Man'yōgana
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Les man'yōgana (万葉仮名 ; dans un document didactique, préférer la graphie rōmaji avec l'apostrophe), sinogrammes dérivés des kanji, sont l'ancienne forme des kana japonais et sont apparus durant la période Nara (710-794). Le terme man'yōgana provient du Man'yōshū (万葉集, « Anthologie des innombrables feuilles »), une anthologie poétique de l'ère Nara écrite elle-même intégralement en caractères man'yōgana.
Le principe fondamental des man'yōgana a été de n'utiliser les kanji que pour leur valeur phonétique, c'est-à-dire sans prendre en compte leur signifié. Il en résulte que plusieurs kanji distincts pouvaient être utilisés pour rendre le même son, et, dans la pratique, les lettrés utilisaient souvent les associations de kanji les plus heureuses. Les kanji utilisés pour les man'yōgana ont abouti aux hiragana et aux katakana. Les hiragana sont en effet des man'yōgana écrits de façon cursive et les katakana sont issus d'éléments extraits des man'yōgana, syllabaires développés par des moines bouddhistes dans l'optique de faciliter l'apprentissage de l'écriture. Dans certains cas, pour une syllabe donnée, le man'yōgana qui a abouti à son équivalent hiragana actuel n'est pas le même que celui du katakana équivalent à cet hiragana. Par exemple, le hiragana る ru est dérivé du man'yōgana 留, tandis que le katakana ル ru provient du man'yōgana 流.
L'étude des man'yōganas montre qu'ils peuvent représenter plus de sons que les hiragana et les katakana, à raison de 8 voyelles contre les 5 actuellement en vigueur. Le recours à de multiples kanji pour une unique syllabe a également donné naissance aux hentaigana (変体仮名), écriture alternative des hiragana. Toutefois, les hentaigana ont été officiellement abandonnés en 1900.
À l'heure actuelle, les man'yōgana apparaissent encore dans certains dialectes régionaux. De même, il est encore possible de rencontrer des ateji (当て字), phénomène comparable aux man'yōgana puiqu'il s'agit d'utiliser des kanji pour leurs valeurs phonétiques (par exemple 倶楽部 pour kurabu, « club »).