Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale
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En juin 1941, après une brève période de neutralité théorique sous le règne de Charles II (ou Carol II), la Roumanie se joint aux Forces de l'Axe sous la dictature de Ion Antonescu. À partir de juin 1941, plusieurs centaines de milliers d'hommes combattent en URSS aux côtés des Allemands. Plusieurs centaines de milliers de Juifs périssent à la suite d'acte de barbarie dont la responsabilité incombe directement à l'État roumain. En août 1944 le fils du roi Charles, Michel Ier dépose Antonescu par un coup d'état et range la Roumanie aux côtés des Alliés. Malgré ce repositionnement du côté des vainqueurs, la Grande Roumanie ne survit pas à la guerre. La Roumanie perd des territoires au profit de la Bulgarie et de l'Union soviétique.
[modifier] L'entrée en guerre
La Roumanie est un État relativement récent, créé au cours du XIXe siècle à partir de la Valachie et de la Moldavie que se disputaient plus ou moins l'Empire ottoman et la Russie. Le premier roi Charles Ier de Roumanie) est issu d'une grande famille des Hohenzollern-Sigmaringen, reconnue par les puissances européennes. (Voir Histoire de la Roumanie). En 1913, la Roumanie s'agrandit avec la Dobroudja et, au sur le « Quadrilatère » (en roumain Cadrilater). Lors de la Première Guerre mondiale, la Roumanie reste d'abord neutre et se range ensuite aux côtés des « Alliés » contre la promesse d'obtenir la Transylvanie, mais, isolée, la Roumanie doit signer le traité de Bucarest qui la contraignent à accepter l'occupation d'une partie du pays par les Empires centraux.
À la suite de la défaite des Empires centraux, en 1918, la Roumanie se retrouve dans le camp des vainqueurs. Puis à la suite des traités de Saint-Germain-en-Laye, en 1919, et de Trianon, en 1920, la Bucovine, la Transylvanie, la Bessarabie, la moitié orientale du Banat ainsi que divers territoires de la Hongrie orientale sont rattachées à ce qu'on appelle la Grande Roumanie, dont la population est de 18 millions d'habitants contre 8 millions avant-guerre.
Après la guerre, l'exploitation du pétrole et un début d'industrialisation, la situation économique de la Roumanie est relativement florissante, ce qui n'empêche pas, à partir de 1922, la montée d'un mouvement nationaliste antisémite, la Garde de fer dirigée par Corneliu Zelea Codreanu puis par Horia Sima.
La Roumanie essaye de maintenir un certain équilibre entre l'Allemagne dont l'influence dans la région ne cesse de progresser après l'Anschluss de mars 1938. Elle signe un accord avec l'Allemagne nazie en mars 1939 qui garantissent à cette dernière la livraison du pétrole roumain, mais elle ne participe pas au dépeçage de la Tchécoslovaquie, ce qui lui vaut, le 13 avril 1939, la signature d'un accord par lequel la France et la Grande-Bretagne garantissent son indépendance [1].
Quelques mois plus tard, l'Allemagne nazie et l'URSS signent le Pacte germano-soviétique dont une disposition secrète souligne l'intérêt soviétique vis-à-vis de la Bessarabie qui avait été une possession de la Russie tsariste de 1812 à 1918.
Huit jours après la signature du Pacte, les Allemands envahissent la Pologne. Officiellement, la Roumanie reste neutre et garantit même le droit d'asile aux membres du gouvernement en fuite. Le 21 septembre, le premier ministre Armand Călinescu qui avait décapité en mai 1939 la Garde de fer en arrêtant plusieurs de ses dirigeants, est assassiné par des membres de la Garde aux ordres de Horia Sima. Armand Călinescu était soupçonné de vouloir faire une alliance avec l'Angleterre. Le roi Charles II s'efforce de maintenir encore la neutralité pendant quelques mois, mais la défaite militaire de la France et de la Grande-Bretagne rendent très théoriques les assurances que ces deux pays avaient faites à la Roumanie.
L'URSS lance un Ultimatum à la Roumanie le 26 juin 1940. L'ambassadeur allemand conseille au roi Charles d'obtempérer [2], et en juillet, elle occupe la Bessarabie. Les deux tiers de la Bessarabie et une parcelle de territoires appartenant déjà à l'URSS forment alors la République socialiste soviétique de Moldavie. Le reste de la Bessarabie, à savoir la Bukovine du Nord et le Budjak) sont incorporés à l'Ukraine.
Peu de temps après, le 30 août, à l'occasion du Deuxième arbitrage de Vienne, l'Allemagne et l'Italie imposent à la Roumanie de céder à la Hongrie la Transylvanie du Nord. Le 7 septembre, la Roumanie signe les Accords de Craiova avec la Bulgarie à qui elle cède le sud de la Dobroudja, devenue roumaine à l'issue de la Deuxième guerre balkanique, en 1913. Contrairement à l'arbitrage de Vienne, ces accords avec la Bulgarie ne sont pas signés sous la pression allemande. Que tant de pertes territoriales aient été consenties sans tirer un seul coup de feu a certainement flétri le prestige du roi Charles II.
Le gouvernement de Ion Gigurtu qui avait été constitué le 4 juillet 1940, était le premier à faire une place à un ministre de la Garde de Fer. Il s'agit d'Horia Sima, qui a repris le leadership du mouvement après la mort de Codreanu.
[modifier] Antonescu au pouvoir
Après la perte de la Transylvanie du nord, la Garde de Fer de Horia Sima et le général Ion Antonescu s'unissent pour prendre le pouvoir, forcer le roi Charles II à abdiquer au profit de son fils de 19 ans Michel Ier (Mihai) et gouverner ce qu'ils appellent l’État national légionnaire qui va inéluctablement pencher du coté de forces de l'Axe.
Une fois au pouvoir, la Garde de Fer renforce la législation antisémite et met également en place une autre législation dirigée contre les commerçants et hommes d'affaires grecs et arméniens qui sera surtout appliquée de façon à ce que les gens en place puissent continuer à toucher des pots-de-vin. Le 8 octobre 1940, prétextant une demande de la Roumanie, les troupes allemandes franchissent la frontière roumaine. De fait, pas un seul coup de feu ne sera tiré et quelques semaines plus tard, en novembre 1940, la Roumanie rejoint les Forces de l'Axe. Quant aux effectifs de la Wehrmacht stationnés en Roumanie, ils seront bientôt plus de 500 000, qui contrôlent le pétrole de Roumanie et à pied d'œuvre pour attaquer l'URSS [2].
Antonescu est maintenu à son poste, et pour être en mesure de reconquérir la Bessarabie, il accepte d'engager son pays plus avant dans la collaboration avec le Reich. Mais avant d'entrer en guerre contre l'URSS en juin 1941 aux cotés de l'Allemagne, c'est le temps des règlements de compte entre Roumains. La Garde de Fer est toujours la faction dominante. Le 27 novembre 1940, plus de 60 anciens dignitaires et dirigeants sont exécutés par les légionnaires à la prison Jilava pour se venger de l'assassinat de Codreanu 2 ans auparavant. Parmi les victimes, l'historien et ancien premier ministre Nicolae Iorga et l'économiste Virgil Madgearu, ancien ministre.
La cohabitation entre la Garde de Fer et Antonescu n'est pas toujours facile. Après les évènements du 27 novembre, la police des légionnaires avait été dissoute et les assassins de Jorga avaient été exécutés. Le 20 janvier 1941, la Garde de Fer tente de s'emparer du pouvoir par un coup d'état doublé d'un Pogrom à Bucarest, mais Antonescu résiste, et au bout de quatre jours, la Garde est contrainte de quitter le gouvernement. Sima et beaucoup d'autres légionnaires trouvent l'asile en Allemagne alors que d'autres sont emprisonnés. En mars, Antonescu se fait plébisciter et obtient 2 millions de oui contre 3360 non[3]. Les syndicats ont été interdits à la fin de l'année 1940.
Le président du conseil par intérim s'appelle aussi Antonescu, son prénom est Mihai. Lorsqu'on parle du régime d'Antonescu, on fait à la fois référence à Ion et à Mihai.
[modifier] La guerre sur le front Est
Le 22 juin 1941, l'Allemagne attaque l'URSS sur un large front. Le nom de code de cette offensive est "opération Barbarossa". Dans cette offensive, la Roumanie est aux côtés de l'Allemagne. Au total, 473 000 soldats roumains sont engagés [3] au sein de la troisième et de la quatrième armée roumaine. Parmi les forces de l'Axe, il s'agit du contingent le plus fourni, après celui de l'Allemagne, bien entendu. Les troupes roumaines traversent la Prout et, aux côtés des Allemands, récupèrent la Bessarabie et prennent Odessa et Sébastopol [2]. Les Roumains prennent une part essentielle dans le siège d'Odessa qui se termine le 14 octobre 1941 par l'évacuation de la ville par l'Armée rouge.
La Roumanie annexe les terres soviétiques immédiatement à l'est du Dniestr, c'est-à-dire à l'est de la Moldavie, une région appelée la Transnistrie, et après la bataille d'Odessa, la ville d'Odessa est à son tour annexée. Les armées roumaines s'enfoncent plus profondément en URSS au cours des années 1941 et 1942 avant de subir aux côtés des Allemands, le désastre de la Bataille de Stalingrad. En novembre 1942, le général roumain le plus important de la période, Petre Dumitrescu, commandant de la Troisième Armée roumaine bénéficie un moment de la mise à disposition par les Allemands de leur sixième armée pour lui permettre de résister à une offensive soviétique. Le gouvernement Antonescu considérait comme inévitable une guerre avec la Hongrie au sujet de la Transylvanie, mais en février 1943, l'armée roumaine est décimée à Stalingrad et doit se mettre en retraite aux côtés de son allié allemand [2].
[modifier] Le bombardement de la Roumanie
Tout au long des années Antonescu, la Roumanie avait été le fournisseur de l'Allemagne nazie et des armées de l'Axe en matière de pétrole, de céréales et de produits manufacturés. C'est la raison pour laquelle elle devient à partir de 1943 la cible de bombardements aériens de la part des alliés. D'après Geoffrey Regan [4], l'opération Tidal Wave (Raz-de-Marée), en août 1943 est l'une des plus importante jamais menée par l'USAAF, ancêtre de l'US Air Force : le premier août 1943, 178 bombardiers B-24 Liberators décollent de Benghazi en Libye pour effectuer une rotation de 3800 kilomètres et attaquer les raffineries construites près des champs de pétrole de Ploieşti. Les Allemands ayant réussi depuis plusieurs semaines à intercepter et à décoder des messages relatifs à cette opération, les bombardiers ont à faire face à une riposte vigoureuse de la part de la Luftwaffe et seuls 88 bombardiers peuvent regagner leur base. Les dégâts causés peuvent être réparés rapidement et la production pétrolière retrouve en quelques semaines son niveau antérieur.
Il faudra attendre 1944 pour que des bombardements massifs menés à partir de l'Italie endommagent sérieusement le complexe pétrolier roumain. Bucarest, également, est sévèrement bombardé les 14 et 15 avril 1944 à la fois par l'USAAF et le Royal Air Force.
[modifier] Relations avec les Allemands
Antonescu avait rendu visite à Hitler dés le 22 novembre 1940, après son accession au pouvoir. Hitler l'avait alors informé de ses intentions vis-à-vis de l'URSS, ce qui explique l'état de préparation des troupes roumaines lors de l'opération Barbarossa. Lors d'une visite à Hitler, le 12 juin 1941, Antonescu avait déclaré qu'il pouvait toujours compter sur l'appui de la Roumanie lorsqu'il s'agirait d'une attaque contre les Slaves. Ceci n'exprimait pas les sentiments de l'ensemble de la population, mais certainement celle des groupements fascistes comme la Garde de Fer. Il faut également prendre en compte la minorité allemande de Transylvanie, relativement riche et assez bien organisée pour exercer une influence notable et qui était naturellement favorable à la position dominante de l'Allemagne en Europe [5]
Les Allemands s'étaient rendus propriétaires des parts que le gouvernement français détenait dans l'industrie pétrolière. C'était un moyen que le gouvernement de Vichy avait de payer sa dette de guerre. Comme le note Werner Rings: "Pour dire les choses crûment, le butin était employé comme moyen de paiement" [6]. La plupart des produits livrés à l'Allemagne n'ont reçu aucune compensation financière. Il s'ensuit une inflation spectaculaire [2].
L'ambassadeur allemand à Bucarest est Manfred Von Killinger et le représentant du RSHA est Gustav Richter.
[modifier] Persécution et extermination des Juifs en Roumanie
[modifier] Vue d'ensemble
En décembre 1930, un recensement dénombrait 756 930 Juifs. Parmi eux, 420 000 habitent des régions qui sont cédés en 1940 à l'URSS, à la Hongrie ou à la Bulgarie, alors que 329 000 habitent des régions qui sont conservées par la Roumanie à cette date [7].
La Roumanie présente le cas particulier d'un pays où l'État s'est impliqué directement, aux côtés des Allemands, dans des massacres particulièrement barbares et dans l'organisation de camps de concentration, provoquant la destruction de la moitié de la population juive d'avant-guerre et où le même État se désolidarise finalement du projet d'extermination nazi et refuse dés 1942 de participer à la déportation des Juifs roumains vers les camps d'extermination allemands, ce qui explique que la moitié de la population juive a survécu à la période de la guerre. D'après la Commission Wiesel [8], l'État roumain a tué, de différentes façons, entre 280 000 et 380 000 juifs dans la région de la Bessarabie, de la Bucovine et de la Transnistrie [9]
[modifier] Situation des juifs avant l'alliance avec l'Allemagne
Avant même que la Roumanie ne devienne officiellement alliée de l’Allemagne nazie et ne tombe dans sa sphère, les autorités roumaines mènent une politique antisémite acharnée dont les Juifs vivant dans les régions limitrophes orientales sont les principales victimes. Ils sont parfois associés au communisme soviétique, alors que les juifs de Transylvanie sont identifiés avec l’ancien régime hongrois. Des mouvements révolutionnaires sociaux de droite, comme la Garde de fer fasciste, bénéficient d'un fort soutien populaire et jouissent d'un certain soutien officiel lorsqu'ils demandent que les Juifs de Roumanie soient exclus de postes d’influence ou carrément expulsés du pays [10].
Les premières mesures d'exclusion datent de décembre 1937, alors qu'Octavian Goga est premier ministre: 120 000 Juifs perdent la nationalité roumaine. Les successeurs de Goga continuent sur la même ligne et prononcent des interdictions professionnelles qui ne touchent encore que les personnes de religion juive [11]. Le 8 août 1940, de nouvelles interdictions professionnelles ne touchent plus seulement les juifs de confession juive, mais aussi les juifs baptisés. Les mariages mixtes sont interdits. Les diverses discriminations ne s'appliquent que partiellement aux juifs dont la citoyenneté remonte avant 1918 . En automne 1940, plusieurs milliers de juifs quittent la Roumanie pour la Palestine. Les mesures d'interdictions professionnelles se durcissent encore [12].
[modifier] Le massacre des juifs dans les régions périphériques
Même après la chute de la Garde de Fer, le régime d'Antonescu, toujours allié de l'Allemagne nazie, poursuit la politique d'oppression et de massacres des juifs et, dans une moindre mesure, des Roms. Dans les régions cédées à l'URSS ou à la Hongrie : Bessarabie, Bucovine, et Transylvanie, l'entrée en guerre de la Roumanie lors de l'opération Barbarossa, en juin 1941 signifie pour la population juive le début d'une phase de persécution particulièrement féroce et meurtrière. La plupart des massacres ont été perpétrés par les troupes roumaines dans les zones de guerre, souvent en collaboration avec les Einsatzgruppen allemands, mais beaucoup de persécutions se sont également produites à l'arrière. Avant le déclenchement de Barbarossa, les Roumains avaient expulsés les juifs des zones frontalières. En fait, les juifs sont systématiquement accusés d'être du côté des soviétiques. Très peu de temps après le 22 juin, un incident impliquant des déserteurs qui avaient tiré sur l'armée déclenche le pogrom de Iaşi : 12 000 juifs sont massacrés ou enfermés dans des trains où ils meurent lentement, de soif ou de faim. A la fin du mois de juillet, les Roumains refoulent de 25 000 à 30 000 juifs de Bessarabie à l'est du Dniestr, en Transnistrie, d'où ils sont refoulés par les Allemands. Mais par la suite, les Roumains se voient octroyer la Transnistrie, et ils peuvent y envoyer 160 000 Juifs dans des conditions tellement précaires que seuls 135 000 sont encore vivants à l'arrivée [13]. La moitié des 320 000 juifs de Bessarabie, de Bukovine, et du district de Dorohoi ont été assassinés dans les mois qui ont suivi l'entrée en guerre de la Roumanie. Après les premiers massacres, ils sont encore victimes de pogroms, rassemblés dans des ghettos avant d'être envoyés en Transnistrie dans des camps de concentration. Quant aux 150 000 juifs de Transylvanie, leur sort n'est pas meilleur, 120 000 sont morts un peu plus tard entre les mains des Hongrois.
Les troupes roumaines ont une large part dans le massacre d'Odessa, en automne 1941 au cours duquel sont morts 100 000 juifs. Pendant cette période le chef de l'État, Ion Antonescu reste en relation avec Wilhelm Filderman, président de la confédération des communautés juives. Le 19 octobre 1941, il se justifie ainsi auprès de lui: "A Odessa, les Juifs avaient poussé les troupes soviétiques à une résistance inutilement prolongée, simplement pour nous infliger plus de pertes "[14].
[modifier] La situation des juifs en Roumanie centrale
En Roumanie même, la corruption se nourrit de la spoliation des juifs sous toutes ses formes. A partir de 1943 on met en place un travail forcé. 40 000 hommes sont affectés à des travaux journaliers près de leur résidence. Ils doivent se présenter le matin avec pelles et pioches et souvent, apporter leur déjeuner. 26 000 juifs peuvent acheter leur exemption [15].
Parallèlement à la politique de la Roumanie d'Antonescu de la population juive, les nazis vont exercer des pressions pour que cette politique soit conforme aux grandes lignes de la Solution finale, c'est-à-dire, clairement, à partir de 1942, l'extermination systématique des Juifs. Mais la Roumanie qui avait d'elle même massacré tant de juifs en Bessarabie, en Bucovine et en Transnistrie, fait alors preuve de réticence par une sorte de nationalisme ombrageux.
A la fin de l'année 1941, le SS Gustav Richter, et Radu Lecca, plénipotentiaire roumain pour les affaires juives avaient obtenu de Mihai Antonescu la création d'un conseil juif fantoche, le Centrala Evreilor din Romania, mais parallèlement Fiderman et la confédération continuent d'exercer leurs activités et organisent des secours pour les juifs de Transnistrie [16].
En novembre 1941, l'ambassade allemande à Bucarest obtient que la Roumanie se désintéresse du sort des juifs en Allemagne mais dans le « protektorat » de Bohême-Moravie et dans les autres pays conquis, les consuls roumains continuent d'élever des protestations et d'intervenir lorsque les juifs de nationalité roumaine sont menacés et en juillet 1942, l'ambassade roumaine à Berlin fait remarquer que les Juifs hongrois ne sont pas déportés et que la Roumanie peut difficilement accepter que ses Juifs soient plus mal traités que ceux de la Hongrie. [17].
Toujours en juillet 1942, à la grande joie d'Adolf Eichmann, chef du RSHA, les nazis semblent avoir obtenu tous les accords pour procéder à la déportation des Juifs de Roumanie dans le district de Lublin en Pologne, et en août, Radu Lecca est à Berlin pour négocier l'affaire, mais il est mal reçu et va dés lors s'employer à retarder l'opération. Peut-être aussi a-t-il été soudoyé pour cela [18].
Le caractère définitif du revirement roumain n'apparait aux Allemands qu'à partir de décembre 1942 quand ils apprennent qu'Antonescu envisage d'autoriser de 75 000 à 80 000 juifs à émigrer en Palestine moyennant une forte indemnité [19].
Contrairement aux autres pays de l'Europe du centre et de l'Est où une grande partie des juifs ont été dirigés vers les camps d'extermination, une majorité des juifs roumains survivront donc à la guerre, malgré les diverses persécutions auxquelles ils sont soumis : travail forcé, spoliation et lois d'exclusion. La commission Wiesel résume ainsi cette situation complexe: " De tous les alliés de l'Allemagne nazie, la Roumanie porte la responsabilité de la mort de plus de juifs que n'importe quel pays autre que l'Allemagne elle-même...Iasi, Odessa, Bogdanovka, Domanovka, and Peciora, par exemple comptent parmi les massacres les plus hideux commis contre les juifs au cours de la Shoah. La Roumanie a commis un génocide contre les Juifs. Le fait que des juifs aient survécu dans certaines parties de la Roumanie ne doit pas masquer cette réalité."
[modifier] La guerre sur le sol roumain
A partir de février 1943 et de la vaste contre-offensive soviétique qui débute à Stalingrad, il devient clair que le vent a tourné aux dépens des Forces de l'Axe.
En 1944, à la suite des dépenses de guerre et des bombardements alliés, l'économie roumaine est au plus mal. Les ressentiments contre la lourdeur de l'occupation allemande vont en grandissant et sont partagés par ceux qui avaient été les plus chauds partisans de l'alliance avec l'Allemagne et de l'entrée en guerre.
En mai 1944, la bataille de Târgul Frumos se déroule déjà sur le sol roumain, mais ce n'est qu'en août 1944 que les troupes soviétiques franchissent massivement la frontière roumaine et que va avoir lieu la bataille de Roumanie.
[modifier] Le coup d’État du roi
le 23 août 1944 le roi Michel 1er réussit un coup d’État avec le soutien de politiciens de l'opposition et d'une partie de l'armée. Les Antonescu sont déposés et le roi propose à l'ambassadeur allemand Manfred von Killinger que les forces allemandes présentes sur le sol Roumain se retirent sans être inquiétées. Les Allemands tentent de retourner la situation mais les armées roumaines se mettent sous les ordres du roi pour résister aux attaques allemandes. Le roi propose alors aux alliés de mettre à leur disposition les troupes roumaines aguerries. Les réponses de l'URSS et du Royaume-Uni se font attendre jusqu'au 12 septembre, et pendant la durée des négociations, les soviétiques traitent la Roumanie en ennemi et l’Armée rouge qui progresse dans le pays pratique le pillage et le viol systématique. 140 000 soldats roumains sont faits prisonniers.
Le 10 octobre 1944, à Moscou, Churchill et Staline s'entendent sur le devenir des pays balkaniques après la chute du Troisième Reich allemand : la Roumanie, ainsi que la Bulgarie font partie de la zone d'influence soviétique, alors que la Grèce fait partie de la zone d'influence britannique [20].
L'article 18 de l'accord d’armistice du 12 septembre 1944 stipule que " Le gouvernement roumain doit se soumettre à la commission de contrôle alliée...". Et l'article 14 prévoit que des tribunaux roumains doivent juger les criminels de guerre.
C'est aux côtés de l'Armée rouge contre les Allemands que l'armée roumaine termine la guerre en se battant en Transylvanie, en Hongrie et en Tchécoslovaquie. Elle subit de lourdes pertes.
[modifier] Après la guerre
En 1947, le traité de Paris ne reconnait pas à la Roumanie le statut de "co-belligérant" La transylvanie est à nouveau reconnue comme partie intégrante de la Roumanie, mais la Bessarabie et la Bucovine du Nord sont annexées à nouveau par l'URSS. La Roumanie est ainsi diminuée de près de 60.000 km² et de 3 millions d'habitants.
Dans ce qui reste de la Roumanie, l'occupation soviétique conduit à l'abdication du roi et à la formation d'un gouvernement communiste en 1947. Les deux Antonescu ont été exécutés en 1946. L'ambassadeur allemand von Killinger s'est suicidé en 1944.
[modifier] Sources de l'article
Cet article, dans sa version de mars 2007 est en partie une traduction de l'article de la wikipedia en langue anglaise.
[modifier] Notes et références
- ↑ Robert Philippot, article "Roumanie" in Encyclopedia Universalis", édition 2002
- ↑ a b c d e Ronald D. Bachman, Romania: A Country Study. Washington: GPO for the Library of Congress, 1989. en:La Roumanie pendant la seconde guerre mondiale
- ↑ a b Quid, édition 2000
- ↑ Geoffrey Regan, The Guinness Book of Flying BlundersGuinness Books, 1996 ISBN 0-85112-607-3
- ↑ Antonin Snejdarek, Casimira Mazurowa-Château, La nouvelle Europe Centrale, Imprimerie nationale, 1986, p.41-46
- ↑ Werner Rings, Life with the ennemy, 1979, traduit en anglais 1982, ed. Weidenfeld and Nicholson, p.39
- ↑ Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, Gallimard, collection Folio, 2006, TII, p.1408
- ↑ En 2003, le président de la Roumanie Ion Iliescu a mis sur pied une commission d'enquête présidée par Elie Wiesel pour faire le jour sur l'histoire de la persécution et l'extermination des juifs sous le régime Antonescu
- ↑ en: International Commission on the Holocaust in Romania (Commission Wiesel), Final Report of the International Commission on the Holocaust in Romania,Yad Vashem (The Holocaust Martyrs' and Heroes' Remembrance Authority), 2004, [1]
- ↑ Encyclopédie multimédia de la Shoah : Roumanie
- ↑ Hilberg, TII, p.1410
- ↑ Hilberg, TII, p.1411
- ↑ Hilberg, TII, p.1439
- ↑ Hilberg, TII, p.1437
- ↑ Hilberg, TII, p.1449
- ↑ Hilberg, TII, p.1453-55
- ↑ Hilberg, TII, p.1457-58
- ↑ Hilberg, TII, p.1460-65
- ↑ Hilberg, TII, p.1468
- ↑ André Larané, Projet de partage des Balkans sur Herodote.net