Ignacy Paderewski
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Ignacy Jan Paderewski, parfois francisé en Ignace Paderewski, né en Podolie le 18 novembre 1860 et mort à New York le 29 juin 1941, est un pianiste, compositeur, homme politique et diplomate polonais.
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[modifier] Biographie
Ignacy Paderewski est né à Kuryłówka, village dans l'ancienne province polonaise de Podolie, désormais située en Ukraine, dans une famille de petite noblesse polonaise. Il avait une sœur, Antonina, son aînée de deux ans, dont il restera toute sa vie très proche et qui viendra s'installer avec lui après son propre veuvage et la perte de son fils unique, l'accompagnera lors de son dernier séjour « patriotique » aux États-Unis en 1940-1941 et mourra trois mois après lui.
Ayant perdu sa mère alors qu'il était encore nourrisson, Ignacy Paderewski est élevé par son père, qui exerce la profession d'administrateur foncier, et reconnaît très tôt les talents musicaux de son fils. Il entre au conservatoire de Varsovie à l'âge de douze ans, se destinant initialement à une carrière de professeur de musique, et ne faisant pas montre à cette époque d'une particulière virtuosité. Ce qui ne l'empêche pas d'être diplômé en 1879.
Il se marie en 1880, à l'âge de vingt ans, avec Antonina Korsak, mais perd son épouse en octobre 1881, quelques jours après la naissance de leur fils Alfred, né infirme, qui mourra à l'âge de vingt ans en 1901.
Ces malheurs familiaux conduisent Paderewski à se jeter sur le travail pour noyer son chagrin. C'est ainsi qu'il fait deux séjours à Berlin en 1881 et 1883, au cours desquels il étudie l'art de la composition musicale et croise notamment Richard Strauss, puis à Vienne, en 1883, où il est l'élève de Theodor Leschetizki.
Après une année passée à Strasbourg comme professeur de musique au Conservatoire, en 1885-1886, il entame une carrière de pianiste de concert, en se produisant pour la première fois en public à Vienne en 1887, puis à Paris en 1888. Lors d'un concert à la salle Érard auquel assiste notamment Tchaïkovsky, il est rappelé sur scène une heure durant. Il se produit également à Londres en 1890. Sa virtuosité provoque un certain engouement du public, qui lui fait une série de triomphes au cours d'une centaine de récitals aux États-Unis en 1891.
En 1897, il fait l'acquisition, en Suisse, de « Riond-Bosson », splendide demeure située à proximité de Morges, dans laquelle il séjourne entre ses tournées de concertiste. Le 31 mai 1899, il épouse une veuve, Helena Górska, baronne de Rosen, qui se consacre pleinement à son rôle de maîtresse de maison et contribue activement à la réussite de nombreuses réceptions, où est invitée la fine fleur des milieux artistiques. La propriété est également un lieu de séjour pour divers artistes, parmi lesquels Igor Stravinsky. Parallèlement, la baronne œuvre discrètement dans le domaine social, créant par exemple une école d'aviculture pour jeunes filles polonaises. La seconde épouse de Paderewski cesse ses activités publiques en 1929, sa santé mentale s'étant dégradée, et meurt en 1934.
Après l'acquisition de Riond-Bosson et son remariage avec la baronne de Rosen, Paderewski raréfie ses apparitions publiques, préférant se consacrer à la composition musicale, essentiellement des pièces pour piano. Il compose également un opéra, Manru, qui est joué à Dresde le 29 mai 1901.
Il achete également, en 1913, un ranch viticole de 2 000 âcres (8 km²) appelé San Ignacio, à Paso Robles (Californie), dans lequel il imaginait initialement séjourner pour « se reposer », mais auquel il consacre suffisamment d'efforts et de moyens pour obtenir une récompense dans une manifestation viticole californienne au début des années 1920.
Son engagement pour la cause d'une Pologne libre et démocratique commence à se manifester en 1910, d'abord par deux dons importants pour la construction d'une salle de concert à Varsovie et l'érection d'un monument dédié à Frédéric Chopin, à l'occasion du centenaire de sa naissance, puis par une autre contribution financière importante pour l'érection d'une statue du roi Ladislas II Jagellon, à l'occasion du cinquième centenaire de la bataille de Tannenberg au cours de laquelle le roi avait remporté une victoire décisive sur les chevaliers teutoniques.
En 1914, il fonde à Vevey, avec Henryk Sienkiewicz, un « Comité central de secours pour les victimes de guerre en Pologne », dont il assure la vice-présidence durant la première année, pour ensuite devenir son représentant aux États-Unis, jusqu'à l'indépendance de la Pologne. C'est à la même époque, en janvier 1917, qu'il rencontre le président américain Woodrow Wilson, auquel il remet un mémoire sur la Pologne, dans lequel il plaide pour une Pologne libre et démocratique, mais aussi viable par la libre disposition d'un large accès à la mer Baltique. Le président américain, dans son discours du 8 janvier 1918, prononcé devant les Congrès, inclut l'indépendance de la Pologne parmi les quatorze points de Wilson : « An independent Polish state should be erected which should include the territories inhabited by indisputably Polish populations, which should be assured a free and secure access to the sea, and whose political and economic independence and territorial integrity should be guaranteed by international covenant. » (« Un État polonais indépendant devra être constitué, qui inclura les territoires habités de populations indiscutablement polonaises, [État] auquel devra être assuré un accès libre et sûr à la mer, et dont l'indépendance politique et économique et l'intégrité territoriale devraient être garanties par engagement international. »)
Toujours à partir de 1917 et aux États-Unis, Paderewski assure les fonctions de représentant du Comité national polonais (gouvernement provisoire en exil siégeant à Paris), sans compter un travail d'organisation et de coordination de bataillons de volontaires polonais ensuite envoyés au combat sur le front français.
À la fin de la Première Guerre mondiale, alors que le sort de la ville de Poznań et de toute la région de Grande-Pologne reste encore incertain, Paderewski s'y rend et, le 27 décembre 1918, harangue la foule avec une telle conviction que cela provoque une insurrection populaire contre l'Allemagne, qui occupait toujours la région.
En janvier 1919, il devient Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la Pologne nouvellement indépendante, fonctions qu'il occupe jusqu'en décembre de la même année. À ce titre, il est chef des délégations polonaises qui signent les traités de Versailles le 28 juin 1919 et de Saint-Germain-en-Laye le 10 septembre 1919.
Ayant quitté le gouvernement, il rend encore de nombreux services comme diplomate au service de la Pologne, par exemple dans diverses conférences internationales, de juillet à décembre 1920, mais aussi, de septembre 1920 à mai 1921, comme chef de la délégation polonaise auprès de la Société des Nations.
Il reprend son activité de pianiste au cours de l'année 1922 et effectue un certain nombre de tournées internationales jusqu'au milieu des années 1930. Il participe également au film Moonlight Sonata, sorti en 1937, où il interprète son propre rôle.
Les menaces de guerre se précisant en Europe, il fonde en 1936 un mouvement politique appelé le « Front de Morges », dans l'espoir d'essayer de sauver la démocratie en Pologne, mise à mal par la dictature du maréchal Piłsudski (1926-1935).
Après l'invasion coordonnée et le partage de la Pologne en septembre 1939 par l'Allemagne nazie et l'Union soviétique, Paderewski prend la tête, en décembre 1939, d'un Conseil national polonais en exil, fonction qu'il occupe jusqu'à sa mort. Le 23 septembre 1940, il quitte la Suisse pour aller s'établir aux États-Unis, et y reprendre, malgré son âge avancé et une santé fragile, ses activités de diplomate et d'orateur, s'efforçant de galvaniser la résistance extérieure par une série de conférences à travers les États-Unis, qui l'épuisent et au cours desquelles il contracte une pneumonie dont il meurt le 29 juin 1941 à New York, une semaine après son dernier discours prononcé à Oak Ridge (New Jersey).
Il reposa pendant cinquante-un ans au cimetière d'Arlington, avant que sa dépouille ne soit solennellement transférée, le 5 juillet 1992, en la cathédrale Saint-Jean de Varsovie, où ses restes furent inhumés au cours de funérailles nationales, en présence des présidents américain George Bush et polonais Lech Wałęsa.
[modifier] Décorations
[modifier] Distinctions
Docteur honoris causa
- de l'université de Lwów (1912)
- de l'université de Cracovie (1919)
- de l'université de Poznań (1924)
- de plusieurs universités des États-Unis
[modifier] Hommages
L'aéroport Ignacy Jan Paderewski de Bydgoszcz en Pologne porte son nom.
[modifier] Bibliographie
- I. J. Paderewski, [Discours sur] Chopin. Traduit par Paul Cazin. Plaquette éditée à Varsovie en 1926 par la revue "Muzyka"
- Henryk Opieński, I. J. Paderewski. Esquisse de sa vie et de son oeuvre. Lausanne, Éditions SPES, 1928, 2e édition 1948
- Aloys Fornerod, Henryk Opieński. Lausanne, Éditions SPES, 1942
- Werner Fuchss, Paderewski : reflets de sa vie, Genève : La Tribune, coll. « Un homme, une vie, une œuvre », 1981, 278 p.
- Éric Lipmann, Paderewski, l'idole des années folles, Paris : Balland, 1984, 341 p.
[modifier] Lien externe
Précédé de : Jędrzej Moraczewski |
Premier ministre de la Pologne 1919 |
Suivi de : Leopold Skulski |