Sophie Chotek
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Sophie Chotek de Chotkowa et Wognin (née le 1er mars 1868 à Stuttgart est morte le 28 juin 1914 à Sarajevo).
Issue d'une vieille famille de noblesse tchèque dont les membres avaient servi dans la diplomatie impériale, elle était, à près de 30 ans, célibataire et dame d'honneur de l'archiduchesse Isabelle, née Isabelle de Croÿ, épouse de l'archiduc Frédéric d'Autriche (Branche de Teschen issue de l'archiduc Charles-Louis).
On croit savoir qu'elle fit la connaissance de l'archiduc François-Ferdinand (Franz-Ferdinand) neveu et successeur potentiel de l'Empereur d'Autriche et Roi de Hongrie François-Joseph Ier vers 1896 à un bal donné à Prague.
Célibataire, âgé de trente-trois ans, venant de guérir d'une longue maladie (la tuberculose), l'archiduc-héritier avait vu se détourner de lui la plupart des membres de la cour. Âgée de vingt-huit ans, la comtesse Chotek pouvait déjà se considérer comme une « vieille fille » malgré (ou à cause) d'éminentes qualités de cœur. Ces deux solitaires s'éprirent rapidement l'un de l'autre mais un mariage étant impossible, la comtesse n'étant pas de sang royal, la dame d'honneur et l'archiduc-héritier étaient contraints de s'aimer en secret sans espoir d'une union légitime.
Mère de nombreuses filles, l'archiduchesse Isabelle ambitionnait de faire épouser l'une d'elle par l'héritier du trône. Flattée par les nombreuses visites de François-Ferdinand, elle s'oublia un jour jusqu'à se permettre d'aller regarder dans la montre à gousset oubliée par son prestigieux visiteur laquelle de ses filles s'y trouvait en photographie : elle y trouva celle de sa dame d'honneur.
Frustrée, furieuse, l'archiduchesse chassa bruyamment "la Chotek" qu'elle traita d'"intrigante".
Chevaleresque, l'archiduc, au mépris des convenances et des règles successorales de l'Empire et de sa Maison, n'eut de cesse de réparer l'affront fait à la femme qu'il aimait et imposa son désir de l'épouser au grand dam de l'empereur François-Joseph, son oncle.
Celui-ci était pleinement et douloureusement conscient du fait que s'il contraignait son neveu à renoncer au trône, ainsi que l'y obligeaient les règles successorales auxquelles il avait déjà soumis certains membres de la famille impériale, le frère cadet de François-Ferdinand, Othon deviendrait son successeur. Or, le "bel archiduc" menait à la vue de tous une vie de débauche et de scandale.
L'Empereur dut user d'un compromis : François-Ferdinand resterait son successeur mais sa femme ne porterait pas les titres de son mari et ses enfants ne seraient pas dynastes. En aucun cas Sophie ne pourrait jouir des privilèges d'un membre de la famille impériale. Par exemple, il ne lui était pas possible d'assister à un spectacle à côté de son mari qui, lui, se devait d'être présent dans la loge impériale. Idem lors d'une cérémonie religieuse et de toute manifestation publique en présence de membres de la famille impériale. Néanmoins, le souverain élevait sa nouvelle nièce au rang de "Princesse souveraine de Hohenberg" avec rang immédiat après les membres de la famille impériale. Le mariage fut célébré dans la discrétion -un comble pour l'héritier d'une des premières puissances du monde de l'époque- le 28 juin 1900.
Considérant les mentalités de son époque, François-Joseph ne pouvait pas faire plus : aucun membre de la Maison Impériale et Royale n'aurait accepté de céder le pas à une dame d'honneur. Par ailleurs, l'empereur témoigna plus tard son estime à Sophie en lui octroyant le titre de Duchesse (1907) et le prédicat d'Altesse.
Le couple, très uni, vécut à l'écart de la cour et eut quatre enfants qui relevèrent le titre de leur mère : Sophie, Maximilien, Ernest et un fils mort-né en 1908.
Il bénéficia du soutien inconditionnel de l'archiduchesse Marie-Thérèse, veuve de l'archiduc Charles-Louis, frère cadet de l'Empereur et père de François-Ferdinand.
L'archiduc et son épouse furent assassinés à Sarajevo le 28 juin 1914, jour de leur treizième anniversaire de mariage, par un étudiant. Cet attentat déclencha inopinément la Première Guerre mondiale qui provoqua la fin de l'Empire Austro-Hongrois et la chute de la Maison de Habsbourg-Lorraine... En raison de la présence de son épouse (qui n'était pas archiduchesse), le service de sécurité autour de l'archiduc-héritier avait été restreint...