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Au Bonheur des Dames - Wikipédia

Au Bonheur des Dames

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Au Bonheur des Dames

Illustration de Au Bonheur des Dames

Auteur Émile Zola
Genre Roman naturaliste
Pays d’origine France
Éditeur G. Charpentier
Date de parution 1883
Série Les Rougon-Macquart
Histoire naturelle & sociale d’une famille sous le second Empire
Précédé par Pot-Bouille
Suivi par La Joie de vivre

Au Bonheur des Dames est un roman d’Émile Zola publié en 1883, le 11ème volume de la série les Rougon-Macquart. À travers une histoire sentimentale à l’issue inhabituellement heureuse, le roman entraîne le lecteur dans le monde des grands magasins, l’une des innovations du Second Empire. Le modèle du personnage de Octave Mouret est Auguste Hériot, co-fondateur des Grands Magasins du Louvre.

Sommaire

[modifier] Résumé

[modifier] Les débuts au grand magasin

Denise Baudu, héroïne principale du roman, jeune Normande de 20 ans originaire de Valognes, arrive à Paris avec ses frères Jean et Pépé, âgés respectivement de 16 et 5 ans. Leur père, dont ils portent tous les trois le deuil ( ils sont en effet vêtus de noir dès leur arrivée à Paris au premier chapitre) qui tenait une teinturerie, est mort il y a un an environ de la même fièvre qui avait emporté leur mère quelques jours plus tôt. Son oncle avait écrit à Denise à cette époque qu’il pouvait y avoir une place dans sa boutique à Paris. Mais depuis un an, les affaires ont mal tourné et il ne peut embaucher Denise.

Au Bonheur des Dames est à ce moment dirigé par Octave Mouret, fils de François Mouret et Marthe Rougon. Ce grand magasin prospère tellement bien qu’il ruine les petites boutiques du quartier. Les Baudu, tenant le Vieil Elbeuf qui se trouve en face du Bonheur, sont exaspérés par les agrandissements successifs opérés par Mouret. Ils ont en effet connu la boutique, fondée par les frères Deleuze, à l’époque où elle avait une taille modeste. Mouret est devenu propriétaire de la boutique en épousant Mme veuve Hédouin (née Deleuze) dans Pot-Bouille, qui décédera peu après.

Les Baudu sont particulièrement exaspérés du fait de leur attachement aux pratiques commerciales traditionnelles, et souhaitent que leur boutique reste telle qu’elle est. Plus tard dans le texte, certains membres de leur famille vont eux-mêmes succomber à cet acharnement et à ce désespoir, voyant le grand magasin provoquer alors petit à petit leur totale faillite.

Denise, ne trouvant de place dans les petites boutiques, décide d’aller chercher du travail au Bonheur des Dames grâce à l'aide d'un ami de son oncle qui travaille au Bonheur, et ce malgré l’avis défavorable de son oncle. Grâce à Mouret, qui l’a remarquée malgré ses allures de paysanne, elle est engagée au rayon des confections. Mais elle doit subir les railleries des vendeuses qui, se moquant de ses souliers et de sa chevelure difficile à coiffer, ne lui laissent aucune vente importante. Ainsi, fatiguée de ranger les manteaux dépliés, elle s’inquiète, le soir dans sa chambre, de la pension qu’elle doit payer pour faire garder Pépé par une vieille dame. Jean, ne comprenant pas son désespoir, lui demande d'importantes sommes d’argent qu’elle gagne difficilement pour se dépêtrer de ses aventures amoureuses, manipulant sa sœur en se décrivant comme constamment au centre d’intrigues rocambolesques et désespérées. Denise est alors obligée de coudre des nœuds de cravate la nuit, donnés gentiment par Robineau, le premier commis au rayon de la soie.

Denise aussi commence son éducation sentimentale : avec son amie Pauline Cugnot des lingeries, elle s’intéresse un peu aux histoires de cœur de son comptoir. Cette dernière lui conseille de prendre un amant pour subvenir à ses besoins financiers. Mais Denise ne peut supporter l’idée même : elle préfère se fatiguer à faire des nœuds de cravate la nuit. Mais, en même temps, touchée par la galanterie hypocrite de Hutin qui se moque d’elle dans son dos, elle le « reluque ». Petit à petit, naît entre elle et Mouret une sorte de complicité dont aucun des deux ne comprend qu’il s’agit en fait d’un véritable coup de foudre : en effet, ni l’un ni l’autre ne sait ce qu’est l’amour, qu’il s’agisse de la naïve Denise ou du déjà trop expérimenté Mouret, habitué à des relations sans lendemain.

Mais, elle discute souvent avec son amie Pauline et va souvent voir Robineau : l’inspecteur Jouve l’a remarqué mais ne va pas voir la direction. En effet, la direction est très stricte : pas de bavardages, pas d’amants, il faut dormir la nuit… En juillet, Denise a peur : c’est la morte-saison, l’époque des renvois. Bourdoncle, l’adjoint tyrannique de Mouret, renvoie pour un rien, de plus il n’apprécie pas trop Denise, qui pense que si quelqu’un doit sauter dans son comptoir, ce sera elle. En réalité, Bourdoncle ne fait qu’exécuter les ordres de Mouret : celui-ci veut conserver son image de patron paternel, mais veut quand même licencier pour économiser.

Un jour de juillet, Jouve qui n’a rien dit à Bourdoncle sur Denise et Pauline, espère « se faire remercier » de Denise (il lui fait des avances, comme à d’autres vendeuses). Celle-ci refuse catégoriquement, et Jouve veut se venger. Un peu plus tard, à l’heure du déjeuner (pas très agreable), elle rencontre Jean qui veut encore une fois lui demander de l’argent. Le problème, c’est que la rumeur court que Jean serait l’amant de Denise et Pépé son enfant (on ne sait pas qu’ils sont frères et soeur). Elle se fait alors surprendre par Jouve qui fait cette fois son rapport à Bourdoncle. Denise est alors renvoyée. C’est à ce moment-là que les autres personnages commencent à sentir la tendresse de Mouret pour Denise : Jouve préfère voir Bourdoncle plutôt que Mouret qui l’accueille dans son bureau « par un instinct », et Bourdoncle préfère tout de suite passer au renvoi sans consulter Mouret, de peur d’une « faiblesse ». Mouret est alors victime de son système : apprenant le renvoi de Denise, il s’énerve contre Bourdoncle car il voit là une tentative d’échapper à son pouvoir (alors que c’est comme ça traditionnellement que ça se passe). Il se renseigne et parle même de reprendre Denise : une bien étrange attitude aux yeux de Bourdoncle. Denise, renvoyée, éprouve l’étrange besoin d’aller s’expliquer avec Mouret, de lui dire au moins que c’était son frère, même si elle ne revient pas. Mais finalement elle ne se décide pas.

[modifier] Le passage par les petites boutiques

Denise loue alors une chambre chez Bourras, un artisan qui fabrique des parapluies. Il l’embauche même par charité. Denise est ensuite vendeuse chez Robineau qui a repris une des boutiques du quartier. Celui-ci, aidé par Gaujean, un petit tisserand lyonnais, décide de batailler contre le Paris-Bonheur de Mouret, la soie miracle. Lui aussi décide de créer sa faille (soie noire). Mais Mouret baisse le prix du Paris-Bonheur devant les yeux effarés de ses salariés et le vend à perte. Robineau le suit, baisse le prix de sa faille. Finalement, c’est Mouret qui gagne la partie, Robineau est ruiné.

Denise, un an après son renvoi, promène comme d’habitude Pépé aux jardins des Tuileries. C’est là qu’elle rencontre Mouret, qui se rend chez Mme Desforges, une maîtresse dont il se sert pour approcher le baron Hartmann, important financier du monde parisien. Mouret préfère retarder sa visite et se promener avec Denise, qui veut repartir. Il lui propose de réintégrer le Bonheur des dames et cause avec elle des grands magasins. Il se rend alors compte qu’elle lui « chauffe le cœur ». Mouret va même jusqu’à prétexter n’importe quoi pour rester avec elle. La scène nous est décrite comme une nuit passée (« un brusque réveil ») : mais finalement, il s’en va, se rend compte en apercevant les fenêtres de Mme Desforges qu’il ne peut pas la retenir davantage.

[modifier] Le retour triomphal

Peu après, Denise revient au Bonheur en tant que vendeuse appointée, à la grande joie de Mouret. Cela comporte des inconvénients : dès que Mouret parle, tout le monde chuchote en la cherchant des yeux. Pauline aiguise, sans que Denise le sache, sa jalousie, en lui faisant la description complète des caprices de Mouret avec Clara, une vendeuse. Deloche, un vendeur aux dentelles qui s’amourache de Denise, est toujours triste. Mme Desforges, vient au Bonheur accompagnée de Bouthemont, un premier à la soie ambitieux, pour voir le « caprice de Mouret ». Bouthemont lui a seulement dit qu’elle était à la confection. Du coup, elle croit que Denise est cette maîtresse. Mme Marty lui dit que non, que c’est Clara Prunaire, mais elle n’a plus de doute à la vue de l’attitude de Mouret avec Denise. Elle se venge déjà en faisant tourner Denise en rond dans le magasin, puis invente un stratagème pour « convaincre Mouret de sa trahison ». Le directeur du Bonheur promeut le soir Denise seconde vendeuse du rayon confections et cherche à la séduire avec la recette de la journée, mais cela échoue : non seulement elle refuse les avances de Mouret mais en plus la vue de l’argent la blesse. Elle est cependant bouleversée par l’affaire (elle l’aime). Bourdoncle, qui pressent une liaison sérieuse, arrive dans le bureau sous prétexte d'un record de fréquentation, au grand dam de Mouret.

Le jour de l’inventaire, Denise reçoit une lettre de Mouret qui l’invite à dîner le soir avec lui. Elle est au courant des légendes au sujet de ce dîner : après, il y a le « dessert »; Clara et d’autres y sont déjà allées. Denise refuse le dîner mais se rend compte qu’elle l’aime, grâce notamment à sa jalousie. Puis, après, avec une mise en scène de Mme Aurélie qui est complaisante envers Mouret, elle se retrouve avec lui. Elle refuse toujours ses avances, malgré ses discours apitoyants qui utilisent le champ lexical de la famille, ses pleurs. Il utilise des arguments de choc : l’argent, l’entorse que Denise s’est faite... Elle utilise des arguments qui ne tiennent pas trop debout. Il devient brutal, mais Denise refuse d’être une aventure de passage. Cela étonne Mouret de plus en plus. Denise s’en va et Mouret la suit, d’un regard désespéré.

Mme Desforges trouve comme stratagème de faire venir Denise chez elle pour retoucher un manteau et de l’humilier en présence de Mouret. Ce dernier ne la voit presque plus et ne ne se rend chez elle que dans le but de voir le baron Hartmann. Comme il s’ennuie chez elle, il vient avec son ami Paul de Vallagnosc. Mouret, après avoir compris que Denise faisait une retouche chez Mme Desforges, s’inquiète de plus en plus. Elle excite la jalousie de Denise et l’insulte. Mouret, après bien des tentatives, y met fin et la console. Mouret rompt enfin avec Mme Desforges.

Mouret finit alors par comprendre après bien des offres de cadeaux que ce qui importe à Denise, ce n’est pas l’argent, mais l’amour. Pour Mouret, c’est bien une race de fille inconnue (voir Pot-Bouille). En effet, il n’a été habitué qu’à celles que l’argent faisait fondre. Mouret est alors obsédé par Denise (il en rêve la nuit) qui le suit partout avec lui (conseil des intéressés, inspection, discussion avec des banquiers, paperasses...). Mouret joue alors la tactique de l’amitié. Il s’entame alors de longues discussions dans lesquelles Denise lui suggère de créer un orchestre et de faire des mesures pour améliorer la vie des salariés.

Bourdoncle excite la jalousie de Mouret en disant qu’elle a plusieurs amants dans le magasin. Mouret profite d’une erreur de Hutin, un des « amants », pour lâcher sa rancune. Hutin est sûr que c’est à cause de Denise. Il se venge en voyant Denise parlant avec Deloche en train de pleurer. Il appelle Bourdoncle qui appelle Mouret. Celui-ci a une explication avec Denise dans le bureau. En réalité celle-ci s’est simplement faite aborder dans l’atelier pour parler du Cotentin. L’explication d’un directeur avec sa vendeuse devient très rapidement une scène de jalousie passionnée. Mouret reproche à Denise ses amants. Elle n’en a aucun et préfère partir de la maison. Mouret, amoureux fou, barricade la porte. Finalement Denise est nommée première d’un rayon de confections pour enfants.

Un jour de grande vente de blanc, Mouret, en voyant Denise s’occuper de ses frères comme de bébés, la demande en mariage. En effet, celui-ci est désemparé par le prochain départ de Denise. Celle-ci refuse puis finit par accepter. On sent tout au long du roman une fascination de Zola pour ce grand magasin, même s’il en fait un monstre engloutissant vendeuses et clientes. Selon lui, le succès des grands magasins, inévitable, est une bonne chose, même s’il s’accompagne de la ruine des autres commerces et de conditions de travail particulièrement dures.

[modifier] Adaptations

s:

Au Bonheur des Dames est disponible sur Wikisource.

Ce roman a été adapté plusieurs fois au cinéma :

Autres langues


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