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Expédition de La Pérouse - Wikipédia

Expédition de La Pérouse

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Louis XVI donnant ses instructions à La Pérouse.
Louis XVI donnant ses instructions à La Pérouse.

Après le traité de Paris, La Pérouse est choisi par le marquis de Castries, ministre de la Marine et par Louis XVI[1] pour diriger une expédition autour du monde[2] visant à compléter les découvertes de James Cook dans l'océan Pacifique.[3].

Le roi Louis XVI lança une des plus grandes expéditions de découverte de son époque. Il souhaitait rectifier et achever la cartographie de la planète, établir de nouveaux comptoirs commerciaux, ouvrir de nouvelles routes maritimes autour du monde, enrichir les connaissances et les collections scientifiques.

Tous les savants furent invités à faire connaître l'espèce de recherches les plus propres à hâter les progrès des connaissances humaines ; et plusieurs d'entre eux s'embarquèrent sur les bâtiments de la Pérouse, avec la mission expresse de s'occuper de celles qui avaient été désignées (voir : Robert de Lamanon et Jean-André Mongez).

Ainsi, pendant près de trois années, La Boussole , vaisseau commandé par La Pérouse à qui le commandement de l'expédition fut confié, et l'Astrolabe, parcoururent tous les océans du globe (Île de Pâques, Îles Sandwich, Philippines, Japon, Brésil, Chili, Australie...).

Celle-ci, composée de 220 hommes, quitte Brest en août 1785 sur deux navires, la Boussole et l'Astrolabe, des navires marchands de 500 tonneaux reclassifiés comme frégates pour la circonstance.

Sommaire

[modifier] Composition

De nombreux scientifiques participent à l'expédition : un astronome, un médecin, trois naturalistes, un mathématicien, trois dessinateurs, ainsi que des prêtres possédant une formation scientifique. Les objectifs sont nombreux : géographiques, scientifiques, ethnologiques, économiques (prospection des possibilités de chasse à la baleine ou de collecte de fourrures), mais aussi politiques avec l'établissement éventuel de bases françaises ou de coopération coloniale avec les alliés espagnols aux Philippines). Le programme d'exploration doit le conduire dans le Pacifique Nord et le Pacifique Sud, y compris sur les côtes d'Extrême-Orient et d'Australie. Les résultats de l'expédition furent connus par courrier dans les escales ayant des liaisons avec les pays européens.

[modifier] Préparatifs

Dès mars 1785, Lapérouse a proposé que Paul Monneron, qui a été choisi comme ingénieur en chef de l' expédition, aille à Londres afin d'obtenir les dernières conclusions sur les remèdes antiscorbutiques préconisés par Cook. Sa mission consiste aussi à prendre des renseignements sur les articles d'échange utilisés par Cook. Accessoirement, il peut aussi acheter des instruments scientifiques de fabrication anglaise.[4]

Aspect plus connu de cette mission, Joseph Banks[5] intervient auprès de la Royal Society pour obtenir qu'elle prête deux boussoles d'inclinaison ayant appartenu à Cook. Monneron achète également les instruments scientifiques figurant sur la liste dressée par Fleurieu, en ayant recours aux plus grandes firmes anglaises, en particulier Ramsden. Il dépasse même les directives de Fleurieu en faisant par exemple l'acquisition de deux sextants d'un type nouveau.

Le voyage de Monneron constitue sans doute le meilleur exemple de ce que représente le précédent de Cook, une référence fidèlement copiée, mais que l'on espère dépasser par la minutie des préparatifs.

De leur côté, les astronomes et les géographes de l'expédition de Lapérouse calquent leurs méthodes de travail sur celles de Cook, fondées sur l'association des deux façons de calculer la longitude - distance de la lune au soleil et chronomètre de précision - suivie de triangulations au théodolite, ou de relèvements pris du navire, analogues à ceux que le navigateur anglais a effectués pour ses cartes des îles du Pacifique. Pour les relèvements, la méthode préconisée par Fleuriot de Langle est exactement à l'imitation de celle de Cook. En matière de géographie, Lapérouse démontre de manière décisive la rigueur et la sûreté des méthodes éprouvées par Cook. A partir de son voyage, la résolution du problème des longitudes devient une évidence et la cartographie atteint une précision scientifique. Gêné comme l'avait été Cook par les brumes continuelles enveloppant la côte nord-ouest de l'Amérique, il ne réussit toutefois pas davantage à en dresser la carte complète, mais il contribue à en diminuer les lacunes.

[modifier] En route vers l'Alaska

[modifier] Ténériffe

[modifier] Trinité

Le 18 octobre, à l'île de la Trinité[7],[8].

[modifier] Sainte-Catherine

Le 9 novembre, l'expédition est à l'île Sainte-Catherine[9].

[modifier] Le Cap Horn

L'expédition contourne le cap Horn en janvier 1786.

[modifier] Chili

Du 24 février à mi-mars, l'expédition fait une enquête sur la colonie espagnole du Chili à La Conception.

[modifier] Ile de Pâques

Elle passe par l'île de Pâques le 10 avril.

[modifier] Hawaï

Le 28 et 29 mai, l'expédition est à Mowee dans l'archipel d'Hawaii[10]

[modifier] L'Alaska

L'expédition atteint l'Alaska, où La Pérouse débarque près du mont Saint Elias à la fin de juin 1786 et explore les environs. Une barge et deux chaloupes transportant 21 hommes sont perdus dans les courants violents de la baie nommée « Port des Français » par La Pérouse (aujourd'hui baie Lituya)[11].

Icône de détail Article détaillé : Catastrophe du Port des Français pour l'expédition de La Pérouse.

[modifier] Californie

Ensuite, il fait escale à Monterey à la mi-septembre 1786.[12] en Californie, où il décrit les missions franciscaines et rédige des notes critiques sur le traitement des Amérindiens[13].

[modifier] Iles Mariannes

Le 14 décembre 1786, l'expédition est aux Iles Mariannes.

[modifier] Japon et Russie

[modifier] Macao

Il traverse ensuite à nouveau le Pacifique, relâchant à la colonie portugaise de Macao du 3 janvier au 5 février, où il vend les fourrures achetées en Alaska, partageant le profit avec son équipage.

[modifier] Manille

Après une escale à Manille alors sous influence espagnole, on effectue des réparations de fin février à mi-avril. La Pérouse quitta les Philippines le 10 avril, pour se rendre sur les côtes de Tartarie et des îles du Japon. Cette portion du globe n'était alors connue que par des traditions recueillies par les missionnaires. La Pérouse est le premier qui ait levé les doutes que ces récits confus avaient fait naître.

[modifier] Formose, Corée

Il se dirige vers les côtes nord-est de l'Asie. Le 6 mai, il est aux côtes de Formose. Le 25 mai, ce sont les côtes de Corée. Il redécouvre l' île Quelpaert (Cheju-do), visitée seulement une fois par des Européens, un groupe de Hollandais qui y firent naufrage en 1653. Il visite la côte est de la péninsule coréenne, puis se rend à Oku-Yeso (Sakhaline).

[modifier] Tartarie, Japon, Russie

Le 25 juin, l'expédition est à Ternay en Tartarie. Se trouvant, le 24 juillet, par 51° 1/2 de latitude, la profondeur de l'eau diminua tout à coup, et l'on fut obligé de s'arrêter. La Pérouse chercha vainement un passage où ses frégates pussent entrer sans danger. Il traversa plusieurs fois le canal en allant alternativement de l'est à l'ouest, et s'assura que les hauts fonds qui l'avaient arrêté barraient entièrement le passage. Le vent du sud, qui commença à souffler avec assez de violence, et qui le poussait vers ces dangers, rendit sa position périlleuse. Heureusement une belle baie, qu'il découvrit à la côte de Tartarie, lui offrit un asile sûr ; et les frégates vinrent s'y mettre à l'abri. Cette baie fut appelée baie de Castries au fond du détroit de Sakhaline.

Des canots visitèrent les lieux où les frégates n'avaient pu pénétrer. On ne trouva aucun passage ; il fut même impossible de s'avancer jusqu'à l'embouchure du fleuve Amur, dont on n'était pas éloigné. L'opinion de la Pérouse fut que l'île Ségalien, qui lui restait dans l'est, se trouve effectivement détachée de la côte de Tartarie, mais que le canal qui les sépare est obstrué par les dépôts du fleuve Amur, qui se décharge précisément à l'endroit le plus resserré. La Pérouse, en revenant au sud, ne s'écarta pas de la côte de l'île Ségalien et y découvrit par 45° 10' de latitude, au sud du cap Grillon, le détroit qui porte son nom. Les récits des missionnaires avaient jusqu'alors confondu sous le nom de terre de Jesso toutes les terres qui sont au nord, du Japon la découverte de ce détroit nous a fait connaître qu'elles forment deux îles, dont l'une est Ségalien, détachée par le détroit de la Pérouse, et l'autre, l'île Chika, séparée de la grande île du Japon par le détroit de Sangaar, que l'on connaissait depuis longtemps. De Pries, navigateur hollandais, qui découvrit la terre des Etats, située à l'est du détroit de la Pérouse, en 1643, avait pris les terres de Ségalien et de Chika pour les pointes avancées d'une grande baie, dans laquelle il n'avait pas. voulu risquer de s'engager. La fréquence des brumes, qui a si fort embarrassé la navigation des frégates françaises, a été sans doute la cause de son erreur.

Le 15 août au détroit de La Pérouse (entre le Japon et Sakhaline), les habitants d'Hokkaido lui montrent une carte, mais il ne trouve pas le détroit et met le cap au nord vers la péninsule du Kamtchatka, qu'il atteint en septembre 1787. La Pérouse, après avoir vérifié les découvertes des Hollandais, traversa les îles Kouriles, entre l'île de la Compagnie, ainsi nommée par de Pries, et l'île Murikan ; le détroit reçut le nom de canal de la Boussole.

Il vint ensuite relâcher au Kamtschatka, et se repose chez des Russes. Du 6 au 29 septembre, l'expédition s'arrête à Saint-Pierre et à Saint-Paul (Avatscha Pétropavlosk) au Kamchatka[14]. Il reçoit des instructions de Paris par le truchement de Barthélemy de Lesseps, vice-consul de la France à Kronstadt et oncle du futur constructeur du Canal de Suez, pour faire un rapport sur la colonisation en Australie[15].

[modifier] Pacifique

[modifier] Samoa

Reprenant la mer, il relâche aux Samoa, dans l'île des Navigateurs à mi-décembre à Maouna (baie de Tutuila). Juste avant son appareillage, les Samoans attaquent ses hommes et en tuent douze, dont le second de l'expédition, Fleuriot de Langle, commandant de l'Astrolabe.

Icône de détail Article détaillé : Robert de Lamanon.

[modifier] Tonga, Norfolk

Il est fin décembre, à l'île des Amis (Tonga), puis le 17 janvier à l'île de Norfolk.

[modifier] Australie

Dernière lettre de La Pérouse, écrite à Botany Bay.
Dernière lettre de La Pérouse, écrite à Botany Bay.

Il navigue ensuite vers Botany Bay, qu'il atteint le 26 janvier 1788, juste au moment où le capitaine Arthur Phillip transfère la colonie à Port Jackson (Sydney). Les Britanniques le reçoivent avec courtoisie, mais ne peuvent lui fournir des vivres, car ils n'en ont pas de disponibles.

Il donne ses journaux et lettres afin qu'ils soient transmis en Europe et obtient du bois et de l'eau fraîche. Il repart à mi mars.

«  Je remonterai aux îles des Amis, et je ferai absolument tout ce qui m'est enjoint par mes instructions relativement à la partie méridionale de la Nouvelle-Calédonie, à l'île Santa-Cruz de Mendana, à la côte sud de la terre des Arsacides de Surville, et à la terre de la Louisiade de Bougainville, en cherchant à connaître si cette dernière fait partie de la Nouvelle-Guinée, ou si elle en est séparée. Je passerai, à la fin de juillet 1788, entre la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Hollande, par un autre canal que celui de l'Endeavour, si toutefois il en existe un. Je visiterai, pendant le mois de septembre et une partie d'octobre, le golfe de la Carpentarie et toute la côte occidentale de la Nouvelle-Hollande jusqu'à la terre de Diemen, mais de manière cependant qu'il me soit possible de remonter au nord assez tôt pour arriver au commencement de décembre 1788 à l'île de France[16]. »

[modifier] Vanikoro

Il appareille pour la Nouvelle-Calédonie (côte ouest), les îles Santa Cruz, les îles Salomon, les Louisiades et les côtes de l'ouest et du sud de l'Australie. Puis il disparaît avec ses hommes.

[modifier] Louis XVI

On raconte que Louis XVI, au moment de passer sur l’échafaud, en 1793, aurait demandé : « A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ? ». Dans l'espoir peut-être que de nouvelles découvertes dans l'océan Indien retarderaient son exécution, la disparition subite du navigateur et de son équipage était, en effet, à l'époque, l’objet de tous les fantasmes.

[modifier] Notes et références

  1. Le roi Louis XVI avait des connaissances très étendues en géographie la lecture des voyages lui avait donné une grande prédilection pour tout ce qui avait quelque rapport à la navigation ; ceux de Cook surtout, qui l'avaient frappé davantage, lui inspirèrent le désir d'ordonner une campagne de découvertes et de faire participer les Français à la gloire que ce navigateur avait procurée à sa nation. Les vues du monarque s'étendirent en même temps sur les avantages commerciaux les plus prochains et sur les plus éloignés. Un projet de campagne fut d'abord esquissé d'après ses propres idées, et lui fut soumis. L'original subsiste encore, et l'on y voit des notes en marge, écrites de sa propre main, soit pour approuver les mesures proposées, soit pour les rectifier et suppléer à ce qui avait été omis. Toutes ces notes annoncent une connaissance approfondie de la géographie, de la navigation et du commerce. Partout où la navigation pouvait exposer à des dangers, il insiste pour que les deux bâtiments qu'on lui propose d'envoyer en découverte ne se séparent point. Enfin on lit au bas du projet, écrit également de la main du prince, le passage suivant : « Pour résumer ce qui est proposé dans ce Mémoire, et les observations que j'ai faites, il y a deux parties, celle du commerce et celle des reconnaissances. La première a deux points principaux : la pêche de la baleine dans l'Océan méridional au sud de l'Amérique et du cap de Bonne-Espérance ; l'autre est la traite des pelleteries dans le nord-ouest de l'Amérique, pour être transportées en Chine et, si l'on peut, au Japon. Quant à la partie des reconnaissances, les points principaux sont, celui de la partie nord-ouest de l'Amérique, qui concourt avec la partie commerciale, celui des mers du Japon, qui y concourt aussi, mais pour cela je crois que la saison proposée dans le Mémoire est mal choisie ; celui des îles Salomon et celui du sud-ouest de la Nouvelle-Hollande. Tous les autres points doivent être subordonnés à ceux-là ; on doit se restreindre à ce qui est le plus utile et qui peut s'exécuter à l'aise dans les trois années proposées. »
  2. Minutieusement préparée par son ami, Charles Pierre Claret de Fleurieu.
  3. Voici les instructions que Lapérouse reçut du Roi : « Le sieur La Pérouse, y est-il dit, s'occupera avec zèle et intérêt de tous les moyens qui peuvent améliorer la condition des peuples qu'il visitera, en procurant à leurs pays les légumes, les fruits et les arbres utiles d'Europe ; en leur enseignant la manière des les semer et de les cultiver ; en leur faisant connaître l'usage qu'ils doivent faire de ces présents, dont l'objet est de multiplier sur leur sol les productions nécessaires à des peuples qui tirent presque toute leur nourriture de la terre. « Si des circonstances, qu'il est de la prudence de prévoir dans une longue expédition, obligeaient jamais le sieur de La Pérouse de faire usage de la supériorité de ses armes sur celles des peuples sauvages, pour se procurer, malgré leur opposition, les objets nécessaires à la vie, tels que des substances, des bois, de l'eau, il n'userait de la force qu'avec la plus grande modération, et punirait très sévèrement ceux de ses gens qui auraient outrepassé ses ordres. « Le roi regarderait comme un des succès les plus heureux de l'expédition, qu'elle pût être terminée sans qu'il en eût coûté la vie à un seul homme. » Le dernier vœu ne fut malheureusement pas exaucé
  4. Le fonds ancien des archives de la Marine contient une intéressante série de lettres envoyées par Monneron à Lapérouse et au maréchal de Castries pendant sa mission en Angleterre. Se présentant comme un agent accrédité pour un seigneur espagnol, Monneron se met à la recherche des hommes ayant connu Cook, mais d'un rang subalterne. Il a la chance de lier connaissance avec John Webber, l'artiste de la « Résolution », auteur d' un tableau justement célèbre de Cook, mais aussi de nombreux dessins sur la côte du Nord-Ouest de l'Amérique. Outre les renseignements qu'il recherche, Webber lui fournit de nombreuses indications : attitude à observer avec les indigènes, prix pratiqués en Angleterre pour les fournitures nécessaires au voyage (qui lui montrent qu'il n y a aucun avantage financier à faire venir d'Angleterre les objets destinés aux échanges). Surtout, il lui conseille des recettes antiscorbutiques, insistant sur le malt, si bien que Monneron en expédie plusieurs tonneaux à Paris, et qu'il fait cuisiner des préparations à partir d'aliments antiscorbutiques.
  5. Extrait du Journal de La Pérouse: ...Je dois ici témoigner ma reconnaissance au chevalier Banks, qui, ayant appris que M. de Monneron ne trouvait point à Londres de boussole d' inclinaison, voulut bien nous faire prêter celles qui avaient servi au célèbre capitaine Cook. Je reçus ces instrumens avec un sentiment de respect religieux pour la mémoire de ce grand homme. M. de Monneron, capitaine au corps du génie, qui m' avait suivi dans mon expédition de la baie d' Hudson, fut embarqué en qualité d' ingénieur en chef ; son amitié pour moi, autant que son goût pour les voyages, le déterminèrent à solliciter cette place : il fut chargé de lever les plans, d'examiner les positions. M. Bernizet, ingénieur-géographe, lui fut adjoint pour cette partie. Monneron fit faire à son compte un « ballon en toile doublé intérieurement en papier Joseph collé sur la dite toile, ayant 26 pieds de hauteur sur 22 pieds six pouces de diamètre » (soit 8,58 m de hauteur sur 7,42 m de diamètre) ; il paya pour cet article 730 livres 16 sols ...
  6. Extrait du Journal de La Pérouse: le 30 août 1785 au matin à Ténériffe ... Mr de Monneron,capitaine au corps de génie, fit aussi le voyage du Pic dans l'intention de le niveler jusqu'au bord de la mer; c'était la seule manière de mesurer cette montagne qui n'eût pas été essayée. Les difficultés locales ne pouvaient l'arrêter si elles n'étaient insurmontables, parce qu'il était extrémement exercé à ce genre de travail...
  7. Extrait du Journal de La Pérouse : le 18 octobre 1785 Ile-de-La-Trinité ... Je dis à M De Langle que celui des deux bâtimens qui se trouverait le plus à portée, enverrait son canot pour s' informer des ressources que nous pourrions trouver dans cette relâche. Le lendemain 18 octobre au matin, l'« Astrolabe » n'étant qu'à une demi-lieue de terre, détacha la biscayenne commandée par M. de Vaujuas, lieutenant de vaisseau. M. de La Martinière, et le père Receveur, naturaliste infatigable, accompagnèrent cet officier : ils descendirent au fond de l'anse, entre deux rochers ; mais la lame était si grosse, que le canot et son équipage auraient infailliblement péri, sans les secours prompts que les Portugais lui donnèrent ; ils tirèrent le canot sur la grève pour le mettre à l' abri de la fureur de la mer : on en sauva tous les effets, à l'exception du grapin, qui fut perdu. M. de Vaujuas compta dans ce poste environ deux cents hommes, dont quinze seulement en uniforme, les autres en chemise. Le commandant de cet établissement, auquel on ne peut donner le nom de colonie, puisqu' il n' y a point de culture, lui dit que le gouverneur de Rio-Janéiro avait fait prendre possession de l' île de la Trinité depuis environ un an ; il ignorait ou il feignait d'ignorer que les Anglais l'eussent précédemment occupée... ... / ... Dès la pointe du jour j'avais aussi envoyé à terre un canot commandé par M. Boutin, lieutenant de vaisseau, accompagné de MM. de Lamanon et Monneron ; mais j'avais défendu à M. Boutin de descendre, si la biscayenne de l'« Astrolabe » était arrivée avant lui : dans ce cas, il devait sonder la rade, et en tracer le plan le mieux qu' il lui serait possible dans un si court espace de temps. M. Boutin ne s' approcha en conséquence que jusqu' à une portée de fusil du rivage ; toutes les sondes lui rapportèrent un fond de roc, mêlé d'un peu de sable. M. de Monneron dessina le fort tout aussi bien que s' il avait été sur la plage ; et M. de Lamanon fut à portée de voir que les rochers n' étaient que du basalte, ou des matières fondues, restes de quelques volcans éteints. Cette opinion fut confirmée par le père Receveur qui nous apporta à bord un grand nombre de pierres toutes volcaniques, ainsi que le sable, qu'on voyait seulement mêlé de détrimens de coquilles et de corail. D' après le rapport de M. de Vaujuas et de M. Boutin, il était évident que nous ne pouvions trouver à la Trinité l'eau et le bois qui nous manquaient. Je me décidai tout de suite à faire route pour l' île Sainte-Catherine, sur la côte.
  8. Extrait des observations de Paul Mérault Monneron : Île de la Trinité. Sous voile, le 17 octobre 1785. L'île de la Trinité, située dans l'hémisphère méridional, à cent quatre-vingts lieues environ de la côte du Brésil, est restée inhabitée jusqu'à la dernière guerre que les Anglais, dit-on, l'ont occupée, dans la vue sans doute d'avoir des moyens plus faciles de faire des prises françaises, espagnoles et hollandaises : on assurait qu'ils avaient abandonné ce poste à la paix. L'intention de M. De La Pérouse était de vérifier la chose : Lorsque nous eûmes pris connaissance de cette île, nous ne tardâmes pas d'apercevoir le pavillon de Portugal sur un coteau situé dans l'enfoncement d'une petite baie dans le sud-est de l'île. M. De La Pérouse, ayant fait mettre un canot à la mer, m'ordonna de m'y embarquer pour tâcher de faire quelques remarques sur ce poste. L'officier qui commandait cette embarcation, avait ordre de ne mettre à terre que dans le cas où on pourrait l'exécuter sans risque.
  9. Extrait du Journal de La Pérouse: le 9 novembre 1785 Ile Sainte-Catherine L'île Sainte-Catherine s'étend depuis le 27e degré 19e minute 10e seconde de latitude sud, jusqu' au 27e degré 49e minute ; sa largeur de l' est à l' ouest n' est que de deux lieues ; elle n' est séparée du continent, dans l' endroit le plus resserré, que par un canal de deux cents toises. C' est sur la pointe de ce goulet qu' est bâtie la ville de Nostra-Senora-Del-Destero, capitale de cette capitainerie, où le gouverneur fait sa résidence ; elle contient au plus trois mille âmes et environ quatre cents maisons ; l'aspect en est fort agréable. .../... Je fus, le même jour, avec M. de Langle et plusieurs officiers, faire ma visite au commandant de ce poste, qui me fit saluer de onze coups de canon ; ils lui furent rendus de mon bord. J' envoyai le lendemain mon canot, commandé par M. Boutin, lieutenant de vaisseau, à la ville de Nostra-Senora-Del-Destero, pour faire mes remercîmens au gouverneur, de l'extrême abondance où nous étions par ses soins. MM. de Monneron, de Lamanon et l' abbé Mongès accompagnèrent cet officier, ainsi que M. de La Borde Marchainville et le père Receveur, qui avaient été dépêchés par M. de Langle pour le même objet ; tous furent reçus de la manière la plus honnête et la plus cordiale.
  10. Le 29 mai 1786, l'expédition fait escale aux îles Sandwich. Extrait des observations de Paul Mérault Monneron : Au mouillage, le 29 mai 1786. Latitude, 20 degrés 34 minutes. Longitude à l' ouest du méridien de Paris, 158 degrés 25 minutes. Si j' avais un mémoire à faire sur l' avantage de la position de ces îles sous un ou sous plusieurs points de vue, je serais obligé de chercher des documents dans la relation du troisième voyage de Cook ; mais si l' utilité d'une telle discussion était démontrée, il est évident qu'elle se ferait avec une plus grande sagacité à Paris qu'en pleine mer. À bord de la Boussole, le 5 juin 1786. signé Monneron.
  11. Extrait des observations de Paul Mérault Monneron : Située à la côte du nord-ouest de l' Amérique, par 58 degrés 38 minutes de latitude. Au mouillage en divers points de cette baie, depuis le 2 juillet jusqu' au 1er août 1786. L' impossibilité, selon mon sens, d'établir utilement une factorerie française dans cette baie, rendrait toute discussion sur ce point embarrassante pour moi ; un mémoire appuyé sur des suppositions vagues, ne méritant pas plus de confiance que celui qui pose sur des faits incertains. Aussi ai-je vu avec une grande satisfaction, par un écrit que M. De La Pérouse a eu la bonté de me communiquer, qu'il dissuadait le gouvernement, d' un pareil établissement, au moins jusqu' à l'époque de son retour en France. Je produirai, dans ce temps, toutes les notes nécessaires pour discuter cette matière dans le plus grand détail ; et si le gouvernement prend quelque parti sur cet objet, il sera très-facile d' en démontrer l'avantage ou les inconvénients. Il n' est pas difficile de présumer que l'âpreté de ce climat, le peu de ressources de ce pays, son éloignement prodigieux de la métropole, la concurrence des Russes et des Espagnols, qui sont placés convenablement pour faire commerce, doivent éloigner toute autre puissance européenne que celles que je viens de nommer, de former aucun établissement entre Monterey et l'entrée du prince-Williams. D' ailleurs, je crois qu'avant toutes choses, et sur-tout avant de songer à former un établissement, on doit en balancer la dépense et les profits pour en déduire le nombre de personnes employées à la factorerie. Cette connaissance est d' une nécessité indispensable pour travailler aux moyens de pourvoir à la sûreté de ces individus et des fonds qui leur seraient confiés, soit contre les naturels du pays, soit contre les ennemis du commerce de France. à bord de la « Boussole », le 19 décembre 1786. signé Monneron.
  12. Sa relation de voyage et son magnifique atlas sont la première reconnaissance qui en fut faite, le Capitaine Cook n'étant pas passé par la Californie.
  13. Au cours de son escale de dix jours à Monterey, La Pérouse est avant tout frappé par la fertilité inexprimable du lointain territoire espagnol. Nul pays n'est plus abondant en poisson et en gibier de toutes espèces écrit-il. Et il ajoute: nos cultivateurs d'Europe ne peuvent avoir aucune idée d'une pareille fertilité. Il mentionne également avec admiration combien la baie de Monterey est poissonneuse à l'excès, couverte de pélicans, et emplie de baleines: On ne peut exprimer ni le nombre de baleines dont nous fûmes environnés, ni leur familiarité; elles soufflaient à chaque minute à demi-portée de pistolet de nos frégates, et occasionnaient dans l'air une très grande puanteur. A deux lieues de Monterey se trouvait la mission de Carmel fondée en 1770, ainsi qu'un village indien de 50 cabanes qui abritaient 740 Indiens convertis à la foi catholique. La Pérouse qui observe attentivement tous les détails de la vie de cette colonie du bout du monde, critique aussi diplomatiquement que possible la dureté du système franciscain envers les Indiens: Les punitions corporelles sont infligées aux Indiens des deux sexes qui manquent aux exercices de piété, et plusieurs péchés dont le châtiment n'est réservé en Europe qu'à la justice divine, sont punis ici par les fers ou le bloc.
  14. Après la Tartarie ... / ... M De Langle, qui avait mouillé une heure avant moi, se rendit tout de suite à mon bord; il avait déjà débarqué ses canots et chaloupes, et il me proposa de descendre avant la nuit, pour reconnaître le terrain, et savoir s' il y avait espoir de tirer quelques informations des habitans.. Nous apercevions, à l' aide de nos lunettes, quelques cabanes, et deux insulaires qui paraissaient s' enfuir vers les bois. J' acceptai la proposition de M De Langle; je le priai de recevoir à sa suite M Boutin et l' abbé Mongès; et après que la frégate eut mouillé, que les voiles furent serrées, et nos chaloupes débarquées, j' armai la biscayenne, commandée par M De Clonard, suivi de Mm Duché, Prevost et Collignon, et je leur donnai ordre de se joindre à M De Langle, qui avait déjà abordé le rivage. Ils trouvèrent les deux seules cases de cette baie abandonnées, mais depuis très-peu de temps, car le feu y était encore allumé;...aucun des meubles n' en avait été enlevé: on y voyait une portée de petits chiens, dont les yeux n' étaient pas encore ouverts; et la mère qu' on entendait aboyer dans les bois ... ... / ... étaient tellement fondées, qu' aussitôt que notre horizon s' étendait un peu, nous en avions une parfaite connaissance. Le canal commença à se rétrécir par les 50 degré, et il n' eut plus que douze ou treize lieues de largeur. Le 22 au soir, je mouillai à une lieue de terre, par trente-sept brasses, fond de vase. J' étais par le travers d' une petite rivière; on voyait à trois lieues au nord un pic très-remarquable; sa base est sur le bord de la mer, et son sommet, de quelque côté qu' on l' aperçoive, conserve la forme la plus régulière; il est couvert d' arbres et de verdure jusqu à la cime: je lui ai donné le nom de pic La Martinière, parce qu' il offre un beau champ aux recherches de la botanique, dont le savant de ce nom fait son occupation principale. Comme, en prolongeant la côte de l' île depuis la baie d' Estaing, je n' avais aperçu aucune habitation, je voulus éclaircir mes doutes à ce sujet; je fis armer quatre canos des deux frégates, commandés par M De Clonard, capitaine de vaisseau, et je lui donnai ordre d' aller reconnaître l' anse dans laquelle coulait la petite rivière dont nous apercevions le ravin. Il était de retour à huit heures du soir, et il ramena, à mon grand étonnement, tous ses canots pleins de saumons, quoique les équipages n eussent ni lignes, ni filets. Cet officier me rapporta qu' il avait abordé à l' embouchure d' un ruisseau, dont la largeur n' excédait pas quatre toises, ni la profondeur un pied; qu' il l' avait trouvé tellement rempli de saumons, que le lit en était tout couvert ...
  15. Barthélémy De Lesseps , oncle du constructeur du Canal de Suez, interprète de russe débarquant à Pétropavlosk au Kamchatka, quitte l'expédition pour ramener par voie de terre les études et dessins déjà réalisés ; il traverse toute la Sibérie.
  16. Extrait de sa denière lettre au ministre de la marine, datée du 7 février.

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