Saint-Pol-Roux
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Paul-Pierre Roux, dit Saint-Pol-Roux, né à Marseille dans le quartier de Saint-Henry le 15 janvier 1861 et mort à Brest le 18 octobre 1940, est un poète symboliste français.
Sommaire |
[modifier] Biographie
[modifier] Marseille
Poète symboliste, Saint-Pol-Roux est né dans une famille bourgeoise de Marseille. Il étudie dans un lycée lyonnais où il arrête mystérieusement ses études. Il écrit alors quelques pièces de théâtre sous son propre nom.
[modifier] Années parisiennes
Il part s'installer à Paris. Il fréquente en particulier le salon de Stéphane Mallarmé pour qui il a la plus grande admiration. Il gagne une certaine notoriété, essaie quelques pseudonymes et devient « Saint-Pol-Roux le magnifique ». Il tente de faire jouer une de ses pièces la Dame à la faux par Sarah Bernhardt. Il est même interviewé par Jules Huret, en tant que membre du mouvement symboliste. Il aurait peut-être participé à la Rose-Croix esthétique de Péladan. Pourtant il n'a rien écrit sur ce mouvement ou sur son fondateur. Saint-Pol-Roux s'est sans doute intéressé à cette audacieuse tentative littéraire, et a dû la quitter rapidement.
[modifier] L'exil volontaire
Saint-Pol-Roux quitte la capitale en 1898. Il exécra rapidement la capitale pour son ostracisme et la médiocrité du milieu de la critique littéraire, qu'il ignora avec autant de superbe qu'elle le méconnut. Sur les conseils d'une voyante, mais également pour échapper à ses créanciers, il part un premier temps dans les Ardennes. Il s'installe ensuite avec sa femme à Roscanvel dans le Finistère, où naît sa fille Divine. Suite à la mort de son père, industriel marseillais aisé, il s'installe à Camaret et fait de la Bretagne le centre de gravité de son œuvre. Il profite des subsides que lui avait assurés un opéra, Louise, dont il avait rédigé le livret pour acheter une maison surplombant l'océan, au-dessus de la plage de Pen Had, sur la route de la pointe de Pen Hir. Il la transforme en manoir gentiment baroque (le manoir de Coecilian, du nom de son fils - appelé aussi parfois manoir des Boultous) dont on peut encore voir les ruines. « Face à la mer, l'homme est plus près de Dieu », disait-il.
Il reçoit de nombreux artistes et écrivains, notamment Louis-Ferdinand Céline, des membres du mouvement surréaliste qui le considèrent comme un prédécesseur, et même, en 1930, Jean Moulin, alors sous-préfet de Châteaulin.
Saint-Pol-Roux fut membre de l'académie Mallarmé de 1937 à 1940.
[modifier] Mort tragique de Saint-Pol-Roux
Dans la nuit du 22 au 23 juin 1940, un soldat allemand ivre investit le manoir, tue la fidèle gouvernante, viole sa fille Divine et la blesse grièvement à la jambe d'une balle de révolver. Saint-Pol-Roux échappe miraculeusement à la mort. Transporté le 14 octobre à l'hôpital de Brest, Saint-Pol-Roux « le Magnifique », « mage de Camaret », y meurt de chagrin le 18 octobre lorsqu'il apprend que son manoir a été incendié et ses écrits inédits brûlés.
[modifier] Un poète oublié
À partir de la Libération, Divine tentera en vain que l'oubli ne se fasse pas sur l'œuvre de son père. C'est en grande partie grâce au travail de sauvetage, défrichage et publication des éditions Rougerie que pendant ces années de « purgatoire », les poèmes, essais et pièces de théâtre rescapés de la barbarie nazie furent édités ou réédités. Une masse considérable de manuscrits inédits (Le Trésor de l'Homme, La Répoétique) a survécu au pillage.
Saint-Pol-Roux représente l'archétype du « poète oublié ». C'est à ce titre qu'André Breton lui dédie son Clair de Terre (ainsi qu'à « ceux qui comme lui s'offrent le magnifique plaisir de se faire oublier (sic) » et que Vercors lui dédie Le Silence de la mer (« le poète assassiné »).
[modifier] L'oeuvre de Saint-Pol-Roux
Saint-Pol-Roux a tenté de créer une oeuvre d'art totale. Ce rêve de la littérature symboliste, consistait à créer une oeuvre parfaite répondant à tous les sens. Saint-Pol-Roux s'était donc intéressé au genre théâtral et à l'opéra, pendant ses années parisiennes. A la fin de sa vie, il s'émerveille des possibilités artistiques offertes par le cinéma.
Saint-Pol-Roux a également créé la notion d'« idéoréalisme ». Il souhaitait une fusion artistique entre le monde réel et le monde des idées, dans une perspective néoplatonicienne. Il imagine une cosmologie, où la Beauté perdue dans le monde réel doit être révélée par le poète.
[modifier] Œuvres
- Sous le nom de Paul Roux
- Maman!, Ollendorff, 1883
- Garçon d'honneur, Ollendorff, 1883
- Le Poète, Ghio, 1883
- Un drôle de mort, Ghio, 1884
- Rêve de duchesse, Ghio, 1884
- La Ferme, Ghio, 1886
- Sous le nom de Saint-Pol-Roux
- Les Reposoirs de la procession, vol 1., Mercure de France, 1893
- L'Épilogue des saisons humaines, Mercure de France 1893
- La Dame à la faux, Mercure de France, 1899
- Les Reposoirs de la procession, vol. I : La Rose et les épines du chemin, Mercure de France, 1901
- Anciennetés, Mercure de France, 1903
- Les Reposoirs de la procession, vol. II : De la colombe au corbeau par le paon, Mercure de France, 1904
- Les Reposoirs de la procession, vol. III : Les Féeries intérieures, Mercure de France, 1907
- Les Fééries intérieures, 1907
- La Mort du Berger, Broulet, Brest, 1938, 69 p.
- La Supplique du Christ, 1939.
- Œuvres posthumes
- Bretagne est Univers, Broulet, Brest, 1941
- Florilège Saint-Pol-Roux, L'Amitié par le Livre, 1943
- Anciennetés, Seuil, 1946
- L'Ancienne à la coiffe innombrable, Éd. du Fleuve, Nantes, 1946
- Août, Broder, 1958
- Saint-Pol-Roux "Les plus belles pages", Mercure de France, 1966
- Le Trésor de l'homme, Rougerie, Mortemart, 1970
- La Répoétique, Rougerie, Mortemart, 1971
- Cinéma vivant, , Rougerie, Mortemart, 1972
- Vitesse, Rougerie, Mortemart, 1973
- Les Traditions de l'avenir, Rougerie, Mortemart, 1974
- Saint-Pol-Roux / Victor Segalen, Correspondance, Rougerie, Mortemart, 1975
- La Transfiguration de la guerre, Rougerie, Mortemart, 1976
- Genèses, Rougerie, Mortemart, 1976
- La Randonnée, Rougerie, Mortemart, 1977
- De l'art magnifique, Rougerie, Mortemart, 1978
- La Dame à la faulx, Rougerie, Mortemart, 1979
- Les Reposoirs de la procession, vol. I : La Rose et les épines du chemin, Rougerie, Mortemart, 1980
- Les Reposoirs de la procession, vol. II : De la colombe au corbeau par le paon, Rougerie, Mortemart, 1980
- Les Reposoirs de la procession, vol. III : Les Féeries intérieures, Rougerie, Mortemart, 1981
- Le Tragique dans l'homme, vol. I : Les Personnages de l'individu, Les Saisons humaines, Tristan la Vie, Rougerie, Mortemart, 1983
- Le Tragique dans l'homme, vol. II : Monodrames, L'Âme noire du prieur blanc, Fumier, Rougerie, Mortemart, 1984
- Tablettes. 1885-1895, Rougerie, Mortemart, 1986
- Idéoréalités. 1895-1914, Rougerie, Mortemart, 1987
- Glorifications. 1914-1930, Rougerie, Mortemart, 1992
- Vendanges, Rougerie, Mortemart, 1993
- La Besace du solitaire, Rougerie, Mortemart, 2000 (ISBN 2856680658)
- Les Ombres tutélaires, Rougerie, Mortemart, 2005 (ISBN 2856681123)
[modifier] Bibliographie
- Louis Aragon, Saint-Pol-Roux ou l'espoir, Seghers, Brest, 1945
- Auguste Bergot, Le Solitaire de Camaret, Poésia, Brest, 1947, 158 p.
- Auguste Bergot, Épaves du Magnifique, Poésia, Brest, 1950, 96 p.
- Théophile Briant, Saint-Pol-Roux, Paris, 1951
- Paul Pelleau, Saint-Pol-Roux, le crucifié, Éd. du fleuve, Paris, 1946, 206 p.