Tour de Londres
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La Tour de Londres est officiellement appelée « La forteresse et le palais de Sa Majesté, La tour de Londres » (en anglais The Tower of London) bien que le dernier monarque qui y ait habité fut le roi Jacques Ier. La « tour Blanche », bâtiment carré avec des tourelles sur chaque angle qui lui donna son nom, se trouve au centre d'un complexe de plusieurs bâtiments sur la Tamise à Londres, qui servaient de forteresse, d'arsenal, de trésorerie, d'hôtel des Monnaies, de palais, de refuge et de prison (lieu d'exécution), surtout pour les prisonniers des plus hauts échelons de la société.
Ce dernier usage fut à l'origine de l'expression anglaise sent to the Tower (envoyé à la Tour) qui veut dire emprisonné, tout comme son synonyme français « embastiller ». Élisabeth Ire y fut emprisonnée quelque temps pendant le règne de sa sœur Marie. Le dernier prisonnier célèbre de la tour fut Rudolf Hess, durant la Seconde Guerre mondiale.
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[modifier] Histoire
En 1078, Guillaume le Conquérant (William pour les anglais) ordonna la construction de la tour Blanche à l'intérieur de l'angle sud-est formé par les remparts de la ville face à la Tamise. Il s'agissait de protéger les envahisseurs Normands des habitants de Londres tout en protégeant la ville d'attaques extérieures. Pour la construction de la Tour, le Conquérant fit importer des pierres de Caen en Normandie et nomma Gundulf, évêque de Rochester, responsable des travaux. La présence de constructions plus anciennes en bois, notamment celle d'un fort érigé par Jules César lors de l'occupation romaine et dont Shakespeare se fait l'écho dans Richard III, est actuellement controversée[1]. Pour compléter les défenses du fort, le roi Richard Cœur de Lion fit creuser une douve autour du mur de la tour, et la fit remplir d'eau de la Tamise. À l'occasion du drainage des douves en 1830, on découvrit des ossements humains.
Cependant le fossé s'étant avéré une défense peu efficace, le roi Henri III en fit revoir la construction au XIIIe siècle selon des techniques éprouvées par les ingénieurs hollandais. Il en profita pour renforcer les murailles, donnant l'ordre d'abattre une partie des fortifications pour agrandir leur enceinte et faisant fi des protestations des habitants de la ville et des rumeurs (rapportées par le moine et chroniqueur Mathieu Paris) qui parlaient de menaces surnaturelles. Henri III fit de la Tour une des principales résidences royales et se fit aménager des appartements somptueux dans la basse-cour.
Les fortifications furent achevées entre 1275 et 1285 par Edouard Ier qui fit construire un mur extérieur entourant la première enceinte et offrant ainsi une double protection. L'ancien fossé fut remis en service et un nouveau fossé aménagé autour de l'enceinte extérieure. La Tour demeura résidence royale jusqu'à l'époque de Cromwell qui fit abattre le logis royal.
Le développement de l'artillerie mit fin au rôle défensif de la tour. Les fossés furent asséchés en 1830.
En 1988, la Tour fut inscrite au Patrimoine mondial de l'humanité[2].
[modifier] La ménagerie
Une ménagerie royale s'ouvrit en ce lieu dès le XIIIe siècle (peut-être dès 1204) sous le règne de Jean Ier. Il est possible que les premiers animaux aient été transférés de la ménagerie royale aménagée par Henri Ier dans son château de Woodstock. On sait avec certitude que le roi Henri III y accueillit en 1235 trois léopards (ainsi désignés mais il s'agissait peut-être de lions), cadeaux de l'empereur Frédéric II. En 1264 les animaux furent installés en un endroit aménagé sur les fortifications près de l'entrée ouest du château qui fut promptement baptisé tour des lions. Sous le règne d'Élisabeth Ire le public fut quelque fois autorisé à y accéder. On a récemment retrouvé un crâne de lion que les analyses au carbone 14 permettent de dater entre 1280 et 1385[3].
La ménagerie s'ouvrit au public en 1804. C'est là que le poète William Blake put voir le tigre qui inspira peut-être son poème The Tyger. Le dernier directeur en date de la ménagerie, Alfred Cops, la trouva dans un état pitoyable. Il racheta des animaux et fit établir un catalogue scientifique illustré. Mais les jours de la ménagerie étaient comptés car un jardin zoologique moderne devait s'ouvrir dans Regent's Park. Pour des raisons à la fois commerciales et humanitaires, on transféra les pensionnaires de la ménagerie dans le zoo de Londres. Le dernier animal quitta la tour des lions en 1835. Cette partie des fortifications a été partiellement détruite. Il n'en reste aujourd'hui que la porte des lions.
[modifier] La prison
La Tour de Londres servit de prison pour des prisonniers politiques de haut rang et des dissidents religieux. Le premier prisonnier fut Rainulf Flambard en 1100 qui fut condamné pour extorsion alors qu’il était évêque de Durham. Ironiquement, il était lui-même à l’origine de diverses améliorations architecturale de la Tour après que le premier architecte Gundulf quitta Londres pour Rochester. Il s’échappa de la Tour blanche en s’aidant d’une corde caché dans un tonnelet de vin.
Parmi les prisonniers les plus célèbres ont peut citer :
- Gruffydd ap Llywelyn Fawr, un prince de Galles au XIIIe siècle qui trouva la mort en essayant de fuir la Tour ;
- John Balliol, roi d’Ecosse qui fut emprisonné après son abdication en faveur d’Edouard Ier en 1296 ;
- David II d'Écosse ;
- Jean II de France ;
- Henry Laurens, deuxième président du Congrès continental des États-Unis d’Amérique ;
- Charles d'Orléans, duc d’Orléans emprisonné après la bataille d'Azincourt en 1415. Il composa de nombreux poèmes lorsqu’il était résident de la Tour ;
- Henri VI d'Angleterre qui y mourut assassiné en 1471 ;
- Marguerite d'Anjou, son épouse ;
- Sir William de la Pole qui résida le plus longtemps dans la tour : 37 ans !
- Élisabeth Ire d'Angleterre,
- John Gerard, jésuite à l’époque des persécutions contre les catholiques ;
- Sir Walter Raleigh, qui y vécut 13 ans avec son épouse et deux de ses enfants. Il y rédigea son Histoire du Monde ;
- Nicolas Woodcock, navigateur au XVIIe siècle ;
- Niall Garve O’Donnell, aristocrate irlandais ;
- Guy Fawkes, comploteur contre la couronne ;
- Johan Anders Jägerhorn, officier suédois qui participa au mouvement d’indépendance irlandais ;
- Les jumeaux Kray, les derniers pensionnaires de la Tour pour objection de conscience en 1952.
Les criminels de basse condition sociale étaient généralement exécutés par pendaison dans l'un des sites d'exécution publique à proximité de la tour, voire sur Tower Hill (colline de la tour). Les condamnés d'origine noble (surtout les femmes) furent quelquefois décapités en privé au sein du complexe, puis enterrés dans la chapelle royale de Saint-Pierre-aux-Liens (Saint-Peter-ad-Vincula).
Personnes décapitées dans la Tour pour trahison :
- Guillaume Ier (1483)
- Thomas More, le 6 juillet 1534
- George Boleyn, le 17 mai 1536
- Anne Boleyn (1536)
- Margaret Pole, comtesse de Salisbury (1541)
- Catherine Howard (1542)
- Jane Parker, Lady Rochford (1542)
- Dame Jeanne Grey (1554)
- Robert Devereux, comte d'Essex (1601)
- George, duc de Clarence, le frère d'Edouard IV d'Angleterre, fut exécuté (pour trahison) dans la tour en février 1478, mais il ne fut pas décapité (et il ne fut pas noyé dans un tonneau de vin Malmsey, contrairement à ce qu'écrivit Shakespeare).
- Il est probable que les deux fils d'Édouard IV, Édouard V d'Angleterre et Richard de Shrewsbury, surnommés les Princes de la Tour, y moururent, après que leur oncle Richard III devint roi, mais le contexte de leur mort reste un mystère.
L'usage militaire de la tour comme une fortification devint obsolète après le développement de l'artillerie. Cependant, la tour abrita le siège du conseil de matériel militaire (Board of Ordnance) jusqu'en 1855, et la tour fut utilisée en tant que prison durant les deux Guerres mondiales.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, onze espions allemands y furent fusillés. Le caporal Josef Jakobs fut le dernier espion à être fusillé le 15 août 1940. L'année suivante, le dauphin désigné d'Adolf Hitler, Rudolf Hess, y fut emprisonné pendant quatre jours. La caserne de Waterloo, où se trouvent actuellement les joyaux de la Couronne britannique, était utilisée comme base pour le 1er Bataillon des Fusiliers Royaux (régiment de la ville de Londres) jusqu'aux années 1950.
[modifier] Aujourd'hui
La Tour sert d'attraction touristique. Elle contient les joyaux des souverains britanniques et un vestige de la muraille romaine que construisit l'empereur Claude pour protéger la ville de Londinium qui néanmoins, n'était pas la capitale de la Bretagne romaine. Il avait établi celle-ci à Colchester. Dans la Tour, il y a aussi une collection d'armures, mais une grande partie de l'exposition d'armures et d'armes anciennes que l'on trouvait autrefois à la Tour se visite maintenant à l'Arsenal royal à Leeds (Yorkshire).
La tour est toujours placée sous la vigilance d'une quarantaine de "Yeoman Warders" armés d'une hallebarde, et reconnaissable à leurs fameux uniformes datant de l'époque des Tudors : chapeau rond et costume noire ou rouge, timbré des initiales du souverain régnant. La création de ce corps remonte à 1485[4]. Ces hommes que l'on appelle également "Beefeater" ("buffetier" ou gardien du buffet royal), se recrutaient autrefois parmi les petits propriétaires (yeomen) campagnards. De nos jours, ce sont des vétérans de l'armée qui assurent cette charge. Pour la première fois en septembre 2007 une femme, Moira Cameron, rejoint le corps des beefeaters[4].
Plusieurs corbeaux (Corvus corax) dont les ailes ont été rognées sont nourris à la Tour aux frais de l'état par un « Maître des Corbeaux », car selon une ancienne légende, tant que des corbeaux habiteront la tour, l'Angleterre sera protégée de toute invasion. Les noms des corbeaux qui habitent actuellement la tour sont Hardey, Thor, Odin, Gwyllum, Cedric, Hugin et Munin.
Cet édifice est placé sous l'autorité d'un Gouverneur, l'actuel étant le Major General Keith Cima.
[modifier] Liens externes
- (fr) Visite de la Tour de Londres avec Blake et Mortimer
- (en) Tower-of-London.org.uk
- (en) Site web de la chapelle
- (fr) Photos de la Tour de Londres
- (fr) Fiche sur le site Structurae
[modifier] Notes
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