Dictature de Saddam Hussein
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La dictature de Saddam Hussein désigne la période entre sa prise de pouvoir en 1979 et sa chute en avril 2003 suite à la guerre éclair menée par les États-Unis et leurs alliés (principalement le Royaume-Uni).
[modifier] La jeunesse du dictateur
[modifier] La prise de pouvoir
Au début des années 1970, Saddam Hussein se donne le titre de général honoraire.
Le 1er juin 1972 il commence une vaste nationalisation des compagnies pétrolières monopolistes qui se trouvaient jusque-là entre des mains étrangères. L'Irak connaîtra alors un développement industriel et social sans précédent. Saddam Hussein s'est efforcé de moderniser l'économie et l'industrie. En 1973, il devient général, et en 1979, à 42 ans, se sentant assez puissant, il succède à Ahmad Hasan al-Bakr et devient Président de la République d'Irak, suite au renoncement "précipité" de son prédécesseur, officiellement pour "raison de santé" . Des milliers de cadres du parti Baas sont alors convoqués d'urgence et vingt-deux d'entre eux, accusés de trahison, sont arrêtés en pleine assemblée présidée par un Saddam Hussein fumant le cigare et pleurant parfois , et sont emmenés à l'extérieur pour être exécutés sommairement . La scène est filmée et est suivie en direct dans tout le monde arabe ; elle servira à "asseoir" le pouvoir du nouveau dictateur en Irak, et deviendra célèbre mondialement comme illustration de ses méthodes et de sa personnalité.
se sentant assez puissant, il remplace à la présidence de l'Irak Ahmad Hasan al-Bakr suite à son renoncement précipité, officiellement pour « raison de santé ».
Des milliers de cadres du parti Baas sont alors convoqués d'urgence et vingt-deux d'entre eux, accusés de trahison, sont arrêtés en pleine assemblée présidée par Saddam Hussein fumant le cigare et pleurant parfois, et sont emmenés à l'extérieur pour être exécutés sommairement. La scène est filmée et est suivie en direct dans tout le monde arabe[réf. nécessaire], et servira à asseoir le pouvoir du nouveau dictateur en Irak et deviendra célèbre mondialement comme illustration de ses méthodes et de sa personnalité.
[modifier] Les caractéristiques de la dictature irakienne
En 1979, à sa prise de pouvoir, Saddam Hussein se nomme maréchal et commandant en chef des forces armées.
Durant les trente-cinq années de son pouvoir, Il va utiliser tous les moyens possibles pour contrôler la population et régner sans partage. Comme dans les régimes totalitaires, la propagande est omniprésente à travers les différents médias et les affiches représentant le portrait du rais. La presse est censurée et la peur d'être arrêté et exécuté paralyse les opposants. Le dictateur commanda un film au réalisateur égyptien Tawfiq Saleh intitulé Les Longs Jours : on y découvre un Saddam Hussein héroïque, qui tente d'assassiner le président Abdel Kerim Kassem, en 1959.
La prison d'Abu Ghraib est symbolique de l'arbitraire du régime. Les témoins rapportent que les cellules étaient réduites à 4 x 6 mètres. Elles n'étaient pas dotées de l'eau courante ni de toilettes. Les prisonniers, des opposants au régime, majoritairement des islamistes chiites pro-iraniens, s'entassaient à plusieurs dans ces pièces sans confort. Certains furent exécutés pour « activités religieuses ».
Saddam Hussein a échappé à plusieurs attentats ou tentatives de renversement par la force.
[modifier] Modernisation de l'Irak
Dans le même temps, d'énormes progrès au niveau social auront été accomplis sous sa présidence. L'Irak s'industrialise rapidement et devient l'un des pays arabes où le niveau de vie est le plus élevé, avec comme résultat l'émergence d'une véritable classe moyenne[1].
En 1973, Saddam lance la « Campagne nationale pour l'éradication de l'illettrisme » un plan ambitieux visant à lutter contre l'analphabétisme. L'école devient gratuite, obligatoire et séculière pour les garçons et les filles. En moins de dix-huit mois, le nombre d'enseignants atteint le nombre de soixante-deux mille personnes, par ailleurs le nombre de filles scolarisées est multiplié par trois. L'Unicef reconnaît que l'Irak a pratiquement éradiqué l'illettrisme et aura poussé la scolarisation des Irakiens à un niveau encore inédit au Moyen-Orient. En 1982, l'Unesco remet un trophée à l'Irak pour l'effort d'alphabétisation dont avait fait preuve le gouvernement à l'égard des filles. Près de 95 % des filles étaient scolarisées.
En 1977, 70 % des pharmaciens et 46 % des dentistes étaient des femmes. Par ailleurs, une élite intellectuelle et scientifique voit rapidement le jour. L'Unesco explique que :
« Le système éducatif en Irak avant 1991 était l’un des plus performants dans la région, avec un taux brut de scolarisation proche de 100 % dans l’enseignement primaire et un niveau élevé d’alphabétisation pour les deux sexes. L'enseignement supérieur était de qualité, particulièrement dans les établissements d’enseignement scientifique et technologique, et le corps enseignant compétent et motivé.[2] »
De par sa jeunesse difficile, il souhaitait que tout le pays sache lire et écrire, car pour lui l'éducation gratuite était un pas de plus vers l'égalité.
Dans son esprit, l'éducation gratuite concerne aussi bien l'accès à l'école en elle-même, que l'obtention de livres scolaires et la gratuité des moyens de transport. C'est pour cette raison que dans les années 1970 et 1980, le ministère de l'éducation irakien distribue tous les outils nécessaires à une bonne éducation. Les élèves pouvaient se rendre à l'école grâce à des bus qui étaient gratuits, et à la fin de leur année scolaire, tous les élèves recevaient un cadeau, comme des montres pour les collégiens et les lycéens.
Les frais d'hospitalisation sont dorénavant pris en charge par l'État et des subventions sont accordées aux fermiers. Le système de santé irakien devient l'un des plus modernes et efficaces de tout le monde arabe ; les services publics ne sont pas en reste, car le recrutement se fait dorénavant sur le mérite.
L'Irak dépendant grandement du pétrole, Saddam tenta de diversifier l'économie en menant un plan d'industrialisation. L'Irak devient donc le premier État arabe à avoir utilisé sa rente pétrolière pour procéder à son industrialisation. Il entreprend la construction de routes, de grands axes autoroutiers et des bâtiments ainsi que le développement d'industries.
Il lance une révolution énergétique, amenant l'électrification de presque toutes les villes d'Irak (même les villes se situant dans les campagnes ou difficile d'accès). Près de dix mille villages ont été électrifiés en même temps. Par ailleurs, il fait distribuer gratuitement aux Irakiens des réfrigérateurs et des téléviseurs.
Avant les années 1970, l'Irak était un pays largement rural ; suite aux différentes réformes, l'urbanisation s'étend. Saddam redistribue les terres aux paysans, qui étaient auparavant dans les mains d'une minorité de personnes. Il lance une réforme agraire devant permettre aux fermiers de maximiser le profit de leur exploitation. L'agriculture est donc mécanisée, et les paysans ne sachant pas utiliser les nouvelles machines sont formés par le gouvernement. Cette réforme avait également comme but de mettre fin au féodalisme.
Il lance également une véritable politique culturelle, il réhabilite et entretient les anciens palais datant de l'Empire Abbasside, l'ancienne cité de Babylone, les palais de Nabuchodonosor, la triple enceinte ainsi que la porte d'Ishtar à Babylone. Il fonde plusieurs musées à Bagdad en vue de rassembler et de conserver le patrimoine historique irakien.
En 1980, l'Irak était le seul pays arabe en passe d'atteindre l'autosuffisance alimentaire[3]. D'ailleurs sa politique de modernisation ne s'arrêtait pas à l'Irak, car voulant la modernisation du monde arabe, il lance le "Fonds national pour le développement extérieur". Il propose que l'augmentation du prix du brut, soit, en partie, consacrée à aider les États arabes les plus pauvres par l'intermédiaire d'un fonds de répartition. Cette proposition est saluée par les citoyens des pays arabes, mais elle est immédiatement rejetée par les émirs du Golfe.
[modifier] Son rêve d'un « Nouvel Empire babylonien »
Saddam Hussein avait comme rêve de restaurer le vieil empire babylonien, la grandeur de l'antique Mésopotamie et le rayonnement de l'empire abbasside. De fait, son projet s'intégrait dans le cadre plus global du projet de « Renaissance du monde arabo-musulman »[réf. nécessaire], Idée centrale[réf. nécessaire] autour de laquelle s'articulent la quasi totalité les projets politiques du monde arabo-musulman depuis le début du vingtième siècle[réf. nécessaire] (à l'exception des communistes, souvent d'origines chiites, mais très minoritaires, sauf, peut-être, en Syrie et en Iran dans les milieux enseignants[réf. nécessaire] et, plus généralement, intellectuels[réf. nécessaire], voire, en Iran, artistocratiques[réf. nécessaire]) Idée centrale dont la méconnaissance implique nécessairement de n'absolument rien comprendre aux événements du monde arabo-musulman contemporain[réf. nécessaire], les idées de Conservatisme, de Libéralisme, de Socialisme ou, même, de Dictature ou de Démocratie (ce qui ne veut pas dire que les habitants de ces régions ne soient pas sensibles au respect de certaines libertés individuelles[réf. nécessaire], dont la liberté religieuse ne fait toutefois pas encore partie[réf. nécessaire]), telles que conçus dans l'Union européenne ou aux États-Unis, étant encore parfaitement secondaires au Moyen-Orient[réf. nécessaire] (à l'importante exception d'Israël), suivant deux axes concurrents :
- l'idée bassiste (surtout répandue chez les Sunnites "modérés"[réf. nécessaire] et chez les Chrétiens[réf. nécessaire]) de la « Renaissance du monde arabe » par la « Modernité »[réf. nécessaire] et la « Laïcité »[réf. nécessaire], inspirée de la Renaissance européenne des XVe et XVIe siècles, la décadence du monde arabo-musulman à l'époque moderne étant attribuée à une influence excessive et stérilisante d'un Islam où politique et religion seraient trop étroitement imbriquées[réf. nécessaire] ; cette idée a connu un certain succès dans la seconde partie du vingtième siècle en Egypte avec Gamal Abdel Nasser, en Syrie avec Hafez el-Assad et en Irak, au moins parmi les Sunnites irakiens, avec Saddam Hussein, mais également en Iran à l'époque du Chah Mohammad Reza Pahlavi, qui avait une même perception que les Baasistes quant aux impératifs qui étaient nécessaires selon lui pour qu'une « Renaissance du monde perse » soit possible[réf. nécessaire] ;
- l'idée Islamiste (surtout répandue chez les Sunnites salafistes[réf. nécessaire], wahhabites[réf. nécessaire] et chez les Chiites[réf. nécessaire]) d'une « Renaissance du monde musulman » par un « ressourcement » dans l'Islam[réf. nécessaire], Islam perçu comme la source même de la grandeur de la civilisation arabe à l'époque du Moyen-âge européen, la décadence du monde arabo-musulman à l'époque moderne étant attribuée à une perte de son identité islamique[réf. nécessaire], idée très fortement implantée dans les monarchies du Golfe Persique[réf. nécessaire], en Arabie Saoudite en particulier[réf. nécessaire], et chez les Chiites d'Iran[réf. nécessaire] et d'Irak[réf. nécessaire], idée ayant d'abord été imposée en Iran avec l'Ayatollah Rouhollah Khomeini puis, semble-t-il, maintenant dans les provinces chiites d'Irak, par Moqtada al-Sadr[réf. nécessaire].
Dans tous les cas, en Egypte[réf. nécessaire], en Syrie[réf. nécessaire], en Iran[réf. nécessaire] et en Irak[réf. nécessaire], pour montrer que l'histoire des grands pays de la région n'avait pas commencée avec l'Islam il y a moins de 1500 ans[réf. nécessaire], mais que cette histoire avait plus de 5000 ans d'âge[réf. nécessaire] (de même qu'au sein de l'Europe de la Renaissance, les principaux acteurs de cette renaissance avaient montré que l'histoire de l'Europe n'avait pas commencé avec le Christianisme mais, auparavant, dans l'Antiquité avec les Grecs et les Romains), les chefs d'Etat de tous ces pays du Moyen-Orient ont fortement mis l'accent sur la grandeur préislamique de la région[réf. nécessaire], pour relativiser l'apport de l'Islam[réf. nécessaire] et essayer de faire de l'Islam une religion « séculière »[réf. nécessaire], à l'image de ce que sont devenus le Christianisme et le Judaïsme en Europe. En Irak en particulier, c'est toute l'histoire de la Mésopotamie préislamique qui a été mise en valeur[réf. nécessaire], avec les grands empires de l'antiquité irakienne, sumérien, Akkadien, babylonien et ninivite, les sites archéologiques de Babylone et de Ninive ayant fait l'objet de restaurations grandioses[réf. nécessaire]. Le fait que la civilisation sumérienne soit la première de toutes les civilisations humaines[réf. nécessaire], plus vieille de plusieurs siècles que celle de l'Egypte[réf. nécessaire], et que la première écriture y ait été inventée[réf. nécessaire], ne pouvait, aux yeux de Saddam Hussein, que flatter l'orgueil national du peuple irakien et, sous le régime, une place très large était accordée dans les livres scolaires d'histoire à l'histoire préislamique de l'Irak[réf. nécessaire], de manière à essayer de développer une conscience nationale irakienne[réf. nécessaire] qui soit plus fondée sur l'idée de Patrie que sur l'idée de Religion[réf. nécessaire]. Cette volonté de vouloir créer une conscience nationale distincte de la conscience religieuse [réf. nécessaire] s'est heurtée à une très violente hostilité des Sunnites salafistes[réf. nécessaire] et des Chiites[réf. nécessaire], communautés au sein desquelles se sont développés de très nombreux groupes islamistes salafistes[réf. nécessaire] et chiites[réf. nécessaire], interdits et pourchassés impitoyablement par le régime, comme l'étaient aussi les Kurdes indépendantistes[réf. nécessaire], un régime nationaliste pouvant à la rigueur tolérer l'autonomie d'une Province[réf. nécessaire] mais, en aucun cas, son indépendance[réf. nécessaire]. Il est à noter que les militants du Parti communiste irakien, interdit lui aussi sous tous les régimes baasistes ayant connu l'Irak, furent également inquiétés mais, semble-t-il, beaucoup moins durement qu'en Iran [réf. nécessaire] ou en Egypte[réf. nécessaire], probablement parce qu'ils n'ont jamais tenté, contrairement aux islamistes, d'attenter à la vie de Saddam Hussein, ou de provoquer des émeutes ou des insurrections [réf. nécessaire], peut-être également parce qu'ils luttaient[réf. nécessaire], eux-aussi, contre l'extrémisme religieux [réf. nécessaire].
Un autre aspect de la mythologie qu'a essayé de forger Saddam Hussein s'appuyait sur Saladin, le Héros (Kurde de surcroit ! Et né, comme Saddam Hussein, à Tikrit !) mythique pour tous les musulmans[réf. nécessaire], qui avait vaincu les Croisés, s'était emparé du Royaume chrétien de Jérusalem et avait mis en échec la Troisième croisade, Héros comme l'ont été, dans l'Europe chrétienne, Charles Martel et Charlemagne, qui avaient stoppé les invasions musulmanes venant d'Espagne. Saddam Hussein ne négligeait pas non plus d'accorder une certaine place à l'empire abbasside[réf. nécessaire], qui correspond à l'apogée de la Civilisation arabo-musulmane[réf. nécessaire], dont évidemment tous les irakiens musulmans et, plus généralement, tous les Arabes restent très fiers[réf. nécessaire].
Un dernier aspect extrêmement important dans opinion publique arabe de la seconde moitié du vingtième siècle qu'a essayé d'exploiter Saddam Hussein est l'aspiration de voir exister un Etat arabe capable de rivaliser avec l'Etat d'Israël[réf. nécessaire] au point de vue économique, social, politique et militaire[réf. nécessaire][4]. A cet égard, et quoi que l'on puisse en penser, la disposition par l'Irak, comme c'est le cas pour Israël, de l'arme nucléaire était un facteur clé pour que l'Irak (et, bien sûr, en conséquence, Saddam Hussein lui-même !) soit reconnue, par les Etats arabes comme par l'opinion publique arabe, comme le lieder incontesté du monde arabe[réf. nécessaire], après que le projet de République Arabe Unie ait fait long feu. Il n'est d'ailleurs pas impossible que la volonté des États-Unis de s'opposer à ce que l'Irak, qui y travaillait activement, possède l'arme nucléaire ait été la cause principale du déclanchement de la Guerre du Golfe de 1991[réf. nécessaire].
Après que l'Egypte eut renoncée, avec l'arrivée au pouvoir de Mohammed Hosni Moubarak, à jouer ce rôle, l'Irak baasiste a essayé de reprendre le flambeau, et Saddam Hussein a certainement rêvé d'être celui que l'Histoire du monde arabe retreindrait pour les siècles à venir comme ayant été l'artisan de la « Renaissance arabe »[réf. nécessaire]. Il revendiquait un destin prestigieux pour l'Irak, voulant faire de son pays un État fort, première puissance militaire et technologique de la grande « Nation arabe », au besoin par le fer et par le feu[réf. nécessaire]. Il se réclamait d'ailleurs une « descendance directe » avec Saladin[5].
[modifier] Non-intervention internationale
Sous la direction de Saddam Hussein, l'Irak devient une puissance régionale, en partie grâce aux revenus du pétrole et au soutien à la fois des pays occidentaux et du Bloc de l'Est, mais bénéficiera également du support idéologique des partis socialistes affiliés à la IIe internationale, qui voient dans le parti Baas l'un des porte-paroles d'une prise de conscience socialiste dans les pays du tiers monde, voulant se réapproprier leurs ressources énergétiques dans une démarche « progressiste » et « anti-colonialiste »[réf. nécessaire].
Après la révolution islamique d'Iran qui isole diplomatiquement ce pays, l'Irak est perçu par l'Occident comme une force stabilisatrice pour la région, un barrage territorial et humain qui peut et sera utilisé pour barrer la route aux islamistes vers les richesses de la « corne arabique ».
L'Irak bénéficie alors d'un large soutien international et des pays comme la France et les États-Unis (qui espéraient affaiblir le régime islamiste iranien et ainsi favoriser sa chute) lui fournissent en grande quantité armes et technologies, l'URSS restant toutefois le premier fournisseur d'armement. Le Raïs, qui se prend pour le nouveau Saladin — étant également né à Tikrit — et rêve de prendre la tête du monde arabe par la conquête militaire, est sacré champion de l'Occident. Les Nations unies n'ont jamais enquêté sur les crimes de Saddam Hussein car il était impossible de violer les principes de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un État. Aucune aide internationale ne vint soutenir les victimes kurdes des gazages et de la politique d'extermination[réf. nécessaire].
[modifier] La guerre Iran-Irak (1980-1988)
En septembre 1980, Saddam Hussein lance son armée contre l'Iran des mollahs, pour la conquête de trois objectifs :
- occuper la totalité du Chatt-el-Arab (delta du Tigre et de l'Euphrate), le « fleuve des Arabes », qu'il avait dû partager avec l'Iran, par le traité de 1975 ;
- faire du Khalidj al-Farsi, le golfe Persique, le Khalidj al-Arabi, le Golfe arabique, en chassant définitivement les Iraniens des îlots qui contrôlent l'accès au détroit d'Ormuz.
- s'emparer de la province pétrolifère du Khouzistan, nommé par les nationalistes arabes, l'Arabistan.
Jusqu'en 1988, les deux pays sont plongés dans une guerre longue et sanglante et finalement sans beaucoup de résultats. Car sur tous ses objectifs, Saddam Hussein connaît un échec relatif, malgré l'aide massive apportée par l'Union soviétique, la France, les États-Unis dans une moindre mesure et les Émirats arabes, qui redoutent avant toute chose la victoire iranienne et l'instauration en Irak d'un régime islamiste et chiite, alors que Saddam Hussein est laïc et sunnite. Au terme de huit années de guerre, l'Irak réussit à prendre pied sur la rive iranienne du Chatt-el-Arab, mais au prix d'un million de morts et de sa jeunesse sacrifiée. Durant ce conflit, l'Irak utilise massivement et systématiquement des gaz lacrymogènes (1982), puis des armes chimiques mortelles, interdites d'emploi par de nombreux traités internationaux, comme des vésicants et des neurotoxiques à partir de 1983.
[modifier] Le massacre des Kurdes
Le régime est l'auteur du massacre de plusieurs milliers de Kurdes (certaines estimations avancent le chiffre d'un million de morts[réf. nécessaire]), essentiellement dans les villages dirigés par l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), alors soutenue par l'Iran.
Dès 1963[réf. nécessaire], la population kurde est persécutée et massacrée : 4 500 villages sont détruits, des mines antipersonnel sont dispersées dans la région et les terres agricoles sont dévastées[6].
Le 11 mars 1974, Saddam Hussein signe avec les deux Partis "autonomistes / indépendantistes" PDK et UPK Kurdes un accord relatif à l'autonomie du Kurdistan irakien, avec la "Loi pour l'autonomie dans l'aire du Kurdistan", qui stipule notamment que "la langue kurde doit être la langue officielle pour l'éducation des Kurdes". Cette loi permet aussi l'élection d'un conseil législatif autonome, qui contrôle son propre budget. Cependant, 72 des 80 membres élus de ce conseil de la première session d'octobre 1974 ont été sélectionnés par Bagdad. En octobre 1977, la totalité du conseil est choisie par le régime.
Pendant la guerre contre l'Iran, en raison du soutien alors accordé par cet État à l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), les Kurdes sont dans leur ensemble[réf. nécessaire] accusés d'être des « traîtres à l'Irak » et des « saboteurs », ce qui aurait justifié le lancement de l'opération Al-Anfal (entre février et septembre 1988 selon certains, ou en 1986-1989 selon d'autres sources[7]). Pour la première fois dans l'Histoire, un gouvernement retourne ses armes chimiques contre sa propre population[réf. nécessaire]. Le mobile de ce crime n'a, à ce jour, pas encore été clairement établi.
L'opération Al-Anfal aurait abouti à la disparition d'environ 182 000 personnes Kurdes [8](Une des opérations d'Al-Anfal aurait "provoqué l’exode vers la Turquie de près de 100 000 civils", selon Kendal Nezan, qui écrit aussi qu'il y aurait eu 400 000 morts en quinze ans, sans que l'on sache ce que ces chiffres recouvrent[9]) , le chiffre de 182 000 morts avancé par des Kurdes ayant été repris, sans vérification semble-t-il, par le Tribunal spécial irakien ; l'ONG américaine Human Rights Watch estime quant à elle qu'il aurait eu entre 50 000 et 100 000 morts selon l'enquête effectuée et publiée dans les années 1990. En décembre 2005, une cour[réf. nécessaire] de La Haye a qualifié cette campagne de « génocide ». Le 24 juin 2007, le Tribunal pénal irakien a condamné Ali Hassan al-Majid, surnommé « Ali le Chimique », et deux autres anciens hauts dignitaires du régime de Saddam Hussein, à la peine de mort par pendaison pour le génocide commis contre les Kurdes au cours de cette opération Anfal.
Le 16 mars 1988, cinq mille Kurdes meurent dans la ville de Halabja et les bombardements provoquent trente mille à quarante mille contaminations[réf. nécessaire]. À l'époque, Washington[réf. nécessaire], et au moins aussi certains Kurdes du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) [réf. nécessaire]soutenu à l'époque par l'Irak, avait soutenu la thèse que l'Iran et non l'Irak était à l'origine de ce massacre, les USA n'ayant accusé l'Irak de ce crime qu'à partir d'août 1990[10] ; Tarek Aziz l'a également déclaré, dans une interview qu'il avait accordé à un journaliste américain et qui a publié ses déclarations dans un livre paru aux USA au début des années 2000[réf. nécessaire], indiquant notamment, pour appuyer ses dires, que les gaz de combat employés, gaz dont la nature peut être déterminée à partir des photographies des victimes prises, étaient d'un type de ceux qu'utilisaient l'armée iranienne, et que ne possédaient pas l'armée irakienne[réf. nécessaire]. La coalition américano-britannique aurait trouvé, entre 2003 et 2005, 288 charniers[réf. nécessaire] contenant quelque 300 000 corps[réf. nécessaire] de personnes exécutées par le régime baasiste[réf. nécessaire]. Le 13 décembre 2004 aurait été découverte une fosse contenant près de cinq cents cadavres, dont ceux de femmes et d'enfants, dans les environs de Souleimaniye[réf. nécessaire].
À la suite de l'utilisation d'armes chimiques, deux millions de civils terrorisés, majoritairement kurdes, mais aussi arabes chiites et assyro-chaldéens, s'enfuient à partir du printemps 1991 vers les pays voisins de l'Irak. Saddam Hussein réussit à vider ces régions[réf. nécessaire] et à les soumettre à sa dictature. Des milliers d'individus accusés de séparatisme (Kurdes) ou d'intelligence avec l'ennemi (islamistes pro-iraniens) sont déportés, torturés ou massacrés à la frontière avec la Turquie[réf. nécessaire] et dans tout le pays.
[modifier] L'invasion du Koweït et la guerre du Golfe (1990-1991)
Depuis quelques années, plusieurs faits vont pousser Saddam Hussein à être tenté par l'invasion du Koweït.
D'abord l'Irak, comme pays frontalier de l'Iran, a subi de grosses pertes dans la dernière guerre. Certaines personnes estiment que c'est parce que l'Irak a résisté qu'il a pu protéger les autres pays arabes dont l'Arabie saoudite. L'Irak perçoit mal que ses voisins et frères arabes ne l'aident pas plus dans son effort de reconstruction.
Ensuite, il y a des divergences sur des champs pétrolifères au sud du pays, avec le Koweït. Ce dernier pays effectue en 1990 un forage à l'horizontale, qui serait supposé prendre le pétrole en territoire irakien. Enfin, on peut citer la colossale dette de l'Etat irakien, qui avait acheté durant huit ans quantité d'armes les plus sophistiquées possible, ainsi que de nombreux produits de haute technologie coûteux, à la grande satisfaction des puissances industrielles, ravies de trouver là un nouveau débouché commercial, si utile en période de crise économique. Bagdad avait acheté, des années durant, encouragé par les gouvernements occidentaux qui éliminaient les freins à la coopération économique; malheureusement, à la fin de la guerre, les hommes d'affaires furent au rendez-vous, accourant tous à Bagdad dans l'espoir d'être payés. S'ajoute à cela les créanciers du Golfe, demandant eux aussi remboursement.
Comptant en partie sur la rente pétrolière pour réduire la dette, Saddam Hussein est confronté à la forte baisse des cours qui sévissait depuis 1986. En effet, plusieurs pays pétroliers ne respectent pas leurs quotas annuels, et finalement inondent le marché de surproductions permettant une brutale baisse du prix du baril. Parmi ces pays, on peut citer le petit émirat du Koweït, que l'Iraq considérait depuis longtemps comme une de ses provinces, qui produit plus que nécessaire alors qu'il n'a pas d'apparent besoin de liquidités.
En 1990, Saddam Hussein décide l'invasion du Koweït. Dans un premiers temps, l'ambassadeur des États-Unis transmet que « les États-Unis n'ont pas d'opinions sur la question [d'une invasion du Koweït] », ce qui équivaut à un agrément par tolérance en langage diplomatique[11]. Saddam Hussein envahit donc le Koweït. Les États-Unis réévaluent la situation, puis affichent leur opposition à cette annexion.
Lors d'une séance a l'ONU, les États-Unis plaident en faveur d'une intervention armée tandis qu'« une jeune femme koweïtienne en larmes[12] raconte les cruautés des armées irakiennes : viols de femmes, exécutions sommaires, vol de couveuses dans les hôpitaux (ce qui condamne les enfants prématurés). L'ONU approuve la guerre du Golfe (1990-1991), qui se termine par une défaite de l'Irak. Cependant, les forces de la coalition préfèrent « contenir » le régime irakien, plutôt que de risquer de déstabiliser le golfe Persique. Ainsi, les armées coalisées prennent le contrôle du nord et du sud de l'Irak, mais ne poussent pas leur avantage militaire jusqu'à Bagdad. Saddam Hussein reste au pouvoir et mate une rébellion, les coalisés n'agissant pas. L'ordre est rétabli dans le centre de l'Irak sous le contrôle de Saddam.
[modifier] L'Irak sous embargo international (1991-2003)
Un blocus économique est mis en place sur décision de l'ONU pendant douze ans (le programme "Pétrole contre Nourriture"), mais il échoua à renverser Saddam Hussein. Ce blocus, ou l'usage qu'en faisait Saddam Hussein, aurait provoqué en douze ans la mort de cinq cent mille à un million d’enfants, selon les Nations unies. L'Unicef annonçait un chiffre de 200000 morts par an.
Saddam Hussein mate les rébellions dans le sang (il aurait même, selon certaines sources, utilisé des gaz de combat[13]), notamment l'insurrection d'islamistes chiites pro-iraniens dans le sud, où il saccage, avant de les assécher plus tard, les marais de Mésopotamie où se dissimulaient les rebelles, sous les yeux des forces internationales qui refusent d'intervenir[réf. nécessaire].
Il conserve le pouvoir sur son peuple, mais le pays reste contrôlé par les forces de la coalition et l'ONU. Seul le Kurdistan irakien, dans la partie nord du pays, échappe à sa surveillance, devenant de facto indépendant dès cette époque[réf. nécessaire],en raison de l'action militaire des États-Unis en faveur des rebelles.
Cette période est celle d'une évolution d'un l'Irak laïc vers un Irak plus religieux : construction de plusieurs mosquées, dont l'une qui devait être la plus grande du monde (vers l'aéroport et quartier Al-Mansour), images de Saddam Hussein priant (bien que ça n'était pas nouveau), écriture du Coran avec son sang, prohibition plus sévère de l'alcool, suppression de la prostitution[réf. nécessaire]... Toutefois, même à cette époque (1998), on pouvait encore voir à Bagdad, dans la rue ou dans les bureaux, des jeunes femmes en minijupes converser avec des camarades presque entièrement voilées[réf. nécessaire].
Les biens de Saddam Hussein ont été gelés par une décision de l'ONU en 2002, notamment ses deux villas azuréennes de Mougins[réf. nécessaire] et de Cannes[réf. nécessaire]. Le gouvernement irakien a demandé à en devenir titulaire.
[modifier] La chute (2003)
Le 20 mars 2003, les États-Unis et leurs alliés (principalement le Royaume-Uni) attaquent l'Irak et le régime de Saddam Hussein et le renversent lors d'une guerre éclair (mars-avril 2003).
Le motif invoqué par le Président américain George W. Bush pour l’attaque du pays est la détention par l'Irak d'armes de destruction massive. Cette guerre n’a pas reçu de mandat de l’ONU: la décision devait être prise à l'unanimité des membres du Conseil de Sécurité. Il manquait les voix de la France et de la Russie. Un rapport officiel publié en octobre 2004 par Washington conclura que le régime de Saddam Hussein ne possédait pas d'armes de destruction massive bien que plusieurs tonnes de produits toxiques et cinq cents obus à charge chimique aient été trouvés. L'autre motif invoqué est la reconstruction d'un Moyen-Orient cultivant "la démocratie" au lieu de la tyrannie. Toutefois, selon de nombreux analystes et intellectuels, les intérêts financiers de l'industrie pétrolière américaine en général et de la famille Bush en particulier ne seraient pas étrangers à cette invasion.
La chute de Bagdad, le 9 avril 2003, marque la fin officielle du régime baasiste en Irak et l'entrée dans la clandestinité de Saddam Hussein et de nombreux responsables baasistes, bien que certain d'entre eux, tel Tarek Aziz, se soient volontairement livrés aux forces d’occupation. Après plusieurs mois passés dans la clandestinité, Saddam Hussein est arrêté dans une cave par l'armée américaine à Tikrit dans la nuit du 13 au 14 décembre 2003.
Il est rapidement "exhibé" avec les cheveux et la barbe hirsutes aux médias par l'armée américaine, avec pour objectif de saper le moral des groupes armés proches du parti Baas. En réalité, ces photos furent peut-être bien accueillies par beaucoup de Chiites et de Sunnites salafistes, mais elles semblent avoir profondément choqué les Sunnites baasistes, qui les auraient perçues comme une insulte à, ou comme une humiliation de, la Nation irakienne toute entière[réf. nécessaire], ainsi que les résultats de toutes les élections dans les Provinces à majorité sunnite l'ont ensuite montré, et n'auraient en conséquence fait que renforcer la grande majorité des Sunnites dans leur détermination à lutter, d'une façon ou d'une autre, contre l'occupant[réf. nécessaire].
[modifier] Le procès et la pendaison
[modifier] Bibliographie
[modifier] Références
- ↑ http://www.lepoint.fr/actualites-monde/itineraire-d-un-tyran/924/0/42486 Le Point, Saddam Hussein - Itinéraire d'un tyran
- ↑ http://www.unesco.org/afus/b85/Unesco.htm
- ↑ :: Medea ::
- ↑ Il peut être intéressant de rappeler que l'URSS a été, avec la France, l'une des "Cinq Grands" qui fut, 1947, le principal artisan de la création par l'ONU de l'Etat d'Israël.Staline, qui était pourtant antisémite, aurait, parait-il, pensé que la création d'un Etat "moderne" au Moyen-Orient permettrait de "réveiller" cette région, complètement "attardée" à ses yeux (Il est de fait que les régimes baasistes qui prirent le pouvoir peu après - prise de pouvoir qui fut sans nul doute favorisée par la création d'Israël - bien qu'anti-communistes, se tournèrent initialement vers l'URSS pour obtenir des armes que les puissances occidentales refusaient de leur vendre, compte tenu de la volonté de ces régimes nationalistes de récupérer leurs richesses nationales, en particulier le Canal de Suez et le Pétrole). Il faut reconnaître que Staline ne s'était peut-être pas complètement trompé...
- ↑ Comme probablement, et à juste titre, 70 % des habitants de Tikrit...
- ↑ description de la campagne d'Anfal par Kendal Nezan
- ↑ L'opération Al-Anfal consistait, à l'instar de ce que la France avait réalisé pendant la guerre d'Algérie[réf. nécessaire], concept que les États-Unis avait repris pendant la Guerre du Viêt Nam[réf. nécessaire], à regrouper les habitants de petits villages isolés dans des gros bourgs fortifiés, contrôlés les forces armées "amies" et dont les habitants devaient assurer la garde 24 heures sur 24 contre l'intrusion "d'ennemis", les campagnes environnantes étant déclarées "zones d'action militaire" où les forces armées "amies" pouvait abattre sans sommation tout individu, en civil ou en uniforme, considéré a priori comme "ennemi" ; cette technique avait aussi pour but d'empêcher tout soutient, ravitaillement en particulier, de la population ainsi regroupée aux rebelles ou aux ennemis ; Ali Hassan al-Majid, dit "Ali le Chimique", aurait reconnu, lors de son procès, avoir donné l'ordre d'exécuter toute personne n'acceptant pas de quitter son village pour être "regroupé" dans l'un de ces bourgs fortifiés[réf. nécessaire] ; on ne sait pas ce qu'il advenait à de telles personnes en Algérie ou aux Viet Nam
- ↑ « La justice irakienne rend son verdict sur le massacre des Kurdes en 1988 », dans Le Monde du 24-06-2007, [lire en ligne]
- ↑ « La justice irakienne rend son verdict sur le massacre des Kurdes en 1988 », dans Le Monde du 24-06-2007, [lire en ligne]
- ↑ « La justice irakienne rend son verdict sur le massacre des Kurdes en 1988 », dans Le Monde du 24-06-2007, [lire en ligne]
- ↑ Source : une émission d'Arte, il faudrait trouver des sources sur le web.
- ↑ Une contre-enquête montrera ensuite que la jeune femme était la fille de l'ambassadeur koweïtien et résidait aux États-Unis. Elle n'avait jamais été infirmière dans un hôpital (Source : idem, émission d'Arte)
- ↑ Biographie de Saddam Hussein