Jésus-Christ
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Jésus-Christ est le nom donné à Jésus de Nazareth par les chrétiens qui le considèrent comme le Messie (ou Christ de Christos en grec ancien), « l'oint du Seigneur » c'est-à-dire une personne consacrée par une onction de Dieu.
La christologie est la discipline de la théologie dogmatique qui étudie la personne et les paroles de Jésus-Christ, et en particulier la signification doctrinale du titre de Christ.
Sommaire |
[modifier] Perspectives doctrinales
Cette section expose les points de vue des principaux courants religieux qui se réfèrent à Jésus.
Le Messie est la deuxième personne de la Trinité dans le christianisme. Pour les chrétiens orthodoxes, catholiques et pour la plupart des protestants, Jésus est à la fois un être humain, le Messie, et le "Fils de Dieu". Les chrétiens adorent un seul Dieu, la Trinité : le Père, le Fils (Jésus) et l'Esprit Saint. Cette communion de trois entités est appelée le mystère de la Sainte Trinité.
Pour les christianismes orientaux, la christologie est parfois un peu différente et la situation est assez complexe selon le nombre de conciles que ces Églises reconnaissent.
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- Les Églises orthodoxes d'origine byzantine ou Églises des sept conciles,
- article détaillé Églises des deux conciles, qui insistent, à la suite de Nestorius, sur la différence entre humanité et divinité dans le Christ, jusqu'à évoquer deux personnes, l'une divine, l'autre humaine, coexistant en lui
- article détaillé Églises des trois conciles qui sont monophysites ou plutôt miaphysites, qui parle de Verbe incarné plutôt que de nature humaine du Christ
Toutes ces Églises orientales et l'Église catholique reconnaissent les conciles de Nicée et de Constantinople, et le Credo ou profession de foi trinitaire qui en est issue. Les Églises appartenant au Conseil œcuménique des Églises reconnaissent également la Trinité.
En revanche, les unitariens n'acceptent pas le dogme de la Trinité. Ils se réclament d'un monothéisme strict, en ce sens qu'ils ne conçoivent pas de trinité. On en trouve des unitariens dans diverses Églises protestantes ou issues du protestantisme : Libéralisme théologique du Protestantisme libéral et Témoins de Jéhovah.
Il en résulte une interprétation différente, selon les courants, des titres christologiques ci-dessous.
Il est considéré par les chrétiens comme le Messie et le fils de Dieu. Il tient des rôles divers dans plusieurs courants chrétiens aux croyances diverses. Les catholiques, les orthodoxes des Églises des sept conciles le célèbrent comme étant à la fois vrai homme et vrai Dieu, deuxième personne de la Sainte Trinité. Les Églises protestantes européennes le confessent de même, tout en reconnaissant la liberté de conscience à leurs fidèles ; elles présentent donc des conceptions diverses mais, même quand la formulation semble identique à celle des christianismes catholique et orthodoxe[1], il faut tenir compte du fait que le sens donné aux expressions n'est pas forcément le même.
Pour les courants majoritaires occidentaux, les évangiles racontent/témoignent la vie de Jésus, né de Marie par l'opération du Saint-Esprit. L'option entre "raconter" et "témoigner" dépend du degré d'inérrance qu'elles reconnaissent aux textes Bibliques.
[modifier] Titres christologiques
- article détaillé Christologie
Il est appelé Jésus-Christ ou Christ dans la tradition chrétienne, Ιησούς Χριστός (Iesous Khristos en grec ancien). Christ est la traduction grecque du terme hébreu «Messie» («משיח» - «machiakh»), «celui qui est oint»).
Jésus est nommé de multiples façons dans le Nouveau Testament, chaque qualificatif exprimant un aspect de sa personnalité et ce qu'en percevaient ses disciples : Rabbi, ou l’équivalent araméen Rabbouni[2], qui était l’appellation des docteurs de la loi, Maître au sens d'enseignant, Prophète, Serviteur, Juste, Saint, Fils de David, déjà employés pour des personnages de l'Ancien Testament, Roi des Juifs, placé sur la croix par Ponce Pilate (Jn 19:18-22), Grand prêtre, juge, pasteur, Rédempteur, Sauveur.
Fils de l’homme. Cette expression se trouve dans la littérature hébraïque (Ps 8:5; Ez 2:1) pour signifier de manière emphatique « homme ». Dans les Évangiles, elle n’est employée que par Jésus. Elle peut n’être qu’une manière sémitique de se désigner (intéressante parce qu’elle permet d’appréhender ce que Jésus disait réellement de lui-même[3]), mais peut aussi être comprise en référence à la vision du livre de Daniel (Dn 7:13, où elle s’applique à celui à qui est donné le Royaume : ainsi en (Mt 16:28).
Fils de Dieu, parfois Fils seul, est à mettre en relation avec la façon dont Jésus s’adresse à Dieu, c’est-à-dire en l’appelant Abba, « Père » (il s’agit d’un mot araméen du langage familier). La filiation divine, qui concerne tous les hommes (au temps de Jésus, le philosophe Philon d'Alexandrie désigne par Fils de Dieu tout juif accomplissant parfaitement les mitsvoth (sg : mitsvah, règle de loi). Fils de Dieu désignait auparavant le roi quand il monte sur le trône (Voir Psaume 22 dit du Couronnement : « tu es mon fils, aujourd'hui je t'ai engendré »). Le Sermon sur la Montagne indique : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »), a été comprise dans le sens particulier de Fils unique (1 Jn 4:9) dans les récits du Baptême (Mt 3:17) et de la Transfiguration (Mt 17:5) et aussi par Paul (Rm 1:3).
Christ, du grec Χριστος, est la traduction de משיח, machiakh, « Messie » et signifie « celui qui a reçu l’onction » comme c’était le cas pour les rois et les grands prêtres d’Israël. Ainsi, dans l'Ancien Testament, Cyrus est désigné par le terme Messie pour avoir aidé à la reconstruction du temple. Il désigne le sauveur attendu par les Juifs, qui est l'amplification d'une royauté idéale. Cette amplification se produit au VIe siècle av. J.-C. sous le règne du roi Josias ou peu après. Dans le nouveau Testament, il aura tendance à être utilisé comme un nom propre dans les Épîtres catholiques et pauliniennes.
Seigneur, Κυριος, Kurios, est employé pour désigner Dieu, comme dans la Septante où il traduit le tétragramme יהוה, YHWH, (par ex. Mc 12:11, citation du Ps 118:22 ; Jn 12:37-38 qui reprend Is 53:1) ainsi que Jésus (Mc 11:3). Il a le sens de « maître », celui qui, dans l'Antiquité, disposait légalement d’un bien, que ce soit une chose, un animal ou un homme. L’araméen מרא, mara, a la même signification et se retrouve dans l’expression Marana tha, « Seigneur, viens ! ». [4]
Verbe, terme issu de la Vulgate latine qui traduit par verbum (i.e. mot) le terme grec Λογος, Logos, d'un mot au champ sémantique bien plus vaste puisqu'il s'étend de parole jusqu'à raison, intelligence[5], dans le prologue de l’Évangile selon Jean, désigne le principe créateur de toute chose (Jn 1:1). Ce logos est identifié à la Sophia ou sagesse de Dieu chez Philon d'Alexandrie Jésus y est aussi appelé la lumière du monde. Le Nouveau Testament, emploie le mot Θεος, Théos, Dieu, parallèlement au mot Κυριος, « Seigneur », (Ac 14:15), qu'il applique aussi à Jésus (Jn 1:1 ; Jn 20:28 ; Rm 9:5).
[modifier] Christianisme
[modifier] Catholicisme, Orthodoxie, Protestantisme
L'essentiel du message que Jésus « adresse à chacun, car il voit en chacun devant Dieu, une personne ayant une destinée et une valeur absolues »[7], se trouve résumé dans le Sermon sur la montagne (Mt 5:3-11) et dans les deux commandements :
- « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », fût-il un ennemi (Mt 22:36-40).
Au-delà de ce double impératif d'amour de Dieu et du prochain, bien explicité par la première épître de Jean (1 Jn 4:7-21), les premiers disciples ont attesté la Résurrection de Jésus (qui n'est pas le rétablissement des fonctions vitales du corps), sa montée au ciel, et y ont vu la réalisation de l'attente messianique des Écritures de l'Ancien Testament.
L'Évangile qu'ils proclamaient (mot qui signifie « bonne nouvelle ») est que Jésus est vivant, qu'il a triomphé du mal et de la mort, qu'il est venu apporter le salut aux hommes et qu'il est désormais avec eux pour toujours (cf. le rapprochement fait en Mt 1:23 avec le nom d'« Emmanuel » du texte d'Isaïe (Is 7:14)) :
- « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. » (Mt 28:19-20)
La réflexion christologique des disciples après Pâques et la Pentecôte avait continué à se développer. Elle a abouti à comprendre et proclamer ce qui avait déjà été exprimé par l'apôtre Thomas disant à Jésus « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20:28), et qui l'est aussi dans plusieurs autres passages du Nouveau Testament, notamment de Paul : la divinité du Christ [8]:
- « le Christ, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement » (Rm 9:5) ; « Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col 2:9). L'Apocalypse reprend pour lui les titres divins de l'Ancien Testament (Ap 1:8 ; Ap 22:13).
C'est en particulier affirmé dans l'hymne qui constitue le prologue de l'Évangile selon Jean :
- « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était près de Dieu, et le Verbe était Dieu. » (Jn 1:1).
Par l'Incarnation, Jésus-Christ, à la fois Fils de Dieu et fils de l'homme, est le médiateur entre Dieu, reconnu de manière formelle comme trinitaire après le premier concile de Nicée, et la création. Cette doctrine, répandue dans le christianisme occidental et oriental n'est pas reçue chez certains protestants, les unitariens.
Par ailleurs, l'Église catholique en enseigne la transsubstantiation depuis le Concile de Trente et croit en la présence réelle de Jésus dans les espèces du Saint-Sacrement. Cette doctrine conduit vers l'adoration eucharistique. Les autres Églises chrétiennes ont développé des théologies eucharistiques diverses. Les luthériens, en particulier, ont longuement enseigné la consubstantiation. Chez Ulrich Zwingli, la communauté revêt la présence réelle et incarne l'eucharistie.
[modifier] Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (ou mormonisme)
Pour les saints des derniers jours, Jésus-Christ est le Premier-né des esprits engendrés par le Père (Hé 1:6 ; D&A 93:21). Il est le Fils unique du Père dans la chair (Jn 1:14 ; 3:16). Il est Jéhovah et fut préordonné à ce grand appel avant la création du monde (D&A 110:3–4). Sous la direction du Père, il créa la terre et tout ce qui s'y trouve (Jn 1:3, 14 ; Moïse 1:31–33). Il naquit de Marie à Bethléhem, mena une vie sans péché et accomplit l'expiation parfaite des péchés de toute l'humanité en versant son sang et en donnant sa vie sur la croix (Mt 2:1 ; 1 Néphi 11:13–33 ; 3 Néphi 27:13–16 ; D&A 76:40–42). Il ressuscita des morts, garantissant ainsi la résurrection finale de toute l'humanité. Par son expiation et sa résurrection, ceux qui se repentent de leurs péchés et obéissent aux commandements de Dieu peuvent vivre éternellement avec Jésus et le Père (2 Néphi 9:10–12 ; 21–22 ; D&A 76:50–53, 62).
Jésus est le plus grand être qui soit jamais venu au monde. Sa vie est l'exemple parfait de la façon dont toute l'humanité doit vivre. Toutes les prières, bénédictions et ordonnances de la prêtrise doivent se faire en son nom. Il est le Seigneur des seigneurs, le Roi des rois, le Créateur, le Sauveur et le Dieu de toute la terre.
Jésus-Christ reviendra avec puissance et gloire régner sur la terre pendant le millénium. Au dernier jour, il jugera toute l'humanité (Alma 11:40–41 ; JS-Matthieu 24:1).
Selon la doctrine mormone, Jésus-Christ est apparu à plusieurs occasions à notre époque, dans le cadre du Rétablissement. La première de ces occasions est appelée la Première Vision.
Que Jésus-Christ soit Dieu au même titre que le Père est affirmé par le Livre de Mormon (1 Néphi 19:10 ; 2 Néphi 6:17 ; Mosiah 5:15 ; 15:1).
[modifier] Témoins de Jéhovah
Pour les Témoins de Jéhovah, Jésus est le Fils de Dieu le Père Jéhovah (Matthieu 3:17 ) , pas Dieu lui-même (Philippiens 2:6 ; Luc 22:42 ; Marc 15:34 ; Marc 13:32 ; Jean 3:16; Jean 5:19).
Jésus est soumis à Dieu (1Corinthiens 11:3 ; Jean 20:17 ), il est le premier-né de toute créature (Colossiens 1:15 ; Apocalypse 3:14 ; Proverbe 8:22) et Roi du Royaume de Dieu (1Corinthiens 15:27) . Jésus est également identifié à l'archange Michel mentionné dans le Livre de Daniel et l'Apocalypse de Jean (voir aussi 1Thess 4:16 ).
Ils ont hérité leur unitarisme d'un courant adventiste personnifié par Georges Storr, ami et inspirateur de leur fondateur Charles Taze Russell
[modifier] Islam
Jésus est le Messie et un prophète majeur de l’islam, qui le nomme ʿĪsā (عِيسى) et pour qui il reviendra à la fin des temps.
Contrairement aux chrétiens qui considèrent Jésus comme l'incarnation d'une personne divine, l'islam insiste sur son humanité, comme cette religion le fait pour tous les prophètes, Mahomet y compris. Il ne reviendra pas en tant que prophète, mais en tant que guide et juge de la communauté des croyants, musulmans ou non. Selon la croyance chiite, il reviendra peu avant ou après la venue du Mahdi.
[modifier] Références culturelles à Jésus-Christ
[modifier] Calendrier
Deux expressions permettent de donner la référence chronologique d’une année, l’Anno Domini, qui est l’année supposée de la naissance de Jésus-Christ, selon le calcul du moine Denys le Petit (considéré à présent comme erroné) :
- avant Jésus-Christ (abrégée av. J.-C.), l’année 1 av. J.-C. ayant immédiatement précédé l’année Anno Domini (il n’existe pas d’année zéro dans le calendrier julien proleptique) ;
- après Jésus-Christ (abrégée apr. J.-C., mais généralement omise), l’année 1 apr. J.-C. est l’Anno Domini.
[modifier] Cinéma
- La Passion du Christ (film de Mel Gibson)
- Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (film de Jean Yanne)
- Jesus Christ Superstar (spectacle et film)
- "La Dernière Tentation du Christ" (film de Martin Scorsese)
[modifier] Voir aussi
[modifier] notes et références
- ↑ Qui disposent d'un large corpus dogmatique et d'une structure hiérarchique chargée de le maintenir et de l'enseigner
- ↑ On ne peut dire que Rabbouni soit un exact équivalent de Rabbi. En revanche, on peut dire que le mot translittéré et non traduit pour dire l'exclamation de Marie « de Magdala » contient un pronom possessif enclitique de première personne.
- ↑ D'aucuns, parmi les linguistes, rapprochent cette expression de Ben Ha Ish, mot à mot fils de l'Homme qui, dans la manière sémitique et jusqu'à l'hébreu contemporain, désigne le fils de père inconnu. Les noms Bénaïch attestés dans le monde sépharade affichent et revendiquent que leur famille remonte à un enfant issu d'une famille monoparentale. Il est remarquable que dans l'évangile selon Jean, des pharisiens reprochent à Jésus qu'on ne sache pas qui est son père. Ce pourrait être une expression de moquerie reprise par le destinataire pour être revendiquée comme titre.
- ↑ Mara ou Mar, en copte, désigne l'évêque de certaines Églises des 3 et 5 conciles. C'est ce mot qu'on trouve gravé sur l'un des ossuaires trouvés dans l'ensemble funéraire de Talpiot, et c'est une erreur de compréhension qui à partir de ce mot, le fait attribuer à Marie Madeleine.
- ↑ ce concept, emprunté au néo-aristotélisme trouvera son plein développement chez Plotin, Ennéades, existe en poche chez Garnier-Flammarion
- ↑ Églises Réformées s'entend unitarisme compris.
- ↑ Karl Rahner, Herbert Vorgrimler, Petit dictionnaire de théologie catholique, Seuil, 1970.
- ↑ fonder la doctrine de la « divinité du Christ » sur Paul est pour le moins osé. Se reporter à l'article détaillé christologie de Paul qui fait le point de l'exégèse contemporaine sur Paul. La divinité du Christ est le résultat d'un débat théologique du IVe siècle voir les articles détaillés arianisme et Dogmes catholiques. Rappelons que cette dogmatique n'est pas universellement reçue, ni dans le fond, ni dans la formulation dans les églises de 2 et 3 conciles. Aussi prendre la dogmatique catholique pour étalon et ne considérer les autres christologies que par leur distance à la dogmatique catholique est profondément réducteur. La christologie fut catholique avant d'être romaine et n'a pas toujours été ce qu'elle est depuis Justinien. Elle est toujours en débat.
[modifier] Articles connexes
[modifier] Autres approches de Jésus
- Jésus de Nazareth
- Jésus (personnage historique)
- Quêtes du Jésus historique
- Thèse mythiste (Jésus non historique)
[modifier] Autres articles
- Christianisme
- Messie
- Sainte Trinité
- Évangile
- Nouveau Testament
- Christologie
- Jésus (prénom)
- L'Imitation de Jésus-Christ, œuvre célèbre de la littérature chrétienne du XVe siècle, attribuée au moine Thomas a Kempis et traduite par Lamennais