Course à la bombe (Seconde Guerre mondiale)
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- Cet article de synthèse traite des évènements en Europe antérieurs à l'ère de l'atome concrétisée par le projet Manhattan.
Lorsque les troubles des années trente atteignent l'Europe sur les plans politiques et sociaux, la communauté scientifique européenne a atteint le niveau d'avancées nécessaire pour amorcer la phase concrète de la fission du noyau de l'atome.
Les travaux de chimistes et de physiciens qui ont marqué la première moitié du XXe siècle, tels Niels Bohr et les époux Pierre et Marie Curie marquent des avancées d'importance.
Les savants fonctionnent dans un climat d'émulation concernant leurs avancées, ce qui est le principe d'une communauté scientifique.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale est déclarée, cette question devint l'affaire de tous : ce fut la course à la bombe.
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[modifier] Veille de la guerre
- Une première filière en Allemagne est en place à Berlin lors des années vingt dans l'« institut de chimie de l'empereur Guillaume II », où Lise Meitner et Otto Hahn poursuivent les travaux de Max Planck. Parmi eux, se trouvait Walther Bothe, qui par la suite, mettrait en place le cyclotron allemand. À la fin de l'année 1938, le principe de la réaction en chaîne y est finalisé par Friedrich Wilhelm Straßmann (voir découverte de la fission nucléaire)
- Conscients à la fois de la portée de leurs travaux et de la dangerosité révélée de l'appareil nazi dont la prise de pouvoir devient totalitaire, les cerveaux s'exilent. Otto Robert Frisch avait déjà suivi en 1933 ce chemin vers l'Angleterre. Reste de leurs travaux à Berlin l'identification de l'eau lourde comme composant nécessaire aux tests.
- Le projet concurrent en France a lieu au début de l'année 1939 dans les locaux du collège de France, où Frédéric Joliot, Irène Curie, et leur équipe (Lew Kowarski, Hans von Halban, Francis Perrin) réalisent une expérience aboutie[1].
- Le programme anglais, sur lequel travaille alors Rudolf Peierls auprès d'Otto Frisch, était alors resté sur le plan théorique (résultats en 1940, mais c'était la guerre alors). Il deviendra le projet Tube Alloys.
[modifier] Pendant la guerre
La perspective des hostilités met fin au climat d'émulation, remplacé par une logique de sécurité nationale sur le plan des États impliqués.
Le seul traitement industriel permettant de synthétiser de l'eau lourde en Europe, à ce moment, est situé à Vemork en Norvège, dans l'usine de Norsk Hydro (voir Eau lourde). Ce détail ne manque pas de s'ajouter à la route du fer dans la prise de décision menant à la campagne de Norvège. Car une fois la guerre déclarée, la portée stratégique décisive de ces travaux devient un champ secondaire de confrontation entre les puissances belligérantes d'Europe.
- Le ministère de l'armement français, mandaté de fournir de l'eau lourde pour les besoins du collège de France, découvre que les Allemands ont proposé le rachat de l'ensemble des réserves d'eau lourde de Norsk Hydro, ce qui atteste d'un projet réactivé de leur côté. La diplomatie française alerte le gouvernement norvégien des usages militaires potentiels de ce produit, et procède à l'escamotage du stock via l'île de Grande-Bretagne par les services secrets.
- La filière française est évacuée en avril 1940 vers Cambridge, le stock d'eau lourde y compris, juste avant que la percée de Sedan ne ruine les perspectives de l'état-major interallié.
- Le gouvernement britannique instaure la commission MAUD pour coordonner les efforts du projet Tube Alloys ; courant 1943, tout est arrêté et les éléments utiles sont transférés dans le Nevada en vertu de l'accord de Québec dans le cadre du projet Manhattan.
- Les nazis relancent une seconde filière, par le biais de deux équipes de scientifiques dans la course à la bombe :
- l'une dirigée vraisemblablement par Werner Heisenberg, prenant la succession à l'Institut Kaiser-Wilhelm [2]. Cette seconde équipe côtoyait alors des collègues « scientifiques » dont les travaux étaient marqués par l'infamie [3].
- l'autre sous la houlette de Kurt Diebner ((en) Kurt Diebner), codé Forschungsstelle E sous le commandement de Karl Erich Schumann ((en) Erich Schumann) projet intégré à la SS en 1944. Associé à des ingénieurs ayant élaboré la charge creuse, leurs travaux dirigés par le Dr Walter Trinks portaient sur la nucléosynthèse et visaient à l'élaboration de la première bombe thermonucléaire.
- En juin 1942, un accident se produit à Leipzig sur une pile atomique à l'essai mais non fonctionnelle. Voir Liste des accidents nucléaires
- Ni l'une ni l'autre de ces équipes n'aboutirent.
- Selon l'étude de Rainer Karlsch publiée en 2005 sous le titre "Hitlers Bombe" (traduction française "La bombe de Hitler", 2007), les allemands effectuèrent 2 essais de bombes de puissance sensiblement équivalente à des armes tactiques. Le procédé utilisé n'est pas bien établi, il pourrait s'agir de l'application des recherches sur les charges creuses. Certains témoignages laissent penser que des cobayes humains venant du camp de concentration d'Ohrdruf (Thuringe) ont été sacrifiés lors de la seconde expérience. Des analyses de la radioactivité ont montré des produits issus de réactions nucléaires, la signature de ces derniers ne correspondant pas aux émissions de Tchernobyl.
Conscients du caractère décisif de ces projets, l'aviation alliée par quatre reprises mit fin à la production de l'eau lourde en Norvège occupée (lire bataille de l'eau lourde).
[modifier] Exfiltration
Jusque la veille de la chute du régime nazi, les hauts dirigeants et leurs supporters du complexe militaro-industriel (tel Hans Kammler, responsable de la production du missile V2 à Dora ) plaçaient leur credo en l'aboutissement de ces projets de machine infernale pour le sort de la guerre . Il est important de souligner ici l'importance des discours véhéments d'Adolf Hitler à cette époque: il évoquait fréquemment des "armes de représailles" sans autres précisions, ce qui donnait à penser aux Alliés qui étaient dans le secret du projet Manhattan que les Allemands étaient près d'aboutir à la réaction nucléaire maîtrisée et que c'était donc la bombe atomique que Hitler sous-entendait. Il est significatif que Heisenberg fut surpris de découvrir après sa capture par les Américains à quel point les Alliés étaient avancés en juillet 1945 alors que ceux-ci en revanche furent surpris d'apprendre les échecs et retards de la science allemande en ce domaine.
Les savants atomistes de l'Allemagne nazie furent exfiltrés en Angleterre et passèrent aux aveux ((en)liste dans l'article anglais ). Après avoir consigné le résultat de leurs recherches, ils vinrent grossir le contingent scientifique de l'opération Paperclip.
L'URSS mit la main sur une autre partie de ces filières allemandes afin de rattraper son retard en la matière après l'explosion d'Hiroshima.
Sensibilisés sur l'usage militaire des résultats de leur champ d'expérience par l'explosion des bombes sur le Japon, les plus importants scientifiques ayant vécu ces épisodes prirent part à des mouvements pacifistes dans l'après-guerre, notamment pour prôner la non-prolifération.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Notes
- ↑ H. von Halban, F. Joliot and L. Kowarski, Nature 143 (1939) 470 and 680.
- ↑ lire la controverse dans sa biographie concernant sa rencontre confessionnelle avec Niels Bohr en Suède
- ↑ eugénisme, anthropologie et hérédité : les théories nazies sur la race concrétisées par des prélèvements de cerveaux.
[modifier] Liens internes
- projet allemand d'énergie nucléaire (en:German nuclear energy project) : visait à construire une pile, et non une bombe ;
- Kaiser-Wilhelm-Gesellschaft (en:Kaiser-Wilhelm-Gesellschaft) : société savante - postérité .