Francis Bacon
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Francis Bacon (1561-1626), baron de Verulam, vicomte de St. Albans, homme d'État et philosophe anglais est un des pionniers de la pensée scientifique moderne.
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[modifier] Biographie
Il était membre de la Chambre des communes en Angleterre avant de devenir solliciteur général, procureur général, Lord gardien des sceaux royaux et finalement chancelier à l'âge de 57 ans.
[modifier] Le règne d'Élisabeth (1561-1603)
Bacon naquit le 22 janvier 1561, à York House, dans le Strand où son père, sir Nicolas Bacon (1509 - 1579) possédait une résidence. Ce dernier fut Lord Keeper (Lord Garde du Grand Sceau) pendant vingt ans. La mère de Bacon, Anne Cooke, était la seconde femme de Nicolas Bacon.
Bacon fut envoyé, à l'âge de douze ans (avril 1573) à l'université de Cambridge. Il se fit remarquer dès son enfance par la précocité de son génie, et conçut de bonne heure le dessein de réformer les sciences ; mais il fut longtemps détourné de ce projet par le soin de sa fortune. Dans sa jeunesse, il accompagna l'ambassadeur d'Angleterre en France à la cour de Henri III. Rappelé dans son pays par la mort de son père, il se fit recevoir avocat, et se livra avec succès à l'étude de la jurisprudence. Préférant néanmoins la carrière des affaires publiques, il s'attacha au comte d'Essex, et devint membre de la Chambre des communes (1592). Quoiqu'il eût consenti, pour se concilier la faveur d'Élisabeth, à justifier la condamnation du malheureux Essex, son protecteur, il ne reçut d'elle que le titre honorifique de conseil ou avocat extraordinaire de la reine.
[modifier] Bacon Avocat-Conseil du Roi (1607-1618)
Après la mort d'Élisabeth, Jacques Ier, qui aimait les savants, éleva rapidement Bacon aux honneurs ; il le nomma successivement solliciteur général (1607), puis attorney général (1615), membre du conseil privé (1616), garde des Sceaux (1617), et enfin grand chancelier (1618) ; il le fit en outre baron de Vérulam et vicomte de Saint-Alban.
Bacon seconda puissamment les efforts du roi pour unir les royaumes d'Angleterre et d'Écosse, et fit d'utiles réformes. Mais il avait à peine exercé pendant deux ans les fonctions de grand chancelier qu'il fut accusé par les Communes de s'être laissé corrompre, en acceptant de l'argent pour des concessions de places et de privilèges. La raison de sa chute politique est une accusation de corruption envers la cour de chancellerie en 1621.
Simon d’Ewes, un contemporain du chancelier, tenait un journal. A la date du 3 mai 1621, alors que Bacon est dans les difficultés politiques, il fait un récit circonstancié de l’homosexualité de son adversaire : “Il n'abandonna pas la pratique de cet épouvantable péché secret de sodomie, conservant à ses côtés ce Godrick, jeunot au visage efféminé, comme catamite et compagnon de lit, alors qu'il avait remercié presque tous ses autres domestiques; ce qu'il convient d'admirer, car l'homme, après sa chute, se met généralement à discourir sur ce crime contre nature, bien qu'il l'ait pratiqué de nombreuses années, desservant le lit de sa dame, qu'il estimait, comme les Turcs et les Italiens, être un plaisir petit et infime comparé à l’autre.”
[modifier] Procès et Condamnation (1621)
Bacon fut en conséquence condamné par la cour des pairs à être emprisonné dans la tour de Londres et à payer une amende de 40 000 livres sterling ; il fut en outre privé de toutes ses dignités, et exclu des fonctions publiques (1621). Il admit sa faute, reçut une amende et ne remit plus jamais les pieds au parlement. Par cette sentence sévère, le parlement ne voulait pas tant frapper Bacon, dont le crime était loin d'être aussi grand qu'on l'a fait, qu'atteindre le favori de Jacques, George Villiers de Buckingham, dont le faible chancelier était la créature et dont il avait trop facilement toléré les malversations. Par contre, il se pourrait qu'il ait été victime des coups politiques dans le milieu de la cour anglaise. Au bout de quelques jours, le roi lui rendit la liberté, et lui fit remise de l'amende.
[modifier] Les dernières années (1621-1626)
Quelques années après, le roi le releva de toutes les incapacités prononcées contre lui (1624). Cependant Bacon resta depuis sa disgrâce éloigné des affaires, et il consacra les dernières années de sa vie à ses travaux philosophiques. Il mourut en 1626, à la suite d'expériences de physique qu'il avait faites avec trop d'ardeur. Sur le point de mourir, il écrit à Lord Arundel : « Milord, il était dans ma destinée de finir comme Pline l'Ancien, qui mourut pour s’être trop approché du Vésuve, afin d’en mieux observer l’éruption. Je m’occupais avec ardeur d’une ou deux expériences sur l’endurcissement et la conservation des corps, et tout me réussissait à souhait, quand, chemin faisant il me prit, entre Londres et Highgate, un si grand vomissement, que je ne sais si je dois l’attribuer à la pierre, à une indigestion, au froid ou à tous les trois ensemble. » (cité par Jean-Baptiste Vauzelles, Histoire de la vie et des ouvrages de François Bacon, 1833, tome II, p. 190)
On peut lire sa biographie dans le livre de Gaukroger. Des thèses controversées soutenues par en premier Elizabeth Wells Gallup puis par le Général Cartier dans Un problème de Cryptographie et d'Histoire, ( Mercure de France, Paris, 1938 (4e édition)) cherchent à démontrer que Francis Bacon et Shakespeare ne font qu'un. [1]. Leurs principaux détracteurs sont William Friedman et son épouse Elizebeth, dans "The Shakespearean Ciphers Examined".
[modifier] Son œuvre
En plus d'avoir fait carrière en droit et en politique, Francis Bacon a contribué à la science, la philosophie, l'histoire et la littérature. Adversaire de la scolastique, il est le père de l'empirisme. Durant l'étude des faux raisonnements, sa meilleure contribution a été dans la doctrine des idoles. D'ailleurs, il écrit dans le Novum Organum que la connaissance nous vient sous forme d'objets de la nature, mais que l'on impose nos propres interprétations sur ces objets. D'après Bacon, nos théories scientifiques sont construites en fonction de la façon dont nous voyons les objets ; l'être humain est donc biaisé dans sa déclaration d'hypothèses.
L'idée prophétique de Francis Bacon était d'institutionnaliser une forme d'apprentissage expérimental afin de former une classe de scientifiques expérimentaux ayant les moyens de quérir le pouvoir.
Il a formulé en 1597, l'équation fameuse, Nam et ipsa scientia potestas est, que l'on peut traduire par « En effet le savoir lui-même est pouvoir », plus connu sous sa forme moderne : « Savoir, c'est pouvoir ».
Il inventa un code pour chiffrer des messages diplomatiques.
Il élabora le schéma d'une langue universelle.
[modifier] Œuvres de Bacon
Il a laissé des écrits sur la jurisprudence, la politique, l'Histoire, la morale et la philosophie. Ce sont surtout ces derniers qui l'ont rendu célèbre. Ils sont tous compris dans un vaste ouvrage que l'auteur nomme Instauratio magna, et qui devait se composer de six parties : la revue des sciences, la méthode nouvelle, le recueil des faits et des observations, l'art d'appliquer la méthode aux faits recueillis, les résultats provisoires de la méthode, les résultats définitifs ou philosophie seconde. De ces six parties, trois seulement ont été exécutées (De dignitate et augmentis scientiarum, Novum Organum), dans divers traités qui portent le titre d’Histoire naturelle, tels que le Sylva Sylvarum, l’Historia vite et morlis, l’Historia ventorum, l’Historia densi et rari. Il ne reste sur les autres parties que des ébauches incomplètes. Bacon est considéré comme le père de la philosophie expérimentale : l'idée fondamentale de tous ses travaux est de faire, comme il le dit, une restauration des sciences, et de substituer aux vaines hypothèses et aux subtiles argumentations qui étaient alors en usage dans l'école l'observation et les expériences qui font connaître les faits, puis une induction légitime, qui découvre les lois de la nature et les causes des phénomènes, en se fondant sur le plus grand nombre possible de comparaisons et d'exclusions.
Il a aussi laissé quelques opuscules philosophiques, qui ont été publiés en 1653 par Isidor Gruter à Amsterdam, sous le titre de Scripta in naturali et universali philosophia, 1 vol. in-18; des Discours, qu'il avait prononcés, soit comme solliciteur et attorney général, soit comme membre du parlement, et enfin un grand nombre de Lettres qui jettent beaucoup de jour sur sa vie et son caractère.
- 1597 : Meditationes Sacræ, De Hæresibus. Traité de théologie abordant l'hérésie.
- 1597 : Essais de morale et de politique. Ces essais jouissent d'une grande réputation (publiés d'abord en anglais, en 1597, puis en latin, sous le titre de Sermones fideles, 1633)
- 1603 : De Interpretatione Naturae Proœmium
- 1605 : De dignitate et augmentis scientiarum The Advancement of Learning (Du progrès et de la promotion des savoirs, Gallimard, 1991, ISBN 2070721418). Paru d'abord en anglais en 1605, puis en latin en 1623.
- 1607 : Cogitata et Visa
- 1609 : De sapientia veterum (un petit traité)
- 1620 : Novum Organum paru en latin, où l'auteur expose une logique nouvelle qu'il oppose à l'antique méthode d'Aristote
- 1622 : Exemplum Tractatus de Justitia Universali, sive de Fontibus Juris
- 1622 : Historia ventorum
- 1622 : Histoire de Henri VII (en anglais; 1638, en latin).
- 1627 : New Atlantis, Atlantis nova, ingénieuse utopie philosophique, (La Nouvelle Atlantide, Flammarion, 1995, ISBN 2080707701)
- 1627 : Sylva Sylvarum, en anglais, posthume
- 1658 : Historia densi et rari
- 1662 : Historia vite et morlis
- Sur le prolongement de la vie et les moyens de mourir, Rivages, 2002
[modifier] Bibliographie
→ Bibliographie de Francis Bacon
[modifier] Études sur Bacon
[modifier] Tableau biographique
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens externes
[modifier] Œuvres en ligne
- Œuvres en anglais (Project Gutenberg)
- Les œuvres complètes de Bacon traduites en français (Gallica)
- Novum Organum
[modifier] Articles
- Bacon et la chimie, Luc Peterschmitt, Revue Methodos
- "Francis Bacon: empirisme et scepticisme", sur Philautarchie.net, site de débats philosophiques
- Jean-Marc Lévy-Leblond, Savoir e(s)t pouvoir, La Recherche, 396, avril 2006.
[modifier] Source partielle
« Francis Bacon », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)
Il faut se garder de le confondre avec :
- Le peintre Francis Bacon (1909-1992)
- Le franciscain Roger Bacon, 1214-1292, surnommé le « Docteur admirable », et dont Francis Bacon reprit plusieurs thèses en les développant.
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