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Amenemhat Ier (-1991 à -1962 selon Redford, Grimal et Arnold) est le premier pharaon de la XIIe dynastie égyptienne qui restera l'une des plus prestigieuses de l'histoire égyptienne.
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Amenemhat Ier |
Naissance |
date inconnue |
Décès |
date inconnue |
Père |
Sésostris |
Grand-père |
Grand-père paternel inconnu |
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Grand-mère |
Grand-mère paternelle inconnue |
Mère |
Néferet |
Grand-père |
Grand-père maternel inconnu |
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Grand-mère |
Grand-mère maternelle inconnue |
Fratrie |
Fratrie inconnue |
Première épouse |
Néferitatenen |
Enfant(s) |
Sésostris Ier |
Deuxième épouse |
inconnue |
Enfant(s) |
pas d'enfant connu |
Troisième épouse |
inconnue |
Enfant(s) |
pas d'enfant connu |
Quatrième épouse |
inconnue |
Enfant(s) |
pas d'enfant connu |
Cinquième épouse |
inconnue |
Enfant(s) |
pas d'enfant connu |
Sixième épouse |
inconnue |
Enfant(s) |
pas d'enfant connu |
Septième épouse |
inconnue |
Enfant(s) |
pas d'enfant connu |
Huitième épouse |
inconnue |
Enfant(s) |
pas d'enfant connu |
Mari |
inconnu |
Enfant(s) |
pas d'enfant connu |
Deuxième mari |
inconnu |
Enfant(s) |
pas d'enfant connu |
Troisième mari |
inconnu |
Enfant(s) |
pas d'enfant connu |
Quatrième mari |
inconnu |
Enfant(s) |
pas d'enfant connu |
Les rois de la XIe dynastie thébaine avaient rétabli l'unité de l'Égypte après l'époque d'anarchie qui avait suivi l'effondrement de l'Ancien Empire, mais leur autorité sur le pays semble avoir été encore fragile, car le règne de Montouhotep IV, troublé, se termine en une obscure guerre civile.
Fils du prêtre Sésostris selon une inscription à Thèbes, premier ministre et vizir de Montouhotep IV (-1998 / -1991), le dernier roi de la XIe dynastie, Amenhemat est connu alors pour avoir mener une expédition de 13 000 hommes au Ouadi Hammamat afin d'en extraire les matériaux d'éternité destinés à la sépulture de son souverain.
« Ma Majesté envoya le prince, maire de la ville, le vizir, chef des travaux, le favori du roi, Amenhemat, avec une armée de 10 000 hommes, levés dans les nomes méridionaux, afin qu'il me rapporte un très beau bloc de pierre dure (...) ; elle est destinée à la construction d'un sarcophage, monument d'éternité, et à des statues placées dans les temples du sud ; c'est ce que le roi du Double Pays souhaite qu'on lui rapporte des collines de son père Min, selon le désir de son cœur[1]. »
Amenemhat Ier prend le pouvoir à la mort du roi Montouhotep.
Il doit lutter durant des années pour consolider son pouvoir sur l'Égypte. Après l'élimination de deux rivaux concurrents au trône, Antef et Ségerséni, le nouveau pharaon se consacre avec lucidité et énergie à la réforme administrative et à la défense des frontières. Pour mener à bien la première, il doit composer avec les féodalités locales toujours puissantes : il révoque les nomarques au loyalisme suspect, mais maintient prudemment les autres à leur poste, où ils continuent de se succéder de père en fils. Il recrute en outre de nombreux fonctionnaires subalternes pour améliorer la gestion publique de l'Égypte. Pour écarter le danger des incursions de nomades asiatiques aux frontières nord, il renforce les fortifications du « Mur du Prince » commencées par Montouhotep III.
Toujours en vue de légitimer son pouvoir, Amenemhat Ier inspire la rédaction de la prophétie de Néferty, document censé dater du roi Snéfrou, dans lequel un mage annonce que l'Égypte sera sauvée du chaos par un roi Amény venu de Haute-Égypte :
« Il viendra alors un roi, venu du sud appelé Ameny, fils d'une femme de Ta-Sety né dans Khen-Nekhen. »
Même si ce texte n'a rien de prophétique puisque les versions les plus anciennes dont on dispose datent précisément du règne d'Amenemhat, il indique clairement en revanche l'origine du roi :
- Khen-Nekhen est une localité située dans le premier nome du sud dont le chef-lieu était Éléphantine,
- Ta-Sety qui est rattaché à sa mère, qualifie l'actuelle Nubie égyptienne et peut se traduire par la terre de l'arc.
Afin de consolider son pouvoir et assurer la continuité dynastique, il prend son fils Sésostris Ier comme corégent en l'an XX de son règne. Il inaugure par là une tradition qui sera suivie jusqu'aux derniers temps de la royauté d'Égypte ancienne.
Amenemhat Ier est assassiné à la suite d'un complot de harem en l'an XXX, alors que son fils et héritier Sésostris guerroyait en Libye. Il est enterré dans sa pyramide de Licht, au sud de Memphis. Cette conspiration est le point de départ d'un des textes littéraires les plus connus de l'Égypte ancienne, le Conte de Sinouhé. Nous possédons le récit de l'assassinat dans le texte intitulé Enseignement d'Amenemhat Ier pour son fils Sésostris Ier :
« C'était après souper, la nuit était venue. Cela faisait une heure que j'étais étendu sur mon lit [c'est Amenemhat qui est sensé parler] car j'étais fatigué. Comme je commençais à m'endormir, les armes consacrées à ma protection furent tournées contre moi (...). Je fus éveillé par un combat (...) et réalisai que c'était un combat de gardes. Je pris rapidement des armes dans ma main (...), mais personne ne peut se battre seul, aucun succès n'est possible sans aide. Cette effusion de sang eut lieu alors que j'étais sans toi [son fils Sésostris], avant que les courtisans aient appris que je voulais te léguer le pouvoir, avant que je ne me sois assis avec toi pour t'instruire. Car je n'y étais pas préparé, je n'avais pas prévu la négligence des serviteurs. »
Le véritable rédacteur de ce texte n'est évidemment pas le pharaon ; un texte beaucoup plus tardif nous apprend qu'il aurait été écrit par un scribe appelé Khéty. Ce document, qui utilise le genre littéraire de l'enseignement, très en vogue en Égypte, avait pour but de légitimer Sésostris Ier : d'outre-tombe, Amenemhat confirme que c'est bien lui qu'il avait choisi comme héritier.
- Claire Lalouette, Au royaume d'Égypte - Le temps des rois-dieux, Éditions Flammarion