Jean Racine
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Jean Racine, né à La Ferté-Milon le 22 décembre 1639 et mort à Paris le 21 avril 1699, est un poète tragique français considéré, à l'égal de son aîné Pierre Corneille, comme l’un des deux plus grands dramaturges classiques français.
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Biographie
Né dans une famille de petits notables (son père était procureur au bailliage, son grand-père et son bisaïeul avaient été contrôleurs du grenier à sel de La Ferté-Milon et de Crespy-en-Valois. Ils avaient reçu, en cette qualité, des lettres de noblesse, et l'on vit longtemps, sur la façade de la maison de Racine, rue de la Pêcherie, leur écusson héraldique : D'azur, au rat et au cygne d'argent. Racine ne conserva que le cygne dans ses armes, que l'on peut voir sur sa pierre tombale, à Saint-Étienne-du-Mont). Il ne conserva pas le rat car il trouvait cela trop peu noble pour quelqu'un comme lui. Orphelin dès quatre ans (sa mère décède en 1641 et son père en 1643), il est recueilli par ses grands-parents et reste chez eux jusqu'à la mort de son grand père en 1649. Sa grand-mère entre alors au couvent de Port-Royal où Racine rejoint sa marraine qui y est religieuse. Ce malheur lui permet en fait de recevoir une solide éducation janséniste (courant moral du 17e qui a connu son apogée à la fin du siècle et qui consiste à diviser les nantis de la grâce et ceux qui ne l'ont pas, on dit de Phèdre que c'est une "chrétienne à qui la grâce aurait manqué"...) aux petites écoles de port royal qui l'accueillent gratuitement. Il reçoit une large culture, comprenant la littérature et surtout l'apprentissage du grec et du latin. Il a pour maîtres les célèbres Pierre Nicole, Claude Lancelot et Antoine Le Maître, ainsi que Jean Hamon. Cependant le théâtre y est très peu présent, car les Jansénistes le méprisaient.
À 18 ans, Racine est donc orphelin et pauvre, mais cependant il possède une très forte culture et il peut s'appuyer sur le réseau de relations des jansénistes. Il étudie alors la philosophie au collège d'Harcourt. L'enseignement qu'il reçoit est fondé sur l'étude de la Bible, de la rhétorique et des auteurs grecs et latins. Il découvre la vie mondaine grâce à un cousin qui habite l'hôtel de Luynes. Il écrit ses premiers poèmes. Dans un premier temps, il tente de concilier ses aspirations littéraires avec la carrière ecclésiastique, mais finalement, après un échec dans sa carrière ecclésiastique, il choisit de se consacrer entièrement à la littérature.
En 1660, il reçoit une pension du roi grâce à des odes : la Convalescence du Roi et la Renommée aux Muses et la Nymphe de la Seine.
En 1664, il est introduit à la cour, grâce à un poème à l'éloge de Louis XIV. Il fait enfin jouer l'une de ses pièces par Molière, la Thébaïde, la même année. Celle-ci n'a pas un grand succès.
En 1665, il fait jouer Alexandre le Grand qui est son premier succès. La pièce plaît notamment au roi, car elle est à son honneur. Elle est retirée à Molière pour être jouée par une troupe de comédiens plus prestigieux, à l'Hôtel de Bourgogne [1]. C'est cette affaire qui entraîne une brouille définitive entre Molière et Racine.
Racine publie alors deux pamphlets contre Port Royal et ses anciens maîtres qui désapprouvent fortement sa carrière théâtrale, il se brouille avec Port Royal.
L'important succès de la tragédie Andromaque, placée sous la protection de Madame Henriette d'Angleterre, (1667) assure sa réputation . Après une unique comédie, les Plaideurs, en 1668, il revient définitivement à la tragédie et donne successivement Britannicus (1669), Bérénice (1670) (qui est l'occasion d'une joute théâtrale avec Corneille dont la pièce est : Tite et Bérénice. C'est Racine qui l'emporte indéniablement), Bajazet (1672), Mithridate (1673), Iphigénie (1674) et Phèdre (1677).
Ébranlé par les critiques et les cabales, Racine renonce au théâtre malgré le succès populaire de son chef-d'œuvre Phèdre. Membre de l'Académie française depuis 1673, Racine reçoit en décembre 1690 une charge de « gentilhomme ordinaire de Sa Majesté »[2] . Il est également trésorier de France ce qui lui assure un revenu. Enfin il est nommé historiographe du roi en 1677, c'est-à-dire en même temps que Boileau. Racine décide de se ranger (il a eu de nombreuses maîtresses notamment parmi ses actrices : La du Parc, La Champmeslé) et épouse en 1677 Catherine de Romanet, qui lui donnera sept enfants. Il s'agissait d'un mariage d'intérêt.
A la demande de Madame de Maintenon, il écrivit encore pour les élèves de Saint-Cyr les tragédies bibliques Esther (1689) et Athalie (1691). Racine à l'époque est toujours hostile au théâtre vivant, mais il considère ces pièces comme des œuvres pédagogiques et poétiques.
Malgré les persécutions dont les jansénistes sont victimes, Racine se réconcilie avec eux. Il les soutient notamment dans leurs démêlés avec le pouvoir (Louis XIV leur étant hostile). Sa présence aux funérailles d'Arnauld en 1694 prouve la réconciliation de Racine avec ses anciens maîtres. Il écrit un Abrégé de l'Histoire de Port-Royal qui parut après sa mort. En 1696, il est nommé conseiller-secrétaire du roi, auquel il fait très souvent la lecture.
Racine meurt en 1699 à la suite d'une tumeur. À sa demande, il est inhumé à Port-Royal, auprès de la tombe de son ancien maître Jean Hamon[3] (après la destruction de Port Royal ses cendres ont été déplacées à l'église Saint-Étienne-du-Mont de Paris).
L'affaire des poisons
Longtemps après sa mort, les historiens ont découvert dans les archives de La Bastille que Racine avait été suspecté dans l'affaire des poisons qui éclate entre 1679 et 1681. La Voisin avait accusé Racine d'avoir fait assassiner, dix ans plus tôt, son ancienne maitresse "Du Parc". En réalité, l'actrice de Racine nommée "Du Parc" est morte au cours d'un avortement raté. Elle avait été confondue avec une autre Du Parc, qui était une avorteuse et victime dans l'affaire des poisons. Racine a donc été "blanchi" en interne par la police. Il n'a jamais su qu'il aurait pu être inquiété.[4]
Le théâtre racinien
Le théâtre de Racine peint la passion comme une force fatale qui détruit celui qui en est possédé. On retrouve ici les théories jansénistes : soit l'homme a reçu la grâce divine, soit il en est dépourvu, rien ne peut changer son destin, il est condamné dès sa naissance. Réalisant l'idéal de la tragédie classique, le théâtre racinien présente une action simple, claire, dont les péripéties naissent de la passion même des personnages.
Les tragédies profanes (c'est-à-dire Esther et Athalie exclues) présentent un couple de jeunes gens innocents, à la fois unis et séparés par un amour impossible parce que la femme est dominée par le roi (Andromaque, Britannicus, Bajazet, Mithridate) ou parce qu'elle appartient à un clan rival (Aricie dans Phèdre). Cette rivalité se double souvent d'une rivalité politique, sur laquelle Racine n'insiste guère.
Dans ce cadre aristocratique qui, à partir de Bajazet devient un lieu commun prétexte à la naissance d'une crise, les personnages apprennent que le roi est mort ou vaincu : ils se sentent alors libres de déchaîner leurs passions. Or, l'information est rapidement démentie. Le retour du roi met les personnages devant leurs fautes et les pousse, selon leur nature intérieure, à se repentir ou à aller jusqu'au bout de leur rébellion.
Ses diverses maîtresses
Pour la petite histoire, Jean Racine est aussi très connu pour son penchant pour les femmes, et en grand nombre. Dans sa vie, on aurait dénombré pas moins de 20 maîtresses et il aurait eu 17 enfants illégitimes. C'est peut-être cette infidélité constance qui lui a valu la disgrâce du Roi à la fin de sa vie.[réf. nécessaire]
Œuvres
Théâtre
(par ordre chronologique) |
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Œuvre | Genre | Création |
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La Thébaïde | Tragédie en cinq actes et en vers | 21 juin 1664 |
Alexandre le Grand | Tragédie en cinq actes et en vers | 4 décembre 1665 |
Andromaque | Tragédie en cinq actes et en vers | 17 novembre 1667 |
Les Plaideurs | Comédie en trois actes et en vers | novembre 1668 |
Britannicus | Tragédie en cinq actes et en vers | 13 décembre 1669 |
Bérénice | Tragédie en cinq actes et en vers | 21 novembre 1670 |
Bajazet | Tragédie en cinq actes et en vers | 5 janvier 1672 |
Mithridate | Tragédie en cinq actes et en vers | 13 janvier 1673 |
Iphigénie | Tragédie en cinq actes et en vers | 18 août 1674 |
Phèdre[5] | Tragédie en cinq actes et en vers | 1er janvier 1677 |
Esther | Tragédie en trois actes et en vers | 26 janvier 1689 |
Athalie | Tragédie en cinq actes et en vers | 5 janvier 1691 |
Traductions :
- Le Banquet de Platon,(entre 1678 et 1686) - Vie de Diogène le Cynique, parDiogène Laërte (pas de date donnée) - Textes d'Eusèbe de Césarrée - Fragments de La Poétique, d'Aristote
Gabriel Fauré a mis en musique un de ses poèmes dans le fameux Cantique de Jean Racine
Bibliographie
- Georges Forestier, Jean Racine, Paris, Gallimard, 2006 (ISBN 2070755290)
- Jean Rohou, Jean Racine : entre sa carrière, son œuvre et son dieu, Paris, Fayard, 1992.
- Alain Viala, Racine, la stratégie du caméleon, Paris, Seghers, 1990.
- Roland Barthes, Sur Racine (ce livre, emblème de la "nouvelle critique", a été sévèrement - et justement, selon ses adversaires, mais injustement, selon ses partisans - critiqué par Raymond Picard dans Nouvelle critique ou nouvelle imposture et par René Pommier dans Le "Sur Racine" de Roland Barthes)
- Gustave Larroumet "Racine"
Notes et références
- ↑ Patrice Gélinet, 2000 ans d'histoire sur France Inter, 5 juin 2006
- ↑ in Louis Racine, Mémoires sur la vie et les ouvrages de Jean Racine
- ↑ Jean Racine, « enfant de Port-Royal » (1639-1699), Société des amis de Port-Royal, novembre 2006
- ↑ France Inter 2000 ans d'histoire, 2 mai 2007
- ↑ À partir de 1687. La pièce était initialement appelée Phédre et Hippolyte.
Liens externes
- Biographie détaillée de Jean Racine
- Phèdre : introduction à la pièce, résumé de l'œuvre, étude des personnages principaux ainsi que du schéma dramatique
- Expression Libre : théâtre complet de Racine en ebook gratuit, dans la section Bibliothèque
- Toutes ses pièces et leurs représentations sur le site CÉSAR
- Théâtre Classique Consulter le texte de chacune de ses pièces ainsi que différentes statistiques textuelles.
- Théâtre Complet De Jean Racine à télécharger. (Poesies.net)
Précédé par François de La Mothe Le Vayer |
Fauteuil 13 de l’Académie française 1672-1699 |
Suivi par Jean-Baptiste-Henri de Valincour |