Strawberry Fields Forever
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Strawberry Fields Forever | |||||
Single par The Beatles extrait de l’album Magical Mystery Tour |
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Face A | Penny Lane (double face A) |
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Sortie | 13 février 1967 17 février 1967 |
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Durée | 4:10 | ||||
Genre(s) | Rock psychédélique | ||||
Format | 45 tours | ||||
Auteur(s) | John Lennon et Paul McCartney | ||||
Producteur(s) | George Martin | ||||
Label | Parlophone | ||||
Classement | #2 (Royaume-Uni) #8 (États-Unis) |
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Pistes de Magical Mystery Tour | |||||
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Singles de The Beatles | |||||
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Strawberry Fields Forever est une chanson des Beatles, publiée d'abord en single « double face A » en compagnie de Penny Lane le 13 février 1967, puis sur l'album Magical Mystery Tour (sorti en novembre 1967 aux Etats-Unis seulement). Elle est l'un des morceaux fondateurs du genre rock psychédélique. Entièrement composée par John Lennon, elle est néanmoins créditée Lennon/McCartney, comme tous les morceaux des Beatles composés par l'un ou l'autre.
La chanson a donné son nom au mémorial Strawberry Fields à Central Park, près du lieu où John Lennon a été assassiné.
Sommaire |
[modifier] Composition
John Lennon commence à écrire cette chanson à la fin de l'année 1966, alors qu'il se trouve à Almeria en Espagne pour le film de Richard Lester How I Won the War. Strawberry Fields Forever et Penny Lane, l'autre face A du single, partagent le thème de la nostalgie de leurs auteurs pour leur enfance à Liverpool. Strawberry Field est le nom d'un orphelinat de l'Armée du Salut au coin de la rue où Lennon passa son enfance, à Woolton. Il jouait souvent au milieu des arbres derrière l'orphelinat avec ses amis Pete Shotton et Ivan Vaughan. L'un des grands moments de l'enfance de John Lennon était la fête ayant lieu chaque été dans les jardins de Strawberry Field.
Strawberry Fields Forever est composée durant une période de changement. Les Beatles viennent d'abandonner leurs tournées après l'une des périodes les plus difficiles de leur carrière, avec en particulier le faux pas de Lennon sur Jésus et la désastreuse tournée aux Philippines. Le mariage de Lennon bat de l'aile, et son enfance difficile revient le hanter. Il consomme en outre des quantités grandissantes de drogue, en particulier du LSD. Si les paroles ne contiennent aucune référence explicite à la drogue, on estime cependant que le style, le ton, et le contenu en forme de courant de conscience ont été influencés par son expérience du LSD.
Il existe une grande quantité d'enregistrements de démos et de prises en studio qui révèlent l'évolution du morceau. La première démo ne contient qu'un seul couplet et aucun refrain :
- No one is on my wavelength,
- I mean, it's either too high or too low ;
- That is you can't you know tune in but it's all right,
- I mean it's not too bad.
Dans des démos ultérieures, Lennon modifie ce couplet pour le rendre plus obscur et ajoute un deuxième couplet substantiellement identique au troisième de la version finale. Le dernier couplet est écrit très peu de temps avant l'enregistrement du morceau, bien qu'il soit le premier de la version finale.
[modifier] Enregistrement
La production innovante du morceau par l'ingénieur du son Geoff Emerick et les arrangements complexes sont une preuve claire de la maîtrise presque totale du groupe sur le studio d'enregistrement et leur approche de la musique de plus en plus avant-gardiste. Elle emploie notamment un overdubbing extensif, des séquences passées à l'envers et en boucle, et une compression et égalisation sonore importante. En plus des classiques guitare, basse et batterie, les arrangements incluent piano, mellotron (joué par Paul McCartney), trompettes, violoncelles, ainsi que des instruments plus inhabituels comme le swarmandal, un instrument à cordes indien qui produit le son, proche de celui d'un sitar, qui revient à la fin du refrain.
La version finale est un mélange de deux performances distinctes. Le groupe a enregistré de multiples prises de deux versions très différentes du morceau. La première est une tentative d'imiter le son acid rock de groupes américains comme Jefferson Airplane, et inclut des instruments assez basiques : guitare, guitare basse, batterie et mellotron. Pour la deuxième version, enregistrée quelques semaines plus tard, Lennon opte pour un arrangement nettement plus complexe avec trompettes et violoncelles, ainsi que le son de cymbales passé à l'envers durant les couples.
Lennon aimant la première minute de la prise 7 (la version « acid rock ») et la fin de la prise 26 (la version « orchestrale »), il décide que la prise finale doit combiner ces sections des deux versions et confie à Martin la tâche de les assembler.
Pour Martin et Emerick, un problème se pose : les deux versions ont été jouées dans différentes tonalités et différents tempos (la prise 7 en la majeur et la 26 en si majeur). Heureusement pour eux, la version la plus rapide est aussi celle jouée sur la tonalité la plus aiguë. Le fait que les deux parties de la chanson, lorsqu'elles sont assemblées, ont le même tempo et la même tonalité résulte du ralentissement de la version la plus rapide et à la tonalité la plus haute et de l'accélération de la version la plus lente et à la tonalité la plus basse, jusqu'à ce que les deux atteignent une vitesse où leurs tempos et tonalités sont les mêmes. Selon George Martin, que les deux prises puissent correspondre lorsque leur vitesse est modifiée ainsi et s'assembler de façon aussi naturelle est une heureuse coïncidence : lorsque Lennon lui avait demandé de faire cela, Martin avait écouté les deux prises et déclaré la chose impossible. La version finale contient deux corrections : l'une juste avant le premier vers, « Let me take you down », où un vers superflu a été enlevé, et le deuxième quelques secondes plus tard, entre les mots « 'cause I'm » et « going to », à exactement une minute, au moment où la prise 7 est collée à la prise 26. Le vari-speed, technique employée pour fusionner les prises, donne également à la voix de Lennon une qualité particulière.
L'élément le plus caractéristique est peut-être l'instrument qui produit le son semblable à celui d'une flûte dans l'introduction du morceau : un mellotron, acheté par Lennon un an plus tôt et amené spécialement dans les studios d'Abbey Road. C'est cependant McCartney qui découvre le potentiel de ce nouvel instrument : il compose le passage introductif et en joue durant l'enregistrement. Les Beatles sont l'un des premiers groupes de rock à utiliser un mellotron, et Strawberry Fields Forever est peut-être le premier morceau pop dans lequel cet instrument apparaît. Du fait de l'influence des Beatles, d'autres groupes utilisent bientôt cet instrument, dont Traffic, Family et les Rolling Stones.
Contrairement à ce que veut la légende urbaine selon laquelle Paul McCartney est mort, les mots que prononce Lennon à la fin du morceau ne sont pas « I buried Paul » (« J'ai enterré Paul »), mais « cranberry sauce » (« sauce aux canneberges »), ce qu'il a confirmé lui-même dans une interview donnée en 1980 au journal Playboy, déclarant qu'il s'agit d'une sorte de cerise sur le gâteau qu'est l'étrangeté de cette chanson, là où tout ce qu'il aurait pu imaginer aurait été inapproprié[1]. Les mots « cranberry sauce » sont plus audibles sur les versions parues dans The Beatles Anthology.
[modifier] Publication
Strawberry Fields Forever paraît le 13 février 1967 au Royaume-Uni, et le 17 février aux États-Unis, couplée en « double face A » — un format introduit avec le simple Day Tripper/We Can Work It Out — à Penny Lane, une composition de Paul McCartney. Comme c'était la règle en Angleterre dans les années 1960, ces deux chansons ne sont pas reprises dans l'album suivant du groupe, Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, une décision que George Martin regrette aujourd'hui. Il explique qu'à l'époque, ils « voulaient vraiment en donner aux gens pour leur argent ».
Les deux chansons sont par la suite incluses dans l'album Magical Mystery Tour, qui ne contient que six morceaux dans sa version anglaise. Cet album est devenu par la suite la version officielle dans la discographie des Beatles.
Strawberry Fields Forever apparaît aussi dans la musique du film Imagine: John Lennon.
[modifier] Réception
Le single se classe 2e au Royaume-Uni, derrière Release Me de Engelbert Humperdinck. C'est la première fois depuis 1963 et Please Please Me qu'un single des Beatles n'atteint pas la première place du hit-parade britannique, ce qui semble paradoxal au vu des dires de George Martin qui, lorsque Brian Epstein le presse de sortir un nouveau single, lui répond que le groupe vient d'enregistrer ce qui était « leurs deux meilleures chansons jusqu'à présent ». Pourtant, le groupe en ressentira « un grand soulagement », en quelque sorte libéré d'une certaine pression. Aux États-Unis, Strawberry Fields reste 9 semaines dans le hit-parade, et pointe à la 8e place[2]. Penny Lane se classe numéro 1.
Brian Wilson a déclaré que Strawberry Fields Forever était en partie responsable de l'échec du fameux album inachevé des Beach Boys, SMiLE. Lorsque Wilson entend ce morceau pour la première fois, il est au volant de sa voiture, et est si affecté qu'il doit s'arrêter jusqu'à la fin de la chanson. Il fait alors remarquer à son passager que les Beatles y sont « arrivés les premiers » (à obtenir le son qu'il voulait pour son nouvel album). SMiLE est abandonné peu après[réf. nécessaire].
Le magazine Rolling Stone classe le titre à la 76e place dans sa liste des 500 plus grandes chansons[3].
[modifier] Le clip vidéo
Le clip promotionnel pour la chanson est reconnu comme l'un des premiers clips conceptuels et l'un des plus réussis[réf. nécessaire]. Il inclut des séquences passées à l'envers, de l'animation en volume, des coupures déconcertantes entre des scènes de jour et de nuit. Les Beatles y jouent avec un piano droit, le couvrant de peinture avant de le renverser. Il a été tourné le 30 janvier 1967 à Knole Park, dans le village de Sevenoaks, et réalisé par Peter Goldmann, un ami de Klaus Voormann qui le recommande au groupe. Le lieu du tournage est aisément reconnaissable. Si ce clip a été tourné en même temps que celui de Penny Lane, il est beaucoup plus novateur, ce qui a sans doute à voir avec le ton plus dur de la chanson. Les deux ont été sélectionnées par le Museum of Modern Art de New York comme étant deux des vidéos musicales les plus influentes de la fin des années 1960. Elles ont été diffusées pour la première fois aux États-Unis au début de l'année 1967 dans l'émission de variétés Hollywood Palace.
[modifier] Reprises
La chanson a été reprise par Richie Havens lors du festival de Woodstock de 1969. La version indie-dance du groupe éphémère Candy Flip, éditée en single en 1990, s'est classée à la troisième place du hit-parade britannique. Cindy Lauper, Nemo, MeeK, Noel Gallagher ou Ben Harper l'ont interprétée également. The Rutles s'en sont inspiré dans leur parodie intitulée Let's Be Natural.
[modifier] Sources
- Hunter Davies, The Beatles: The Authorised Biography, Heinemann, 1968.
- The Beatles, The Beatles Anthology, Seuil, 2000
- Mark Lewisohn, The Complete Beatles Chronicle, Harmony Books, 1992.
- Geoff Emerick, Here, There, and Everywhere, Gotham Books, 2006.
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Strawberry Fields Forever ».
[modifier] Notes et références
- ↑ Interview de John Lennon à Playboy, 1980, Consulté le 30/05/2008
- ↑ Strawberry Fields Forever, 9/12/2004, Rolling Stone. Consulté le 30/05/2008
- ↑ The RS 500 Greatest Songs of All Time, 9/12/2004, Rolling Stone. Consulté le 30/05/2008