Jean-Paul Marat
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Jean-Paul Marat | |
Naissance | 24 mai 1743 à Boudry, Neuchâtel, Suisse |
Décès | 13 juillet 1793 () à Paris |
Nationalité | Prusse, Suisse de nos jours |
Profession | Journaliste, homme politique |
Jean-Paul Marat, né à Boudry (principauté de Neuchâtel prussienne à l’époque, aujourd’hui canton de Neuchâtel, en Suisse), le 24 mai 1743 et meurt assassiné à Paris, le 13 juillet 1793, est un journaliste et homme politique, député montagnard à la Convention à l’époque de la Révolution.
Il fut assassiné dans son bain par Charlotte Corday alors qu’il tenait encore une lettre vouée à la lutte des Montagnards.
Sommaire |
[modifier] Enfance
Son père, Juan Salvador Marat (Jean Marat sur les documents officiels suisses) a d’abord connu une carrière religieuse dans son pays, la Sardaigne — la langue administrative y était l’espagnol — où il est un pédagogue renommé de l’ordre de la Merci. Alors qu’il s’efforce, avec l’aide de la population locale, d’implanter un collège à Bono, au centre du pays, Juan Salvador Mara est en butte à des tracasseries fiscales qui compromettent toute l’entreprise ainsi que son avenir. Il finit par quitter la Sardaigne pour se réfugier à Genève. Admis comme protéïste, converti au calvinisme, cet homme cultivé qui parle plusieurs langues, possède de bonnes notions de médecine et de chimie, et montre aussi un réel talent artistique, rencontre et épouse une jeune huguenote française, Louise Cabrol, dont la famille originaire de Castres « ne dérogeait pas en faisant du commerce ». Neuf enfants naîtront de cette union stable et heureuse : Marianne-Françoise, née à Yverdon en 1742 ; Jean-Paul, Henry, et Marie nés à Boudry, respectivement le 24 mai 1743, le 25 juillet 1745 et le 5 septembre 1746.
Leur père gagne sa vie comme dessinateur dans une fabrique d’indiennes, sans renoncer pour autant à des fonctions pédagogiques. À Peseux, où s’installe un temps la famille, naissent Pierre en 1753 et Pierre-Antoine-Jean en 1754 (ce petit garçon meurt en 1756). Grâce à l’intervention du gouverneur George Keith, les Marat pourront ensuite s’installer à Neuchâtel. Là, Jean Marat postule par deux fois pour être professeur au collège, où Jean-Paul fait ses études. Il devient aussi homme de confiance de la Société typographique. À Neuchâtel naissent encore David (en 1756), Charlotte-Albertine (en 1760) et Jean-Pierre (en 1767).
David devient un éminent pédagogue et grammairien en Russie, où il enseigne dans des écoles prestigieuses, dont le fameux lycée de Tsarskoïé Sélo, où il a Pouchkine comme élève. Charlotte-Albertine, sans doute la plus connue des sœurs de Marat, s’installe à Paris après l’assassinat de Marat par Charlotte Corday et, en compagnie de la femme de Marat, Simone Évrard, y défend la mémoire de son frère. Comme Jean-Pierre, le cadet, elle a une formation spécialisée en horlogerie.
La famille Marat a mené une vie simple, sans sophistication, ce qui lui a attiré la sympathie d’hommes de bien, qui lui ont apporté parfois des soutiens désintéressés. Pour les petits Marat, les compétences et les connaissances de leurs parents sont une aubaine, ce que Jean-Paul se plaît à rappeler : « Par un bonheur peu commun, j’ai eu l’avantage de recevoir une éducation très soignée dans la maison paternelle. »
[modifier] Médecin et homme de science
Jean-Paul Marat quitte Neuchâtel et sa famille en 1759, après ses études au collège. Des raisons de bon sens peuvent être invoquées pour expliquer cette décision : la nécessité d’aider cette grande famille, son désir de poursuivre des études, l’opportunité d’un travail, mais aucun document probant ne permet encore de le suivre avec précision. Les historiens l’imaginent à Bordeaux comme précepteur de la famille Nairac, à Paris ou à Montpellier, étudiant la médecine. Seul Alfred Bougeart énonce fort à propos qu’on perd sa trace entre ses 16 et 31 ans. Et Marat, qu’écrit-il ? « J’ai vécu deux années à Bordeaux, dix à Londres, une à Dublin et à Édimbourg, une à La Haye, à Utrecht et à Amsterdam, dix-neuf à Paris. » Ce qui est avéré par la publication de nombreux ouvrages dans ses différents domaines d’intérêt.
Les positions scientifiques de Marat et leur évolution, en particulier à propos de Newton auquel il voue une immense admiration, tout en lui portant différentes critiques, le mettront en porte-à-faux avec l’Académie des sciences. Marat songe même un moment à partir en Espagne. En 1788, il souffre aussi d’une de ses graves crises inflammatoires et croit ses jours en danger. Il rédige même son testament qu’il confie à son ami, l’horloger suisse Abraham-Louis Breguet.
Depuis les années 1780, Jean-Paul Marat est médecin des Suisses du comte d’Artois, une charge financée par lui, et dont les revenus lui permettent dorénavant d’avoir un train de vie bourgeois et de se faire des relations importantes. C’est également pendant ces années qu’il essuie des critiques de l’Académie de médecine, critiques qui, faisant de lui un charlatan, blesseront profondément son amour-propre. Comme d’autres à cette époque, il aura à souffrir des humiliations des "grands" et des puissants du jour, et il en conservera une certaine rancune. Le contrôleur général des finances Calonne qui fut exilé, mais aussi Brissot, Radix de Sainte-Foix et d’autres qui trouvèrent leur salut à l’étranger, mettront à profit les évènements de la Révolution avec un certain esprit de revanche. Ce fut le cas de l’ex-ministre Calonne, choyé puis abandonné par Marie-Antoinette, qui, le premier, accueillit à Londres la comtesse de La Motte fugitive. C’est lui encore qui, proche des milieux gouvernementaux anglais et s’opposant frontalement au baron de Breteuil, entrainera les émigrés et les royalistes à solidariser leurs intérêts avec ceux de l’Angleterre. « Quelques années aux appointements du comte d’Artois en qualité de médecin, Marat se lia avec le libraire Laurent qui passait pour l’âme damnée du ministre Calonne qui, à Londres, organisait la contre-révolution avec l’appui inavoué du gouvernement anglais. Le libraire laurent aurait été même l’éditeur véritable de la Feuille de Marat[1]. »
[modifier] La Révolution
[modifier] Débuts révolutionnaires
En 1789, Marat a 45 ans. Il a derrière lui une carrière de médecin et de physicien et a publié une quinzaine d’ouvrages. Dans son livre central de théorie politique, écrit en Angleterre, The Chains of Slavery (1774), la thèse principale est que le pouvoir émane du peuple en tant que souverain, mais qu’à travers les âges et sous tous les régimes, les exécutifs se sont attachés à retourner ce pouvoir contre ceux qui lui avaient fait l’honneur de le lui confier.
Pendant la période de bouleversements qui s’ouvre, où le peuple cherche à rentrer dans ce rôle de « souverain », Marat va suivre pas à pas événements et protagonistes, surveillant en permanence les tentatives de récupération, de reprise en main de cette souveraineté.
Fin décembre 1788, il écrit l’Offrande à la Patrie, où il développe la réalité complexe du tiers état avant même la convocation des États généraux. Son Supplément à l’Offrande est une réaction directe à la lettre royale de convocation et à son règlement (24 janvier 1789). Il met déjà en garde contre les pièges tendus aux patriotes et le ministre Necker, encore louangé dans le premier texte, est tenu à distance.
Si les historiens ne s’accordent pas sur les modalités de la participation de Marat aux assemblées de son district début 1789, c’est pourtant à travers son implication – il dit dans son journal avoir écrit un grand nombre de lettres aux plus chauds patriotes de l’Assemblée et il est avéré qu’il est un grand épistolier - que s’élabore, étape par étape sa conception du rôle d’un journaliste prétendu patriote.
Le 25 juillet 1789, le comité de Constitution présente à l’Assemblée, par la voix du député Mounier, un premier projet. À ce moment précis, Marat décide d’intervenir dans la mêlée, publiant, début août, une feuille in-8° de 8 pages Le Moniteur patriote, tout entière consacrée à la critique de ce projet de Constitution, critique nourrie, entre autres, par son expérience anglaise. Marat est un admirateur de l’Angleterre où il a passé de nombreuses années et où il a conservé des amis. Comme bourgeois suisse ami de la puissante famille Bréguet et d’un certain nombre d’industriels et de financiers originaires de Neuchâtel et vivant à Londres ou Paris, il est résolument anglophile et, comme beaucoup de révolutionnaires, tenant du libéralisme économique sans entraves. Lorsque le comte d’Artois émigre, il perd son revenu de médecin des suisses et il lui faut trouver un moyen d’existence. La question de son revenu entre 1789 et sa mort est essentielle à appréhender si on veut comprendre quelque chose à son itinéraire intellectuel assez chaotique. Comme beaucoup d’autres avant lui et non des moindres comme Brissot et Lebrun, il fut assurément un écrivain mercenaire et tous ses écrits doivent être interprétés sous cet angle et non pas au premier degré.
Marat semble avoir été chargé d’accompagner voire de susciter le mécontentement populaire. Il aime le paradoxe facile et prend des positions qui n’ont pas d’autre fondement théorique que de créer du doute et de l’émotion. Ainsi, il dit ne pas tout attendre de l’Assemblée. Son texte 'Projet de leurrer le peuple et d’empêcher la Constitution' est à contre-courant du triomphalisme qui entoure la soi-disant « abolition de tous les privilèges » de la fameuse nuit du 4 août. Mais ce texte ne paraît qu’en septembre en raison de l’attitude encore très floue des autorités en matière de presse. L’annonce des États généraux a bien provoqué un afflux d’écrits politiques que la Librairie Générale de France a « toléré », mais sans accorder d’autorisation officielle, ce qui a laissé le champ libre à l’arbitraire.
La Constitution en tout cas préoccupe Marat. Fin août, il publie La Constitution, ou projet de Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, suivi d’un plan de Constitution juste, sage et libre. Ce texte est à rapprocher de son Plan de législation criminelle. Se référant à Rousseau, l’écrit s’enracine aussi dans son Éloge de Montesquieu (1785). En analysant les trois textes l’Offrande, son Supplément et le Plan de Constitution, en liaison avec ses écrits antérieurs, on dispose d’une bonne approche de la position politique de Marat au début de la Révolution.
[modifier] Marat journaliste
Au début du mois de septembre 1789, Marat apparaît sur la scène politique à visage découvert. Le 12, il publie le premier numéro du Publiciste parisien, journal politique, libre et impartial, avec en exergue la devise de Rousseau : Vitam impendere vero (consacrer sa vie au vrai). Et cette fois, Marat a obtenu un « permis de faire circuler » du comité de police. Le 16 septembre 1789, le journal change de titre pour devenir L’Ami du peuple, journal politique, libre et impartial, publié par une société de patriotes. C’est surtout sous ce vocable d’Ami du peuple que Marat passera à la postérité.
L’Ami du peuple est un quotidien, une vraie gageure. Il comporte normalement 8 pages in-8°, parfois 10 ou 12, quelques fois 16. De septembre 1789 à septembre 1792, Marat fera ainsi paraître 685 numéros (la publication n’étant pas continue au cours de ces trois années mais soumise à des interruptions). Qui sont les partenaires d’une telle entreprise ? Des informateurs rassemblent la documentation et trient les courriers qui arrivent bientôt de la France entière, ils les transmettent à Marat, seul rédacteur. Le manuscrit passe entre les mains de l’imprimeur qui fournit les exemplaires imprimés à un éditeur qui les diffuse à Paris dans une série de librairies dont les noms figurent en fin de journal. La diffusion en province se fait principalement par souscription et à Paris, les colporteurs et « la petite poste » entrent aussi en jeu. On sait que le prix de la souscription est de 12 livres pour 3 mois, port compris. Il est clair que l’Ami du Peuple bénéficiait d’un financement extérieur, mais les thuriféraires de Marat se sont toujours refusés à explorer cette direction. Il est probable qu’il faut chercher du côté de l’Angleterre. On se rappelle que Marat et sa famille étaient en relation en Suisse avec lord Cholmondeley et autres aristocrates que son frère fréquentait toujours au moment de la Révolution. Or Cholmondeley et d’autres étaient, à Paris, en relation d’affaires et d’amitié avec le banquier suisse de Neuchâtel Jean-Frédéric Perrégaux, chargé avec quelques autres, par le gouvernement britannique, de financer secrètement le trouble et l’agitation démagogique en France. L’intermédiaire financier entre Marat et Perregaux était le citoyen Jannot-Lançon, fondé de pouvoir de Perrégaux et membre du club des Cordeliers.
Dès les premiers numéros, les transitions sont rapides. Marat s’adresse d’abord à l’Assemblée. Au numéro 6, il modifie le titre. Au numéro 8 paraît le premier Discours au peuple. Cette fois, c’est l’interlocuteur qui change. Dès le 24 septembre, Marat attaque un des nouveaux pouvoirs exécutifs : la municipalité de Paris, qu’il accuse de gestion ruineuse et inefficace. Ces démêlés provoquent son premier décret de prise de corps. Mais les 5 et 6 octobre 1789, "les" femmes de Paris entreprennent leur marche sur Versailles pour "ramener le roi au milieu de son peuple". L’effervescence populaire est à son comble. Et ce n’est que le 8 octobre que des huissiers, expédiés par le Châtelet, se présentent au domicile de Marat pour l’arrêter. Marat passe alors dans une quasi-clandestinité et doit cesser la parution de son journal. Toute cette période est marquée par l’ambivalence, selon le rapport de forces social : tantôt l’étau se resserre, tantôt règne un certain laxisme. L’Ami du peuple reparaît le 5 novembre. Marat, toujours dans la clandestinité, supprime du titre « la société de patriotes » et le « libre » et recompose une série de numéros dont il est insatisfait.
Il s’est aussi rendu compte que rien n’est fait pour enrayer la disette qui accable Paris, alors que la moisson de l’été a été très généreuse. Il rédige donc une première Dénonciation contre Necker, dans laquelle il implique le ministre dans l’accaparement des grains. Ce texte ne trouve pas d’éditeur. Le 12 décembre, Marat est conduit au Comité des recherches de l’Assemblée constituante et interrogé dans le cadre de son conflit avec la Municipalité. La situation sociale étant plus calme et après une entrevue avec La Fayette, Marat recouvre la liberté. Si les poursuites à son encontre suivent toujours la courbe des mouvements sociaux, il faut aussi tenir compte des distorsions pouvant exister entre les différents pouvoirs. Marat ne sera dénoncé par La Fayette qu’en janvier, au moment où il s’en prend à tout l’exécutif, lorsqu’il fait enfin paraître sa Dénonciation faite au tribunal du public par M.Marat, l’Ami du peuple, contre M.Necker, Premier ministre des Finances.
Dès ce moment, il convient aussi de suivre les mouvements qui opposent les districts, et en particulier celui des Cordeliers - il ne s’agit pas du Club - à la Municipalité. La rencontre entre Marat et ce district se concrétise au moment des démêlés d’octobre. Et après le 12 décembre 1789, c’est dans ce district, juste à côté du corps de garde, au 39, rue de l’Ancienne Comédie, que Marat installe son domicile et l’imprimerie. En tant qu’assemblée légalement constituée, le district entend exercer la souveraineté populaire sur l’étendue de son territoire.
Ainsi, en janvier 1790, quand les poursuites reprennent contre Marat, le district met l’Ami du peuple sous sa protection. À cet égard, le 22 janvier revêt une importance dans le cours des événements, non seulement pour le sort immédiat de Marat, mais aussi parce qu’apparaît sur la scène politique une personnalité d’envergure, l’avocat Georges Danton, qui, lui-même prêt à se vendre au plus offrant, prend fait et cause pour l’Ami du peuple. Le déploiement de forces sera impressionnant, mais Marat restera introuvable. Une fois encore, après avoir fait parade de tout cet arsenal répressif, la Commune de Paris ne poursuivra pas et il n’y aura pas de procès. Pas de réaction non plus de la part du ministre Jacques Necker suite à la Dénonciation. Mesures d’intimidation et dénis alternent.
[modifier] Séjour de Marat à Londres
Mais Marat n’a plus de presses et tous ses papiers ont été saisis, cela au moment où l’Assemblée vote la loi martiale et, séance après séance, parle d’imposer aux « brigands » la plus grande terreur, Prêt à se réfugier en Angleterre, Marat écrit encore un Appel à la Nation, où il fait un bilan des événements et conclut qu’une « censure publique », un « tribunal d’État » et, dans les cas extrêmes un « dictateur momentané » (au sens antique du terme) doivent être pris en considération en politique, cette « science encore embryonnaire ». Dans ses mémoires, Bertrand Barère de Vieuzac, lui même à Londres en 1790, évoque Marat et ses liens avec les milieux gouvernementaux anglais: Il avait, rappelle-t-il, été indiqué au ministre anglais et aux princes de l’émigration par M. de Calonne qui avait connu Marat à Paris pendant la première assemblée des Notables (...) C’est de Marat que M. de Calonne dit un jour au libraire[2] du faubourg Saint-Germain qui le lui avait fait connaître:
- Ah ! les notables veulent des révolutions ! Je leur en ferai ! Votre homme me sera fort utile !
Marat alla à Londres pendant la première année de la révolution et prit les instructions de Willaim Pitt et de M. de Calonne réfugiés en Angleterre. A son retour, il publia les premiers numéros de l’Ami du peuple où il proposa les exagérations démagogiques".[3]
L’absence de Marat de la mi-février au début mai 1790 n’implique pas la disparition sur le marché de journaux intitulés “L’Ami du peuple“. Au contraire, plus de 140 numéros paraissent, œuvres de faussaires qui se présentent d’abord comme des “continuateurs“ puis, la concurrence s’intensifiant, se font passer sans vergogne pour Marat. L’Assemblée, elle, met à l’ordre du jour d’importantes questions financières : le livre rouge des pensions, la vente des biens du clergé, les assignats…
De Londres, Marat publie une Nouvelle Dénonciation contre M. Necker (avril 1790). Il y attaque la stratégie d’accaparement du numéraire et toute la politique financière qui conduit la nation au bord du gouffre. Puis, alerté par une sérieuse menace de guerre, il rentre précipitamment à Paris. Il écrit aussitôt courrier sur courrier : Lettre adressée à plusieurs membres de l’Assemblée nationale, Lettre à M. le Président de l’Assemblée nationale. Cette question de la guerre restera pendant toute la Révolution une ligne de démarcation fondamentale de l’Ami du peuple qui y verra toujours le pire des scénarios pour la population. Marat s’apprête aussi à reprendre son journal, mais il est atterré par les menées des falsificateurs qui ont complètement dévoyé ses idées. Finalement, pour reconquérir son identité, il reprend L’Ami du peuple et lance un second journal, Le Junius français.
Avant son départ à Londres, Marat avait mis en valeur l’importance de la force publique. Pas de meilleur rempart pour la liberté que ces milices nationales, nées du 14 juillet, soudées, entraînées, fraternelles. Or, il constate que tout est mis en œuvre pour les diviser. La situation est donc très grave et de mai à juillet 1790, avec toute la presse patriote qui se serre les coudes, Marat est très présent sur la scène parisienne, avec Camille Desmoulins et ses Révolutions de France et de Brabant, avec Stanislas Fréron qui vient de lancer L’Orateur du peuple. Le 24 juin, Marat publie sa fameuse Supplique aux pères conscrits, ou très sérieuses réclamations de ceux qui n’ont rien à ceux qui ont tout et le 28 juin, les colporteurs crient le titre principal de L’Ami du peuple : Dénonciation de M. de La Fayette !.
Marat publie encore son Plan de législation criminelle, espérant toujours infléchir la marche de l’Assemblée. Mais, dès la fin du mois de juin 1790, il n’est plus centré sur les suites à donner à la Révolution de 1789, mais déjà sur un nouvel élan nécessaire contre le nouveau régime (?). Et c’est à nouveau dans la clandestinité qu’il publie en août-septembre ses Feuilles extraordinaires : C’en est fait de nous !, On nous endort, prenons-y garde, C’est un beau rêve, gare au réveil !, L’affreux réveil.
Aussi, quand éclate la malheureuse affaire de Nancy (la garde nationale de Metz, sous la direction du marquis de Bouillé, beau-frère de La Fayette a tiré sur les régiments de Nancy), Marat, le seul à avoir prévu un tel drame, passe pour le Cassandre de la Révolution. Il décrit encore ces événements dans deux textes : Relation fidèle des malheureuses affaires de Nancy et Relation authentique de ce qui s’est passé à Nancy. Au service funèbre pour les victimes de Nancy répond jour pour jour la mort d’un des tout grands journalistes des premières années de Révolution, le jeune Elisée Loustalot, talentueux rédacteur des Révolutions de Paris.
Après ce coup de force du nouveau régime, le thème de la réorganisation de la force publique scande le déclin de la Révolution, tandis que l’Assemblée est de plus en plus à la traîne du pouvoir exécutif, dont les personnages clés : Mirabeau et La Fayette ont pour objectif central de rétablir les pleins pouvoirs dans les mains du roi. Toujours dans la clandestinité, Marat mène alors une lutte acharnée contre le régime des « mouchards » mis en place par le général afin de gangrener la garde nationale et l’armée. Le journal L’Ami du peuple fait l’objet d’une surveillance permanente et sa parution est interrompue à plusieurs reprises.
Mais voilà que le mouvement populaire se restructure, autour des clubs de sections. Dans le camp patriote, de nouvelles personnalités apparaissent: les avocats Buirette de Verrières et Parein, dont l’action met en évidence la carence du pouvoir judiciaire, soumis à l’Exécutif, Santerre et Sergent, animateurs des clubs. En janvier 1791, Marat a de nouveaux démêlés avec la justice, mais en février, il reçoit l’appui du Club des Cordeliers et peut reprendre ses parutions.
Toutes les pièces changent de nouveau sur l’échiquier. Le 18 avril 1791, le peuple, inquiet des mouvements de la famille royale, empêche le Roi de gagner Saint-Cloud. La Fayette essaie d’intervenir, mais la garde nationale refuse de lui obéir. La Fayette fait mine de démissionner. En mai et juin 1791, L’Ami du peuple ne lâche pas le général d’une semelle et met continuellement en garde les citoyens contre un départ du roi. Cette fuite intervient finalement le 21 juin 1791. Mais le 22, la famille royale est interceptée à Varennes et ramenée à Paris dans le calme.
D’échecs en sursauts, les événements s’acheminent vers un nouveau drame : le massacre des pétitionnaires qui se sont réunis sur l’autel de la Patrie, au Champ-de-Mars, le 17 juillet 1791, pour protester contre un décret que l’Assemblée s’apprête à voter pour « excuser » le roi.
Marat prétend que "l’incurie de l’Assemblée, la trahison royale, les violences faites aux citoyens, l’irresponsabilité généralisée mettent la France au bord de l’anarchie"". Après le massacre du 17 juillet, le désarroi est total dans le camp patriotique. Marat lui-même est au bord du désespoir (?). Seule la certitude qu’une telle situation doit éclater le tient à son poste (?).
Il présente dans L’Ami du peuple une critique de la Constitution de 1791, « ce rendez-vous complètement manqué de la Révolution ». Sous forme de douze lettres à Camille Desmoulins, il dresse aussi un tableau des méthodes de ceux qu’il voit comme les nouveaux hommes de pouvoir (Brissot, Condorcet) et dont il dénonce dans sa brochure Les Charlatans modernes les ambitions et surtout l’adhésion au projet de guerre extérieure. L’approbation de la nouvelle Constitution par le Roi puis la proposition faite à l’Assemblée par le ministre des Affaires étrangères de mesures concrètes pour cette guerre désormais inéluctable entraînent une cessation de la parution du journal et le silence de Marat de décembre 1791 à avril 1792.
D’après ses contemporains, Marat fit un second séjour à Londres à cette époque. Selon le docteur Seiffert, qui le connaît bien, il voit des représentants du gouvernement britannique. Il ne reparut à Paris qu’au printemps 1792. Ses idées sur le gouvernement républicain ne sont pas exactement celles que l’on pourrait croire. Le conventionnel Thibaudeau rapporte ainsi dans ses Mémoires une conversation en anglais entre Thomas Paine et Marat : — Est-ce que vous croyez à la République ? interrogea Marat. Vous avez trop de lumières pour être dupe d’une telle rêverie ! Paine écrivit aux Jacobins pour dénoncer ce fait et il envoya copie de sa lettre au Moniteur. Ni les Jacobins, ni le Moniteur ne voulurent faire connaître cette lettre.[4]
Il met pourtant cette période à profit en entreprenant deux ouvrages qui dressent un bilan de la Révolution : Les Chaînes de l’Esclavage (version plus étendue et écrite en français) et L’École du Citoyen, dont le manuscrit a disparu. La parution de ces deux volumes est annoncée dès le mois de mars 1792. C’est aussi une période très sensible dans la vie personnelle de Marat qui a rencontré Simone Évrard, sa compagne jusqu’à la fin de sa vie.
En avril 1792, Marat reprend ses parutions, son quotidien continue à suivre les événements mais il livre aussi de plus en plus souvent des textes aux allures de pamphlets et aux titres significatifs : La Révolution toute en pantalonnade, La patrie prête à périr et le peuple chantant victoire, Le plan de la Révolution absolument manqué par le peuple, La dernière ressource des citoyens, Obstacles invincibles qui s’opposent parmi nous à l’établissement de la liberté, Les Français, de tous les peuples du monde, le moins fait pour la liberté.
La parution est discontinue, en raison de nouveaux décrets d’arrestation. Mais Marat la compense par d’autres formes de publications.
Quelques semaines avant le 10 août 1792, il adresse des courriers circonstanciés aux fédérés, aux Français patriotes…
Dès le 14 août, la diffusion de L’Ami du peuple reprend. Du 26 août au 20 septembre paraissent aussi des textes qui méritent toute l’attention et sont souvent mal répertoriés : 8 placards folios apposés dans la capitale et que Marat destine « aux braves Parisiens », « à ses concitoyens », « aux amis de la patrie », « à Louis-Philippe-Joseph d’Orléans », « aux bons Français », « à ses concitoyens les électeurs », « aux amis de la patrie », « à Maître Jérôme Pétion, maire de Paris ».
Le 2 septembre 1792, Marat est nommé adjoint au comité de surveillance de la Commune de Paris, créé le 12 août.
Les responsables des tueries du 10 août sont restés impunis et on recrute les hommes pour partir aux frontières, laissant leurs familles sans défense. Un mouvement incontrôlé porte alors des masses de citoyens dans les prisons, où ils font justice eux-mêmes. L’Assemblée législative, le ministre de l’Intérieur et le maire de Paris n’interviennent pas.
Après coup, il a été un peu simpliste de mettre sur le dos de l’Ami du peuple, la responsabilité d’événements qu’il a lui-même qualifiés de « crimes », même s’il a pu voir qu’il s’agissait d’une insurrection générale d’autant plus difficile à réprimer que la garde nationale refusait d’obéir. Mais cette période reste, aujourd’hui encore, une des moins explorées de la Révolution.
[modifier] Marat député
Dans la deuxième quinzaine de septembre 1792 s’amorce la transition entre l’Assemblée législative et la Convention. Les élections ont lieu à deux niveaux, selon les prescriptions de la Constitution de 1791.
Le 9 septembre 1792, Marat est élu député de Paris à la Convention, le septième sur vingt-quatre, par 420 voix sur 758 votants. Le registre d’inscription porte qu’il demeure alors rue des Cordeliers et que son élection est enregistrée le 20 septembre.
Le 21 septembre paraît le dernier numéro de L’Ami du peuple et le 25 septembre, le premier numéro du Journal de la République française, par Marat, l’Ami du peuple, député à la Convention nationale.
Le journaliste n’est plus au premier plan, il est devenu la plume du député. À la Convention, Marat intervient avec énergie, le plus souvent à contre-courant, dans un climat de luttes acharnées. À la continuité du journal s’ajoute désormais celle des Discours, dont son intervention mémorable du 25 septembre reste un modèle. Quoique membre du législatif, Marat reste en permanence menacé de proscription. Il sera contraint de se tenir prudemment à l’écart de l’Assemblée en octobre-novembre 1792, et les propositions de décrets en vue de son arrestation se succèdent encore de décembre 1792 à avril 1793.
Son rôle dans le procès du roi est central et souvent mal interprété. Dans les argumentations de ses collègues, partisans eux aussi de la peine maximale, Marat voit souvent une tentative de masquer leurs propres compromissions avec le pouvoir exécutif plutôt qu’une analyse sérieuse. Marat est alors l’auteur de la proposition d’un vote personnel et motivé de chaque membre de la Convention à la tribune. Il se révèle donc adepte non pas d’une condamnation de la monarchie, mais du jugement circonstancié d’un monarque pour crimes contre la Nation. Dans un premier Discours sur le jugement du roi, il insiste sur la notion centrale de responsabilité du pouvoir exécutif, sans laquelle celui-ci en reste au despotisme. Dans le second Discours, il livre une réflexion de fond sur l’exercice de la souveraineté, le rôle du peuple et des différents pouvoirs.
Au lendemain de la mort du roi, Marat prend l’offensive contre la faction dite des « Hommes d’État » et contre ceux qui en sont les agents volontaires ou inconscients : « Les Enragés » ou « Les Dindons patriotes ». Cette lutte-ci, il la mène avec pondération, invitant les députés égarés à voter, avec la Montagne, les grandes mesures de salut public et à s’opposer à ceux qui veulent empêcher le bon fonctionnement de la Convention. C’est au moment où il joue un rôle de pointe à la Montagne et où il vient d’être élu président de la Société des Jacobins que Marat est mis en accusation. Avec Louis XVI, il sera le seul homme de la Révolution à faire l’objet d’un vote nominal motivé. Acquitté, il est reconduit en triomphe à la Convention.
Un mois plus tard, il appuie la réhabilitation de la Convention par l’éviction des « Hommes d’État ». Le 3 juin, il suspend volontairement son activité à la Convention puis doit prendre une retraite forcée en raison d’un nouvel accès d’une maladie inflammatoire sans doute héréditaire - sur l’acte de décès de son père figure la même maladie – dont il a déjà eu plusieurs attaques. Le Publiciste de la République française n’en est d’ailleurs pas interrompu pour autant. Il ne le sera que par l’assassinat de Marat, le 13 juillet, par Charlotte Corday. Le dernier numéro du journal date donc du 14 juillet 1793.
[modifier] L’assassinat de Marat
Depuis le 3 juin 1793 Marat ne se présente plus à la convention. L’évolution de sa maladie l’empêche de paraître en public. D’après le docteur Souberbielle, l’origine du mal était herpétique, le docteur Cabanès a avancé la probabilité d’une forme grave d’eczéma ou des conséquences d’un diabète[5]. À partir du 20 juin, son état s’aggrave et l’oblige à prendre continuellement des bains pour le soulager.
Marie-Anne Charlotte de Corday d'Armont issue de la noblesse de Caen et descendante en droite ligne de Pierre Corneille prend connaissance des évenements révolutionnaires en rencontrant plusieurs députés Girondins qui se sont réfugiés à Caen aprés leurs mises en accusation par la Convention.
Le 11 juillet 1793 elle arrive à Paris dans l’intention d’assassiner Marat dans l’assemblée, mais doit revoir ses plans en ayant appris son absence à la Convention[6]. Le 12 juillet Marat reçoit la visite de députés jacobins, dont le peintre Jacques Louis David, qui sont les derniers à le voir vivant. Le 13 juillet Charlotte Corday se présente une première fois au domicile du tribun en fin de matinée mais Simone Évrard sa compagne refuse de la laisser entrer, elle essaye une deuxième fois d’entrer en contact sans succès, mais elle fait communiquer par la femme de chambre une lettre qu’elle a écrite donnant des informations sur un prétendu complot[7]. Elle parvient au bout de la troisième tentative, à se faire recevoir par Marat.
Après un entretien qui selon Simone Évrard dure environ un quart d’heure, Charlotte Corday sort un couteau et frappe Marat à la poitrine, le trajet de la lame qui traverse le poumon droit, l’aorte et le cœur, entraîne sa mort[8].
Charlotte Corday est arrêtée sur les lieux du meurtre, aprés son jugement par le Tribunal révolutionnaire, elle est exécutée le 17 juillet 1793.
Au lendemain de cet acte dont les Exagérés de la Commune (Jean-Nicolas Pache, Jacques-René Hébert, etc.) voulurent voir un complot des Girondins, ce qui a toujours été démenti par Charlotte Corday, et nullement prouvé par la suite, Marat a été présenté à l’opinion publique comme un martyr de la Liberté. Mais au sein même de la Convention, peu de députés étaient dupes de la manoeuvre. A Genève, dans l’entourage du robespierriste Soulavie on écrivait au sujet de Marat:
« Jamais il ne lui est échappé une combinaison politique, une mesure législative. Toute sa logique consistait à donner des assertions pour des preuves, à dénoncer sur le rapport du premier venu, et à calomnier avec un acharnement qui était sa plus douce jouissance. Mais au milieu de la dégradation générale, en soupçonnant toujours le mal, il a dû souvent deviner juste[9] »
Les thuriféraires de la victime de Charlotte Corday ne se sont jamais intéressés – est-ce un oubli ? – à Jean-Paul Marat dans son rapport à l’argent, or il est difficile, dans le cas d’un personnage ayant une telle importance symbolique, de s’en tenir à l’imagerie d’Épinal de l’Ami du peuple vivant assez misérablement de sa plume, en croisade permanente contre l’inégalité et la misère publique. Coste d’Arnobat dit que, après sa mort, la Commune fit poser les scellés chez lui, non sous le prétexte grossier de conserver les écrits patriotiques du martyr, mais « qu’en découvrant des paquets d’assignats chez lui, les honneurs de la pauvreté ne s’évanouissent. Moyennant le scellé dont il fut chargé, Hébert soustrait à sa volonté des papiers qui pourraient le compromettre et la trop grande quantité d’assignats qui pourrait nuire à la réputation de son illustre ami »[10].
[modifier] Après l’assassinat
C’est Jacques-Louis David qui est chargé d’orchestrer les funérailles de Marat qui, après Le Peletier et Châlier est posé dans la presse censurée comme un martyr de la Liberté, avec toute la phraséologie chère à l'époque. Cet épisode de communication démagogique intense ne durera que quelques mois mais il aura un fort impact, y compris historiographique. Le 15 juillet, David prépare l’exposition du corps dans l’église des Cordelliers, mais l’état de putréfaction ne permet pas de montrer Marat au public, le peintre décide de le recouvrir entièrement d’un drap, sauf la plaie causée par l’assassinat[11]. Grand organisateur des fêtes, il prévoit pour le mardi 16 juillet 1793 un impressionnant cortège qui part vers 18 heures. Le convoi part de la rue des Cordeliers, passe par la rue de Thionville, le Pont-Neuf, le quai de la Ferraille et remonte jusqu’au Théâtre Français, pour se rendre aux Cordeliers, où a lieu l’inhumation. Un peuple immense défilera toute la nuit, à la lueur des flambeaux. Le Club des Cordeliers a demandé à déposer dans le lieu de ses séances le «cœur» de Marat. Dans les semaines qui suivent, des centaines d’hommages seront faits à l’Ami du peuple à travers la France et des statues des «martyrs» (Marat et Lepelletier sont fréquemment unis) sont inaugurées un peu partout.
La Convention a demandé à David par la voix du représentant Guiraut, de représenter la mort de Marat. Le peintre remet officiellement l’original de son tableau à la Convention le 14 novembre 1793. La Convention promulgue alors un décret, en vertu duquel le tableau sera accroché dans la salle des séances, en pendant de celui de Lepelletier de Saint-Fargeau. Après l’assassinat, à Paris, Albertine Marat, la sœur cadette de Jean-Paul, et Simonne Evrard, sa femme, s’installent ensemble, pour veiller sur la mémoire de l’Ami du Peuple.
Marat est panthéonisé le 21 septembre 1794, mais dès février 1795, un nouveau décret stipule que l’image d’aucun citoyen ne figurera plus dans l’Assemblée ou en un lieu public quelconque que dix ans après sa mort. Le tableau est rendu à David qui le conservera jusqu’à sa mort, à Bruxelles. Sa famille le léguera ensuite aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
En 1795, le cours de l’histoire a changé, les rapports de forces politiques également. L’Ami du Peuple retourne dans la légende noire. Le 8 février, son cercueil est retiré du Panthéon, des bustes le représentant sont brisés. Son tombeau est maintenant dans le cimetière de l’église Saint-Étienne-du-Mont à côté du Panthéon.[12]
Suite à son assassinat, plusieurs villes de France, comme Saint-Nazaire se baptisèrent Marat. On trouve, aujourd’hui encore, quelques traces de ces dénominations, un collège porte son nom. En 1921, le régime soviétique baptisa un cuirassé du nom de Marat, le prénom Marat est utilisé en Russie (par exemple, Marat Safin), et on repère des Marat (nom propre) en France, en Sardaigne (pays d’origine), en Italie, en Espagne.
[modifier] Notes et références
- ↑ L’Observateur, 1789, p.463
- ↑ Le sieur Laurent
- ↑ Barère, Mémoires, IV, p.366
- ↑ Thibaudeau, Mémoires sur la Convention, Chap. V, livre III.
- ↑ J.Massin (1988) Marat p. 277
- ↑ J. Massin (1988) op. cit.p.289
- ↑ J. Massin (1988) op. cit.p.289
- ↑ J. Massin (1988) op. cit.p.291
- ↑ Anecdotes curieuses et peu connues', Genève, 1793, p. 40-1
- ↑ Anecdotes curieuses, op. cit., p. 41.
- ↑ Régis Michel (1989 David l’art et le politique p.85
- ↑ Augustin Challamel, Histoire-Musée de la République française, Gustave Havardt, 1858, tome second : « Le 21 janvier 1795, deuxième anniversaire de la mort de Louis XVI, malgré un froid très vif, il se forma un cortège de jeunesse dorée, accompagné d’adhérents de toutes classes. Il promena sur un brancard, jusqu’à la place du Carrousel, un mannequin portant un jacobin, avec des longs cheveux plats, coupés en rond, avec une couronne sur la tète, avec une chemise et un pantalon rouge sous sa houppelande. D’une main, le mannequin, rassemblant un peu à Marat, et assis sur un fauteuil de paille, portait un portefeuille a assignats ; de l’autre il tenait un poignard. Lorsque le cortège fut arrivé à l’espèce de chapelle dans laquelle étaient déposées la baignoire et la lampe, et toutes les reliques de l’ami du peuple, on mit 1e « mannequin à genoux devant le buste ; puis on le conduisit a la porte des Jacobins, rue Saint-Honoré. Là un orateur lui reprocha véhémentement ses crimes, et, après le discours, le mannequin fut brûlé. On en jeta les cendres dans l’égout de Montmartre, en criant : « Marat ! Voilà ton Panthéon ». »
[modifier] Voir aussi
- Pour la toponymie révolutionnaire : îles Marat et Lepelletier (îles de Lérins)…
[modifier] Article connexe
- Révolution française
- La Mort de Marat, tableau de Jacques-Louis David
[modifier] Bibliographie
[modifier] Écrits
- 1771-1772 : Les Aventures du jeune comte Potowski. Un roman de cœur, qui ne sera connu qu’en 1843
- 1772 : An Essay on the Human Soul à Londres, sans nom d’auteur.
- 1773 : A Philosophical Essay on Man, en deux volumes (le premier reprend An Essay), à Londres, toujours sans indication d’auteur. L’ouvrage connaît une seconde édition en 1775.
- 1774, Marat fait paraître ses fameuses Chains of Slavery, précédées d’une adresse To the Electors of Great Britain. Publié à Londres sans nom d’auteur, cet ouvrage paraît en français en 1793 : Les Chaînes de l’esclavage, sous son nom cette fois et avec un texte très sensiblement modifié suite à trois années de Révolution.
- 1775 : An Essay on gleets (Essai sur la blennorrhée).
- 1775-1776 : De l’Homme ou des Principes et des lois de l’Influence de l’âme sur le corps et du corps sur l’âme, signé, édité à Amsterdam, chez Marc-Michel Rey. Ouvrage philosophique.
- 1776 : An Enquiry into the Nature, Cause and Cure of a singular Disease of the Eyes. Cet essai sur la presbytie accidentelle n’est traduit en français qu’en 1891). La même année, Marat séjourne chez ses parents à Genève. Il vient d’obtenir (1775) son diplôme de médecine de l’Université de Saint Andrew (Écosse) et a décidé de s’installer à Paris.
- 1777 : Il occupe la charge de médecin des gardes du corps du comte d’Artois, il ouvre aussi à Paris un cabinet d’expérimentation physique.
Ses ouvrages scientifiques se succèdent, plusieurs d’entre eux reçoivent des prix. La presse scientifique du temps en décrit et discute les contenus.
- 1779 : Découvertes sur le feu, l’électricité et la lumière.
- 1780 : Recherches physiques sur le feu (traduit en allemand) ; Découvertes sur la lumière (traduit en allemand)
- 1782 : Recherches physiques sur l’électricité (traduit en allemand) ; Plan de législation criminelle. Première publication de ce travail de Marat rédigé antérieurement et qui est réédité avec des variantes en 1790.
- 1784 : Mémoires sur l’Électricité médicale (couronné par l’Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen) ; Notions élémentaire d’Optique.
- 1785 : Observations de M. l’amateur, Avec à M. l’abbé Sans, sur la nécessité d’avoir une théorie solide & lumineuse, avant d’ouvrir boutique d’électricité médicale ; Lettre de l’Observateur Bon-Sens à M. de *** sur la fatale catastrophe des infortunés Pilâtre de Rozier et Romain, les aéronautes et l’aérostation.
- 1786 : Mémoires sur les vraies causes des couleurs que présentent les lames de verre, les bulles de savon et autres matières diaphanes extrêmement minces (couronné à Rouen) ; Mémoire sur l’explication de l’arc-en-ciel donnée par Newton.
- 1787 : Optique de Newton. Traduction nouvelle. Cette excellente traduction de Marat est encore utilisée de nos jours.
- 1788 : Mémoires académiques, ou Nouvelles découvertes sur la lumière, relative aux points les plus importants de l’Optique.
[modifier] Ouvrages sur Marat
- Alfred Bougeart, L’Ami du peuple, Librairie Internationale, Paris, 1865
- François Chèvremont, Jean-Paul Marat : esprit politique, accompagné de sa vie scientifique, politique et privée, Paris, chez l’auteur, 1880.
- Louis Gottschalk, A Study of Radicalism, New-York, London, 1927.
- Charles Reber, Un homme cherche la liberté—Jean-Paul Marat, Éditions A la Baconnière, Boudry-Neuchâtel, 1950.
- Jean-Claude Bonnet (dir.), La Mort de Marat, Flammarion, Paris, 1986.
- Jacques Guilhaumou, 1793. La mort de Marat, Bruxelles, Complexe, 1989.
- Olivier Coquard, Marat, Fayard, 1993
- Jean-Paul-Marat - Œuvres Politiques 1789-1793 (10 vol.), textes et guide de lecture établis par Jacques De Cock et Charlotte Goëtz, Pôle Nord, Bruxelles, 1989-1995.
- Marat corrigé par lui-même, Chantier Marat 1, Pôle Nord, Bruxelles, 1990.
- Marat en entier et plus que Marat, Vrais et faux journaux de Marat à la Bibliothèque de Lunel (Chantier Marat 5), Pôle Nord, Bruxelles, Montpellier: Centre d’Étude du XVIIIe siècle, 1995.
- Marat: Sur le Jugement du chef de l’Exécutif, Chantier Marat 6, Pôle Nord, Bruxelles, 1998.
- Marat en famille : la saga des Mara(t) (2 vol. Chantiers Marat 7-8), Pôle Nord, Bruxelles, 2001.
- Plume de Marat - Plumes sur Marat, pour une bibliographie générale, Chantiers Marat 9-10), Pôle Nord, Bruxelles, 2 vol., 2006.
- Marat-Sade, pièce de théâtre de Peter Weiss
Concernant le Marat scientifique
- Marat, homme de science ?, Le Plessis-Robinson, Synthélabo, Les Empêcheurs de penser en rond, 1993.
[modifier] Liens externes
- Description des 10 volumes et des articles de référence] sur le site de Pôle Nord, éditeur critique des Œuvres politiques de Jean-Paul Marat.
- Différentes entrées sur Jean-Paul Marat.