Bugey
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Cet article ou cette section ne cite pas suffisamment ses sources.
Son contenu est donc sujet à caution. Wikipédia doit être fondée sur des sources fiables et indépendantes. Améliorez cet article en liant les informations à des sources, au moyen de notes de bas de page (voir les recommandations).
|
Le Bugey est une région historique située dans le sud-est de la France, entre Lyon et Genève. Ses habitants sont les Bugistes ou les Bugeysiens (nom tombé en désuétude et utilisé par les sociétés savantes).
Avec la Bresse, la Dombes et le Pays de Gex, le Bugey forme le département de l'Ain.
Sommaire |
[modifier] Géographie de la région
Elle est délimitée par le coude du Rhône de l'est au sud et à l'ouest, la rivière d'Ain marque la bordure occidentale. Les confins de la partie nord sont sujets à controverse. Le baron Achille Raverat, dans son ouvrage publié en 1867 sur les vallées du Bugey, définit la limite nord à la Valserine ; l'usage généralement accepté est d'incorporer les communes du département de l'Ain au Bugey. Certains distinguent la petite région du Revermont mais, étant située à l'ouest de la rivière l'Ain, elle ne fait pas partie du Bugey. La frontière entre Ain et Jura est donc celle du Bugey.
D'un point de vue géomorphologique, le Bugey est composé d'un relief montagneux qui est la prolongation méridionale du Jura. Ce massif continue au-delà du Rhône, en Savoie, et constitue le « Petit Bugey » qui est désormais connu comme Avant-Pays savoyard.
Le point culminant du Bugey est le Grand Colombier (1538 m). C'est aussi l'un des plus hauts sommets du massif du Jura.
[modifier] Administration
Le Bugey fait partie du département de l'Ain. Il est divisé en deux arrondissements distincts :
- Au sud, l'Arrondissement de Belley (9 cantons, 107 communes)
- Au Nord l'Arrondissement de Nantua, appelé parfois « Haut-Bugey » (7 cantons, 64 communes).
Les 2 parties du Bugey regroupent chacune environ 80 000 habitants.
Les villes les plus importantes sont :
-
- Oyonnax 24100 hab.
- Ambérieu-en-Bugey 11400 hab.
- Bellegarde sur Valserine 10800 hab.
- Belley 8000 hab.
- Lagnieu 5880 hab.
- Nantua 3900 hab.
[modifier] Histoire
[modifier] Origine du nom
La légende du Bugey raconte que Bugia, compagne de Bel, fils de Japhet, petit-fils de Noé, a donné ainsi son nom au Bugey :
Bel et Bugia ayant décidé leur départ, à la dispersion des petits-fils de Noé, Japhet s’avance à son tour pour les bénir et, par un fil, il suspend au cou de sa bru un sachet en peau de gazelle. "Portez-le", dit-il, "jusqu’à ce que vos regards embrassent le pays du rêve et du désir. Là seulement, vous l’ouvrirez pour en répandre le contenu sur le sol. Il renferme de précieuses reliques du Paradis terrestre et de l’Arche, qui ajouteront encore à la beauté et à la richesse du pays que vous aurez élu". Durant des mois, Bel et Bugia marchèrent dans une nature hirsute, broussailleuse, sans une fleur, dans le vent, les pierres, les sables. Or, un soir, presque épuisée, Bugia, gravissant une montagne, s’arrêta au sommet et s’écria : "Regarde !" Bel releva le front. Son visage se transfigura soudain. À ses pieds s’étendait une vallée sur laquelle, des hauteurs du ciel bleu se déversaient les flots de pierreries d’un splendide arc-en-ciel. La vallée était immense, fertile, charmante. "C’est ici, Bel, qu’il faut nous arrêter. C’est ici que je souhaite vivre". "Oui", dit Bel, "et nous l’appellerons de ton nom, Bugia". Et Bugia vida le contenu du sachet, les graines se répandirent sur le sol, les ceps s’enfoncèrent dans la terre…et le lendemain matin, le Bugey s’éveilla couvert de vignobles, d’arbres fruitiers, de pampres, de cerises, d’épis de blé, de fleurs, qui emplirent dès cet instant cette terre privilégiée.
Plus historiquement, dès 1195, le terme de terra de beuzeis disparait pour se transformer en beugeys en 1372 puis en beugeis en 1613 pour enfin trouver sa forme actuelle en 1722.
[modifier] Antiquité
Un des traits du Bugey est l'ancienneté et la permanence de l'occupation humaine. La région offrait à l'homme des grottes accessibles, de l'eau, du bois, du gibier. Des traces de croyances subsistent dans certaines gravures.
L'homo sapiens apparaît dans le Bugey lors du retrait définitif des grands glaciers alpins au paléolithique supérieur (20 000 à 12 000 ans BC ; Grotte des Hotteaux à Rossillon) au moment où les conditions en Bugey étaient favorables à une implantation humaine. On présume que ces peuplades étaient originaires d'Asie. L'azilien et le néolithique nous sont connus par des haches et autres outils de pierre polie, par le squelette enchevêtré de l'homme de Culoz et par de nombreuses pierres à cupules.
Le peuplement pré-romain de la région est partagé entre des peuples venus du nord tels que les Séquanes et les Helvètes et des peuples venus du sud tels que les Ambarres et les Allobroges. Mais le Bugey entre réellement dans l'histoire en 58 avant J.C. avec le début des conquêtes romaines menées par les troupes de Jules César. La romanisation a été marquée dans l'habitat, dans les réseaux de communications, dans les vestiges de temples … Sous la période romaine le Bugey connaitra un formidable essor, comme en témoignent la densité des établissements gallo-romains ainsi que le remarquable développement du réseau des routes romaines. Cela s'explique par la situation privilégiée du Bugey, placé sur la route de l'Italie et par sa proximité avec Lyon, alors capitale des Gaules. C'est également à cette époque qu'apparaît la ville de Belley, probablement fondée au siècle d'Auguste.
Les noms des villages rappellent les racines celtes ou ligures mais surtout la présence de villas gallo-romaines : le suffixe latin -acum accolé au nom de personnes propriétaires de domaines ruraux est fréquent, dans le Bugey, il a généralement évolué en ieu : Arbignieu, Colomieu, Peyrieu, Conzieu… Un sous-préfet aurait imposé au XIXe siècle l'abandon du x à la fin des noms mais seulement pour les villages, d'ou la subsistance du x pour les hameaux comme Escrivieux.
[modifier] Moyen Âge et Renaissance
Lors de la dissolution de l'Empire romain, le Bugey voit ses vallées profondes servir de passage aux Alamands et aux Burgondes. La présence chrétienne se concrétise sous les Burgondes, puis sous les Francs, par la création de l'évêché de Belley au Ve ou au VIe siècle. Un siècle plus tard, tombé au pouvoir des Francs, le Bugey offre aux Sarrasins défaits par Charles Martel (734) un asile dans ses montagnes. C'est à eux qu'on attribue la paternité des suffixes de noms de village en "oz" et "az" (Culoz, Contrevoz, Ordonnaz…). À l'administration stabilisatrice de Charlemagne succède l'anarchie de la Lotharingie qui engendre rapidement la féodalité.
A partir du IXe siècle, le Bugey entre successivement dans le second royaume de Bourgogne et le Saint Empire. La féodalité, déjà bien constituée, va se renforcer et au XIIe siècle, profitant de l'anarchie, seigneurs laïcs et ecclésiastiques prennent leur indépendance ; ainsi dans le Bas Bugey, les évêques de Belley possèdent-ils maints territoires et villages ; plus au Nord, les Sires de Thoires apparus vers 1086 sur les bords de l'Ain, fondent une dynastie qui durera près de quatre siècle; en étendant leur fief sur une grande partie du Haut Bugey ils s'opposent violemment aux prieurs de l'Abbaye de Nantua fondée au VIIe siècle. Au XIIe siècle, le peuplement du territoire bugiste s'accélère et la densité de population devient forte. De nombreux prieurés sont créés, ainsi que de nombreux monastères, comme l'abbaye de St Sulpice (1130), les Chartreuses de Portes (1115), Arvières (1132), Pierre Châtel (1383)…
Constitué autour de l'évêché de Belley, le Bugey s'étend au fur et à mesure des conquêtes de la Maison de Savoie, à tous les pays situés entre le Rhône et l'Ain, y compris le Valromey, la Michaille et la terre de Nantua. Plus au Nord, une page de l'histoire médiévale se tourne en 1402 : sous la pression du duc de Bourgogne Philippe Le Hardy qui revendique la suzeraineté sur le comté de Montréal et fait envahir la vallée d'Oyonnax[1], le dernier Sire de Thoire-Villars sans descendance se résigne à se séparer de ses terres du bugey : il les vend au duc de Savoie.
[modifier] L'annexion à la France
En 1077, le comte Amédée II de Maurienne avait reçu de l'empereur du Saint Empire, Henri IV, la confirmation de ses droits sur la seigneurie du Bugey. La maison de Savoie va habilement étendre sa domination et acquérir la puissance qu'on lui connaît. Après dix siècles de dévastation, le Bugey, annexé au comté de Savoie, jouit enfin d'un repos inaccoutumé sous le règne de princes modérés et bienveillants. Il restera dans l'orbite de la maison de Savoie (sauf courte invasion française de 1536 à 1559) jusqu'au traité de Lyon en 1601 qui rattache le Bugey à la France avec la Bresse et le Pays de Gex. Après plus de 1000 ans de destinée commune avec la dynastie savoyarde, le Rhône devient un fleuve frontière.
[modifier] Ancien Régime
Le XVIIe siècle est relativement difficile pour le Haut-Bugey (affrontement entre Gris bugistes et Cuanais comtois) et financièrement lourd pour toute la France qui supporte les fastes versaillais du Roi-Soleil…
[modifier] Révolution française
Le XVIIIe siècle voit s'implanter les premières industries, principalement textile, en Bugey. Dans les salons de Belley, on assiste à l'émergence des nouvelles idées, celles des philosophes et des physiocrates. Aux premières heures de la Révolution, l'avocat Jean Anthelme Brillat-Savarin est député du tiers état à l'Assemblée constituante où il représente la région de Belley. Il participe aux débats passionnés concernant la création du département de l'Ain le 25 janvier 1790. Il est aussi l'auteur de la Physiologie du goût ! Le Bugey sera secoué par la tempête révolutionnaire qui n'épargne ni châteaux ni édifices religieux (Albitte).
[modifier] Le XIXe siècle
L'ordre napoléonien complète l'équipement administratif du département de l'Ain, en faisant de Belley une sous-préfecture le 17 février 1800. Après les guerres napoléoniennes, auxquelles il paie un lourd tribut en hommes et en argent, le Bugey profite un peu de la révolution agricole, et surtout de la révolution industrielle qui va, au XIXe siècle, transformer durablement son visage.
[modifier] La Seconde Guerre mondiale
Les première et seconde guerre mondiales restent gravées dans les mémoires bugistes. Peyrieu voit s'édifier un des premiers monuments aux morts de France, grâce à la générosité de l'américaine HOFF. Après l'armistice du 22 juin 1940, la ligne de démarcation toute proche place le Bugey du côté de la zone libre (non occupée) jusqu'au 11 novembre 1942. "L'armée des ombres", organisée dès 1942 par le général Delestraint, offre à nos souvenirs coups d'éclats et martyrs.Le 11 novembre 1943, le maquis défile en armes à Oyonnax. Le monument du Val d'enfer situé sur la commune de Cerdon et inauguré le 29 juillet 1951, honore les 700 maquisards de l'Ain tombés pour que la France reste debout…
[modifier] Population
La population a constamment décliné au cours du XXe siècle, en particulier dans les zones excentrées et montagneuses, ainsi que pendant la désindustrialisation de la vallée de l'Albarine (années 60-80). Les régions de la plaine de l'Ain et de la vallée du haut Rhône ont au contraire vu leur population augmenter. La capitale historique du Bugey est Belley. Le "Pays du Bugey" réunit 7 cantons (Belley, Champagne en Valromey, Hauteville, Lhuis, Saint-Rambert-en-Bugey, Seyssel et Virieu) ainsi qu'une partie du canton de Brénod, soit 92 communes pour une population de 43 361 habitants en 1990.
[modifier] Physionomie et tourisme
Combes, crêtes, plateaux mais aussi coteaux, châteaux et chapelles sont visibles dans le Pays du Bugey. Brillat-Savarin décrivait le Bugey comme "un jardin anglais de cent lieux carrées". Les paysages sont ponctués de cascades, lacs et étangs, soulignée par des serpentines d'émeraudes… Les différences de paysage conduisent à distinguer deux sous-régions :
- Le Bas-Bugey
- Ambérieu-en-Bugey et Ambronay.
- Cluse de l'Albarine
- Villages d'Évosges et d'Oncieu
- Chartreuse de Portes
- Saint-Sorlin-en-Bugey
- Belley
- Le Mollard de Don (1217m.)
- Le Haut-Bugey
- Le Valromey constitue la transition entre les deux
[modifier] Gastronomie
- Galette à la crème.
- Fromage à Ramequin.
- Pain surprise.
- Marc du Bugey.
- Quenelles sauce Nantua.
- Comté
- Vignoble du Bugey
- Brillat-savarin (sorte de baba-au-rhum qui porte le nom de son créateur, Jean Anthelme Brillat-Savarin, célèbre gastronome)
- Le Cerdon
[modifier] économie
[modifier] Notes et références
- ↑ Oyonnax situé au portes du Jura doit son nom à la très illustre abbaye de Saint-Oyend (rebaptisée Saint-Claude en 1610); fondée en 425 par Romain et Lupicin natifs du Bugey (Izernore) l'abbaye est dotée de terres offertes successivement par les rois Burgondes puis Francs. Aussi les "Oyenna" désigne tout simplement les "Terres de Saint-Oyend".