Dictature argentine
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La dictature argentine désigne plusieurs juntes militaires qui se succèdent au pouvoir à Buenos Aires de 1976 à 1983. Officiellement dénommée Proceso de Reorganización Nacional (Procès de réorganisation nationale), le processus en question fit 30 000 desaparecidos (disparus) et poussa des milliers d'Argentins, parfois très jeunes, à s'exiler durablement.
La junte prit le pouvoir dans un contexte tendu d'affrontements entre les péronistes de gauche et de droite, qui culmina dans le massacre d'Ezeiza le jour du retour du général Juan Perón, en exil depuis vingt ans en Espagne franquiste.
Après le gouvernement néo-fasciste dirigé par la troisième femme du général, Isabel Perón, le général Videla dirigea la junte, formée d'un représentant de la Marine, d'un autre de l'Armée de terre et d'un de l'aviation, jusqu'en 1980. Lors de la présidence de Raúl Alfonsín, pendant la transition démocratique, un Procès de la junte eut lieu, mais les généraux ont par la suite été amnistiés par le président Carlos Menem.
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[modifier] Quatre juntes successives
- 1976-1980: Jorge Rafael Videla, Emilio Eduardo Massera et Orlando Ramón Agosti
- 1980-1981: Roberto Eduardo Viola, Armando Lambruschini, Omar Domingo Rubens Graffigna
- 1981-1982: Leopoldo Fortunato Galtieri, Basilio Lami Dozo et Jorge Isaac Anaya
- 1982-1983: Cristino Nicolaides, Rubén Franco, Augusto Jorge Hughes
[modifier] Opération Condor
Buenos Aires, et en particulier la SIDE, coopéra alors avec la DINA chilienne dans le cadre de l'opération Condor pour mettre les ressources policières en commun et poursuivre et assassiner chaque opposant politique. Ainsi, ceux-ci qui croyaient trouver l'asile ou, tout au moins, l'indifférence dans les pays voisins, étaient en fait assassinés par la police locale. Ceux qui s'échappèrent aux Etats-Unis ou en Europe n'échappèrent pas moins à la "phase 3" de l'opération Condor, qui prévoyait l'envoi de commandos pour assassiner les figures les plus en vue (cf. en particulier l'assassinat le 21 septembre 1976 de l'ancien ministre chilien Orlando Letelier à Washington D.C.).
[modifier] Conflit du Beagle et guerre des Malouines
En 1978, l'Argentine mobilisa ses troupes dans le cadre de l'Operación Soberanía, risquant la guerre contre le Chili, alors gouverné par le général Pinochet, pour une dispute territoriale concernant les îles Lennox, Nueva et Picton. La guerre fut évitée grâce à une médiation du Pape Jean-Paul II.
Voyant sa popularité s'effondrer, la junte de Buenos Aires tenta (avec un relatif succès) de remobiliser le pays derrière elle en déclarant la guerre au Royaume-Uni au sujet de l'île des Malouines, qui abrite une base militaire britannique. Surpris par l'intervention immédiate du gouvernement Thatcher, l'armée argentine est rapidement écrasée, défaite militaire qui entraîne à son tour la transition démocratique.
[modifier] Aménagement du territoire
A la fin des années 1970, l'Etat obligea 82% de la population du bourg de Federación, dans la province de l'Entre Ríos, à déménager, afin de procéder à des travaux d'aménagement du territoire. L'Etat plongea alors la ville de Federación sous les eaux, la faisant disparaître, et en créa une autre, inaugurée le 25 mars 1979 [1].
[modifier] Commémoration des victimes de la dictature
Le Congrès argentin décréta en 2002 la date du 24 mars comme Jour de la Mémoire pour la Vérité et la Justice, en commémoration des victimes de la « guerre sale », jour qui a été déclaré férié en 2006, sous la présidence de Nestor Kirchner.
[modifier] Références
- ↑ Carlos Gamerro, Federación y muerte, Página/12, 30 avril 2008 (es)
[modifier] Bibliographie
Luz ou le temps sauvage, Elsa Osorio
[modifier] Liens internes
- ESMA
- Alfredo Astiz
- Opération Charly (soutien de la dictature aux Contras et généralisation en Amérique latine des méthodes de contre-insurrection)
- Coupe du monde de football de 1978 qui a lieu en Argentine