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Menhir - Wikipédia

Menhir

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Couchés sur le sol, deux des quatre morceaux du « Grand menhir brisé d'Er Grah », à Locmariaquer (Morbihan)
Couchés sur le sol, deux des quatre morceaux
du « Grand menhir brisé d'Er Grah », à Locmariaquer (Morbihan)

Un menhir est une pierre dressée, plantée en terre à la préhistoire récente (environ 3500 à 2000 av. J.-C.) ou beaucoup plus rarement à la protohistoire (en France par ex.: menhir d'Ensérune dans l'Hérault et menhirs gaulois de l'âge du Fer en Bretagne). Elle peut être implantée en isolée ou en alignement, parfois, plus rarement plusieurs menhirs peuvent être disposés en cercle, on parle alors de « cercle de pierres » ou de « cromlech ».

Cette pierre peut être taillée (colonne, amande, dalle anthropomorphe, etc.) ou avoir été plantée plus ou moins brute; dans ce dernier cas on parle plutôt de « pierre levée » que de menhir.

La « Pierre Plantée » de Lacaune, Tarn
La « Pierre Plantée » de Lacaune, Tarn

Sommaire

[modifier] Étymologie

Ce terme a été construit à partir du breton maen, « pierre », et hir, « longue ». Cependant le terme le plus utilisé en breton est peulven ou peulvan ("lieu à pieu", généralement compris comme "pieu de pierre"), mais menhir est attesté dans certains noms de lieux en Bretagne, comme Prajou-Menhir à Trébeurden.

Dans d'autres régions de France, les expressions « pierre plantée », « pierre levée », « pierre longue » (en haute Bretagne) ou leur équivalent en langue régionale sont souvent présents sur les cadastres.

Il semble que ce soit Théophile Malo Corret de la Tour d'Auvergne qui, le premier, officialise le terme « menhir », dans son ouvrage Origines gauloise. Celles des plus anciens peuples de l'Europe puisées dans leur vraie source ou recherche sur la langue, l'origine et les antiquités des Celto-bretons de l'Armorique, pour servir à l'histoire ancienne et moderne de ce peuple et à celle des Français, publié entre 1792 et 1796.

Son appellation « menhir » sera vite relayée par Pierre Jean-Baptiste Legrand d'Aussy (1737-1800).

Le 7 ventôse de l'an VII (25 février 1799), Legrand d'Aussy fait, à l'Institut, une lecture de son ouvrage, Des sépultures nationales, publié par la suite en 1824, dont voici un extrait :

« On m'a dit qu'en bas-breton ces obélisques bruts s'appellent ar-men-ir (1). J'adopte d'autant plus volontiers cette expression, qu'avec l'avantage de m'épargner des périphrases, elle m'offre encore celui d'appartenir à la France, et de présenter à l'esprit un sens précis et un mot dont la prononciation n'est pas trop désagréable.
La nécessité où s'est vue la nation bretonne d'imaginer une expression pour désigner cette sorte de monument, semble annoncer qu'elle en avait chez elle une très grande quantité. […]
(1) Ar-men-ir, littéralement la pierre longue. Ar, dans la langue bretonne, de même qu al dans la langue arabe, est l'article défini qui répond à notre le, la; le transporter dans notre langue en y joignant le nôtre, serait une faute, parce-que ce serait employer deux articles au lieu d'un. Je dirai donc menir, et non l almenir; de même qu'on dit le Koran, et non l alkoran. »[1]

(NB : L'orthographe de l'extrait est donnée telle quelle)

Statue-menhir de Malvieille (ou du Moulin de Louat), Tarn
Statue-menhir de Malvieille (ou du Moulin de Louat), Tarn

[modifier] Description

Il existe des menhirs gravés, sculptés (France, Rouergue) et même peints (Espagne).

Les « statues-menhirs », érigées entre le néolithique final et l'âge du bronze, sont remarquables car il s'agit de menhirs aux formes anthropomorphes gravés (parfois sur les 2 faces) d'attributs en bas-relief (parfois sculptés en ronde-bosse) comme le visage, les seins, les bras avec les mains, les jambes et les pieds, mais aussi les parures (colliers, pendeloque, crosse, objet mystérieux), des armes, le baudrier, la ceinture, les plis des vêtements, les cheveux en tresse, etc.

[modifier] Répartition

Ces monolithes sont présents un peu partout dans le monde. Dans toute l'Europe, mais aussi en Afrique ou en Asie par exemple. On trouve des statues-menhirs dans plusieurs régions d'Europe ; en France on en a une forte concentration en Rouergue ([1]) avec plus de 120 statues-menhirs, Languedoc avec une vingtaine de statues et en Provence. En Corse, plusieurs dizaines de statues-menhirs ont été inventoriées un peu partout dans l' île (sites mégalithiques de Filitosa et de Palaghju notamment).

La Pierre Plantée de Lussan (30)
La Pierre Plantée de Lussan (30)

[modifier] Fonction

Dans le cas de pierres levées aux formes grossières et dont le matériau ne semble pas avoir été façonné avec soin, on pense que ces monuments étaient peut-être des sortes de bornes.

Ces pierres, selon leur implantation, auraient alors pu marquer les limites d'un territoire ou signaler un monument funéraire proche du type dolmen ou encore un lieu de culte. Parfois encore la pierre levée fait partie d'un ensemble, cercle de pierres (cromlech) ou alignement par exemple, qui constitue ce lieu de culte ou de rassemblement...

En revanche, de nombreux monuments ont une allure anthropomorphe plus ou moins affirmée et beaucoup d'autres montrent une forme phallique. Quelles que soient les dimensions du monolithe, menhir géant ou petite stèle, la forme et parfois les figurations gravées que les hommes leur ont affectées laissent penser qu'il existait là une dévotion aux puissances célestes (pierre pointant vers le ciel) ou chtoniennes (pierre enracinée), probablement un culte voué à des divinités anthropomorphes[réf. nécessaire], masculines et féminines, dieux et déesses du néolithique.

Le terme idole est alors employé par de nombreux spécialistes pour marquer le rôle du monolithe et le sens religieux ou magique dont il est chargé.

Les attributs de nombreuses statues-menhirs (baudrier, objet, crosse, armes...) ont également amené les archéologues à émettre l'hypothèse d'un culte des ancêtres: dans certains cas, la statue-menhir aurait pu représenter un ancêtre important, fondateur peut-être... L'hypothèse de la représentation d'un chef ou autre personnage important de son vivant n'est pas écartée pour autant.

Le monument, par le prestige qu'il lui confère, sacraliserait ainsi un personnage remarquable et l'élèverait au statut de divinité tutélaire.

[modifier] Croyances

Menhir christianisé de Saint-Uzec à Pleumeur-Bodou.
Menhir christianisé de Saint-Uzec à Pleumeur-Bodou.
Amputation et christianisation
Amputation et christianisation

Certains menhirs ont été christianisés, c'est-à-dire qu'on a gravé une croix sur une face ou plantée à leur sommet (ex. les menhirs de Men Marz, de St Duzec). On a ainsi voulu ôter aux menhirs, monument préhistorique donc par essence païen, son caractère "hérétique" et non-chrétien en portant des croix sur la pierre. Le monument païen devient ainsi une pierre comme une autre.

De nombreux menhirs sont porteurs de légendes ayant surtout trait à la fertilité. Ainsi, de nombreuses légendes rapportent qu'il fallait que les femmes se frottent le ventre sur certains menhirs réputés fertiles pour qu'elles soient enceintes dans l'année.

D'autres menhirs étaient censés favoriser la venue de la pluie. Cela explique que dans certaines régions comme les Cévennes, il n'était pas rare qu'une fois l'an une cérémonie se tienne au pied du menhir pour demander la pluie.

Une légende bretonne raconte que les menhirs vont boire dans l'océan une fois par an, la nuit de Noël entre le premier et le douzième coup de minuit, découvrant à leur pied le trésor qu'ils cachent le reste du temps. La capture du trésor est malgré tout malaisée, car les menhirs reviennent à leur place aussi vite qu'ils sont partis, écrasant tout sur leur passage. Une autre légende bretonne, et chrétienne cette fois, dit que les alignements de Carnac sont des soldats romains changés en menhirs par Dieu pour les punir de poursuivre et de vouloir tuer saint Cornely.

Une autre légende bretonne, nous raconte qu'à Belle-Ile, où nous trouvons deux menhirs l'un à côté de l'autre[2] qui se nomment Jean et Jeanne, sont en réalité deux jeunes gens qui étaient follement épris l'un de l'autre. Lui était barde, elle était très pauvre. Les druides, opposés à cette union, demandèrent de l'aide à une sorciere, de Locmaria. Celle-ci les figea en cette statue de pierre. Mais, leur amour étant le plus fort, les nuits de pleine Lune, ils se retrouvent [3].

Jean
Jean
Jeanne
Jeanne

Pour les "géobiologues", les menhirs seraient des sortes d'antennes énergétiques ou d'aiguilles d’acupuncture. Prétendûment toujours installés sur un courant d’eau et souvent sur des croisements d'ondes connus sous le nom de réseaux Curry ou Hartmann, ils serviraient à capter les bonnes énergies ou à neutraliser les énergies négatives. Beaucoup fonctionneraient encore aujourd’hui, à condition qu’ils n’aient pas été déplacés ou désorientés. Car, aux yeux desdits géobiologues, un menhir déplacé est "mort", et peut même devenir négatif et dangereux par amplification des énergies négatives voisines. Ils affirment que sur 40 menhirs de Monteneuf qui avaient basculé et qui ont été mécaniquement redressés, 37 seraient "morts", seuls 3 seraient encore "actifs"[réf. nécessaire]

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. "Maen" est un sustantif et "hir" un adjectif. En faisant un seul mot des deux, Legrand d'Aussy crée un mot aussi étrange pour le breton que s'il avait créé en français le mot "pierrelongue".
  2. Ces deux menhirs de l'île (il y en a un troisième à quelques km de là) sont tout de même séparés d'une cinquantaine de mètres (voire plus) dont une voie de circulation (Cf. Carte de Belle-Ile en mer par l'office de tourisme)
  3. La légende de Jean et Jeanne

[modifier] Bibliographie

  • Actes des journées d'études des statues-menhirs à St Pons de thomières, 1984. Fédération Archéologique de l'Hérault, Parc régional du Haut-Languedoc, 1987.
  • Actes du 2e colloque international sur la statuaire mégalithique à St Pons de thomières, 1997. Fédération Archéologique de l'Hérault, Parc régional du Haut-Languedoc, 1998.

[modifier] Articles connexes

Alignements :

Généralités :

Autres:

[modifier] Liens externes

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wikt:

Voir « menhir » sur le Wiktionnaire.



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