Marie de Magdala
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Marie de Magdala ou Marie-Madeleine est, selon le Nouveau Testament, une disciple de Jésus de Nazareth.
Sommaire |
[modifier] Marie-Madeleine dans la tradition
[modifier] La tradition chrétienne
Marie-Madeleine serait née en l' an 3 de notre ère et aurait été la fille de l'archiprêtre Syrus le Yaïrite, prêtre de David. Son père officiait dans la synagogue de Capharnaüm. Eucharie, sa mère, aurait appartenu à la lignée royale d'Israël mais non davidique.
Connue sous le nom de Marie-Madeleine, Marie de Magdala, c’est-à-dire originaire de la ville de Magdala (de l'hébreu migdal, tour) sur la rive occidentale du lac de Tibériade, était une femme qui, selon le Nouveau Testament a été délivrée de sept démons par Jésus (Lc 8, 2). Elle devint une de ses disciples — peut-être la disciple la plus importante du Christ — et l'a suivi jusqu'à sa mort (Mc 15, 40-41). Elle est également la femme la plus présente du Nouveau Testament. Elle fut le premier témoin de la Résurrection de Jésus (Mc 16, 1s), ce qui lui donne une importance considérable, mais elle ne le reconnaît pas tout de suite et essaie de le toucher, ce qui lui vaudra la phrase Noli me tangere (« Ne me touche pas »).
La tradition catholique (Grégoire le Grand Homiliae in Evangelium 2, 33) l'a identifiée avec Marie de Béthanie, sœur de Lazare et de Marthe, et avec la pécheresse citée en Lc 7, 36-50. Grégoire de Tours, en 590, mentionne son tombeau à Éphèse : « Dans cette ville repose Marie-Madeleine, n'ayant au-dessus d'elle aucune toiture » (In Gloria Martyrium, ch. 29, P.L., t. 71, c. 731). La dépouille présumée de Marie-Madeleine reposait probablement dans l'atrium précédant un sanctuaire, tradition typiquement éphésienne. Grégoire de Tours ne précise pas où se trouve ce sanctuaire.
Dans la tradition catholique, le titre de Sponsa Christi, ou « Épouse du Christ », est donné à l'Église et non pas à la disciple Marie-Madeleine.
[modifier] Représentations médiévales
Selon la légende du Moyen Âge des Saintes Maries, Marie-Madeleine (sœur de Lazare, c’est-à-dire Marie de Béthanie) serait venue se fixer en Provence après avoir débarqué aux Saintes-Maries-de-la-Mer et se serait retirée dans le Massif de la Sainte-Baume et aurait été ensevelie dans la crypte de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume.
Un texte apocryphe, l' Évangile selon Marie du codex copte de Berlin, porte son nom. Il s'agit d'un texte gnostique comprenant un dialogue entre le Christ et Marie de Magdala, celle-ci le restituant aux apôtres, suivi de dialogues entre Marie et eux.
Dans l'art sacré, Marie-Madeleine est très souvent représentée dénudée, avec les cheveux longs et dénoués, comme les prostituées de Palestine.
[modifier] Théories diverses
La vie et le rôle de Marie-Madeleine ont été exploités dans des livres destinés au grand public à partir de théories sans valeur scientifique reconnue dans les milieux universitaires.
Selon ces théories, Marie-Madeleine aurait été la femme du Christ et aurait eu des enfants avec lui. L'Église aurait étouffé ces faits par la force et la terreur et œuvré pour cacher la vérité, non seulement en occultant le rôle majeur joué par Marie Madeleine dans la transmission de l’enseignement de Jésus, mais encore en effaçant le mariage du Christ et de sa « disciple préférée ». Elle en aurait ensuite fait une prostituée pour condamner le désir charnel.
C'est en particulier la thèse que les « chercheurs en histoire alternative » Lynn Picknett et Clive Prince exposent dans leur essai La Révélation des Templiers, et qui sera reprise par le romancier Dan Brown qui exploite dans son roman Da Vinci Code la perte de confiance d'une grande partie de la population dans les instances dirigeantes (théorie du complot). Marie-Madeleine est le personnage principal de ce livre, que le New York Times qualifie de « thriller aux énigmes multiples, extraordinairement intelligent, où les codes sont décryptés ». Le roman est présenté comme un document historique par son auteur, malgré une quantité d'erreurs grossières et de bourdes invraisemblables[1]. Dan Brown fait de Marie-Madeleine le symbole de la féminité sacrée, en prétendant qu'elle était elle-même le Saint Graal :
« Le Graal est littéralement l’ancien symbole de la féminité et le Saint Graal représente le féminin sacré et la déesse, qui bien sûr a disparu de nos jours, car l’Église l’a éliminée. Autrefois, le pouvoir des femmes et leur capacité à donner la vie était quelque chose de sacré, mais cela constituait une menace pour la montée de l’Église majoritairement masculine. Par conséquent, le féminin sacré fut diabolisé et considéré comme hérésie. Ce n’est pas Dieu mais l’homme qui créa le concept de « péché originel », selon lequel Ève goûta la pomme et fut à l’origine de la chute de la race humaine. La femme qui fut sacrée, celle qui donnait la vie fut transformée en ennemi[2] »
La théorie faisant de Marie-Madeleine l’incarnation du « féminin sacré » est un thème récurrent des ouvrages féministes néo-gnostiques. Leurs auteurs essaient de réécrire l’histoire des débuts de l’Église en se fondant sur des écrits gnostiques qui datent, au plus tôt, du IIIe siècle de l'ère chrétienne. Un certain nombre de textes apocryphes, notamment l’Évangile de Marie, l'Évangile selon Thomas et l’Évangile selon Philippe, sont utilisés pour accréditer la thèse du mariage de Marie Madeleine et de Jésus ainsi que l’importance primordiale accordée aux femmes par l'Évangile.
D'aucuns vont plus loin et avancent que Jean et elle auraient constitué une seule et même personne : Marie-Madeleine serait désignée dans les textes sous l'identitié de l' « apôtre Jean» – lequel est souvent vu comme l'apôtre préféré du Christ et désigné par des expressions telles que « le disciple que Jésus aimait ».
Pour Ramon Jusino, Marie-Madeleine est l'auteur de l' Évangile selon Jean. Certains voient une figure féminine dans l'apôtre traditionnellement identifié comme étant Jean dans La Cène de Léonard de Vinci.
Au Moyen Âge, la Légende dorée fait de Marie-Madeleine l'épouse de saint Jean l'Évangéliste.
Le tombeau de Marie-Madeleine à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (France), gardé par les Dominicains[3], est considéré comme le 3e tombeau de la chrétienté.
[modifier] Bibliographie
- Joseph Escudier, L'évangélisation primitive de la Provence — St-Lazare, Maximin, Marthe, Marie-Madeleine, les saintes Maries Jacobé et Salomé en ce pays, Maison sainte Jeanne-d'Arc, Toulon, 1929
- Mgr Victor Saxer, La « Vie de Ste Marie-Madeleine » attribuée au pseudo-Raban Maur, œuvre claravallienne du XIIe siècle, Mélanges St-Bernard, Dijon, 1953
- Mgr Victor Saxer, Le culte de Marie-Madeleine en Occident, Cahiers d'archéologie et d'histoire, Auxerre, Paris, 1959
- Jacqueline Kelen, Un amour infini. Marie Madeleine prostituée sacrée, Albin Michel, Collection Espaces Libres, N° 28, 196 p., Paris, 1992, (ISBN 2-226-05900-8)
- Élisabeth Pinto-Mathieu, Marie-Madeleine dans la littérature du Moyen Âge, Beauchesne, 306 p., Paris, 1997, (ISBN 2-701-0136-9)
- Père Philippe Devoucoux du Buysson, Dialogues avec Marie Madeleine sur la montagne de la Sainte Baume, éditions Théosis, (tome 1 : Ma rencontre avec Jésus, 2005, 164 p., (ISBN 978-2922793055); tome 2 : Marie Madeleine prophète, 2007, (ISBN 978-2922793062))
- Jacqueline Dauxois, Marie Madeleine, Pygmalion / Gérard Watelet, coll. Chemins d'Eternité, 230 p., Paris, 1998 (ISBN 2-857-04562-X)
- Marianne Alphant, Guy Lafon, Daniel Arasse, L'apparition à Marie-Madeleine, Desclée De Brouwer, 128 p., 2001 (ISBN 2-220-04988-4)
- Jean Desmarets de Saint-Sorlin, Marie-Madeleine ou le triomphe de la Grâce, Éditions Millon Jérome, Petite Collection Atopia, N° 27, 224 p., 2001, (ISBN 2-841-37121-2)
- Yves Bridonneau, Le tombeau de Marie-Madeleine à St-Maximin, Édisud, 2002 (ISBN 2-744-90324-8)
- Régis Burnet, Marie-Madeleine (Ier-XXIe siècle) : De la pécheresse repentie à l'épouse de Jésus : histoire de la réception d'une figure biblique, Éd. du Cerf, 136 p. Paris, 2004, (ISBN 2-204-07747-X)
- Margaret Starbird, Marie Madeleine et le Saint Graal : la controverse qui entoure Marie Madeleine et sa relation avec Jésus, Ed. Exclusif, 246 p. Neuilly, 2006, (ISBN 2-848-91051-8)
- Les secrets de Marie Madeleine : La femme la plus fascinante de l'histoire, de Dan Burstein, Arne J. de Keijzer, Collectif, Editeur : ViaMedias, septembre 2006, 390 pages
- Christian Doumergue, Le Mystère Marie-Madeleine, Editions Thélès, Paris, 2006, 384 pages (ISBN 2-84776-429-1)
- Kathleen McGowan, Marie-Madeleine : le livre de l'élue, Editions Xo, 464 pages 2007
- Jean-Yves Leloup, Tout est pur pour celui qui est pur. Jésus, Madeleine et l'Incarnation. Albin Michel. 152 pages. 2005. (ISBN 2845633068)
[modifier] Galerie photos
Marie-Madeleine attribué à Gregor Erhart (Louvre). |
Marie-Madeleine pénitente, par Antonio Canova. |
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Évangile de Marie-Madeleine
- Marie de Béthanie, avec qui elle est identifiée par certains.
- Nouveau Testament
- Noli me tangere
- Vierge noire
[modifier] Liens externes
- Marie-Madeleine à la Sainte Baume (Site des religieux dominicains)
- Le culte de Marie-Madeleine en France et ses mystères
- L'évangélisation de la Provence
- Tableaux de Marie de Magdala
- Léonard de Vinci et Marie-Madeleine, diaporama 2007
[modifier] Notes et références
- ↑ Sans même aborder la question du bien-fondé de la théorie soutenue par Dan Brown, on citera : les cendres de templiers jetées dans le Tibre, alors que la Papauté n'était pas à Rome mais prisonnière à Avignon lors de l'interdiction de l'ordre (et que celle-ci relevait de l'alliance entre Philippe le Bel et Cluny, et non du Pape) ; l'attribution de la construction de cathédrales aux templiers, alors que ce type de chantier dépend uniquement de l'évêque et de la fabrique du chapitre...
- ↑ Dan Brown, Da Vinci Code, p. 238
- ↑ Sainte-Baume, sanctuaire des Dominicains