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Missile M51 - Wikipédia

Missile M51

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Pour les articles homonymes, voir M51.
M51
Fonction MSBS
Constructeur EADS Astrium Space Transportation
Coût à l'unité 120 millions d'euros (développement inclus)
Déploiement prévu en 2010
Caractérisques
Moteur 3 étages à propergols solides de 180 t de poussée
Masse au lancement 56 t
Longueur 12 m
Diamètre 2,3 m
Envergure
Vitesse Mach 25
Portée >8 000 km
Altitude de croisière 1000 km
Charge 6 à 10 têtes TN 75 de 110 kt, remplacées par des TNO de 100 kt en 2015
Guidage Inertiel recalé par visée stellaire
Précision 200 m
Détonation
Plateforme de lancement SNLE-NG

Le missile M51 est un missile balistique français de type mer-sol-balistique-stratégique (MSBS), c’est-à-dire dont l'ogive contient une ou plusieurs têtes nucléaires MIRVé.

Sommaire

[modifier] Projets

Le missille M51 est destiné à succéder au M45 pour équiper les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) de nouvelle génération de la Force océanique stratégique française (FOST) à compter de 2010. Sa mise en service est prévue sur les SNLE Le Terrible, puis sur Le Vigilant, Le Triomphant et Le Téméraire après refonte.

60 missiles M51 (15 par sous-marin) devraient être produits (il y a actuellement 64 missiles M45 : 16 par sous-marin) : 1 en 2007, 2 en 2008, 2 autres en 2009, aucun en 2010, 10/an de 2011 à 2015, et les 5 derniers en 2016.

[modifier] Contractants

Le service des programmes nucléaires et de missile de la délégation générale pour l'armement (DGA), qui est en charge de la direction du programme, a notifié fin 2004 à EADS une commande d’un montant de 3 milliards d’euros pour la production du missile balistique M51.

Comme pour tous les systèmes de missiles balistiques de la force de dissuasion française, EADS Astrium Space Transportation est responsable du développement et de la production des missiles M51 ainsi que de leur système de mise en œuvre à la Base opérationnelle de l’Île Longue et à bord des sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE), en association avec DCNS. Pendant toute la durée de vie des systèmes elle sera responsable de leur maintien en condition opérationnelle.

Le GIE G2P, composé de Snecma Propulsion Solide et de SME (SNPE Matériaux Énergétiques) assure quant à lui la maîtrise d’œuvre de la propulsion, en co-traitance avec EADS Astrium Space Transportation.

Les travaux d’intégration ont lieu sur la Base de Lancement Balistique (BLB) au Centre d’Essais des Landes à Biscarrosse.

[modifier] Caractéristiques

C'est un missile à trois étages, d'une hauteur de 12 mètres, d'une masse totale supérieure à 50 tonnes (56 maximum, contre 35 tonnes pour le missile M45) qui a été conçu afin de pouvoir être lancé depuis un sous-marin en plongée. Éjecté par un système de chasse à poudre, le missile jaillit de l’eau puis allume son moteur à quelques dizaines de mètres de la surface.

Ses étages sont dotés de propulseurs équipés de tuyères à butées flexibles, développant 180 tonnes de poussée, ce qui lui permet d'atteindre la vitesse de Mach 25 (30 000 km/h). Les structures sont réalisées en fibre de carbone/époxy bobinée. Sa propulsion est identique à celle des « boosters » (moteurs auxiliaires) de la fusée civile Ariane 5. Le carburant utilisé est un propergol solide (perchlorate d’ammonium), qui se présente sous la forme d’une gomme noirâtre.

De par leurs dimensions - plus de deux mètres de diamètre pour près de six mètres de haut -, les corps de propulseurs actuellement en fabrication qui sont destinés au premier étage du missile, sont aujourd'hui les plus grandes structures composites jamais réalisées en Europe pour un étage à poudre, et les deuxièmes au niveau mondial, derrière celles de Thiokol Propulsion (article en anglais) aux États-Unis.

Le M51 diffère de son prédécesseur actuellement en service, le M45, non seulement en termes de dimensions, mais également d'interface avec les tubes de lancement. Il présente également de nombreuses améliorations.

Comparaison des systèmes d'armes : à gauche, SNLE équipé du M4. À droite, SNLE-NG équipé du M45, et le futur M51
Comparaison des systèmes d'armes : à gauche, SNLE équipé du M4. À droite, SNLE-NG équipé du M45, et le futur M51

Alors que les missiles M45 avaient une portée de l'ordre de 6 000 km, ce nouveau vecteur spatial a des performances balistiques qui lui confèrent une portée supérieure à 8 000 km en configuration standard (la portée maximale, bien que tenue secrète et dépendante du nombre d'ogives embarquées, est estimée supérieure à 10 000 km), après avoir assuré un vol pouvant dépasser 1 000 km d’altitude, l'ensemble avec une précision améliorée par rapport aux missiles actuels M45. Ces caractéristiques permettent aux sous-marins de restreindre leurs zones de patrouille en évitant le goulet du détroit de Gibraltar : l'ouest du golfe du Bengale ou l'Amérique du Nord sont ainsi accessibles depuis la zone de patrouille Atlantique et le continent euro-asiatique depuis l'océan Indien[1]. Chaque sous-marin embarque seize missiles stratégiques.

Le missile M51 dispose d’une capacité d’emport accrue, pouvant aller jusqu'à près du double de celle du M45, et ce grâce à l'adoption d'un profil de coiffe hydrodynamique trapu complété par un réducteur de traînée aérodynamique. Armé pour commencer de l'ogive furtive TN 75 de 110 kt (de 6 à 10 têtes) qui équipe l'actuel M45, le missile M51 sera ensuite équipé de la nouvelle tête nucléaire océanique (TNO) en 2015.

Il est également doté d'une capacité multi-objectifs lui permettant de frapper plusieurs objectifs éloignés grâce à un système d'espacement des têtes intégré à la partie haute du missile.

Enfin, selon certains experts, la « perfection »[2] des 6 tirs de la TN 75 effectués à Moruroa et Fangataufa entre le 5 septembre 1995 et le 27 janvier 1996, l'accord de coopération franco-américain du 17 juin 1996 laisseraient augurer du succès de « la mise au point d'armes à capacité variable, l'ultra-miniaturisation pour objectifs ponctuels (la mise en place de systèmes de guidage à précision métrique) et les armes de troisième génération destinées à générer de puissantes impulsions électromagnétiques »[3]. En outre, « il est dans le domaine du possible » que le M51 puisse délivrer des charges conventionnelles[4].

[modifier] Historique

Le programme de développement du missile M51 s'inscrit dans l'évolution de la force de dissuasion française, initiée par le missile M1 entrée en service en 1971.

Lancé en 1992 et confirmé en février 1996, ce projet de développement d'une nouvelle génération de missiles balistiques a nécessité une phase de développement ayant mobilisé près d'un millier d'ingénieurs et de techniciens pendant 4 ans. Sa durée de développement a été réduite de manière à pouvoir équiper directement la nouvelle génération de sous-marin nucléaire lanceur d'engins, cet aménagement du calendrier permettant une économie globale de plus de 800 millions d'euros sur le développement de l'ensemble des programmes SNLE-NG, M45 et M51.

Le développement du système de mise en œuvre à la base opérationnelle de l’Île Longue à été lancé en 2000.

Une première campagne de 8 essais de lancement (qui ont tous été conduits avec succès, à Toulon) de maquettes "Jonas" (Virginie et Magali) instrumentées échelle 1 du M51 a commencé le 27 novembre 2003 et s'est achevée 17 octobre 2005.

Un premier vol expérimental du missile stratégique M51 (sans arme) a été effectué le 9 novembre 2006 malgré la présence d'opposants sur le site du Centre d’Essais des Landes. Lancé vers 9h45 à Biscarrosse, il a atteint, environ un quart d'heure plus tard son point d’impact, dans l'Atlantique nord, au large des côtes américaines, après une rentrée dans l’atmosphère à Mach 25.

Celui-ci a finalement eu lieu avec succès le 21 juin 2007 à 10 h 14.

Avant la mise en service du missile - planifiée pour 2010 dans sa déclinaison M51.1 - moins de 10 tests sont programmés pour être effectués au large des côtes de Quimper (29).

Pour 2015, EADS Astrium Space Transportation prépare une version M51.2 lui permettant d'exploiter la nouvelle tête nucléaire océanique (TNO), plus furtive, dotée de meilleures aides à la pénétration, et d'une puissance estimée de 100 kt, qui est actuellement développée par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA).

[modifier] Contestation

En 2003, le général de réserve Étienne Copel conteste dans un ouvrage[5] puis dans différentes interviews le remplacement du M45 par le M51[6] ainsi que le format de la FOST à 4 SNLE[7]. Cette critique de la dissuasion nucléaire se justifie par des motifs économiques (« défense civile, modernisation des Armées et réduction du déficit de l'État ») et stratégiques :

« La première est que les missiles M45 qui sont en train d'équiper nos sous-marins nucléaires sont de véritables bijoux. Ils bénéficient de toutes les aides à la pénétration les plus modernes, leur portée est telle qu'un seul sous marin pourrait menacer, en même temps, à la fois New York, Alger et Moscou, leur fiabilité est excellente [...]. La deuxième raison qui montre que nous n'avons aucune raison de changer nos missiles est que, depuis l'effondrement du monde soviétique, personne ne dispose de système d'interception de missiles balistiques. Mieux, personne ne développe de tels systèmes. Même pas les Américains pour faire face à des missiles nettement moins sophistiqués que nos missiles M45. Certes, les États-Unis ont assez régulièrement des projets de défense antimissiles, mais ils ne passent pas à l'acte, tant il est difficile et coûteux d'intercepter un missile balistique arrivant de la stratosphère à plusieurs milliers de mètres par seconde [...]. Dans ces conditions, il est clair qu'il n'y a aucune raison opérationnelle de dépenser des milliards pour remplacer nos missiles M45 par de nouveaux missiles M51 [...] dont on ne pourra même pas tester les têtes nucléaires, puisque c'est maintenant interdit ! »

Sur le nombre de sous-marins, on peut rétorquer que, durant la guerre froide, 3 SNLE patrouillaient en permanence et que le format a déjà été réduit en 1999 de 5 à 4 SNLE (dont 1 en patrouille, 1 disponible à quai, à la mer ou en entraînement, 2 en entretien de longue et de courte durée). Concernant le coût, un rapport du Sénat de 2004[8] montre « qu'en monnaie constante, le budget de la dissuasion nucléaire a été divisé par deux entre 1990 et 2005 » et devrait avoisiner « moins de 18 % de l'effort d'équipement militaire en 2008 ».

Depuis 2006, le missile M51 fait l'objet d'une campagne de contestation[9], « non au missile M51 », initiée par le collectif « non au missile M51 », composé de 13 organisations antinucléaires et pacifistes dont le Réseau Sortir du nucléaire et le Mouvement de la Paix. Selon eux, le M51 constitue un encouragement à la prolifération nucléaire contrevenant aux dispositions de l'article VI du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Le 23 septembre 2006, quelque temps avant la période (supposée par les manifestants) choisie par l'armée pour le premier tir d'essai du missile M51, une manifestation a rassemblé 1 500 personnes à Biscarrosse [10]. Le collectif « non au missile M51 » annonce avoir bloqué le 19 juin 2007 un deuxième vol expérimental grâce à la présence d'opposants [11] réalisant ce qu'ils appellent une inspection citoyenne[12],[13]. Or, le président de la République a, le 21 mars 2008, annoncé une réduction du nombre de têtes nucléaires embarquées sur SNLE[14] : « Après cette réduction, notre arsenal comprendra moins de 300 têtes nucléaires » contre 348 aujourd'hui. Même avec la réduction à 40 aéronefs (et 40 têtes sur missile ASMP ou ASMP-A) des Forces aériennes stratégiques, le nombre est supérieur à 300. Cela signifie qu'en supposant que chaque SNLE conserve ses 16 missiles, ceux-ci seront équipés de 5 ou 6 têtes (en moyenne 5,4 têtes par missile), les autres étant des leurres.

[modifier] Notes et références

  1. Stéphane Ferrard, « SNLE NG + M51 = une capacité de frappe intercontinentale », dans Défense & Sécurité Internationale (ISSN 1772-788X), no 36 (avril 2008)
  2. Selon le Président de la République, le 22 février 1996, « les essais que nous avons fait ont atteint la perfection, je dis bien la perfection. Je peux vous dire que les Américains ont été stupéfaits »
  3. Marc Theleri, Initiation à la force de frappe française, 1945-2010, Stock, Paris, 1997 (ISBN 2-234-04700-5)
  4. Stéphane Ferrard, « Prompt Global Strike, science-fiction ou réalité à moyen terme? », dans Défense & Sécurité Internationale (ISSN 1772-788X), no 35 (mars 2008)
  5. Étienne Copel, Prévenir le pire, éviter les catastrophes terroristes, Michalon, Paris, 2003 (ISBN 2-84186-217-8)
  6. Étienne Copel, « Économiser sur le nucléaire », dans Le Figaro (ISSN 0182-582), no 18576 (27 avril 2004)
  7. Alain Mathieu, « Crédits militaires. Sarkozy a raison : des économies sont possibles. Entretien avec le général Étienne Copel », dans Société Civile (ISSN 1166-8210), no 39 (septembre 2004)
  8. Avis no 77 du 25 novembre 2004 relatif à la Défense, le nucléaire, l'espace et les services communs [lire en ligne]
  9. [pdf] Brochure « Non au missile M51 »
  10. AFP, 23 septembre 2006 « Missile M51 : manifestation pour l’« inspection » du centre d’essais des Landes »
  11. Communiqué du collectif « Non au missile M51 » daté du 19 juin 2007
  12. « Manifestation dans les Landes contre le missile nucléaire M51 »: article tiré du quotidien Libération, 23 septembre 2006
  13. « Un nouveau tir du missile nucléaire d'attaque français M51 bloqué ! »: article tiré d'Indymedia, 19 juin 2007
  14. Discours du président de la République française du 21 mars 2008 [lire en ligne]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes


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