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Manon Roland - Wikipédia

Manon Roland

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Pour les articles homonymes, voir Roland (homonymie).
Manon Roland
Portrait par Adélaïde Labille-Guiard (1787)
Portrait par Adélaïde Labille-Guiard (1787)
Nom Manon Roland de la Platière
Naissance 17 mars 1754
à Paris
Décès 18 brumaire an II (à 39 ans)
à Paris
Nationalité France France

Manon Roland, ou Jeanne Marie, ou Manon Philipon, communément appelée Madame Roland, devenue par mariage vicomtesse Roland de la Platière, née le 17 mars 1754[1] à Paris et morte guillotinée le 8 novembre 1793 à Paris, est une figure de la Révolution française.

Elle joua un rôle considérable au sein du parti girondin, et poussa son mari au premier plan de la politique.

Sommaire

[modifier] Son enfance

Elle est la fille de Gratien Philipon (que l’on peut aussi écrire Philippon), maître graveur place Dauphine homme aisée. Dès son plus jeune âge, Manon, est une enfant très intelligente, au caractère ferme et résolu elle montre de grandes aptitudes pour les études et un esprit vif et enthousiaste. À 8 ans elle se passionne pour la lecture de la Vie des hommes illustres Plutarque restera un de ses auteurs favoris, une passion pour cet écrivain qui perdure tout au long de sa vie – puis Bossuet, Massillon, et des auteurs de la même veine, Montesquieu, Voltaire. La lecture de la Nouvelle Héloïse parvient à la consoler du profond chagrin qu’elle éprouve à la mort de sa mère, et Rousseau restera son maître. Avec la maturation de son esprit, elle abandonne l’idée d’entrer au couvent, et adhère à l’enthousiasme de la république qui l’a imprégné depuis le début de ses études. Elle est inspirée par ses lectures avec cynisme et audace. En 1774, elle séjourne quelque temps au château de Versailles, ressentant comme une insulte le mépris dans lequel la noblesse tient les bourgeois. Manon n’oubliera jamais la haine qu’elle ressent alors de cette occasion

[modifier] Son mariage

Sa mère morte, la jeune fille se consacre à l’étude, et à la tenue du ménage de son père. Belle, l’« attitude ferme et gracieuse », le sourire « tendre et séducteur », la fille du graveur a de nombreux soupirants, mais refuse toutes les propositions de mariage. En 1776, elle fait la connaissance du vertueux et sévère Jean Marie Roland de la Platière, de vingt ans son aîné, son égal tant au niveau intellectuel qu’à celui du caractère. Le 4 février 1780, après de multiples hésitations elle l’épouse de cette union naquit Eudora Roland.

[modifier] La vie commune

La vie conjugale n’enchante guère Manon, ni la vie quotidienne aux côtés de l’inspecteur des manufactures qui l’utilise pour ses propres recherches sans se préoccuper de ses aspirations, « Mariée dans tout le sérieux de la raison », avouera-t-elle dans ses Mémoires, je ne trouvais rien qui m’en tirât ; je me dévouais avec une plénitude plus enthousiaste que calculée. À force de ne considérer que la félicité de mon partenaire. je m’aperçus qu’il manquait quelque chose à la mienne. Le ménage habite Amiens, puis la région lyonnaise. Dans les premiers temps de leur mariage, Madame Roland écrit des articles politiques pour le Courrier de Lyon. Quand le couple gagne Paris à la fin de 1791 la Révolution donne enfin à Manon l’occasion de mettre fin à cette vie terne et monotone. Enthousiasmée par le mouvement qui se développe, elle se jette avec passion dans l’arène politique, la jeune femme commence à prendre un rôle encore plus actif.

[modifier] Sous la Révolution

Manon Roland coiffée du bonnet girondin.
Manon Roland coiffée du bonnet girondin.

Son salon de la rue Guénégaud à Paris devient le rendez-vous de nombreux hommes influents Brissot, Pétion, Robespierre et d’autres élites du mouvement populaire, notamment Buzot.Il est presque inévitable qu’elle-même se retrouve au centre d’inspirations politiques et préside un groupe des plus talentueux hommes de progrès. Grâce à ses relations au sein du parti girondin, Roland devient ministre de l’intérieur le 23 mars 1792. Dès lors dans l’hôtel ministériel de la rue Neuve des Petits Champs, Manon devient l’âme l’égérie du parti girondin. Barbaroux, Brissot, Louvet, Pétion, et aussi Buzot, assistent aux diners qu’elle offre deux fois par semaine. Buzot auquel elle lie une passion partagée. Manon cependant reste fidèle à Roland ce « vénérable vieillard » qu’elle « aime comme un père ». Aux côté de son mari elle joue au ministère de l’intérieur un rôle essentiel rédigeant notamment la lettre dans laquelle Roland demande au roi de revenir sur son veto, lettre qui provoque son renvoi le 13 juin 1793. Lorsque son mari retrouve son portefeuille après le 10 août, Manon dirige plus que jamais ses bureaux. Après les massacres de septembre, qui la révoltent mais contre lesquels elle n’agit pas, elle voue à Danton une haine chaque jour plus féroce. Aussi entière et acharnée dans ses haines que dans ses affections, l’égérie des Girondins attaque Danton de plus en plus violemment, par la voix de Buzot. Sachant d’où viennent ces attaques le tribun s’écriera : « Nous avons besoin de ministres qui voient par d’autres yeux que ceux de leur femme ». Manon dès lors devient furieuse. Cependant les Montagnards multiplient les attaques contre les Girondins et en particulier contre Roland, « Coco Roland » Manon devenant « Madame Coco » ou « la reine coco ».

[modifier] La fin

Le ministre de l’intérieur démissionne, et son épouse s’éloigne de la politique et de son cher Buzot. Le 31 mai 1793, lors de la proscription des Girondins, elle ne fuit pas, comme elle aurait pu le faire comme le font entre autres, son mari et Buzot, son mari s’échappe vers Rouen, mais se laisse arrêter. Détachée de la vie, libérée de la présence de son mari, elle ressent son arrestation comme un soulagement, et l’écrit à Buzot dans une de ces pages de la correspondance passionnée et déchirante qu’ils échangent alors : « je chéris ces fers où il m’est libre de t’aimer sans partage ». Au matin du 1er juin 1793, elle est arrêtée et incarcérée dans la prison de l’Abbaye elles est libérée le 24 juin, relâchée pendant une heure elle est de nouveau arrêtée et placée à Sainte-Pélagie, puis elle est transférée à la Conciergerie. En prison, elle est respectée par les gardiens et certains privilèges lui sont accordés. Ainsi, elle peut avoir du matériel pour écrire et peut recevoir des visites occasionnelles de ses amis dévoués. Là-bas, elle écrit son Appel à l’impartiale postérité, ses mémoires destinés à sa fille Eudora où elle montre une étrange alternance entre louanges personnelles et patriotisme, entre l’insignifiant et le sublime.

Elle est jugée le 8 novembre 1793. Toute vêtue de blanc, elle se présente devant le Tribunal révolutionnaire. Le procès se déroule entre 9 h et 14 h 30. Manon monte, avec une grande sérénité, presque avec de la joie, dans la charrette qui la conduit vers le lieu du supplice. Sa sentence est mise à exécution le soir même, sur la place de la Révolution (rebaptisée depuis place de la Concorde). Passant devant la statue de la Liberté (installée afin de commémorer la journée du 10 août 1792), elle se serait exclamée, peu avant que ne tombe le couperet de la guillotine :

« Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »

Deux jours plus tard apprenant la mort tragique de sa femme, Jean Marie Roland se suicida le 10 novembre 1793 près de Rouen. Buzot qui ne l’apprendra qu’en juin 1794 se donne la mort lui aussi près de Saint-Émilion.

Sa petite fille Eudora, devenue orpheline, fut recueillie par Jacques Antoine Creuzé-Latouche. Après le décès de ce dernier en 1800, ce fut le célèbre minéraliste et botaniste Louis-Augustin Bosc d'Antic, grand admirateur de Manon Roland, qui se chargea de l’éducation de la petite orpheline. Il tomba amoureux de la jeune Eudora alors âgée de quatorze ans mais s’éloigna d’elle. Elle épousera, quelques mois plus tard, un autre admirateur de sa mère.

[modifier] Liens internes

[modifier] Notes et références

  1. Fiche autorité de la BnF

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Pierre Cornut-Gentille, Madame Roland : une femme en politique sous la Révolution, Paris, Perrin, 2004. 400 p. + [6] p. de pl. en noir et en couleurs. (ISBN 2-262-01681-X)
  • Alain Decaux, André Castelot (dir.), Le Grand dictionnaire d’histoire de France, Paris, Perrin, 1979.


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