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Étrusques - Wikipédia

Étrusques

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Les peuples dans la péninsule italienne au début de l'âge du fer ██ Ligures ██ Vénètes ██ Étrusques ██ Picènes ██ Ombriens ██ Latins ██ Osques ██ Messapes ██ Grecs
Les peuples dans la péninsule italienne au début de l'âge du fer ██ Ligures ██ Vénètes ██ Étrusques ██ Picènes ██ Ombriens ██ Latins ██ Osques ██ Messapes ██ Grecs

Les Étrusques (latin : Tuscii) sont un peuple qui vivait en Étrurie, territoire correspondant à peu près à l'actuelle Toscane et au nord du Latium, soit le centre de la péninsule italienne, avant la période de la royauté romaine. Leurs voisins Grecs les appelaient Thyrrhenoi, c’est-à-dire Tyrrhéniens (ayant donné le nom de mer tyrrhénienne pour le versant occidental de l'Italie), mais ils s'appelaient eux-mêmes Rasna. Leur langue qui s'écrivait avec un alphabet grec légèrement modifié, a donné naissance à l'alphabet latin.

Sommaire

[modifier] Origine

La majorité des chercheurs actuels tendent à s'accorder sur une origine autochtone, issue des Villanoviens (culture italique de l'âge du fer s'étendant de l'Italie du Nord à la Campanie) qui, fascinés par leurs contacts avec les Phéniciens au VIIe siècle avant notre ère puis par les Grecs en pleine période orientalisante (les Phocéens qui allaient fonder Marseille ont ainsi fait escale en Étrurie, y laissant des traces mais sans s'y installer), auraient développé une culture originale et très séduite par l'esthétique orientale.

Femme étrusque, statue en terre cuite, IIe siècle av. J.-C., retrouvée à Chiusi, conservée à Karlsruhe
Femme étrusque, statue en terre cuite, IIe siècle av. J.-C., retrouvée à Chiusi, conservée à Karlsruhe

Tout d'abord selon Hérodote, ils auraient émigré de Lydie en Asie Mineure, en Toscane, de Troie ravagée comme le veut L’Énéide ; selon une autre tradition, soutenue par Tite-Live, ils seraient au contraire venus du nord ; selon une troisième tradition, soutenue par Denys d'Halicarnasse, ils seraient autochtones. Les historiens ont privilégié tantôt l'une tantôt l'autre. Ceci expliquerait la naissance soudaine de la civilisation étrusque entre le VIIIe et le VIIe siècle av. J.-C. (la période dite « orientalisante »), et les nombreuses affinités qu'on note dans les usages et coutumes, la langue, l'art et la religion des Étrusques avec le monde égéo-anatolien, tandis que les usages dans les rapports avec le monde féminin étaient très différents : on sait qu'effectivement les femmes assistaient aux banquets auprès des hommes chez les Étrusques, ce qui n'était pas le cas chez les Grecs, leurs contemporains.

Cette coutume étrusque était effectivement très mal vue par les Grecs, voisins directs des Étrusques dans l'Italie du sud qui appartenait alors à la Grande Grèce et était une des raisons de la rivalité des deux peuples, en plus de leur concurrence commerciale. Mais il est indéniable que la femme a été mieux considérée chez les Étrusques : elle pouvait ainsi posséder des biens en son nom propre.

Des recherches génétiques récentes[1] montrent que les Étrusques auraient une origine biologique d'Anatolie (Asie mineure), ce qui donnerait raison à Hérodote.

[modifier] Langue

Icône de détail Articles détaillés : langue étrusque et alphabet étrusque.

La langue étrusque utilise un alphabet grec qui a inspiré l'alphabet latin. Elle est probablement d'origine non indo-européenne et ne nous est pas entièrement connue (environ 700 mots seulement). Les inscriptions principales sont traduites. Mais il manque une "Pierre de Rosette" étrusque pour comprendre plus intimement la grammaire et les origines de la langue étrusque. Des comparaisons ont été tentées avec le Hourrite/Urartéen. Le comparatiste français Michel Morvan propose par exemple de comparer le chiffre trois de l'étrusque (ci) avec celui du hourrite (ki).

[modifier] Religion

Tombes étrusques à Populonia
Tombes étrusques à Populonia
Icône de détail Article détaillé : mythologie étrusque.

Rien qui ne fut religieux dans la vie quotidienne de ce peuple des cités. Toutes ces activités se déroulaient selon des rites bien précis, consignés dans les différents traités de la Disciplina etrusca, la science étrusque par excellence.

[modifier] Art

Vase plastique, groupe de Chiusi
Vase plastique, groupe de Chiusi
Icône de détail Article détaillé : art étrusque.

L'art produit par cette civilisation est d'une grande richesse. Les Étrusques furent de très habiles artisans et eurent de grands artistes, peintres de fresques dans les tombes, comme celles de Tarquinia par exemple, sur vases, sculpteurs qui réalisèrent de véritables chefs-d'œuvre tant en bronze qu'en terre cuite. Ils furent également d'excellents joailliers, d'habiles métallurgistes. On peut voir leurs œuvres dans les grands musées italiens, comme par exemple ceux de Florence, du Vatican ou de Volterra. Mais ce qui gêne notre œil moderne, pétri d'esthétique gréco-romaine « classique », c'est la liberté de déformation des corps à des fins d'expressivité. L'art étrusque est un art de mouvement.

[modifier] Expansion et déclin

Expansion étrusque de 750 à 500 av. J.-C.
Expansion étrusque de 750 à 500 av. J.-C.
Icône de détail Article détaillé : Étrurie.

Le maximum de la prospérité et de l'expansion de la civilisation étrusque fut atteint entre 600 et 350 av.J-C. En -535 en effet, les Étrusques, alliés aux Carthaginois (certains historiens emploient à ce propos l'expression de « Confédération étrusco-carthaginoise »), remportèrent la bataille navale d'Alalia (Aléria) au large de la Corse, contre les Phocéens de Massalia, soit la colonie grecque de l'antique Marseille, dans la lutte qui les opposait pour le contrôle de la Méditerranée occidentale. L'arrêt de l'expansion étrusque commence à la fin du même siècle, puis vient le déclin durant le Ve siècle. Rome fut la première à se libérer de la domination étrusque en chassant les Tarquins vers -509 ; puis les Latins dans leur ensemble s'en libérèrent avec l'aide d'Aristodème de Cumes à la bataille d'Aricie en -506. Les têtes de pont étrusques restèrent ainsi isolées en Campanie, s'affaiblirent après la défaite navale de Cumes en -474, et furent définitivement perdues en -423 lors de la conquête de Capoue par les Samnites. Au nord, l'invasion gauloise détruisit les cités étrusques de la plaine du au début du Ve siècle. En -396, Rome conquit Véies, étendant ainsi son influence sur toute l'Étrurie méridionale. Durant plus de deux siècles, à l'initiative tantôt de l'une tantôt de l'autre de leurs cités, les Étrusques luttèrent contre l'expansion romaine. Mais en -295, bien que coalisés avec la population d'Ombrie, les Gaulois cisalpins et les Samnites, ils furent vaincus à la bataille de Sentinum : en quelques décennies ils furent totalement assujettis à Rome et inclus, par des traités spécifiques, parmi les « alliés » de la péninsule italienne, jusqu'à ce que la citoyenneté romaine leur soit accordée lors de la guerre sociale de -90--88.

[modifier] Héritage

Cratère en calice étrusque
Cratère en calice étrusque

En dépit de la perte de leur autonomie politique, les Étrusques continuèrent à exercer par la suite une grande influence en Italie sur le plan culturel, religieux et artistique. Rome, qui sous Auguste avait fait de l'Étrurie la septième région d'Italie, subit fortement leur influence, qui persista dans les institutions, les modes de vie, la langue, les goûts, l'amour du luxe, du faste et des banquets, la danse et la musique. Goûts étrusques attestés par les peintures de leurs tombes, quoique ces dernières nous renseignent surtout sur les goûts des classes aisées, c'est-à-dire sur les goûts d'une minorité de la population. L'empereur Claude était lui-même un spécialiste de la culture étrusque. L'esprit créatif du peuple étrusque (un artisanat habile et ses techniques approfondies) émergea à nouveau bien des siècles plus tard en Toscane lors de la Renaissance.

Les dieux romains, que beaucoup pensent être empruntés aux Grecs, sont en réalité empruntés aux Étrusques. Ainsi, les Étrusques vénéraient-ils Menrva, déesse armée, Tinia, dieu puissant du ciel, Turan, déesse de la puissance féminine, le Tinias Clenar, jumeaux fils de Tinia, ou Hercle, fils de Tinia à qui furent imposés des travaux… Ces dieux n'étaient pas représentés avant que les Étrusques ne rencontrent les Grecs et leur Panthéon. Ils reprirent donc l'iconographie grecque pour représenter leurs dieux, qui gardaient leur originalité (ils n'ont ainsi pas les mêmes histoires). Les Étrusques ont ensuite transmis leur Panthéon (noms et iconographies) aux Latins (qui ont surimposés ce Panthéon à leurs propres divinités antérieures). C'est pour cela que les dieux romains sont Minerve, Jupiter, Hercule… et non Athéna, Zeus, Héraclès… Seuls Bacchus et Apollon sont des emprunts directs au Panthéon grec car il n'y avait pas de divinité préexistante équivalente dans la tradition étrusque.

La Triade capitoline romaine (Jupiter/Junon/Minerve, marqueur culturel romain à qui de nombreuses villes romaines bâtissaient un temple à triple cella est aussi issue des Étrusques, chez qui ce type de temple est courant. Celui de Rome aurait été inauguré, selon la tradition, en 509 avant notre ère, première année de la République après avoir chassé les rois étrusques. Ce qui permet de déduire qu'il fut commandé et construit sous la domination étrusque de la Ville.

D'autres symboles, très fortement romain, comme le siège curule des sénateurs romains, est directement empruntés aux objets de pouvoir étrusque. Il s'agissait d'un siège pliant pour char, privilège aristocratique.

[modifier] Les analyses de la biologie

Visage féminin étrusque
Visage féminin étrusque

Nous savons, depuis la publication de l'ouvrage de Jean Bernard Le Sang et l'histoire, que le groupe sanguin dominant dans les territoires cantabriques est 0- et que plus on s'en éloigne en cercles concentriques et plus le pourcentage de ce groupe dans la population décroît jusqu'à être encore dominant dans une plus faible proportion en Ligurie, groupe sanguin correspondant à la plus ancienne population de l'Europe méditerranéenne connue. Par ailleurs, les études qui ont été faites sur la population toscane actuelle ont démontré une proportion de 5% appartenant aux groupes A et B supérieure au reste de la population italienne. Ceci pourrait apparenter les proto-étrusques aux populations orientales d'Arménie, aux Hindous et aux gitans Sinti. De leur côté les anthropologues sont limités dans leur recherches par la pratique diffuse de l'incinération des défunts. Les études systématiques qui ont cependant été faites sur les squelettes provenant des tombes d'Étrurie ont révélé des données dont il est difficile de tirer des conclusions certaines. Sur 44 crânes, 34 étaient dolichocéphales et mésocéphale tandis que 14 étaient brachycéphales. On en conclut que les crânes longs et moyens correspondraient à ceux du type des envahisseurs venus de l'Orient tandis que les autres correspondraient à celui des indigènes. L'aspect et les proportions de ces crânes correspondent cependant à la moyenne de ce qu'on sait de la population de toute l'Europe méridionale au néolithique. Selon les études génétiques les plus récentes, l'Ève mitochondriale toscane a 17 000 ans.

[modifier] L’analyse de l'ADN des Étrusques

L’analyse de l'ADN mitochondrial de 80 individus ayant vécu en Étrurie entre le VIIe et le IIe siècle av. J.-C. réalisée par l’équipe de chercheurs du département de biologie de l’université de Ferrare sous la direction du professeur Guido Barbujani a été publiée sur la revue American Journal of Human Genetics[2].

Selon les résultats de ces recherches, les actuels Toscans ne sont pas les descendants des Étrusques.

Les résultats de cette analyse révèlent également que ceux-ci étaient un groupe intrinsèquement homogène sans échanges avec d’autres ethnies. Un des aspects qui a surpris les chercheurs est la rapidité avec laquelle leur ADN a disparu sans laisser de traces dans la population toscane actuelle, deux millénaires étant des temps relativement brefs du point de vue de la génétique.

Les résultats de cette analyse apparente l’ADN de cet échantillonnage à celui des populations anatoliennes (Asie Mineure). Les éléments analysés provenant de tombes riches, appartenant à l’aristocratie étrusque, laissent penser qu’il s’agissait d’une élite dominante et non assimilée avec le reste de la population d’alors, population villanovienne dont les Toscans actuels seraient les descendants. Les habitants du village de Marlo disent être les descendants directs des Étrusques.

[modifier] Divers

Les Étrusques sont les inventeurs de la prothèse dentaire.[3]

[modifier] Bibliographie

  • Jacques Heurgon, Vie quotidienne des Étrusques, Hachette, Paris, 1961.
  • Dominique Briquel, Les Étrusques, Collection Que Sais-Je ?, Paris, 2005.
  • Jean-René Jannot, À la Rencontre des Étrusques (en ligne)
  • Jean-Paul Thuillier, Les Étrusques, Editions du Chêne, Paris, 2006 (en ligne).
  • Giovannangelo Camporeale, "Gli etruschi. Storia e civiltà", UTET Università, 2004.

Dans les arts et la littérature :

  • L'Étrusque, Mika Waltari, Olivier Orban 1980 /Éditions du Seuil, collection "Points", 1984
  • L'Etrusco Una Lingua Ritrovata, Piero Bernardini Marzolla, SAGGI, Arnoldo Montadori Editore (it)

[modifier] Notes et références

  1. publication Science & Vie octobre 2007
  2. The Etruscans: A Population-Genetic Study (en)
  3. La prothèse dentaire dans les tombeaux phéniciens et étrusques

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Noël Robert, Les Étrusques, Les Belles Lettres, 2004. ISBN-10 2-251-41027-9
  • Dominique Briquel, Les Étrusques, Paris, Presses Universitaires de France : Que Sais-Je ?, 2005. ISBN 2-13-053314-0

[modifier] Liens internes

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[modifier] Liens externes



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