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Picard - Wikipédia

Picard

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Pour les articles homonymes, voir Picard (homonymie) et Ch'ti.
  Picard
(ch'ti, ch’timi, rouchi)
 
Parlé en France, Belgique
Région Nord de la France, ouest de la Belgique romane
Nombre de locuteurs au moins 500.000 hors Belgique
Typologie SVO
Classification par famille

 -  Langues indo-européennes
    -  Langues italiques
       -  Langues romanes
          -  Langues gallo-romanes
             -  Langues d'oïl
                -  Picard

(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel et codes de langue
Officielle
en
ISO 639-1
ISO 639-2 roa
ISO/DIS
639-3
(en) pcd
type : L (langue vivante)
étendue : I (langue individuelle)
SIL PCD
Échantillon

Extrait de :
Canchon Dormoire d'Alexandre Desrousseaux - 1853
(ou : le P'tit Quinquin)

Dors, min p'tit quinquin,
Min p'tit pouchin min gros rojin,
Te m'fras du chagrin,
Si te n'dors point ch'qu'à d'main.

Ainsi l'aut' jour, eun pauv' dintelière,
In amiclotant sin p'tit garchon
Qui, d'puis tros quarts d'heure, n'faijot qu'braire,
Tâchot d'lindormir par eun' canchon.
Ell' li dijot : Min Narcisse,
D'main t'aras du pain n'épice
Du chuc à gogo
Si t'es sache et qu'te fais dodo.

Voir aussi : langue, liste de langues, code couleur

Le picard est une langue dont les origines sont communes avec celles du français ; c’est donc une langue romane. Il est parlé en France dans le Nord-Pas-de-Calais, en Picardie et en Belgique, dans l’ouest de la Communauté française de Belgique en province de Hainaut (plus précisément, à l’ouest d’une ligne Rebecq-Beaumont-Chimay).

Dans la région Picardie, on parle de picard, alors qu’on emploie plutôt les sobriquets ch’ti, ch’timi dans le Nord-Pas-de-Calais (et Rouchi dans la région de Valenciennes) même si les gens du Nord parlent entre eux simplement de patois. Mais cette dénomination peut avoir quelque chose de dévalorisant. Les linguistes emploient uniquement la désignation de picard. En effet, qu’on l’appelle patois, picard ou « ch’ti », il s’agit de la même langue, et les variétés qui sont parlées en Picardie, dans le Nord-Pas-de-Calais ou en Belgique sont assez largement intercompréhensibles.

Sommaire

[modifier] Reconnaissance

La Communauté francophone de Belgique a reconnu officiellement le picard comme langue régionale endogène à part entière, aux côtés du wallon, du gaumais (lorrain), du champenois et du francique (décret du 24 décembre 1990).

Il n’en va pas de même de la France qui n’a pas franchi ce pas, conformément à sa politique d’unité linguistique, en vertu de laquelle la Constitution française ne reconnait qu’une langue officielle, ignorant les autres. Certains rapports officiels ont pourtant reconnu le picard comme une langue à part entière, distincte du français.

On peut citer à ce sujet un extrait du rapport du Professeur Bernard Cerquiglini, directeur de l'Institut national de la langue française (branche du CNRS) au ministre de l’Éducation nationale, de la recherche et de la technologie ainsi qu’à la ministre française de la Culture et de la Communication sur les langues de la France (avril 1999) :

« L’écart n’a cessé de se creuser entre le français et les variétés de la langue d’oïl, que l’on ne saurait considérer aujourd’hui comme des « dialectes du français » ; franc-comtois, wallon, picard, normand, gallo, poitevin-saintongeais [1], bourguignon-morvandiau, lorrain doivent être retenus parmi les langues régionales de la France ; on les qualifiera dès lors de « langues d’oïl », en les rangeant dans la liste [des langues régionales de la France]. »

Le picard bénéficie néanmoins, comme toutes les autres langues de France, des actions menées par la Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France du Ministère de la Culture.

[modifier] Origine et variation dialectale

L'aire d'extension des langues d'oïl, avec au nord le Picard
L'aire d'extension des langues d'oïl, avec au nord le Picard

Le picard fait partie des langues d’oïl (comme le français) et appartient à la famille des langues gallo-romanes. C’est d’ailleurs aux langues d’oïl que l’on fait référence lorsque l’on parle d’ancien français.

On ne confondra pas le dialecte picard, tel qu’il est et a été parlé, avec ce que l’on appelle "le picard" dans l’histoire de la littérature française. Dans ce dernier cas, il s’agit d’un ensemble de variétés utilisées à l’écrit (scriptae) dans le Nord de la France dès avant l’an 1000 et bien sûr marqués par des traits dialectaux picards ; cette scripta voisinait avec d’autres variétés écrites, comme le champenois et l’anglo-normand (le Sud de la France utilisait alors un ensemble de variétés, hétérogènes elles aussi, souvent désignées comme constituant la langue d’oc, ou occitan).

Le picard est phonétiquement assez bien différencié des langues d’oïl centrales, qui donneront naissance au français ; parmi les traits les plus remarquables, on peut noter une évolution moins marquée en picard des phénomènes de palatalisation, qui frappent dans les langues d’oïl /k/ ou /g/ devant /y/ (son initial de yacht), /i/ et /e/ toniques, ainsi que devant /a/ et /ɔ/ (/o/ ouvert de porte) toniques pour l'ancien français central mais pas le picard :

  • picard keval ~ ancien français cheval (prononcé tcheval), de *kábal (latin vulgaire cáballus) : maintien du /k/ originel en picard devant /a/ et /ɔ/ toniques ;
  • picard gambe ~ ancien français jambe (prononcé djambe), de *gámbe (latin vulgaire gámba) : absence de palatalisation de /g/ en picard devant /a/ et /ɔ/ toniques ;
  • picard kief ~ ancien français chef, de *káf (latin cáput) : palatalisation moins importante du /k/ en picard ;
  • picard cherf (prononcé tcherf) ~ ancien français cerf (prononcé tserf), de *kárf (latin cérvus) : palatalisation simple en picard, palatalisation puis assibilation en ancien français.

On peut résumer ces effets de palatalisation ainsi :

  • /k/ + /y/, /i/ ou /e/ (toniques) : picard /ʧ/ (prononcé tch et noté par ch) ~ ancien français /ts/ (noté par c) ;
  • /k/ et /g/ + /a/ ou /ɔ/ toniques : picard /k/ et /g/ ~ ancien français /ʧ/ (noté ch) et /ʤ/ (prononcé dj comme dans djebel et noté par j).

Ainsi, l’on en arrive à des oppositions frappantes, telles que picard cachier (prononcé catchier) ~ ancien français chacier (prononcé tchatsier, lequel deviendra plus tard chasser, forme du français moderne).

Du fait du voisinage entre l’aire du picard et Paris, le français, c’est-à-dire principalement l’ensemble de langues parlées dans le bassin parisien, influença beaucoup le picard. De cette proximité entre le picard et le français vient d’ailleurs la difficulté à le reconnaître comme une langue à part plutôt que comme « une déformation du français », comme on le pense souvent.

Le picard se manifeste comme un ensemble de variétés, extrêmement proches cependant. Une énumération précise reste difficile en l’absence d’études spécifiques sur la variation dialectale, mais on peut probablement distinguer provisoirement les principales variétés suivantes : Amiénois, Vimeu- Ponthieu, Vermandois, Thiérache, Beauvaisis, « ch'ti mi » (ex-bassin minier, Lille), variétés circum-lilloises (Roubaix, Tourcoing, Mouscron, Comines), Tournaisien, « rouchi » (Valenciennois) et Borain, Artésien rural, Boulonnais. Ces variétés se définissent par des traits phonétiques, morphologiques ou lexicaux spécifiques, et parfois par une tradition littéraire particulière.

[modifier] Différences entre picard du sud et picard du nord

On peut en gros voir deux grandes régions où sont très répandues les deux variétés de picard les plus connues : le Nord-Pas-de-Calais d’une part, et la Somme, d’autre part. On remarque surtout plusieurs différences régulières et nettes entre les deux types de parlers, ainsi :

  • Oé/O : Sud : J’étoé ; Nord : J’étos (J’étais)
  • Ieu/Ieau : Sud : Catieu ; Nord : Catieau (Château)
  • Tch/K : Sud : Tchien ; Nord : Kien (Chien)
  • O/A : Sud : Co ; Nord : Ca (Chat)
  • Oin/On : Sud : Boin ; Nord : Bon (Bon)

[modifier] Conjugaison de quelques verbes

Être : (je, tu, il, elle, nous, vous, ils)
- Indicatif présent : Ej'sus, t'es, i'est, al'est, in'est, vos êtes, i sont.
- Indicatif imparfait : j'étos, t'étos, i'étot, al'étot, in'étot, vos étotes', i'z'étotent.
- Futur : Ej's'rai, té s'ras, i s'ra, al's'ra, in s'ra, vos s'rez, i's'ront.
- Conditionnel : Ej's'rais, té s'rais, i s'rait, al s'rait, in's'rait, vos sérotes, i sérotent.
- Subjonctif présent : qué's seuche, qu'té seuches, qu'i seuche, qu'al seuche, qu'in seuche, qu'vos seuchiez, qu'i seuch't.
- Impératif : So (se dit aussi seuche), soïons, soïez
Avoir : (je, tu, il, elle, nous, vous, ils)
- Indicatif présent : J'ai, t'as, i'a, al'a, in'a, vos avez, i z'ont.
- Indicatif imparfait : j'avos, t'avos, i'avot, al'avot, in'avot, vos avotes', i'z'avotent.
- Futur : J'aro, t'aras, i ara, al ara, in ara, vos arez, i z'aront.
- Conditionnel : J'arais, t'arais, i arait, al arait, in arait, vos auriotes, i z'auriotent.
- Subjonctif présent : qu'j'aiche, qu't'aiches, qu'i aiche, qu'al aiche, qu'in aiche, qu'vos aichiez, qu'i z'aichïaitent.
- Impératif : Aiche, aichons, aichez
Aller (s'en) : (je, tu, il, elle, nous, vous, ils)
- Indicatif présent : J'm'in va, té t'in vas, i s'in va, al s'in va, in s'in va, vos vos in allez, i s'in vont.
- Indicatif imparfait : j'm'in allos, té t'in allos, i s'in allot, al s'in allot, in s'in allot, vos vos in allotes, i s'in allotent.
- Futur : J'm'in iro, té t'in iras, i s'in ira, al s'in ira, in s'in ira, vos vos in irez, i s'in iront.
- Conditionnel : J'm'in iros, té t'in iros, i s'in irot, al s'in irot, in s'in irot, vos vos in irotes, i s'in irotent.
- Subjonctif présent : qu'j'alle, qu't'alles, qu'i alle, qu'al alle, qu'in alle, qu'vos allotes, qu'i z'all'tent.

[modifier] Quelques mots et expressions

De nombreux mots des formes de picard sont très proches du français mais un grand nombre de mots lui sont totalement spécifiques, principalement des mots du jargon minier.

Voici quelques mots et expressions typiques du Nord-Pas de Calais :

A

Abile : Vivement, précipitamment (abile les vacances - vivement les vacances). Ne pas traîner, se dépêcher, vite (abile don - Allez, dépêche-toi donc!).
Abouler : 1) Venir auprès (Aboule ! - Viens ici !); 2) Donner (Aboule le fric ! - Donne l'argent !).
Agosil : Mal dégourdi.
Aloter : Secouer.
Amicloter : Prendre soin de, dorloter.
Amoute : Faire voir (Amoute ichi ! - Viens faire voir ici !).
Arbusier, r'busier : Se remémorer, penser.
Armont’ eut’ maronne, elle qué (quéhir : tomber) su té gampes - Remonte ton pantalon, il tombe le long de tes jambes !
Arwett' me le, i'est tout drôle ! (chti du sud) - Raviss'le, i'est tout drôle ! (chti du nord) - Regarde-le, il est tout pâle (malade, blême, bizarre).

B

Babache : Simplet, imbécile (spécifique à la région de Lille / Armentières). Dans le Pas-de-Calais, désigne la joue.
Bac à chintes : Bac à cendres (sous le foyer) ou cendrier (à cigarettes).
Bafiou, bafiousse : Mauvaise langue, baveur (du verbe bafier - baver).
Baiss : Bise, bisou, baiser (un'n baiss à bouquette - Un baiser sur la bouche).
Baller : Verser, vider (Aller, balle tin verre, in s'in va - Aller, vide ton verre, on s'en va !).
Balochard : Traîne savate, maladroit, bon à rien.
Baraque : Roulotte de saltimbanque, maison.
Batieau : bâteau.
Baudet : Âne.
Bénache : Content, heureux.
Berdouiller : Bafouiller, bredouiller.
Berdoule (se dit aussi bédoule) : Boue. Synonyme Boulique.
Berloquer : se dit de quelque chose qui balance, bouge, ne tient pas bien, est instable (Mets tes mains là d’ssus, mets tes mains sur ses totottes ! Mets tes mains là d’ssus te verras si cha berloque).
Berlou, berlousse : Se dit d'une personne qui voit mal.
Biclos (biclou) : Vélo.
Biec-bos : Pivert (oiseau). Signifie aussi imbécile, balourd.
Biloute, loute : sexe masculin. Dans la région de Lille / Armentières, nom équivalant à « gars », « mec ». Pour appeler quelqu'un plus jeune que soi : hé, biloute, viens vir' ichi ! - Hé, garçon, viens voir !. Parfois précédé de tch(i)ot'. Dans le Pas-de-Calais, chez les « Boyaux Rouges », on utilise plutôt l'expression : maloute, minloute.
Bisquaïen : (jeu de billes) Grosse bille, calot.
Bistoule (ou bistouille) : Après avoir bu le café, goutte de rhum ou de genièvre que l'on versait dans la tasse et que l'on mélangeait (touillait) à nouveau (bis) avec le restant de café et de sucre.
Boubourse : Simplet, imbécile, innocent (propre à la région de Lille / Armentières).
Boudenne (ou boudinnette) : Nombril.
Bouler : 1) Tomber, rouler (i'a boulé sins cul su'l'dainne - il est tombé le cul par terre); 2) Promener, dans le sens de « pousser sans ménagement » : (si i t'imbête, té l'invoes boulé - S'il t'embête, tu l'envoies promener).
Bouleusse : Grande bassine en fer galvanisé qui servait à faire bouillir le linge pour la lessive. Utilisé aussi dans des expressions comme Tais-teu vains nom, avec tout chu qu'té m'racontes j'attrape un'n tiête comme un'n bouleusse.
Boulique : Boue. Synonyme Berdoule ou Bédoule.
Boyette ou bowette : Galerie souterraine creusée dans les mines de charbon.
Busier : Penser (A quo qu'té busi ? - A quoi penses-tu ?).
Bradé : Vendu pour pas cher. Se dit aussi du dernier né (Ch'tchiot bradé - Le petit dernier que l'on gâte, que l'on « pourrit »).
Brayou, brayousse : pleurnichard, personne qui se plaint (Ches clients i’n’a pas d’deux sortes, ch'est touss des brayous).
Braire : pleurer.
Brillac, bryaque : Personne qui casse fréquemment des objets par mégarde. Se dit aussi Brisaque.
Brouter : Se dit d'un landau. Être brouté : être transporté, conduit (en auto, en landau...).
Briquet : Casse-croûte.
Pindant l’briquet un galibot composot, assis sur un bos,
L’air d’eune musique qu’i sifflotot.
Ch’étot tellemint bin fabriqué,
qu’les mineurs lâchant leurs briquets
Comminssotent à’ s’mette à’ l’danser (Edmond Tanière - La polka du mineur)
Pendant le casse-croûte un jeune mineur composait, assis sur un bout de bois,
L’air d’une musique qu’il sifflotait.
C’était tellement bien fait
Que les mineurs lâchant leurs casse-croûte
Commençaient à se mettre à le danser.
Brun : 1/ Merde; 2/ bordel (au fig.) (Man-mère, qué brun chi d'dins ! - Bon sang, quel bordel ici !) - (Que fouteu d'brun ch'ti-là ! - Quel fouteur de merde celui-là !).
Buquer : détonner, exploser, frapper avec bruit (Acout', in buque à l'porte - Ecoute ! On frappe à la porte).
Bure : Beurre.

C

Caboche : Tête.
Cacher : Chercher.
Cafouiller : Toucher, tripoter.
Cahute : Cabane, petite maison, baraque.
Caldoche (L'Nouvelle) : La Nouvelle Calédonie.
Camucher : Cacher avec soin, mettre dans une cachette, un endroit secret.
Capiau : Chapeau (I n'a point mis d'manche à s'capiau - Il est trop fier pour saluer).
Carabistoulles (des) : Des contes, des âneries, des bêtises... On dit aussi des cacoulles. (Ch'est tout cacoulles chu qu' té dis - Tu dis des bêtises).
Caraco : Corsage, blouse.
Caracole : Escargot, coquillage.
Carette : Charrette (Cafougnette et s'carette à moules). Utilisé aussi pour désigner une voiture.
Carnasse : Cartable.
Caveux : Cheveux (Pas-de-Calais).
Che(s) : Ce(s).
Cheulle(s) : Celle(s).
Chicons : Endives.
Chirloute : Café très léger (Tin café, ch'est de l'chirloute).
Chôler : 1) Traîner - 2) Voler - 3) Se faire prendre
Cayelle, cayère : Chaise.
Chuque : sucre, bonbon .
Coco : Bébé. Synonyme quinquin.
'Core : Contraction de "encore" (T'es 'core là, ti ! - Tu es encore là, toi !).
Coron : Pâté de maisons ouvrières identiques (les corons des villes minières).
Cottron : Jupe (dérivé du mot cotte).
Couët : Poëlon (du mot coué dérivé de queue).
Coulon : Pigeon voyageur.
Couloneu : Personne qui fait des concours de pigeons voyageurs, colombophile.
Coup : remplace souvent le mot « fois » dans des expressions comme Va vir un coup ! (Va une fois voir !) ou encore Prête me le un coup (Prête-le moi une fois !).
Cordéonneu : Joueur d'accordéon.
Crapé : sale, malpropre.
Crapougner (se): se battre.
Cras : gras.
Crombi : Courbé, tordu.
Cva ou cvaux (ou quva / quvaux): cheval, chevaux.

D

Dache : Petit clou.
Dainne : Le sol, la terre (quèhir su'l'dainne - Tomber à terre). Mot originaire du patois des mines.
Dallache (un) : Activité, mouvement, remue-ménage.
Débouser : Se désoler.
Décarocher : Perdre la raison.
Déchint': Descendre.
Dégraillage: petite honte.
Démucher : Retrouver, sortir d'une cachette.
Dépindeu d'indoules : Béta, couillon (qui décroche les andouilles).
Désaquer : 1) Sortir quelque chose de quelque part (par exemple de derrière les fagots); exemple J'ai m'sus fait un'n arnachure in désaquant min baudet qui s'étot inclinqué dins l'berdoule - Je me suis fait un tour de rein en sortant (tirant à moi) mon baudet enlisé dans la boue); 2) S'en aller de quelque part (S'désaquer d'là).
Détouler (détouiller): Déméler. En patois de Grand Fort Philippe : démerler.
Diap' à cornes : Diable cornu.
Diape à z'ailes : Diable ailé.
Don : Donc, par conséquent (quo'qu'té cros don, qu'cha s'fait tout seu ! - Que crois-tu donc, que cela se fait tout seul !).
Doupe (un'n): De l'argent, un sou ; exemple : Cha n'vaut pas un'n doupe eut'n'affaire là ! - Ça ne vaut pas un sous ce que tu me montres.
Doule : Raclée.
Drache (se dit aussi drachée): Pluie (I a qué un'n bonne drache - Il est tombé une bonne pluie).
Drissard , Drissarde : Peureux, peureuse.
Drisse : Diarrhée.
Drôle : Se dit d'une personne peu commode, bizarre.
Ducasse : Foire aux manèges.
Duss : Où est-ce que (Duss équ'té vas ? - Où est-ce que tu vas ?).

E

Ébeulé : Abruti (Queul'ébeulé chti-là ! - Quel abruti celui-là !).
Empierger (s') : Trébucher (se tordre les chevilles dans les pavés).
Entiquer : Enfoncer (Entique ch'bout'dbo - Enfonce le morceau de bois).
Epautrer : Ecraser, écrabouiller; êt' épautré : être serré.
Équettes : Petits morceaux de bois pour faciliter l'allumage du feu.
Esbaubi : Etonné, surpris, interloqué (vieux français).
Esnoquer (s') : S'étrangler, s'étouffer.
Esquinter : Abîmer, blesser.
Etoile à queue : Comète.

F

Fauque : que, seulement que. In n' parlot' fauque ed fin du monte (tiré du poëme « la fin du monte / Les fougères noires »).
Ferme eut'bouc', tin nez i va quère éd'dins ! : Ferme ta bouche, ton nez va tomber dedans !
Fien : Fumier.
Fieu : Fils, garçon (fiu en picard : Min'n tiu fiu - Mon petit garçon).
Fil à buquer : Fin fil électrique semi-rigide plastifié qui servait à faire sauter les charges d'explosifs à la mine.
Fraîque : Humide, mouillé. Ce mot est aussi utilisé dans des expressions comme Avoir eu s'n'œl fraîque, qui signifie « Etre saoul » (littéralement « Avoir son œil humide ») ou encore M'vla chi fraîque avec cha !, qui signifie « Me voilà (ici) bien avancé avec ça ! ».
Fouffe : Loque, chiffon, vieux habits.
Fouffetier : Souillon, sans goût.
Fouïr : Bêcher.
Foufielle (être à l'): Troublé par la hâte, embrouillé.
Fû : Feu (I'avot un'n négresse qui mingeot du fû, elle quéïot des braisses par l'tro d'sins cul).
Funquer : Fumer (au sens figuré, fumer de colère, de dépit).

G

Gaïole ou guéïole : Cage pour oiseau (du mot géöle).
Gaffe : Gorge (péjoratif).
Galafe : Goinfre.
Gale : Cal (aux mains par exemple).
Galibot : Mousse, jeune ouvrier mineur.
Gamelle : Face, figure. Désigne parfois la bouche qui parle (Li, quand qu'i'est parti avec euss'gamelle té n'peux pus l'arrêter ! - Lui, dès qu'il se met à parler tu ne peux plus l'arrêter !). C'est aussi le récipient qui contient le repas que l'on pouvait faire réchauffer au bain marie dans le réfectoire de l'usine.
Garchon : Garçon.
Garoter : Voler. Signifie aussi « jeter » en patois du littoral (de Gravelines au Touquet).
Glaine : Poule : I’n’faut pas qu’ches glaines i cantent pus fort que’ch’co - Il ne faut pas que les poules chantent plus fort que le coq. (Remarque : cette maxime ne parle pas vraiment des gallinacés, poules et coq étant mis ici pour parler des femmes et des hommes).
Glou-bec : Gourmet.
Grand diseux, ptit faiseux : personne qui parle beaucoup mais ne fait pas grand chose.
Grandmain, gramain : Beaucoup. Exemple : Inn'n'a pas gramain - Il n'y en a pas beaucoup.
Gruger : Avoir froid.
Guernoulle : Grenouille
Gueulard : Qui mange beaucoup, en grande quantité (gueulard de haut fourneau). Signifie aussi,en patois du littoral de Gravelines au Touquet, celui qui parle fort, en criant.
Gueulou, guelousse : Se dit d'une personne qui parle fort, qui crie (sauf en patois du littoral de Gravelines au Touquet; voir gueulard)).
Guibole : Jambe (terme ironique).
Guife : Figure (terme de mépris).
Guiguife : Personne qui ne pense qu'à manger (Que guiguife ch'ti là, i'n'a qu'pou's'panche !).
Guiller : Couler, baver. Se dit d'un chose épaisse, sirupeuse qui coule lentement (du chirop qui guile).
Guinse : Faire bonne chaire (Etre in guinse - Etre légèrement éméché, saoul).
Guisse (jeu de) : Le jeu consiste à envoyer le plus loin possible un petit morceau de bois tailler en pointe aux extrémités (la guisse)à l'aide d'un bâton. Mot utilisé aussi dans certaines expressions comme J'ai toudis pas compris commint qu'i va tin jeu d'guisse à propos de quelque chose ou d'une règle qu'on a pas compris.

H

Habile : voir Abile ci-dessus.
Hagner : Mordre.
Haïure : Haie.
Harnicures : Harnais.
Hercheux : Chargeur de houille au fond de la mine.
Heure : Heure (A ch't'heure - A cette heure, maintenant).
Holène : Chenille.
Huche : huis, porte. Aussi uche (Mets-z'e à l'uche - Mets-le à la porte).

I

Ieau : Eau.
Ichi : Ici.
Impaffer (s') : Manger goulûment.
Inclinquer : Enclencher.
Intiquer : Enfoncer Té m'l'intiqueras pas pa'ch'gros bout - Cette maxime n'a rien à voir avec le fait d'enfoncer quelque chose par l'extrémité la plus grosse mais est utilisée pour signifier à quelqu'un qu'on ne croit pas à ce qu'il dit.
Indoule : Andouille.
Infournaquer : Mélanger, introduire, fourrer quelque part.
Insonne : Ensemble, se dit aussi Insan'n.
Iser (se dit parfois) : Regarder (voir raviser) (Nan mais ise-le chti là ? - Non mais regarde-le celui-là !), on peut dire aussi vise = regarde comme ravise: vise chtichi - regarde celui-ci, vise chtilaille - regarde celui-là.

J

Jonne : Enfant (de jeune).
Joque (être à): En repos.
Joquer : Chômer.
Jus : Café (Vins don boire un'n goutte èd'jus - Viens donc boire du café).
Juss : Juste.

K

Kermesse : Fête locale (Eul'kermesse d'eul paroisse).

L

Leup : Loup (Acoutt euch kien, i fait l'leu ! - Ecoute le chien, il fait le loup !).
Libouli : Crême épaisse, flan, littéralement "Lait bouilli".(Tarte au libouli - Tarte à la crême)
Lolo : Lait.
Lon : Loin (Jé l'veillot v'nir éd lon - Je le voyais venir de loin).
Loque : 1) Chiffon; 2) Vêtement. Synonyme : fouffe.
Louchet : Bêche munie d'un manche en forme de "Té".
Loupe : Lèvre (S'moustache alle quéïot su ses loupes - Sa moustache tombait sur ses lèvres).
Louloutte : Pinup, femme sexy.
Loute (ma, min) : Sexe masculin. Terme utilisé pour désigner familièrement quelqu'un (Cha va ma loute ?). Synonymes : biloute, biroute.

M

Maboule : Se dit d'une personne qui à perdu la tête, sot, fou.
Machuquer : Machouiller
Maflé (être) : Repus voire mal à l'aise d'avoir trop mangé
Maguette : Chêvre
Maiguerlot : Maigrelet (Un tchot maiguerlot - Un petit pas bien gros).
Maisonne ou mason : Maison (cf infra m'on).
Mâle éd'ca : Littéralement Chat mâle, expression utilisée pour désigner celui qui à un fort caractère, qui n'en fait qu'a sa tête. En picardie l'expression est identique mais se prononce Mâle éd'co .
Malo (un) : Guêpe
Manicrak : Nom donné au soutènement marchant (probablement le nom de marque de l'appareillage) puis, par extension, à tout équipement mécanique. Va pas chi casser ch'manicrak.
Man-mère : maman - mère. Mot utilisé en exclamation (un peu comme « Bon sang » ou « Mon Dieu » en français), exemple : Man-mère euch kien i'a mordu ch'cat - Mon Dieu, le chien a mordu le chat).
Mapp : (Jeu de bille) Bille.
Marniouffe : Gifle, claque.
Marrone : Pantalon.
Mate) : Fatigué.
M’on : contraction du mot mason dans la locution à m'on de = chez; cette locution est toujours suivie du nom de la personne habitant la maison dont on parle : J'ai laissé min vélo à m'on de m'n'oncqu ! - J'ai laissé mon vélo chez mon oncle.
Mi : Moi (Mi à quatre heures, j’archine eune bonne tartine - Moi, à quatre heures, je mange une bonne tartine).
mie : négation point, pas (Ch'est mie vrai - Ce n'est pas vrai).
Miler : Surveiller, guêter.
Moqueu d’gins : railleur, persifleur (qui se moque des gens).
Moufter : Murmurer.
Mott' : Mode, façon de faire quelque chose (Laisse-me faire à m'mott - Laisse moi faire à ma façon).
Mouquile : Filet de morve coulant du nez.
Mouron (s'faire du) : Se faire de la bile, être inquiet.
Mouviar : Merle. Désigne aussi le moineau.
Muche : Cachette.
Mucher : Cacher (Muche tin cul, vl'a ch'gart !' - Cache-toi, v'là le garde !). Synonyme : camucher (cf vieux français : musser)).
Musette : 1) Sac tenu en bandoulière où l'ouvrier (le mineur) mettait son briquet, son boutelot, un canif, des outils, etc. (Si té n'travalles pas bin à l'école t'iras à l'fosse et t'musette al tapra dins tes mollets); 2) avoir s'musette : être saoul.

N

Nasse : Morve. Syn : mouquile.
Neu (ou nué) : Neuf (I'est 'core tout neu ! - Il est encore tout neuf).
Niguedoule (nig'doule) : Imbécile, bête.
Nin-nin : Petit enfant (un tchio nin-nin).
Ninoche : Innocent.
Nippé : Habillé.
Nochère : Gouttière
Noir-glache : Verglas.

O

Ochennoire : Berceau surmonté de voilage pour protéger le nouveau né.
Offlette : Gaufre.
Ojon : Jeune d'oie.
Oncque : Oncle.
Osieau : Oiseau.
Oute : Au delà (Passer oute - Passer son chemin).
Outiau (othieu) : Outil.

P

Pain d'alouette : restant de casse-croûte, de tartine que l'ouvrier garde pour le rapporter aux enfants.
Paletot : Manteau.
Panche : Ventre (de panse).
Papin : Bouillie épaisse, sirupeuse.
Payèle : Poêle à frire.
Péquée : Beaucoup de monde, plusieurs personnes. I n'avot toute un'n péquée qui l'attindot à l'sortie - Il y avait beaucoup de monde qui l'attendait à la sortie.
Pind'loquer : Pendre, accrocher (Un'n pind'loque - Un pendentif).
Pipimalo (un) : Frelon.
Plates coutures (être réduit à) : Extrêmement fatigué.
Pleuf : Pluie (Ch'timps i'est à l'pleuf - Le temps est à la pluie).
Pluquer (ou pluqueter) : Manger sans appétit.
Pos d'chuc : Petits pois, littéralement pois sucrés
Porion : Chef d'équipe (à la mine). Chef-porion : contre-maître.
Poufunque : Fumée lourde, grasse, qui sent mauvais.

Q

Quarquer : Charger, charrier
Quat'z'yux : Quatre yeux. Expression péjorative pour désigner une personne qui porte des lunettes.
Qué : Quel, quelle (Qué belle canchon - Quelle belle chanson).
Quéhir : Tomber (I' a quéu sus' tiête : Il est tombé sur la tête - I' a quéu sus cu : Il est tombé sur le cul).
Quémiche (ou quémisse) : Chemise.
Quer (avoir) : (« r » sonore) : Aimer, chérir, préférer (ti ch'té gramain quer té sais. - Toi je t'aime beaucoup tu sais).
Quère : Chercher, aller chercher (du verbe quérir).
Quervé (être) : être saoul, îvre-mort.
Queuette (faire) : (locution) Faire l'école buissonnière (rester à la queue).
Quinquin : Bébé. Synonyme coco. (L'canchon dormoire : Dors min p'tit quinquin, min ptit pouchin min gros rogin - Dors mon petit bébé, mon petit poussin mon gros raisin...).
Quind un Ch’ti mi i’est’à l’agonie, savez vous bin che qui li rind la vie ? I bot un d’mi (Les Capenoules) - Quand un Nordiste est à l'agonie, savez-vous ce qui lui rend la vie ? Il boit un demi.
Quoi : Utilisé dans des expressions du type J'te dirai quoi - Je te dirai ce qu'il en est, ou encore Dis-me quoi ! - Dis-moi ce qu'il en est !


R

Rabasnage : Action de rabasner.
Rabasner : Gratter la terre pour faire un plan de niveau (A la mine : rabasner l'dainne).
Rabibocher : Racommoder, réconcilier. Synonyme : Racamailler.
Rabistoquer : Rafistoler.
Raccourche : Morceau de bois (de chauffage).
Racl'eau : Raclette.
Ramaseu d’sous : Personne âpre au gain.
Ramon : Balai (Nouviau ramon, ramone bin - Tout nouveau, tout beau)
Raque (être en) : 1/ Etre embourbé (I s'rot in raque d'sus eune crotte ingélée - La moindre difficulté l'arrête); 2/ Etre en panne (en rade).
Rasiner : Essuyer le fond d'un plat avec une fourchette, son doigt, ou encore un morceau de pain.
Rassaquache (du) : Repas fait avec des restes accommodés (Ess'soir in minche du rassaquache - Ce soir on mange du rassaquache).
Rassaquer : Tirer à soi (voire saquer).
Raton : Crêpe épaisse de pomme de terre que l'on mange sucrée, à la confiture ou salée (Ce sont les "plennzés" polonais).
Raviser, ravettier : Regarder.
Réduit à plates coutures (être) : Extrêmement fatigué.
Rescappé : Echappé (dans le sens s'en être sorti).
Revoyure (à la) : Au revoir.
Rogin : Raisin (Dors min p'tit pouchin, min p'tit quinquin, min gros rogin).
Russ : Peine au travail, misère, embettement, difficulté à faire quelque chose.

S

Sais quo : Quelque chose (viens de "sais quoi") I'a un jé n'sais quo qui va nin - Il y a quelque chose qui ne va pas.
Saquer : Tirer à soi, vers soi (terme marin en vieux français : tirer une voile). Saque ed' din est une expression ch'ti pour inviter le terrassier ou le mineur à « taper dans le tas ».
Saque (un'n) : Une bouffée de cigarette (Pass'me un'n saque - Passe-moi une bouffée).
Saque et pousse (un) : Trombone à coulisse (littéralement « tirer et pousser »).
Saulent : agité, insupportable (en parlant d'un enfant).
Sé : Sel.
Séyeau : Seau.
Since (Un'n) : Une ferme
Sincier, sincière : Fermier, fermière, issu de l'ancien français « censier »: l'agriculteur qui payait le cens (l'impôt qui permettait alors de voter, cf. le suffrage censitaire).
Soufflette : Cloque, ampoule.
Souglou : Le hoquet (Pauf tchiot, i a ch'souglou ! - Pauvre petit, il a le hoquet).
Soumaquer : Genre de hoquet que l'on peut avoir après avoir pleuré, désigne aussi le fait de parler en larmoyant.

T

Taradéruss : Géant de carnaval de la ville de Lens (PdC) représentant un mineur en habit de travail avec son casque, sa lampe et son pic sur l'épaule gauche. Taradéruss est la contraction t'aras des russ et signifie « tu auras de la peine au travail ».
Targniole : Gifle.
Tatoule : Tripotée, grêle de coups, gifle.
Tchouctchouc : Terme désignant les maghrébins qui travaillaient dans les mines de charbon.
Té peux toudis chiffler poupoule ! : Tu peux toujours siffler après une poule ! (remarque : cette maxime est employée dans le sens de « Tu peux toujours courir »).
Téquer : Hoqueter par manière de tic (tiquer), hésiter.
Tertous, tertoutes : Tous, toutes dans le sens de tout le monde (Bonjour tertous - Bonjour tout le monde).
Ti té veux m'l'intiquer pa'ch'gros bout ! : Toi tu veux me le faire avaler par le gros bout ! (remarque : cette maxime est employée pour indiquer à quelqu’un qu'on ne croit pas à ce qu'il dit).
Ti : Toi.
Titi : Gosier.
Tio, tiote (parfois tchot, tchote): Petit, petite.
Tillage : Nerveux, résistant (Un'n viante tillage - Une viande peu tendre).
Tissot’, ti z'aut' : Vous tous.
Titi : Gosier.
Toubac : Tabac.
Toudis : Toujours (du latin dies - jour).
Touquer: Tremper (le pain dans la soupe par exemple).
Touquette : Morceau de pain trempé dans la soupe.
Tout' et out': autant dedans que dehors (L'salle d'attinte al'étot remplie tout'et out - La salle d'attente était tellement remplie qu'il y avait autant de gens dehors que dedans).
Tralène : Trèfle (plante).
Traner : Trembler.
Trannette : Peur, effroi (de trembler).
Tricballe, trincqueballe : Chariot pour tirer les arbres ou autre objets encombrants (une voiture en panne).
Trinqueballer : emporter, transporter, promener (voire traîner avec soi) quelqu’un ou quelque chose : Commint qu'éj'va l'trinqueballer ! : Comment vais-je le trimballer (transporter / emporter / promener) !
Tro : trou.
Troducuter : envoyer promener.
Trou-fien : trou à fumier.

V

Vains nom ! : S'utilise comme l'expression « Bon sang ! ». Cette expression était considérée comme un blasphème jusqu'aux années 1950. Aujourd'hui elle est couramment utilisée et complètement séparée de son sens premier. Synonymes : vains dieux, vains tes diouss. Exemple : Vains tes diouss Maurice, éj't'avos dis d'aller duchemint don ! - Bon sang Maurice, je t'avais dit d'y aller doucement !
Vaque : Vache.
I'a intindu un-n'vaque braire, mais i'n sait pas dins quelle étap - Il a entendu braire une vache, mais il ne sait pas dans quelle étable (Remarque : Se dit de quelqu'un qui veut apporter son concours à quelque chose mais qui est complètement hors sujet).
Véte : Regarde comme vise (Véte em' carette - Regarde ma voiture).
Vieau : Veau.
Vo (être in) : Voyage (être en), signifie aussi ne pas être là, être parti.
Voïette ou voyette : Petit sentier (diminutif de voie).

W

Wep : Guêpe. Synonyme malo.
Wassingue : Serpillière.

Y

Yoyot (Yoyotte) : Garçon ou fille un peu innocente.

Z

zuite : crachat gras.

Quelques expressions spécifiques du littoral de Gravelines au Touquet :

i'é zou-bête, hein ! : I'est gramain bête, hein !
roulette : voïette.
gogner : regarder avec indiscrétion.
gogneu ou gogneur : quelqu'un qui regarde avec indiscrétion.
faire eul'carpin : faire le chahut.
garnade : crevette.
dénéquer se dit quand on a mal au cou : Ess'su dénéqué !
démerler : avoir mal quelque part, j'ai min bras tout démerlé (patois de Grand Fort Philippe).
racamailler : synonyme de rabibocher.

[modifier] L’usage du picard

Enseigne de café en picard à Cayeux-sur-Mer (Somme)
Enseigne de café en picard à Cayeux-sur-Mer (Somme)

Le picard n’est pas enseigné à l’école (en dehors de quelques initiatives ponctuelles et non officielles) et n’est parlé que dans un cadre privé. Selon les historiens, il est probable que l’école républicaine obligatoire ait fait disparaître au XXe siècle les locuteurs picards monolingues.

La langue fait néanmoins l’objet d’études et de recherches dans les Universités de Lettres de Lille et d’Amiens. Avec la mobilité des populations et la pénétration du français par les médias modernes, les différentes variétés du picard tendent à s’uniformiser. Dans sa pratique quotidienne, le picard tend à perdre de sa spécificité en se confondant avec le français régional. D’ailleurs, de nos jours, si la plupart des Nordistes peuvent comprendre le picard, de moins en moins sont capables de le parler et ceux pour qui le picard est la langue maternelle sont de plus en plus rares.

Cependant, le picard, parlé dans les campagnes comme dans les villes, est loin d’être une langue disparue, et constitue un élément encore important et vivant de la vie quotidienne et du folklore de cette région.

La prononciation varie aussi beaucoup suivant les parties de la région où la langue est parlée ce qui fait qu'en entendant quelqu'un s'exprimer en patois on a vite fait d'identifier l'origine géographique du locuteur.

[modifier] Le picard à l’écrit

Le picard est maintenant avant tout une langue exclusivement parlée. Ce n’était pas le cas à l’origine : la période médiévale puis celle correspondant au moyen français, en effet, sont riches de textes littéraires en picard. (Par exemple, la Séquence de sainte Eulalie (880 ou 881), premier texte littéraire écrit en langue d’oïl, ou les œuvres d’Adam de la Halle). Le picard, cependant, n’a pas réussi à s’imposer face à la langue littéraire interrégionale qu’était devenue le français, et a été peu à peu réduite au statut de « langue régionale ».

On trouve une littérature picarde moderne lors des deux derniers siècles, qui ont vu naître partout en France les affirmations identitaires régionales en réponse au modèle républicain centralisé issu de la Révolution. Aussi le picard écrit est-il une retranscription du picard oral. Pour cette raison, on trouve souvent plusieurs orthographes aux mêmes mots, de la même manière que pour le français avant que celui-ci ne soit normalisé. L’une des orthographes s’inspire directement des mots français. Elle est sans doute la plus simple à comprendre mais elle est aussi sans doute à l’origine de l’idée selon laquelle le picard n’est qu’une déformation du français. Diverses réflexions orthographiques ont été menées depuis les années 1960 pour pallier cet inconvénient, et donner au picard une identité visuelle distincte du français. Il existe actuellement un certain consensus, au moins parmi les universitaires, autour de la graphie dite Feller-Carton. Ce système, qui donne aux prononciations spécifiques au picard des graphies en rapport, mais reste lisible pour qui ne maîtrise pas entièrement la langue, est l’œuvre du professeur Fernand Carton, qui a adapté au picard l’orthographe du wallon mise au point par Jules Feller. Une autre méthode existante est celle de Michel Lefèvre (où [kajεl] « chaise » est noté eun' kayel, contre eun' cayelle dans le système Feller-Carton). Soulignons les efforts significatifs du chanoine Haigneré, du professeur Henri Roussel, du docteur Jean-Pierre Dickès pour décrire et conserver cette langue par écrit.

[modifier] Origine du mot ch'ti

Le mot « ch'ti » ou « ch'ti mi », a été inventé durant la Première Guerre mondiale par des poilus qui n’étaient pas de la région et désignaient ainsi leurs camarades originaires du Nord ou du Pas-de-Calais. Ce mot a été créé à partir de ce dialogue : « Ch’est ti ? — Ch’est mi » (C’est toi ? — C’est moi.).

Selon une autre hypothèse, l'appellation "chti/chtimi" serait le fruit d'un renversement sémantique ancien de l'ancien français ch(e)ti(f) < lat. captivu(m), "prisonnier", "asservi", "malheureux", "souffreteux", "chétif", "misérable" dans tous les sens du terme, donc aussi "pauvre type", "bon à rien", "racaille", "voyou". Selon un procédé classique, commun aux Gueux, aux Enragés et aux Enfoirés, les petites gens, par dérision et provocation, auraient repris ce terme de mépris aux puissants du pays, plus ou moins francisés, pour s'en faire un titre de gloire et un marqueur culturel et social.

[modifier] Apprendre le picard

Le picard, quoiqu’étant surtout une langue parlée, dispose également d’une littérature écrite : poèmes, chansons (dont la plus célèbre est l’Canchon Dormoir, plus connue sous l’appellation, le P'tit Quinquin).

On trouve également un certain nombre de dictionnaires et de manuels du patois :

  • René Debrie, Le cours de picard pour tous - Eche pikar, bèl é rade (le Picard vite et bien). Parlers de l’Amiénois. Paris, Omnivox, 1983 (+ 2 cassettes), 208 p.
  • Alain Dawson, Le picard de poche. Paris : Assimil, 2003, 192 p.
  • Alain Dawson, Le « chtimi » de poche, parler du Nord et du Pas-de-Calais. Paris : Assimil, 2002, 194 p.
  • Armel Depoilly (A.D. d’Dérgny), Contes éd no forni, et pi Ramintuvries (avec lexique picard-français). Abbeville : Ch’'Lanchron, 1998, 150 p.
  • Chés Diseux d’Achteure : "Diries 1989" (préface de Jacques Dulphy). Amiens : Picardies d’Achteure, 1990, 71 p. + cassette
  • Gaston Vasseur, Dictionnaire des parlers picards du Vimeu (Somme), avec index français-picard (par l’équipe de Ch’Lanchron d’Abbeville). Fontenay-sous-Bois : SIDES, 1998 (rééd. augmentée), 816 p. (11 800 termes)
  • Gaston Vasseur, Grammaire des parlers picards du Vimeu (Somme) - morphologie, syntaxe, anthropologie et toponymie. 1996, 144 p.
  • Guy Dubois Ecole des parlaches 62138 Haisnes les La Bassée www.guydubois.free.fr
  • Jean Pierre Dickès : Le patois de la côte - Boulonnais,Calaisis, Pays de Montreuil - Société Académique du Boulonnais - 530 pages
  • Jean Dauby : Le livre du rouchi, parler picard de Valenciennes - Société Linguistique Picarde
  • Jean Dauby : Lexique du bâtiment et de la maison en "rouchi", dialecte picard du Valenciennois - Etudes et recherches sur Saint-Amand-les-Eaux et sa région, No 9, 1987, pp. 1-9

[modifier] Littérature, art et spectacle en picard

Icône de détail Article détaillé : Littérature en langue picarde.

L’humoriste Dany Boon a fait un spectacle entièrement en picard ch’ti au titre évocateur « À s’baraque et en ch'ti ». Dans ce spectacle, il dépeint la vie parisienne qu'il mène en la comparant avec ses habitudes du Nord. Il y explique que les Parisiens sont beaucoup plus fermés que les Nordistes, caractérisés par leur accueil toujours chaleureux réservés aux hôtes. Il a également réalisé Bienvenue chez les Ch'tis, toujours sur le thème des Nordistes accueillants et chaleureux.

[modifier] Voir aussi

  • Expression "Bo-iaux Rouches (boyaux rouges)" qui désigne les habitants de l'Artois; elle est indépendante de celle de ch'ti bien que si l'on est "Boyaux Rouges" on est forcément ch'ti, l'inverse n'étant pas vrai.
wikt:

Voir « Picard » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Liens internes

[modifier] Notes et références

  1. Il est à noter que le poitevin-saintongeais n'apparaît plus dans la liste des langues de France, langues d'oïl, depuis début 2007, sur le site de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLF), service du Ministère de la Culture DGLF - Ministère de la Culture, remplacé par le Poitevin et le Saintongeais

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Jacques Darras (dir), Jacqueline Picoche, René Debrie, Pierre Ivart, La Forêt Invisible. Au nord de la littérature française, le picard, Ed. des Trois-Cailloux, Amiens, 1985, ISBN 2-903082-20-0
  • Fernand Carton (en coll. avec Maurice Lebègue): Atlas linguistique et ethnographique picard, Vol. 1(1989), Vol. 2 (1998), Coll. Atlas linguistiques de France par régions, Paris, Ed. CNRS.
  • Jean-Michel Eloy, La constitution du picard : une approche de la notion de langue, Louvain, Peeters (Bibliothèque des Cahiers de l'Institut de Linguistique de Louvain), 1997, ISBN 90-6831-905-1


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