité d'Arrow : de ce point de vue son seul défaut est qu'il ne respecte pas le critère le plus faible (l'insensibilité aux options non pertinentes). Le résultat final peut dépendre de l'ordre des échanges.
[modifier] Exemple
Imaginons que quatre villes soient sollicitées pour déterminer la ville où sera construit l'hôpital devant les desservir.
Imaginons d'autre part que la ville A regroupe 42 % des votants, la ville B 26 % des votants, la ville C 15 % des votants et la ville D 17 % des votants.
Il faut aussi, pour les besoins du calcul, faire des hypothèses sur la valeur du cadeau que représente l'hôpital pour les habitants. On peut supposer qu'il vaut 100 euros, c’est-à-dire qu'ils sont prêts à payer 100 euros pour avoir l'hôpital chez eux, mais que chaque km à parcourir réduit de 1 euro la somme offerte. Ainsi, les habitants de A ne payeraient que 70 € pour l'hôpital s'il est en B, et seulement 50 € s'il est installé en D.
Enfin, il faut faire des hypothèses sur le mode d'enchère : on supposera que chaque option fait l'objet d'une promesse de dons si elle est retenue, et que si une option n'est pas retenue, les promesses de dons correspondantes sont nulles : il est donc possible de faire des promesses parallèles et contradictoires (exactement comme on peut engager plusieurs négociations commerciales pour l'achat de son futur logement). En outre les résultats n'en sont publiés qu'au terme : ainsi, il n'est pas possible de surenchérir et il faut d'emblée offrir le maximum qu'on souhaite. Enfin, on supposera que les sommes collectées sont offerte pour prix de l'hôpital commun, elles sont donc perdues pour les habitants (mais pas pour tout le monde)
Le résultat des offres avec ces hypothèses est donc théoriquement le suivant :
Ville A (42%) | Ville B (26%) | Ville C (15%) | Ville D (17%) | résultat (total) |
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---|---|---|---|---|---|
Hôpital en A Hôpital en B |
4 200 2 940 |
1 820 2 600 |
825 1275 |
850 1360 |
7 695 8 175 |
C'est B qui est le site qui a la plus grande valeur ajoutée : 8 175 € par tranche de 100 habitants (à multiplier par le nombre d'habitants et à diviser par cent pour obtenir la valeur ajouté totale en euros).
C'est donc dans la ville B que sera construit l'hôpital.
C'est d'ailleurs, là encore théoriquement, le résultat qu'aurait obtenu un « technocrate » procédant à un calcul d'optimisation économique et qui ne se tromperait pas dans les hypothèses de valeur à retenir (100 € moins 1 € du km).
[modifier] Avantage et inconvénient
Le système est très fin et permet de s'adapter aux préférences réelles des uns et des autres. Si les sommes collectées sont suffisantes, on peut s'apercevoir qu'il est possible de construire deux hôpitaux. Inversement, on peut constater que la construction coûte plus cher que ce que les habitants estiment souhaitable. On peut enfin constater que les uns sont prêts à dépenser plus que d'autres, ou bien sont plus ou moins sensible à la distance, ce qui fait varier le site retenu.
Par contre, le système est très sensible à la méthode de mise en marché, et s'il y a lieu, à la méthode d'allocation de la valeur ajoutée. Il donne des résultats variables selon l'ordre des opérations (par exemple, si on demande d'abord où construire l'hôpital, puis où construire le tramway, les résultats peuvent être très différents de ce qu'on obtiendrait si on propose la construction du tramway avant de proposer celle de l'hôpital).
[modifier] Le vote comme marché
Inversement, le vote est un marché particulier où la proposition n'est pas libre et où une procédure fixe les options admissibles, où le temps n'est pas libre, une procédure fixe le moment de la décision, où la monnaie utilisée, le « bulletin de vote », est une monnaie initialement également répartie entre tous, à usage unique et non capitalisable. L'échange est alors asymétrique. Il y a donc des gagnants (ceux qui, en échange de leur bulletin de vote, obtiennent une décision conforme à leur souhait) et des perdants (ceux qui n'ont pas réussit à bloquer l'option retenue et n'obtiennent rien en échange). Le type de contrainte appliqué permet de créer une infinité de systèmes de vote à partir des condition de marché.
[modifier] Galerie
Cliquez sur une vignette pour l'agrandir.
Le nouveau marché Baltard du Plessis-Robinson, Hauts-de-Seine. |
Marché de Saint-Denis(Seine-Saint-Denis). |
Marché de la Ribera à Bilbao (Pays basque, Espagne). |
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Marché de la Boqueria à Barcelone. |
Le marché aux poissons de Tsukuji à Tōkyō. |
[modifier] Notes et références
- ↑ La parole donnée par exemple.
- ↑ Charles Lindblom, The Market System, 2001
- ↑ On lira, sur ce sujet, Le Mystère du capital de Hernando de Soto où il explique que le fonctionnement du capitalisme est conditionné par un système de droits de propriété clairement garanti par l'État. La généralisation et la standardisation des titres de propriété permet une plus grande confiance dans les relations entre acteurs économiques (et donc un marché plus fluide) qui entraine la création d'un système complexe de mutualisation du risque (et donc un marché plus souple, moins soumis aux à-coups) pour in fine aboutir à une économie plus prospère.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- David Thesmar et Augustin Landier, Le grand méchant marché, décryptage d'un fantasme français, Flammarion, 2007, ISBN 2082105938
[modifier] Articles connexes
- marché couvert ou halle
- Marché aux grains
- Marché commun
- Marché immobilier
- Marchés publics
- Marché monétaire
- Marché financier
- Économie de marché
- Part de marché
- Marché du travail
- Marché noir
- marché de gros, marché où des grossistes vendent leurs produits à des détaillants ou des revendeurs, marché gare, marché de gros pour l'alimentation des grandes villes (MIN, marché d'intérêt national, de Rungis pour Paris)
- marché aux puces
- souk arabe et bazar turc
- foire