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Histoire d'Aix-en-Provence - Wikipédia

Histoire d'Aix-en-Provence

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Vue générale d'Aix-en-Provence.
Vue générale d'Aix-en-Provence.

Aix-en-Provence est la capitale historique de la Provence.

Sommaire

[modifier] Antiquité

[modifier] L'oppidum d'Entremont

Restes de l'oppidum d'Entremont.
Restes de l'oppidum d'Entremont.
Icône de détail Article détaillé : Oppidum d'Entremont.

[modifier] Aquae Sextiae

Icône de détail Article détaillé : Aquae Sextiae.

[modifier] Fondation de la ville d'Aix

On ne peut affirmer que la ville était dénommée Aquae Sextiae dès sa fondation. En revanche, elle portait ce nom au plus tard en 102 av. J.-C.. Tite-Live parle en effet de « duobus deinde proeliis circa Aquas Sextias eosdem hostes delevit[1] ». Pline l'Ancien, lui, évoque « Aqua Sextia Salluviorum »[2].

Les récits concernant la fondation d'Aix sont peu connus. Cassiodore (v. 485-v. 580) en fait une relation plutôt détaillée dans sa Chronique, mais celle-ci présente l'inconvénient d'être très postérieure aux événements. Cassiodore y indique que la création de la ville résulte des opérations militaires du consul Caius Sextius Calvinus menées en 124 av. J.-C. contre l'oppidum d'Entremont, qu'il appelle « la capitale des Salyens[3] ». Deux ans plus tard, le même Sextius Calvinus fonde « dans les Gaules une ville où sont les eaux sextiennes » (122 av. J.-C.). Strabon qualifiera l'établissement sextien de polis (« ville ») qu'il prend soin de distinguer de la phoura (« garnison ») qui s'y trouve[2].

La nouvelle ville d'Aix a donc pour vocation de surveiller une région à peine pacifiée[2] et sert de base à l'armée romaine en prévision d'une conquête de la Gaule Narbonnaise, quatre ans plus tard. Placée sous le contrôle d'un praesidium romain, Aix abrite dès lors les populations refoulées d'Entremont et devient de facto « le chef-lieu du pays salyen entré par la force dans l'orbite romaine[4]. »

Il n'est pas possible de déterminer avec précision l'emplacement de l'établissement romain et de la garnison qui s'y trouvait[2]. La raison en est que l'on ne trouve pas de source archéologique remontant à la fondation de la ville. Les historiens se fient donc au déplacement de la ville antique au cours des siècles et ses diverses localisations : d'abord dans la ville des Tours, puis sur l'emplacement du palais comtal et enfin dans le bourg Saint-Sauveur. La plupart des érudits locaux localise la ville antique au bourg Saint-Sauveur, alors que des vestiges retrouvés sur place et identifiés à l'époque romaine s'avéraient en fait être ceux de la ville du XIIe siècle. P.-A. Février s'oppose à cette localisation : « Vouloir retrouver dans cette ville de basse époque [le bourg Saint-Sauveur] le plan de la fondation de Sextius est un simple jeu de l'esprit[2]. »

[modifier] Bataille d’Aquae Sextiae

En 102 avant J.-C., lors de la bataille d’Aquae Sextiae, Gaius Marius tient tête, au pied de la montagne appelée plus tard Sainte-Victoire, aux hordes d'Ambrons et de Teutons qu'il défit. Ceux-ci, venus de la Baltique, se rendaient en Italie. Les femmes capturées alors préférèrent se suicider plutôt que de devenir esclaves. La tradition locale raconte également que les chefs teutons, une fois capturés, furent précipités dans le gouffre du Garagaï, au sommet de la montagne Sainte-Victoire.

Icône de détail Article détaillé : Bataille d'Aix.

[modifier] L'Aix catholique

Depuis les temps chrétiens, Aix a son archevêque (archevêché d'Aix et d'Arles).

Icône de détail Article détaillé : Archevêché d'Aix-en-Provence.

[modifier] Moyen Âge

Partage de la Provence au XIIe siècle entre comté et marquisat de Provence et comté de Forcalquier
Partage de la Provence au XIIe siècle entre comté et marquisat de Provence et comté de Forcalquier
Statue du roi René, cours Mirabeau.
Statue du roi René, cours Mirabeau.

Au IVe siècle, Aix devint la capitale de la Narbonensis Secunda. Elle fut ensuite occupée par les Wisigoths en 477. Au siècle suivant, elle fut envahie tour à tour par les Francs et les Lombards, puis en 731 par les Sarrasins.

[modifier] Aix et le « bon roi René »

Aix ne retrouva sa splendeur qu’à partir du XIIe siècle, où les comtes de Provence (maisons d’Anjou et d’Aragon) y tiennent une cour raffinée et lettrée, et au XVe siècle sous le bon roi René, duc d'Anjou, comte de Provence, roi titulaire de Sicile, la ville prend tout son essor. Le roi René, esprit éclairé, transforme la ville en un célèbre centre culturel et universitaire (1409). Il organise des fêtes populaires comme la procession de la Tarasque, à Tarascon ou la Fête-Dieu à Aix qui durait plusieurs jours et rassemblait des centaines de troubadours. Il est également à l'origine de l'importation du raisin muscat. Il épouse Isabelle de Lorraine, puis Jeanne de Laval, et à 72 ans, meurt à Aix en 1480.

Dans ses Chroniques, le célèbre chroniqueur Jean de Joinville parle d'Aix-en-Provence à propos d'une visite de Saint-Louis : « Li roys s'en vint par la contée de Provence jusques à une cité que on appele Ays en Provence, là où l'on disoit que li cors à Magdeleinne gisoit; et fumes en une voute de roches mout haute, là où l'on disoit que la Magdeleinne avoit esté en hermitaige dix-sept ans. »

[modifier] Époque moderne

[modifier] Aix la Française

À partir de 1486 et le rattachement de la Provence à la France, le gouverneur y réside. En 1501, Louis XII y établit le Parlement de Provence qui perdura jusqu’à la Révolution. Le plus souvent, les États s'y réunissaient pour voter l'impôt. Ce Parlement était si peu populaire qu'un dicton est apparu : « Parlement, mistral et Durance sont les trois fléaux de la Provence ».

En 1545, c’est le président du parlement d’Aix, Oppède, soutenu par le cardinal de Tournon, qui organise le massacre des vaudois du Luberon.

[modifier] Les Guerres de religion

Charles IX passe dans la ville lors de son tour de France royal (1564-1566), accompagné de la Cour et des Grands du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine[5]. La ville est alors en révolte contre le gouverneur de Provence, le comte de Tende, trop tolérant avec les protestants, celui-ci en effet était le mari de Françoise de Foix, seigneur de Marignane, elle même huguenote. Il est accueilli par la cour des Comptes ; le roi fait abattre le pin d’Eguilles, où les catholiques avaient pendu de nombreux protestants les années précédentes.

En octobre 1590, le duc de Savoie se fait nommer comte de Provence par la Ligue et prend la ville[6].

Au retour d'une expédition contre les Huguenots en 1622, Louis XIII s'arrête à Aix qui l'accueille avec enthousiasme[7].

En 1630, alors que la ville est en proie à un épisode de peste, le cardinal Richelieu décide de priver les États de Provence de la collecte et de la répartition des impôts, transférés au pouvoir royal. Une insurrection, dénommée la révolte des Cascaveous, fait plier le cardinal.

Louis XIV séjourna plusieurs fois à Aix : il joua notamment au Jeu de Paume transformé au XVIIIe en un théâtre à l'italienne du même nom ; c'est à Aix que le Roi Soleil signa la paix avec le Prince de Condé... Lorsqu'il dormit dans l'hôtel particulier de Châteaurenard, il fut ébloui par une peinture en trompe-l'œil de Jean Daret (peintre flamand) : il nomma celui-ci peintre du Roi à la Cour de Versailles.

[modifier] Aix au temps de la Révolution française

Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau.
Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau.

Aix est également la ville du célébre député du Tiers État : Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau.

[modifier] Époque contemporaine

[modifier] Le XIXe siècle

Aix est connue pour avoir acquis au XIXe siècle le surnom de « belle endormie », faisant allusion à la léthargie, voire à l'immobilisme, de ses administrateurs urbains[8]. Cette image est illustrée par le commentaire de Taine en 1866 pour qui Aix est « tombée ou laissée de côté par la civilisation qui se déplace[9] ». Pour l'historien Philippe Vaudour, l'appellation mérite toutefois d'être nuancée[10]. Aix a connu dès les années 1850 une politique urbaine dynamique, concrétisée par la construction de nouvelles voies ou le projet de création de nouveaux quartiers.

Les principales entreprises de la ville sont alors des échoppes de chocolatiers, de fabricants de chapeaux, de savon, d'huile et de nougat[10]. C'est un artisanat relativement peu développé, qui devra attendre les années 1840 pour connaître un essor.

[modifier] Dénominations urbaines

La ville se dote à partir de 1811 de ses premières dénominations officielles de rues[11], qui succèdent aux appellations révolutionnaires d'isles[12], facilitant par là le premier recensement. Pour cette première re-dénomination des rues aixoises, trois personnalités d'Aix sont honorées, avec la fondation de la rue Peiresc, la rue Monclar et la rue Tournefort[12]. Ce mode de nomination se poursuivra lentement jusqu'à 1870 environ, date à laquelle il s'accélère, de nombreuses rues et avenues étant alors rebaptisées. Le cours Mirabeau reçoit son nouveau nom en 1876. Jusqu'alors, il était connu sous la simple appellation de « Cours »[12].

Icône de détail Article détaillé : Cours Mirabeau.

[modifier] Aix et le chemin de fer

La chemin de fer à Aix.
La chemin de fer à Aix.

La ville a longtemps été tenue à l'écart du chemin de fer. Au début des années 1840, la compagnie du PLM crée une ligne Paris-Marseille et oublie Aix sur le tracé. De même, le 19 juin 1857, un décret impérial décide de la création d'une ligne Gap-Avignon, sans passant non plus par Aix[10]. De fait, la ville souffre au niveau économique de ces décisions politiques qui l'isolent en Basse-Provence. Les industries locales souffrent aussi de cette situation car beaucoup dépendent du commerce des bœufs et des moutons avec les Alpes[10], entre autres.

En 1870 est créé un tronçon reliant Aix à Meyrargues et trois stations de voyageurs et de marchandises, à La Calade, Venelles et Meyrargues[10]. En 1877 est ouverte une ligne reliant Aix à Marseille[13], via Gardanne. Ces nouvelles données permettent à Aix de conserver une bonne partie de ses échanges avec les régions de la Durance, mais constitue un handicap dans son commerce avec la vallée de l'Arc qui décline progressivement, ce dont Marseille profite[10].

[modifier] La ville des peintres

Aix-en-Provence est bien sûr la ville qui a vu naître et mourir Paul Cézanne (1839-1906). C'est au collège Bourbon d'Aix que naquit la profonde amitié entre Cézanne et Émile Zola.

[modifier] Une ville de soldats

De nombreuses unités ont stationné à Aix, cours Sainte-Anne, durant le XIXe siècle, comme le 112e Régiment de ligne qui y a été établi en 1874[14]. Plus tard, d'autres unités y stationneront, comme le 55e et le 61e Régiment d'infanterie en 1906.

[modifier] 1909 et les blessures de la terre

Icône de détail Article détaillé : Tremblement de terre du 11 juin 1909.

Le 11 juin 1909, plusieurs villages au nord d'Aix sont frappés par un séisme dont la magnitude est évaluée à 6,2 sur l'échelle ouverte de Richter : il provoque la mort de 46 personnes[15] et de nombreux dégâts.

[modifier] Aix au XXIe siècle

Aix est aujourd'hui une ville qui mêle passé historique et avenir technologique notamment avec le projet ITER à Cadarache (communauté du Pays d'Aix), la gare TGV, les technopoles de l'Arbois et de Rousset... Aix compte de nombreuses universités (Lettres, Droit, Économie, Science Po, Arts et Métiers, Beaux Arts...)

Aix a fêté dignement le centenaire de la mort de Paul Cézanne avec notamment l'exposition internationale au musée Granet : "Cézanne en Provence" du 9 juin au 17 septembre 2006 qui a rassemblé près de 120 œuvres du maître sur le thème de sa "chère Provence". Vous pouvez aussi visiter l'atelier des Lauves (atelier que Cézanne a fait construire quelques années avant sa mort), les Carrières de Bibémus où il allait "peindre sur le motif" et le Jas de Bouffan (la maison familiale).

En visitant le centre ville, vous pourrez également marcher "sur les pas de Zola" : l'écrivain s'est inspiré d'Aix pour décrire la célèbre ville de Plassans dans les Rougon-Macquart.

[modifier] Notes

  1. Tite-Live, Perochia 68.
  2. abcde « Carte archéologique de la Gaule : Aix-en-Provence, pays d'Aix, val de Durance », 13/4, Fl. Mocci, N. Nin (dir.), Paris, 2006, Académie des incriptions et belles-lettres, ministère de l'Éducation nationale, ministère de la Recherche, ministère de la Culture et de la Communication, maison des Sciences de l'homme, centre Camille-Jullian, ville d'Aix-en-Provence, communauté du pays d'Aix, p. 173 sq.
  3. Diodore, 34, 23.
  4. J. Gascou, Inscriptions latines de Narbonnaise, III, Aix-en-Provence, Paris, C.N.R.S., 1995, p. 24.
  5. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858), p. 254.
  6. Miquel, op. cit., p. 373-374.
  7. « Louis XIII de passage à Aix en 1622 », GénéProvence, 2008.
  8. M. Gontard, G. Granai, Histoire d'Aix-en-Provence, Aix-en-Provence, Edisud, 1983.
  9. Voyage en Italie (1866). Cité par Georges Duby, 1983, Histoire de la France urbaine, t. 4, Paris, Le Seuil, p. 52.
  10. abcdef Espace communal et pouvoirs municipaux à Aix-en-Provence de 1857 à 1930, Philippe Vaudour, Rives nord-méditerranéennes.
  11. Arrêté Municipal du 31 décembre 1811, Archives communales d'Aix-en-Provence, série D2, article 13.
  12. abc Barbara Sanchez, «Récits de la rue et de la ville:Aix-en-Provence», in Rives nord-méditerranéennes, Récit et toponymie, mis en ligne le : 21 juillet 2005. Consulté le 5 mars 2008.
  13. Après une délibération du conseil municipal du 13 avril 1865.
  14. Un certificat de bonne conduite du 112e de ligne (Aix-en-Provence, 1883), Généprovence.
  15. François Michel, Roches et paysages, reflets de l’histoire de la Terre, Paris, Belin, Orléans, brgm éditions, 2005, ISBN 2701140811, p.74

[modifier] Bibliographie

  • Les Rues d'Aix, Ambroise Roux-Alphéran, 1846-1848.
  • Évocation du vieil Aix-en-Provence, André Bouyala d'Arnaud, éd. de Minuit, 1964.
  • Institutions et vie municipale à Aix-en-Provence sous la Révolution, Christiane Derobert-Ratel, éd. Édisud, 1981, (ISBN 2-85744-092-8).
  • Le Guide d'Aix-en-Provence et du Pays d'Aix, Nerte Fustier-Dautier, Noël Coulet, Yves Dautier, Raymond Jean, éd. la Manufacture, 1988.
  • Le notaire, la famille et la ville, « Aix-en-Provence à la fin du XVIe siècle », Claire Dolan, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 1998, (ISBN 2-85816-361-8).
  • Les folies d'Aix ou la fin d'un monde, Michel Vovelle, éd. Le Temps des cerises, 2003, (ISBN 2-84109-389-1).
  • Architecture et urbanisme à Aix-en-Provence aux XVIIe et XVIIIe siècles, du cours à carrosses au cours Mirabeau, Jean Boyer, éd. Ville d'Aix-en-Provence, 2004, (ISBN 2-905195-14-2).
  • Carte archéologique de la Gaule : Aix-en-Provence, pays d'Aix, val de Durance, 13/4, Fl. Mocci, N. Nin (dir.), Paris, 2006, Académie des incriptions et belles-lettres, ministère de l'Éducation nationale, ministère de la Recherche, ministère de la Culture et de la Communication, maison des Sciences de l'homme, centre Camille-Jullian, ville d'Aix-en-Provence, communauté du pays d'Aix, (ISBN 2-87754-098-7).
  • Aix-en-Provence, promenades du peintre, Aleš Jiránek, Jacky Chabert, éd. Cerises & Coquelicots, 2007, (ISBN 2-914880-03-0).


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