Ludwig Feuerbach
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Ludwig Andreas Feuerbach (Landshut (Bavière) le 28 juillet 1804 - Rechenberg, le 13 septembre 1872) est un philosophe allemand. Il est un disciple, puis un critique de Hegel, et le chef de file (après Bruno Bauer) d'un courant matérialiste hégélien de gauche auquel se sont joints Marx, Engels et Bakounine.
[modifier] Biographie
Il est le quatrième fils du juriste Paul Johann Anselm von Feuerbach, qui s'est occupé notamment de l'affaire Kaspar Hauser.
Après des études secondaires dans sa ville natale, Ludwig Feuerbach part en 1823 étudier la théologie protestante à Heidelberg sous la direction de Paulus et de Carl Daub, ce dernier étant un ardent partisan de Hegel. L'année suivante, « déjà déchiré entre la théologie et la philosophie », et contre l'avis de son père, il décide de se rendre à Berlin suivre les cours de Hegel, et se passionne immédiatement pour la doctrine du maître. Il abandonne alors la théologie pour se consacrer définitivement à la philosophie, et, plus particulièrement, à la défense et à la propagation des idées hégéliennes.
Il passe son doctorat à Erlangen, soutenant la thèse « De ratione una, universali, infinita » (de la raison une, universelle et infinie), ce qui lui permet d'obtenir en 1828 un poste d'enseignant libre (privat docent) à l'université de cette ville. La hardiesse de quelques-unes de ses théories lui suscite déjà de nombreux adversaires, et lorsqu'en 1830 il publie Pensées sur la mort et l'immortalité (Gedanken über Tod und Unsterblichkeit, Nuremberg) sans nom d'auteur, cet anonymat ne trompe personne. Il y critique les conceptions chrétiennes de l'âme ; reprenant avec talent les arguments des matérialistes, il refuse l'immortalité à la personne, ne l'accordant qu'à la Raison. Les réactions sont très vives, même de la part de quelques disciples d'Hegel, qui, effrayés par son athéisme, s'efforcent dans leurs professions de foi de repousser des conséquences qu'on pourrait tirer de leurs propres ouvrages. Après la polémique engendrée par cette publication, considéré par certains comme un ennemi juré de la religion, il doit quitter sa chaire en 1832, et, après plusieurs demandes de poste rejetées (la dernière en 1836), il se résigne à renoncer à toute carrière universitaire.
En 1837, il épouse une riche héritière, Bertha Loew, avec qui il a deux filles, et qui lui permet de se consacrer uniquement à ses écrits. En 1838-1839, il écrit plusieurs articles dans la revue des hégéliens de gauche Annales de Halle. Il y publie en 1839 la Contribution à la critique de la philosophie hégélienne qui marque sa rupture avec ce courant de pensée. Plusieurs livres essentiels suivent, mi-philosophiques, mi-religieux, où la religion est implicitement sacrifiée, et parmi lesquels on peut citer son œuvre majeure l'Essence du christianisme, où il dénonce l'illusion religieuse. Ce livre lui assura un grand succès, Engels parle "d'effet libérateur" , notamment vis-à-vis du hégélianisme et parle de l'époque en disant "Nous devînmes tout d'un coup tous des feuerbachiens". Néanmoins, le livre de Stirner, L'Unique et sa propriété, paru en 1844, porta de violents coups aux thèses feuerbachiennes, l'Homme qu'il exaltait comme dieu de l'homme est dénoncé comme une nouvelle transcendance, une nouvelle aliénation. Il écrira ensuite l'Essence de la foi dans l'esprit de Luther, et une série de cours à Francfort en 1848-1849. En 1845, l'Essence de la religion marque une inflexion vers le naturalisme.
En 1848, en tant que philosophe critique de la religion, il représente beaucoup pour les protagonistes de la révolution. Des étudiants le pressent même de venir exposer les principes fondamentaux de sa philosophie. Il se rapproche alors du socialisme, et s'engage en politique. Il se présente aux élections de l'Assemblée nationale de Francfort, mais sans succès. Après l'échec de la révolution et le retour en Allemagne de la Restauration, ses thèses perdent de leur influence dans l'opinion.
À partir de 1860 ses conditions matérielles deviennent plus difficiles, suite à la faillite de la manufacture de sa femme. Il doit alors quitter le château de Bruckberg, où il habitait, pour rejoindre Rechenberg près de Nuremberg. Il y meurt douze ans plus tard le 13 septembre 1872.
[modifier] Principales œuvres
- L'homme est ce qu'il mange, (Le mystère du sacrifice), Paris, Stalker Editeur, 2008
- Pensées sur la mort et l'immortalité (Gedanken über Tod und Unsterblichkeit), Nuremberg 1830, publié originellement sans nom d'auteur ;
- Histoire de la philosophie moderne, de Bacon à Spinoza (Geschichte der neuern Philosophie, ...) Anspach 1833 ;
- Abélard et Héloïse, Anspach 1834, recueil d'aphorismes ;
- Exposé, développement et critique de la philosophie de Leibnitz (Darstellung, Entwickelung und Kritik der Leibnitz'schen Philosophie), Anspach 1837, où l'auteur essaie en vain de concilier sa philosophie avec la religion ;
- Pierre Bayle à ses moments les plus intéressants pour l'histoire de la philosophie et de l'humanité (Pierre Bayle nach seinen für die Geschichte der Philosophie und der Menschheit interessantesten Momenten), Ansbach 1838 ;
- Contribution à la critique de la philosophie hégélienne (Zur Kritik der Hegelschen Philosophie ) 1839) ;
- L'essence du christianisme (das Wesen des Christenthums), Leipzig 1841 ;
- La Philosophie de l'avenir (Grundsätze der Philosophie des Zukunft), Zurich 1843 ;
- Thèses provisoires en vue d'une réforme de la philosophie (1843) ;
- L'Essence de la foi dans l'esprit de Luther (das Wesen des Glaubens im Sinne Luther's), Leipzig 1844 ;
- L'Essence de la religion (das Wesen der Religion), Leipzig 1845 ;
- Théogonie (1857) ;
- Spiritualisme et matérialisme (1858).