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Parc de Sceaux - Wikipédia

Parc de Sceaux

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Parc de Sceaux, vue prise côté Châtenay, au fond : le château
Parc de Sceaux, vue prise côté Châtenay, au fond : le château

La ville de Sceaux est célèbre pour son immense parc qui s'étend non seulement sur cette commune mais aussi sur celle d'Antony. Le domaine de Sceaux dépend aujourd'hui du conseil général des Hauts-de-Seine.

Le parc fut dessiné par André Le Nôtre à la fin du XVIIe siècle à la demande de Colbert puis de son fils le marquis de Seignelay. A plusieurs reprises ce parc faillit disparaître. A la Révolution, il fut transformé en école d'agriculture et tout ce qui en faisait la beauté disparut. Au début du XIXe siècle le château fut détruit après que le domaine eut été vendu comme bien national.

La superficie du parc est de 181 hectares : 121 font partie de la commune de Sceaux, 60 de la commune d'Antony dont le deuxième parc en terme de superficie est le parc Heller.

Sommaire

[modifier] Historique

[modifier] Le premier château de Sceaux

Au XVe siècle, il y a à Sceaux un manoir : en 1470, le seigneur de Sceaux, Jean Baillet, y reçoit le roi Louis XI et toute la Cour.

Au début du XVIIe siècle, les Potier de Gesvres, seigneurs de Sceaux depuis 1597, font construire un château de style Henri IV ou Louis XIII (la date exacte n'est pas connue).

[modifier] Le château de Colbert

Le château de Sceaux au temps de Colbert, vu depuis l'avenue d'entrée. Gravure de Pérelle.
Le château de Sceaux au temps de Colbert, vu depuis l'avenue d'entrée. Gravure de Pérelle.

En 1670, Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, qui souhaite disposer d'un domaine près de Paris et non loin de Versailles, achète la terre de Sceaux à la famille Potier de Gesvres. Il procéde à d'importantes acquisitions foncières afin d'agrandir le domaine qu'il porte à une centaine d'hectares. Lorsque le fils de Colbert, le marquis de Seignelay, fera l'acquisition de la seigneurie de Châtenay, le parc atteindra la superficie de 225 hectares (environ 700 arpents). Colbert fait agrandir l'édifice, qui avait été bâti après 1597, au début du 17e siècle et dessiner un parc à la française par André Le Nôtre. L'architecte n'est pas connu, mais compte tenu de la position éminente du commanditaire – qui s'était vu confier depuis 1664 la charge de Surintendant des Bâtiments du Roi – il ne fait guère de doute qu'il devait s'agir d'un des plus grands de cette époque : peut-être Antoine Le Pautre. Des recherches récentes ont permis de retrouver le nom des deux entrepreneurs: Maurice Gabriel et Jean Girard qui construisit le corps central du château de Saint-Cloud. Claude Perrault est intervenu pour l'édification de la chapelle qui se trouvait dans l'aile sud du château.

Le château comportait un corps central flanqué de deux pavillons et, en retour d'équerre, deux longues ailes en rez-de-chaussée terminées par deux pavillons. Celui de gauche, carré à l'extérieur mais circulaire à l'intérieur et sommé d'une coupole, renfermait la chapelle, décorée par Charles Le Brun. La décoration du château (façade et intérieur) vit l'intervention d'excellents artistes comme François Girardon, Jean-Baptiste Tuby, les frères Marsy, Jean-Baptiste Théodon. Le cabinet de travail de Colbert était orné de vingt-quatre bustes en marbre d'empereurs, d'impératrices et de sénateurs romains et de médaillons en marbre blanc des douze Césars, dans des cadres en bois doré. On y trouvait également un buste d'Homère, un groupe de lutteurs en marbre blanc et deux sphinx de marbre rouge.

Le parti d'ensemble, déjà démodé à l'époque de la construction, trahissait le souci de Colbert de ne pas répéter l'erreur de Nicolas Fouquet à Vaux-le-Vicomte : bien que considérablement agrandi par rapport à la modeste demeure des Potier de Gesvres, le bâtiment devait donner le sentiment d'une implantation antérieure aux travaux du ministre.

Pour les jardins, Le Nôtre créa un axe nord-sud parallèle à la façade principale du château : sur plus d'un kilomètre. Il commençait du côté du village avec un bassin en demi-lune, puis suivait deux allées, une grande cascade et, en contrebas, le bassin dit de l’Octogone. D'est en ouest s'étageaint des terrasses à pans coupés. À l'est, le potager était dominé par le pavillon dit de l'Aurore. Le parc était orné de nombreuses statues dont le célèbre Hercule gaulois de Pierre Puget (aujourd'hui au Musée du Louvre). La Grande Cascade, dont les eaux sortaient des urnes de deux statues de fleuves dues à Antoine Coysevox, faisait l'admiration des contemporains.

En 1673, Colbert reçoit dans son château Monsieur, frère du Roi, venu solliciter des subsides pour une fête qu'il projette de donner. En juin 1675, la Reine, le Dauphin et la Dauphine visitent à leur tour le domaine. En juillet 1677, le Roi enfin vient à Sceaux. C'est pour Colbert un exercice difficile et à haut risque, dont il s'acquitte en parfait courtisan. Leurs Majestés visitent les appartements, dont elles remarquent « la merveilleuse propreté » avant d'entendre le prologue de l'opéra Hermione dans les jardins. Après le souper, l'on donne Phèdre de Racine dans la première orangerie, située dans l'aile droite du château. En sortant, Louis XIV est acclamé par la population de Sceaux réunie dans le jardin merveilleusement éclairé. Le souverain, enchanté, dira à son ministre qu'il ne s'est jamais si agréablement diverti, et le Mercure galant écrit de la fête « qu'elle fut somptueuse sans faste, et abondante en toutes choses sans qu'il y eût rien de surperflu ».

En octobre 1677, Colbert invite tous les membres de l'Académie française. Après le déjeuner, Philippe Quinault donne lecture de son Poème de Sceaux dans le pavillon de l'Aurore tandis que Charles Perrault lit des stances très applaudies.

[modifier] Le château du marquis de Seignelay

Vue depuis les parterres. Gravure d'Adam Pérelle.
Vue depuis les parterres. Gravure d'Adam Pérelle.

Lorsque Colbert meurt en 1683, le château de Sceaux devient la propriété de son fils, le marquis de Seignelay. Celui-ci fait luxueusement réaménager les intérieurs, commandant notamment un appartement dans le goût chinois, décoré de laques, destiné à sa femme. Il fait construire en 1686 par Jules Hardouin-Mansart l'orangerie qui subsiste en partie aujourd'hui (longue à l'origine de 80 mètres, elle a été amputée de sa partie est pendant la guerre de 1870).

Il agrandit considérablement le parc dans lequel il fait créer un second axe, perpendiculaire à l'axe originel, en creusant le grand canal, long de 1140 mètres, achevé en 1691. L’ensemble des terrassements et des parterres devant le château sont remaniés pour créer quatre niveaux de terrasses en pente douce, ornés de parterres de broderies avec bassins, d'un parterre de compartiments surplombant le canal et d'un Tapis Vert.

Le 16 juillet 1685, Seignelay reçoit le Roi et la Cour lors d'une fête demeurée célèbre. Le roi se promène longuement dans les jardins. Il admire le pavillon de l'Aurore, les bassins et les fontaines puis il regagne le château. L'orangerie qui occupe alors l'aile sud du château a été transformée en salle de spectacle. Le fête se termine par un somptueux festin. Les tables ont été disposées autour d'un nouveau bassin proche du château.

Le marquis de Seignelay meurt en 1690.

[modifier] Le château du duc du Maine

Le château de Sceaux au temps de la duchesse du Maine, gravure de Jacques Rigaud,1736
Le château de Sceaux au temps de la duchesse du Maine, gravure de Jacques Rigaud,1736

En 1700, les héritiers du marquis de Seignelay vendent le château au duc du Maine, fils naturel légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan. La duchesse du Maine tient à Sceaux une cour brillante. Elle fait construire par Jacques de La Guépière le pavillon de la Ménagerie (détruit), situé au nord du grand parc et entouré d'un jardin.

À la mort de la duchesse du Maine en 1753, le château passe à ses fils, le prince de Dombes puis, au décès de celui-ci en 1755, au comte d'Eu. En 1775, à la mort de comte d'Eu, son cousin le duc de Penthièvre récupère l'héritage. En 1786, le duc projette de transformer une partie du parc en jardin à l'anglaise (projet aux Archives nationales). En 1791, il donne le domaine à sa fille, la duchesse d'Orléans. Le duc de Penthièvre meurt le 4 mars 1793. Ses biens sont confisqués dès avril 1793.

[modifier] Le domaine à la Révolution

Le domaine est confisqué comme bien national dès 1793. Il est transformé en école d'agriculture. La plupart des statues sont enlevées par Alexandre Lenoir pour son musée des monuments français. Le domaine est acheté en 1798 par Jean François Hippolyte Lecomte, négociant affairiste, enrichi dans le commerce du vin, proche de Fouché, qui, vers 1803, détruit le château pour en vendre les matériaux.

[modifier] Le château du duc de Trévise

Le château de Sceaux aujourd'hui
Le château de Sceaux aujourd'hui

En 1828, Anne-Marie Lecomte-Stuart (1808-1870), fille de M. Lecomte épouse Napoléon Mortier de Trévise (1804-1869), fils du maréchal Mortier, duc de Trévise. Deuxième duc de Trévise en 1835, celui-ci fait construire à l'emplacement du château de Colbert, le château de style Louis XIII en brique et pierre que l'on peut voir aujourd'hui. Les travaux sont dirigés par l'architecte Joseph-Michel Le Soufaché entre 1856 et 1862, d'après les projets de l'architecte Auguste Théophile Quantinet. Le parc est soigneusement replanté sur les tracés de Le Nôtre. Sous le Second Empire, le domaine est le théâtre de fêtes brillantes.

Le second duc de Trévise meurt en 1869. En 1870, le domaine est occupé par les troupes bavaroises qui saccagent le village de Sceaux. La propriété reste en indivision quelques années puis Hippolyte Mortier de Trévise, marquis de Trévise rachète leurs parts à ses frères et sœurs et continue à entretenir le domaine jusqu'à sa mort en 1892. Sceaux devient alors la propriété de sa fille, la princesse Léonie de Cystria-Faucigny-Lucinge. Celle-ci se désintéresse du domaine dont sa mère garde l'usufruit.

Restent de l'époque de l'Ancien Régime (avant la Révolution) :

  • l'axe menant de la route d'Orléans à l'entrée d'honneur du château avec ses douves sèches, son pont dormant et ses deux pavillons de garde;
  • le pavillon de l'Aurore ;vers 1672
  • l'orangerie ;construite par Jules Hardouin-Mansart en 1686.
  • les écuries, l'abreuvoir et les bâtiments de la ferme ;
  • quelques statues de marbre ou de pierre rythmant certaines allées du parc (les jardins et parterres d'aujourd'hui, ne représentent qu'une partie du parc de Le Nôtre après son dépeçage partiel réalisé dans le but de créer des lotissements de grand luxe) ;
  • les principaux axes du parc ;
  • le grand canal et l'axe perpendiculaire ;
  • le bassin de l'Octogone ;
  • quelques degrés engazonnés.

Le pavillon de Hanovre[1] a été installé à Sceaux en 1932 dans la partie du parc proche de Châtenay.

[modifier] Le parc de Sceaux aujourd'hui

Pavillon de l'Aurore
Pavillon de l'Aurore

La marquise de Trévise continue à veiller sur le domaine. Les troupes françaises l'occupent en 1914. En 1923, l'héritière du marquis de Trévise, sa fille Marie Léonie Mortier de Trévise, par son mariage princesse de Faucigny-Cystria, envisage la cession de ce domaine qu'elle est dans l'incapacité d'entretenir. Jean-Baptiste Bergeret de Frouville, maire de Sceaux de 1919 à 1925, sauve le domaine en réussissant à convaincre le Conseil général du département de la Seine d’en faire l’acquisition. En 1971, le domaine est devenu la propriété du département des Hauts-de-Seine.

Pour financer la restauration du domaine, le département de la Seine en lotit le tiers. Les travaux de restauration sont entrepris à partir de 1928 sous la direction de l'architecte Léon Azéma. Le parc de Sceaux retrouve, dans leurs grandes lignes, les dispositions voulues par Le Nôtre. Des mascarons sculptés par Auguste Rodin viennent orner les Grandes Cascades recréées. Le parti-pris d'ensemble est fidèle au classicisme, même si les détails révèlent, par leur dépouillement non exempt d'une certaine sécheresse, une exécution dans les années 1930. Ce parti-pris permet aussi de limiter les frais d'entretien. Œuvre de longue haleine, la restitution ne s'achève que dans les années 1970 avec la recréation du Tapis Vert.

Quelques vestiges significatifs rappellent le château de Colbert et de son fils. La grille d'entrée est encadrée de guérites sommées d'animaux sculptés par Antoine Coysevox qui illustrent les vertus dont le ministre de Louis XIV avait voulu se parer : la licorne transperçant un dragon symbolise la pureté et le désintéressement, tandis que le dogue, qui prend un loup à la gorge, représente la fidélité. À droite de l'entrée, les écuries attribuées à Antoine Le Pautre. Dans le jardin, derrière les communs, le Pavillon de l'Aurore, est surmonté d'une coupole sur laquelle Charles Le Brun a peint l'Aurore chassant la Nuit et décoré de peintures de Nicolas Delobel. On peut également mentionner, outre l'orangerie déjà citée, l'entrée d'honneur avec les deux pavillons de garde en pierre et les bâtiments de la ferme.

Pavillon de Hanovre
Pavillon de Hanovre

Près du château, on avait installé à l'occasion de l'exposition Île-de-France-Brabant, le groupe, œuvre de Martin Desjardins (1686), des quatre nations soumises (l'Empire, la Hollande, l'Espagne et le Brandebourg) qui escortaient la statue pédestre de Louis XIV de la place des Victoires à Paris (aujourd'hui au musée du Louvre, salle Pujet). Au fond du parc, on a remonté en 1932[2] la façade du Pavillon de Hanovre, construit entre 1758 et 1760 par l'architecte Jean-Michel Chevotet dans les jardins de l'hôtel du duc de Richelieu, rue Neuve-Saint-Augustin (actuellement boulevard des Italiens), démonté lors de la construction du Palais Berlitz.

Le château accueille le Musée de l'Île-de-France, inauguré en 1937. Le parc est ouvert au public.

[modifier] Note

  1. À Paris il était situé à l'angle de la rue Louis le Grand et du boulevard des Italiens, l'architecte Charles Lemaresquier a édifié sur le pâté de maison compris entre le boulevard des Italiens, la rue Louis le Grand, la rue de la Michodière et la rue de Hanovre, le palais Berlitz.
  2. Travaux réalisés sous la direction de l'architecte Léon Azéma, assisté de Louis Plousey et d'Urbain Cassan

[modifier] Bibliographie

  • Le parc de Sceaux, photographies Jacques de Givry, texte Catherine Dupouey, JDG publications, 1996, 139p., coll. "L'esprit des lieux".
  • Marianne de Meyenbourg, Gérard Rousset-Charny, Le Domaine de Sceaux, Éditions du patrimoine, Collection Itinéraires du patrimoine, 2007 (2e édition revue et corrigée) - ISBN 978-2-85822-341-1
  • Inès Murat, Colbert, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1980 – ISBN 2-501-00614-3
  • Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir.), Guide du Patrimoine. Île-de-France, Paris, Hachette, 1992 – ISBN 2-01-016811-9

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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