Agrégation en France
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Dans le système éducatif français, le concours d'agrégation, en abrégé l'agrégation, désigne un concours destiné à recruter les professeurs agrégés de l'enseignement secondaire[1] (« agrégation de l'enseignement secondaire ») et, dans certaines disciplines, des professeurs des universités (« agrégation de l'enseignement supérieur »).
Cet article traite uniquement de l'agrégation de l'enseignement secondaire[2].
Sommaire |
[modifier] Généralités
L'agrégation est, avec les concours du CAPES, du CAPET ou du CAPLP, un concours de recrutement des professeurs de l'enseignement secondaire public et de l'enseignement privé sous contrat (dans ce dernier cas, le lauréat au concours de l'agrégation doit avoir préalablement opté pour l'enseignement privé sous contrat lors des oraux d'admission). Un candidat à l'agrégation est dit « agrégatif ». Les lauréats des concours d'agrégation sont usuellement appelés « agrégés » (ou encore « agrégé de l'Université », le terme "Université" désignant au XIXe siècle l'ensemble de l'Instruction publique, l'Université de France).
L'agrégation est très associée à l'idéal de l'élitisme républicain, elle cristallise depuis longtemps des critiques tant de la part d'enseignants du secondaire que d'enseignants universitaires qui ne sont pas obligatoirement lauréats du concours de l'agrégation. Elle constitue pour certains aussi une entrave à une plus grande souplesse dans l'utilisation des personnels enseignant par la rigueur qui caractérise toujours son organisation[3].
Le concours se déroule en deux étapes qui sont l'admissibilité puis l'admission. L'admissibilité consiste en une série d'épreuves académiques écrites et anonymes qui permettent l'accession aux épreuves orales d'admission. Les épreuves orales à caractère scientifique et pédagogique sont évaluées collégialement. Ce mode de recrutement a précisément été conçu pour limiter toute forme de faveur dans le recrutement des professeurs. Ce principe a été assoupli depuis pour l'accès au corps des professeurs agrégés par l'utilisation des "listes d'aptitude" maintenant largement répandues pour les promotions internes dans la fonction publique.
Pour se présenter au concours externe, il faut être titulaire d'une maîtrise (niveau M1 ou équivalent) ou du CAPES/CAPET/PLP, ces diplômes pré-requis pouvant être des diplômes d'autres disciplines[4]. Des préparations à l'agrégation sont organisées dans les universités et les écoles normales supérieures, contrairement aux préparations des CAPES, gérées, au moins administrativement, par les IUFM. Le concours interne est réservé aux professeurs justifiant d'au moins cinq années d'ancienneté. De même que pour le CAPES, l'inscription au concours lui-même, qui se fait auprès du rectorat de son académie, est indépendante de l'inscription à la formation spécifique dispensée à l'université agréée. La titularisation dans le corps des professeurs agrégés se fait après la validation d'une année de stage.
[modifier] Histoire
L'agrégation est apparue en 1766 au sein de l’université de Paris. Elle répond à l'expulsion des Jésuites décidée en 1764. En effet les Jésuites assuraient l'enseignement dans 105 collèges du royaume. Leur départ subit provoqua une demande d'enseignants et posa le problème de la formation de ceux-ci. Le concours d'agrégation, organisé par la faculté des Arts, mettait l'accent sur les capacités intellectuelles des candidats par un système d'épreuves écrites et orales[5]. Cette agrégation disparait avec le reste du système universitaire d'ancien Régime en 1793.
Les agrégations sont recréées par le décret du 17 mars 1808 pour l'enseignement secondaire et organisées par le statut du 6 février 1821, avec trois spécialités : lettres, grammaire et sciences. D'autres spécialités apparaissent ultérieurement : la philosophie en 1828, l'histoire en 1830, les mathématiques et les sciences physiques et naturelles en 1841. Le concours de l'agrégation sert à l'origine à recruter des "agrégés" et non des "professeurs". Les agrégés de l'Université sont, d'après le statut du 6 février 1821, "des fonctionnaires chargés de remplacer les professeurs, et destinés à devenir professeurs eux-mêmes". De plus "les places d'agrégé sont données au concours", fixé par le décret du 10 avril 1852 et le réglement du 21 février 1853. Enfin, "tout agrégé qui refuserait d'accepter les fonctions auxquelles il aurait été nommé par le conseil royal, perdrait le traitement et titre d'agrégé". Ils reçoivent, en leur simple qualité d'agrégés, et jusqu'à ce qu'ils soient nommés professeurs dans un collège royal (lycée), un traitement annuel de 500 francs (Ordonnance royal du 17 janvier 1839, article 1). Cependant les agrégés acquièrent peu à peu le monopole du recrutement comme professeurs des lycées ; en conséquence les professeurs de lycées sont tous d'anciens agrégés et les deux termes se confondent alors. Le candidat à l'agrégation doit être licencié ès sciences ou ès lettres.
À l'origine, les agrégés et professeurs de lycées enseignant dans les classes terminales et préparatoires (belles lettres et mathématiques spéciales) devaient être docteurs ès sciences ou ès lettres. De nos jours les professeurs agrégés enseignant dans les classes préparatoires ne sont plus astreints à cette obligation.
La première femme agrégée fut reçue en 1883. L'arrêté du 29 juillet 1885 donne son statut moderne au concours de l'agrégation, avec des compositions écrites de 4 à 7 heures et des épreuves orales sous forme de leçons. Après la réforme universitaire de 1966, le diplôme minimal requis pour participer à l'agrégation devient la maîtrise (ou équivalent). Jusqu'en 1975, les femmes et les hommes se présentaient à des concours séparés. A partir de 1976 ce concours devient mixte comme ceux de la fonction publique (ministère de la condition féminine, Françoise Giroud)
Aujourd'hui, il existe de nombreuses agrégations, tant dans des matières d'enseignement général - parmi lesquelles l'éducation physique et sportive, la musique et les arts plastiques - que dans des matières techniques.
[modifier] Liste des agrégations
Langues vivantes :
- Agrégation d'allemand
- Agrégation d'anglais
- Agrégation d'arabe
- Agrégation de basque
- Agrégation de chinois
- Agrégation d'espagnol
- Agrégation d'hébreu moderne
- Agrégation d'italien
- Agrégation de japonais
- Agrégation de polonais
- Agrégation de russe
- Agrégation de portugais
Lettres et sciences humaines :
- Agrégation d'histoire
- Agrégation de géographie
- Agrégation de grammaire
- Agrégation de lettres classiques
- Agrégation de lettres modernes
- Agrégation de philosophie
Économie :
- Agrégation de sciences économiques et sociales
- Agrégation d'économie/gestion :
- option A : économie et gestion administrative,
- option B : économie et gestion comptable et financière,
- option C : économie et gestion commerciale,
- option D : économie, informatique et gestion.
Sciences :
- Agrégation de biochimie - génie biologique
- Agrégation de mathématiques
- Agrégation de sciences de la vie - sciences de la Terre et de l'Univers
- Agrégation de Biologie - Génie Biologique
- Agrégation de sciences physiques
- option physique
- option chimie
- option physique appliquée
- option procédés physico-chimiques
Technologie :
- Agrégation de génie civil
- Agrégation de génie mécanique
- Agrégation de génie électrique
- Agrégation de mécanique
Autres agrégations :
- Agrégation d'arts :
- option arts plastiques
- option arts appliqués
- option histoire des arts
- Agrégation d'éducation physique et sportive
- Agrégation de musique
[modifier] Bibliographie
- André Chervel, Histoire de l'agrégation : contribution à l'histoire de la culture scolaire, Institut national de recherche pédagogique et éd. Kimé, Paris, 1993 ; 289 pages, 24 cm ; (ISBN 2-7342-0357-X) (INRP), (ISBN 2-908212-51-X) (Kimé).
- Yves Verneuil, Les Agrégés. Histoire d'une exception française, éditions Belin collection « Histoire de l'éducation », 2005. (ISBN 2701133505).
- Luc Marco, « L'agrégation de sciences de gestion (1976-2005) », Revue d'histoire des sciences humaines, n° 14, 2006, p. 173-198.
[modifier] Source
[modifier] Notes
- ↑ Décret n° 72-580 du 04 juillet 1972 relatif au statut particulier des professeurs agrégés de l'enseignement du second degré
- ↑ Des professeurs agrégés du second degré peuvent être, malgré cette appellation statutaire, amenés à enseigner dans des classes post-baccalauréat des lycées et peuvent être également, comme les professeurs certifiés, affectés dans des établissements d'enseignement supérieur.
- ↑ Yves Verneuil, Les agrégés. Histoire d'une exception française, Paris, Belin, 2005.
- ↑ Les diplômes ou titres requis pour se présenter au concours de l'agrégation externe sont définis par l'arrêté ministériel du 21 juillet 1993 modifié :
- maîtrise
- diplôme d'études approfondies
- attestation d'études approfondies
- diplôme d'études supérieures
- diplôme d'études supérieures spécialisées
- Doctorat d'Etat
- doctorat de troisième cycle
- doctorat défini en 1984
- habilitation à diriger des recherches
- diplôme d'ingénieur
- diplôme de docteur ingénieur.
- Titre ou diplôme de l'enseignement technologique homologué, en application de la loi 71-577 du 16 juillet 1971, au niveau II ou au niveau I de la nomenclature interministérielle par niveaux.
- Diplôme d'Etat de docteur en médecine
- diplôme d'État de docteur en pharmacie
- diplôme d'État de pharmacien
- diplôme d'État de docteur en chirurgie dentaire
- diplôme d'État de chirurgien-dentiste
- diplôme de docteur vétérinaire.
- Titre ou diplôme sanctionnant un cycle d'études post-secondaires d'au moins quatre années acquis en France ou dans un autre état, et attesté par l'autorité compétente de l'état considéré
- Diplôme d'expert-comptable ou d'expertise comptable.
- diplôme d'études supérieures comptables et financières
- Diplôme d'enseignement commercial supérieur ou diplôme supérieur d'études commerciales, administratives et financières ou diplôme d'études supérieures commerciales, administratives et financières délivrés par les écoles supérieures de commerce et d'administration des entreprises (ESCAE) ou diplôme d'une école supérieure de commerce.
- Diplôme de l'École des hautes études commerciales (HEC)
- Diplôme de l'École de haut enseignement commercial (HECJF).
- Diplôme de l'École supérieure des sciences économiques et commerciales de Paris.
- Diplôme des Instituts d'études politiques sous réserve que le candidat soit par ailleurs détenteur d'une licence.
- Certificat supérieur d'études statistiques délivré par l'institut de la statistique de l'université Paris VI
- Diplôme de statisticien économiste de l'École nationale de la statistique et de l'administration économique.
- Diplôme d'archiviste paléographe de l'École nationale des chartes
- Diplôme de l'École nationale du patrimoine.
- Diplôme de l'École nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (ENSSIB).
- Diplôme de l'École normale supérieure de l'éducation physique et sportive obtenu au plus tard à la fin de 1984.
- Diplôme de l'Institut national du sport et de l'éducation physique obtenu au plus tard à la fin de 1984.
- Certificat de fin de cycle préparatoire aux concours internes d'entrée à l'École nationale d'administration
- Certificat de fin de cycle de préparation aux concours externes d'entrée à l'École nationale d'administration
- Certificat de fin de cycle de préparation au troisième concours d'entrée à l'École nationale d'administration (pendant les deux années qui suivent la fin du cycle).
- Diplôme d'administration publique d'un institut régional d'administration conformément aux dispositions du décret 70-403 du 13 mai 1970 modifié.
- Attestation d'inscription sans réserve en cinquième année d'études postsecondaires pour la délivrance d'un diplôme national ou d'un diplôme délivré au nom de l'Etat, obtenue le cas échéant après une décision de validation des études, expériences professionnelles ou acquis personnels prise en application de l'article L. 613-5 du code de l'éducation.
- certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré
- certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement technique
- certificat d'aptitude au professorat technique ou d'un des concours de recrutement des professeurs techniques de lycée technique (ancien régime)
- certificat d'aptitude au professorat de lycée professionnel du deuxième grade
- certificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et sportive
- diplôme professionnel de professeur des écoles
- certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré agricole
- certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement technique agricole
- certificat d'aptitude au professorat de lycée professionnel agricole du deuxième grade;
- Les lauréats d'un des concours d'accès à l'échelle de rémunération des professeurs certifiés, des professeurs de lycée professionnel du deuxième grade, des professeurs d'éducation physique et sportive, des professeurs des écoles dont l'aptitude pédagogique a été vérifiée, ou d'un des concours institués pour l'accès à des listes d'aptitude aux fonctions de maître ou de documentaliste dans les classes du second degré sous contrat, correspondant aux concours externes du deuxième grade du corps des professeurs de lycée professionnel qui sont détenteurs du certificat d'aptitude aux fonctions d'enseignement dans les établissements d'enseignement privés du second degré sous contrat (C.A.F.E.P.);
- Les professeurs certifiés, les professeurs de lycée professionnel du deuxième grade, les professeurs d'éducation physique et sportive, les professeurs des écoles, les inspecteurs principaux de la jeunesse et des sports à vocation pédagogique titularisés au plus tard le 31 décembre 1982, les professeurs techniques adjoints du cadre de l'École nationale supérieure d'arts et métiers, les professeurs certifiés de l'enseignement agricole, les professeurs de lycée professionnel agricole du deuxième grade, les maîtres contractuels et les documentalistes des établissements d'enseignement privés sous contrat admis définitivement à l'échelle de rémunération des professeurs certifiés, des professeurs de lycée professionnel du deuxième grade, des professeurs d'éducation physique et sportive.
- ↑ BÉLY, Lucien, Dictionnaire de l'Ancien Régime, Paris, PUF, p. 282.