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Stanley Kubrick - Wikipédia

Stanley Kubrick

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Stanley Kubrick
Autoportrait de Kubrick (vers la fin des années 1940)
Autoportrait de Kubrick (vers la fin des années 1940)

Nom Stanley Kubrick
Naissance 26 juillet 1928
États-Unis New York (États-Unis)
Nationalité États-Unis Américaine
Mort 7 mars 1999
Royaume-Uni Hertfordshire, Londres (Angleterre)
Profession(s) Photographe
Réalisateur
Scénariste
Producteur
Films notables Les Sentiers de la gloire
Spartacus
Lolita
Docteur Folamour
2001 : l'odyssée de l'espace
Orange mécanique
Barry Lyndon
Shining
Full Metal Jacket
Eyes Wide Shut
Conjoint(e) Toba Metz (1948-1951)
Ruth Sobotka (1954-1957)
Christiane Kubrick (19581999)
Site internet http://kubrickfilms.warnerbros.com/
Récompense(s) Oscar des meilleurs effets visuels
BAFTA Awards
DGA Award
Léopard d'or au Festival de Locarno
Fiche IMDb

Stanley Kubrick est un réalisateur américain né le 26 juillet 1928 à New York, dans le quartier du Bronx, d'une famille juive américaine originaire d'Europe centrale, et décédé le 7 mars 1999 à son domicile d'Hertfordshire dans la banlieue de Londres. Il fut à la fois directeur de la photographie, réalisateur, producteur, scénariste, et monteur. Esthète, très exigeant sur la qualité d’une œuvre cinématographique, Stanley Kubrick a légué au cinéma une œuvre variée et d’une grande intensité, avec des films comme Les Sentiers de la gloire, Lolita, 2001 : l'odyssée de l'espace, Barry Lyndon, Shining, Full Metal Jacket et Eyes Wide Shut.

Ses longs métrages ont toujours suscité la polémique, lui assurant une réputation d’intellectuel provocateur, teinté d'une vision pessimiste de la vie, et divisant les critiques qui ont cependant tous loué sa contribution à l'art cinématographique.

Sommaire

[modifier] Biographie[1]

[modifier] Début dans la photographie

Stanley Kubrick est né à New York dans le quartier du Bronx, au sein d'une famille d'émigrés juifs[2] d'origine polonaise. Il a une sœur de six ans sa cadette, Barbara, née en 1934. Son père Jacques Leonard Kubrick[3] (1901-1985) médecin, pianiste, photographe amateur, lui apprend à jouer aux échecs, passion qui le suivra toute sa vie[4]. Sa mère Gertrude (née Perveler 1903-1985), chanteuse et danseuse, lui donne le goût des livres et de la lecture. Il rêve de devenir batteur de jazz professionnel.

À l'école de 1940 à 1945 il s'ennuie : à part la physique, rien ne l'intéresse, et il n'arrivera pas à obtenir une moyenne suffisante pour s'inscrire à l'université. D'autant plus que la guerre terminée, les soldats reviennent du front, et les places sont chères. Pour son treizième anniversaire, son père lui offre son premier appareil photo. Cette nouvelle activité le passionne et le détourne du jazz : il prend de nombreuses photos et les développe avec un ami dans la chambre noire familiale. Il deviendra le photographe officiel de son collège, il a pour idole, le reporter-photographe Arthur Fellig.

Vers 16-17 ans, il réussit à vendre au magazine illustré Look sa photographie d'un vendeur de journaux en larmes après la mort de Franklin Roosevelt. La rédactrice en chef l'engage comme photographe indépendant[5]. Kubrick y travaillera durant quatre années, les photographes chevronnés du magazine lui apprennent les ficelles du métier. Déjà perfectionniste, pour réaliser une seule photo, il en prend plusieurs centaines.[6]Grand amateur de boxe, son premier « photos-récit » est intitulé Prizefighter (le professionnel) et suit une journée de la vie du boxeur Walter Cartier — journée qui se termine par une victoire par KO lors de son combat contre Jimmy Mangia. C'est ce photo-récit qui sera à l'origine du premier film de Stanley Kubrick : Day of the Fight. En 1948, à l'âge de 20 ans, il se marie avec une camarade de classe Toba Metz. Ils s'installent dans Greenwich Village.

[modifier] Un destin de réalisateur

Pendant ses premières années de photographe de magazine, Kubrick fréquente assidûment les salles de cinéma. Ses goûts sont éclectiques, avec une préférence pour le cinéma d'auteur européen comme Bergman, Antonioni, Fellini[7]. Les films de Max Ophüls – mouvement complexe et sans heurt de la caméra, travelling – vont influencer fortement le jeune Stanley Kubrick au début de sa carrière cinématographique mais vont également le vouer aux gémonies d'une partie de la critique française, Les Cahiers du cinéma notamment, dans lesquels Jean-Luc Godard décrit un « cinéaste tape-à-l'œil qui copie froidement les travellings d'Ophüls[8] ».

[modifier] Premiers films

En 1950, Stanley Kubrick âgé de 22 ans, se décide à sauter le pas et se lance avec un ami d'enfance dans le cinéma de façon autodidacte : il n'a jamais fréquenté d'école de cinéma.

[modifier] Courts métrages et série TV

Entre 1950 et 1951, Kubrick réalise deux documentaires filmés en 35mm, consacrés à un boxeur et à un missionnaire. Day of the Fight, une journée du boxeur poids moyen Walter Cartier. D'une durée de 16 minutes, auto financé (budget de 3900$), filmé comme un reportage, Kubrick utilisera également le travelling compensé, technique que l'on retrouvera par la suite dans tous ses films. le documentaire sera vendu à la RKO, pour 100 $ de bénéfice. Flying Padre, deux jours dans la vie du révérend Fred Stadtmueller, un missionnaire catholique. D'une durée de 9 minutes, ce film sera en partie financé et distribué par la RKO.

En 1951, il divorce de sa première femme, Toba Metz. En 1952, à la demande de Richard de Rochemont, futur producteur de son premier film Fear and Desire, Kubrick coréalise un épisode pour la série télévisée Omnibus consacré à Abraham Lincoln. Par la suite il réalise plusieurs épisodes toujours en qualité d'assistant réalisateur. En 1953, Kubrick réalise son premier documentaire en couleur The Seafarers (les marins) On retrouvera dans ce film promotionnel sur la marine marchande, les travellings à la Max Ophüls[9].

[modifier] Longs métrages

En 1953, il réalise à l’âge de 25 ans son premier long métrage : Fear and Desire (Peur et désir) tourné près de Los Angeles. Ce film, produit avec l'aide de ses proches et de Richard de Rochemont, raconte l'histoire d'un groupe de soldats chargés d'éliminer une troupe ennemie dans une guerre fictive ; à la fin du film, les soldats voient leurs propres visages dans les visages de leur ennemi.
Ce film reçoit une critique honorable, ce qui encourage Kubrick : il quitte définitivement le magazine Look. Pendant le tournage du film, il rencontre sa future femme Ruth Sobotka. Mais le film sera un échec commercial. Plus tard, le trouvant trop présomptueux et immature, il le retire des circuits de distribution et en interdit toute projection.

En 1954, Le Baiser du tueur (Killer's Kiss), son second long métrage, film très court tourné dans les rues de New York, raconte l'histoire d'un boxeur minable obligé de fuir la mafia. L’histoire n’est pas très originale. Pourtant, ce film démontre le talent de Stanley Kubrick pour la photographie, Il y prouve ses capacités à jouer avec l'ombre et la lumière[10] et fut récompensé par un Léopard d'or au Festival de Locarno, il confirme également la maîtrise technique et l'originalité dans la scène de règlement de compte avec les mannequins. Avec ce film, il attire l'attention de James Harris, producteur indépendant, mais qui a de très bonne relation avec les majors hollywoodiens et plus particulièrement la MGM; ensemble ils fondent la Harris-Kubrick Pictures.

En 1956, de leur association naît le troisième film de Kubrick : L'Ultime Razzia (The Killing), encore une fois l’histoire n’est pas très originale, un sniper doit abattre le cheval de tête dans une course hippique pour créer une diversion et ainsi faciliter le hold-up de la caisse des paris. Un film noir de braquage comme il en existait beaucoup à l'époque, mais Kubrick le sublime en fragmentant l'histoire que seule la voix-off permet de reconstituer. Cet emploi du flashback, très influencé par le Citizen Kane d'Orson Welles, aura une forte influence sur Quentin Tarantino, qui dès Reservoir Dogs, va en faire une de ses marques de fabrique.

Au cours du tournage, il démontre à son équipe technique ses connaissances et son intérêt pour la photographie et la prise de vue[10]. Pour lui, un réalisateur est à la fois metteur en scène et technicien. Il y affirme également son autorité : pendant le tournage, le chef opérateur, Lucien Ballard, change l’objectif que Kubrick avait choisi pour une scène avec un travelling, ainsi que son emplacement. Ballard explique à Kubrick que cela n’aura aucune incidence sur les changements de perspective. Calmement, le cinéaste lui intime l’ordre de remettre la caméra à son emplacement d’origine avec l’objectif initial, ou bien de quitter le plateau et de ne jamais y revenir[10]. Ballard obéit et le tournage se termine tranquillement.

Malgré cela, on ne voit en lui qu'un nouveau maître de film noir. Orson Welles, interrogé par André Bazin sur les autres cinéastes, déclare : « L'Ultime Razzia de Kubrick n'est pas trop mal ». Dans Les Cahiers du cinéma, Jean-Luc Godard lui reconnaît des qualités sans pour autant l'acclamer : « C'est le film d'un bon élève sans plus. Ce qui correspond, chez Ophüls, à une certaine vision du monde, n'est chez Kubrick qu'esbroufe gratuite. Mais il faut louer l'ingéniosité de l'adaptation qui, adoptant systématiquement la déchronologie des actions, sait nous intéresser à une intrigue qui ne sort pas des sentiers battus[11] ».

[modifier] Kubrick réalisateur à Hollywood

[modifier] Les Sentiers de la gloire

Icône de détail Article détaillé : Les Sentiers de la gloire.

En 1957, sept ans après son premier court métrage, il dirige Kirk Douglas dans le film Les Sentiers de la gloire (Paths of Glory), film sur l’absurdité de la guerre.

Ce film se déroule durant la Première Guerre mondiale. L'armée française décide de lancer une de ses unités dans des attaques désespérées contre les lignes allemandes retranchées à Verdun. Pour l’exemple trois soldats innocents seront fusillés.

Harris et Kubrick envoient une copie du scénario à Kirk Douglas, lequel répond : « Stanley, je crois que ce film ne fera pas un rond, mais il faut absolument le tourner[12] ».

Le film est tourné à Munich, en Bavière, avec 800 policiers allemands pour jouer les troupes françaises. On y voit apparaître des séquences qui caractérisent Kubrick et qu'il ne cessera de perfectionner par la suite, travelling compensé arrière, utilisation intelligente de la musique, mouvement complexe de la caméra sans heurt avec la marche ininterrompue du colonel Dax dans les tranchées de ses soldats filmée avec une Dolly, scène que l'on retrouvera dans le labyrinthe de Shining mais tournée avec une steadicam (mouvements plus lents, demi-tour, etc.) La scène du chant de la jeune prisonnière, jouée par sa future épouse, l'actrice allemande Christiane Susanne Harlan, montre la capacité de Kubrick à filmer l'émotion sans tomber dans la sensiblerie[13]. Pour l'anecdote, il rencontre Christiane pendant le tournage, et divorce de Ruth Sobotka en 1957, pour se marier avec Christiane en 1958. Son frère, Jan Harlan deviendra le producteur exécutif de Kubrick à partir de 1975.

Le film est projeté à Munich le 18 septembre 1957[14]. Il est perçu comme une critique directe de l'armée française, proche des évènements réels de 1917. Le film reçoit plusieurs récompenses dont le prix Chevalier de la Barre. Sous la pression d'associations d'anciens combattants français et belges, le gouvernement français proteste auprès de la United Artists, mais ne demande pas la censure du film. Devant l'ampleur du mouvement contestataire, les producteurs du film ne le présentent pas à la commission de censure. Le film ne sera projeté en France qu'en 1972. Il est à noter que de nombreux pays en Europe comme la Suisse, refusent également de le diffuser.[15]

Dans l'œuvre de Kubrick, c'est le film préféré de Steven Spielberg[16].

[modifier] Spartacus

Icône de détail Articles détaillés : Spartacus (film) et Spartacus.

De retour aux États-Unis, Kubrick travaille sur le scénario d'un western avec comme vedette Marlon Brando. Après 6 mois de travail de préparation, le cinéaste et l’acteur se fâchent. Marlon Brando grande star hollywoodienne obtient facilement le départ de Kubrick et décide de réaliser seul le film: la vengeance aux deux visages.

Au même moment sur un autre film Kirk Douglas, acteur et producteur principal du péplum hollywoodien Spartacus, insatisfait du travail du réalisateur Anthony Mann sollicite Kubrick pour terminer le film. Après, le succès commercial du film Les Sentiers de la Gloire, celui-ci accepte et termine le film ; le tournage dure 167 jours, partagé entre la Californie et l’Espagne pour les scènes de combat tourné avec 10 000 figurants de l'armée espagnole.

Mais des conflits artistiques apparaissent rapidement avec Kirk Douglas et le directeur de la photographie Russel Metty. Kubrick parvient toutefois à tirer son épingle du jeu, il interviendra notamment sur le scénario (basé sur l'histoire vraie du soulèvement d’esclaves romains), qu'il trouve moralisateur et sans intérêt[17]. Le film aura un grand succès critique et commercial et gagnera quatre Oscar. Quelques années plus tard, Kubrick renie le film dont il garde un souvenir amer[18].

Dans l'œuvre de Kubrick, c'est le film le plus impersonnel.[19]

[modifier] Kubrick réalisateur indépendant

[modifier] Son exil à Londres

En 1961, Kubrick s'exile et quitte définitivement les États-Unis pour s'installer avec sa famille dans le Hertfordshire, dans la banlieue de Londres en Angleterre.

Les raisons de son exil sont nombreuses : au début des années 1970 le gouvernement britannique favorise la création cinématographique sur son sol par des aides financières généreuses[20]. Pour la réalisation de son futur projet Lolita, Kubrick préfère contourner la censure et les ligues puritaines américaines[21]. Pendant le tournage de Lolita, la famille Kubrick, trouve le mode de vie anglais plus adapté à leur style de vie et ils décident d’acheter une grande maison au nord de Londres[22].

Kubrick dira : « À côté de Hollywood, Londres est probablement le deuxième meilleur endroit pour faire un film, en raison du degré d'expertise technique et les équipements que vous trouvez en Angleterre ».

[modifier] Lolita

Icône de détail Articles détaillés : Lolita (film, 1962) et Lolita.

En 1962, Kubrick réalise Lolita, son premier film polémique sur le sol anglais, d'après le sulfureux roman de Vladimir Nabokov. Pour la rédaction du scénario, il sollicite l’écrivain; ils vont écrire ensemble une nouvelle version du roman. Un scénario jugé plus acceptable pour un film commercial, le livre avait été publié pour la première fois en France comme ouvrage pornographique.

Un homme d'âge mûr James Mason pris d'une passion ardente pour une adolescente, Lolita, âgée de 12 ans dans le livre, 15 ans dans le film interprétée par Sue Lyon qui obtiendra le Golden Globe de la meilleure actrice. Peter Sellers y fait une interprétation remarquée.

Le film, tout comme le roman provoque la foudre des puritains, qui trouvent le film trop sulfureux malgré sa mise en scène très chaste, bien éloignée de l'imagerie fantasmatique et des orgies d’Eyes Wide Shut, réalisé trente-sept ans plus tard, ou même des allusions sexuelles explicites de l'ouvrage de Nabokov. À la sortie du film, Kubrick avait reconnu que s'il avait pu prévoir la sévérité des censeurs américains (la censure l'obligea à couper des scènes au montage et à remanier certaines séquences jugées trop licencieuses) il aurait probablement renoncé à la réalisation du film[23].

Le film est présenté au Festival de Venise en 1962, mais la critique est déçue[24]. Le schéma d'accueil de ses films par la critique dont la plus virulente Pauline Kael sera toujours le même par la suite. Une partie ne lui fait pas de cadeau, tandis que l'autre l'admire.

Ce premier film polémique, sera un succès Outre-Atlantique, sans nul doute nourri par la controverse. Ce sera le dernier long-métrage produit par Kubrick-Harris. À partir de maintenant Kubrick produit et réalise seul ses films et la Warner studio va les distribuer.

[modifier] Docteur Folamour

Icône de détail Article détaillé : Docteur Folamour.

En 1963, Kubrick prépare son second film polémique et le premier opus d'une trilogie de films de science-fiction, Docteur Folamour ou : Comment j'ai appris à cesser de m'inquiéter et à aimer la bombe (Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb), considéré comme un chef d'œuvre d'humour noir.

Kubrick se tient constamment au courant de l’actualité et s’abonne à des revues militaires et scientifiques [25]. Il lit le roman de Peter George, Red Alert, paru en Angleterre sous le titre de Two hours to doom[26]. Il réfléchit depuis longtemps à une histoire où une guerre nucléaire serait déclenchée soit par accident, soit à cause de la folie d’un personnage [27]. Le roman de Peter George correspond à ses attentes. Il s’associe avec Peter George et Terry Southern, auteur du scénario de Easy Rider, pour préparer le scénario, et travaillera la photographie du film avec le célèbre photographe Weegee.

Le tournage débute le 26 janvier 1963, aux Studios Shepperton de Londres, pour s’achever quatre mois plus tard [28]. La distribution comprend Peter Sellers qui tient les rôles du Président des États-Unis, du docteur Folamour, ancien chercheur nazi et handicapé recruté par l'armée américaine (clin d'œil à la trajectoire de plusieurs scientifiques nazis, dont Werner von Braun), et du Colonel britannique Lionel Mandrake. Une très grande liberté d’improvisation est laissée à Peter Sellers, filmé par trois caméras, tandis que le reste de la distribution et l’équipe technique doivent observer une grande rigueur. Le film doit se conclure par une bataille de tartes à la crème dans la Salle de Guerre, avec le Président et tous ses conseillers militaires. La scène est filmée, nécessitant des semaines de tournages, mais Kubrick décide de la retirer du montage final.

Farce burlesque où la guerre nucléaire totale est déclarée suite à l'action d'un commandant devenu fou et d'un système de défense automatique, ainsi que satire des milieux politico-militaires, ce nouveau film sort en pleine Guerre froide. Le risque de voir l’un des deux protagonistes employer l’arme atomique est élevé. Un problème de taille apparaît : un film réalisé par Sydney Lumet, Point limite, avec Henry Fonda dans le rôle principal, traitant du même sujet, est sur le point de sortir. Kubrick intente un procès pour plagiat, et obtient gain de cause. Le film de Lumet ne sortira qu’en 1964. Docteur Folamour sort sur les écrans le 29 janvier 1964, et se trouve nominé quatre fois à l’Oscar : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure adaptation cinématographique.

[modifier] 2001 : l'odyssée de l'espace

Icône de détail Article détaillé : 2001 : l'odyssée de l'espace.

À partir de cette époque, Kubrick travaille de plus en plus lentement, poussant de plus en plus loin son perfectionnisme et sa volonté d'expérimentation technique. Kubrick va passer cinq ans à développer son prochain film 2001 : l'odyssée de l'espace (2001: A Space Odyssey), qui, par sa beauté plastique et sa mise en scène, marque un tournant dans le cinéma mondial, en particulier en science-fiction.

Pour la rédaction du scénario, il sollicite l’écrivain Arthur C. Clarke alors au Sri Lanka et qui a écrit La Sentinelle dont le film est inspiré.

Le tournage du film, sous le titre provisoire de Voyage au-delà des étoiles, débute le 29 décembre 1965[29], dans un premier temps aux studios Shepperton, puis se poursuit aux Studios Borehamwood, plus proches de la villa où Kubrick a emménagé. MGM et Cinérama financent le film, dont le budget s’élève à six millions de dollars[30]. Pour la première fois, le cinéaste interdit le plateau de tournage à la presse. Ce qu’il fera systématiquement par la suite.

Kubrick n’est pas un partisan des films où les décors et les monstres sont en papiers mâchés ou en cartons. Il souhaite que les décors de son film soient techniquement réalisables dans le futur qu’il présente. C’est Tom Howard, lauréat de l’Oscar des meilleurs décors en 1946 pour Le voleur de Bagdad[31], qui est chargé de réaliser les décors de la savane préhistorique. Wally Veevers conçoit les vaisseaux et le bus lunaire. On construit également une centrifugeuse de 750 000 dollars. Pour les effets spéciaux, Kubrick s’entoure d’éminents collaborateurs parmi lesquels Harry Lange, ancien conseiller de la NASA, et Marvin Minsky, directeur d’un laboratoire d’intelligence artificielle[32]. Souhaitant une vision de l'espace éloignée des bandes dessinées et proche des observations scientifiques, il prend pour chef opérateur Geoffrey Unsworth, spécialisé dans la science fiction. Technicien habile, celui-ci va utiliser le format Super Panavision 70 et bénéficier du perfectionnement de nouvelles techniques (socles, grues, perches, bras articulés), permettant rotations et mouvements "aériens" de la caméra: comme si elle-même était en apesanteur. Il va également ajuster, sur les conseils et avec l'aide d'astronautes et de spécialistes dans le domaine, ses éclairages pour être conforme à la volonté très précise du cinéaste. Le tournage va nécessiter quatre mois de travail pour les acteurs, et dix-huit pour les effets spéciaux.

Pour la première fois, il décide d’incorporer de la musique classique : Le Beau Danube bleu de Johann Strauss, Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss, et György Ligeti pour la musique de la séquence de la porte stellaire.

Arthur C. Clarke écrit un roman à partir du scénario et décide de l’appeler 2001 : l’odyssée de l’espace. Kubrick choisit ce titre pour son film et fait pression auprès de l’écrivain pour qu’il retarde la sortie de son livre. La réputation de Clarke est telle que le livre pourrait occulter le film. L’écrivain accepte et décide de lui dédier son livre. Le film est un triomphe dont l’influence est gigantesque : la NASA va emprunter les noms de Jupiter, Discovery ou Ulysse pour ses futurs projets. De son côté, George Lucas, réalisateur de Star Wars, déclare après la mort de Kubrick que s’il n’avait pas fait ce film, lui n’aurait probablement pas réalisé sa saga.

Kubrick reçoit l'Oscar des meilleurs effets spéciaux, le seul et unique Oscar de sa carrière, pour la qualité de son travail. Une remarquable équipe l'a aidé dans cette tâche, mais comme Kubrick est à la fois concepteur et créateur de quasiment tous les effets spéciaux du film, c'est à lui que l'on décerne la statuette. C'est également le début de la légende que le cinéaste va volontairement se forger : celle d'un homme qui, tel un ordinateur, enregistre une incroyable quantité d'informations, devenant un expert de la mise en scène et en maîtrisant parfaitement tous les rouages.

Kubrick n'hésite pas à utiliser les dernières innovations techniques quand cela sert son œuvre : ordinateur et projection frontale pour 2001, éclairage quasi à la lumière des bougies grâce à un objectif Zeiss développé pour la NASA dans Barry Lyndon, ou encore la steadicam dans Shining.

[modifier] Orange mécanique

Icône de détail Article détaillé : Orange mécanique.

Orange mécanique est un film à la violence et à l’érotisme prémonitoire réalisé en 1971, d’après une adaptation assez fidèle par Kubrick qui travaille seul, du roman de l’écrivain britannique Anthony Burgess L'Orange mécanique (A Clockwork Orange). Le thème du double cher à Kubrick sera encore une fois développé dans ce film, avec Alex qui représente l’inconscient de l’homme, qui lutte entre le bien et le mal dans un monde qui s’effondre.

Au XXIe siècle, dans une Angleterre ou l'on ne sait plus comment enrayer l'escalade du crime, Alexandre de Large (Malcom Mac Dowell), le chef de la bande des droogs ou droogies, exerce avec sadisme une terreur aveugle sur fond de mouvement de la Symphonie n° 9 de Beethoven.

En Angleterre, le film va susciter une polémique très importante, qui sera aggravée par plusieurs faits-divers où des délinquants, portant les mêmes costumes qu' Alex, déclarent s'inspirer directement du personnage principal du film. Dans un premier temps, Kubrick ne tient pas compte de cette polémique. Les médias, frustrés par manque d’interlocuteur, se retournent vers l’auteur du livre qui se retrouve seul (ce qui va particulièrement l’irriter) à défendre un film auquel il n’a pas participé. Mais la controverse s’amplifie et, inquiété par les lettres de menaces de mort qu'il reçoit à son domicile, Kubrick oblige le studio Warner à retirer le film des écrans du Royaume-Uni.

Le film a été élu meilleur film de l’année 1972 par le New York Film Critics Circle et sera l’un des plus gros succès de la Warner Bros malgré son retrait prématuré des circuits de distribution et être resté à l'affiche durant soixante-deux semaines[23].

« Il n’y a aucun doute qu’il serait agréable de voir un peu de folie dans les films, au moins ils seraient intéressants à regarder. Chez moi la folie est très contrôlée ![33]  »

[modifier] Barry Lyndon

Icône de détail Article détaillé : Barry Lyndon.

Après trois films de science fiction, Kubrick frustré de l’abandon par la Warner Bros (à la suite de l'échec commercial du film Waterloo) de son projet sur Napoléon (avec Jack Nicholson dans le rôle de l’Empereur), réalise son premier film historique d'après le roman de William Makepeace Thackeray. La préparation du film a pris un an, Kubrick veut tourner un film à l’esthétisme proche des tableaux du XVIIIe siècle[34]. La réalisation du film demandera plus de 250 jours de tournage en Grande-Bretagne et en Allemagne. Pour retrouver les conditions de lumière de l'époque, Kubrick s'astreint à un éclairage des scènes d'intérieur quasiment à la lueur de la bougie, avec un objectif spécial développé pour la NASA. Le diaphragme de l'objectif est ouvert au maximum, mais cela limite considérablement la profondeur de champ de la scène. Kubrick utilisera également les longues focales ce qui a pour effet d'« aplatir » l'image et recréer ainsi l'image d'un tableau.

Au XVIIIe siècle, l’histoire commence au début de la guerre de Sept Ans (1756-1763), un jeune intriguant irlandais sans le sou, Redmond Barry (Ryan O'Neal) et de son ascension à sa déchéance, dans la fastueuse société anglaise après son mariage avec une riche Lady (Marisa Berenson), qui lui apporte une fortune considérable et un fils.

Si Barry Lyndon film à la réalisation longue et minutieuse est salué comme un film d'une grande beauté visuelle, en particulier les scènes éclairées à la bougie, c'est un échec commercial dans le monde entier sauf en France.

Les critiques seront sévères envers le film, jugé trop long, trop lent, et ennuyeux[23]. Le film décroche pourtant quatre Oscar : meilleure direction artistique et décors, meilleure photographie, meilleurs costumes, meilleur arrangement musical. Pour la musique, Kubrick emploie des œuvres de Bach, Mozart, Vivaldi, Haendel et surtout Schubert (avec le deuxième mouvement du deuxième trio), bien que ces compositeurs ne soient pas tous du XVIIIe siècle. La mort du fils de Barry Lyndon qui tombe de cheval a été rajoutée lors de l'écriture du scénario : cette scène clé amorcera la déchéance de Barry Lyndon père.

A la fin du tournage, Kubrick et Ryan O'Neal seront définitivement fachés.

Dans l'œuvre de Kubrick, ce n'est pas la musique qui sert le film, mais le film qui sert la musique[35].

[modifier] Shining

Icône de détail Article détaillé : Shining (film).

Après l'échec commercial de Barry Lyndon, Kubrick entreprend l'adaptation du roman éponyme The Shining de Stephen King, et réalise Shining, film d’horreur comme l'Exorciste et Halloween. Le film est moins risqué financièrement, l'adaptation au cinéma d'un best-seller de S. King étant un gage de quasi-succès. Plus que tout autre film, Shining va consolider sa réputation de « mégalomane perfectionniste[36] ». Une fois encore Kubrick et Diane Johnson co-sénariste vont modifier l’histoire du livre[37], Stephen King extrêmement mécontent, refuse d’apparaître au générique final du film[38].

Jack Torrance (Jack Nicholson), ex-professeur qui se voudrait écrivain, accepte le poste de gardien de l'hôtel Overlook isolé dans les montagnes rocheuses et fermé pour l'hiver. Il s'installe dans cet endroit coupé du monde, avec sa femme Wendy (Shelley Duvall) et son fils Danny (Danny Lloyd), qui possède un don de médium, le Shining. Progressivement, (la notion de temps disparaît complètement dans le film), Jack devient schizophrène (symbolisé par les sœurs jumelles), puis glisse doucement vers la folie (symbolisé par les visions de Jack) et la mort.

Le film sera tourné aux USA pour les extérieurs, à l'hôtel Timberline sur le mont Hood dans l'Oregon, et aux studio Pinewood et Elstree en Angleterre pour les intérieurs. Pour les scènes les plus complexes à filmer : la bagarre dans l'escalier, la marche dans le labyrinthe (équivalente à la marche ininterrompue du colonel Dax dans les tranchées du film les sentiers de la gloire), la voiture de Danny qui parcourt à toute vitesse les étages de l’hôtel, Kubrick utilise une nouvelle caméra : la steadicam. Cette caméra avait déjà été utilisée dans les scènes de travelling sur les films Rocky et Marathon man. Pour Shining une version améliorée fut utilisée, l'opérateur pouvait raser les murs et coller au plus près du sol. Les différents décors de l'hôtel étaient contigües, ce qui a permis à Garret Brown de filmer l'hôtel en continu.

Le tournage sur plus de 1 an, fut particulièrement difficile pour Shelley Duvall. Alors que Kubrick laissait une certaine latitude dans l’interprétation à Jack Nicholson, Shelley Duval devait répéter de 40 à 50 fois la même scène filmée en vidéo par le réalisateur[23]. Plus tard Shelley Duval dira "Ce fut une expérience formidable, mais si cela était à refaire, je n'accepterais pas le rôle..."[23].

La photo finale qui termine le film, semblable à la fin quelque peu mystérieuse et ambiguë de 2001 : l'odyssée de l'espace, a engendré plusieurs interprétations par les fervents de Kubrick : selon la première, Jack Torrance, absorbé par l'hôtel, y deviendra un revenant de plus. Selon une autre, Jack a fréquenté l'hôtel hanté par les fantômes dans une vie antérieure, en 1921 ; Kubrick lui-même n'a jamais donné une réponse définitive, préférant laisser le choix aux spectateurs de décider par eux-mêmes.

Kubrick considère ce film comme son œuvre la plus personnelle[39].

[modifier] Full Metal Jacket

Icône de détail Article détaillé : Full Metal Jacket.

Kubrick, veut tourner un vrai film de guerre, mais pas un film comme Apocalypse Now ou Voyage au bout de l'enfer ou la parodie de Docteur Folamour ou le film antimilitariste les Sentiers de la gloire. La symbolique du film sera proche de celle d’Orange Mécanique ou le héros, intellectuellement supérieur à ses camarades, doit lutter entre le bien et le mal dans un monde en guerre. Le personnage central du film, le soldat « Guignol » (Matthew Modine) va petit à petit perdre son âme aux États-Unis, symbolisé par l’agression de son « protégé » le soldat « Baleine » (Vincent D'Onofrio) et au Viêt Nam par l’exécution sans pitié d'une prisonnière vietnamienne.

Kubrick va détourner l’esprit du livre pour mieux imposer sa propre vision de la guerre, et de l’âme humaine, au grand mécontentement de l’écrivain Gustav Hasford. Mais son nom sera tout de même présent au générique final comme coscénariste.

La première partie du film suit l'entraînement et la formation d'un groupe de jeunes recrues américaines dans un camp de marines à Parris Island, aux États-Unis en 1968, pendant la guerre du Viêt Nam. La deuxième partie du film se déroule au Viêt Nam et montre le baptême du feu des marines à Da-Nang puis la sanglante bataille du Têt dans la province de Hué.

Le film est entièrement tourné en banlieue de Londres, quelques plantes « exotiques » servent de décors d’arrière-plan, les scènes de combat sont tournées dans une usine désaffectée, l’île de Parris Island a été recréée dans une ancienne base militaire britannique. Kubrick utilisera plusieurs fois l’élargissement de champ pour modifier l’interprétation du spectateur lorsqu’il voit la scène de près puis de loin. Le tournage du film sera interrompu pendant quatre mois suite à l'accident de voiture de Lee Ermey conseiller technique en sa qualité d'ancien instructeur du Corps de marine des États-Unis et acteur principal de la première partie du film.

Le film sera un succès commercial, mais au fil des semaines le film sera éclipsé par la sortie du film de Oliver Stone, Platoon. Ermey obtiendra un Golden Globe Award du meilleur acteur.

[modifier] Eyes Wide Shut

Icône de détail Article détaillé : Eyes Wide Shut.

Plus de sept ans après la sortie de son dernier film, Stanley Kubrick se lance dans l'adaptation du roman la Nouvelle rêvée de l'écrivain autrichien Arthur Schnitzler. Le scénario, sera une très fidèle adaptation du livre.

Après une confidence de sa femme (Nicole Kidman), laquelle a failli céder à la tentation d'un autre homme, le docteur Harford (Tom Cruise) obsédé par cette révélation, se perd dans la nuit new-yorkaise à la recherche de ses propres fantasmes. Un voyage entre le réel et l'imaginaire.

Dans ce film on retrouve encore une fois ce qui a toujours fasciné Kubrick ; le thème du double qui envahit tout et la perte d'identité : « nos pulsions les plus intimes, derrière les apparences ». Le tournage dure quinze mois de novembre 1996 à janvier 1998 et va bloquer la carrière de Tom Cruise pendant trois ans (deux ans de tournage, la sortie du film Mission Impossible sera retardée d'un an).

Comme à son habitude, le soir venu, Kubrick visionne sur vidéo les scènes tournées dans la journée et modifie au jour le jour le scénario en fonction des performances des acteurs. Après 6 mois de tournage, l'acteur Harvey Keitel claque la porte et sera remplacé au pied levé par Sidney Pollack. Pour ouvrir une simple porte et faire son entrée dans une pièce, Tom Cruise doit répéter la scène plusieurs dizaine de fois.

Ce film est sorti en salle en juillet 1999, 4 mois après la mort de Kubrick.

[modifier] Projets inachevés

Parmi les projets inachevés de Stanley Kubrick, on peut citer, un film sur Napoléon Bonaparte, abandonné à la demande des producteurs : un projet monumental (fruit de trente années de travail de bénédictin) qui échoue en 1969 pour des raisons techniques, financières et d'organisation. Ou encore Aryan Papers, un film abandonné pour ne pas concurrencer La Liste de Schindler de son ami Steven Spielberg dont le sujet est similaire, et A.I. Intelligence artificielle, d'après Brian Aldiss, qu'il confie à Spielberg.

[modifier] Son caractère

D'un caractère réservé, voire timide[40], une fois installé derrière sa caméra Kubrick devenait un autre homme : il contrôlait le monde[41]. Malgré cela il imposait le respect, imperturbable, très créatif, il finissait toujours par obtenir ce qu'il voulait[42]. Son perfectionnisme lui vaut une renommée d'homme dur, coléreux et mégalomane. On fait état de scènes recommencées près d'une centaine de fois, d'une dispute violente avec Shelley Duvall (héroïne de Shining) dans le seul but de la mettre dans un état émotionnel intense, tout comme d'une équipe technique tenant une grande bâche des heures durant sous la pluie pour ne pas interrompre un tournage.

Stanley Kubrick devient un personnage mythique, vu comme un génie paranoïaque avec une vision très pessimiste sur la nature humaine, ne sortant de sa maison ultra-protégée, une sorte de forteresse infranchissable, ceinte de 80 hectares de bois et protégée par d'imposants grillages que pour tourner ses films. Isolé dans son château anglais, Kubrick n'en est pourtant pas coupé du reste du monde. Ses archives sont monumentales, quand il prépare un film, Kubrick dort le jour et travaille la nuit (décalage horaire avec Los-Angeles oblige).

Kubrick a toujours été réticent à s'entretenir sur ses œuvres, par crainte que celles-ci en soient appauvries. Les documentaires tournés sur Kubrick, le seront par sa fille Vivian, pendant le tournage du film Shining : The Making of the Shining (1980) et par son beaux-frère Jan Harlan Stanley Kubrick une vie en image (2000).

Lors de la présentation à la presse dans la ville belge de Gand, le 4 octobre 2006, de la prestigieuse exposition consacrée à l'homme et à son œuvre, sa veuve Christiane déclare : « C'est une légende créée de toutes pièces par la presse. »

[modifier] Hommages

[modifier] Orson Welles

Orson Welles a déclaré, en 1963 : « Parmi la jeune génération, Kubrick me paraît un géant »[43]. Welles est né en 1915 et Kubrick en 1928 mais les deux artistes ont de nombreux points communs. Tous deux ont réalisé des films profondément originaux, et presque le même nombre (13 films pour Kubrick, 15 pour Welles). Ils se sont essayés au film de genre, et ont vécu en Europe, à la différence près que Kubrick s'est volontairement exilé en Angleterre pour travailler en paix, alors que Welles y fut contraint par la force des choses ; il avait besoin de décrocher des rôles pour financer ses films.

Tous deux n'ont pu mener à terme certains projets : Don Quichotte et It's all true, que Welles a réalisés, n'ont jamais vus le jour de la main de leur auteur, tout comme Kubrick qui dut renoncer à réaliser un film sur Napoléon et un autre, au début des années 1990, sur l'Holocauste.

Citizen Kane, était l'un des films favoris de Kubrick.

[modifier] Steven Spielberg

Steven Spielberg dira : « Kubrick était terriblement incompris et perçu comme un reclus parce qu'il fuyait la presse. Mais il était capable de décrocher son téléphone et téléphoner à un parfait inconnu pour lui dire combien il avait été impressionné par son film. Pour ceux d'entre nous qui l'ont connu, c'était un ours en peluche, gentil et passionné. »

[modifier] Les critiques

Les critiques sur ses films sont divisées, une partie ne lui fait pas de cadeau et plus particulièrement Pauline Kael (des films qui n'ont pas d'âme) [44] ou Arthur Schlesinger JR. tandis que l'autre l'admire.

Une histoire qui se déroule dans un monde (intérieur ou extérieur) au bord de l'effondrement, compensée par une composition très symétrique, très ordonné des plans et du cadrage. L'apparence, la double personnalité, les thèmes fétiches de Kubrick et que l'on retrouve dans tous ses films. En 50 ans de carrière, Kubrick va filmer ce combat intérieur, sous une perspective différente. Quatre films de guerre, deux policiers, un film d'horreur, deux films de science fiction, deux fresque historique, deux films "érotique"[45]

Les dialogues de ses films sont très court... L'histoire est principalement racontée à travers les images et la bande son pour susciter des émotions. « Quand vous dites les choses directement, elles ont moins de poids que si vous laissez les gens les découvrir par eux-mêmes.»[46]

En 50 ans de carrière seulement 13 films... Viviane Kubrick dira: « Stanley était très triste d'avoir réalisé si peu de films, mais il avait un regret dans sa vie c'était d'être si lent. »[47]

[modifier] Kubrick personnage de cinéma

Kubrick personnage mythique du cinéma, devait fatalement devenir lui-même personnage de film. On peut voir "Stanley Kubrick" dans les films suivants :

Trois mois avant le décès du cinéaste, un certain Stanley Kubrick, demeurant à Harrow, décède d'une crise cardiaque dans son petit appartement. Il s'agit d'un imposteur, Alan Conway, qui, pendant des années, se fit passer pour le cinéaste et tira ainsi profit de dizaines de personnes plus ou moins connues. Il semblerait que l'idée ait fasciné Kubrick lui-même. Un film avec John Malkovich retrace d'ailleurs l'histoire de cet homme : Appelez-moi Kubrick.

Suite à un ennui de santé du chef-opérateur Claude Renoir sur le tournage du film L'espion qui m'aimait, et à la demande de son ami le chef décorateur Ken Adam (Barry Lindon, et Dr Folamour), Stanley Kubrick accepte à la condition expresse que sa contribution reste secrète, de superviser l'éclairage de la scène d'intérieur du supertanker[48].

[modifier] Box-office

Film Bénéfices en $ [49] [50] Budget en $ Date
Spartacus États-Unis États-Unis : 30 000 000
Monde : 30 000 000
12 000 000 1960
Lolita Monde : 3 700 000 2 000 000 1962
Docteur Folamour États-Unis États-Unis : 9 164 370
Monde : 12 000 000
1 800 000 1964
2001: l'odyssée de l'espace États-Unis États-Unis : 56 954 992
Monde : 120 000 000
10 500 000 1968
Orange Mécanique Monde : 26 589 355 2 200 000 1971
Barry Lyndon Monde : 20 000 000 11 000 000 1975
Shining Monde : 44 017 374 19 000 000 1980
Full Metal Jacket Monde : 46 357 676 30 000 000 1987
Eyes Wide Shut États-Unis États-Unis : 55 691 208
Monde : 106 400 000
65 000 000 1999

[modifier] Succès au box-office en France

Titre Année Nb. entrées
Orange mécanique 1972 7 602 805
Spartacus 1960 3 525 328
Barry Lyndon 1976 3 475 185
2001 l'odyssée de l'espace 1968 3 256 884
Shining 1980 2 359 705
Full Metal Jacket 1987 2 321 742
Eyes Wide Shut 1999 1 660 789

[modifier] Filmographie

Année Titre français Titre original
(si différent)
Récompense Nomination Rôle
1951 Day of the Fight Réalisation, scénario
Flying Padre Réalisation, scénario
1953 The Seafarers Réalisation, scénario
Fear and desire Réalisation
1955 Le Baiser du tueur Killer's Kiss Réalisation
1956 L'Ultime razzia The Killing Nomination au BAFTA Réalisation
1957 Les Sentiers de la gloire Paths of Glory Nomination au BAFTA
1960 Spartacus Réalisation
1962 Lolita
1964 Docteur Folamour Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb
1968 2001 : l'odyssée de l'espace 2001: A Space Odyssey
1971 Orange mécanique A Clockwork Orange
1975 Barry Lyndon
1980 Shining The Shining
1987 Full Metal Jacket
1999 Eyes Wide Shut
Scénaristes

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[modifier] Notes et références

  1. Stanley Kubrick a toujours été réticent à s'entretenir sur ses œuvres, laissant au spectateur la liberté de formuler sa propre interprétation. Les deux principaux livres auxquels il a participé activement avec Michel Ciment et Alexander Walker sont consacrés au récit (image et son) et à la symbolique de ses films. L’article qui suit reprend cette trame.
  2. Avez-vous reçu une éducation religieuse ?
    Non, pas du tout.
    Kubrick par Michel Ciment Calmamnn Lévy 1980
  3. Son père est né aux États-Unis d'une mère roumaine et d'un père austro-hongrois
  4. J'étais un bon joueur, je jouais au début des années 1950 aux clubs Marshall et Manhattan à New York
    Kubrick par Michel Ciment, Calmamnn Lévy 1980
  5. Quel genre de photographies faisiez-vous à Look ?
    De simples photos de reportage à la lumière naturelle
    Kubrick par Michel Ciment Calmamnn Lévy 1980
  6. Stanley Kubrick, Drames et Ombres, les premières photos de Kubrick entre 1945 et 1950 pour le magazine Look
  7. Revue Cinéma de 1963.
  8. Jean-Luc Godard par Jean-Luc Godard Tome 1, page 250. Éditions Cahiers du cinéma
  9. http://video.google.com/videoplay?docid=-16820179242402842&hl=fr La vidéo du documentaire
  10. abc Stanley Kubrick, a life in Pictures
  11. Jean-Luc Godard par Jean-Luc Godard Tome 1, pages 121-122. Éditions Cahiers du cinéma
  12. Stanley Kubrick, Marcello Walter Bruno, éd. Gremèse, 2001, p. 10
  13. Martin Scorsese documentaire "Stanley Kubrick une vie en image" réalisé par Jan Harlan en 2000
  14. Stanley Kubrick, Marcello Walter Bruno, éd. Gremèse, 2001, p. 211
  15. Stanley Kubrick, Marcello Walter Bruno, éd. Gremèse, 2001, p. 11
  16. Stanley Kubrick, Une vie en instantanés, par Christiane Kubrick, préface de Steven Spielberg
  17. Dans Spartacus, j'ai essayé de rendre l'histoire aussi authentique que possible. Je devais lutter principalement contre un scénario bête.
    Kubrick, M. Ciment, 1980
  18. Je n'étais qu'un employé. Kubrick, Michel Ciment, 1980
  19. Le cinéma de Stanley Kubrick, par Norman Kagan, l'Age d'homme, 1979
  20. Pour bénéficier du plan EADI, le réalisateur doit tourner son film sur le sol anglais avec des techniciens et des acteurs britanniques.
  21. Stanley Kubrick, de Michel Ciment
  22. The autorized Stanley Kubrick Web Site
  23. abcde Stanley Kubrick une vie en image documentaire de Jan Harlan, 2000
  24. Stanley Kubrick. P14. Marcello Walter Bruno, Ed Gremese
  25. Stanley Kubrick. P15. Marcello Walter Bruno, Ed Gremese
  26. Stanley Kubrick. P15. Marcello Walter Bruno, Ed Gremese
  27. DVD Docteur Folamour
  28. DVD Docteur Folamour
  29. Page 17 Marcelle Bruno Walter
  30. Marcelle Bruno Walter
  31. Page 18 Marcelle Bruno Walter
  32. Page 18 Marcelle Bruno Walter
  33. Michel Ciment, Kubrick, Calmann-Lévy, Paris, édition de 1980. page 151
  34. Stanley voulait que ce soit d'une certaine façon un documentaire sur le XVIIIe siècle, Ken Adam, Kubrick M. Ciment 1980
  35. Antoine Pecqueur, Les écrans sonores de Kubrick
  36. Collectif, L'Amour du cinéma : 50 ans de la revue Positif (Poche) Analyse du film Shining
  37. Dans le livre, l'hôtel maléfique, disparait après l'explosion de la chaudière, dans le film seul Jack meurt.
  38. Plus tard, Stephen King va cosigner le scénario du livre pour la télévision, un téléfilm en deux parties. Le film terminé, Stephen King, magnanime, trouvera le film de Kubrick « pas si mal que ça ».
  39. Michel Ciment, Kubrick, Calmamnn Lévy, 1980.
  40. Il rasait les murs quand il croisait quelqu'un dans un couloir. A. Walker "Stanley and Us"
  41. P. Duncan Stanley Kubrick Filmographie
  42. V. Lobrutto Stanley Kubrick 1998
  43. Stanley Kubrick, de Michel Ciment. Page 42
  44. The Kubrick Site: Pauline Kael on 'A Clockwork Orange'
  45. Stanley Kubrick, Paul Duncan, Taschen 2003
  46. Stanley Kubrick, Paul Duncan, Taschen 2003
  47. ibid et Kubrick's Grandest Gamble: Barry Lindon, 1975, Duffy
  48. Contribution dévoilée dans le making Of du DVD en édition spéciale "L'espion qui m'aimait"
  49. The Numbers - Movie Box Office Data, Film Stars, Idle Speculation
  50. Box Office Mojo

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

Sauf indication contraire, les références ci-dessous sont en français.

  • Jean-Michel Bertrand, 2001, l'odyssée de l'espace : puissance de l'énigme, Paris, L'Harmattan, 2005. ISBN 2-7475-9613-3
  • Michel Chion, Stanley Kubrick, l'humain, ni plus ni moins, Cahiers du Cinéma, Coll. Auteurs, Paris, 2005. ISBN 2-86642-392-5
  • Michel Ciment (dossier réuni par), Stanley Kubrick, les yeux grands ouverts, Positif, n° 439, septembre 1997, p. 66-102.
  • Michel Ciment, Kubrick, Calmann-Lévy, Paris, édition de 1980.
  • Michel Ciment, Kubrick, Calmann-Lévy, Paris, 2004. ISBN 2-7021-3518-8. Préface de Martin Scorsese
  • Collectif, L'Amour du cinéma : 50 ans de la revue Positif (Poche) Analyse du film Shining
  • Stanley Kubrick, Drames et Ombres, les premières photos de Kubrick entre 1945 et 1950 pour le magazine Look.
  • Ivan A. Alexandre, Stanley Kubrick, l'Écran symphonique, Diapason, n°462, septembre 1999.
  • Antoine Pecqueur, Les écrans sonores de Kubrick, Éditions!
  • Christiane Kubrick, Stanley Kubrick une vie en instantanés, préface de Steven Spielberg, Cahiers du Cinéma, 2002
  • "Bonjour Monsieur Kubrick" Raymond Haine Cahiers du cinéma, N°73, juillet 1957.
  • "Stanley Kubrick Filmographie" Paul Duncan, Taschen, 2003.
  • (en) "Stanley Kubrick", Vincent Lobrutto, Faber & Faber, 1998.
  • (en) Alison Castle, Stanley Kubrick Archives, Taschen, 2005.
  • (en) Tom Milne, How I Learned Stop Worrying and Love Stanley Kubrick, Sight and Sound, printemps 1964, p. 68-72.

[modifier] Liens et documents externes

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