Nicolas Arnoul
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Nicolas Arnoul né à Paris le 18 novembre 1608 décédé à Marseille le 18 octobre 1674 était commissaire général de la marine en Provence en 1641 et intendant des galères à Marseille (1665-1674).
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[modifier] Les débuts de Nicolas Arnoul
[modifier] commissaire de la marine
Nicolas Arnoul né à Paris le 18 novembre 1608 était le fils de Bernard Arnoul et de Marguerite Taron. Il entre au service de Sublet des Noyers, intendant des fortifications de Picardie puis secrétaire d’Etat à la guerre. Il gagne la faveur de Richelieu qui l’envoie en mission secrète en Écosse puis en Espagne. En 1640 il est nommé commissaire général de la marine ne Provence avec résidence à Toulon. Il se montre bon administrateur se préoccupant du curage du port et de l’extension de l’arsenal. La disparition de Richelieu qu’il avait rencontré pour la dernière fois à Tarascon et pour lequel il avait une grande admiration, l’amena à quitter la marine en 1642.
[modifier] Entreprises diverses
Le 15 février 1643 il épouse Geneviève Saulger fille de Pierre Saulger conseiller du roi. Ils eurent cinq enfants. En 1646, il achète la seigneurie de Lormoy près de Montlhéry et le met en valeur. En 1650, il achète le droit de navigation sur l’Ourcq et s’occupe de l’exploitation de bois de la forêt d’Ouyson. Il en tire profit mais la mort du duc d’Orléans en 1660 avec lequel il était en rapport entraîna sa dépossession des droits d’exploitation.
Il se lance dans une affaire qui sera pour lui un véritable désastre financier. Il participe financièrement à la charge de trésorier général de l’artillerie de Bragelone dont la gestion fut lamentable. A la mort de ce dernier en 1657, Arnoul du rembourser les sommes empruntées. Il fut complètement ruiné et réussit cependant à sauver les biens de sa femme en lui faisant déposer une instance de séparation de biens qui sera accordée le 21 mars 1660. Il fallu même qu’il vende son mobilier.
[modifier] Nicolas Arnoul à Marseille
Grâce à l’appui de Colbert, il exerce à Fontainebleau en 1664 les fonctions d’intendant des bâtiments du roi. Puis le 10 avril 1665 il est nommé intendant de justice, police et finances des fortifications de Provence et de Piémont et des galères de France. Il arrive à Marseille couvert de dettes. La chance va tourner à son profit grâce à des bénéfices réalisés dans la fourniture du salpêtre mais surtout aux travaux d’agrandissement de la ville de Marseille.
[modifier] L’homme d’affaires
Il place de l’argent dans des compagnies de commerce ce qui améliore sa situation financière malgré la poursuite d’une ancienne affaire où il est accusé d’avoir exploité des bois en dehors de sa concession. Cette affaire ne sera toujours pas réglée à son décès. Arnoul n’en éteint pas moins ses dettes. Il se constitue progressivement un patrimoine conséquent. Il achète en 1667 le domaine de la Tour ronde situé près du village de Nangeville en Beauce ainsi que celui de Vaucresson.
[modifier] Conflit avec la municipalité marseillaise
Colbert ayant mis engarde Arnoul contre tout excès de confiance envers les marseillais, l’intendant éprouva une grande méfiance envers les échevins jusqu’à entrer en conflit avec eux. Arnoul, pour procéder à la mise en place d’un arsenal et d’un chantier de construction de galères, décida de s’approprier le Plan Formiguier, actuellement partie nord du quai des Belges, et de mettre les échevins devant le fait accompli alors que cet emplacement était utilisé pour la construction de bâteaux de commerce. Les échevins avertirent Lange de Bonin, ancien échevin de Marseille, leur député à Paris, qui intervint auprès de Colbert accusant Arnoul de concussion, ce qui était exagéré. Le ministre fit faire une enquête. Les accusations n’étant pas prouvées et les échevins se rétractant, Bonin qui avait attaqué Arnoul avec tant d’imprudence, fut mis en prison à la Bastille le 14 décembre 1667.
Cependant Arnoul fut blâmé par Colbert d’avoir dépossédé les marseillais de leur chantier de construction. L’intendant dut se préoccuper de procurer aux particuliers un chantier de construction navale du coté du couvent des Bernardines, sur la rive méridionale du vieux port, actuellement quai de rive neuve. Pour cela la ville acheta une partie du jardin du couvent de cette congrégation religieuse et le roi remboursa la municipalité de cette dépense. Ne perdant pas de vue ses propres intérêts, Arnoul fit acheter par sa femme et pour un prix dérisoire, un terrain contigu appartenant à ce couvent et y fit construire des entrepôts et magasins connus sous le nom de « Marquisat » qui furent très rentables[1].
Louis Joseph duc de Vendôme et de Penthièvre, gouverneur de Provence, sut calmer les esprits et put faire arrêter les travaux de comblement d’une partie du port entrepris par Arnoul. Enfin le député Bonin fut libéré de la Bastille fin avril 1668 ce qui mettait un terme à la crise.
[modifier] L’agrandissement de Marseille
En même temps qu’était créé un nouvel arsenal des galères, Nicolas Arnoul envisageait l’agrandissement de la ville, projet qui lui avait été suggéré par Henri Gérard de Bénat. Il s’employa à obtenir une décision favorable du roi qu’il obtint rapidement sous forme de lettre patente du 16 juin 1666.Pour réaliser ce projet, trouver les ressources financières et régler les conflits, Colbert avait eu la sagesse de mettre en place une commission composée notamment de Nicolas Arnoul, véritable cheville ouvrière, Henri de Forbin Maynier d’Oppède, premier président du parlement de Provence et Dominique Guidi trésorier général de France en la généralité d’Aix[2].
Le projet consistait à abattre le rempart du moyen âge et à construire une nouvelle enceinte englobant les quartiers ruraux de l’époque ainsi que le nouvel arsenal. Dès l’annonce de ce projet, une vive opposition se manifesta chez les habitants, mais le projet se réalisa. Arnoul demanda à Pierre Puget, sculpteur, peintre et architecte, d’établir les plans d’aménagement des nouveaux quartiers, mais son projet dressé dès 1667 ne fut malheureusement pas retenu[3] .
Le périmètre définitif des nouveaux remparts ne fut arrêté que le 20 mars 1669 après de nombreux projets. Le nouveau rempart partait du boulevard des Dames, remontait le boulevard Charles Nédélec, puis suivait les boulevards Dugommier, Garibaldi, le cours Julien, les boulevards Thurner, Salvator, Paul Peytral, la rue Roux de Brignoles, puis englober Saint Victor et rejoindre le fort Saint Nicolas.
La superficie intra muros de la ville passait de 65 Ha à 195 Ha. Le nouveau rempart ne fut terminé qu’en 1694. Il fut progressivement démoli pour faire face à l’expansion urbaine, seule une partie située le long du boulevard des lices situé entre le jardin Pierre Puget et la place Joseph Etienne est encore visible.
L’organisation administrative avait du être modifiée pour donner satisfaction aux échevins. Le 6 mars 1668, la ville de Marseille était substituée à Roustan. Un bureau de l’agrandissement fut créé en août 1669. Gaspard Puget, frère de Pierre Puget, et Mathieu Portal, architectes furent chargés du tracé des nouvelles voies.
[modifier] Fin de vie
Arnoul eut une première alerte sérieuse en janvier 1668 : une hémiplégie le priva pendant un mois de l’usage d’une jambe. Une crise de pneumonie se déclara en 1672 ce qui l’obligea à suivre une cure thermale à Digne en juillet puis en septembre 1672. Après une rechute il fit une nouvelle cure en mai et juin 1673.
Il fut nommé le 10 juillet 1673 intendant de la marine à Toulon tandis que son fils Pierre lui succédait. Il partit fin août 1673 pour Toulon, mais ne résista pas aux fatigues de sa nouvelle installation. Au début de 1674 il était frappé d’une apoplexie et fut complètement paralysé. Il fut ramené le 23 mars 1674 à Marseille où il mourut le 18 octobre 1674. Ses obsèques eurent lieu le 20 octobre 1674 dans l’église des Carmes Déchaussés, située à proximité de sa résidence, actuellement entre les rues Paradis, Vacon et Haxo.
[modifier] Bibliographie
- Gaston Rambert, Nicolas Arnoul, intendant des galères à Marseille (1665-1674) ses lettres et mémoires relatifs à l’agrandissement de la ville et à l’entretien du port, Les éditions de Provincia, Marseille, 1931.
- Adrien Blés, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 1989, (ISBN 2-86276-195-8).
- Marc Bouiron, Philippe Rigaud, Paul Bloesch, La rive sud du port de Marseille. A propos d’une vue inédite de Marseille en 1662, dans Marseille, trames et paysages urbains de Gyptis au roi René, Etudes massaliètes, éditions édisud, 2001(ISBN 2-7449-0250-0)
[modifier] Références
- ↑ Marc Bouiron, Philippe Rigaud, Paul Bloesch, La rive sud du port de Marseille, dans Marseille, trames et paysages urbains de Gyptis au roi René, page 384
- ↑ Augustin Fabre, les rues de Marseille, édition Camoin, Marseille, 1867, 5 volumes, tome 1 page 83
- ↑ Léon Lagrange, Pierre Puget, peintre, sculpteur, architecte décorateur de vaisseaux, Didier et Cie, Paris, 1868, pages 151-160