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Jean Giraudoux - Wikipédia

Jean Giraudoux

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Jean Giraudoux, né le 29 octobre 1882 à Bellac en Haute-Vienne et décédé le 31 janvier 1944 à Paris, était un écrivain et un diplomate français qui a écrit notamment pour le théâtre ses plus célèbres ouvrages tels que La guerre de Troie n'aura pas lieu, La Folle de Chaillot, ou Ondine.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Jeunesse (1882-1919)

Fils cadet de Léon Giraudoux, petit fonctionnaire de l'administration des Finances, et d'Anne Lacoste, Jean Giraudoux naît à Bellac, un an avant la nomination de son père à Bessines. Reçu premier du canton au certificat d'études en 1892, il entre en octobre 1893 comme boursier au lycée de Châteauroux, qui porte aujourd'hui son nom (lycée Jean-Giraudoux)[1], où il fait sa première communion en juin 1894 et est interne jusqu'à son baccalauréat en 1900.

Bachelier de philosophie, il poursuit ses brillantes études au lycée Lakanal de Sceaux, où il termine sa seconde année de khâgne avec le prix d'excellence et obtient le premier prix de version grecque au concours général en 1902. Reçu 13e sur 21 à l'École normale supérieure de Paris, il accomplit son service militaire au 98e régiment d'infanterie à Roanne, Clermont-Ferrand et Lyon, dont il sort en 1903 avec le grade de caporal. Entré ensuite à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, dans la section lettres, il se passionne pour la culture allemande. Après l'obtention de sa licence de lettres à la Sorbonne en juillet 1904, avec un mémoire sur les Odes pindariques de Ronsard, il passe dans la section d'allemand en novembre.

Ayant obtenu une bourse d'études, il s'inscrit alors à l'université de Munich. Durant l'été 1905, il est le répétiteur de Paul Morand à Munich et rencontre Frank Wedekind. Puis il part en voyage pour la Serbie, l'Autriche-Hongrie (Trieste entre autres) et Venise en Italie. Après un échec à l'agrégation d'allemand, il se rend aux États-Unis, de septembre 1907 à mars 1908, avec une bourse pour l'Université Harvard. À son retour, il entre à la rédaction du Matin et prépare le concours des Affaires étrangères, qu'il rate en 1909. La même année, il publie son premier livre, Les Provinciales, remarqué par André Gide. En juin 1910, reçu premier au concours des chancelleries, il devient élève vice-consul à la direction politique et commerciale du ministère des Affaires étrangères. Promu attaché au bureau d'étude de la presse étrangère en septembre 1912, il entame une liaison avec Suzanne Boland, mariée à Paul Pineau, l'année suivante.

Mobilisé comme sergent au 298e régiment d'infanterie en 1914, puis nommé sous-lieutenant, il est blessé à deux reprises, à la bataille de la Marne en 1914, aux Dardanelles en 1915, et fait chevalier de la Légion d'honneur. Convalescent, il entre au bureau de la propagande du ministère des Affaires étrangères grâce à Philippe Berthelot, avant de participer à une mission militaire et diplomatique à Lisbonne en août-novembre 1916. Puis il prend part à la « mission Harvard », qui le conduit aux États-Unis en avril-août 1917.

[modifier] Maturité (1919-1940)

Après la guerre, il s'éloigne de l'Allemagne. Démobilisé en 1919, il devient secrétaire d'ambassade de troisième classe et dirige le service des œuvres françaises à l'étranger (1920) puis le service d'information et de presse au Quai d'Orsay (fin octobre 1924).

Sentimentalement, après la naissance de leur fils Jean-Pierre, le 29 décembre 1919 et le divorce de suzanne en 1920, Giraudoux l'épouse en 1921.

En 1927, il se fait placer hors cadre à la disposition de la Commission d'évaluation des dommages alliés en Turquie, où il reste pendant sept ans. Ce poste lui laissant beaucoup de temps libre, il en profite pour écrire ses premières pièces de théâtre. La connaissance de Louis Jouvet en 1928 stimule en effet sa création théâtrale avec le succès de Siegfried (1928), d'Amphitryon 38 (1929) et d'Intermezzo (1933), malgré l'échec de Judith (1931).

En 1934, il est nommé inspecteur général des postes diplomatiques et consulaires. Devant la montée des périls en Europe, il écrit La Guerre de Troie n'aura pas lieu, pièce pessimiste (bien que non dénuée d'humour grinçant) ayant pour thème le cynisme des politiciens et la différence entre l'histoire telle que les dirigeants la montrent au peuple et telle qu'elle se passe réellement. En 1936, on lui propose la direction de la Comédie-Française, mais il la refuse.

Le 29 juillet 1939, il est nommé par Édouard Daladier « commissaire général à l'information » et prononce ses Messages du Continental, contre la guerre hitlérienne. Le 21 mars 1940, Paul Reynaud le remplace par Ludovic-Oscar Frossard, nommé ministre de l'Information, et il devient président d'un « conseil supérieur de l'information ».

Il publie, à la veille de la guerre, un important essai politique : Pleins pouvoirs (Gallimard, 1939), dans lequel, notamment, prenant modèle sur les États-Unis, il demande l'adoption d'une politique d'immigration, afin, non « d’obtenir dans son intégrité, par l’épuration, un type physique primitif, mais de constituer, au besoin avec des apports étrangers, un type moral et culturel »[2].

[modifier] Seconde guerre mondiale et mort (1940-1943)

Devant la débâcle de juin 1940, il suit le gouvernement à Bordeaux, avant de s'installer auprès de sa mère à Vichy. Nommé directeur des Monuments historiques à l'automne 1940, il fait valoir ses droits à la retraite en janvier 1941[3] et commence deux écrits inspirés par la défaite, qui ne paraîtront qu'après sa mort, le second étant resté inachevé : Armistice à Bordeaux 1945, et Sans Pouvoirs 1946, édités l'un et l'autre à Monaco.

Commissaire général à l'information sous Daladier, sa situation pendant l'Occupation est complexe[4] et son rôle contrasté :

  • Sa passion pour la culture allemande existe de longue date : « Tous ceux qui aiment le travail, la musique, l'étude sont exilés d'Allemagne. Nous qui aimons Dürer, Goethe, nous sommes exilés d’Allemagne »[5].
  • Dans Armistice à Bordeaux, il s’oppose, phrase par phrase, au second discours de Pétain[6].
  • Il a refusé le poste de ministre de France à Athènes proposé par Vichy après l'armistice du 22 juin 1940 mais entretient des relations personnelles avec plusieurs membres du nouveau gouvernement[7].
  • Son fils Jean-Pierre a rejoint Londres dès juillet 1940 et s'est engagé dans les Forces navales françaises libres[8],[9],[10].
  • En 1942, alors qu'il loge à Paris, il affirme « l'impossibilité d'une véritable rencontre entre les deux cultures tant que durerait la guerre »[11].
  • On lui propose de quitter la France. Il refuse, arguant de la nécessité de livrer en France « une lutte d’influence avec l’Allemagne »[réf. nécessaire].

Sa participation à la lutte contre l'occupation allemande au sein de la Résistance reste encore débattue. En décembre 1943, il aurait projeté de « participer à sa façon à la Résistance »[12].

Il poursuit ses travaux littéraires avec L'Apollon de Bellac, Sodome et Gomorrhe ou La Folle de Chaillot et participe à des adaptations cinématographiques, qu'il s'agisse de La Duchesse de Langeais de Balzac pour Jacques de Baroncelli ou des Anges du péché pour Robert Bresson.

Après la mort de sa mère en 1943, sa santé se dégrade. Jean Giraudoux meurt le 31 janvier 1944, à l'âge de soixante et un ans, selon la version officielle, à la suite d'un empoisonnement alimentaire, mais, plus probablement, d'une pancréatite.

Quelques jours après son inhumation, qui a lieu le 3 février dans un caveau provisoire du cimetière de Montmartre, Claude Roy fait courir le bruit, au café de Flore, qu'il a été empoisonné par la Gestapo. Louis Aragon le reprend à son compte dans Ce soir le 20 septembre 1944 : « Pourquoi ? Pas seulement parce que c’est le plus français de nos écrivains, mais certainement aussi pour son activité résistante gardée très secrète et que, pour ma part, j’avais devinée durant le dernier entretien que je devais avoir avec lui cinq jours avant sa mort »[13]. Une biographie explorant la question lui est consacrée par Jacques Body en 2004.

Il est enterré au cimetière de Passy à Paris.

[modifier] Giraudoux antisémite?

Se fondant sur plusieurs citations tirées du chapitre « La France peuplée » de Pleins pouvoirs[14], certains considèrent que Giraudoux était antisémite[15],[16],[17].

Pour son biographe Jacques Body, en revanche, « Giraudoux antisémite, Giraudoux vichyste, c’est devenu l’antienne des ignorants. » Selon lui, de Pleins pouvoirs, « son plaidoyer pour une politique d’immigration et pour le droit d’asile », on a fait, « cinquante ans plus tard, un bréviaire xénophobe et raciste, à coup de citations tronquées. »[18]. Il considère que, chez Giraudoux, « l'appartenance à une patrie marque un homme, mais par la culture, non par des contraintes naturelles ou sociologiques. Giraudoux croit à la patrie, pas à la race[19]. »

Pierre Charreton, de son côté, relève que, si Giraudoux défend l'avènement d'une « politique raciale » et d'un « ministère de la race », pour lui, le terme de « race » renvoie à un « habitus », un ensemble de valeurs et de comportements partagés sur un territoire, et non à une référence ethnique. Giraudoux, rappelle-t-il, défend l'idée que « la race française est une race composée. (...) Il n'y a pas que le Français qui naît. Il y a le Français qu'on fait[20]. » De même, il relève que l'auteur éprouve un « choc désagréable » en découvrant sur une pancarte ou une affiche l'inscription : « La France aux Français », jugeant que cette phrase, au lieu « l'enrichir le dépossède »[21],[22].

[modifier] Œuvres

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[modifier] Romans et nouvelles

  • Provinciales, 1909
  • L'École des indifférents, 1911
  • Lectures pour une ombre, 1917
  • Simon le Pathétique, 1918
  • Elpénor, 1919
  • Amica America, 1919
  • Adorable Clio, 1920
  • Suzanne et le Pacifique, 1921
  • Siegfried et le Limousin, 1922 qui lui apporta le succès. Ed. Grasset, coll. Les cahiers rouges, ISBN 2-246-12592-8
  • Juliette au pays des hommes, 1924
  • Bella, 1926
  • Églantine, 1927
  • Aventures de Jérôme Bardini, 1930
  • La France sentimentale, 1932
  • Combat avec l'ange, 1934
  • Choix des élues, 1939
  • L'Ombre sur les joues, 1952
  • La Menteuse, (publié à titre posthume en 1958)

[modifier] Œuvres diverses

[modifier] Théâtre

[modifier] Bibliographie

  • Europe, revue littéraire mensuelle, n°841, « Jean Giraudoux », mai 1999
  • Jacques Body, Jean Giraudoux, Paris, Gallimard, 2004
  • Georges May, « Jean Giraudoux et les États-Unis », The French review, vol. XLIX, n°6, mai 1976

[modifier] Source partielle

  • Christian Allègre, « Giraudoux », dans Jean-Claude Polet (dir.), Auteurs européens du premier XXe siècle, tome 2 : « Cérémonial pour la mort du sphinx, 1940-1958 », Bruxelles, De Boeck Université, 2003, 906 pages, p. 285-298 (ISBN 2804139328)

[modifier] Notes et références

  1. On trouve un récit plein de nostalgie de la visite que, jeune adulte, Giraudoux fit dans ce lycée, dans son roman Adorable Clio (1920).
  2. Jean Giraudoux, Pleins pouvoirs, Paris, Gallimard, 1939, 211 pages, p. 76. Cité par Jacques Body, Jean Giraudoux, la légende et le secret, Paris, PUF, 1986, 175 pages, p. 36 (ISBN 2-13-039478-7).
  3. Jacques Body, Jean Giraudoux, la légende et le secret, 1986, p. 153.
  4. Denis Rolland, Louis Jouvet et le théâtre de l'Athénée Promeneurs de rêves en guerre de la France au Brésil, Paris, L'Harmattan, 2000, 448 pages, p. 127-131 (ISBN 2738494927).
  5. Cahiers Jean Giraudoux, Société des Amis de Jean Giraudoux, Paris, B. Grasset, 1972, p. 109.
  6. Jacques Body, Jean Giraudoux, Gallimard, 2004
  7. Denis Rolland, Louis Jouvet et le théâtre de l'Athénée Promeneurs de rêves en guerre de la France au Brésil, p. 128
  8. Pierre Viansson-Ponté, Les gaullistes, rituel et annuaire, Paris, Le Seuil, 1963, 189 pages, p. 128.
  9. biographie de Jean-Pierre Giraudoux sur le site de l'Assemblée nationale
  10. Sous le pseudonyme de « Montaigne », Jean-Pierre Giraudoux sert dans le Pacifique à bord de l'aviso Chevreuil. Voir le capitaine de vaisseau André Bouchi-Lamontagne, Historique des Forces navales françaises libres, Château de Vincennes, Service historique de la Défense, tome 5, p. 434.
  11. Denis Rolland, Louis Jouvet et le théâtre de l'Athénée Promeneurs de rêves en guerre de la France au Brésil, p. 130
  12. Biographie de Jean Giraudoux
  13. Chronologie Denoël, 1944
  14. Pleins pouvoirs (1939) :
    • « Sont entrés chez nous, par une infiltration dont j'ai essayé en vain de trouver le secret, des centaines de mille Askenasis, échappés des ghettos polonais ou roumains (...), qui éliminent nos compatriotes, tout en détruisant leurs usages professionnels et leurs traditions, de tous les métiers du petit artisanat (...) et, entassés par dizaines dans des chambres, échappent à toute investigation du recensement, du fisc et du travail. Tous ces émigrés (...) apportent là où ils passent l'à peu près, l'action clandestine, la concussion, la corruption, et sont des menaces constantes à l'esprit de précision, de bonne foi, de perfection qui était celui de l'artisanat français. Horde qui s'arrange pour être déchue de ses droits nationaux et braver ainsi toutes les expulsions, et que sa constitution physique, précaire et anormale, amène par milliers dans nos hôpitaux qu'elle encombre. », p. 65-66.
    • « Nous sommes pleinement d'accord avec Hitler pour proclamer qu'une politique n'atteint sa forme supérieure que si elle est raciale, car c'était aussi la pensée de Colbert ou de Richelieu. », p. 76.
    • « Ils apportent là où ils passent l'à-peu-près, l'action clandestine, la concussion, la corruption et sont des menaces constantes à l'esprit de précision, de bonne foi, de perfection qui était celui de l'artisanat français. Horde qui s'arrange pour être déchue de ses droits nationaux, et braver ainsi toutes les expulsions et que sa constitution physique précaire amène par milliers dans les hôpitaux qu'elle encombre. »
  15. Béatrice Philippe, Pierre Emmanuel, Annie Kriegel, Daniel Roche, Être Juif dans la société francaise du Moyen-âge à nos jours, Paris, Éditions Complexe, 1997, 471 pages, p. 282-283 (ISBN 2870276729).
  16. Enzo Traverso, « L'antisémitisme comme code culturel », in Pour une critique de la barbarie moderne. Écrits sur l'histoire des Juifs et de l'antisémitisme, 1997, p. 2 (nouvelle édition revue et augmentée)
  17. François Léotard, « Maurice, Jean et Raymond », Tribune juive, n° 26 ; Michel Wlassikoff, « Littérature et antisémitisme, des Protocoles à l'antisionisme », Tribune juive, n° 28
  18. Voir « Réponse à Monsieur François Léotard » sur le site des Amis de Jean Giraudoux
  19. Jean Body, Giraudoux et l'Allemagne, Paris, Didier, 1975, p. 295. Cité par Pierre Charreton, « Littérature et idéologie sportive sous l'Occupation : les cas de Giraudoux et de Drieu La Rochelle » (p. 201-210), dans Pierre Arnaud (dir.), Le sport et les Français pendant l'Occupation, 1940-1944, Paris, L'Harmattan, 2002, tome 2, 379 pages, p. 210 (ISBN 2747520781).
  20. Pleins pouvoirs, p. 58.
  21. Pleins pouvoirs, p. 69.
  22. Pierre Charreton, « Littérature et idéologie sportive sous l'Occupation : les cas de Giraudoux et de Drieu La Rochelle » (p. 201-210), dans Pierre Arnaud (dir.), Le sport et les Français pendant l'Occupation, 1940-1944, Paris, L'Harmattan, 2002, tome 2, 379 pages, p. 209 (ISBN 2747520781).

[modifier] Liens externes


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